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Colonisation

Colonisation

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La colonisation est un processus d'expansion territoriale et/ou démographique qui se caractérise par des flux migratoires se déroulant sous la forme d'une immigration, d'une occupation plus ou moins rapide voire d'une invasion brutale d'un territoire. Dans ses formes les plus extrêmes, la colonisation peut s'accompagner d'une marginalisation, d'une réduction - et dans les cas les plus féroces- de massacres ou de génocide des populations autochtones.

La colonisation peut avoir pour but l'exploitation d'avantages réels ou supposés (matière première, main-d'œuvre, position stratégique, espace vital, etc.) d'un territoire au profit de sa métropole ou de ses colons.

Outre les préoccupations mercantiles, elle prend souvent prétexte de notions floues telles que le « développement de la civilisation » ou la « mission civilisatrice » pour justifier l'exploitation d'un espace géographique, la mise sous tutelle et la domination économique, mais aussi politique, culturelle, religieuse.

  • Ainsi la Controverse de Valladolid (1550-1551) donne un aperçu de la bonne conscience des colonisateurs espagnols qui considéraient que les peuplades américaines n'appartenaient pas à l'espèce humaine. Le dominicain Bartolomé de Las Casas aura fort à faire pour convaincre 1519 « qu'il ne saurait y avoir d'esclaves par nature, ni de gens sans liberté et pouvoirs, ni de peuples sans souveraineté » [1]
  • Ainsi le film La Victoire en chantant[2] (Oscar du meilleur film étranger 1977) retraduit l'absurdité de la transposition du conflit européen de 1914-18 dans une colonie africaine française.

Le processus de colonisation se différencie :

  • d’une simple occupation militaire d’un territoire car elle revendique plus ou moins ouvertement des intérêts ou des projets de nature économique, politique, idéologique ou religieuse ;
  • d'une annexion pure et simple car, si la colonisation se caractérise par l'envoi massif (colonie de peuplement) ou non (comptoir, protectorat…) de colons issus du pays colonisateur afin de gérer la colonie, il en résulte l'instauration d'une inégalité entre le citoyen et le colonisé (différence de traitement, de droits ou de statut juridique octroyé au colonisé, à la défaveur de ce dernier) ;
  • de l'immigration, laquelle ne découle pas systématiquement d'un processus politique.

Le colonialisme en tant que doctrine ou idéologie défend le processus de colonisation, en s'efforçant de légitimer des éléments qui ne vont pas de soi : Occupation de territoires voire d'un état, domination politique, exploitation économique par un état ou des intérêts étrangers. Il crée les conditions favorables à des politiques expansionnistes d'occupation, avec l’établissement d’une ou plusieurs colonies et la mise sous influence étrangère d'autres territoires qui seront contraints d'accepter des liens de dépendance[3].

Est qualifiable d'impérialisme le fait qu'une volonté politique exerce ou projette d'exercer - au nom de ses intérêts propres- une domination politique sur un territoire étranger et d'en assujettir ses habitants .

Aspect historique

En tout temps et en tous lieux, les peuples ont été amenés à envoyer (ou laisser partir) des fractions notables de leur groupe s'établir loin de leur patrie, sans pour autant rompre totalement les liens originels ni se fondre dans une autre civilisation (la problématique étant alors celle de l'immigration). Les motifs peuvent être

  • conflit interne (motifs politiques et juridiques) : un groupe est banni, ou préfère fuir sa patrie, à la suite d'un conflit civil ou un crime (exemple : fondation de Carthage par Didon et ses partisans ; dans une certaine mesure, colonisation de l’Amérique du Nord par des ressortissants britanniques et colonisation française en Algérie) ;
  • contrôle d'un emplacement stratégique sur le plan militaire et économique (exemples : colonisation romaine, colonisation portugaise) ;
  • problème économique voire alimentaire, lorsque la contrée ne nourrit plus la population (à cause de la croissance démographique ou inversement d'une réduction de la production).

De plus, ces motifs peuvent se combiner.

Antiquité méditerranéenne

La colonisation grecque

Articles détaillés : Colonisation grecque et Colonie (Rome).

Des peuples de navigateurs comme les Grecs, pratiquent une forme de colonisation souvent motivée par des dissensions internes ou le risque de famine (stenochoria : étroitesse des terres) autant que par le désir de créer un relais commercial ou un empire (Voir colonisations grecques). Certains groupes, qui ont pu s'intégrer à des cités préexistantes, n'ont pas laissé de traces ; en revanche, de nouvelles cités importantes ont ainsi été fondées : Tarente, Marseille, Syracuse, etc. ; ces colonies prospères ont pu à leur tour fonder de nouvelles colonies[réf. nécessaire].

La colonisation phénicienne

Les Phéniciens fondent Carthage et d'autres comptoirs sur les côtes méditerranéennes. D'après l'abbé Brasseur de Bourbourg, Carthage enverra à son tour des colons de l'autre côté de l'océan Atlantique où une colonie aurait été fondée qui se serait bientôt métissée avec les populations indiennes locales. Mais aucune découverte archéologique n'est venue étayer cette théorie principalement fondée sur des légendes et témoignages historiques des populations indiennes de la côte du Mexique ainsi que par l'étude comparés des mythes phéniciens et quichés par Brasseur de Bourbourg.

La colonisation romaine

La Rome antique pratique également la colonisation, mais avec une méthode significativement différente : de nombreuses villes européennes (telle Cologne) ont pris leur essor à partir d'un camp militaire érigé en « colonie romaine », après l'établissement définitif des légionnaires dans la ville. Ces derniers conservaient toutefois leur statut de « Romains ». Ces villes n'ont jamais acquis le même type d'indépendance politique à l'égard de Rome que les colonies grecques ou phéniciennes : la façon dont Rome gérait les statuts des personnes et en particulier la citoyenneté romaine qui présentait tant d'avantages, la présence militaire romaine, et les flux économiques, n'incitaient pas à l'indépendance[réf. nécessaire].

L'Empire romain étendit progressivement la citoyenneté romaine à certaines de ses provinces, jusqu'à ce que l'édit de Caracalla ait attribué, en 212, cette citoyenneté à tous les hommes et femmes libres de l'Empire. Ce processus d'assimilation a permis à un Carthaginois de Syrta Magna, Septime Sévère, de devenir empereur à Rome (Voir colonie romaine pour la Rome antique).

Époque médiévale

Les colonies viking

Vers le Nord, les Vikings établissent des colonies en Islande, au Groenland, avec des poussées jusqu'en Amérique (voir par exemple le Vinland).

Vers le Sud et l'Est, la colonisation des Vikings venus de Scandinavie se développe à des échelles et niveaux variables partout en Europe : En Angleterre, en Normandie, et jusqu'en Sicile, puis en Terre sainte, pendant les Croisade. Pourtant ils n'établissent pas à proprement parler de système colonial, puisque les nouvelles colonies ne rendent pas de comptes à une cité, un royaume ou une nation-mère. Autour de l'an 800, ils se mettent à commercer et à piller, leurs principales cibles étant les églises, que ce soit en Gaule ou dans la future Russie. Ils s'enfoncent avec leurs Drakkars profondément à l'intérieur des terres par les grands fleuves et sement la terreur dans les pays chrétiens[réf. nécessaire], au point que l'Église institue une prière spéciale. Ils font plusieurs fois le siège de Paris, dont les populations s'étaient repliées dans l'Île de la Cité. Leurs expéditions sont périodiques. Entre celles-ci ils s'adonnent en famille à l'agriculture dans leurs pays de départ. Puis ils commencent à établir différents comptoirs commerciaux sur les lieux de leurs « commerces », tel Novgorod au nord du lac Ilmen dans la future Russie, ou sur l'île de Man entre l'Angleterre et l'Irlande[réf. nécessaire].

  • La colonie viking de Normandie

Enfin l'un de leurs chefs, Rollon, obtient la cession en duché d'un territoire en bordure de la Manche incluant l'embouchure de la Seine, en s'engageant d'une part à reconnaître le roi de France pour suzerain, et d'autre part à bloquer, de là, d’éventuelles incursions d'autres vikings vers le cœur de la Gaule. Il y installe ses hommes et ses alliés, et ce territoire qui prend dès lors le nom de Normandie, ou pays des hommes du Nord, devient rapidement l'un des mieux organisés du royaume carolingien[réf. nécessaire]. Les immigrants normands y adoptent le parler des Francs, la police y est particulièrement stricte, et la coupure entre cultivateurs et chevaliers, y fut beaucoup moins stricte, car les guerriers scandinaves ne trouvent pas malséant à la différence de leurs homologues gaulois, de s'adonner eux-mêmes à la culture, entre deux expéditions. L'adoption rapide du christianisme par les Vikings fut un des facteurs facilitant l'intégration.

  • La colonie de l'Islande
Article détaillé : Colonisation de l'Islande.

L'Islande est l'un des rares cas de colonisation qui, dans la période historique, s'est effectuée sur une terre sans peuplement initial, comme en témoignent les nombreuses sagas islandaises, véritable récit de la conquête et du partage de cette nouvelle terre islandaise.

Si la situation fut semblable lors de leur installation au Groenland, alors quasiment inhabité, il en fut tout autrement en Amérique du Nord (Vinland)[réf. nécessaire] où les conquérants vikings furent confrontés à la présence des indiens. Néanmoins, l'échec de la colonisation fut principalement dû aux difficiles conditions d'établissement dans ces régions aux conditions climatiques extrêmes. D'après Jared Diamond, l'erreur principale des colons a été de déboiser[4]. L'Islande, jadis couverte à son quart de forêts, mais déboisées presque entièrement pour des besoins divers est un exemple frappant de l'exploitation forestière des colons scandinaves.

  • La colonie viking de Russie

La future Russie à l'époque des invasions nordiques est un pays de paysans slaves parfois dominés par des peuples semi-nomades tels les Khazars, venu des steppes de Sibérie avec les Huns, et installés au nord du Caucase et de la mer Noire, entre l'Europe centrale et l'Oural. Conformément au processus classique de domination, ils protégent les peuples qui leur étaient soumis, exigeant en contrepartie le versement périodique d'un tribut. Leur protection s'exerce contre les Varègues, nom donné aux vikings exerçant dans cette région, qui portaient aussi le nom de "Russ", et au sud contre les Arabes qui tentaient de contourner la Caspienne, pour prendre Byzance à revers. Les "Russ" étaient déjà bien présents dans la région quand l'un d'eux, Rurik, s'empara de Novgorod puis de Kiev[réf. nécessaire], jusqu'alors tributaire des Khazars, et y établit la Principauté de Kiev, puissance dominante en Russie d'Europe jusqu'aux invasions mongoles au XIIe siècle.

Les colonies issues des royaumes européens

  • Les croisades

Elles peuvent être aujourd'hui être réinterprétées en termes de colonisation. Cependant, la Terre sainte des juifs et des Chrétiens avait d'abord été envahie par les musulmans. De plus, la croisade avait été prêchée en Occident à la suite de la prise de Nicée par les Turcs. Les croisades apparaissaient donc aux chrétiens d'Occident comme des guerres défensives et de libération, même si les Croisés de Pierre l'Ermite et de Richard Cœur de Lion ont pu souvent disqualifier leurs entreprises en se comportant avec cruauté, non seulement à l'égard des Turcs, mais également des Arabes musulmans, ainsi que de Juifs désarmés qui furent massacrés, en Allemagne comme à Jérusalem.

  • Les Canaries

En 1402, la colonisation des Canaries pour le compte des Castillans commence avec Jean de Béthencourt. Ensuite, les Castillans et les Portugais se disputent les Canaries qui seront finalement attribuées à l'Espagne en 1479.

  • Les Açores

Les Açores commencent à être colonisées pour le compte des Portugais par des familles flamandes dès le milieu du XVe siècle.

  • La poussée allemande vers l'Est

Le Drang nach Osten était un mouvement colonial germanique qui se traduit par un mouvement de colons allemands chrétiens vers des terres slaves et souvent païennes. Les chevaliers de l'Ordre Teutonique, créé lors des Croisades, un état teutonique dans les Pays baltes, évangélisant ces régions païennes avec une extrême brutalité. Ces moines-soldats ont permis l'installation de colons allemands dans ce qui deviendra plus tard la Prusse. Un peuplement germanique s'est répandu plus pacifiquement dans plusieurs régions de l'Europe centrale, avec l'installation sporadique de paysans, de marchands et d'artisans jusqu'au XVIIIe siècle, notamment dans le cadre de l'Empire autrichien.

La colonisation chinoise

Après la conquête du royaume de Dian par les mongols, les dynasties chinoises de culture Han se lancent à leur tour la conquête de cette région constituées essentiellement de populations Bai et Yi.

  • La flotte de Zheng He

Au XVe siècle, l'Empereur Yongle, le troisième de la dynastie Ming désire étendre les limites de l'empire. L'amiral eunuque Zheng He est chargé de conduire une flotte de 70 vaisseaux et d'environ 30 000 hommes vers les mers du sud, afin d'entreprendre de nouvelles relations commerciales avec des royaumes lointains. La puissance de la flotte avait sans aucun doute pour but d'impressionner ces lointains royaumes en vue d'un expansionnisme commercial. Mais le nouvel empereur Hongxi ne soutint pas ces expéditions et l'expérience tourna court.

L’Époque contemporaine

Carte des empires coloniaux en 1945

À la suite du processus de décolonisation, à l'établissement d'un droit international à l'autodétermination des peuples et au phénomène de globalisation, les processus de colonisations qui ont été forcés de revêtir de nouvelles formes idéologiques sont souvent rassemblés sous la dénomination de néocolonialisme. Certains pays ou peuples ont été obligés d'accepter des coopérations ou d'entrer dans des organismes économiques ou politiques qui réduisent leur autonomie et leur autodétermination au profit de quelques anciennes puissances coloniales ou de nouvelles puissances économiques.

Époque future

L'Antarctique

L'Antarctique est le seul continent de la Terre à ne pas être peuplé de manière permanente. Sept États (le Royaume-Uni, le Chili, l’Argentine, l’Australie, la France, la Norvège, la Nouvelle-Zélande) ont, au début du XXe siècle, émis certaines revendications territoriales sur le continent de glace. Le traité sur l'Antarctique (1961) gèle toutes les revendications sur l'Antarctique pour toute la durée du traité.

L'espace

La colonisation de l'espace, ou colonisation spatiale, est — au-delà d'un sujet classique de la science-fiction — un projet d'habitation humaine permanente et en grande partie auto-suffisante en dehors de la Terre. Elle est liée à la conquête de l'espace.

Origine géographique des colonisateurs

Les colonisateurs précolombiens

Les Aztèques et la colonisation du Mexique précolombien

À partir de 1428, sous le règne de Itzcoal, l'empire aztèque commence son expansion en s'appuyant sur la guilde des marchands qui acquerront ainsi bientôt un nouveau statut privilégié dans la cité.
Encouragés par l'État à effectuer des aventures commerciales vers le sud, les marchands aztèques avaient parfois vocation à exiger des traités de commerce avec les populations nahuas ou mayas qui, s'ils n'étaient pas respectés, permettaient aux maîtres de Mexico Tenochtitlan de déclencher des guerres afin d'asseoir leur autorité sur une région qu'ils convoitaient.

Les Incas et la colonisation des régions andines

À partir de 1438, sous l'impulsion de l'empereur Pachacuti Yupanqui, l'empire inca commence son expansion. On trouve dans l'ouvrage Commentaires royaux des Incas d'Inca Garcilaso de la Vega un exemple de cette dimension colonialiste de l'empire inca. Lors de la phase d'expansion de leur empire, les Incas rencontrèrent la civilisation Chimu. Comme à leur habitude, les Incas proposèrent aux Chimu d'abandonner leurs lois au profit des lois de l'empire inca, d'offrir « la terre et l'eau » à leur colonisateur, en même temps que d'abandonner leurs dieux au profit du nouveau syncrétisme religieux mis en place au Cuzco (nombril ou centre du monde). Les Incas exposèrent aux Chimus les bénéfices qu'ils pourraient retirer de ce nouvel état en leur offrant le mariage entre les élites Chimu et les élites incas, en même temps que certains projets de développement. Les Chimus, attachés à leur indépendance et à leur culture, refusèrent la colonisation. La réaction militaire des Incas fut immédiate. Au terme d'une guerre de cinq ans, les armées chimues furent défaites et leur capitale Chan Chan détruite. En 1470, la population chimue fut déportée : des colons incas s'installèrent sur le territoire des Chimus qui dès lors cessèrent d'exister en tant que nation.

Les colonisateurs arabo-musulmans

L'islam s'étend rapidement grâce à la décadence de l'Empire byzantin à l'Ouest et de l'Empire perse à l'Est. Les populations autochtones se convertissent à l'islam (les Berbères par exemple). D'autres, les Dhimmis, peuvent conserver leurs religions (les Coptes ou les Séfarades par exemple) mais moyennant une certaine incapacité juridique et le paiement d'un impôt qui leur est réservé (Jizya).

Les colonisateurs ottomans

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Article détaillé : Empire ottoman.

Les colonisateurs américains

Les États-Unis

Il est rare que l'on définisse les États-Unis comme une puissance coloniale au même titre que les Anglais, Français ou Néerlandais, quoique le terme controversé d'Empire américain existe ; cependant on peut marquer objectivement un tournant dans la conception internationale de l'engagement des États-Unis à partir du début du XXe siècle, lorsque de fait, ils deviennent la première puissance exportatrice du monde devant le Royaume-Uni.

Cela débute réellement avec la guerre hispano-américaine, ou guerre d'indépendance de Cuba envers l'Espagne. Après une campagne pro guerre importante - supportée par de forts intérêts économiques - et de grands leaders tels Théodore Roosevelt. Ce désastre de 1898 pour l'Espagne s'achève par le traité de Paris le 10 décembre de la même année, qui reconnait l'indépendance de Cuba, la perte des Philippines, de Porto Rico et de la province du Guam par l'Espagne au profit des États-Unis, moyennant une compensation financière de 20 millions de dollars. L'année suivante, les États-Unis annexent Hawaï. Enfin, une partie des îles Samoa, l'année d'après.

Cet épisode marque une rupture avec la doctrine Monroe de 1823 - qui assurait une non intervention des États-Unis chez les Européens et inversement. L'acquisition de l'Alaska en 1867 par William Henry Seward au tsar Alexandre II, et l'annexion de l'île déserte de Midway en plein Pacifique, avaient déjà annoncé cette évolution. Le changement structurel intervient dès lors que les États-Unis doivent justifier leurs nouvelles acquisitions dans les Caraïbes et le Pacifique. C'est le corollaire Roosevelt - président de 1901 à 1909 - qui justifie alors certaines exceptions quant à la neutralité dans certaines interventions des grandes puissances. Parallèlement, Roosevelt avait annoncé dès 1901 la doctrine du Big Stick - par laquelle les États-Unis affirment leur hégémonie économique sur tout le continent américain de l'Alaska à la Terre de feu.

En observant la politique des États-Unis d'avant 1914, on observe un grand pragmatisme lié aux secteurs économiques et militaires et à la volonté d'une assurance hégémonique internationale. En aucun cas la colonisation n'est justifiée (comme en Europe au XIXe siècle) par la supériorité morale ou religieuse du « chrétien blanc ». Néanmoins, la doctrine du « gros bâton » annonce la prise de conscience d'être devenu la grande puissance mondiale, fait qui sera amplifié par les deux guerres mondiales. Aujourd'hui, la tentation est grande de confondre colonisation (processus actif) avec américanisation (processus culturel passif dans la mesure où il est accepté en tant que norme), réveillant ainsi les tensions anti-américanistes ou anti-occidentales. De l'autre côté, la confusion entre justice et valeurs occidentales chrétiennes, globalisation et matérialisme, structure un fort sentiment anti-islamique renforcé par le risque de retour d'une colonisation politique active au Moyen-Orient par exemple.

L’expansion continentale
Article détaillé : Conquête de l'Ouest.

La colonisation des territoires indiens.

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L’expansion dans le Pacifique
Article détaillé : Expansion outremer des États-Unis.
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Les colonisateurs asiatiques

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La Chine et la colonisation du Tibet

Article détaillé : Colonisation du Tibet.

Les relations sino-tibétaines remontent au moins au IXe siècle, au cours est passé un traité de paix entre le royaume du Tibet et la dynastie Tang de l'empire chinois.

La colonisation débute et fait suite à l'invasion du Tibet (Ü-tsang, Amdo et Kham) de 1950.

La colonisation est dénoncée par l'essentiel de la diaspora tibétaine, notamment en Inde, mais aussi dans le monde occidental, ainsi qu'une grande partie de la population ethniquement tibétaine résidant en Chine.

Le gouvernement central chinois ne considère pas les flux de population Han vers la région autonome du Tibet comme une colonisation de quelconque nature (et encore moins vers les provinces du Qinghai, et du Sichuan), puisqu'elles font actuellement partie de la République populaire de Chine.

Voir Histoire du Tibet : libération-modernisation ou invasion-colonisation ?

L'Inde et la colonisation du Sikkim

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Le Sikkim est un ancien royaume indépendant, et pris par l'Inde en 1975. Historiquement, le Sikkim ne faisait jamais partie de l'Inde avant l'invasion de l'Inde en 1975, ce qui n'a pas empêché l'Empire britannique de le rattacher à l'Empire des Indes[5].

Le Japon

Articles détaillés : Empire du Japon et Expansionnisme du Japon Shōwa.

Alors que l'Occident a développé une justification morale à sa domination coloniale par l'idéologie de la mission civilisatrice, si lourde à porter qu'elle se désigna sous les termes du « fardeau de l'homme blanc », l'Empire du Japon a lui aussi, jusque 1945, fait reposer ses conquêtes militaires sur l'avènement d'une communauté de destins rédemptrice et profitable à tous les peuples de l'Asie : la « sphère de coprospérité de la grande Asie orientale » ; cette communauté s'entendait dans la pratique profitable… sous sa domination.

Les colonisateurs africains

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À la suite de la Première Guerre mondiale, l'Afrique du Sud a obtenu un mandat sur le Sud-Ouest africain allemand (aujourd'hui Namibie) en 1920. Elle y installa l'Apartheid, mais dut renoncer définitivement à son protectorat en 1990.

Les colonisateurs européens

La colonisation européenne est une manifestation des rivalités entre ces grandes puissances. Les États colonisateurs se sont d'abord concurrencés et combattus (corsaires français et britanniques contre les Espagnols aux Antilles, les Néerlandais contre les Portugais aux Indes et en Indonésie, les Français contre Britanniques aux Indes et au Canada).

Les missionnaires ont joué un rôle important dans l'expansion coloniale : un prêtre était présent dans la première expédition de Christophe Colomb, et les Jésuites ont acquis une grande influence aux Indes, en Chine et au Japon. Les missionnaires protestants (britanniques, norvégiens ou américains) ont joué un rôle important à Madagascar, en Chine ou à Hawaii. Ces actions participent d'initiatives privées et d'une volonté de répandre la parole du Christ, mais l'État, à travers son armée, est souvent présent pour les protéger (en Cochinchine et en Afrique noire notamment). Les explorateurs, comme le Britannique Mungo Park en Afrique occidentale, ou David Livingstone en Afrique centrale, jouèrent un rôle d'avant-garde dans l'expansion coloniale.

La colonisation française n'a pas fait oublier la perte de l'Alsace-Lorraine en 1871, mais elle a pu compenser ou tenter de compenser la défaite française[6]. De même, l’Angleterre fait de son empire économique la base de sa puissance politique ; le contrôle d'un territoire allant de l'Égypte à l'Afrique du Sud en passant par le Soudan visait à sécuriser la route des Indes qui passait par Le Cap. L'Allemagne, dont l’unité date de 1871, cherche à s’affirmer comme grande puissance mondiale.

La colonisation conduit d’ailleurs à des crises annonciatrices de la Première Guerre mondiale (Fachoda entre la France et la Grande-Bretagne, les deux crises marocaines d’Agadir et de Tanger entre la France et l'Allemagne).

À la suite de ces conflits, ils choisissent de s'entendre :

  • Pour le partage des territoires à coloniser (conférences de Bruxelles et de Berlin (organisée par le chancelier Bismarck) au XIXe siècle). La conférence de Berlin regroupe plus de 14 nations et a pour but de définir les règles de la colonisation : pour qu'il y ait colonie, il faut l'occupation effective du territoire (c'est en d'autres termes légitimer le partage de l'Afrique).
  • Pour l'administration en commun de certaines colonies (condominiums britanno-égyptien du Soudan et britanno-français des Nouvelles-Hébrides).

La colonisation allemande

En Amérique :

Articles détaillés : Drang nach Osten, Empire colonial allemand et Colonisation allemande des Amériques.

En Afrique :

En Asie :

Le nazisme et la volonté d'expansion à l'est.

L'expansion du Troisième Reich vers l'est ne relève pas seulement de l'état de guerre qui conduirait à l'occupation provisoire de territoires à des fins stratégiques. La doctrine nazie prônait l'expansion vers l'est avec pour but l’extermination des populations slaves qui devaient être remplacées par des colons allemands destinés à cultiver les larges plaines d'Ukraine et de Russie.

La colonisation belge

Articles détaillés : Empire colonial belge et Colonisation du Congo.
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La colonisation britannique

Gravure de William Blake, représentation allégorique d'un point de vue sur la colonisation européenne : l'Europe soutenue par l'Afrique et l'Amérique (1796), illustrant un ouvrage de John Gabriel Stedman racontant une expédition de cinq ans (1772 à 1777) au Guyana contre les esclaves noirs révoltés du Suriname.
Article détaillé : Empire britannique.

L'Empire britannique est l'empire colonial le plus étendu au monde à partir de 1763. Au XIXe siècle il est sur tous les continents (on dit, comme pour l'Empire espagnol ou l'Empire Français, que le soleil ne s'y couche jamais), s'étend sur environ 33 millions de km² (22 % des terres émergées) et 458 millions d'habitants dont la majorité se trouve aux Indes.

Tout d'abord, le Traité de Paris, mettant fin à la Guerre de Sept Ans, permet aux Britanniques de s'emparer de l'Amérique du Nord française et des établissements français en Inde, laissant à ses derniers que quelques comptoirs en Inde comme Pondicherry ou Karikal. Cette période permet au Royaume-Uni de consolider son empire colonial asiatique. C'est vers 1870-1880 que l'empire colonial anglais prend racine en Afrique. Car, si à partir de 1815 les possessions se limitaient au Cap, elles s'étendent ensuite vers l'intérieur : Botswana, Rhodésie, etc. L'empire colonial britannique est alors à son apogée.

Les formes colonisatrices sont alors, pour l'Angleterre, de nature économique[réf. souhaitée].

Article détaillé : Colonisation britannique des Amériques.
Articles détaillés : Raj britannique et Compagnie anglaise des Indes orientales.
Article détaillé : Guerre de l'opium.

Colonisation nord-européenne

La colonisation courlandaise
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Article détaillé : Empire colonial courlandais.
La colonisation danoise
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Article détaillé : Empire colonial danois.
La colonisation norvégienne
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Article détaillé : Empire colonial norvégien.
La colonisation suédoise
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Article détaillé : Empire colonial suédois.

La colonisation espagnole

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Articles détaillés : Empire colonial espagnol et Colonisation espagnole des Amériques.

La colonisation française

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Articles détaillés : Empire colonial français et Liste des colonies françaises.
Premier espace colonial français
Article détaillé : Colonisation française des Amériques.
  • Les comptoirs indiens
Article détaillé : Compagnie française des Indes orientales.
Second espace colonial français
  • L'Indochine
Articles détaillés : Guerre franco-chinoise et Indochine française.

La colonisation italienne

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Article détaillé : Empire colonial italien.

La colonisation néerlandaise

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Article détaillé : Empire colonial néerlandais.
Article détaillé : Colonisation néerlandaise des Amériques.

La colonisation portugaise

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Article détaillé : Colonisation portugaise des Amériques.
  • Découverte pour les Européens de l'île de Formose (la « Belle »), aujourd'hui Taïwan, en 1590.

La colonisation russe

  • En Asie : Le Caucase est depuis l'origine de l'Empire russe une région stratégique vers l'accès aux mers chaudes et la Sibérie avec ses immenses espaces et ses grandes ressources est l'équivalent du Far-West pour la Russie où elle affronta en outre l'Empire de Chine avec succès pour le contrôle de ses territoires.
  • L'Amérique du Nord : L'Alaska étant le prolongement naturel de la Sibérie, elle fut, tout comme la côte ouest de l'Amérique du Nord, explorée puis colonisée par les Russes, mais elle fut finalement vendue aux États-Unis en 1867.
Article détaillé : Colonisation russe des Amériques.

La colonisation israélienne

Articles détaillés : Sionisme et Colonie israélienne.

La présence juive en Palestine est continue depuis l'Antiquité et des populations juives exilées sont régulièrement venues s'installer sur ce qu'elles considèrent traditionnellement comme la Terre d'Israël, soit pour fuir des menaces en Europe soit pour créer des nouveaux centres d'études du talmud et de la kabbale. Toutefois, à partir des années 1880, les vagues de populations juives s'installant sur ces territoires sont de plus en plus nombreuses et idéologiques[réf. souhaitée]. Elles s'accompagnent de l'achat de terrains qui sont défrichés puis cultivés en communautés.

Ces communautés de peuplement sont dénommées « Israeli settlement » ou « Jewish settlement » par les médias anglophones, afin de préserver une connotation neutre. Le mot « settlement » peut se traduire en français par « colonie » mais aussi par « implantation ». Les livres spécialisés, les textes de l'ONU en français la presse française dans sa grande majorité ont opté pour la traduction en « colonie »[7]. C'est aussi le terme qui est généralement utilisé dans la version francophone de Wikipédia.

La référence d'un retour à une « terre promise » est une notion généralement absente historiquement dans les colonialismes. La tardiveté de cette colonisation, à une époque où les Empires coloniaux sont déjà institués, voire en déclin, accentue la particularité de ces mouvements migratoires. Bourguiba dans un entretien avec Jean Daniel aurait déclaré que la position du Maréchal Tito « qui était un ami de Nasser selon Bourguiba » considérait que « s'il faut rendre justice aux réfugiés palestiniens et faire droit à leur revendications, le colonialisme israélien n'est pas exactement un colonialisme comme les autres et qu'il est né dans des conditions particulières etc. »[8].

Les « colonies » ou « implantations » israéliennes sont des communautés de peuplement, établies sur les territoires conquis durant la guerre des Six Jours en Cisjordanie à Gaza et à Jérusalem-Est. En septembre 1967, alors que la première colonie, Kfar Etzion, voit le jour en Cisjordanie, le Premier ministre Levy Eshkol lance la « judaïsation » de la partie annexée de Jérusalem[9]. Alors que la résolution 242 du Conseil de sécurité de l'ONU réclame en novembre 1967 le retrait des forces militaires israéliennes des territoires qu'elles ont occupés pendant la guerre, le vice-Premier ministre Ygal Allon met en place un plan insistant sur l'importance stratégique des zones situées à l'ouest du Jourdain ; c'est dans ce secteur faiblement peuplé que les premières colonies s'établissent[9]. L'implantation de colonies dans des zones arabes densément peuplées commence en 1974 avec la création du Bloc de la foi (Goush Emounim) qui avance le droit pour tout Juif de s'installer en Eretz Israel. En 1977, le Likoud décide que la législation israélienne sera appliquée en Cisjordanie et dans la bande de Gaza[9].

Malgré l'arrivée au pouvoir des travaillistes en 1992 et l'annonce du gel des constructions, et les accords d'Oslo de 1993, les colonies se multiplient, des routes réservées à leurs habitants sont construites. La population juive de ces territoires hormis la bande de Gaza et le nord de la Samarie qui sont expulsés par la force, par l'armée israélienne, les 17 et 23 août 2005 est de près de 350 000 habitants vivant dans plus de 130 implantations de Cisjordanie et 180 000 dans une douzaine de quartiers de Jérusalem Est[9].

En 2010, ce sont près de 500 000 Israéliens qui vivent dans les territoires occupés, dont 300 000 dans 121 colonies de Cisjordanie, occupant 42 % des terres, et 185 000 dans douze quartiers de Jérusalem-Est ; des aides gouvernementales pour le logement, l'éducation, l'agriculture et les impôts sont appliquées dans la plupart des colonies pour inciter les Israéliens à s'y installer[10].

Ces colonies, considérées comme étant en violation du droit international humanitaire et des Conventions de Genève[11],[12], sont souvent à l'origine des terres officiellement requises pour des besoins militaires, classées comme « terre d'État » ou plus simplement confisquées à leurs propriétaires par « nécessite publique »[10]. L’État d’Israël déclare qu'aucun traité de paix n'a défini le statut juridique de ces territoires, qu'il considère comme « disputés » et non « occupés », soulignant la présence de communautés juives à Hébron au cours des siècles. En 1929 durant le Mandat britannique en Palestine les Juifs vivant à Hébron ont été victimes d'un massacre les survivants ont été forcés de quitter la ville. La présence juive multiséculaire en terre d'Israël à Jérusalem, Tibériade, Safed, Ramla ou autres agglomérations est attestée bien avant le début du mandat britannique sur la Palestine et la domination ottomane (Turcs). Lorsque la Transjordanie qui est devenue la Jordanie actuelle a annexé la Cisjordanie en 1948, seuls la Grande-Bretagne et le Pakistan ont reconnu cette annexion. Les Israéliens font remarquer qu’aucune souveraineté sur la Cisjordanie avant 1967 n'a jamais été reconnue par la communauté internationale, les États arabes qui occupaient en 1949 la région après la guerre israélo-arabe de 1948-1949 ont exigé que la ligne d’armistice ne constitue « pas une frontière reconnue internationalement mais seulement une ligne séparant deux armées » sur ces territoires. Selon eux l'emploi du mot « colonie » a un sens péjoratif[13].

La question des colonies juives et du statut de Jérusalem-Est sont des éléments clés dans la résolution du conflit israélo-palestinien et dans l'établissement d'un État palestinien indépendant. En mai 2011, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou affirme que certaines colonies devraient à terme être concédées aux Palestiniens pour l'établissement d'un État stable et viable mais refuse dans le même temps des frontières correspondant à celles de la ligne d'armistice de 1967[14]. Il a par ailleurs proposé en octobre 2011 un « gel de la colonisation en échange de la reconnaissance d'Israël comme « État du peuple juif » cette proposition a été aussitôt rejetée par les Palestiniens considérant celle-ci comme « sans rapport avec le processus de paix »[15].

Les causes de la colonisation

Le fardeau de l'homme blanc — un portrait satirique

La colonisation a subi un examen critique au cours des XIXe et XXe siècles, notamment à partir de la phase de décolonisation mondiale.

Les motivations idéologiques ou religieuses

Des idéologies ou corpus de croyances divers ont participé à l'émergence du colonialisme ou ont été utilisés pour le justifier.

  • Les religions monothéistes : christianisme, islam, judaïsme
  • Le racisme
  • L'humanisme

Depuis l'époque de Christophe Colomb, dans la bouche et l'esprit des colonisateurs européens, la colonisation s'est prévalue d'une volonté d'extension humaniste, d'abord du christianisme, puis d'une volonté civilisatrice. Cette conception, tout en se réclamant de généreux sentiments, a méconnu la culture des colonisés et les droits de l'homme dans ces pays : voir l'article fardeau de l'Homme blanc (de Rudyard Kipling).

Dans sa lettre annonçant la découverte de l'Amérique écrite le , Christophe Colomb évoquait déjà la question de l'évangélisation des Indios par la reine d'Espagne. Plus tard, dans les lois de Burgos de 1512, la couronne de Castille décrète, dans l'article 17, que les Indios d'Amérique doivent être dominés dans le système de l'encomienda afin d'être évangélisés.

Des notions de colonisation émancipatrice et de racisme philanthropique servent à justifier la colonisation[16] où les colonisateurs se présentent comme les porteurs d'une philosophie[17].

L'étude visant à la déconstruction de l'orientalisme, effectuée dans le cadre des Études post-coloniales, notamment au travers de l'œuvre d'Edward W. Saïd, a émis l'hypothèse selon laquelle l'Occident s'était conçu culturellement un point de vue dominant sur un Orient plus conceptuel que réel, qu'il avait lui-même forgé. Ces idées appliquées au réel rencontré dans les colonies a justifié l'établissement des fonctionnaires de l'administration coloniale sur les indigènes assujettis. La théorie du choc des civilisations de Samuel Huntington approfondit cette distinction entre les « civilisations » de l'Occident chrétien, du monde islamique et de l'Extrême-Orient, mais ne considère plus que l'Occident doit tenter d'imposer ses valeurs, ses institutions et sa culture aux autres civilisations.

Certains auteurs remarquent que ces idées humanistes n'ont pas fait le relais d'autres idées. C'est le cas par exemple de la laïcité pour les colonies françaises où, dès 1905, le culte est séparé de l'État en métropole : aucune colonie française ne bénéficia de la législation laïque métropolitaine[18].

Les motivations économiques

L'expansion coloniale a en premier lieu été motivée par la recherche de matières premières dans les territoires colonisés, étant donné que la route des Indes en Asie ouverte par Marco Polo au XIIIe siècle est dorénavant fermée. Ainsi, l'Égypte sous domination romaine est « le grenier de Rome », l'Espagne importe l'or et les métaux précieux d'Amérique latine pour financer ses guerres en Europe.

Les puissances coloniales étaient parfois motivées par la recherche de débouchés pour leurs produits manufacturés. L'Angleterre du XIXe siècle et du début du XXe siècle exporte ses produits de l’industrie textile en Inde après y avoir détruit les structures de production locale en même temps qu'établi un système administratif, nécessaire au pillage des ressources locales au profit de la métropole.

Les différents types de colonisation

La colonisation a pu structurellement revêtir différentes formes suivant le contexte colonial.

Les différentes formes de colonisation

La colonisation de position

La colonisation de position consiste :

  • Soit à ouvrir des comptoirs commerciaux, destinés à l'échange, à la vente des produits métropolitains ou (et) à l'achat des productions locales (comptoirs phéniciens de Tyr autour de la Méditerranée, comme Icosim, ou, ultérieurement, Alger). Les comptoirs sont des établissements, le plus souvent côtiers, établis à des fins commerciales, afin de procurer un relais aux commerçants de la métropole, et un point d'échanges avec l'arrière-pays. Leurs établissements peut se faire à titre privé et précéder les initiatives coloniales d'un État mais ils peuvent aussi être l'initiative d'un État via des Compagnies commerciales à Charte (Compagnie des Indes occidentales, Compagnies des Indes orientales, créées par les Provinces-Unies (actuels Pays-Bas), le Portugal, la Grande-Bretagne et la France).
  • Soit en l'ouverture de bases navales ou militaires servant d'escales pour des colonisations plus lointaines (Aden, Djibouti), ou au contrôle du trafic maritime international (Gibraltar, Malte, Singapour).

La colonisation de peuplement

La colonie de peuplement vise à établir une population originaire de la métropole sur un territoire dont elle n'est pas issue. Celle-ci fait souche sur place. Ce type de colonisation dépend ou non de la métropole et c'est l'importance de la population qui la rend éventuellement autonome (certaines colonisation phéniciennes ou grecques, fondées pour répondre à un surcroît de population de la métropole, comme Carthage ou Syracuse ; colonies britanniques du Nouveau Monde, d'Australie, de Nouvelle-Zélande, la Nouvelle-France, l'Algérie, furent des territoires peu peuplés d'indigènes[réf. nécessaire]). Cette colonisation peut être subie par les colons (prisonniers de droit commun (convicts), envoyés en Australie ou en Nouvelle-Zélande).

La colonisation d’exploitation

La colonisation d'exploitation implique la conquête militaire d'un territoire en vue d'en exploiter les richesses naturelles, dans l'intérêt de la métropole. Dans ce type de colonisation, les colonisateurs fournissent les cadres — qui n'y font généralement pas souche — et les indigènes y sont les exécutants (colonies espagnoles d'Amérique du Sud, ou françaises d'Afrique noire et d'Indochine). Ce type de colonisation peut introduire certaines techniques d'industrialisation[19], et également l'établissement d'une architecture propre dans les villes coloniales.

La colonie mixte est une colonie d'exploitation, dans laquelle la partie métropolitaine de la population fait souche (Rhodésie).

La colonisation de plantation

La colonisation de plantation est une colonie dans laquelle la population métropolitaine, chargée de l'encadrement fait souche, mais où les exécutants sont principalement des esclaves (Antilles, Brésil, certaines colonies anglaises/britanniques d'Amérique du Nord).

Beaucoup de colonies relèvent simultanément de deux ou plus des catégories ci-dessus. La plupart des types de colonies ci-dessus ont été au moins partiellement militaires (en dehors des colonies de position qui se sont limitées à une finalité purement commerciale). Le facteur militaire a pratiquement toujours joué dans l'expansion coloniale, soit dans la phase d'installation, soit ultérieurement, pour la protection ou le maintien de l'ordre : certaines colonies ont même eu une finalité essentiellement militaire, lorsqu'elles ont visé au contrôle d'un territoire, d'un lieu de passage stratégique, d'une population ennemie ; elles ont alors souvent comporté une population suffisante pour épauler ou constituer elle-même une garnison (voir colonie romaine pour la Rome antique). Elles ont également pu être un relais, un point d'appui en territoire ennemi pour des opérations militaires.

Ces colonies prennent ensuite sous différentes formes : sujétion totale à la métropole, assimilation, dominion, protectorat.

Les méthodes de la colonisation

Quelques exemples :

La vente d'opium importé des Indes britanniques dans les comptoirs des côtes de Chine ayant pour but de forcer l’ouverture de la Chine aux puissances européennes.

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Les moyens de la colonisation

Certaines puissances coloniales se sont dotées d'outils économiques politiques ou militaires pour établir leur système colonial et organiser ou justifier l'appropriation des ressources des colonies assujetties.

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Les moyens économiques

On rapporte que dans le second empire colonial français, et notamment en AOF/AEF, l'impôt devait être payé en monnaie. Les indigènes ne disposaient pas de monnaie, et a fortiori pas de monnaie française dans la mesure où leur économie était fondée sur le troc. Ils durent se soumettre à un travail salarié en manufacture afin de pouvoir régler l'impôt sous peine de subir brimades, vexations et humiliations en tout genre. Ce fut un moyen efficace d'encadrer et de répertorier les populations.

  • La compagnie des Indes orientales anglaises
  • Les confédérations de marchands aztèques.

l'Empire aztèque utilisa ses castes de marchands pour préparer ses phases d'expansion coloniale. Les marchands formaient des expéditions dans des contrées lointaines pour y étendre leur commerce. Au cas où les populations locales refusaient d'établir des liens commerciaux avec les nouveaux arrivants, l'empire décidait alors d'envoyer ses armées venger l'affront fait à ses marchands et s'y établissait.

À cette époque, tout comme en Angleterre au XIXe siècle, la caste des marchands commença à occuper une place plus grande dans l'ordre social de l'Empire aztèque, et les membres de cette caste purent prétendre à des titres et avantages qui étaient autrefois réservés aux guerriers.

Les moyens politiques

L'administration peut être directe (cas le plus fréquent pour les Français) ou indirecte (fréquent pour les Anglais).

Les moyens militaires

Les États ou puissances coloniales se dotent de corps d'armées spécifiques destinés à maintenir la sujétion des colonisés ou à en assurer la protection contre d'éventuelles puissances coloniales rivales.

Les moyens juridiques

La notion de terra nullius permit de donner une assise juridique à la colonisation.

Des traités ou accords permirent aux colonisateurs de se partager les terres occupées, comme le traité de Tordesillas.

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Les conséquences de la colonisation

Les conséquences humaines

Influences sur l’esclavage

Article détaillé : Esclavage.

Répandu partout dans l'Antiquité, l'esclavage fût considérablement étant en voie de disparition en Europe à la fin du Moyen Âge, au cours duquel il avait été remplacé par le servage, dont, du moins les victimes n'étaient plus considérées comme de simples marchandises. Mais il réapparut dans les colonies européennes lors de l'expansion coloniale. Dès lors, intimement lié au fait colonial bien qu'il n'en soit pas le seul apanage, l'esclavage a pu se développer dans ou à partir des colonies sous l'impulsion des puissances coloniales.

On estime à 20 millions le nombre d'Africains déportés d'Afrique en Amérique. Un tiers d'entre eux seulement arrivaient à destination, bien que ces chiffres soient sujets à études et controverse, on peut envisager que le coût en vies humaines a pu atteindre 41 millions de morts.

Mais sur les autres continents l'esclavage s'est maintenu, tant en Asie qu'en Afrique, mais surtout où non seulement l'esclavage était resté très répandu, mais qui devint à partir de la naissance de l'islam le champ privilégié de la Guerre Sainte « Djihad », en réalité alibi commode pour des chasses à l'homme massives pratiquées d'abord par les Arabes, puis par les Africains islamisés (Peuls) contre ceux qui ne l'étaient pas.

Seule la colonisation européenne interdisant la traite à partir du XIXe siècle allait le faire reculer.

Génocides, déportations et tortures

Le génocide est défini par l'extermination active ou l'établissement des conditions qui entraînent la disparition d'un peuple, d'une ethnie ou d'une culture. Le génocide a pu être un moyen mais aussi une conséquence du fait colonial.

  • Dans les Amériques

Le massacre des Indiens d'Amérique, était essentiellement motivé par la volonté d'exploiter les ressources naturelles des régions colonisées en même temps que d'en expulser ses habitants originels pour récupérer leurs terres. Il demeure difficile à chiffrer.

Dans son ouvrage Très brève relation de la destruction des Indes (1552), Bartolomé de Las Casas témoigne de ce qu'il a vu à Hispaniola, et estime entre 500 000 à un million le nombre d'Indiens vivant sur cette île avant l'arrivée des colons espagnols, trente ans plus tard, ils ne sont plus que 30 000, victimes de massacres systématiques et des conditions de leur asservissement. La plupart sont morts dans les mines où ils étaient forcés de travailler pour obtenir l'or demandé par la couronne d'Espagne.

Certaines nations indiennes d'Amérique du Nord, tels les Creeks, les Cheyennes, les Séminoles, ont été déportées ou exterminées, on estime à 4 millions le nombre d'Indiens directement victimes de la phase d'expansion coloniale des États-Unis de la côte est à la côte ouest au cours des XVIIIe et XIXe siècles.

En Bolivie, plus de 8 millions d'Indiens seraient morts dans les seules mines de Potosí. Certains auteurs évaluent la population des deux continents américains à 70 millions avant la conquête, un siècle plus tard, il n'en restait plus qu'une dizaine de millions.

  • En Afrique

Une des grandes particularités de l'esclavage arabo-islamique est la mutilation sexuelle quasi-systématique des esclaves mâles[20]. L’utilisation assumée des esclaves femmes comme objet sexuel n'est cependant pas l'apanage du monde musulman[21].

À Madagascar en 1947, à la suite d'une révolte dans un village malgache, la répression coloniale française se déchaîne au cri de « Mort aux cafards » qui dénote le caractère profondément raciste de la répression. Les massacres perpétrés par l'armée française et les déportations dans des camps feront plus de 300 000 victimes sur environ 4 millions de Malgaches soit presque 8 % de la population de l'île[réf. nécessaire].

En Namibie connue autrefois sous le nom de Sud-Ouest africain eut lieu ce que l'on nomme communément le massacre des Hereros. Les Hereros sont déportés par la puissance colonisatrice allemande qui y établit les premiers camps de concentration. Ainsi Lothar von Trotha écrit que « le peuple Herero doit quitter le pays, sinon, je le délogerai avec le « groot Rohr » (grand canon) »[réf. souhaitée] [Informations douteuses] [?]. D'une population initiale de 90 000 Herero, le recensement de 1911 en décompte 15 000. Les Namas, peuple allié aux Herero contre la puissance allemande, passent de 20 000 à 10 000[22].

En décembre 2008, David Eltis lance la plus large base de données consacrée à la traite négrière atlantique ou commerce triangulaire : the Trans-Atlantic Slave Trade Database, elle fait état de 12 521 336 déportés entre 1501 et 1866[23].

Durant les premières années de la colonisation belge du Congo (1880-1908), le roi Léopold II s'empare, à titre personnel, des immenses territoires traversés par le fleuve Congo, afin de faire main basse sur ses prodigieuses richesses. Réduite en esclavage, la population subit un travail forcé, tortures et mutilations, au point qu'on estime à 10 millions le nombre d'Africains qui périrent[24].

Selon Enzo Traverso, le nombre de victimes des conquêtes européennes en Asie et en Afrique au cours de la seconde partie du XIXe siècle tourne autour de 50-60 millions, dont la moitié environ due à la famine en Inde[25].

Des travaux récents d'historiens, à la suite du travail de George L. Mosse qui lance l'idée que les modifications de mentalités à la suite de la Première Guerre mondiale peuvent expliquer la Shoah, estiment que la colonisation pourrait aussi être à l'origine du phénomène culturel de « brutalisation » des esprits constaté.

Le statut des peuples colonisés

La colonisation ne s'est pas faite sans violence ni révoltes.

Une différence de traitement ou de statut (sujet, citoyen, esclave, etc.) peut exister entre les colonisés et les colons. Les colons sont plus durs pour les indigènes que les métropolitains[réf. nécessaire]. L'élément métropolitain peut jouer un rôle modérateur à l'égard des colons. C'est ainsi que les rois d'Espagne ont dû interdire aux colons ibériques la réduction des Indiens en esclavage à la suite de la controverse de Valladolid ou que le « Code Noir » est mis en vigueur par le gouvernement de la métropole, pour limiter les abus des planteurs, tout en restant répressif.

Certains aspects de la colonisation européenne de l'Amérique ou de l'Afrique ont été qualifiés de crimes contre l'humanité par de nombreux historiens. Ainsi selon Gilles Manceron, « la République (française) doit reconnaître que les crimes coloniaux sont bien des crimes contre l'humanité, au sens du premier texte international qui employait le terme, la déclaration du 24 mai 1915 des gouvernements français, britannique et russe à propos des massacres dans l'empire ottoman contre les civils arméniens, qui parle de crimes contre l'humanité et la civilisation. Ou encore de la résolution des Nations unies du 11 décembre 1946, qui dit que le génocide bouleverse la conscience humaine »[26].

L'esclavage est responsable de nombreux morts dus aux conditions de vie difficile mais aussi des déplacements de populations visant à le fuir (nègres marrons, en Guyane, Guadeloupe, Martinique et à la Réunion ou en Amérique centrale).

Au-delà de l'esclavage, la pacification, la répression des révoltes et le travail forcé ont fait régresser les populations sur le plan démographique[27].

Les originaires de pays autres que les métropoles profitent de la colonisation pour venir se mêler à la population colonisatrice et s'associer à ses actions (Par exemple, immigrants espagnols et maltais en Algérie, libanais en Afrique noire, ou Indiens d'Asie à l'Île Maurice). Leur présence a parfois contribué à accentuer le particularisme des colons vis-à-vis de la métropole.[réf. nécessaire]

Les conséquences sanitaires

Au niveau sanitaire, si durant la période coloniale, on note un recul marquant du paludisme, de la malaria et de nombreuses maladies tropicales.[réf. nécessaire][Quoi ?] Certains auteurs avancent que les initiatives de santé publique visaient également à enrayer la décroissance démographique afin de conserver un réservoir de main-d'œuvre.[réf. nécessaire]

Par ailleurs, le travail forcé, les déplacements de populations et les campagnes de vaccination et de prévention de la maladie du sommeil sont suspectés d'être à l'origine de l'actuelle pandémie du virus VIH-1 (virus du sida) en Afrique équatoriale française dans les années 1910-1940. De même le commerce triangulaire d'esclaves pourrait expliquer l'expansion du VIH-2[28].

Les conséquences culturelles

Dans les colonies françaises et britanniques, les colons mettent en place des écoles primaires et des établissements secondaires, de type collèges et lycées.

Pourtant, il serait faux de considérer que les peuples colonisés n'avaient pas de culture à part entière et ne possédaient pas d'élites intellectuelles, et cela même lorsque ces cultures se transmettaient oralement et non par le truchement de l'écriture.

Ainsi, s'agissant de l'Afrique sahélienne, dès le XIIIe siècle de notre ère, elle possédait des centres intellectuels. C'est ainsi que l'université de Sankoré rassembla de nombreuses générations de savants négro-africains, dont le Tarikh es-Soudan (1652) du Tombouctien Abderrahmane Ben Abdallah Ben Imran Ben Amir Es Sa'di a fourni une liste[29], notamment des éléments biographiques sur Ahmed Baba. Dans l'est du continent[réf. souhaitée], le philosophe africain Zora Yacob est contemporain de Descartes dont sa philosophie se rapproche du cartésianisme.

La mise en place des systèmes coloniaux a bien souvent détruit les systèmes culturels préexistants en voulant les remplacer par les cultures importées des métropoles.

Au Mexique, dès les débuts de la colonisation, les moines espagnols brûlent des milliers de codex mayas dont l'écriture figurative leur semble peuplée de démons.

Les conséquences écologiques

Lorsque le célèbre économiste écossais Adam Smith parlait des « bons effets naturels du commerce des colonies »[30], il faut comprendre qu'il y voyait des avantages pour l'économie de l'Angleterre. En réalité, la colonisation par l'homme de la Terre depuis les débuts de l'agriculture il y a 13 000 ans environ (révolution néolithique) s'est traduite par des modifications profondes de l'environnement, à tel point que l'on parle aujourd'hui d'une extinction massive pour cette période, appelée extinction de l'Holocène, en raison du rythme accéléré de la disparition des espèces animales et végétales qui menace la biodiversité. Jared Diamond montre que dans le passé plusieurs sociétés ont purement et simplement disparu en raison notamment de problèmes environnementaux[31].

Depuis cinq siècles, la colonisation des Amériques s'est traduite par une déforestation massive, d'abord en Amérique du Nord (forêts de la partie est des États-Unis), décrite par des observateurs français tels que François André Michaux[32] et Jacques-Gérard Milbert[33], puis actuellement en Amérique du Sud (forêt amazonienne), sous la pression de la mondialisation économique[34].

Les conséquences économiques

Article détaillé : Bilan économique de la colonisation en Afrique.

Les populations autochtones perdent généralement la direction de leurs affaires au profit des éléments colonisateurs. La colonisation se traduit par le développement du secteur primaire (plantation, industrie extractive), les industries de transformation étant réservées à la métropole. Un « privilège de l'exclusif » en faveur de la métropole peut être mis en place avec vente exclusive des matières premières à la métropole ; achat exclusif des produits manufacturés métropolitains ; recours exclusif au fret métropolitain.

Le développement des infrastructures locales est mis en œuvre par les colonisateurs avec la main-d’œuvre locale (travaux forcés, déportation de main-d'œuvre, travail non rémunéré[35], recrutement forcé[35], etc.) dans le but d'exporter les richesses locales[36].

De même, les bâtiments coloniaux étaient occupés par le personnel colonial, tandis que les populations autochtones habitaient à la périphérie de leurs propres terres, ou dans des lieux périphériques des villes coloniales :

« Le modèle colonial urbain reposait sur trois éléments : le monopole foncier de l’administration publique sur le sol urbain ; la stricte application de la division fonctionnelle de l’espace : urbanisme de plan avec une administration tatillonne et introduction du droit écrit ; le lotissement comme outil physique d’aménagement de l’espace urbain et outil de ségrégation : lotissement équipé pour la population européenne et les " évolués ", lotissement sommaire pour les autochtones. »

 [37] Ensuite, pour le financement de toutes ces infrastructures, des prélèvements obligatoires en nature et en numéraire étaient ponctionnés sur les populations indigènes : impôt sur les cases, impôt de taille, impôt de capitation, impôt sur le revenu des personnes physiques, etc. Pour échapper à cette pression fiscale particulièrement drastique et aux représailles militaires, certains Africains s'enfuyaient[38]. Des exodes qui ont ralenti, voire annihiler, les échanges économiques avec les pays proches outre qu'ils étaient combattus par les troupes coloniales. Les colons manifestent généralement une attitude revendicatrice et souvent autonomiste à l'encontre des métropoles. Ce sont les colons qui ont exprimé les premières revendications autonomistes et conquis les premières indépendances coloniales :

  • Colonies britanniques : refus des taxations métropolitaines et guerre d'indépendance des 13 colonies d'Amérique du Nord, indépendance des colons de Rhodésie du Nord et de Rhodésie du Sud.
  • Colonies espagnoles : ce sont les créoles espagnols (José de San Martin, Francisco de Miranda et Simón Bolívar), et non les indigènes, qui se sont plaints de l'oppression de la métropole et lui ont livré les guerres d'indépendance.
  • Colonies françaises : ce sont les Européens d'Algérie qui ont réclamé l'autonomie financière de la colonie d'Algérie (création des Délégations financières, des taux d'impôt réduits et des timbres particuliers distincts de ceux de France).

Généralement l'on considère[réf. nécessaire] la valeur monétaire des échanges économiques entre les métropoles et leurs colonies. Or, d'une part cette valeur est fixée unilatéralement par des institutions métropolitaines ; ce qui explique au moins partiellement le phénomène dit de la détérioration des termes de l'échange. D'autre part, la valeur stratégique de ces échanges est sans commune mesure avec les prix chichement alloués aux colonisés. Durant la période coloniale, selon les récents travaux de l'université d'Oxford, la production des colonies africaines de l'Empire britannique représentait moins d'un pour cent du PIB de l'Empire.[réf. nécessaire]

Notes et références

  1. Chantal Maignan-Claverie, Le métissage dans la littérature des Antilles françaises — Le complexe d'Ariel : XVIIe ‑ XXIe siècle : 1635-2005, Paris, éditions Karthala, (notice BnF no FRBNF40072094k) ; Bartolomé de las Casas, Juan Antonio Llorente, Henri Grégoire, Gregorio Funes et José Servando Teresa de Mier Noriega y Guerra, Œuvres de don Barthélemi de las Casas, évêque de Chiapa ; Défenseur de la liberté des naturels de l'Amérique ; précédées de sa vie, et accompagnées de notes historiques, additions, développemens, etc., etc. ; avec portrait : XVe ‑ XIXe siècle : 1474-1822, Paris, Alexis Eymery, libraire-éditeur, (notice BnF no FRBNF30745262q).
  2. Film de Jean-Jacques Annaud , 1976
  3. Définition juridique en droit international public de la colonisation dans le lexique de termes juridique, Jurisprudence générale Dalloz, 1989, p. 90-91.
  4. Jared Diamond, Effondrement : comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, 2006 pour la traduction française
  5. Le Sikkim devient protectorat britannique en 1890.
  6. http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/Ferry1885.asp Discours de Jules Ferry Les fondements de la politique coloniale prononcé à la Chambre des députés le 28 juillet 1885] ainsi que la réponse indignée et immédiate de Georges Clemenceau
  7. http://www.slate.fr/story/46595/israel-palestine-guerre-mots-colonie-implantation
  8. Le Pèlerinage oriental de Habib Bourguiba Par Henda Zaghouani-Dhaouadi, page 100.
  9. 1 2 3 4 Catherine Gouëset, « Israël: comprendre la colonisation des territoires occupés », L'Express, (lire en ligne)
  10. 1 2 « By Hook and By Crook: Israel's Settlement Policy in the West Bank », B'Tselem, (consulté le 30 mai 2011).
  11. « Résolution 7/18 - Les colonies de peuplement israéliennes dans le territoire palestinien occupé, y compris Jérusalem-Est, et le Golan syrien occupé », Conseil des droits de l’homme, (consulté le 18 avril 2011).
  12. « Colonies de peuplement israéliennes en territoire palestinien occupé - Opposition de l’Organisation des Nations Unies à la politique israélienne d’implantation de colonies de peuplement (1979) », Organisation des Nations Unies (consulté le 30 mai 2011).
  13. http://www.slate.fr/story/46595/israel-palestine-guerre-mots-colonie-implantation#retour2
  14. AFP, « Nétanyahou, entre concessions et fermeté », Le Journal du dimanche, (lire en ligne).
  15. http://www.lepoint.fr/monde/netanyahu-echange-un-gel-contre-israel-etat-juif-refus-palestinien-11-10-2010-1247859_24.php
  16. par exemple, un discours de Jules Ferry du devant l'Assemblée nationale française
  17. par exemple les droits de l'homme
  18. Source : http://www.atheisme.org/benoitmely-conference.html
  19. exemple de Jean Laborde à Madagascar
  20. Malgré l'interdiction formelle par Mahomet de mutiler ceux-ci. Voir le Sahîh-i Muslim, le Jâmi'us-Sahîh d'al Bukhârî, le bulûgh'ul Marâm d'ibn Hajar : « Celui qui castre son esclave nous le castrerons »…
  21. Alessandro Stella, « Des esclaves pour la liberté sexuelle de leurs maîtres », Clio, numéro 5/1997".
  22. Le livre noir du colonialisme, ouvrage collectif coordonné par Marc Ferro, page 775.
  23. « Trans-Atlantic Slave Trade Database », Université Emory (consulté le 6 décembre 2008).
  24. Les Fantômes du roi Léopold — Un holocauste oublié, Adam Hochschild
  25. Enzo Traverso, La Violence nazie, La Fabrique, 2003, p. 75
  26. Gilles Manceron, Marianne et les colonies, La découverte, 2003, p. 300
  27. Joseph Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique noire, éd. Hatier, 1978, p. 435
  28. Chitnis A., Rawls D., et Moore J. - 2000 - Origin of HIV Type 1 in Colonial French Equatorial Africa? AIDS Research and Human Retroviruses, 16(1), 5-8 http://www.liebertonline.com/doi/abs/10.1089%2F088922200309548
  29. Chap. VI, Biographie des savants de Dienné ; chap. IX, Biographie des principaux savants et saints personnages qui ont habité Tombouctou à diverses époques
  30. Adam Smith, La richesse des nations, GF Flammarion, tome II, page 223
  31. [Jared Diamond, Effondrement — Comment les sociétés décident de leur disparition ou de leur survie, deuxième partie
  32. Histoire des arbres forestiers de l’Amérique septentrionale considérés principalement sous les rapports de leur usage dans les arts et de leur introduction dans le commerce, L. Haussmann et d’Hautel, Paris, 1810-1813, ouvrage traduit en anglais et plusieurs fois réédité aux États-Unis
  33. Itinéraire pittoresque du fleuve Hudson et des parties latérales de l’Amérique du Nord, publié à Paris en 1828 (Henri Gauguin & Cie.)
  34. Mission sur la protection des forêts tropicales, la sauvegarde de la biodiversité et la lutte contre la déforestation confiée à M. le député Jacques Le Guen, Contribution des Amis de la Terre France, mai 2010
  35. 1 2 HGA, tome VII, chap. 15
  36. Histoire Générale de l'Afrique, tome VII, L'Afrique sous domination coloniale, éd Présence africaine/EDICEF/UNESCO, 1989, chap. 14
  37. Le site Histoire-Géographie de l’Académie de Rouen
  38. Joseph Ki-Zerbo, Histoire de l'Afrique noire, éd. Hatier, 1978, p. 433-434

Voir aussi

Articles connexes

  • Décolonisation
  • Colonialisme - Légende noire
  • Droit colonial
  • Administration coloniale
  • Bilan économique de la colonisation en Afrique
  • Protectorat | Dominion
  • Clérouquie
  • Exposition coloniale
  • Colonies françaises
  • Idéologie coloniale française
  • Afrique espagnole
  • La Controverse de Valladolid (téléfilm) de Jean-Daniel Verhaeghe (1992)
  • La Controverse de Valladolid roman de Jean-Claude Carrière (1992)

Sous une acception différente :

Liens externes

  • Textes sur l'impérialisme et la colonisation
  • Le colonialisme en Afrique
  • Jean-Paul Sartre et la guerre d’Algérie
  • Préface aux Damnés de la Terre
  • http://www.pressafrique.com/m102.html
  • Gandhi contre la colonisation de l'Inde
  • http://archquo.nouvelobs.com/cgi/articles?ad=europe/20050126.OBS7196.html&host=http://permanent.nouvelobs.com/
  • Discours de Jules Ferry « Les fondements de la politique coloniale » prononcé à la Chambre des députés française le 28 juillet 1885
  • http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-641295,36-398395@51-680151,0.html

Bibliographie

Sur la colonisation en général
  • Paul Leroy-Beaulieu, De la colonisation chez les peuples modernes, tomes 1 & 2, Guillaumin, 5e édition, Paris 1902
  • Solus, Traité de la condition des indigènes, Sirey, Paris, 1927
  • Samya El Mechat (sous la direction de…), Les administrations coloniales — Actes du Colloque de l'IHTP, Presses Universitaires de Rennes, 2009
Sur l’Afrique
  • Jordane Bertrand, Histoire des indépendances africaines et de ceux qui les ont faites, éditions Afromundi, 2010
  • Denis Diderot, Supplément au voyage de Bougainville, une critique de la colonisation
  • Gilles Manceron, Marianne et les colonies, une introduction à l'histoire coloniale de la France
  • Pierre Singaravélou, L'École française d'Extrême-Orient ou l'institution des marges. Essai d'histoire sociale et politique de la science coloniale (1898-1956) ; Paris, L'Harmattan, 1999, 382 p.
  • Olivier Le Cour Grandmaison, Coloniser - Exterminer, Fayard, 2005
  • Olivier Le Cour Grandmaison, De l'indigénat — Anatomie d'un « monstre » juridique : le droit colonial en Algérie et dans l'Empire français, 2010
  • Robert Louzon, Cent ans de capitalisme en Algérie 1830-1930, éd. Acratie
  • Benjamin Stora, Histoire de l'Algérie coloniale (1830-1954), La découverte, 1999
  • Samya El Mechat, Tunisie — Les chemins vers l'indépendance (1945 - 1956), L'Harmattan, 1995
  • Paul Leroy-Beaulieu, L'Algérie et la Tunisie, Guillaumin, 2e édition, Paris 1897
  • Samya El Mechat, Les relations franco-tunisiennes, 1955-1964, L'Harmattan, 2005
  • Daniel Lefeuvre, Chère Algérie, Flammarion
  • Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme, Présence Africaine, 1955
  • Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre, La découverte, 1961
  • Adam Hochschild, Les fantômes du roi Léopold — Un holocauste oublié, éd. Belfond, Paris, 1998
  • Claude Liauzu (dir.), Leila Blili, Jacqueline Dahlem, Reine-Claude Grondin et al.Colonisation : droit d'inventaire, Armand Colin, Paris, 2004
  • Vincent Joly, Le Soudan français de 1939 à 1945 : une colonie dans la guerre, éditeur Karthala, Paris, 2006
  • Sven Lindqvist, Exterminez toutes ces brutes, éd. des Arènes, Paris, 2007
  • David El Kenz (dir.), Nicolas Beaupré, Elena Benzoni, François Bérenger et al., Le massacre, objet d'histoire, Gallimard, Paris, 2005
  • Yves Benot, Massacres coloniaux. 1944-1950 : la IVe république et la mise au pas des colonies françaises, éd. La Découverte, Paris, 1994
  • Albert Memmi :
    • Portrait du colonisé, précédé du portrait du colonisateur, éd. Corréa, 1957
    • L'Homme dominé, éd. Gallimard, 1968
    • Portrait du décolonisé arabo-musulman et de quelques autres, éd. Gallimard, 2004
  • Serge Bilé, Noirs dans les camps nazis, éd. Le Serpent à plumes, 2005
  • Mamadou Koulibaly, Les Servitudes du pacte colonial, éd. N.E.I, Abidjan, 2005
  • Jacques Tronchon, L’Insurrection malgache de 1947, éd. François Maspero, 1974
  • Gilbert Comte, L'Empire triomphant 1871-1936 : Afrique occidentale et équatoriale, éd. Denoël, 1988
  • Félicien Challaye, Souvenirs sur la colonisation, éd. Picart, Paris, 1935
  • Dr Weisgerber, Au seuil du Maroc moderne, éd. La Porte, Rabat, 1947 et 2004
  • Bernard Lugan :
    • Afrique, bilan de la décolonisation, éd. Perrin, coll. Vérités et légendes, 1991
    • Pour en finir avec la colonisation, éd. du Rocher, 2006
  • Jacques Marseille, Empire colonial et capitalisme français, histoire d'un divorce, éd. Albin Michel, 1984
  • Catherine Coquery-Vidrovitch, L'Afrique noire de 1800 à nos jours, éd. Nouvelle Clio, 1974
  • Arnaud Raffard de Brienne, La Désinformation autour de la colonisation, collection l'Étoile du Berger, éditions Atelier fol'fer, 2007, (ISBN 978-2-9524214-8-5)
Sur l’Amérique du Nord
  • Howard Zinn, « Une histoire populaire des États-Unis »
Sur l'Amérique du Sud
  • Pierre Chaunu, Conquête et exploration des nouveaux mondes, PUF, Paris, 1969
  • Giuliano Gliozzi, Adam et le Nouveau Monde. La naissance de l'anthropologie comme idéologie coloniale : des généalogies bibliques aux théories raciales (1500 - 1700), 2000
  • Ruggerio Romano, Les Conquistadores, les mécanismes de la conquête coloniale, Paris, 1972
  • Bartolomé Diaz de las Casas, Brève relation de la destruction des Indes
  • Inca garcilaso de la vega, Commentaires royaux sur le Pérou des Incas
  • Bernal Díaz del Castillo, L'Histoire véridique de la Conquête de la Nouvelle Espagne
  • Portail du monde colonial
  • Portail de l’histoire
  • Portail de l’histoire militaire
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