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Crise moderniste

Crise moderniste

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La forme ressemble trop à un extrait de cours et nécessite une réécriture afin de correspondre aux standards de Wikipédia. N'hésitez pas à l'améliorer.

On désigne par crise moderniste une crise des valeurs affectant les sociétés catholiques au début du XXe siècle. Dans le sens catholique[1], le terme « modernisme » désigne en effet un courant intellectuel se développant de 1902 à 1908, qui se caractérise par un relativisme vis-à-vis des valeurs de l’Église et une propension à la sécularisation. Le terme est employé par le pape Pie X dans son encyclique Pascendi Dominici Gregis (1907) qui le condamne en dénonçant « les erreurs du modernisme », mais n'a jamais été adopté par les prétendus « modernes » eux-mêmes.

La crise moderniste commence en fait au milieu du XIXe siècle, alors que le Syllabus et l'essai de Darwin ont reconfiguré l'ensemble de l'intelligentsia européenne. Elle se prolonge jusqu'au milieu du XXe siècle et affecte durablement cinq pays d'Europe occidentale : l'Allemagne, l'Angleterre, la Belgique, la France et l'Italie tandis que le Canada francophone connaît à cet égard un sort spécifique[2].

La crise moderniste pose aux contemporains qui l'examinent avec le recul de l'Histoire plusieurs questions :

Étienne Fouilloux considère qu'elle est « la matrice intellectuelle du catholicisme contemporain[3]. »

Chronologie

Qu'est-ce que la crise moderniste ?

Contexte politique

La crise moderniste a pour cadre les profonds bouleversements qui traversent l'Europe au XIXe siècle et au début du XXe siècle.

Sous la poussée du Printemps des peuples de 1848, l'Italie s'unit et se constitue en Royaume. Le pape est privé de ses États et de sa souveraineté temporelle suite au risorgimento. Mais c'est essentiellement entre la guerre de 1870 et celle de 1914 que la crise moderniste se développera. C'est une période de tensions entre les trois empires européens. Dans cette période, le Saint-Siège est soupçonné d'une inclination particulière pour l'Empire austro-hongrois, régime autoritaire imprégné de catholicisme tandis que le Kulturkampf gagne l'Allemagne.

Le Saint-Siège cherche à rétablir sa position dans des sociétés où monte l'anticléricalisme et la sécularisation. Au milieu de la période, le pape Léon XIII tâche d'organiser les relations entre l'Église et les États à l'aide d'une série d'encycliques où il reconnaît les gouvernements en place (Sapientiæ Christianæ, 1890) non sans avoir affirmé son autorité sur lesdits gouvernements (Diuturnum Illud, 1881) et l'indépendance de l'Église (Immortale Dei, 1885). Suite au Ralliement tenté par Léon XIII, en Belgique et en France (avec Albert de Mun) se créent des partis religieux à la fois catholiques et républicains qui seront un échec.

Pie IX renforce la congrégation de l'Index qui jouera un grand rôle dans sa lutte contre le libéralisme et le modernisme.

Sur le plan théologique

L'activité dynamique des exégètes protestants ne permet plus de considérer les évangiles comme un texte unique non plus que comme un témoignage historique. Les quêtes du Jésus historique conduisent une partie d'entre eux à s'interroger sur le point de savoir si la divinité de Jésus doit être prise au pied de la lettre ou si elle doit être renvoyée à sa dimension symbolique.

La publication de l'essai sur l'Origine des Espèces (1859) par Charles Darwin clive l'intelligentsia européenne et même mondiale et ruine la théorie du créationnisme. Encore en 1937, Pierre Teilhard de Chardin est accueilli aux États-Unis comme « le jésuite qui dit que l'homme descend du singe » et une cabale s'ensuit.

Aucun produit de l'esprit moderne ne pouvait éviter de provoquer la résistance des Églises :

La lecture de la Bible en Europe au XIXe siècle

La compréhension de cette querelle doit prendre en compte l'évolution de la lecture de la Bible au XIXe siècle et des premiers développements de la recherche sur le Pentateuque. Ces débuts sont matérialisés d'une part par la publication de l'hypothèse documentaire de Julius Wellhausen et, d'autre part, par une série de travaux regroupés sous le nom de Quêtes du Jésus historique qui viennent en effet secondaire des nombreux travaux inaugurés au XVIIIe siècle sur le problème synoptique. Le XIXe siècle voit aussi l'apparition des Hautes études ecclésiastiques. Ainsi en France, dès 1806, l'université impériale intègre six facultés de théologie[5]. La papauté leur refuse la reconnaissance canonique du fait que l'enseignement est contrôlé par l'État.

Deux affaires françaises

Quoique la crise moderniste soit d'une ampleur européenne, elle est souvent vue par le Vatican comme un mal français. L'étude du cas de deux chercheurs et théologiens français est donc emblématique.

L'affaire Loisy, le détonateur

Les faits
Article détaillé : Alfred Loisy.

Elle commence comme une mauvaise farce : Alfred Loisy, ancien professeur d'exégèse à l'Institut catholique de Paris est chassé de sa chaire pour ses idées libérales et voit sa candidature à l'épiscopat soutenue par le prince de Monaco.

D'autre part, à la suite d'une tournée européenne de conférences qui donnera lieu à la publication d'un livre, L'essence du christianisme, Adolf von Harnack, professeur à l’université de Tübingen, connaît une notoriété qui dépasse le cercle cultivé des lecteurs allemands de théologie[6]. C'est un phénomène éditorial : 75 000 exemplaires vendus en 1903 pour 15 langues traduites.

Les livres

Alfred Loisy lui répond dans L'Évangile et l'Église, qui paraît en 1902. Dans sa correspondance privée, avant l'affaire, s'adressant à Albert Houtin, un autre moderniste ultérieurement condamné, Alfred Loisy admet avoir deux objectifs : l'envie de contredire le professeur Harnack et la défense de l'Église catholique[7].

L'Évangile et l'Église qui fut réédité 4 fois entre 1902 et 1919[8], est essentiellement connu par une phrase aussi célèbre que mal citée : « Jésus annonçait le Royaume et c'est l'Église qui est venue ». Devant les réactions et sur les conseils de ses amis l'évêque d'Albi Mgr Mignot et Friedrich von Hügel, Loisy publie l'année suivante Autour d'un petit livre, quelques réflexions sous formes de lettres pour vient expliquer la visée de L'Évangile et l'Église. L'ouvrage est à nouveau un succès de librairie mais accentue encore le décalage avec la théologie de l'Église catholique[9].

Dans sa thèse [10], Émile Poulat indique que les positions défendues par Loisy dans son « petit livre », sont passées dans les catéchismes dès la période pré-concilaire, celle à laquelle il soutient sa thèse. La réalité est probablement moins euphorique que ne le dit Poulat. Les thèses de Loisy sont largement partagée nombre de théologiens catholiques depuis l'époque du concile (suivant en cela le journal d'Yves Congar[11]) et elles ne sont guère plus combattues que par les courants catholiques traditionalistes, intégristes[12] et l'approche fondamentaliste[13]. Cependant, elles demeurent souvent mécomprises voir inconnues du grand public catholique.

La condamnation de Loisy

La réponse à Loisy ne vient pas d'abord du magistère de l'Église catholique, mais du philosophe Maurice Blondel qui répond en 1904 à L'Évangile et l'Église par Histoire et dogme. Les lacunes philosophiques de l'exégèse moderne où il dénonce l'historicisme, c'est-à-dire une confiance excessive en la science historique, que l'on peut déceler dans l'ouvrage de Loisy. Mais Blondel reconnaît aussi la pertinence de certains problèmes soulevés par Loisy, en regrettant l'"extrinsécisme" ou séparation excessive entre l'ordre surnaturel et l'ordre naturel dans la théologie de son temps, trop souvent imperméable aux questions posées par l'historien à la Bible.

A posteriori, on peut se demander les raisons de la condamnation de Loisy[14]. Outre les raisons politiques évoquées sous la chronologie, On lui reproche dans les deux premiers chapitres de l'Évangile et l'Église :

  1. d'avoir réintroduit l'histoire dans l'histoire sainte, en particulier d'avoir rendu son humanité à Jésus et même son judaïsme, contre la volonté qu'il suppose à A. von Harnack de l'helléniser ;
  2. d'envisager que la foi, tout du moins les croyances au travers desquelles elles s'exprime, a évolué entre la période des contemporains de Jésus, la période post-pascale, la période des conciles christologiques. À l'appui de cette thèse, il donne les nombreuses hérésies qui se développent avant qu'on ne songe à fixer une orthodoxie,
  3. de présenter succinctement la théorie des deux sources à l'origine des évangiles synoptiques.

Comme il sépare le Jésus de l'histoire du Christ de la foi à l'instar de David Friedrich Strauss et, spécificité catholique, le dogme de sa formulation, il est vite accusé de remettre en cause l'autorité de l'Église (entendre le monopole interprétatif que revendique le l'Église catholique). En cette période de la haine oubliée [15], on l'accuse d'être crypto-protestant.

Forcément, cela ne peut que mal tourner, ce qui est dommage pour un ouvrage qui se révèle avant tout un ouvrage d'apologie de l'institution dès qu'on a passé les deux premiers chapitres où il pratique une synthèse de ce qu'on connaissait, à son époque, de l'exégèse historico-critique des évangiles pour le lecteur cultivé en passant sur les questions spécialisées (ce qu'on ne manquera pas de lui reprocher également).

Ses détracteurs verront une dogmatique là où il n'y a que de l'histoire : ses juges transposent systématiquement des affirmations historiques en propositions doctrinales, prenant, à l'inverse, les affirmations conciliaires pour des événements historiques (Poulat). L'état d'esprit des autorités ecclésiastiques est assez bien rendu dans le passage suivant d'un article de Arthur Loth dans la Vérité française, cité par Poulat[16]

« D'après cela on serait obligé de croire au fameux dualisme élohiste et jéohviste de la Genèse et d'abandonner les jours-périodes aussi bien que les jours solaires de la création ; il faudrait mettre le déluge au nombre des fables chaldéo-assyriennes ; on ne pourrait plus dire que le Pentateuque soit de Moïse, ni les Psaumes de David, mais par contre, il faudrait admettre deux Isaïe ; on devrait aussi tenir pour pieux romans les livres de Judith et d'Esther, et l'on ne paraîtrait pas sérieux si l'on ne convenait point que le livre des Juges est postérieur à la captivité ; il ne serait plus permis d'adopter l'ordre originaire des évangiles, et même, avant Marc qui est passé le premier, il faudrait admettre un protévangéliste inconnu; on serait naïf de continuer à croire à l'authenticité du verset des trois témoins célestes dans saint Jean »

En 1907, l'encyclique Pascendi et le décret Lamentabili Sane Exitu condamnent les propositions des modernistes en général mais celles de Loisy en particulier. En 1908, le Saint-Office excommunie ce dernier en se fondant sur un dossier nourri de dénonciations tendant à démontrer que Loisy veut ruiner l'Église catholique.

Exclu quinze ans plus tôt (1893) de l'Institut catholique de Paris, Alfred Loisy est élu à la chaire de Histoire comparée des Religions du Collège de France, celle-là même qui avait été fondée en 1880 par Albert Réville auquel son fils Jean Réville avait succédé. Au moment de sa fondation, cette chaire représentait une préoccupation d'actualité, comme en témoigne en 1879, la délibération du conseil municipal de la ville de Lyon pour l'établissement d'un musée des religions asiatiques fondé par Émile Guimet. Le débat révèle deux tendances opposées dans le courant laïc ; les uns se demandent s'il faut dépenser de l'énergie pour exposer un passé révolu tandis que les autres perçoivent la nécessité de prendre en compte le rôle des religions dans les civilisations et, par là, une possibilité de relativiser le christianisme.

L'affaire Lagrange

L'autre affaire symptomatique de la crise moderniste est l'affaire Lagrange (1855-1938). Le dominicain Marie-Joseph Lagrange[17] est le fondateur de l'École biblique et archéologique française de Jérusalem [18], fondateur de la Revue biblique [19] dont certains travaux seront interdits de publication comme suspects de « progressisme ».

Mais à la différence de Loisy, Lagrange a développé sa critique exégétique dans le cadre du dogme et en s'appuyant sur la théologie, plus que contre elle. Meilleur théologien que nombre de ses adversaires, il savait utiliser l'exégèse et la théologie au service l'une de l'autre. Il a pourtant été compris dans la même défiance et a connu des interdits presque similaires à ceux de Loisy. Lagrange ne parvint jamais à faire publier sa critique de la théorie documentaire de Julius Wellhausen. Quand il quitta l'école Biblique pour préserver son œuvre, qui ne fut jamais mise à l'index, son travail sur le nouveau Testament, en particulier son commentaire à l'évangile selon Marc, ne vit jamais le jour[20].

Les réactions dans le monde catholique

L'intervention du philosophe catholique Maurice Blondel

L'implication de Blondel dans le débat commence en 1896 avec la publication d'une série d'articles - Lettre sur l'Apologétique - qui se voulaient une réponse à un commentaire certes bienveillant mais chargé de contresens de l'abbé Denis[21].

C'est après avoir longuement correspondu avec Alfred Loisy que Blondel, philosophe et laïc catholique engagé, pressé par ses amis, se résolut à intervenir dans la crise moderniste en publiant le long article Histoire et dogme. Les lacunes philosophiques de l'exégèse moderne, Paris, 1904. Cet article a été reproduit dans Les premiers écrits de Maurice Blondel, PUF, Paris, 1956, p. 149-228. La critique de Blondel vise tant ceux que l'on appellera plus tard les intégristes que les modernistes. Blondel appelle les premiers les extrincésistes et les seconds les historicistes. En opposant constamment dogme et histoire tout en cherchant une conciliation neuve. Blondel s'opposa à l' Évangile et l'Église de Loisy mais ne le fit ni au nom d'une position seulement historique, ni au nom d'une position seulement théologique. Par ailleurs Blondel n'agit que comme simple fidèle et dans le but de concilier les points de vue, certes à l'intérieur du monde chrétien.

Émile Poulat considère que « la controverse la plus riche et la plus serrée qui se soit développée autour de L'Évangile et l'Église [le livre de Loisy]», comme il l'écrit, « se trouve inséparablement associé le nom de Maurice Blondel[22]

Article détaillé : L'intervention de Blondel dans la crise moderniste.

Les textes ecclésiastiques condamnant le modernisme

Dans le cadre de sa lutte contre le modernisme, le Vatican a publié plusieurs textes dénonçant ce qui est considéré comme une dérive voire une nuisance par rapport à sa vision théologique de la recherche exégétique. Les auteurs relèvent le plus souvent une série de cinq documents aux indications, enseignements ou condamnations fermes voire coercitifs.

Ainsi, durant le pontificat de Pie IX, la bulle pontificale Ineffabilis Deus de 1854 sur l'Immaculée conception dogmatise le péché originel qui rend infirme la raison. Le péché originel n'avait pas jusqu'alors fait l'objet d'une quelconque dogmatisation[23] même si la doctrine du péché originel avait, elle, une influence importante. Dix ans plus tard, c'est la publication du Syllabus, accompagnant l'encyclique Quanta Cura, dans laquelle Pie IX s'insurge contre la liberté des sciences et en particulier de la philosophie[24].

En 1893 l'encyclique Providentissimus Deus exprime une condamnation du rationalisme et de la critique radicale.

Sous le pontificat de Pie X parait le decret Lamentabili sane exitu (4 juillet 1907) qui condamne les excès du protestantisme libéral sur lesquels Loisy fait déboucher son exégèse. Ce syllabus est bientôt suivi de l'encyclique Pascendi Dominici Gregis, (8 septembre 1907) qui expose les tentatives de l'exégèse biblique comme des menées anti-catholiques et identifie les tenants du modernisme comme ennemis intérieurs[25]. Elle condamne aussi l'idée d'une égalité des religions[26], assimilant le modernisme au protestantisme et à l'athéisme[27]. Enfin, le motu proprio Præstantia Scripturæ Sacræ du 18 novembre 1907 ajoute la sanction de l'excommunication contre tous les présumés modernistes[28].

La liberté d'édition durant la crise moderniste

La liberté d'édition durant la crise moderniste fut totale si l'on excepte les éditeurs catholiques[29].

Pour s'en rendre compte, il suffit de consulter la bibliographie d'un ouvrage académique comme le Jésus de Charles Guignebert. La bibliographie de l'édition de 1933, telle que présentée dans la réédition de 1970, présente 10 pages A5 de bibliographie ; la date de publication des ouvrages s'échelonne à jet continu de 1863 à 1927. Cette datation de la première bibliographie donne une idée du temps de recherche et de composition de l'ouvrage dont l'auteur était professeur d'histoire du christianisme à la Sorbonne (Paris, France). La bibliographie complémentaire pour l'édition de 1938 inclut les publications de 1934 de Alfred Loisy dont le calvaire d'excommunié est souvent présenté comme un exemple du pouvoir de l'Église catholique sur la production universitaire. Après son excommunication, Loisy fut élu au Collège de France, pour partie à cause du caractère résolument innovant (pour la France) de ses travaux et pour partie pour des motifs politiques qui consistent justement à montrer que l'église catholique ne fait pas la loi dans la recherche. Lui, mais aussi tous ses collègues excommuniés ou bannis (Dhorme, Battifol, etc.) publièrent à jet continu. La bibliographie complémentaire pour l'édition de 1970, réalisée par P. Jay, B. Demeret et J. Grousson en ajoute autant pour la période qui suit.
Globalement, cette bibliographie porte sur des ouvrages en 3 langues : deux bons tiers pour l'allemand, une petite poignée (essentiellement Goguel, Battifol et Loisy mais aussi Dhorme et MJ Lagrange, ce qui montre l'ouverture d'esprit de Guignebert) pour le français et tout le reste en anglais.

Dans le même ouvrage Jésus, les notes de bas de page sont au nombre de 1489 et contiennent à 80 % des références à des articles de revues scientifiques, 10 % dépouillent des expressions grecques et 10 % sont des explications sociologiques. On peut faire les mêmes remarques sur l'ouvrage Le Christ du même auteur dont il convient de rappeler qu'il se revendiquait athée.

Est-elle encore susceptible de porter des enseignements ?

Les enjeux

Deux conceptions de l'inspiration et de la Révélation s'affrontent :

  • l'une, sur laquelle se basera l'école de l'exégèse progressiste, dit, avec Thomas d'Aquin, que l'homme reçoit la Révélation dans le langage qui lui est propre et dans le contexte socio-historique qui est le sien ; de ce fait, même le prophète le répercute dans ces enveloppes ;
  • l'autre, celle du cardinal Louis Billot est celle de l'inerrance biblique[30] : Dieu étant l'auteur de l'Écriture, elle ne saurait contenir d'erreur[31]. Cette façon de voir constitue le deuxième intransigeantisme (le premier s'étant développé depuis le Syllabus).

Parallèlement, deux conceptions de l'histoire des religions s'affrontent également, sur un front qui ne se dessine pas nécessairement entre religieux et laïcs :

  • l'école Histoire des religions, qui pratique un comparatisme structurel. Dans ce courant se situent Prosper Alfaric et Salomon Reinach dont l' Orpheus suscita une levée de boucliers chez ses confrères ;
  • l'école historique, qui pratique également le comparatisme mais sur le mode fonctionnel. Il ne suffit pas que rites ou mythes se ressemblent pour être la même chose ; il faut aussi trouver par où ils se sont rencontrés et tressés. Dans ce courant se rassemblent Charles Guignebert, Alfred Loisy et Maurice Goguel.

Quoique fermement opposé à Loisy, Marie-Joseph Lagrange donne en 1902 une série de conférences intitulées la méthode historique et la Critique Biblique qui seront réunies en 1903 dans un volume. Il y décrit la deuxième méthode et s'attirera par là, l'hostilité de la hiérarchie catholique et des jésuites.

Le troisième enjeu du conflit est en fait le principal. Il s'agit de la question de l'autorité : qui détiendra l'autorité sur l'histoire des origines du christianisme ? Le magistère ? L'université représentée par les chercheurs qu'ils soient ou non catholiques ?

Cette problématique s'inscrit dans le cadre du traditionnel dialogue entre foi et raison, auquel vient se greffer à la même époque l'épineuse question de l'évolution du vivant. L'église catholique soutient fermement l'inerrance biblique et le principe des quatre sens de lecture de l'Écriture.

Les conséquences

Évolution de la formation des clercs

Article détaillé : Hautes études ecclésiastiques.

Création d'institutions de recherche

Article détaillé : École biblique et archéologique de Jérusalem.

Création d'institutions de contrôle

Institutions formelles

L'Église catholique se dote de diverses institutions pour recadrer les opinions erronées . Ainsi la Commission biblique pontificale voit le jour en 1902, suivie de l' Institut biblique pontifical (1909) puis l' Institut scientifique pontifical.

Une institution secrète

Sodalitium Pianum dit aussi la Sapinière était un réseau d'espionnage et de délation regroupant prêtres, religieux et laïcs. Fondé en 1909 par Umberto Benigni, prélat à l'antisémitisme notoire[32] qui, une fois désavoué par Benoît XV, se tournera vers le fascisme. Sodalitium Pianum fut dissous en 1921 mais on trouvera les traces de son exercice jusque 1946[33].

La crise moderniste n'a-t-elle atteint que le christianisme ?

La recherche sur les origines du christianisme et autres disciplines annexes ne s'est pas arrêtée du fait de la publication des documents du Vatican. En ce qui concerne la production francophone, elle a quitté le répertoire des chercheurs religieux pour passer aux préoccupations des chercheurs laïques avec la création dès 1886 de la Ve section de l'école pratique des hautes études (EPHE) mais aussi avec la création d'institutions de vulgarisation comme le Cercle Ernest Renan, fondé au début du XXe siècle par Paul Alphandéry[34].

La crise moderniste ne se limite pas au christianisme dans la mesure où elle est essentiellement le fruit d'un essor épistémologique et méthodologique des sciences. On peut observer dans les trois monothéismes différentes méthodes de résolution de conflit.

Christianisme

Dans le catholicisme

Dans un premier temps, la réponse est frileuse, centrée sur la répression consistant en la promulgation du serment anti-moderniste et l'excommunication d'Alfred Loisy et d'Ernest Renan. Tandis que la théologie officielle des écoles romaines continue à professer un thomisme de plus en plus systématique, des théologiens ou philosophes tentent d'explorer d'autres voies, non sans s'attirer quelques condamnations. Au Saulchoir, sous la houlette de Marie-Dominique Chenu, des Dominicains tentent de « rendre saint Thomas au XIIIe siècle » en dépassant la théologie baroque[35] et admettent que certaines revendications modernistes condamnées à l'époque de Pie X étaient fondées, s'attirant à leur tour la suspicion des autorités romaines avant que ces idées ne finissent par être débattues durant le concile Vatican II[36]. À Fourvière, les Jésuites explorent la voie des Pères de l'Église pour montrer la pluralité légitimes des approches théologiques. C'est l'origine de la collection « Sources chrétiennes ».

Dans un deuxième temps, un vasistas s'ouvre sur la possibilité d'un travail exégétique normal avec l'encyclique de Pie XII Divino Afflante Spiritu (30 septembre 1943). Mais la « Nouvelle Théologie » française fait peur, Rome réagit par différentes condamnations autour de l'encyclique Humani Generis. Réginald Garrigou-Lagrange y voit une résurgence du modernisme alors que telle n'était pas du tout l'intention de ces théologiens, comme le démontrera leur réhabilitation après le concile. Ils cherchaient en effet à retrouver une tradition chrétienne plus ancienne que celle des thomistes officiels.

En mai 1950, c'est la « purge de Fourvière »[37] Sous la pression du Vatican le supérieur général de la Compagnie, les jésuites Henri de Lubac, Gaston Fessard, Henri Bouillard, Pierre Ganne, Alexandre Durand et Émile Delaye sont interdits d'enseignement à Fourvière comme dans les Facultés catholiques.

En 1953, c'est au tour des dominicains du Saulchoir : Marie-Dominique Chenu, Yves Congar, Henri Féret, Pierre-Henri Léger sont condamnés. Plusieurs d'entre eux étaient proches des prêtres-ouvriers. Nombre d'entre eux seront experts au concile Vatican II, qui marquera le triomphe de nombre de leurs positions. Daniélou, Congar et Lubac seront récompensés plus tard par un chapeau de cardinal.

Les exégètes catholiques s'accordent à dire que la liberté de travailler ne leur est accordée qu'à partir de la constitution Dei Verbum, issue du concile Vatican II. Henri de Lubac s.j. témoigne dans ses Carnets du Concile[38] qu'il n'aura pas fallu moins de 5 versions pour parvenir à un texte qui les satisfasse ; la première rédaction les renvoyait à une situation d'avant la crise et elle fut rejetée à une majorité des 4/5.

Dans les protestantismes

Les protestantismes connaissent un mouvement similaire à celui observé dans le judaïsme : accentuation des courants se revendiquant orthodoxes et développement de courants libéraux.

Orthodoxie

Le colloque de Niagara 1873 revendique cinq points fondamentaux auxquels aucun examen ne doit être appliqué. L'objectif consiste à « retirer à Yale et à Chicago le monopole de l'interprétation » (dans Beyond Fundamentalism). Ce courant se développe sur un substrat de revanche nationaliste des États du Sud sur les États du Nord lors de la défaite de la guerre de Sécession.

De ces cinq points fondamentaux naîtra le mot fondamentalisme promis à une belle postérité.

  • Le réveil
  • Création des églises évangélicalistes
Postérité
  • le Bible Belt
  • Mouvement Southern Baptist (baptistes du Sud)
  • le colloque de Chicago (1967)
Libéralisme

Dans le judaïsme

Les études sur l'Ancien testament affectent aussi le judaïsme qui réagit par la multiplication de ses mouvements dont un mouvement libéral représenté par Moïse Mendelsohn ou encore Moïse Montefiore, dans la foulée de l'assimilationnisme auquel s'oppose un mouvement se revendiquant orthodoxe. Il existe également un mouvement de synthèse qui tient à la tradition mais aussi aux conquêtes des lumières inaugurée avec la Haskala.[réf. nécessaire]

Articles détaillés : Samson Raphael Hirsch et Abraham Joshua Heschel.

Dans l'islam

Articles détaillés : Mohammed Abduh et Islam Libéral.

Personnalités modernistes

L'ouvrage la Nouvelle histoire de l'Église[39] mentionne entre autres une partie des personnalités suivantes :

France

  • Augustin Brassac, sulpicien, condamné pour sa révision (1906) du Manuel biblique ou cours d'Écriture Sainte à l'usage des grands séminaires des sulpiciens Vigouroux et Bacuez[40].
  • Albert Condamin, jésuite condamné pour sa traduction critique du Livre d'Isaïe. Il avait découvert l'existence d'un second recueil, nommé depuis le second Isaïe.
  • Édouard Dhorme, successeur de Lagrange comme directeur de l'École biblique, spécialiste des textes assyro-babyloniens, auteur d'un étude et commentaire des Livres de Samuel (1911) et d'un ouvrage sur la langue de Canaan (1951), d'études sur la poésie biblique. Il traduira, plus tard, l'Ancien Testament pour La Pléiade, et préfèrera quitter de lui-même l'ordre dominicain.
  • Marcel Hébert, (1851-1943), directeur de l'école Fénelon, auteur de l'Essence du Catholicisme (1907), où, en philosophe kantien, il tente, lui aussi, une réponse à Harnack avec une interprétation de la dogmatique catholique en termes symbolo-fidéistes.
  • Albert Houtin (1867-1926), auteur d'une Courte histoire du christianisme paru en 1924. Il avait précédemment produit un ouvrage montrant l'aspect légendaire des origines apostoliques de l'église de France [41], en particulier la réfutation des déclarations d'un évêque affirmant l’évangélisation de la Provence par Lazare et ses sœurs Marthe et Marie ou encore la légende de René d’Angers.
  • Lucien Laberthonnière, interdit de publication en 1913, mis à l'Index dès le 5 avril 1906 pour 2 livres Essais de philosophie religieuse de 1903 et son Le Réalisme chrétien et l'idéalisme grec [42].
  • Jules Lemire, (1853-1928), prêtre et politicien
  • Dalmace Sertillanges, rénovateur dominicain de la philosophie thomiste et créateur de la Revue thomiste, condamné à l’exil en 1924
  • Joseph Turmel (1859-1943) historien des dogmes, auteur d'une histoire des anges à partir du traité angéologique du pseudo-Denys.

ont soutenu les modernistes, sinon leurs thèses

  • Henri Bremond (1865-1933), jésuite, historien et critique littéraire, proche de George Tyrrell.
  • Louis Duchesne, (1843 - 1922), prélat français, philologue et historien français, qui fut directeur de l'École française de Rome et membre de l'Académie française. Son Histoire ancienne de l'Église fut mis à l'Index en 1912[43].
  • Léonce de Grandmaison, (1868 - 1927), jésuite et théologien français
  • Lucien Lacroix, (1855 -1922), évêque de Tarentaise, l'« évêque des modernistes »[44].
  • Maurice Le Sage d'Hauteroche d'Hulst, (1841 - 1896), prélat français
  • Eudoxe Irénée Mignot, (1842 - 1918), prélat français, évêque de Fréjus puis archevêque d'Albi, qui soutint Alfred Loisy[45].

accusées de modernisme sans le soutenir

  • Maurice Blondel (1861-1949), philosophe, auteur notamment d'Histoire et dogme (1904) qui s'oppose explicitement à l'Evangile et l'Église de Loisy.
  • Marie-Joseph Lagrange (1855-1938), exégète et théologien catholique, fondateur de l'École Biblique et Archéologique Française de Jérusalem et de la Revue biblique.
  • Henri de Lubac, (1896-1991), théologien jésuite [46], il est interdit d'enseignement et ses livres sont retirés des écoles et instituts de formation. Il sera réhabilité par Jean XXIII qui le nomme en tant qu'expert à Vatican II puis par Jean-Paul II qui le fait cardinal en 1983[47].

Belgique

  • Hippolyte Delehaye, bollandiste, auteur des Légendes hagiographiques (1903/1905).

Grande-Bretagne

  • Friedrich von Hügel, (1852-1925), exégète et philosophe catholique de grande influence sur le courant modernisme.
  • George Tyrrell (1861-1909), anglican converti au catholicisme et devenu jésuite.
  • Maude Petre (1863 - 1942), religieuse catholique, auteur moderniste proche des précédents.

Italie

  • Ernesto Buonaiuti, (1881-1946), prêtre catholique, historien du christianisme, philosophe de la religion et théologien, considéré comme la figure de proue du modernisme italien.
  • Umberto Fracassini, (1862-1950), directeur du séminaire de Pérouse, participe à la rénovation des études bibliques et historio-religieuses en Italie[48].
  • Antonio Fogazzaro (1842-1911), écrivain et poète dont la parution en 1905 du roman Il Santo (Le Saint) - qui reprend les problèmes théologiques abordés par Tyrell et Loisy mais donne aussi une idée plus large de ce courant et n'en ignore pas « la polyvalence, ou la polysémie » [49] - a un grand retentissement international. Ce roman, qualifié de « Divine comédie du modernisme »[50], est probablement inspiré du prêtre mystique moderniste Brizio Casciola (1871-1957).
  • Giovanni Genocchi (1860-1926), exégète, missionnaire du Sacré-Cœur d'Issoudun, personnage influent entretenant des relations dans les cercles cultivés européens ainsi qu'à la Curie[51].
  • Salvatore Minocchi (1869-1943), professeur d'hébreu à Florence, figure de proue de l'exégèse progressiste italienne, fondateur en 1901 de la revue Studi Religiosi qui relaie les travaux de Loisy et de la critique allemande, inaugurant les études bibliques en Italie. La revue est suspendue en 1907. Minnocchi refuse de se soumettre aux décrets antimodernistes[52].
  • Romolo Murri, (1870-1944), prêtre cofondateur de la Démocratie chrétienne ;
  • Giovanni Pioli, (1877-1969), prêtre catholique, figure central du libéralisme religieux
  • Giovanni Semeria (1867-1931), prêtre barnabite, écrivain, prédicateur et collaborateur de Minocchi, promoteur du développement intellectuel du clergé et de l'action sociale[52] ; très lié à Von Hügel, il est considéré par ses adversaires comme l'un des leaders du modernisme italien[53].

États-Unis

  • John Courtney Murray, (1904-1967), théologien jésuite, éminent intellectuel américain, surtout connu pour ses efforts en vue de réconcilier le catholicisme avec le pluralisme religieux, la liberté religieuse et la politique. À la demande de ses supérieurs ecclésiastiques, Murray cesse donc d’enseigner et de publier sur la liberté religieuse en 1954. Il est finalement invité comme expert à compter de la seconde session du concile Vatican II en 1963.

Notes et références

  1. Dans le sens général, le modernisme est un mouvement intellectuel affectant le développement des sciences et des arts, l'architecture en particulier.
  2. Voir l'article Révolution tranquille à ce sujet
  3. Étienne Fouilloux, Une Église en quête de liberté, DDB, Paris, 2006, p. 10.
  4. En dépit de ses acquointances avec le Comtisme, et de son ouvrage "Religion Saint-Simonienne: Politique Européenne", ni Michel Chevalier, ni sa philosophie des réseaux n'ont quoi que ce soit à voir avec la Crise Moderniste
  5. Paris, Toulouse, Bordeaux, Rouen, Aix-en-Provence et Lyon
  6. Sa plaquette Das Wesen des Christentums (1901); traduction anglaise : What is Christianity ?, traduction française : L'Essence du christianisme)
  7. François Laplanche, La crise de l'origine, la science catholique des Évangiles et l'histoire au XXe siècle, Albin Michel
  8. Réédité en 2001 sous la direction de Gérard Mordillat et Jérôme Prieur, L'Évangile et l'Église - Autour d'un petit livre - Jésus et la tradition évangélique, éd. Noésis (ISBN 2-911606-98-1).
  9. Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderne, Albin Michel, , p. 162-165
  10. Émile Poulat, Histoire, dogme et critique dans la crise moderniste
  11. Yves Congar o.p., Mon Journal du Concile
  12. Paul Airiau, « Modernisme », dans Christophe Dickès (dir.), Dictionnaire du Vatican et du Saint-Siège, Robert Laffont, , p. 672
  13. La lecture fondamentaliste n'est ainsi plus légitime aux yeux des autorités romaines ainsi que la commission biblique pontificale l'a exposé dans le document Interprétation de la Bible dans l'Église daté du 23 avril 1993 ; cf. Régis Burnet, « L'interprétation de la Bible depuis 1943 : Pour en finir avec le modernisme », dans Jean-Robert Armogathe et Yves-Marie Hilaire (dirs.), Histoire générale du christianisme, vol. 2 : Du XVIe siècle à nos jours, Presses universitaires de France, , p. 1074-1075
  14. Certains s'en sont déjà étonnés à son époque; si l'on s'en tient à une réflexion de Nathan Söderblom, qui portait l'appréciation suivante sur l'ouvrage de Loisy : « L'Évangile et l'Église est la plus puissante apologie du catholicisme publiée depuis Newman ». Cette critique est rapportée à Loisy dans une lettre de Franz Cumont, le savant belge, en date du 4 août 1912, citée p. 98 de l'ouvrage de François Laplanche la Crise de l'origine…." déjà cité.
  15. Valentine Zuber, Jean Baubérot, La Haine oubliée, L'Anti-protestantisme français avant le « pacte laïque », 1870-1905 Albin Michel-2000
  16. Émile Poulat, op. cit.
  17. Biographie autorisée du père Lagrange o.p.
  18. École biblique et archéologique Française
  19. anciens sommaires de la Revue biblique
  20. Bernard Montagnes o.p., Marie-Joseph Lagrange. Une biographie critique, Extraits sur Google books
  21. Bernard-Maitre Henri. Pour l'histoire de la crise moderniste : la correspondance de Maurice Blondel. In: Revue d'histoire de l'Église de France. Tome 48. no 145, 1962. p. 90-95.
  22. E.Poulat, Histoire dogme et critique dans la crise moderniste, op. cit. (édition de 1979), p. 513.
  23. Claude Langlois, Lire Le Syllabus, in Alain Dierkens (éd.), L’Intelligentsia européenne en mutation, 1850-1875, Éd. de l’ULB, 1998, p. 85-103
  24. Le syllabus condamne la proposition suivant laquelle « Tous les dogmes de la religion chrétienne sans distinction sont l'objet de la science naturelle ou philosophie. » (proposition IX)
  25. Pascendi Dominici Gregis, art 2 : « les ennemis déclarés (…) cachent (…) au cœur de l'Église, (…). Nous parlons, Vénérables Frères, d'un grand nombre de catholiques laïques, et (…) de prêtres, qui, (…) imprégnés (…) d'un venin d'erreur puisé chez les adversaires de la foi catholique, se posent (…)comme rénovateurs de l'Église; (…) »
  26. Pascendi Dominici Gregis, art 16
  27. Pascendi Dominici Gregis, art 55 : « Le premier pas fut fait par le protestantisme, le second est fait par le modernisme, le prochain précipitera dans l'athéisme. »
  28. Præstantia Scripturæ Sacræ art : « (…) voulant réprimer l'audace de jour en jour croissante de nombreux modernistes qui(…) s'efforcent de ruiner la valeur et l'efficacité (…) Lamentabili sane exitu [et] de Notre Encyclique Pascendi dominici (…) nous ajoutons la peine d'excommunication contre les contradicteurs. »
  29. Le cas du CERF est paradigmatique. La dernière interdiction vaticane l'atteignit en 1936 à propos d'un ouvrage de Yves Congar o.p. "Chrétiens désunis", ouvrage de réflexion sur l'œcuménisme. Cette renonciation conduisit l'entreprise au bord de la faillite. Des capitaux privés, indépendants de l'ordre dominicains furent introduits en majorité car les travaux d'édition critique des textes étaient de grande qualité et d'un grand intérêt et devaient être sauvés. Depuis l'après-guerre, le CERF jouit d'une grande indépendance. Depuis l'affaire Drewermann, les éditeurs, même catholiques, savent que l'interdiction (index jusque 1961) ou la condamnation d'un ouvrage par la Congrégation pour la doctrine de la foi justifie la mise en route d'une seconde édition et est une occasion de profit. Ainsi le CERF a connu récemment une prospérité accrue avec la condamnation vaticane de l'ouvrage de Dominique Cerbeleaud o. p. "Marie, un parcours dogmatique". Il est probable qu'il connaisse une nouvelle amélioration de son chiffre d'affaires car le théologien novateur et connu bien au-delà du catholicisme Claude Geffré o.p. serait inquiété depuis mai 2007 pour ses opinions pluralistes largement exposées dans ses ouvrages. La editorial Trotta, maison espagnole peu au fait encore de cet aspect de l'opinion publique, s'est trouvée piégée lors de la condamnation de l'ouvrage de Juan José Tamayo Acosta en 2003. Elle n'avait rien prévu et se trouva en rupture de stock un an durant, c'est-à-dire le temps que l'opinion mobilisée pour la défense du théologien (un laïc connu sur deux continents) retombe.
  30. On peut noter que cette version de l'inerrance est empruntée aux fondamentalistes protestants qui viennent de se constituer lors des divers congrès réunis dans les années 1893 à Chicago
  31. cité dans F. Laplanche, op.cit.
  32. auteur de Meurtre rituel chez les Juifs, Belgrade 1926-1929
  33. Yves Congar o.p., Journal d'un théologien, CERF
  34. Historien médiéviste, enseignant l'Histoire des Doctrines et Dogmes à la Ve section de l'EPHE
  35. Étienne Fouilloux, Une Église en quête de liberté, la pensée catholique française entre modernisme et Vatican II, Paris, éd. Desclée de Brouwer, 1998
  36. cf. Gilles Routhier et François Nault in François Bousquet (dir.), Les grandes révolutions de la théologie moderne, éd.Bayard, 2003, recension en ligne
  37. cf. Henri de Lubac, Mémoire sur l'occasion de mes écrits. (Œuvres complètes, 9e section, vol. XXIII), Cerf, 2006 (éd. orig. 1983) ; cité par P. et E. Bellion-Jourdan, Hommage au P. Pierre Ganne, 1904-1979, extrait en ligne.
  38. Henri de Lubac, Carnets du Concile, CERF, 2007, publiés sous la direction éditoriale de François-Xavier Dumortier, Jacques de Larosière, Loïc Figoureux et alii. Présentation de l'ouvrage sur Canal Académie
  39. L.-J. Rogier, R. Aubert et M. D. Knowles (dir.), Nouvelle histoire de l'Église, Paris, Le Seuil, 1963-1975
  40. Ancien Testament par Fulcran Vigouroux; Nouveau Testament par Louis Bacuez, 1878-1879
  41. C.J.T. Talar, Pious Legend and "Pious Fraud": Albert Houtin (1867-1926) and the Controversy over the Apostolic Origins of the Churches of France,
  42. Pierre Colin, Lucien Laberthonière. Entre la crise moderniste et le concile de Vatican II, in Esprit & Vie
  43. Waché Brigitte, Monseigneur Louis Duchesne, Rome, École française de Rome, 1992
  44. Christian Sorrel, Libéralisme et modernisme. Mgr Lacroix (1855-1922). Enquête sur un suspect, éd. Cerf, 2003 présentation en ligne
  45. Louis-Pierre Sardella, Mgr Eudoxe-Irénée Mignot (1842-1918), un évêque français au temps du modernisme, éd. Cerf, 2004 présentation en ligne
  46. Marc Pelchat, Œuvres complètes du théologien Henri de Lubac et études lubaciennes, in Laval théologique et philosophique, vol. 63, no 1, février 2007, p. 170, article en ligne
  47. Klauspeter Blaser, La théologie au XXe siècle: histoire, défis, enjeux, éd. l'Âge d'Homme, 1995, p. 356, extrait en ligne
  48. Fortunato Iozzelli, Modernismo e antimodernismo a Perugia: il caso Fracassini, in Rivista di storia e letteratura religiosa, vol. 30, no2, éd. p. 299-345, présentation en ligne
  49. « Le modernisme au miroir du roman : la primauté de Il Santo » dans P.Marangon, dir., Antonio Fogazzaro e il modernismoe, Academia Olympica, Vicenza, 2003, p. 121-131.
  50. Maurilio Guasco, Le modernisme. Les faits, les idées, les hommes, éd. Desclée de Brouwer, 2007, p. 118
  51. Maurilio Guasco, Le modernisme. Les faits, les idées, les hommes, éd. Desclée de Brouwer, 2007, p. 81
  52. 1 2 Augustin Kerkvoorde et O. Rousseau, Le mouvement theologique dans le monde contemporain, éd. Beauchesne, 1969, p. 231,
  53. Maurilio Guasco, Le modernisme. Les faits, les idées, les hommes, éd. Desclée de Brouwer, 2007, p. 80

Voir aussi

Bibliographie

Ouvrages généralistes

  • Maurilio Guasco, Le Modernisme. Les faits, les idées, les hommes, trad. Jean-Dominique Durand, éd. Desclée De Brouwer, 2007, recension par Étienne Fouilloux en ligne, recension par Jean-Louis Paumier o.f.m. en ligne
  • (en) Lester R. Kurtz, The politics of heresy: the modernist crisis in Roman Catholicism, éd. University of California Press, 1986, extraits en ligne

Sur la crise moderniste en France

La crise moderniste en Italie

  • Claus Arnold, Giovanni Vian (eds), La condanna del modernismo. Documenti, interpretazioni, conseguenze, Rome, Viella, 2010;
  • Ilaria Biagioli, Alfonso Botti, Rocco Cerrato (edd.), Murri e i murrismi in Italia e in Europa, Urbino, QuattroVenti, 2005;
  • Don Lorenzo Bedesh, Riforme religiose et curia Romana all'inizio del secolo, Milan, 1968;
  • Don Lorenzo Bedesh, Il modernismo e Romolo Murri in Italia, Parme Guanda, 1968;
  • Maurilio Guasco, Il modernismo. I fatti, le idee, i personnaggi, Milano, Edizioni San Paolo, 1995
  • Pietro Scoppola, Crisi Modernista Rinnovamento catholico in Italia, Bologne, 1961

Articles

Œuvre de Loisy en ligne

  • L'Église et la France

Articles connexes

Liens externes

  • Actualité de la crise moderniste : Le cas Loisy et la crise moderniste dans Médiapart, 10 avril 2013.
  • Du modernisme à la crise dans l'Église, débat entre Jean Madiran et Émile Poulat dans les archives de la Nef.
  • Guglielmo Forni Rosa, Mythe et science dans la philosophie de la religion de l'âge moderne, in Revue de l'histoire des religions, 2/2003.
  • Pascendi Dominici Gregis, lettre encyclique de Pie X sur les erreurs du modernisme, 1907
  • Æterni Patris, encyclique de Léon XIII (4 août 1879)
  • Inter Munera Academiarum, lettre apostolique de Jean-Paul II (28 janvier 1999)
  • Portail du christianisme
  • Portail du catholicisme
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