Guerre froide
La confrontation des blocs en 1959
Date | De 1947 à 1991 |
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Lieu | Monde entier |
Issue | Effondrement du bloc soviétique et dissolution de l'URSS |
États-Unis OTAN | URSS Pacte de Varsovie |
Batailles
Crises et conflits majeurs entre le monde occidental et le monde communiste
Guerre civile chinoise · Guerre civile grecque · Guerre de Corée · Guerre d'Indochine · Blocus de Berlin · Insurrection communiste malaise · Crise du canal de Suez · Crise de Berlin (1958-1963) · Mur de Berlin · Crise des missiles de Cuba · Guerre du Viêt Nam · Guerre d'Afghanistan
Crises et conflits mineurs entre le monde occidental et le monde communiste
Crise irano-soviétique · Incident de l'U-2 · Vol Korean Air Lines 007 · Intervention militaire chinoise au Tibet · Première crise du détroit de Taïwan · Deuxième crise du détroit de Taïwan · Guerre civile laotienne · Guerre civile cambodgienne · Guerre civile du Mozambique · Guerre civile angolaise · Guerres civiles en Éthiopie
Crises dans le monde communiste
Insurrection de juin 1953 en Allemagne de l'Est · Soulèvement de Poznań · Insurrection de Budapest · Soulèvement tibétain de 1959 · Révolution de velours · Révolution roumaine de 1989 · Manifestations de la place Tian'anmen · Conflit cambodgien · Guerre sino-vietnamienne · Conflit frontalier sino-soviétique · Printemps de Prague · Invasion de la Tchécoslovaquie · Mouvement du 30 septembre 1965 en Indonésie · Guerre civile cambodgienne · Guerre de l'Ogaden
Crises dans le monde occidental
Révolution cubaine · Crise congolaise · Conflit armé guatémaltèque · Révolution sandiniste · Débarquement de la baie des Cochons · Invasion du Panama · Invasion de la Grenade · Révolution de Saur · Révolution iranienne · Guerre civile du Salvador · Coup d'État du 11 septembre 1973 au Chili · Seconde invasion de République dominicaine
Autres crises régionales
Guerre sino-indienne · Deuxième Guerre indo-pakistanaise · Guerre des Six Jours · Septembre noir · Guerre du Kippour · Guerre sud-africaine de la frontière
La guerre froide (anglais : Cold War, russe : Холодная война) est la période de tensions et de confrontations idéologiques et politiques entre les deux superpuissances que furent les États-Unis et l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) et, de manière plus large, entre les régimes communistes et l'ensemble des régimes non communistes. La guerre froide débute en 1947 et dure jusqu'en 1989, année de la chute des régimes communistes en Europe, ou jusqu'en 1991, année de l'implosion de l'URSS et de la dissolution du pacte de Varsovie.
C’est en 1945, sous la plume de l’écrivain anglais George Orwell, que l’expression « Cold War » apparaît pour la première fois[1]. Elle est reprise en 1947 par l'homme d’État américain Bernard Baruch[2],[3], et très vite popularisée par le journaliste Walter Lippmann[4]. Raymond Aron voit dans cette période une « guerre limitée » - ou une « paix belliqueuse » - dans un monde bipolaire où les belligérants évitaient l’affrontement direct[5]- d'où l'expression : « Paix impossible, guerre improbable ».
Si l'on retient généralement la fin de la Seconde Guerre mondiale comme point de départ de l’affrontement idéologique entre les deux blocs Est-Ouest, certains auteurs à l'instar d'André Fontaine, ancien rédacteur en chef du journal Le Monde, font remonter cet affrontement à la révolution russe de 1917. Selon Claude Roosens, la distinction idéologique propre à la guerre froide serait la conséquence de deux événements : premièrement l'entrée en guerre des États-Unis en 1917, sortant de leur politique isolationniste traditionnelle. Deuxièmement, la révolution de Février renversant l'Empire russe, et la prise de pouvoir par les bolcheviks en novembre[6].
Le terme « froide » apposé en oxymore indique qu’il ne s’agit pas d’une guerre au sens habituel du terme, mais d’une confrontation qui proscrit l'affrontement armé direct entre les deux grands vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis et l'Union soviétique. Elle est cependant caractérisée en premier lieu par la course aux armements nucléaires et l'équilibre de la terreur.
La guerre froide prendra toutes les formes possibles d'affrontements, de l'espionnage aux actions secrètes, en passant par la propagande[7],[8], jusqu'à la compétition technologique dans le domaine de la conquête de l'espace ou bien encore les compétitions sportives dans les stades.
Plusieurs conflits ouverts importants, faisant de nombreuses victimes civiles et militaires, comme la guerre de Corée, la guerre d'Indochine, la guerre du Viêt Nam, ou encore la guerre d'Afghanistan, ont mobilisé des ressources militaires très importantes de l'Union soviétique ou des États-Unis, mais sans que jamais leurs armées ne s'affrontent directement.
Les pays du tiers monde tels que l’Inde sous Nehru, l’Égypte sous Nasser et la Yougoslavie sous Tito formèrent pour un temps le mouvement des non-alignés, proclamant leur neutralité et jouant sur la rivalité entre les blocs pour obtenir des concessions. La décolonisation a fourni à l'Union soviétique et à la Chine populaire de multiples occasions d'accroître leur influence aux dépens des anciennes puissances coloniales.
Chronologie globale
La longueur de la guerre froide, le nombre des évènements qui s'y sont produits, et les changements de dirigeants qui en ont été les acteurs-clés, ont conduit les historiens à distinguer plusieurs phases permettant de décrire de manière synthétique la montée de la guerre froide, les périodes de détente ou au contraire de tension, puis sa fin avec l'effondrement du bloc soviétique :
- 1945 - 1955 : La constitution des deux blocs de l'Ouest et de l'Est, assimilés par certains auteurs à de véritables Empires[9], dominés respectivement par les États-Unis et l'Union soviétique, autour desquels la majeure partie des pays se sont regroupés. À la mort de Staline, le 5 mars 1953, s'ensuit une période d'instabilité du pouvoir à la tête de l'Union soviétique[10] qui viendra se conclure par la partition de l'Allemagne, traçant durablement les frontières entre les deux blocs en Europe. Cette période est aussi celle de la plus grande supériorité stratégique nucléaire[11] des États-Unis, qui pour autant n'auront pas vraiment profité de leur avantage en la matière.
- 1956 - 1962 : Le face à face des deux blocs, chacun doté d'armes nucléaires permettant la destruction de l'autre, avec sa succession de crises, les plus graves de toute la guerre froide : Berlin, Cuba, mais aussi Suez, Budapest et d'autres encore de moindre importance. Cette période est aussi souvent nommée coexistence pacifique par référence au discours de Khrouchtchev lors du XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique en février 1956, qui n'abandonne pour autant pas l'objectif de la victoire ultime du socialisme.
- 1963 - 1974 : La détente et l'effritement des deux blocs aux prises avec des velléités plus ou moins fortes d'indépendances, dont les deux exemples les plus frappants sont la politique du Général de Gaulle vis-à-vis des États-Unis et la rupture entre la Chine et l'URSS. La guerre du Viêt Nam, dans laquelle les États-Unis s'enliseront malgré des moyens militaires toujours plus considérables, verra un certain déclin du bloc américain dont l'image se trouve ternie par ce conflit.
- 1975 - 1984 : Les nouvelles tensions entre les deux blocs résultant de la course aux armements nucléaires et ses développements en Europe avec la crise des Euromissiles d'une part, et de l'exploitation par l'Union soviétique des possibilités de développement de son influence dans le Tiers-Monde, notamment dans les anciennes colonies occidentales, d'autre part. En Afghanistan, l'Union soviétique s'engage dans un conflit qui va se révéler très coûteux.
- 1985 - 1991 : La dislocation du bloc soviétique, marquant la fin de la guerre froide, à la suite de son effondrement économique et social résultant pour partie des coûts énormes engendrés par la guerre froide. Gorbatchev appelle à des réformes majeures pour sauver l'économie et signe des accords de désarmement, mettant notamment fin à la crise des Euromissiles. Mais ces réformes ne pourront pas se mettre en place et c'est tout le système qui va s'effondrer, avec comme évènement le plus symbolique la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989.
Les relations entre les États-Unis et l'Union soviétique ont constitué le fil conducteur du déroulement de la guerre froide, dont les phases successives de refroidissement ou de réchauffement ont été fortement influencées par la personnalité de leurs dirigeants respectifs.
Les sommets entre ces dirigeants en ont été la manifestation la plus spectaculaire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, trois conférences au sommet avaient eu lieu entre les dirigeants américains, soviétiques et anglais. Cette pratique cessa après la guerre pour laisser la place à des conférences au niveau ministériel entre 1945 et 1955. En 1955, un nouveau sommet se tint à Genève sur l'initiative de Churchill, relançant cette pratique qui deviendra assez régulière jusqu'à la fin de la guerre froide. De 1959 à 1991, vingt-deux sommets eurent lieu, la plupart entre Américains et Soviétiques. Ces sommets traduisirent essentiellement la volonté de diminuer les risques de guerre nucléaire et de réduire les coûts énormes de la course à l'armement par la limitation des arsenaux nucléaires de part et d'autre.
Pourtant, les cinq vainqueurs[12] de la Seconde Guerre mondiale s'étaient accordés en 1945 pour mettre en place l'Organisation des Nations unies dans l'objectif de régler pacifiquement les conflits entre nations. Mais en s'octroyant en tant que membres permanents du Conseil de sécurité un droit de veto sur ses résolutions, ces pays avaient aussi créé les conditions du blocage de l'action des Nations unies quand leurs intérêts étaient en jeu.
Les origines de la guerre froide
Avant la guerre, tout oppose déjà les États-Unis au régime communiste installé en Russie. Les causes profondes de cette opposition tiennent à la fois à des impératifs de sécurité, aux enjeux économiques et à la nature même des régimes politiques et des idéologies qui les sous-tendent. Cependant, la plus grande rivalité de l'entre-deux-guerres est entre la Russie et le Royaume-Uni, et non les États-Unis. On parle même de la « baleine anglaise » (sa puissance maritime) face à l'éléphant russe (sa puissance terrestre). De plus, avant l'entrée en guerre des États-Unis en 1917, le président Wilson déclarait même qu'une relation de confiance existait avec la Russie, qui n'était pas un ennemi. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, cette opposition va se trouver cristallisée par le fait que ces deux pays sont les seules puissances mondiales, avec le déclin des européens, et que leurs intérêts stratégiques vont se trouver en conflit direct.
Rivalité stratégique inéluctable des blocs américain et soviétique
Dès le XIXe siècle, Alexis de Tocqueville prédit que les États-Unis et l'Empire russe ont tous deux vocation à devenir des empires à l’échelle mondiale, et s’opposeront pour la domination globale dès qu’ils entreront en contact. Il écrit que « chacun d'entre eux [États-Unis et Russie] semble être appelé par un dessein secret de la Providence à tenir un jour dans ses mains les destinées de la moitié du monde »[13]. La « destinée manifeste » des États-Unis d’un côté, la volonté d’expansion de l'URSS de l’autre, entraîne la rivalité stratégique des deux principaux États impérialistes, que tout oppose qu'il s'agisse du modèle politique, sociétal, économique ou idéologique : Le fait que l'Union soviétique était une société « fermée » – surtout sous Staline, où il était extrêmement difficile de savoir qui avait de l'influence sur quoi, quelles étaient ses vraies ressources et ses intentions – fut l'un des traits marquants de la guerre froide, alimentant les doutes et les craintes (réelles ou imaginaires) de l'Ouest qui, de son côté, avec ses changements de gouvernement et de politique selon les élections successives, rendait souvent perplexes les analystes soviétiques.
Union soviétique | États-Unis | |
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Système politique | ||
Idéologie | État issu de la Révolution d'Octobre en 1917 se réclamant du marxisme-léninisme, fondé sur une société et un État communistes, prônant la dictature du prolétariat comme étape intermédiaire pour y parvenir. | État fondé sur des idées de démocratie et de liberté, sans référence à une idéologie explicite avec toutefois une forte influence de la religion chrétienne. Idéalisme Interventionniste, hérité de l'idéologie de la destinée manifeste, pour défendre la démocratie partout dans le monde, mais aussi réalisme dans la défense des intérêts politiques et économiques américains, dénoncé par ses opposants comme l'Impérialisme américain[14]. |
Régime politique | Régime communiste totalitaire dont les pouvoirs sont détenus par les dirigeants du parti communiste, qui exerce la dictature du prolétariat sur la société civile et l'État. | Régime de démocratie libérale, les partis politiques concourent librement pour l'accès au pouvoir, dans un cadre de confrontation des idées qui s'effectue principalement au sein des médias. |
Constitution | Constitution soviétique de 1936[15], puis Constitution soviétique de 1977. Système fédéral structuré autour de 15 Républiques socialistes soviétiques étroitement subordonnées au gouvernement de l'Union. | La Constitution des États-Unis s'applique depuis le . Modifiée par vingt-sept amendements, elle est l'une des plus anciennes constitutions écrites encore appliquées. Système fédéral conférant à chacun des 50 États de l'Union tous les pouvoirs qui ne sont pas dévolus par la constitution à l'état fédéral. Leur organisation politique est similaire à celle de l'état fédéral. |
Partis politiques | Le Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), parti unique, détient de fait tous les pouvoirs. De par la Constitution de 1936, il « est l'avant-garde des travailleurs dans leur lutte pour l'affermissement et le développement du régime socialiste et qui représente le noyau dirigeant de toutes les organisations de travailleurs, tant sociales que d'État ». | Deux partis, le Parti démocrate (États-Unis) et le Parti républicain (États-Unis), ont dominé la vie politique des États-Unis. Le Parti communiste américain n'a pu développer librement ses activités, ses dirigeants ont été fréquemment arrêtés, il n'aura jamais connu un développement comparable au PC français ou au PC italien. |
Exécutif | Le Secrétaire général du PCUS et le Politburo (Bureau Politique du PCUS) qui le désigne détiennent l'ensemble des pouvoirs. Ils sont l'émanation du Comité central lui-même nommé par le Congrès du Parti. Le Conseil des ministres de l'URSS assure la mise en œuvre de la politique décidée par le Politburo, sous la direction de son Président : cette fonction fut assurée par Alexis Kossyguine de 1964 à 1980, avec une certaine autonomie vis-à-vis du Secrétaire Général, Brejnev, dont l'autorité ne fit cependant que s'accroître jusqu'à sa mort en 1982[16]. | Le Président des États-Unis, élu au suffrage universel indirect, est le chef du pouvoir exécutif, dont l'autorité s'exerce selon un système complexe de contrôle et d'équilibre (checks and balances) avec les pouvoirs législatifs et judiciaires. |
Législatif | Le Soviet suprême de l'Union soviétique est composé de deux chambres, l'une représentative de la population de l'Union, l'autre des nationalités qui la composent. Les élections au suffrage universel sont entièrement contrôlées par le PCUS, dont il exécute les décisions[16]. | Le Congrès des États-Unis possède au niveau fédéral l'ensemble des pouvoirs législatifs. Il comprend deux chambres élues au suffrage universel direct, la Chambre des représentants et le Sénat. |
Judiciaire | La Cour Suprême de l'Union soviétique est l'institution judiciaire la plus élevée de l'État. Ses membres sont élus par le Soviet suprême et ne sont donc pas indépendants du PCUS. | Le pouvoir judiciaire américain est divisé entre son organisation fédérale, à la tête de laquelle se trouve la Cour suprême, et les systèmes propres à chaque État. Les 9 juges de la Cour suprême sont nommés à vie par le président des États-Unis, avec le consentement du Sénat. |
Système sociétal | ||
Société | Officiellement, société sans classe dominante, en réalité société dotée d'une nomenklatura privilégiée. La progression de la société entraîne le progrès des individus dans leur ensemble. | Importance de la bourgeoisie. Écarts importants de revenus et inégalités importantes. La progression personnelle de l’individu entraîne le progrès de la société. |
Libertés individuelles | Très limitées, forte surveillance policière des opinions politiques, pas de droit de manifestation. L'individu est soumis aux objectifs politiques fixés par le parti qui réforme la société. Sous Staline des millions de Russes seront déportés dans des camps de travail (Goulag). Sous Khrouchtchev et Brejnev des milliers de dissidents seront envoyés dans des prisons politiques ou des hôpitaux psychiatriques. | Protégées par la constitution. L'individu en tant que consommateur (fortement encadré par la propagande publicitaire) est le moteur de la société et de l’économie. Dans les années 1950 - 1953, le McCarthysme se traduisit par une chasse aux sorcières des sympathisants communistes, entraînant de nombreux excès. |
Information | L'agence TASS a le monopole de l'information des medias soviétiques. | La liberté de la presse est garantie par le premier amendement de la Constitution des États-Unis. |
Religion | L'idéologie du régime est à l'origine athée. La politique anti-cléricale du régime, visant notamment la Religion orthodoxe fortement dominante, a varié dans le temps. Très radicale à l'origine elle a été assouplie dans les années 1940 et 1950 pour faciliter la mobilisation des masses pendant la guerre et la reconstruction ; elle a été de nouveau beaucoup plus systématique à partir de 1959 sous l'impulsion de Khrouchtchev | Rôle très important de la religion aux États-Unis, dont la constitution garantit la liberté et interdit l'instauration d'une religion d'état. Environ 3/4 des américains déclarent accorder une grande importance à la religion, qui a été très présente dans la fondation des États-Unis. Le christianisme domine très largement. La minorité juive est aussi très influente. |
Démographie et santé | Dans les années 1970 / 80, l'espérance de vie des hommes est d'environ 63 ans et celle des femmes de 73 ans, sans progrès continu. | Dans les années 1970 / 80, l'espérance de vie des hommes est d'environ 70 ans et celle des femmes de 78 ans, en progression régulière. |
Système économique | ||
Organisation d'ensemble de l'économie | L'économie de l'URSS repose sur l'étatisation des moyens de production et sur la planification centralisée bureaucratique (plans quinquennaux). Ces plans ont fortement mis l'accent sur l'investissement, la production industrielle et l'armement, avec comme objectif affiché de rattraper les économies occidentales. | Économie de marché reposant sur l’initiative individuelle, la liberté d'entreprise et le libre marché, mais dans laquelle les entreprises privées et publiques sont souvent dépendantes de capitaux et d'investissements publics. Il n'existe pas de processus de planification économique semblable à celui instauré dans certains pays d'Europe, notamment en France sous l'instigation de Jean Monnet. |
Entreprises | L'ensemble de l'appareil productif appartient à l'État. | L'appareil productif est privé. |
Agriculture | Collectivisation de l'agriculture entreprise à partir de 1929. En 1940, les fermes d'état (Sovkhoze) représentaient 8,8% des terres et les fermes collectives (Kolkhoze) 78,2%, soit au total 90% des terres. Cette politique fut mise en œuvre par la force entrainant la mort de millions de paysans et fut à l'origine de difficultés alimentaires et même de famines. | L'agriculture intensive pratiquée permet aux États-Unis d'exporter de grandes quantités de nourritures, souvent en liaison avec les développements de la guerre froide. Les agriculteurs ont conservé la propriété des terres, mais leur nombre a fortement diminué et les marchés sont fortement réglementés. |
Emploi | Le droit à l'emploi est garanti par la Constitution. La Seconde Guerre mondiale et les décennies qui suivirent de croissance à marche forcée créèrent une situation de plein emploi de fait. | La doctrine libérale, défendue par les Républicains se traduit par une flexibilité du marché de l'emploi et la faible protection des salariés en matière de licenciement et sociale. Durant la décennie 1980-1989, le taux de chômage a oscillé entre 5,3 et 9,7%. |
Syndicalisme, droit de grève | Acteurs de la Révolution d'Octobre, les syndicats furent dès le début des années 1920 entièrement subordonnés au PCUS. Organisés selon une structure hiérarchique semblable à celle du Parti, leur rôle principal était de contribuer à l'atteinte des objectifs de productivité. Toutefois, ils jouèrent un rôle social important de distribution des avantages aux employés et de protection individuelle contre les abus. Les grèves sont interdites. L'adhésion au syndicat est de fait obligatoire. | La Constitution ne reconnaît pas formellement le droit de grève, et la législation est peu favorable au droit de grève. |
Relations internationales et défense | ||
Commerce international : part des importations et exportations dans le PNB | Fonctionnement autarcique, faible part du commerce extérieur dans l'économie : environ 4% du PNB dans les années 1980. Part prépondérante réalisée avec les pays d'Europe de l'Est appartenant au Comecon (de 40 à 60 % selon les périodes)[17] | Part assez importante dans l'économie, importations et exportations représentant chacune plus de 10% du PNB en 1980, mais moins développée que dans d'autres grands pays occidentaux (France, Allemagne, Royaume-Uni : plus de 20%) de par la taille de son marché intérieur[18],[19],[20]. |
Organisations internationales | Adhésion à l'ONU dès sa fondation, membre permanent du Conseil de sécurité. A refusé d'adhérer au système financier (FMI) et économique mondial (Accords de Bretton Woods) mis en place sous l'égide des États-Unis | Adhésion à l'ONU dès sa fondation, membre permanent du Conseil de sécurité. À l'origine du système financier (FMI) et économique mondial Bretton Woods. |
Défense (chiffres relatifs aux années 1970-1980)[21],[22] | Budget représentant entre 10 et 15% du PNB, des forces armées comptant de 4 à 4,5 millions d'hommes d'active. Cet effort considérable a souvent été mis en avant comme une des causes de la chute de l'Union soviétique qui aurait trop sacrifié à la course aux armements son développement économique au profit de sa population civile. | Budget passant de 7,4% du PNB en 1971 à 4,9% en 1980. Sur la même période, diminution des effectifs de 3 à 2 millions d'hommes d'active. |
Quatre sujets majeurs de désaccord entre Américains et Soviétiques au sortir de la guerre
La Grande alliance entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Union soviétique avait pour objectif d'abattre l'Allemagne nazie. Les premières lézardes apparurent entre les alliés au cours des conférences de 1945, tenues à Yalta et à Potsdam. Ces causes profondes à l'origine de la bipolarisation du monde vont se cristalliser sur quatre sujets principaux de désaccord qui instaureront l'état de guerre froide de manière irréversible dès 1947, à peine plus de deux ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale : les impératifs de sécurité nationale des deux Grands, l'avenir de l'Allemagne, le sort de la Pologne et de l'Europe de l'Est en général et la reconstruction économique de l'Europe.
Impératifs de sécurité nationale des deux Grands
En 1945, face aux États européens ruinés par la Seconde Guerre mondiale, deux superpuissances émergent dans le contexte géopolitique mondial. Les États-Unis détiennent le monopole nucléaire depuis les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki en et disposent d’une puissance économique et financière inégalée. L’Union soviétique possède une force militaire décisive en Europe centrale et orientale, ainsi qu'un prestige politique considérable[23].
La Seconde Guerre mondiale s'achève à peine que les relations entre les Américains et les Soviétiques se dégradent. L'URSS affirme vouloir garantir sa sécurité en s'entourant de pays alliés le long de ses frontières. L'Armée rouge ne se retire pas des pays qu'elle a libérés du nazisme et, contrairement aux engagements pris à la conférence de Yalta, n'y organise pas d'élections libres. Les États-Unis possèdent l'arme atomique et mettent en place un réseau de bases aériennes et navales encerclant l'Union soviétique pour protéger leurs intérêts économiques vitaux.
Les alliés s'étaient pourtant mis d'accord pour instaurer une gouvernance mondiale. En août 1941, Churchill et Roosevelt signèrent la charte de l’Atlantique, une déclaration commune s’inspirant des principes wilsoniens, dans laquelle les deux dirigeants prévoyaient la mise en place d’un « système étendu et permanent de sécurité générale ». En février 1945, les accords de Yalta reprirent ce propos et annoncèrent la convocation d’« une conférence des Nations Unies sur l’organisation mondiale envisagée (…) le 25 avril 1945 (...) aux États-Unis[24] ». Le , portés par le mouvement d’une opinion publique choquée par les exactions nazies et la cruauté des combats, les délégués de 51 pays approuvèrent à San Francisco la Charte des Nations unies, texte fondateur de l’Organisation des Nations unies (ONU), dont l’objectif le plus important serait de « préserver les générations futures du fléau de la guerre qui, deux fois en l’espace d’une vie humaine, a infligé à l’humanité d’indicibles souffrances. » Les pouvoirs les plus importants sont dévolus au Conseil de Sécurité qui compte 10 membres, dont cinq permanents, les États-Unis, l'URSS, la Chine, la Grande-Bretagne et la France. Le mode de scrutin est tel qu'une résolution ne peut être adoptée si un des membres permanents vote contre, conférant ainsi un droit de veto aux grandes puissances qui en feront usage pour bloquer toute résolution contraire à leurs intérêts. Cette disposition due à l'insistance de Staline à Potsdam a d'emblée considérablement limité le pouvoir de l'ONU et laissé face à face les deux Grands.
Staline cherche à mettre l’URSS à l’abri d’une nouvelle attaque par la création d’un « glacis » territorial et idéologique, c’est-à-dire d’un espace protecteur qui éloigne la menace des frontières soviétiques :
- en repoussant plus à l’Ouest les frontières de l’URSS par l’annexion des pays baltes et d’une partie de la Pologne, alors que les territoires allemands situés à l’est de l’Oder et de la Neisse de Görlitz sont placés sous administration polonaise (partage effectué lors de la conférence de Potsdam) ;
- en imposant des gouvernements pro-soviétiques dans les pays d’Europe centrale et orientale occupés par l’Armée rouge (à l'exception de l'Autriche), pays qui deviendront plus tard des « démocraties populaires ». Le coup de Prague de février 1948 en Tchécoslovaquie – l'une des rares réelles démocraties d’avant-guerre en Europe de l’Est – fut l’expression la plus visible, pour l’Ouest, de cette politique, et fut perçu comme la manifestation de la volonté hégémonique de l’URSS.
L'apparition de l'arme atomique, utilisée en 1945 par les Américains à Hiroshima et Nagasaki et développée à marche forcée par les Soviétiques qui feront exploser un premier engin dès 1949, les établit comme les deux seules grandes puissances dans le monde, au détriment notamment de la Grande-Bretagne et de la France, aux prises avec la décolonisation. La dissuasion nucléaire s'impose peu à peu comme un fait majeur des relations internationales entre les deux Grands, entre chacun d'eux et leurs principaux alliés qui souhaitent faire entendre leur voix (Chine, Grande-Bretagne et France), et sur le théâtre européen où sont accumulées des quantités considérables d'armes conventionnelles et nucléaires au sein des deux alliances majeures, l'OTAN et le Pacte de Varsovie.
La capacité de destruction inégalée de ces armes, qui pour la première fois rend les États-Unis réellement vulnérables à une attaque et met en jeu la survie même des deux Grands, et la course aux armements stratégiques[25] qui va résulter de la crainte que chacun a d'être dépassé et donc mis en situation d'infériorité par son rival, vont symboliser la guerre froide entre les deux Grands, davantage encore que ses dimensions idéologiques, politiques ou économiques.
La doctrine d'emploi de ces armes nouvelles demeurera sujet à de nombreuses hésitations et à de nombreuses limitations opérationnelles qui en atténueront considérablement l'impact dans le déroulement concret des négociations et crises qui émailleront ces dix premières années de la guerre froide. Toutefois, la supériorité nucléaire marquée des États-Unis jusqu'en 1955 aura certainement été un facteur de l'agrégation des pays de l'Europe de l'Ouest en un bloc lié par de solides accords de défense, du fait de la menace que faisait peser sur eux l'énorme supériorité de l'Union soviétique en matière de forces conventionnelles.
L'arme nucléaire aura-t-elle été déterminante dans le fait que cette guerre sera restée froide ? Certains auteurs le pensent, d'autres estiment que, démonstration faite par la Première Guerre mondiale puis à une échelle encore plus grande par la Seconde Guerre mondiale, les destructions infligées à tous les belligérants dans une guerre de grande ampleur menée avec les moyens propres au XXe siècle étaient suffisantes pour décourager les deux camps à se lancer dans une escalade militaire qu'ils ne maîtriseraient plus[26].
Quel avenir politique et économique pour l'Allemagne ?
Dès septembre 1945, en application des accords de Potsdam, les grandes puissances se réunirent dans le but d'apporter des réponses aux questions de paix, de développement économique et de sécurité en Europe. Le sujet majeur en fut le règlement du problème allemand qui ne trouvera son dénouement provisoire qu’en 1955, avec la reconnaissance de l’existence de deux États allemands, la RFA et la RDA, ancrés respectivement dans le camp occidental et le camp communiste. Témoignant d'une activité diplomatique intense, ces conférences internationales aboutirent en une décennie (1945-1955) à des accords de paix avec tous les pays belligérants de la Seconde Guerre mondiale (à l'exception majeure de l'Allemagne) et à la mise en place des alliances et des institutions intergouvernementales qui régiront chacun des deux blocs en Europe jusqu'à la fin de la guerre froide.
En Allemagne, dans leur zone d’occupation, les Soviétiques mènent avec vigueur la dénazification décidée à la conférence de Potsdam. Plus de 120 000 personnes sont internées dans des « camps spéciaux » qui existeront jusqu’en 1950. 42 000 détenus y seraient morts de privations et de sévices[27]. Cette politique d’épuration va de pair avec la nomination de cadres communistes aux postes-clés de l’administration, de la police et de la justice, et plusieurs milliers d’agents ayant travaillé sous le IIIe Reich sont « recyclés » par les nouveaux services de sécurité d’Allemagne de l’Est ou maintenus dans l'administration[28] et de nombreux fonctionnaires de l'ancien régime serviront le nouveau pouvoir jusqu'aux années 1960.
Les alliés occidentaux, en revanche, misent davantage sur une « rééducation » (Umerziehung) du peuple allemand[29], associée à une politique d’indulgence à l’égard des « suiveurs » (Mitläufer) et sympathisants du régime.
Mainmise de l'URSS sur la Pologne et sur l'Europe de l'Est en général
Enjeux de la reconstruction économique du monde
Institué le par les accords de Bretton Woods, à l’issue d’une conférence qui réunit 44 pays, un nouvel ordre monétaire et financier mondial est créé autour du dollar américain pour éviter l’instabilité économique qui existait pendant l’entre-deux-guerres et relancer les échanges internationaux. Ces accords établissent un Fonds monétaire international (FMI), dont les patrons successifs seront traditionnellement européens, ainsi qu’une Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD), appelée communément « Banque mondiale », dirigée traditionnellement par un Américain. Le FMI et la BIRD ont notamment pour mission d’assurer la stabilité des devises nationales et d’accorder des prêts à la reconstruction et au développement.
Ces accords instituaient un système de parités fixes par rapport au dollar US, seule monnaie entièrement convertible en or. Comme les États-Unis avaient une réserve d’or avoisinant les trois quarts des réserves mondiales, le dollar US s’imposa forcément comme monnaie de réserve internationale, au même titre que l’or. En effet, pour financer la guerre, les puissances européennes avaient dû vendre leurs stocks d’or aux États-Unis. Ainsi, le nouveau système monétaire ne reposait plus uniquement sur le métal fin détenu par les banques centrales, mais sur le dollar US, « as good as gold », dont la valeur était garantie par la Réserve fédérale des États-Unis, de même que par la formidable puissance économique des États-Unis.
L'Union soviétique qui y avait participé craignit que le FMI devienne un instrument au bénéfice des pays capitalistes et entrave sa politique de constitution d'un bloc de l'Est autour d'elle ; aussi ne ratifia-t-elle jamais ces accords. En revanche, la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie qui bénéficiaient fin 1945 de certaines marges de manœuvre vis-à-vis de l'URSS les signèrent.
Il était nécessaire de compléter ce volet financier mis en place à Bretton Woods par un volet favorisant le développement du commerce international par abaissement des barrières douanières notamment. Deux démarches parallèles furent initiées, l'une sous l'égide des Nations-Unies, la seconde sur initiative directe des États-Unis et de ses principaux alliés et partenaires économiques. Cette dernière aboutit le 30 octobre 1947 à un Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (ou G.A.T.T. en anglais) supposé provisoire, signé par 23 pays. L'URSS ne participa pas à ces négociations et ne signa pas cet accord. Seule parmi les membres du bloc de l'est, alors solidement constitué, la Tchécoslovaquie les signa. Toutefois, dans le cadre de leurs réformes économiques entreprises à partir du milieu des années 1960, plusieurs pays d'Europe de l'Est devinrent à leur tour membre du GATT afin de développer leurs échanges avec l'Ouest : la Yougoslavie (1966), la Pologne (1967), la Roumanie (1971) et la Hongrie (1973). Sous Gorbatchev, l'Union soviétique demanda en 1986 à en devenir membre, mais les États-Unis s'y opposèrent.
La conférence de la Havane s'ouvrit en novembre 1947 dans la perspective de finaliser les discussions relatives à la mise en place d'une institution chargée de réguler et favoriser le développement du commerce. Elle aboutit le 24 mars 1948 par la signature de la Charte de la Havane, instaurant une Organisation internationale du commerce (O.I.C.), chargée d'éliminer les barrières douanières. Le Sénat américain refusa de ratifier l'O.I.C., de peur que les États-Unis ne perdent leur souveraineté rendant ainsi mort-né cet accord. Le GATT fut donc de facto pendant toute la guerre froide la seule organisation internationale compétente en matière de commerce. Il deviendra en janvier 1995 l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC).
À partir de 1947, les États-Unis mettent en œuvre le plan Marshall, aide économique pour la reconstruction de l’Europe, en tant que complément à la doctrine Truman[30]. En juin 1947, dans un discours prononcé à l’université Harvard, le secrétaire d'État George Marshall offrit à l’Europe « une aide fraternelle » afin de vaincre « la faim, le désespoir et le chaos » qui régnaient. Le plan Marshall ou « plan de Reconstruction européenne » ((en) European Recovery Program) était proposé à toute l’Europe, y compris aux pays de l’Est, et même à l’Union soviétique.
Il était toutefois assorti de deux conditions : d'une part, l’aide américaine serait gérée par des institutions européennes communes, et d'autre part, le gouvernement fédéral américain aurait un droit de regard sur sa répartition. Staline hésita, puis, fin juin, fit part de son refus. La Pologne et la Tchécoslovaquie, qui, dans un premier temps, avaient donné une réponse favorable à la proposition américaine, se virent obligées de la refuser à leur tour. Finalement, seize pays, rejoints en 1949 par l'Allemagne de l'Ouest (RFA), acceptèrent le plan Marshall : la France et le Royaume-Uni - qui en seront les principaux bénéficiaires - l’Autriche, le Benelux, la Grèce, l’Irlande, l’Islande, l’Italie, les pays scandinaves, le Portugal, la Suisse et la Turquie. En avril 1948, ces seize pays fondèrent l'Organisation européenne de coopération économique (OECE), qui deviendra plus tard (en 1960) l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), organisme supranational dont la fonction première était de gérer et de répartir l’aide américaine entre les pays membres. De 1948 à 1952, plus de treize milliards de dollars US - 5/6 sous forme de dons, 1/6 sous forme de prêts - furent fournis par les États-Unis. Cette aide à la reconstruction se composait d’une partie financière (subventions et prêts) et d’une partie en produits et équipements divers (denrées alimentaires, tracteurs, outils de production, etc.). Dans un espace économique « dollarisé » par les accords de Bretton Woods, le plan Marshall fut conçu pour combler le « dollar gap », permettant ainsi aux Européens d’acheter aux États-Unis approvisionnements et équipements tout en assurant un débouché aux produits américains. En effet, en 1946, 42 % des exportations américaines ayant pris le chemin de l’Europe occidentale, un effondrement économique de l’Europe se serait répercuté sur l’économie américaine elle-même[31]. L’objectif du plan Marshall, toutefois, n’était pas uniquement économique. Le gouvernement fédéral américain à Washington avait compris que la détresse des populations européennes faisait le jeu des partis marxistes alignés sur Moscou. En France et en Italie notamment, plus d’un quart de l’électorat votait communiste. Dès lors, l’injection de capitaux américains était le complément économique de la doctrine du containment : endiguer l’influence soviétique par la création d’un espace de prospérité en Europe. Dans le même temps, les nations de l'OTAN tentent de limiter l’accès à leur technologie aux pays communistes via le Coordinating Committee for Multilateral Export Controls.
Formation et consolidation des blocs occidentaux et communistes (1945-1955)
Constitution des deux blocs en Europe
Avant même la fin des hostilités avec l’Allemagne, l’Union soviétique établit sa domination dans les territoires libérés par l’Armée rouge :
- arrestation de seize dirigeants de l’Armée secrète polonaise, formellement conviés à Moscou pour des « entretiens politiques », les deux principaux chefs de la résistance polonaise mourant en prison quelques mois plus tard. Le gouvernement polonais en exil à Londres, abandonné par les Occidentaux, se voit dénier peu à peu toutes prérogatives, et le comité de Lublin formé par les Soviétiques prend le contrôle du pays ;
- attribution de la province tchécoslovaque de Ruthénie subcarpatique à l’Ukraine, ce qui procure à l’Union soviétique une frontière commune avec la Hongrie ;
- installation au pouvoir des partis communistes tant à Bucarest qu’à Sofia, et élimination de toute autre formation politique ;
- mise en place à Vienne, sans consultation des Occidentaux, d’un gouvernement provisoire pro-soviétique dont le chef a approuvé l’Anschluss en 1938 ;
- enfin, le maréchal Tito, maintenant établi à Belgrade, refuse, contrairement à ce que le Kremlin avait promis aux Alliés, de laisser le roi Pierre II rentrer de son exil.
De plus en plus inquiet de ces violations répétées de la charte de l'Atlantique et de la Déclaration sur l'Europe libérée de Yalta, Churchill s’alarme dans un télégramme du 12 mai 1945 à Truman des risques de voir les forces soviétiques s’avancer jusqu’aux rives de l’Atlantique, et utilise déjà l’expression « Rideau de fer », qui deviendra célèbre. En mars 1946, dans un discours retentissant, il dénonce ouvertement cette mainmise soviétique sur l’Europe centrale et orientale. « De Stettin dans la Baltique à Trieste dans l’Adriatique, un rideau de fer est tombé sur le continent. (…) les partis communistes, qui étaient très faibles dans tous ces États de l’Est de l’Europe, ont obtenu un pouvoir qui dépasse de beaucoup leur importance, et cherchent partout à exercer un contrôle totalitaire. Des gouvernements policiers s’installent un peu partout, au point qu’à l’exception de la Tchécoslovaquie, il n’y a pas de vraie démocratie. »
Il faut préciser toutefois que, même en admettant que Staline n’ait pas eu l’intention d’étendre par les armes la sphère de domination soviétique, l’URSS n’en vassalisa pas moins les pays qu’occupait son armée, grâce à la mise en place progressive de « démocraties populaires » ; et qu'elle entreprit plusieurs tentatives d’accroître par intimidation sa sphère d’influence en Iran (voir crise irano-soviétique), en Grèce et en Turquie. Comme le disait Staline lui-même, il savait ne pas aller trop loin s'il sentait se crisper la résistance à ses ambitions.
La formation des démocraties populaires est ressentie par les pays occidentaux comme une menace. Ils réagissent : le 11 mars 1947, un an après le discours de Fulton, le président Harry S. Truman annonce sa politique de containment (endiguement) du communisme, aussi appelée la doctrine Truman, qui considère l’opposition ouest/est comme un conflit entre deux systèmes antinomiques : « démocratie » contre « totalitarisme ». La doctrine Truman prévoit d'assister tout pays qui pour conserver son indépendance combat l'expansionnisme soviétique.
Les États-Unis et leurs alliés créent un important réseau d’alliances défensives : l’Organisation des États américains (1948), le traité de Bruxelles (1948), le Pacte atlantique (1949) doté en 1950 d’une structure militaire, l’Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN) (avec mise en place des cellules paramilitaires clandestines du stay-behind, Gladio), l’ANZUS (1951), l’Organisation du traité de l'Asie du Sud-Est (OTASE) (1954) et le pacte de Bagdad (1955). Les pays signataires s’engagent à s’aider mutuellement en cas d’agression.
L’URSS adopte une stratégie parallèle à celle développée par les occidentaux : en octobre 1947, en réponse à la doctrine Truman et au plan Marshall, qui d’après les Soviétiques vise « à l’asservissement économique et politique de l’Europe », lors de la conférence fondatrice du Kominform, Andreï Jdanov, secrétaire du Parti communiste de l'Union soviétique (PCUS), réuni avec les délégués des neuf partis communistes européens, dénonce l’« impérialisme américain » qui vassalise les économies européennes en les plaçant sous la tutelle de Washington. Le but officiel du Kominform est « l’échange des expériences et la coordination de l’activité des partis communistes ». Lors de cette réunion constitutive, Jdanov, dans la même perspective manichéenne que Truman, formule la doctrine soviétique en matière de politique internationale : le monde est désormais divisé en deux camps antagonistes : d'un côté, un « camp impérialiste et anti-démocratique » dont les États-Unis sont « la principale force dirigeante » ; de l'autre, un camp « anti-impérialiste et démocratique » placé sous l’égide de Moscou.
En janvier 1949, à la suite de la création de l’OECE, l’URSS fonde le Conseil d'assistance économique mutuelle (CAEM, en anglais COMECON), qui est chargé de coordonner les économies des démocraties populaires et de planifier les échanges commerciaux entre elles[32].
En mai 1955, à la suite de l’admission de la RFA dans l’OTAN, l’URSS crée le pacte de Varsovie, qui officialise l’autorité soviétique sur les armées des démocraties populaires[32].
Premières crises en Europe et au Moyen-Orient
Crise irano-soviétique (1946)
La crise irano-soviétique fut la toute première épreuve de force de ce qui allait devenir la guerre froide. À l’été 1941, l’URSS et le Royaume-Uni, à la recherche d’une voie d’acheminement des armes et du ravitaillement à destination du front russe, s’étaient entendus pour en occuper chacune une moitié et déposer le chah Reza Pahlavi, coupable de trop de sympathie avec l’Axe.
Son fils, Mohammed Reza, qui lui a succédé, a conclu avec ces puissances un traité prévoyant le retrait de leurs troupes au plus tard le . Très vite cependant, l’URSS soutient deux mouvements indépendantistes dans le Nord du pays afin de constituer un glacis protecteur au sud comme elle l’a fait en Europe. Ceci conduit à des négociations iraniennes et des pressions occidentales, qui conduisirent finalement l’Armée rouge à se retirer.
Guerre civile en Grèce (1946-1949)
Au retrait des occupants de l'Axe en octobre 1944, le parti communiste grec (KKE) est en position de force au sein des mouvements de résistance victorieux fédérés au sein de l'EAM-ELAS [33]. Mais les britanniques ne veulent en aucune façon que le pays tombe aux mains des communistes ; Churchill a conclu un accord dans ce sens avec Staline lors d'une conférence à Moscou en octobre 1944 et envoyé des troupes pour sanctuariser Athènes et Salonique. Respectant cet accord confirmé lors de la conférence de Yalta, Staline demande aux communistes grecs de trouver un accord politique, signé le 9 février 1945 à Varkiza, qui prévoit le dépôt des armes et la régence exercée par le métropolite Damaskinos d'Athènes jusqu'au retour du roi Georges II.
Mais la Grande Alliance de la guerre fait peu à peu place à la guerre froide. Dès lors le KKE de nouveau soutenu par les pays voisins et notamment la Yougoslavie reprend les armes au printemps 1946 dans un contexte interne de politique très répressive menée par le gouvernement qui s'appuie largement sur des milices de droite. La guerre civile fait rage pendant trois ans. Les rapports de force s'inversent avec la montée en puissance de l'aide apportée par les États-Unis [34] au titre de la doctrine Truman [35] et avec la rupture entre l'URSS et Tito qui interrompt l'aide militaire au KKE. Les forces armées gouvernementales prennent le dessus ; la guerre s'achève par une lourde défaite des forces communistes au mont Grammos en août 1949 suivie par la signature d'un cessez-le-feu le 16 octobre 1949 [36]. La guerre aura fait plus de 100 000 morts et laissé le pays dévasté et profondément divisé.
Première crise de Berlin (1948-1949)
En juillet 1945, à la conférence de Potsdam, les trois dirigeants des principales puissances alliées, Churchill (puis son successeur, le travailliste Attlee), Staline et Truman s’accordent sur le partage de l’Allemagne et de l’Autriche en quatre zones d’occupation : américaine, britannique, française et soviétique. De même, Berlin, l’ancienne capitale du Reich, est divisée en quatre secteurs d’occupation. Enclavée dans la zone soviétique, des voies d’accès aériennes, autoroutières et ferroviaires permettent de la raccorder aux zones occidentales. L'Allemagne est au cœur des conférences de paix en Europe qui vont se dérouler entre les quatre puissances occupantes en 1946 et 1947.
Après le coup de Prague, en février 1948, les Occidentaux décident de transformer à brève échéance leur trizone en un État souverain ouest-allemand (conférence de Londres, en avril-juin 1948). La première phase du processus est la création du Deutsche Mark, qui devient le 20 juin la monnaie commune aux trois zones occidentales. Staline proteste contre cette division de fait de l’Allemagne et, le , il profite de l’isolement géographique de Berlin pour bloquer tous les accès terrestres et fluviaux des secteurs occidentaux. Plus de deux millions d’habitants et 30 000 soldats alliés se retrouvent pris en otage derrière le rideau de fer[32].
Dans un premier temps, les Alliés envisagent de forcer le blocus, selon la proposition du général Clay. Mais ils ne veulent pas prendre le risque de provoquer un conflit armé dont ils auraient pris l’initiative. Ils ne peuvent pas non plus ne pas réagir, puisque cela aurait impliqué l’échec de la politique du containment.
Pour sauver la ville de l’asphyxie, Britanniques et Américains décident finalement de mettre en place un pont aérien, c’est-à-dire d’assurer le ravitaillement (vivres, carburant, charbon) par avion. Durant les onze mois que dure le blocus, un transporteur atterrit en moyenne toutes les trente secondes à Berlin-Ouest, sur les aéroports de Tempelhof, Gatow et Tegel. Au total, deux millions et demi de tonnes de fret (dont le charbon constitue les deux tiers) sont acheminés par 275 000 vols. On estime que moins de 5 % des Berlinois de l’Ouest ont préféré se ravitailler auprès des autorités soviétiques.
Pendant la crise, les États-Unis déploient trois escadrilles de bombardiers stratégiques B-29 de l’United States Air Force (USAF) au Royaume-Uni pour signifier qu’ils sont prêts à riposter à une éventuelle invasion de l’Europe de l'Ouest. Cependant, ils n’envisagent à aucun moment de recourir à la menace d’un ultimatum atomique (ils disposent alors du monopole nucléaire) pour faire cesser le blocus de Berlin et contraindre l’Union soviétique à se retirer également de tous les pays où elle avait refusé de « former des gouvernements intérimaires largement représentatifs de tous les éléments démocratiques de la population, qui s’engageraient à faire établir aussitôt que possible, par des élections libres, des gouvernements répondant à la volonté du peuple. ». En effet, l’Europe de l’Ouest est en pleine reconstruction et la puissance militaire conventionnelle du bloc de l'Est est de loin supérieure à celle des Occidentaux. Par là, les États-Unis entérinent de facto le partage de l’Europe que Staline avait voulu voir dans les accords de Yalta.
Le , conscient de son échec, Staline décide de lever le blocus. Le , la division de l’Allemagne devient officielle, par la promulgation de la loi fondamentale (Grundgesetz), acte de naissance de la République fédérale d’Allemagne (RFA, Bundesrepublik Deutschland), dont la capitale fédérale est Bonn[37]. Le 7 octobre 1949, la zone soviétique à son tour se constitue en un État souverain[38], la République démocratique allemande (RDA, Deutsche Demokratische Republik), dont la capitale est Berlin-Est. Les deux entités refusent de se reconnaître juridiquement. En 1955, la doctrine Hallstein, élaborée par la RFA, énonce que quiconque reconnaîtrait la RDA couperait, de fait, ses relations diplomatiques avec Bonn, qui s'affirme comme seule représentante légitime de l'Allemagne.
Cette crise diminuera le prestige de l'URSS dans le monde, d'une part à cause de ces images de Berlinois affamés résistant à sa politique de force et d'autre part l'humiliation militaire, et augmentera parallèlement celui des États-Unis aux yeux des Allemands de l'Ouest, leur statut passant de celui d'occupant à celui de protecteur.
Expansion communiste en Asie
À la différence de l'Europe, l'extension de la guerre froide à l'Asie n'a pas résulté de politiques volontaristes des deux Grands mais d'évènements initiés par des pays d'Asie eux-mêmes : la Chine, le Vietnam et la Corée[39]. À la sortie de la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis ont clairement établi leur suprématie sur le Japon, dont la reddition brutalement accélérée par les bombes atomiques d'Hiroshima et de Nagasaki a interdit aux soviétiques de jouer un rôle suffisamment important dans l'effondrement de l'empire japonais pour prétendre jouer un rôle dans la suite. L'avancée des troupes soviétiques dans la petite péninsule de Corée avait toutefois permis de créer les conditions de l'établissement d'un État communiste, la Corée du Nord. En Chine en revanche, Staline a trouvé plus avantageux de s’accommoder du régime nationaliste de Tchang Kaï-chek plutôt que de soutenir fortement la révolution communiste dirigée par Mao Zedong.
En parallèle, se développeront des insurrections communistes en Malaisie et en Indonésie qui n'aboutiront pas.
Victoire des communistes en Chine (1945-1949)
La guerre civile entre nationalistes et communistes reprend dès la capitulation japonaise. Le premier théâtre d'opérations est la Mandchourie, que l'Union soviétique a envahi en 1945. Le 15 août, le gouvernement chinois signe un traité d'alliance avec l'Union soviétique, prévoyant le retour de la Mandchourie à la Chine et reconnaissant la souveraineté soviétique à Port-Arthur : les communistes chinois apparaissent isolés politiquement par cette victoire stratégique des nationalistes. Pendant ce temps les États-Unis se posent en médiateurs. Le général Marshall est nommé en novembre 1945 ambassadeur des États-Unis en Chine. Une mission américaine est installée à Yan'an et espère aboutir à la formation d'un gouvernement de coalition communiste-nationaliste. Face à l'échec de plus en plus évident de cette politique, il sera mis fin à cette mission en janvier 1947 et Marshall retournera à Washington pour y prendre la fonction de Secrétaire d'État.
Pendant les pourparlers, un conflit armé éclate dès septembre 1945 : les troupes nationalistes avancent sur la place-forte communiste du Shanxi, afin d'en prendre le contrôle, les troupes communistes ripostent et affrontent les nationalistes jusqu'en octobre, mettant finalement hors de combat treize divisions de l'armée du Kuomintang. S'ensuivent une série de défaites militaires des nationalistes qui aboutiront à la proclamation de la République populaire de Chine le 1er octobre 1949.
Guerre d'Indochine (1946-1954)
Après la défaite du Japon, la France va réussir à rétablir fin 1945 son autorité sur la majeure partie de l'Indochine. Simultanément, le 2 septembre 1945, Hô Chi Minh proclame l'indépendance de la République démocratique du Viêt Nam[40]. Après une période de négociations, le conflit éclate avec le bombardement du port d'Haïphong le 23 novembre 1946 par la Marine française. Dès lors, Hô Chi Minh ne jouera plus l'option de la Fédération indochinoise voulue par la France. Le 19 décembre 1946, l'insurrection de Hanoï marque le début de la guerre : le gouvernement de la République démocratique du Viêt Nam déclenche des hostilités dans tout le nord du Viêt Nam, et entre dans la clandestinité.
La guerre durera jusqu'en juillet 1954 avec la chute du camp retranché français de Diên Biên Phu et la signature des accords de Genève qui marqueront la fin de l'Indochine française avec sa partition en deux États, le Viet-Nam du Nord communiste et le Viêt Nam du Sud soutenu par les États-Unis qui vont alors prendre le relai de la France et s'engager progressivement dans ce qui deviendra la guerre du Viêt Nam.
Guerre de Corée (1950-1953)
La guerre de Corée[41],[42] a pour contexte la victoire de Mao Zedong sur le nationaliste Tchang Kaï-chek en Chine : la République populaire de Chine est proclamée par Mao le 1er octobre 1949. Les nord-coréens bientôt soutenus par les chinois vont faire pression sur Staline pour qu'il accepte que soit lancée une offensive militaire contre la Corée du Sud. En réaction, les États-Unis vont appliquer leur doctrine d'endiguement, qui s'oppose à l'expansion du communisme par la force, d'autant plus justifiée à leurs yeux dans le cas présent que laisser la Corée du Nord accomplir impunément son agression contre un allié américain augmenterait le risque d'un basculement d'allégeance du Japon qui se retrouverait trop isolé face aux puissances communistes.
Après la défaite japonaise en août 1945, la Corée est coupée en deux au niveau du 38e parallèle : au Sud, la République de Corée, proaméricaine, dirigée par Syngman Rhee, au Nord, la République populaire de Corée, pro soviétique, dirigée par Kim Il-sung.
En 1948 et en 1949, les armées soviétiques et américaines quittent leurs zones d’occupation respectives, de part et d’autre du 38e parallèle.
Le 12 janvier 1950, le secrétaire d’État américain Dean Acheson déclare devant des journalistes que le périmètre de défense des États-Unis comprend les îles Aléoutiennes, les îles Ryūkyū, le Japon et les Philippines. En d’autres termes, la Corée n’en fait apparemment pas partie.
Le 25 juin 1950, l’armée nord-coréenne franchit le 38e parallèle, avec l’accord de Staline, encouragé par les déclarations américaines.
Le 27 juin, les Nations unies condamnent l’agression nord-coréenne et décident de venir en aide à la Corée du Sud. Depuis février 1950, afin de protester contre la présence de Taïwan et non de la Chine populaire, l’URSS boycotte les séances du Conseil de sécurité et n’a donc pas pu mettre son veto à cette résolution. Le général Mac Arthur, le vainqueur du Pacifique, est nommé commandant en chef des forces de l’ONU, formées en majeure partie de contingents américains, mais aussi de troupes britanniques, françaises, australiennes, canadiennes entre autres.
Fin septembre 1950, MacArthur atteint la frontière chinoise.
En octobre, devant l’intervention de 850 000 « volontaires du peuple chinois », en fait des troupes régulières, il doit se replier sur le 38e parallèle, où le front finit par se stabiliser en mars 1951.
Pour remporter la victoire, MacArthur propose alors un plan d'escalade du conflit à Truman : bombardement de la Mandchourie, blocus naval des côtes chinoises, débarquement des forces du général Tchang Kaï-chek en Chine du Sud et, le cas échéant, emploi de l’arme atomique. Truman, qui est convaincu qu’une telle initiative provoquera une intervention soviétique, limoge Mac Arthur et le remplaça par le général Matthew Ridgway.
Le 27 juillet 1953, après la mort de Staline, au bout de deux ans de pourparlers l’armistice est signé à Panmunjeom, mais il ne sera suivi d’aucun traité de paix. Après trois années d'une guerre qui a fait plus d'un million de morts, le conflit s'achève avec une frontière nord-sud-coréenne revenue quasiment au stade initial d'avant-guerre : c'est le statu quo ante bellum.
Consolidation forcée des deux blocs sous contrainte idéologique et politique
Les États-Unis comme l'Union soviétique veillent en permanence à ce qu'aucune brèche ne s'ouvre dans leur propre camp, que ce soit par un changement de régime politique résultant de mécontentements populaires ou par des actions politiques ou subversives soutenues de l'extérieur.
Soviétisation de l'Europe de l’Est
L'objectif de maintien de la totalité des pays de l'Europe de l'Est sous son contrôle total constitue une préoccupation majeure de Staline, qui va se traduire en quelques années par la soviétisation complète[43] de tous ces pays à l'exception de la Yougoslavie du Maréchal Tito qui en restera à l'écart.
À cet effet, les dirigeants des partis non communistes qui refusent de se rallier au régime sont écartés, soit par discréditation ou intimidation, soit par des procès politiques suivis d’emprisonnement voire d’exécution. Le bloc de l’Est est le théâtre de nombreux procès politiques contre des personnes accusés d’être « titistes » (terme qui vient de Tito, dirigeant de la Yougoslavie), accusés de dévier de la politique de Moscou, (donc d'être « déviationnistes »), de « cosmopolitisme » ou de « sionisme », ou de travailler pour l'Occident. De très nombreuses personnes sont emprisonnées ou exécutées, l’immense majorité tout simplement car ils gênent les régimes alors en place alors que plusieurs d’entre eux sont d’authentiques communistes comme László Rajk qui en République populaire de Hongrie est l’une des premières victimes avec 19 autres hommes de ces Grandes Purges en 1949.
Dans la même logique, les insurrections de juin 1953 contre le régime communiste pro-soviétique qui éclatent en République démocratique allemande seront sévèrement réprimées.
Maccarthysme aux États-Unis
Pour les États-Unis, ce même objectif se traduit différemment de par un contexte géopolitique différent. En Europe en effet, depuis que les partis communistes ont été écartés du gouvernement en 1947 en France et en Italie, tous les pays d'Europe de l'Ouest s'inscrivent clairement dans la logique du capitalisme avec le plus souvent une dimension sociale importante. C'est sur le sol américain et en premier lieu chez eux que les États-Unis vont mener une lutte contre les sympathisants communistes ou supposés comme tels : ce sera le maccarthisme.
À partir de 1947 les artistes suspectés de sympathies communistes sont placés sur la « liste noire », et empêchés de travailler. Les « dix d'Hollywood », refusant de répondre aux questions en invoquant le premier amendement, sont emprisonnés. La Commission d’enquête de la Chambre des représentants sur les activités antiaméricaines (House Un-American Activities Committee ou HUAC) enquête sur la propagande communiste et fait boycotter 300 artistes par les studios. Des artistes comme Bertolt Brecht, Charlie Chaplin, Jules Dassin et Orson Welles doivent quitter les États-Unis.
Entre 1950 et 1954, le sénateur républicain du Wisconsin, Joseph McCarthy, mène une véritable chasse aux « Rouges ». Il fait mettre en accusation pêle-mêle tous ceux qu’il soupçonne d’être des membres du Parti communiste, des « compagnons de route » ou de simples sympathisants : des fonctionnaires, des artistes, des intellectuels, des savants et des hommes politiques. Le secrétaire d’État Dean Acheson est suspecté d’être « mou dans la lutte contre le communisme » (soft on communism) et George Marshall, l’ancien secrétaire d’État, accusé d’avoir lâché Tchang Kaï-chek en 1946. Ethel et Julius Rosenberg, un couple de juifs communistes américains, sont arrêtés, condamnés à mort et exécutés pour espionnage au profit des Soviétiques. Cette affaire suscite une vive émotion en Europe, et tout particulièrement en France, où l’on dénonce le climat d’hystérie collective qui a entouré le procès. Il est établi aujourd’hui, selon différentes archives et témoignages, que les Rosenberg, en particulier l’époux, sont bien des espions qui ont transféré aux Soviétiques des documents relatifs au radar et à des armements. Ce sont les seuls espions exécutés, à la suite d'une procédure judiciaire, durant la guerre froide, aux États-Unis[44]. Finalement, en 1954, McCarthy dépasse les bornes et met en doute la loyauté de l’armée. Il est alors l’objet d’un blâme de la part de ses collègues du Sénat : c’est la fin du maccarthysme. La liste noire restera cependant en activité pendant plusieurs années.
Contrôle étroit de l'Amérique Latine par les États-Unis et soutien aux dictatures de droite en Europe
En Amérique Latine, que les États-Unis considèrent comme leur zone d'influence exclusive, les régimes en place, souvent de nature dictatoriale, sont soutenus et des actions entreprises contre les régimes se tournant vers le communisme : en 1954, les États-Unis participent au coup d’État au Guatemala qui remplace un gouvernement démocratiquement élu par une dictature (opération PBSUCCESS). Cette politique va cependant connaître un échec majeur à Cuba avec le succès de la révolution cubaine qui aboutit en 1959 au renversement du régime du dictateur pro-américain Fulgencio Batista par une guérilla amorcée par Fidel Castro et le Mouvement du 26 juillet.
Beaucoup de dictatures d’Amérique latine et d’Europe sont soutenues voire installées par les États-Unis, car elles sont vues comme un rempart face à la montée du communisme : l'Espagne de Franco, le Portugal de Salazar, la Grèce du régime des colonels à partir de 1967, la Turquie du général Kenan Evren après le coup d'État de 1980, le Chili de Pinochet, l'Argentine de la junte de Videla après 1976, le régime militaire brésilien à partir de 1964, etc.
Des moyens considérables dévolus à la guerre secrète
Dès le début de l'occupation de l'Allemagne, des scientifiques allemands sont ainsi récupérés par la Joint Intelligence Objectives Agency (JIOA) afin de travailler pour les États-Unis (opération Paperclip), tandis qu’il est permis à d’anciens fonctionnaires ou militaires du Troisième Reich, s’ils n’ont pas été condamnés par la justice, d’exercer à nouveau leurs fonctions. Dès la fin de la guerre, l’Office of Strategic Services (OSS), embryon de la Central Intelligence Agency (CIA), confie à l’ex-major-général de la Wehrmacht Reinhard Gehlen, chef de l’Abwehr pour le front est (Abteilung Fremde Heere Ost), le soin de créer un service de renseignements couvrant l’ensemble des territoires naguère occupés par l’Allemagne[45]. Pour justifier son budget – en partie utilisé pour exfiltrer d’anciens collaborateurs ou des criminels de guerre nazis –, ce réseau d’espionnage nouvellement créé, précurseur du Bundesnachrichtendienst (BND) et baptisé Gehlen Org par la Défense américaine, transmet parfois des informations entièrement fabriquées et de plus en plus inquiétantes sur la puissance de l’Armée soviétique et sur la stratégie expansionniste de l’URSS. Dès 1947, les États-Unis en font un élément de leur propagande, alors qu’en réalité l’Union soviétique n’a pas encore commencé à se remettre du conflit mondial[46].
En 1947, les services de renseignements des États-Unis, du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande signent l’accord UKUSA, dans le cadre duquel le système de renseignement d'origine électromagnétique Echelon sera mis en place dans les années 1960[47] (dès 1945, la National Security Agency intercepte les télégrammes, débutant l'opération Shamrock[48]). Une base de renseignement d'origine électromagnétique (SIGINT) est installée à San Vito dei Normanni en 1964, tandis que le premier satellite COMINT (CANYON) est lancé en août 1968, suivi de sept autres entre 1968 et 1977[49].
Coexistence pacifique et nouvelles crises sur fond d'équilibre de la terreur (1956-1962)
Coexistence pacifique ou la non-inévitabilité de la guerre entre les deux Grands
Le , Staline meurt. Il est remplacé par une direction collégiale au sein de laquelle les rivalités feront rage jusqu'en 1955, avec pour conséquence l'absence d'une ligne de politique extérieure stable durant cette période de transition. En 1956, le nouveau numéro un soviétique Nikita Khrouchtchev, dit « Mr K », condamne les crimes de Staline, commence le processus de déstalinisation et énonce la coexistence pacifique[50]. La doctrine Sokolovski, énoncée par Khrouchtchev en 1960, réaffirme l'usage soviétique de l'arme nucléaire en cas d'attaque.
Du côté américain, en 1957, Eisenhower énonce la doctrine Eisenhower, qui promet des aides économiques et militaires aux États du Moyen-Orient pour faire front à l'influence soviétique. La doctrine est appliquée lors de la crise de 1958 au Liban, durant laquelle 14 000 militaires américains débarquent au Liban (opération Blue Bat).
Dès 1950, un PB4Y Privateer est abattu par la chasse soviétique. À partir de 1956, les Américains utilisent des U2 volant à plus de 20 000 mètres d’altitude. Mais, lors de l'incident de l'U-2 de mai 1960, l’un d’eux est abattu et son pilote, Francis Gary Powers, est emprisonné à la suite d’un procès très médiatisé. Les Américains créent alors des avions espions de plus en plus perfectionnés, avant de développer un programme de satellites de surveillance (Corona et KH-6).
Durant cette période, les sommets entre les dirigeants américains et soviétiques reprennent après 10 ans d'interruption. Khrouchtchev rencontre Eisenhower en 1955 à Genève, en 1959 aux États-Unis, en 1960 en France et Kennedy en 1961 à Vienne[51]. En effet, le jeune démocrate John F. Kennedy a gagné les élections de 1960.
Il préfère une coexistence pacifique avec l’URSS, mais veut en même temps empêcher le communisme de se répandre dans le tiers monde. Dans le cadre de la doctrine Kennedy, il appelle ainsi à ce que la « force et l'unité militaire requise dans la lutte contre le communisme soient contrebalancées par des espoirs de désarmements et de coopération globale ». Dans ce cadre, il crée « l’Alliance pour le Progrès » (1961), un programme d'aide économique pour aider l’Amérique latine et contrer l'influence de Cuba. Celle-ci se révèle néanmoins plutôt décevante.
De plus, il accroît l’aide américaine au Congo-Kinshasa et envoie des « conseillers militaires » au Laos et au Viêt Nam. Dans le même temps, la doctrine MacNamara de riposte graduée remplace, en 1962, la doctrine Dulles de représailles massives.
Insurrection de Budapest (1956)
Le bloc soviétique vit une importante crise cristallisée par la révolte hongroise à Budapest, laquelle mène à une répression soviétique au moment des Jeux olympiques d’été de 1956.
Le mouvement hongrois d’ fut une insurrection, voire une révolution. Ce fut un soulèvement spontané, sans dirigeant, authentique mouvement de masse uni par la haine du régime stalinien et par une volonté d’améliorer la situation sociale. L’enquête menée par le Comité spécial de l’ONU sur la Hongrie en 1957 conclut son rapport en disant que le « soulèvement hongrois a eu un caractère non seulement national, mais aussi spontané ». L’agitation des écrivains, des étudiants et des journalistes prouve une émancipation progressive vis-à-vis du Parti des travailleurs hongrois (le parti unique), ainsi qu’une désagrégation du système totalitaire. Mais l’insurrection hongroise est rapidement écrasée par les chars soviétiques, ceci sans réelle réaction du bloc de l'Ouest[52],[53],[54],[55].
Crise de Suez (1956)
Illustratrice de la complexité de la situation au Moyen-Orient où de multiples influences et cultures s'entremêlent, la crise de Suez[56]a plusieurs causes. Elle s'inscrit dans la lutte diplomatique que se livrent les États-Unis et l'Union soviétique pour étendre leur influence dans les pays du tiers-monde, ou au minimum pour empêcher que ces pays ne soutiennent ouvertement l'un des deux camps de la guerre froide et conservent une attitude de neutralité. Elle est aussi l'occasion dans sa période aiguë pour Khrouchtchev de s'exercer, avec un certain succès, à la diplomatie nucléaire en menaçant ouvertement l'Angleterre et la France de ses fusées. Elle naît aussi de ce que les occidentaux considèrent qu'au nom de leurs intérêts vitaux, la sécurité de leur approvisionnement en pétrole doit être à tout prix assurée, fût-ce au prix d'une guerre. En toile de fond, se situent également l'affrontement israélo-arabe et la difficulté pour les anciennes puissances coloniales, la France et la Grande-Bretagne à tirer un trait sur cette époque révolue[57].
Fin 1954, Nasser prend définitivement le pouvoir en Égypte pour y mener une politique essentiellement nationaliste. Il se tourne aussi bien vers les États-Unis que vers l'URSS pour obtenir de l'aide en vue notamment de pouvoir construire le barrage d'Assouan. Les États-Unis plutôt ouverts initialement mais inquiets de l'influence de Moscou qui fournit une aide militaire importante, finissent par refuser d'apporter leur concours au financement de ce barrage. Nasser décide alors de nationaliser le Canal de Suez dans le but de financer la construction du barrage par les revenus tirés du canal[58], décision qu'il annonce le 26 juillet 1956 dans un discours très anti-américain. Pour autant Eisenhower souhaite poursuivre une politique de développement des relations avec les états arabes, et intensifie les actions sur le terrain diplomatique avec toutes les parties. Mais les anglais et les français s'engagent sur le terrain de la guerre et concluent un accord secret avec les israéliens le 24 octobre 1956. Les israéliens envahissent l'Égypte le 29 octobre, suivis par les anglais et les français le 31 octobre, sans information préalable des États-Unis. Le 5 novembre, l'Union soviétique accuse la France et la Grande-Bretagne de mener une guerre coloniale et en termes à peine voilés agite la menace de l'emploi des armes nucléaires[59]. Sans le soutien des États-Unis, outrés d'avoir été ainsi joués par deux de leurs alliés les plus proches, les trois pays n'ont d'autre choix que d'accepter un cessez-le-feu le 7 novembre et un règlement pacifique sous l'égide de l'ONU.
L'Union soviétique tire un double bénéfice de cette crise : elle lui permet d'avoir les mains libres au même moment pour régler dans son propre camp la crise hongroise et elle confirme son statut de seule grande puissance face aux américains.
Du côté américain, Eisenhower est triomphalement réélu le 6 novembre 1956 et sort de la crise avec une forte image personnelle dont il profite pour faire passer début 1957 au Congrès américain sa vision politique pour le Moyen-Orient, connue sous le nom de "doctrine Eisenhower"[60], par laquelle les États-Unis s'autorisent à apporter une assistance économique et militaire si nécessaire afin de protéger leurs intérêts et ceux des occidentaux.
Rupture sino-soviétique (1960)
La Chine refuse cette politique de coexistence pacifique que Mao Zedong et les autres dirigeants chinois jugent trop conciliante à l'égard de l'Ouest. Les tensions iront en croissant jusqu'à la rupture symbolisée par l'affrontement ouvert des deux grandes nations communistes au cours du Congrès du parti communiste roumain en juin 1960, où Khrouchtchev et le représentant chinois Peng Zhen s’affrontèrent ouvertement. En Europe, la République populaire d'Albanie se détacha du bloc Soviétique et soutint les thèses chinoises. Elle se retira de fait du Pacte de Varsovie.
Deuxième crise de Berlin (1958-1963)
En 1948-1949, une première crise ouverte par le blocus soviétique des accès terrestres à Berlin-Ouest, auquel les occidentaux ont répondu par un pont aérien, s’est achevée par le maintien du statut de Berlin issu de la Seconde Guerre mondiale. De par ce statut, le Grand Berlin est découpé en quatre secteurs, administrés par les anciens alliés, entre lesquels la population comme les occupants peuvent circuler librement. Chaque jour plusieurs dizaines de milliers de berlinois passent d’un secteur à l’autre par les transports en commun de la ville pour se rendre à leur travail.
Dix ans après, le contexte géopolitique a beaucoup changé. La pérennisation de la RFA et de la RDA, solidement arrimées respectivement à l’Europe de l’ouest et au bloc de l’Est, instaure une partition de fait de l’Allemagne. L’OTAN et le Pacte de Varsovie se font face, et les arsenaux nucléaires américains et soviétiques se développent à un point tel que l’on commence à parler d’équilibre de la terreur.
La question allemande préoccupe Khrouchtchev pour au moins trois raisons : la montée en puissance de la RFA au plan économique (« le miracle allemand ») et ses ambitions nucléaires [61],[62], les difficultés économiques de la RDA malgré un développement réel, et surtout l’immigration massive des Allemands de l’Est vers la RFA. Plus de 2,7 millions d'Allemands, dont nombre d’ingénieurs, de médecins ou d’ouvriers spécialisés, fuient la RDA par Berlin entre 1949 et 1961, privant le pays d’une main-d'œuvre indispensable au moment de sa reconstruction et montrant à la face du monde leur faible adhésion au régime communiste[63]. Les autorités est-allemandes qualifient cette migration de « désertion de la République (« Republikflucht ») et dénoncent la « politique d’agression et de sabotage » des Occidentaux à l’encontre de la RDA. Les dirigeants soviétiques, qui accordent des aides importantes à la RDA, craignent que le régime finisse par s’effondrer mettant ainsi en danger le Bloc de l’Est dans son ensemble.
La crise débute le avec l’envoi par Khrouchtchev d’une note aux Occidentaux dans laquelle il propose d'abroger le statut quadripartite de l'ancienne capitale du Reich et de transformer Berlin en une "ville libre" démilitarisée, dotée d'un gouvernement propre[64],[65]. L'arrière-pensée manifeste de cette proposition est d'intégrer complètement la ville au sein de la RDA dans le domaine d'influence soviétique. Les Occidentaux répondent à cette note en rejetant en bloc son argumentaire juridique et en réaffirmant leur droit d'être à Berlin[66]. Commencent alors de longs échanges diplomatiques, dont les temps forts en sont les rencontres au sommet des quatre puissances à Paris en 1960 et à Vienne en 1961, qui n’aboutissent à aucun accord. Khrouchtchev annonce qu'il va signer un traité de paix avec la RDA, qui ne se sent liée en aucune manière par les accords de 1944[67]. Kennedy hausse le ton et annonce le une augmentation importante des moyens militaires américains et les principes qui constituent la ligne rouge à ne pas franchir par les soviétiques : droit de présence et droit d’accès des Occidentaux à Berlin-Ouest, garantie de la sécurité et des droits des habitants de Berlin-Ouest[68].
Le temps joue contre Khrouchtchev qui n’a rien obtenu en deux ans et demi de négociations, assorties d’avertissements quant au risque de guerre nucléaire que fait peser cette situation de blocage. Le flot des migrants vers la RFA continue d’enfler, les dirigeants est-allemands pressent Khrouchtchev d’agir. La décision est prise début août de fermer la frontière entre les deux parties de Berlin ainsi qu’entre Berlin-Ouest et la RDA. Dans la nuit du 12 au, les forces armées de la RDA coupent les voies d’accès routières et les voies ferrées et commencent l’érection du mur de Berlin, un des symboles majeurs de la guerre froide. Les réactions occidentales se limitent à des protestations verbales et à des gestes symboliques comme la visite à Berlin-Ouest du général Lucius D. Clay, l’organisateur du pont aérien de 1948. Kennedy confie peu après à l'un de ses conseillers que « le mur n'est pas une très bonne solution, mais c'est diablement mieux qu'une guerre »[69]. La volonté d’apaisement domine à Washington et Moscou, d’autant que la ligne rouge définie par Kennedy n’a pas été franchie.
Le Mur devient progressivement un ouvrage de plus en plus considérable ce qui incite les Occidentaux à penser qu'il s'agit là d'une solution durable aux yeux de la RDA et de l'Union soviétique. Cependant, l'existence sporadique de restrictions à la liberté de circulation des Occidentaux entre la RFA et Berlin-Ouest entretient une certaine tension. Et aucun accord formel n'a été trouvé avec les Soviétiques. Un nouveau paroxysme de tension est soudainement atteint en octobre 1962 avec le déclenchement de la crise des missiles de Cuba, dont Kennedy dit « Une crise de Cuba ? Non, une crise de Berlin ! ».
Au printemps 1963, les discussions diplomatiques reprennent entre Américains et Soviétiques, une fois retombé le choc de la Crise de Cuba. Ces discussions n'aboutissent à aucun résultat concret. La politique étrangère de l'Union soviétique demeure inchangée et appelle toujours à la signature d'un traité de paix relatif à l'Allemagne et à la neutralisation de Berlin, en contrepartie d'avancées sur la réduction des armements nucléaires.
En visite en Allemagne, Kennedy se rend à Berlin le 26 juin 1963, où il prononce un discours devenu célèbre par cette phrase « Tous les hommes libres, où qu'ils vivent, sont citoyens (...) de Berlin-Ouest, et pour cette raison, en ma qualité d'homme libre, je dis : Ich bin ein Berliner [Je suis un berlinois] » [70][71].
À l'été et à l'automne 1963, la politique soviétique évolue de plus en plus nettement vers la recherche de la détente avec l'Ouest et d'une ouverture vers le développement de relations avec la RFA. La signature en août 1963 du Traité d'interdiction partielle des essais nucléaires en témoigne clairement. Moscou a besoin d'apaiser les tensions sur son flanc ouest, afin de faire face à la dégradation toujours plus prononcée de sa relation avec la Chine. Khrouchtchev ne fait plus allusion à un quelconque délai pour signer une paix séparée avec la RDA ou modifier le statut de Berlin.
La normalisation définitive interviendra en deux temps, le 3 septembre 1971 avec la signature de l'accord quadripartite sur Berlin [72], puis par la signature le 21 décembre 1972 du traité fondamental [73] de reconnaissance mutuelle entre la République fédérale d'Allemagne et la République démocratique allemande.
Crise des missiles cubains (1962)
La crise des missiles cubains[74] met plus nettement en évidence la menace d’une guerre nucléaire. En , les guérilleros de Fidel Castro avaient renversé le dictateur Fulgencio Batista, soutenu par les États-Unis. Le nouveau régime prit une série de mesures qui lui valurent l’hostilité croissante de Washington : en 1959, démantèlement des latifundia ; signature d’un accord commercial avec l’Union soviétique en , après la réduction des achats de sucre cubain par les États-Unis ; en juin et juillet, confiscation des entreprises nord-américaines, qui contrôlaient, outre la totalité des raffineries de pétrole, 40 % de l’industrie sucrière, 80 % du tabac et 90 % des mines[75].
À titre de représailles, le gouvernement américain, soumis entre autres à la pression des milieux d’affaires, mit en place un embargo économique de l’île en et, le , il rompit les relations diplomatiques avec La Havane. En même temps, la CIA recrutait des « forces anticastristes » parmi les réfugiés cubains. Au début du mois d’avril, Kennedy donna son accord à un projet d’invasion de l’île, tout en refusant d’engager des troupes américaines et en limitant les effectifs à 1 200 Cubains. Le débarquement, qui eut lieu le dans la Baie des Cochons, fut un désastre. Kennedy se déclare seul responsable, mais, en privé, accuse la CIA de lui avoir menti et de l'avoir manipulé. Le président se brouille avec l'agence. La CIA œuvre désormais clandestinement contre Castro, en collaborant avec la Mafia, ce qui frustra Kennedy.
En , Cuba signifie son appartenance au « bloc socialiste ». Le , le pays conclut un accord d’assistance militaire avec l’Union soviétique et, une semaine plus tard, Moscou déclare que toute attaque contre Cuba provoquerait une riposte nucléaire. Le Congrès américain pour sa part vote le 3 octobre une résolution qui met en demeure contre toute « action subversive dans l’hémisphère occidental ». Kennedy interdit cependant l’opération Northwoods mise au point et proposée par l’état-major, laquelle prévoyait d’orchestrer une série d’attentats contre les États-Unis, puis d’en accuser Cuba afin de mobiliser l’opinion publique contre Castro.
En novembre 1961, les États-Unis déploient 15 missiles Jupiter en Turquie et 30 autres en Italie, lesquels sont capables d'atteindre le territoire soviétique.
Le , un avion américain Lockheed U-2 photographie sur l’île de Cuba des rampes de lancement pour missiles nucléaires à moyenne portée (IRBM et MRBM), capables d’atteindre le territoire américain. En même temps, la Maison Blanche apprend que 24 cargos soviétiques transportant des fusées et des bombardiers Iliouchine font route vers Cuba (opération Anadyr).
Dans la journée du 22, Kennedy, après avoir hésité entre l’inaction et le bombardement des rampes de lancement, se décide pour le blocus maritime de l’île. Cette « riposte graduée », proportionnée à la menace, laisse à Khrouchtchev le choix entre l’escalade ou la négociation: « Si les États-unis veulent la guerre, alors, nous nous retrouverons en Enfer! ». Mais Kennedy utilise la plus grande fermeté, afin de forcer Khrouchtchev à reculer. Le 24 octobre, les premiers cargos soviétiques font finalement demi-tour. Moscou ne peut contacter immédiatement les sous-marins armés de torpilles à tête nucléaire (opération Kama) qui accompagnent le convoi avec mission de le protéger (fait qui ne sera révélé qu’en 2001). Entre-temps, un arrangement permettant à Khrouchtchev de sauver la face est négocié en coulisse entre émissaires officieux. Le 26 et le 27 octobre, dans deux messages, le Kremlin propose le retrait des armes offensives ; en contrepartie, les Américains devraient s’engager à ne pas renverser le régime cubain et à retirer leurs missiles nucléaires installés en Turquie, et pointés vers l’URSS. Le 28 octobre, Kennedy accepte ce compromis in extremis. Il demande toutefois de cacher le fait que les États-Unis retiraient leurs missiles de Turquie. Khrouchtchev accepta, et il crut avoir gagné la partie. Or, il avait été dupé. Kennedy avait décidé de retirer les missiles de Turquie bien avant la crise. De plus, la reculade de Khrouchtchev l'a humilié devant Castro, Mao Zedong et les autres chefs communistes. C'est décidément Kennedy qui a gagné la partie, de plus il voit sa popularité et son prestige mondial monter en flèche. Kennedy dira néanmoins après cette crise diplomatique qu'il a « négocié au bord du gouffre ».
Le dénouement de la crise fut un succès politique pour les États-Unis, quoiqu’ils doivent tolérer un pays communiste à l’intérieur de leur « périmètre de défense ». D’autre part, cette « diplomatie au bord du gouffre » avait effrayé « jusqu’aux plus hauts décideurs, au point de les rappeler à un comportement rationnel. »[76] L’installation d’un téléphone rouge, ligne directe entre Moscou et Washington, et l’ouverture de négociations sur la limitation des armements concrétisèrent ce retour à la rationalité. Kennedy, devenu encore plus populaire, change la politique de son pays vers un plan un peu plus pacifique. Mais il n'a pas le temps de mettre en place toutes ses idées : le , en voyage à Dallas, au Texas, Kennedy parade dans les rues de la ville en limousine décapotable. Lors du défilé, il est assassiné en pleine gloire par un tireur d'élite embusqué, et ce devant les yeux horrifiés de la foule. Khrouchtchev, quant à lui, sort très affaibli de la crise. En 1964, il fut remplacé par Brejnev.
Crise de Nouvelle-Guinée entre l'Indonésie et les Pays-Bas (1962)
En 1962, un conflit peu médiatisé opposant l'Indonésie à son ancienne puissance coloniale, les Pays-Bas au sujet du statut de la Nouvelle-Guinée néerlandaise faillit voir l'entrée en guerre de la marine soviétique au côté de l'Indonésie le [77]. Cette région fut finalement transférée à l'Indonésie après l'accord de New York.
Détente et effritement des blocs américains et soviétiques (1963-1974)
Rapprochement entre les États-Unis et l'Union soviétique
Au lendemain de la crise des missiles cubains, les États-Unis et l’URSS décident de se rapprocher pour maîtriser, dans un esprit de transparence, un équilibre désormais fondé sur une « destruction mutuelle assurée » (MAD pour Mutual assured destruction en anglais). Dès , un « téléphone rouge », liaison permanente par téléscripteur entre le Kremlin et la Maison-Blanche, leur permet de se concerter immédiatement et d’éviter ainsi une diplomatie « au bord du gouffre ».
L'assassinat de John F. Kennedy à Dallas le 22 novembre 1963 bouleverse la planète, partout les gens pleurent ce jeune président, URSS comprise. Le successeur de Kennedy, Lyndon Johnson, s'engage à poursuivre la détente. Johnson va cependant définitivement engager son pays dans la guerre du Viêt Nam.
Les mobiles de la détente sont multiples. Il y a d’abord à l’évidence la volonté de se dégager d’une course aux armements de plus en plus coûteuse, et absurde en raison de la « capacité de surextermination » (overkill) des arsenaux nucléaires ; par ailleurs, l’URSS est contestée par la République populaire de Chine, la rupture sino-soviétique permettant, dans le cadre d’une diplomatie désormais triangulaire, un rapprochement sino-américain ; en même temps, en raison d’une économie qui stagne, l’URSS a besoin d’une aide extérieure que les États-Unis lient à des accords politiques (le linkage de Henry Kissinger) ; et enfin, les États-Unis, de leur côté, sont engagés dans la guerre du Viêt Nam qui absorbe une part excessive du budget américain : d’où le désir des deux « adversaires-partenaires » (Raymond Aron) d’aboutir à une gestion raisonnable de la guerre froide.
Confronté à une intense agitation intérieure (Convention nationale démocrate de 1968, mouvement hippie, etc.), Nixon énonce la doctrine Nixon en 1968, qui décide une réduction de l'engagement militaire direct du Pentagone dans le monde, celui-ci optant de plus en plus pour un interventionnisme discret, via les forces spéciales, et des « guerres proxy » (par intermédiaire). Dans le même temps, la Realpolitik de Kissinger admet l'existence de l'URSS et le dialogue nécessaire, en même temps de l'usage de la carotte et du bâton. En 1971, la publication des Pentagon Papers choque les Américains, qui découvrent les opérations secrètes de la CIA. Le « Credibility gap (en) » (manque de crédibilité), bien réel celui-là, vient remplacer le « Missile gap (en) » et le « Bomber gap (en) » fortement exagérés par les forces armées américaines[78].
Contrôle des armements nucléaires
Les États-Unis et l'Union soviétique souhaitent réduire les risques inhérents à la dissuasion nucléaire en restreignant la possession d'armes nucléaires aux cinq puissances membres du Conseil de sécurité de l'ONU et en réduisant le nombre de ces armes.
En , les États-Unis, l'Union soviétique et de nombreux pays signent le traité de Moscou, qui interdit les essais nucléaires atmosphériques et sous-marins. En , par le traité de non-prolifération nucléaire (TNP), issu d’un projet conjoint américano-soviétique présenté à la Commission du désarmement à Genève, ils s’engagent, ensemble avec le Royaume-Uni, à ne transférer ni armes ni technologies nucléaires aux États non dotés d’armes nucléaires (ENDAN).
En , les accords SALT I (Strategic Armements Limitation Talks), signés par Nixon et Brejnev, limitent les armements défensifs anti-missiles (ABM) à deux sites pour chacun des deux pays et gèlent pour une durée de cinq ans les armes nucléaires offensives, c’est-à-dire les rampes de lancement fixes pour missiles intercontinentaux (ICBM) et les missiles installés sur sous-marins (SLBM)[79]. Les négociations SALT II s'engagent immédiatement pour parvenir cette fois-ci à une réduction notable des vecteurs nucléaires.
« Détente » en Europe (1962-1975)
Dans chacun des deux blocs, pro-soviétique et pro-américain, les deux superpuissances sont contestées. Le modèle soviétique est contesté en Europe de l’Est. En août 1968 la Tchécoslovaquie est envahie par les troupes du pacte de Varsovie : le Printemps de Prague prend brutalement fin, la doctrine Brejnev de 1968 qui énonce une « souveraineté limitée » pour les pays du bloc de l'Est justifiant ainsi l'intervention de Moscou.
À l’Ouest, De Gaulle prend ses distances avec les États-Unis et l’OTAN, en se retirant du commandement intégré de l'Alliance atlantique en 1966. La France continue néanmoins à être membre de l'OTAN mais le siège de l'organisation militaire quitte le pays. Autre geste spectaculaire illustrant la politique d'indépendance nationale menée par de Gaulle, la France et la République populaire de Chine annoncent le 27 janvier 1964 l'établissement de relations diplomatiques. Cependant, lors des crises majeures, comme Cuba ou Berlin, la France continuera de faire bloc avec ses alliés de l'Ouest.
En 1969, Willy Brandt devient chancelier de la RFA et engage une politique de rapprochement et d’ouverture à l’Est, l'« Ostpolitik », rompant ainsi avec la doctrine Hallstein de non-reconnaissance de la RDA. Les deux États se reconnaissent mutuellement en 1972 et entrent à l’ONU en 1973.
En 1975, les accords d’Helsinki[80] sont signés par 33 États européens, URSS comprise dans la somme, le Canada et les États-Unis. Les accords doivent permettre la coopération entre les États, la libre circulation des personnes et le respect des droits de l’homme.
République populaire de Chine, troisième Grande puissance
La cohésion apparente du « bloc communiste » se fissure à partir de la rupture sino-soviétique, qui voit ces deux régimes s'affronter sur le terrain idéologique et diplomatique.
Le risque d'une guerre entre ces deux géants fut pris très au sérieux lors du conflit frontalier sino-soviétique de 1969. Constatant que Pékin ne pouvait affronter à la fois Moscou et Washington, Mao choisit de se rapprocher des États-Unis. La proximité géographique de l’URSS posait en effet selon lui une menace autrement plus grande que les États-Unis.
Afin d’affaiblir l’Union soviétique, les États-Unis saisissent la balle au bond et se rapprochent de la République populaire de Chine alors qu’elle se lance dans une course aux armements (bombe A le 16 octobre 1964, bombe H le 14 juin 1967). Nixon cherche à isoler davantage l’Union soviétique, surtout dans le tiers monde.
L’équipe de ping-pong des États-Unis fait un voyage en Chine le 10 avril 1971 : c’est la « ping pong diplomacy ». Le 25 octobre 1971, sous la pression des États-Unis, l’ONU reconnaît la Chine populaire qui siège désormais au Conseil de sécurité (76 voix pour, 35 contre, 17 abstentions) à la place de Taïwan, qui quitte l’ONU en signe de protestation. Enfin, le président Nixon, invité par Mao Zedong, se rend en Chine (février 1972).
Malgré l'antiaméricanisme d'une grande partie de l'administration chinoise, les relations stratégiques et économiques avec les États-Unis prennent de plus en plus d'ampleur. Le conseiller à la sécurité nationale du président Carter, Zbigniew Brzezinski, négocie avec Deng Xiaoping pour installer des bases servant au renseignement d'origine électromagnétique (SIGINT) en Chine, afin d'écouter l'URSS[81]. La répression des manifestations de la place Tian'anmen, en 1989, a conduit à freiner cette collaboration.
Limites de la « détente »
Les deux Grands sont impliqués dans des conflits importants. Tous deux mènent une lutte d’influence dans les pays du tiers monde : c'est ce que l'on nomme les « conflits périphériques » ou « affrontements indirects ».
De 1964 à 1975, la guerre du Viêt Nam oppose indirectement les grandes puissances. Les États-Unis s’engagent militairement au Viêt Nam à partir de 1962[82].
Les États-Unis soutiennent de nombreux pays indépendamment de leur type de gouvernement (y compris des dictatures), dans le cadre de la doctrine de l'endiguement envers l’URSS, et provoquent ou favorisent plusieurs coups d’État à travers les opérations Ajax, PBSUCCESS et FUBELT (en). En Amérique latine, le régime castriste soutient des guérillas révolutionnaires, qui se soldent par des échecs. Un exemple connu en est la tentative ratée de révolution menée par Che Guevara (dirigeant cubain) en Bolivie, où il trouvera la mort en 1967.
Guerre du Viêt Nam
La guerre du Viêt Nam (aussi appelée « deuxième guerre d'Indochine ») est une guerre qui a opposé de 1959 à 1975, d'une part la République démocratique du Viêt Nam (ou Nord-Viêt Nam) et son armée populaire vietnamienne - soutenue matériellement par le bloc de l'Est et la Chine - et le Front national de libération du Sud Viêt Nam (ou Viet Cong), face à, d'autre part, la République du Viêt Nam (ou Sud-Viêt Nam), militairement soutenue par l'armée des États-Unis à partir de 1964, à la suite des incidents du golfe du Tonkin appuyé par plusieurs alliés (Australie, Corée du Sud, Thaïlande, Philippines). La guerre civile laotienne et la guerre civile cambodgienne sont des conflits annexes s'étant déroulés en parallèle, et sur lesquels la guerre du Viêt Nam a eu un impact décisif.
Seconde guerre froide ou « guerre fraîche » (1975 - 1984)
Affaiblissement du duopole américano-soviétique sur fond de crise économique
L'échec américain au Vietnam et la crise économique résultant du choc pétrolier de 1973 affectent considérablement le monde occidental où les États-Unis perdent de leur influence.
En Asie, toute l'ancienne Indochine française devient communiste : la chute de Saigon le 30 avril 1975 marque la victoire du régime communiste d’Hanoï et la réunification du Vietnam sous son contrôle. Le 16 avril 1975, les Khmers rouges prennent le contrôle du Cambodge. Le 23 août 1975, le Pathet-Lao communiste prend le contrôle du Laos avec l'appui des vietnamiens. La Chine et les États-Unis, qui se sont progressivement rapprochés sur le plan diplomatique pour faire pièce à l'Union soviétique, annoncent le 16 décembre 1978 l'établissement de relations diplomatiques. La Chine fait désormais partie des Grands et influence considérablement le devenir du continent asiatique, dans un jeu qui n'est plus dominé par les seuls américains et soviétiques.
En Amérique latine, les années 1970 sont marquées par une forte instabilité politique, de nombreux coups d'état et une forte activité des guérillas communistes soutenues par Cuba. Le soutien des États-Unis aux dictatures militaires comme celles existant au Chili ou en Argentine diminue de par la volonté de Carter de promouvoir le respect des droits de l'homme. Le 17 juillet 1979, la guerilla communiste sandiniste renverse la dictature de Somoza au Nicaragua. L'élection de Ronald Reagan à la présidence des États-Unis va marquer un retour net à une politique d'aide militaire et économique aux régimes et mouvements anti-communistes. Mais cette période a marqué la fin de la Pax Americana toute puissante dans cette région du globe.
L'Union soviétique doit elle aussi faire face à des difficultés au sein de son propre bloc. La signature le 1er août 1975 des accords d'Helsinki sur la sécurité et la coopération en Europe (CSCE) put apparaître comme un succès de la diplomatie soviétique. Mais le texte fut lu dans le Bloc de l'Est et remobilisa le peuple et les intellectuels dans leurs revendications quant au respect des libertés individuelles et à la résolution des problèmes économiques[83],[84].
En Pologne, le KOR (Comité de défense des ouvriers) est créé le 23 septembre par des intellectuels, suivi en mars 1977 par le ROPCiO (Comité de défense des droits humains et civils), mouvements qui préfigurent l'émergence de Solidarité en 1980. Le , Karol Wojtyła est élu 262e pape sous le nom de Jean-Paul II. Polonais, il est le premier pape non italien depuis Adrien VI († 1523). S’impliquant sur la scène internationale, il va lutter activement contre le communisme. Le , l'ouvrier de chantier naval Lech Wałęsa, cocrée le syndicat Solidarność, soutenu par les Occidentaux qui désapprouvent la mise en place du régime très dur du général Wojciech Jaruzelski, soutenu par l’Union soviétique, à Varsovie (13 décembre 1981).
En Tchécoslovaquie, un groupe d'intellectuels parmi lesquels Vaclav Havel publie en janvier 1977 la Charte 77 qui dénonce les violations des droits humains par le gouvernement[85].
Expansionnisme de l'URSS
Profitant du déclin des États-Unis sur la scène internationale du fait de l’humiliation subie au Viêt Nam et de la politique relativement pacifiste du président Carter, l’Union soviétique s'engage davantage en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud, provoquant des tensions croissantes entre les deux grandes puissances.
Guerres en Afrique
En Afrique, des guerilleros communistes prennent le pouvoir après 1975 dans les pays nouvellement indépendants de l'ancien empire colonial portugais (Angola, Mozambique…) et entament des actions militaires en direction de l'Afrique du Sud avec l'appui de l'armée cubaine, ce qui entraîne de véritables batailles rangées notamment en Namibie. En Éthiopie, l'armée soviétique et les forces cubaines interviennent contre les mouvements luttant contre la dictature de Mengistu Haile Mariam à partir de 1976. Des actions de déstabilisations sont parfois contrecarrées, comme le sauvetage de Kolwezi par l'armée française.
L'invasion de l'Afghanistan
En 1978, les communistes s'emparent du pouvoir en Afghanistan à la suite de l'assassinat du président Daoud Khan, qui avait lui-même déposé le roi Zaher Shah en 1973. Les islamistes afghans entrent en conflit avec le pouvoir en place. Le , Carter signe l'autorisation mettant en place le programme afghan d'aide militaire et financière aux moudjahidins afghans, escomptant ainsi, sur les conseils de Brzezinski, provoquer l'URSS à envahir l'Afghanistan[86],[87]. Le , Moscou envoie son armée, inaugurant la première guerre d’Afghanistan. Les États-Unis s’impliquent dans ce conflit en alimentant sur place la résistance antisoviétique avec l'aide de la République populaire de Chine, de l'Égypte, de l'Arabie saoudite et les services de renseignement de plusieurs pays ouest-européens, en finançant et en proposant une formation militaire à des groupes de moudjahiddin, « guerriers saints » islamistes résistant à l’occupant soviétique. Les armées de l’URSS se retirent de l’Afghanistan en .
Refroidissement progressif des relations américano-soviétiques
Carter débute en 1976 son mandat par une politique résolument pacifiste et poursuit la recherche d'accords de désarmement avec l'URSS malgré les tensions dans le tiers-monde. Carter et Brejnev signent à Vienne en juin 1979 l'accord SALT II de réduction des armements nucléaires. Carter signe cependant le traité SALT II avec Brejnev en , négocié depuis 1973, qui prohibe le développement de nouveaux types d'armes stratégiques, plafonne le nombre de lanceurs à ogives simples et à ogives multiples (MIRV) et prévoit un contrôle réciproque des armes nucléaires. Ces accords ne furent pas ratifiés par le Sénat américain en raison de l’invasion de l’Afghanistan par l’Union soviétique, les deux parties déclarant toutefois qu’elles en respecteraient les clauses.
Le refroidissement des relations entre les deux Grands s'aggrave fin 1979 avec l'invasion de l'Afghanistan et la crise des euromissiles et durera jusqu'en 1985, avec l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir et la reprise des sommets américano-soviétiques. Il prend en 1983 une tournure dramatique lorsque les soviétiques abattent le vol 007 Korean Air Lines ou bien encore lorsque les alliés occidentaux doivent interrompre leurs manœuvres Able Archer 83 qui provoquent la mise en alerte des forces nucléaires soviétiques. Cette période est souvent appelée "seconde guerre froide" ou "guerre fraîche".
Quelques jours après l’invasion de l'Afghanistan par les troupes Soviétiques en décembre 1979, Carter rétorque en exposant la doctrine Carter lors de son discours sur l'état de l'Union de janvier 1980 : la Maison-Blanche déclare alors qu'elle n'hésitera pas à intervenir militairement dans le golfe Persique pour défendre ses intérêts nationaux. Il déclare en outre le boycott des Jeux olympiques de 1980, à Moscou, tandis que les accords SALT II ne sont pas ratifiés.
America is back
Discrédité par sa politique internationale jugée désastreuse et affaibli par la crise iranienne des otages, Carter est battu aux élections par Ronald Reagan. Sous les présidences de Reagan (1981-1989), puis de George Herbert Walker Bush (1989-1993), les valeurs conservatrices sont remises à l'honneur, comme la morale puritaine. En économie, Reagan suit un programme libéral inspiré en particulier par l'École de Chicago (monétarisme de Milton Friedman), tempéré par un creusement considérable des déficits publics.
En politique étrangère Reagan qualifie l’Union soviétique d'« empire du mal » lors d'une convention nationale d’évangélistes le 8 mars 1983 et veut donner aux États-Unis les moyens militaires de « défendre la liberté et la démocratie ». Les interventions directes et indirectes augmentent dans le monde : reprise en main de l'opération Charly menée dans toute l'Amérique latine par la junte argentine, aide aux Contras contre le Nicaragua en 1981-1986 (débouchant sur l'Irangate) et invasion de la Grenade en 1983.
Course aux armements et crise des euromissiles
La reprise de l'augmentation des dépenses militaires
Depuis 1973, année qui marque la fin de leur engagement militaire intense dans la guerre du Vietnam, les américains ont diminué les dépenses militaires qui atteindront un point bas historique de 4,9% du PNB en 1979. Déjà amorcé par Carter, le retournement de tendance sera accéléré sous la présidence de Reagan[89] : les dépenses culmineront en 1985 atteignant 6,6% du PNB et demeureront à un niveau élevé jusqu'en 1989, malgré la reprise du dialogue en 1985 à l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir en URSS.
L'Union soviétique a toujours donné aux dépenses militaires une priorité absolue. Sans qu'il soit possible d’être assuré de la fiabilité des statistiques disponibles, il est certain que ces dépenses ont représenté entre 12 et 14% du PNB. Sur la période 1979-1989, la croissance du PNB a été plus importante aux États-Unis qu'en Union soviétique qui a donc vu l'écart se creuser en faveur des premiers, faute de pouvoir encore augmenter la part de ces dépenses dans le budget de l'État.
Cette course aux armements est généralement considérée comme un des facteurs ayant causé l'effondrement du système soviétique à la fin des années 1980, incapable de suivre le rythme des innovations technologiques de l'Ouest et d'offrir à ses populations un niveau de vie satisfaisant.
En millions de dollars constants de 1989 |
Pays | 1979 | 1989 | Ratio 1989 / 1979 |
---|---|---|---|---|
Dépenses militaires | États-Unis | 196 600 M$ | 304 100 M$ | 1,55 |
URSS | 284 400 M$ | 311 000 M$ | 1,09 | |
Produit National Brut | États-Unis | 4 032 000 M$ | 5 201 000 M$ | 1,29 |
URSS | 2 235 000 M$ | 2 664 000 M$ | 1,19 | |
Pour autant l'équilibre de la terreur ne sera jamais rompu, chacune des deux grandes puissances conservant les moyens d'une destruction mutuelle assurée, c'est-à-dire la capacité à détruire l'adversaire même après avoir subi une première frappe massive[91].
Le développement du commerce des armes
Dans les années 1970, l'Union soviétique exporte massivement ses armes sur tous les continents pour accompagner son expansionnisme politique, notamment au Moyen-Orient et en Afrique. Sur la période 1976-1980, les exportations d'armes de l'Union soviétique (32,9 milliards de $ 1979) représentent quatre fois le montant de l'aide économique qu'elle accorde à des pays tiers (7,7 milliards de $ 1979)[90]. Les principaux pays destinataires sont l'Irak, la Syrie et le Yémen au Moyen-Orient, la Libye, l'Éthiopie et l'Algérie en Afrique, Cuba et le Pérou en Amérique Latine.
Les exportations d'armes des États-Unis sont largement dépassées par celles de l'Union soviétique à partir du milieu des années 1970. Toutefois, le commerce des armes des pays de l'OTAN demeure plus important que celui des pays du Pacte de Varsovie, mais dans des proportions moindres que sur la période 1971-1975. Les quatre principaux clients des États-Unis, en dehors des pays de l'OTAN, sont l'Iran jusqu'à la chute du Shah en janvier 1979, Israël, l'Arabie saoudite et la Corée du Sud.
L'initiative de défense stratégique
Au risque de déstabiliser le fragile équilibre de la dissuasion nucléaire entre les deux Grands, Ronald Reagan annonce le l'Initiative de défense stratégique (IDS) ou « guerre des Étoiles » : les États-Unis seraient protégés des armes nucléaires par un « bouclier spatial » très coûteux qui les dévierait. L’Union soviétique ne peut pas suivre, abandonne la course aux armements et consent à négocier. Clinton renoncera à l’IDS en 1993 et c’est George W. Bush qui le réalisera (décembre 2001).
Crise des Euromissiles
Après que l'Union soviétique a stationné des missiles nucléaires moyenne portée SS-20 en Europe de l'Est, l'OTAN répond par sa « double décision ». Celle-ci prévoit l'installation progressive de missiles de croisière et de Pershing II pour faire contrepoids aux missiles SS-20 soviétiques sur le territoire de cinq pays membres de l'OTAN, tout en entamant des négociations avec l'Union soviétique pour l'élimination de ces armes.
Les missiles sont déployés malgré l'opposition de l'opinion publique. De grandes manifestations pacifiques, soutenues par les partis communistes ont lieu dans les pays concernés. Un slogan « Plutôt rouge que mort » ((de) Lieber rot als tot) inspire au président français François Mitterrand, lors de son discours au Bundestag ce mot : « Le pacifisme est à l'Ouest, les missiles sont à l'Est. »
Malgré les pressions, ces missiles seront finalement installés à partir de novembre 1983 et devant le fait accompli, l'URSS accepte finalement des négociations qui donneront lieu à l'accord américano-soviétique du sur l'élimination des missiles nucléaires de portée intermédiaire des arsenaux des deux États.
De la nouvelle détente initiée par Gorbatchev à la fin du bloc soviétique (1985-1991)
Le , après la mort de Konstantin Tchernenko, Mikhaïl Gorbatchev (âgé de 54 ans) arrive au pouvoir en URSS. Il lancera peu après les politiques de glasnost (transparence) et de perestroïka (restructuration).
Recherche du désarmement
Gorbatchev veut sortir son pays de la guerre froide ruineuse pour l’Union soviétique qui y consacre environ 16 % de son PNB contre 6,5 % pour les États-Unis (M. Vaïsse, 2004). La première rencontre officielle entre Gorbatchev et Ronald Reagan a lieu lors du sommet de Genève en . Les deux dirigeants conviennent de se rencontrer à l'avenir pour discuter du désarmement ; le sommet se caractérise par le début d'une nouvelle détente manifeste entre les deux supergrands. Un accord écrit est signé à Genève en prévision d'une future réduction bilatérale de 50 % des arsenaux nucléaires, et certains évoquent dès à présent une nouvelle phase de Détente. Les 11 et , Ronald Reagan et Gorbatchev se rencontrent à Reykjavik, ce qui inaugure une nouvelle « détente » marquée par la reprise du dialogue, interrompu en 1979 : les États-Unis refusent d’abandonner l’IDS, mais un accord est presque conclu sur la diminution des armes stratégiques, tandis que Gorbatchev évoque la « maison commune européenne », dénucléarisée et neutralisée. Ainsi, le , à Washington, Reagan et Gorbatchev décident d’éliminer tous les missiles présents en Europe dans un délai de trois ans : c’est l’« option zéro », premier réel traité de désarmement :
- L’Europe est vidée des missiles nucléaires des deux Grands ;
- C’est la fin de la « crise des euromissiles » ;
- C’est la fin de la course aux armements (même si 4 % des têtes nucléaires seulement ont disparu).
Chute des régimes communistes en Europe
Le , à la tribune de l’ONU, Gorbatchev annonce la réduction des forces armées soviétiques en RDA, Hongrie et Tchécoslovaquie, ce qui signifie la fin de la « doctrine de souveraineté limitée » : l’Union soviétique se désengage de l’Europe de l’Est. Ce discours inaugure la « Révolution de velours », c’est-à-dire la transition douce des pays de l’Europe de l’Est entre un régime de type soviétique et un régime démocratique multipartiste par de nouvelles lois constitutionnelles de 1988 à 1990, avec des manifestations populaires, mais sans guère de combats ni de sang versé. Dès 1990, les républiques baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) proclament leur souveraineté. Moscou réagit en envoyant des troupes, mais choisit de les retirer devant les protestations internationales ; en , Le Conseil d'assistance économique mutuelle (Comecon), une des deux principales organisations du bloc de l'Est, se dissout officiellement. En RDA, les habitants commencent à migrer vers la RFA par la Hongrie libre (été 1989). Puis, sous la pression de la population, le Mur de Berlin chute le et l’Allemagne sera réunifiée l’année suivante (). En République socialiste de Roumanie, le régime autocratique de Nicolae Ceaușescu est le dernier à tomber, le et le dictateur est exécuté ainsi que sa femme. En 1990, Gorbatchev obtient le prix Nobel de la paix.
Règlement des conflits périphériques
Peu à peu, du fait du désengagement de l’Union soviétique et de la fin de la menace communiste, un vent de liberté souffle sur le monde et plusieurs conflits périphériques se règlent. Par exemple, les troupes du Viêt Nam quittent le Cambodge () et les troupes cubaines quittent l’Angola et le Nicaragua. Beaucoup de dictatures d’Amérique latine, soutenues par les États-Unis comme rempart contre la tentation communiste, tombent : Argentine (1983), Brésil (1985), Paraguay (1989), Chili (1990). En Afrique du Sud, Nelson Mandela est libéré (), ce qui va mettre fin à l’apartheid (1991). En Afghanistan, l’Armée rouge quitte le pays (1988-1989) mais la guerre civile se poursuit entre les islamistes modérés du commandant Massoud et les islamistes durs soutenus par le Pakistan. Dans la guerre Iran-Irak (1980-1988), l’Occident arme officiellement l’Irak, et fournit l’Iran en cachette. L’Union soviétique soutient les deux camps. Le , l’ONU parvient à un cessez-le-feu sans qu’il n’y ait un réel vainqueur. Cependant, au Liban, les accords de Taëf soumettent le pays à la Syrie. Dans le conflit israélo-palestinien, alors que la première Intifada bat son plein, des négociations secrètes sont menées.
Implosion de l'Union soviétique
Dans le contexte de la glasnost (« transparence ») et de la perestroïka (« restructuration ») et d’une tentative de démocratisation de l’Union soviétique, son implosion se fait en cinq grandes étapes :
- Le , la République socialiste fédérative soviétique de Russie qui a élu Boris Eltsine à sa présidence, bien que Gorbatchev ait tout fait pour éviter cette élection, proclame à son tour sa souveraineté () ;
- Le , l'autre principale organisation, le pacte de Varsovie est officiellement dissous à la suite du retrait des démocraties populaires est-européennes.
- Le , des tenants de la ligne dure tentent le putsch de Moscou contre Gorbatchev qui est séquestré quelques jours dans sa datcha en Crimée. Des manifestations s’opposent à ce putsch, et Eltsine réussit à rétablir la situation. Les autres républiques quittent l’Union soviétique d'août à ;
- Le , par les accords de Minsk en Biélorussie, constatant que « l’URSS n’existe plus », 11 ex-républiques socialistes soviétiques fondent la Communauté des États indépendants (CEI), qui est confirmé à Alma-Ata (Kazakhstan) quelques jours plus tard () ;
- Le , chef d’un État qui n’existe plus, Gorbatchev est contraint de démissionner.
Fin de la guerre froide
En , après avoir rencontré Gorbatchev à Malte (Sommet de Malte), George Herbert Walker Bush, nouveau président des États-Unis, annonce la fin de l’affrontement Est/Ouest, c’est-à-dire de la guerre froide et de la bipolarisation du monde[93]. L'OTAN et le Pacte de Varsovie entament le démantèlement aussi bien de leur arsenal nucléaire que de leurs forces de frappe conventionnelles. Dès , le Conseil de coopération nord-atlantique est mis sur pied, un organe de concertation entre l'OTAN et les anciens pays membres du Pacte de Varsovie fraîchement dissous. Six ans plus tard, l'OTAN et la Russie signent un traité de coopération et de sécurité. Néanmoins, l'affrontement, parfois appelé « guerre tiède », se poursuit au niveau de la guerre économique (notamment le contrôle de zones économiques stratégiques, en particulier les sources et circuits énergétiques) ou de la lutte d'influence via le soft ou le hard power entre les Américains et les Russes en Europe orientale, comme le montre la deuxième guerre d'Ossétie du Sud en 2008, cet affrontement s'étant renforcé depuis la guerre contre le terrorisme[94].
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- ↑ Le secrétaire adjoint à l’économie, Will Clayton (en), l’exprimait ouvertement : « Disons, sans tourner autour du pot, que nos objectifs ont pour arrière-plan les besoins et les intérêts des États-Unis. Nous avons besoin de marchés, de gros marchés, pour y acheter et pour y vendre. » Le Monde diplomatique, février 1992, p. 4
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- ↑ En 1968, les États-Unis et l’URSS engagent des négociations sur la limite d’armes stratégiques (Strategic Arms Limitations Talks). Les accords SALT.
- ↑ Le , des pourparlers commencent à Vienne entre 12 pays de l’OTAN et 7 du pacte de Varsovie en vue de la réduction mutuelle des forces et armes stationnées en Europe centrale. Deux ans plus tard tous les pays d’Europe, sauf l’Albanie, participent à la conférence d’Helsinki sur la sécurité et la coopération en Europe. Elle aboutit aux accords d’Helsinki, signé le . Ils sont souvent considérés comme le point culminant de la détente.Les accords d’Helsinki
- ↑ « Nous avons fait le choix de tout savoir », entretien avec Zbigniew Brzezinski, par Vincent Jauvert, dans Le Nouvel Observateur no 1779, 10 décembre 1998
- ↑ Le Viêt Nam du nord est un régime communiste qui possède l’aide de l’URSS. Le Viêt Nam du sud est à la base une démocratie, mais son gouvernement est dictatorial, il est appuyé par les États-Unis La guerre du Viet-Nam
- ↑ Fejtö 1997, p. 154-157
- ↑ Judt 2010, p. 566-576
- ↑ (en) « Charter 77 », sur University George Washington / The National Security Archive Site
- ↑ « Oui, la CIA est entrée en Afghanistan avant les Russes… », entretien avec Brzezinski dans Le Nouvel Observateur, no 1732, 15 janvier 1998
- ↑ Chalmers Johnson, The Largest Covert Operation in CIA History, History News Network, 6 septembre 2003
- ↑ (en) « Archive of Nuclear Data from NRDC's Nuclear Program (Tableaux de synthèse des armements stratégiques des États-Unis et de l'Union soviétique) », sur Natural Resources Defense Council Site de référence
- ↑ « La CIA et M. Gorbatchev, par le général Vernon Walters », diploweb.com
- 1 2 3 (en) « Données extraites des rapports annuels World Military Expenditures and Arms Transfers publiés par l'U.S. Department of State - Bureau of Arms Control, Verification and Compliance », sur U.S. Department of State / Bureau of Arms Control, Verification and Compliance Site de référence
- ↑ Pour la première fois dans l’histoire, l’humanité avait le potentiel de se détruire. La peur régnait à travers le monde, autant dans les pays producteurs que les pays spectateurs Armement nucléaire - Destruction de l’environnement au profit de la défense
- ↑ discours de Reagan "Tear down this Wall!" sur Youtube, 12 juin 1987.
- ↑ Dans son discours sur l'état de l'Union du , il déclare : « Grâce à Dieu, les États-Unis ont gagné la guerre froide ; un monde jadis divisé en deux camps armés reconnaît aujourd’hui la supériorité d’une seule puissance : les États-Unis ; cette constatation n’inspire aucune peur car le monde a confiance en notre nation et il a raison. »
- ↑ « Russie-USA : la guerre tiède », sur L'Alsace,
Sources et bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Ouvrages généraux sur la guerre froide
- Jean-Baptiste Duroselle et André Kaspi, Histoire des relations internationales : De 1945 à nos jours, Armand Colin, , 717 p. (ISBN 978-2-200-24636-5)
- André Fontaine, La Guerre froide 1917 - 1991, POINTS Histoire, , 572 p. (ISBN 978-2-020-86120-5)
- René Girault et Robert Frank, La loi des géants 1941-1964 : Histoire des relations internationales contemporaines-Tome III, Petite Bibliothèque Payot, , 542 p. (ISBN 978-2-228-89964-2)
- Pierre Grosser, Les Temps de la guerre froide, Editions Complexe, , 465 p. (ISBN 2-870-27559-5)
- Stanislas Jeannesson, La Guerre froide, La Découverte, , 123 p. (ISBN 978-2-707-13508-7)
- Claude Quétel, Dictionnaire de la Guerre froide : Collectif, sous la direction de Claude Quétel, Larousse, , 589 p. (ISBN 978-2-035-83700-4)
- Lilly Marcou, 1947, la guerre froide : l'engrenage : La mémoire du siècle, Editions Complexe, , 288 p. (ISBN 978-2-870-27217-6)
- Georges-Henri Soutou, La Guerre froide : 1943-1990, Librairie Arthème Fayard / Pluriel, , 1103 p. (ISBN 978-2-818-50127-6)
- Maurice Vaïsse, Les relations internationales depuis 1945 : 13e édition, Armand Colin, , 320 p. (ISBN 978-2-200-28513-5)
- Michel Winock, Le temps de la guerre froide : Du rideau de fer à l'effondrement du communisme (recueil d'articles publiés dans le magazine L'Histoire, Seuil Points Histoire, , 474 p. (ISBN 978-2-020-22853-4)
- (en) John Lewis Gaddis, We know now : Rethinking Cold War History, Oxford University Press, , 425 p. (ISBN 978-0-198-78071-7)
- (en) Jussi Hanhimäki et Odd Arne Westad, The Cold War : A History in Documents and Eyewitness Accounts, Oxford University Press, , 712 p. (ISBN 978-0-199-27280-8)
- (en) Jonatham Haslam, Russia's Cold War : From the October Revolution to the Fall of the Wall, Yale University Press, , 523 p. (ISBN 978-0-300-15997-4)
- (en) Melvyn P. Leffler et Odd Arne Westad, The Cambridge History of the Cold War (Vol. I) : Origins, Cambridge University Press, 2010 volume 1, 643 p. (ISBN 978-1-107-60229-8)
- (en) Melvyn P. Leffler et Odd Arne Westad, The Cambridge History of the Cold War (Vol. II) : Crises and Détente, Cambridge University Press, 2010 volume 2, 662 p. (ISBN 978-1-107-60230-4)
- (en) Melvyn P. Leffler et Odd Arne Westad, The Cambridge History of the Cold War (Vol. III) : Endings, Cambridge University Press, 2010 volume 3, 694 p. (ISBN 978-1-107-60231-1)
Ouvrages portant sur un aspect précis de la guerre froide
- François Fejtö, La fin des démocraties populaires - Les chemins du post-communisme, Seuil, , 590 p. (ISBN 978-2-020-31185-4)
- Keith Lowe, L'Europe barbare : 1945-1950, Librairie Académique Perrin (28 février 2013), , 488 p. (ISBN 978-2262037765)
- (en) John M. Collins, U.S.-SOVIET MILITARY BALANCE, Concepts and Capabilities 1960-1980, Library of Congress,
- (en) Johanna Granville, The First Domino: International Decision Making During the Hungarian Crisis of 1956, Texas A & M University Press, , 352 p. (ISBN 978-1-585-44298-0)
- (en) Tony Judt, Postwar / A history of Europe since 1945, Vintage Books, , 933 p. (ISBN 978-0-099-54203-2)
- (en) Nicolas Lewkowicz, The German Question and the Origins of the Cold War, IPOC di Pietro Condemi, , 164 p. (ISBN 978-8-895-14527-3)
- (en) Wilfried Loth et Georges-Henri Soutou, The Making of Détente : Eastern and Western Europe in the Cold War, 1965-1975, Routledge - Cold War history series, , 272 p. (ISBN 978-0-415-43718-9)
- (en) David A. Nichols, Eisenhower 1956 : The President's Year of Crisis - Suez and the Brink of War, Simon & Schuster Paperback, , 346 p. (ISBN 978-1-439-13934-9)
- (en) Marc Trachtenberg, A Constructed Peace - The Making of the European Settlement, 1945-1963, Princeton University Press, , 440 p. (ISBN 978-0-691-00273-6)
Sites internet dédiés en totalité ou en partie à la guerre froide
- « "Centre Virtuel de Connaissance sur l'Europe" », site de recherche et de documentation sur l'histoire de la construction européenne, comportant de nombreux documents historiques se rapportant à la guerre froide en Europe.
- « La Guerre froide », site en français dédié à l'histoire de la guerre froide.
- « "Perspective Monde" », site pédagogique rassemblant des documents historiques, des données et des analyses portant sur l'histoire contemporaine depuis 1945.
- (en) « "Avalon Project" », site en anglais de l'Université de Yale, comportant de nombreux traités et documents diplomatiques se rapportant à la guerre froide.
- (en) « "CWIHP - Cold War International History Project" », ensemble de publications (en anglais) basées sur les archives récemment déclassifiées de l'Est et de l'Ouest.
- (en) « "German History in Documents and Images (GHDI)" », site en anglais et en allemand, proposant de nombreux documents historiques sur l'Allemagne pendant la guerre froide.
- (en) « "The International Relations and Security Network (ISN)" », site en anglais spécialisé sur les relations internationales et la sécurité, proposant de nombreux articles et publications sur la guerre froide.
- (en) « "The National Security Archive" », ensemble de documents et d'études (en anglais) se rapportant à la guerre froide.
- (en) « "The Parallel History Project on Cooperative Security" », site en anglais spécialisé sur les enjeux de défense et sécurité pendant la guerre froide.
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