Claude Monet
Claude Monet par Nadar en 1899
Naissance | |
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Décès |
(à 86 ans) Giverny |
Nom de naissance |
Oscar-Claude Monet |
Nom dans la langue maternelle |
Claude Monet + |
Nationalité | |
Activité |
peintre + |
Formation | |
Maîtres |
Jacques-François Ochard, Charles Gleyre, Eugene Boudin |
Mouvement | |
Influencé par |
Eugène Boudin, William Turner |
Impression soleil levant, Nymphéas |
signature
Claude Monet, né le à Paris et mort le (à 86 ans) à Giverny, est un peintre français, l’un des fondateurs de l'impressionnisme, peintre de paysages et de portraits.
Né sous le nom d'Oscar-Claude Monet, au no 45 rue Laffitte à Paris, il grandit au Havre et est particulièrement assidu au dessin. Il commence sa carrière d'artiste en réalisant des portraits à charge des notables de la ville. En 1859, il part à Paris tenter sa chance sur le conseil d'Eugène Boudin et grâce à l'aide de sa tante. Après des cours à l'académie Suisse puis chez Charles Gleyre et la rencontre de Johan Barthold Jongkind, le tout entrecoupé par le service militaire en Algérie, Monet se fait remarquer pour ses peintures de la baie d'Honfleur. En 1866, il connait le succès au Salon de la peinture grâce à La Femme en robe verte représentant Camille Doncieux qu'il épouse en 1870. Toute cette période est cependant marquée par une grande précarité. Il fuit ensuite la guerre de 1870 à Londres puis aux Pays-Bas. Dans la capitale anglaise, il fait la rencontre du marchand d'art Paul Durand-Ruel qui sera sa principale source de revenu pendant le reste de sa carrière. Revenu en France, la première exposition des futurs impressionnistes a lieu en 1874.
En 1876, il rencontre Ernest Hoschedé, un mécène qui va rapidement faire faillite. En 1878, ce dernier, sa famille et celle de Monet emménagent dans une maison commune à Vétheuil. La mort de Camille en 1879 et les nombreuses absences d'Ernest, conduisent au rapprochement de Monet avec Alice Hoschedé. En plus de peindre intensivement la Seine, Claude se rend régulièrement sur la côte Normande pour peindre. En 1883, lui et la famille Hoschedé déménagent définitivement à Giverny. Ce déménagement correspond environ à la fin des ennuis financiers, Monet devenant même fortuné à la fin de son existence. Monet ne se montre cependant pas particulièrement généreux avant ses toutes dernières années. Après l'emménagement, il effectue un séjour à Bordighera, sur la côte d'azur puis à Belle-Île-en-Mer.
À partir de 1890, Monet se consacre à des séries de peintures, c'est-à-dire qu'il peint le même motif à différentes heures de la journée, à diverses saisons. Il peint alors parfois des dizaines de toiles en parallèle, changeant en fonction de l'effet présent. Il commence par les Meules, puis réalise Les Peupliers, la Série des Cathédrales de Rouen, celle des Parlements de Londres et Les Nymphéas de son jardin, qu'il décline en grand format pour peindre les grandes décorations. En effet, depuis 1903, Monet s'adonne intensivement au jardinage. En 1908, il peint également à Venise mais sans faire de série.
La fin de sa vie est marquée par le décès d'Alice et par une maladie, la cataracte, qui affecte son travail. Il s'éteint à 86 ans d'une infection pulmonaire.
Monet peint devant le modèle sur l'intégralité de sa toile dès les premières ébauches, il retouche ensuite de nombreuses fois jusqu'à ce que le résultat le satisfasse. Contrairement à ce qu'il affirme, il termine la plupart de ses toiles en atelier, prenant modèle sur les premières peintures d'une série pour peindre les autres.
D'un caractère parfois difficile, prompt à la colère comme au découragement, Claude Monet est un grand travailleur qui n'hésite pas à défier la météo pour pratiquer sa passion. Monet résume sa vie ainsi de la meilleure manière : « Qu'y a-t-il à dire de moi ? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture - et aussi son jardin et ses fleurs ».
Biographie
Enfance et adolescence
Claude Monet est né à Paris le au 45, rue Laffitte dans le IXe arrondissement. Il est le second fils d’Adolphe et Louise-Justine Monet, née Aubrée, après Léon Pascal, dit Léon (1836–1917). Baptisé sous le nom d’Oscar-Claude à Notre-Dame de Lorette début 1841, il est appelé Oscar par ses parents[1]. Il aime à dire plus tard qu’il est un vrai Parisien. Ses parents sont tous deux nés à Paris, tandis que ses grands-parents y étaient déjà installés aux environs de 1800. La famille, grands-parents paternels compris, s’installe au Havre en Normandie vers 1845, l'année de ses cinq ans. C'est probablement un déménagement décidé sous l’influence de sa tante Marie-Jeanne Lecadre, épouse d'un commerçant havrais qui accueille son beau-frère dans sa maison. Son père y tenait un commerce d'articles coloniaux[2].
Le jeune Oscar n’est pas un élève très appliqué selon ses propres dires, mais il apparaît dans les annales du collège havrais rue de la Mailleraye, qu’il fréquente à partir du comme « une excellente nature très sympathique à ses condisciples ». De manière précoce, il développe un goût pour le dessin et il suit avec intérêt le cours d’Ochard, un ancien élève de David. Ses premiers dessins sont des caricatures (appelées « portraits-charges ») de personnages (professeurs, hommes politiques) dont Monet « enguirlande la marge de ses livres... en déformant le plus possible la face ou le profil de ses maîtres » selon ses propres termes. Il fait déjà des croquis de bateau et des paysages en « plein air » sur le motif[3].
Le , sa mère décède et il abandonne ses études. Sa tante Lecadre, qui elle-même peint à ses heures perdues, l’accueille et l’encourage à continuer le dessin. Il vend ses caricatures signées « O. Monet » chez un commerçant spécialisé dans le matériel pour peintres, Gravier papetier, où expose également Eugène Boudin, ancien associé du propriétaire. C’est là qu’il va faire sa connaissance, vraisemblablement début 1858, déterminante pour sa carrière artistique : « Si je suis devenu un peintre, c’est à Eugène Boudin que je le dois ». Monet commence à peindre ses premières toiles de paysages en été 1858. Boudin conseille alors à son jeune comparse à quitter Le Havre pour Paris dans le but d'y prendre des cours et d'y rencontrer d'autres artistes[4].
Premier séjour à Paris
Claude Monet arrive à Paris en avril 1859, il visite immédiatement le salon qui vient d'ouvrir. Ensuite il est accueilli par Amand Gautier, un ami de la tante Lecadre. Celle-ci lui verse une pension régulière et gère ses économies d'environ 2 000 francs accumulés grâce à la vente de dessin à charge. Son père a demandé une bourse à la ville du Havre le , mais celle-ci essuie un refus. Il rend également visite à Charles Lhullier, Constant Troyon et Charles Monginot. Ces deux derniers lui conseillent d'entrer dans l'atelier de Thomas Couture qui prépare à l'École des beaux-arts toutefois il semble que celui-ci ait refusé le jeune Monet. Début 1860, probablement en février, il entre à l'Académie Suisse dirigé par le peintre éponyme. Il y rencontre notamment Camille Pissarro. Lors du salon de cette année, il admire tout particulièrement les œuvres d'Eugène Delacroix, l'année précédente c'était Daubigny qui attirait son attention. Ce premier séjour n'est cependant pas consacré qu'au travail et Claude passe une part non négligeable de son temps dans la Brasserie des Martyrs, lieu où se rencontrent à l'époque de nombreux auteurs et artistes[5].
Algérie et retour en Normandie
Le , Monet est tiré au sort au Havre pour être conscrit. Certes sa famille aurait pu payer l'exonération de 2 500 francs, mais celle-ci est liée à son renoncement à la carrière d'artiste pour reprendre les affaires familiales. Monet s'y refuse et intègre le 1er régiment de chasseurs d'Afrique le et va stationner à Mustapha en Algérie. Début 1862, il attrape une fièvre typhoïde et est autorisé à rentrer au Havre durant l'été. Sa tante havraise, Mme Lecadre, accepte de le faire sortir de l'armée et de payer les quelques 3 000 francs que coûtent l'exonération, à condition qu'il prenne des cours d’art à l’académie. Il quitte donc l’armée, mais n’aime pas les styles traditionnels de peinture enseignés à l’académie. Par contre, malgré les expériences pouvant paraître déplaisantes qu'a vécues Monet en Algérie, il en retient un bon souvenir en général. Il dit en effet à Gustave Geffroy: «Cela m'a fait le plus grand bien sous tous les rapports et m'a mis du plomb dans la tête. Je ne pensais plus qu'à peindre, grisé que j'étais par cet admirable pays, et j'eus désormais tout l'assentiment de ma famille qui me voyait si plein d'ardeur[6].» En 1862, il se lie d’amitié avec Johan Barthold Jongkind et retrouve Eugène Boudin, lors de son séjour à Sainte-Adresse[7].
Vers la maturité
La même année en 1862, il commence à étudier l’art dans l’atelier de l’École impériale des beaux-arts de Paris dirigé par Charles Gleyre à Paris, grâce aux recommandations de son cousin par alliance Auguste Toulmouche. Il y rencontre Pierre-Auguste Renoir, Alfred Sisley et Frédéric Bazille avec qui il entretient une importante correspondance. Au printemps 1863, ce dernier et Monet vont peindre devant nature à Chailly-en-Bière près de Barbizon. En juillet 1864, le maître malade doit fermer son atelier, Monet l'a déjà quitté depuis quelque temps en désaccord avec son maître sur la manière de présenter la nature. Celui-ci privilégiant une idéalisation des formes, tandis que Monet la reproduit telle qu'elle est[8].
Mi-mai 1864, Monet retourne sur la côte normande et en particuliers à Honfleur en compagnie de Bazille. Il réside un temps à la ferme Saint-Siméon. Frédéric retourne à Paris, tandis que Claude continue à peindre en Normandie. Fin août, il retrouve Jongkind et Boudin. De sa période honfleuraise en compagnie de ces deux peintres, Monet conservera un attachement et ils auront une influence essentielle dans la genèse de son art. C'est aussi à cette période qu'éclate une brouille avec sa famille qui le menace de lui couper les vivres. Il appelle alors pour la première fois à l'aide Bazille[9].
Fin 1864, Claude s'installe avec Frédéric dans un atelier à Paris. Il présente avec succès deux vues de l'estuaire de la Seine prise à Honfleur et à Sainte-Adresse au jury du salon de 1865, elles y sont donc exposées et y rencontre un accueil positif. Par la suite, il peint au pavé de Chailly son Déjeuner sur l'herbe (de), une toile de grande taille (4,65 * 6 m) qui, donnée par l'artiste en désespoir de cause en 1865 et rachetée par celui-ci en 1920, restera inachevée[10].
Camille
En 1866, il rencontre Camille Doncieux qui devient un de ses modèles. Elle est peinte dans La Femme en robe verte qui obtient un grand succès au salon de la même année. Il a également envoyé au salon un Pavé de Chailly. Il peint ensuite Femmes au jardin peint initialement dans le jardin de Monet et acheté 2 500 francs par Frédéric Bazille, toile montrant pour la première fois la lumière naturelle et changeante. Cette toile, ainsi que Le Port de Honfleur sont refusées par le jury du salon, dans lequel Gleyre n'est plus membre. Alors que Claude est plus que jamais dans la misère, Camille est enceinte. La famille de Claude condamne alors pour sa conduite contraire à la morale, il passe cependant l'été chez son père à peindre. Camille donne naissance à Jean Monet le 8 août 1867 au domicile de ses parents[11].
En 1868, une de ses deux toiles présentées est acceptée au salon. Il se fait souvent prêter de l’argent par ses amis, au premier rang desquels Bazille, mais ses tableaux sont souvent saisis au point qu’il fait une tentative de suicide au printemps 1868[12]. Cette même année, M. Gaudibert, un armateur du Havre, lui commande le portrait de sa femme. La famille de Monet refusant d'héberger Camille, celle-ci doit rester avec son fils à Fécamp. En 1869, il va à Bougival et peint sur l'île de Croissy le Bain à la Grenouillère au côté de Renoir qui peint La Grenouillère, inventant alors la technique de peinture impressionniste[13]. Cette année-là et la suivante, toutes ses toiles sont refusées par le salon sous l'impulsion de Gérôme[14]. En dépit de sa pauvreté persistante, le 28 juin 1870 il épouse Camille [15],[16].
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La Femme en robe verte, 1866
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Femmes au jardin, 1866
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Bain à la Grenouillère, 1869
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La route de Versailles à Louveciennes, effet de neige, 1870
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Le Port de Trouville, 1870
Londres et les Pays-Bas
L'entrée en guerre de la France en juillet 1870 ne soulève aucun sentiment nationaliste chez Monet, pas plus que l'établissement du gouvernement de Défense national. Frédéric Bazille qui a souvent aidé Monet, trouve la mort sur le champ de bataille le . À la fin de l'année, Claude ne voulant pas servir militairement décide de partir en Angleterre, plus précisément à Londres. Il y fait la rencontre du marchand d'art Paul Durand-Ruel, qui sera déterminante pour sa carrière. Il admire les œuvres des peintres britanniques Turner et John Constable et est impressionné par la manière du premier de traiter la lumière, notamment dans les œuvres présentant le brouillard de la Tamise. Il rencontre à cette occasion le peintre américain James Abbott McNeill Whistler, également influencé par Turner, avec lequel il se lie d’amitié. Son père décède le . Fin mai 1871, il décide de se rendre aux Pays-Bas, à Zaandam, avant de retourner à Paris[17].
Argenteuil
En décembre 1871, Monet et sa famille emménagent dans une maison avec jardin à Argenteuil, près de la Seine[18]. L'héritage de son père et la dot de sa femme permettent d'améliorer les conditions matérielles. Il enregistre également des achats importants de Durand-Ruel. C'est également à cette époque-là qu'il fait l'acquisition de son bateau-atelier qui lui permet d'accéder à de nouveaux points de vue. En décembre 1873, Durand-Ruel, victime d'ennuis financiers, doit réduire puis suspendre ses achats[19].
Le , l'exposition de la société anonyme coopératives d'artiste ouvre ses portes en réaction au salon dans les ateliers de Nadar. Elle présente les œuvres des différents artistes qui se qualifieront plus tard d'impressionnistes. Y est notamment présenté un paysage du port du Havre : Impression soleil levant. La manifestation n’avait pas eu le grand succès attendu par les peintres et un grand nombre de comptes-rendus avaient été assez hostiles. Le terme d'impressionniste est utilisé pour la première fois de manière ironique dans une critique de Louis Leroy, du Charivari du 10 mai sur l'exposition[20].
En 1874, Édouard Manet vient peindre avec Monet à Argenteuil. En avril 1876, a lieu la deuxième exposition de la société anonyme coopérative dans les locaux de Durand-Ruel. À la fin de l'été de la même année, il commence à travailler au château de Rottembourg de Montgeron à des toiles de grands formats pour le décorer (il y peint notamment Les Dindons). La demeure appartient à Ernest Hoschedé et à sa femme Alice, née Raingo, une riche famille aux origines belges, qui y vivent avec leurs cinq enfants. En 1877, il peint une série de peintures à la gare Saint-Lazarre. Lors de leur troisième exposition en 1877, les peintres impressionnistes reprirent à leur compte le terme d’impressionnisme jugé approprié pour identifier leur style[21].
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Jean Monet sur son cheval à bascule, 1872
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Le Pont d'Argenteuil, 1874
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La Promenade, 1875
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Camille sur son lit de mort, 1879
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Michel Monet au pompon, 1880
Retour à Paris puis Vétheuil
Début 1878, Monet devant réduire son train de vie, il quitte Argenteuil pour s'installer provisoirement à Paris. Il réussit à payer in-extremis ses créanciers afin de ne pas avoir ses toiles saisies. Là, en mars 1878, Camille met au monde un second fils : Michel. Il y peint l'île de la Grande-Jatte ainsi que La Rue Montorgueil[22].
En août 1878, lui, sa famille et celle Hoschedé, emménage dans une petite maison à Vétheuil. L'ancien mécène a fait faillite du fait de ses spéculations sur les œuvres d'art. Camille tombée malade au milieu de l'année 1877, ne parvient pas à se rétablir dans ces conditions proches de l'insalubrité. En octobre 1878, il déménage dans le village vers une maison plus confortable. C'est une période difficile pour Monet. Camille décède le après de longues souffrances ; il la peint sur son lit de mort[23].
Début 1880, Monet peint les Débâcles et les Glaçons. Ernest Hoschédé étant souvent parti, Claude vit seul avec Alice et ses enfants. Ce mode de vie est montré du doigt par la société de l'époque. Cette même année, il retourne au Salon, où une des deux toiles présentées est acceptée : il s'agit d'un Lavacourt. Elle y est exposée à 6 m du sol. Georges Charpentier lui permet cependant d'exposer 18 de ses tableaux[24].
Durand-Ruel peut de nouveau acheter des tableaux à Monet début 1881. Ce dernier entreprend des voyages répétés sur la côte normande afin de travailler. En octobre 1881, il déménage avec sa famille et celle Hoschédé de Vétheuil à Poissy, n'ayant pas été capable de s'acquitter de son loyer. En le suivant, Alice rend publique la situation irrégulière qui est la leur, situation scandaleuse à l'époque. Le , la 7e exposition des artistes indépendants ouvre ses portes, c'est la dernière exposition des impressionnistes à laquelle participe Monet[25]. Il retourne ensuite sur la côte normande durant l'été puis durant l'hiver. Le , l'exposition sur ses œuvres qu'a organisée Durand-Ruel ouvre ses portes. Elle reste peu fréquentée et les ventes sont décevantes, mais les critiques dans la presse sont majoritairement positives[26].
Début à Giverny
Le , Monet loue le pressoir et son clos normand à Giverny près de Vernon et s’y installe alors définitivement avec Alice et leurs enfants. Il aménage la grande maison pour pouvoir y vivre avec sa nombreuse famille qui comprend ses propres fils Jean et Michel, Alice, sa seconde femme et ses six enfants. Au début, il n'est que locataire, mais il pourra acheter la maison et le jardin attenant en 1890 quand sa situation financière se sera améliorée. Fin 1883, il se rend d'abord avec Renoir, puis seul, à Bordighera, sur la côte d'azur[27].
En novembre 1884, commence sa longue amitié avec l’écrivain Octave Mirbeau, qui est désormais son chantre attitré et contribue à sa reconnaissance. À partir de 1885, il expose chez Georges Petit. À la fin de l'année, il annonce à Durand-Ruel son souhait de ne traiter qu'avec Petit. Pourtant, en 1886, Paul Durand-Ruel lui ouvre les portes du marché américain en nouant des liens avec l'American Art Association : la reconnaissance officielle qu’il obtient outre-Atlantique a pour contrecoup de développer le marché de l’art impressionniste en France dans les années 1890. Toujours la même année, Monet, habitué de la Manche, décide d'aller peindre à Belle-Île-en-Mer. Il y est interviewé par Gustave Geffroy, critique pour la Justice, qui devient un des plus fervents admirateurs du peintre. Début 1888, il retourne sur la côte d'azur du côté d'Antibes. Début 1889, il se rend dans la Creuse chez Maurice Rollinat par l'intermédiaire de Geffroy. En juin 1889, Auguste Rodin et Claude Monet exposent conjointement « Rien que vous et moi » dans la galerie parisienne de Georges Petit. Si le maître de Giverny reste contesté, l'exposition préfigure les succès qui suivent[28].
En 1889, Monet s'implique totalement pour le don de l'Olympia de Manet au Louvre. La très importante correspondance qu'il doit entretenir l'oblige à rester à Giverny[29].
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Mer agitée à Étretat, 1883
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Le Manneporte à Étretat, 1886
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Étretat sous la pluie, 1886
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Creuse, soleil couchant, 1889
Le temps des séries
Les Meules
L'année 1890 est une année charnière dans la vie de Monet. Les voyages de travail deviennent alors beaucoup plus rares. Il vient le temps des séries, genre pictural connu de son ami Boudin, et dont l’idée s'était imposée peu à peu avec les gares Saint-Lazare, puis par exemple en 1886 avec les deux Essais de figure en plein-air (la Femme à l’ombrelle tournée vers la droite et la Femme à l’ombrelle tournée vers la gauche), les Rochers de Belle-Île la même année et surtout La Petite Creuse en 1889, lors de son séjour à Fresselines. Cette période commence à proprement parler fin 1890 avec Les Meules. Ces imposants gerbiers de blé se trouvent proche de son domicile. Il a commencé à en peindre en 1888, mais l'année 1890 marque véritablement le début de la répétition inlassable du même motif à la recherche d'effets différents. Cet enracinement est confirmé par l'achat du clos de Giverny en automne 1890 pour 22 000 francs[30].
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Meules, milieu du jour
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Meules, soleil couchant
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Meules, effet de neige, temps couvert
Fin 1890, Ernest Hoschedé est alité, Alice, surement prise de remords, vient à son chevet. Il décède le [31].
Les Peupliers
En 1891, Monet peint la série Les Peupliers. Il paie le marchand de bois afin de retarder l'abattage de ces arbres qui se trouvaient à Limetz[32].
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Les peupliers, sous le soleil
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Les peupliers, dans le vent
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Les Peupliers, trois arbres roses, automne
Les Cathédrales de Rouen
En 1892, Monet se rend à Rouen et commence à peindre sa Série des Cathédrales de Rouen. Il peint depuis trois emplacements distincts en face de l’édifice et à différentes heures du jour. La même année, Suzanne Hoschédé rencontre Theodore Butler. Après un temps d'hésitation, les noces sont décidées. Monet utilise l'occasion pour épouser Alice le 16 juillet, Suzanne et Théodore se mariant le 20[33].
Le , à Giverny, il achète un terrain partiellement marécageux et traversé par un bras de rivière avec trois tableaux. Il est situé idéalement en face de la maison en contrebas du Chemin du Roy où passe une voie de chemin de fer, ce qui fera dire à Georges Clemenceau « et en plus, il a le train chez lui ! »[réf. souhaitée]. Il procède à de nombreux aménagements et crée le jardin d’eau avec son étang aux nymphéas. Il s'intéresse aussi de plus en plus au jardinage comme en témoigne sa visite au directeur du jardin des plantes de Rouen[34].
Il achève les cathédrales en atelier en 1894. Début 1895, il rend visite à Jacques Hoschédé à Christiana, l'actuel Oslo. Après son retour, l’exposition à la galerie Durand-Ruel ouvre ses portes le 10 mai. Si les avis sont partagés, Georges Clemenceau titre son article sur cinq colonnes Révolution des Cathédrales[35].
Début des nymphéas
En 1897, il débute les peintures de son jardin qu'il continuera jusqu'à la fin de sa vie. Dans l'affaire Dreyfus, Monet se range résolument du côté de Zola dès 1897, il signe notamment la pétition dite « manifeste des intellectuels » qui paraît dans le journal l'Aurore. Le début de l'année 1899 est marqué par le décès de Suzanne à trente-et-un ans, cette disparition affecte à la fois le peintre et sa femme, qui ne s'en remet jamais complètement[36].
En 1899, il commence à peindre son pont japonais sur le bassin, prélude aux nymphéas. C'est également à cette période qu'il érige un second atelier à côté de sa demeure[37].
Voyages à Londres
À l'automne de 1899, il effectue le premier d'une série de trois voyages à Londres afin de rendre visite à son fils Michel qui y vit depuis le printemps. Lors de séjours de 1899 à 1901, prolongés par son travail en atelier jusqu’en 1904, il peint une série de tableaux, sur le thème du brouillard de Londres sur la Tamise. La série Vues de la Tamise à Londres- 1900 à 1904 est exposée en mai et juin 1904 et est le plus grand triomphe de la carrière du peintre jusqu'alors[38].
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Le parlement, coucher de soleil
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Le parlement, reflets sur la Tamise
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Le Parlement, soleil couchant
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Charing Cross Bridge
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Waterloo Bridge
En 1900, les impressionnistes sont exposés à l'exposition universelle de Paris, signe de reconnaissance officielle. Leurs toiles, dont deux de Monet, sont placées dans le Grand Palais dans le cadre de l'exposition Centennale[39].
Les Nymphéas
Après Londres, Monet peint surtout la nature contrôlée : son propre jardin, ses nymphéas, son étang et son pont. Il a d'ailleurs fait agrandir l'étang en 1901 en rachetant une prairie située de l'autre côté de la Ru, le cours d'eau local. Il partage alors son temps entre travail sur nature et travail dans son atelier[40][41].
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Nymphéas, 1904
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Nymphéas, 1904
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Nymphéas, 1906
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Nymphéas, 1907
Venise
Claude Monet fait l'acquisition en décembre 1900 d'une automobile, surement une Panhard-Levassor. Il s'en sert pour se rendre en 1904 à Madrid pour un court séjour où il admire les œuvres de Velasquez ou du Greco. À l'automne 1908, il voyage à Venise où il réalise de nombreux tableaux qui ne seront livrés qu'en 1912 et exposée chez les frères Bernheim-Jeune[42].
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Palazzo da Mula
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Le Palais ducal
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Le Grand Canal
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Saint-Georges Majeur au crépuscule
En revenant de son voyage, Monet se décide, après plusieurs reports depuis 1906, à exposer ses nymphéas chez Durand-Ruel. L'exposition nommée Les Nymphéas, séries de paysages d'eau ouvre le et est de nouveau un succès. Toutefois, ce début d'année n'est pas qu'heureuse, en effet Alice est tombée malade en rentrant de Venise. Affaiblie par la mort de Suzanne, elle finit par décéder le . Entre-temps, l'année 1910 avait été marquée par les inondations et la destruction partielle du jardin de Giverny[43].
Cataracte et Grandes décorations
Monet traverse alors un moment difficile où il se contente de terminer ses peintures entamées. En 1912, une double cataracte est diagnostiquée chez le peintre. En 1914, il a la douleur de perdre son fils Jean[44].
L'idée de présenter les nymphéas dans une salle circulaire sous forme de décoration date au moins de mai 1909[45]. Elle se concrétise en 1914, Monet, encouragé par Clemenceau, retrouve l'envie de travailler en pleine Guerre mondiale. Afin de parvenir à ses fins, il fait construire pendant l'été 1915 un vaste atelier conçu spécialement pour accueillir ces grandes toiles. Ce projet l'occupe jusqu'à la fin de sa vie. En novembre 1919, Clemenceau lui conseille de se faire opérer les yeux. En 1920, le projet de faire donation des grandes peintures à l'État prend forme. Monet est entre-temps une personnalité respectée de tous. Son 80e anniversaire prend ainsi une allure d'événement national que le Président du Conseil des ministres Georges Leygues se propose d'honorer de sa présence, en vain[46].
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Grande décoration, entre 1914 et 1926
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Pour l'installation des grandes décorations plusieurs possibilités sont étudiées. On pense d'abord les mettre à l'hôtel Biron, où l'architecte Paul Léon doit réaliser une nouvelle construction spéciale dans les jardins, mais finalement la décision est prise en mars 1921 de les exposer à l'Orangerie. L'architecture revient alors à Camille Lefèvre[47].
Après de longues tergiversations, Monet finit par accepter avec réticence l'opération de l'œil droit réalisée par le docteur Charles Coutela le . Après deux autres opérations réussies, Monet voit certes mieux mais jauni. En plus du port de lunette, l'opération de l'œil gauche est préconisée, mais Monet la refuse catégoriquement. C'est à cette période qu'il peint certains de ses Le Pont japonais, qui choque le goût de l'époque. Il retouche également sans aucun répit les grandes décorations. Il pense d'ailleurs à plusieurs reprises revenir sur sa parole de donation, mais Clemenceau veille, n'hésitant pas à se quereller avec son ami[48].
Affaibli par le travail incessant, Monet finit par contracter une infection pulmonaire qui le cloue au lit en 1926. Son agonie prend fin le 5 décembre vers une heure de l'après-midi[49].
Décès
Lors de l'enterrement, Clemenceau aurait insisté pour qu’on ne recouvrit pas le corps d’un linceul noir, en expliquant que cela n'était pas convenable : « Non! Pas de noir pour Monet ! Le noir n’est pas une couleur ! »[50]. Il aurait alors arraché les rideaux aux motifs colorés de la fenêtre pour en recouvrir la dépouille du peintre[notes 1]. Il est enterré dans le cimetière de l’église Sainte-Radegonde de Giverny.
Les grandes décorations sont installées à l'Orangerie au cours des premiers mois de 1927. Son fils Michel hérite de l'intégralité des propriétés de Claude. En 1966, quand le premier se tue dans un accident de voiture, ses toiles reviennent à son légataire universel : le musée Marmottan[51].
Famille
- Claude Monet épouse en 1870 en premières noces, Camille Doncieux (1847–1879), avec qui il a deux enfants :
- Jean Monet (1867–1914), épouse en 1897 Blanche Hoschedé, sans postérité ;
- Michel Monet (1878-1966), sans postérité.
Monet n’a donc eu aucune postérité directe.
- Il épouse le 16 juillet 1892 en secondes noces Alice Hoschedé (1844–1911), qui a déjà six enfants de son premier mariage avec Ernest Hoschedé ; ces six enfants ne sont pas de Claude Monet (sauf peut-être le dernier, Jean-Pierre), mais celui-ci les élève :
- Marthe Hoschedé (1864–1925), épouse en 1900 Theodore Earl Butler (1861–1936), sans postérité ;
- Blanche Hoschedé (1865–1947), épouse en 1897 Jean Monet (1867–1914), sans postérité ;
- Suzanne Hoschedé (1868–1899), épouse en 1892 Theodore Earl Butler (1861–1936), deux enfants ;
- Jacques Hoschedé (1869–1941), épouse en 1896 une Norvégienne ;
- Germaine Hoschedé (1873–1968), épouse en 1902 Albert Salerou, et postérité ;
- Jean-Pierre Hoschedé (1877–1960), parfois dit fils naturel de Claude Monet, épouse en 1903 Geneviève Costaddau ; il a un fils, Maurice (1919–1977), et descendance, notamment l’animatrice de télévision Dorothée (1953).
Résidences de Monet
Claude Monet a déménagé à de nombreuses reprises avant de s'installer définitivement à Giverny. La carte ci-contre présente les principaux lieux :
- Paris : 1840 - 1845, 1859 - avril 1861, automne 1862 - mai 1867, automne 1871 - mai 1874, début 1878.
- Le Havre : 1845 - 1859, puis nombreux séjours dans les environs par exemple en 1867, 1868, 1874, 1881-1886, 1896
- Algérie, Mustapha : avril 1861 - été 1862.
- Londres : automne 1870 - mai 1871, puis trois séjours prolongés entre 1899 et 1901.
- Zaandam : juin 1871 - automne 1871, puis un séjour en hiver 1874, puis séjour à la Haye en 1886.
- Argenteuil : (voir 1) décembre 1871 - janvier 1878.
- Vétheuil : août 1878 - novembre 1881.
- Giverny : (voir 7) avril 1883 - sa mort.
Par ailleurs, Monet a beaucoup voyagé pour peindre. Outre les séjours dans sa famille au Havre et dans ses environs, il a peint à :
- I. Rouen, 1871, 1880, 1892 et 1893.
- II. Bordighera, début 1884, puis Antibes en 1888.
- III. Belle-Île-en-Mer, 1886.
- IV. La Creuse, 1889.
- V. Oslo, 1895.
- VI. Venise, 1908.
Monet se rend également à Madrid en 1904 mais n'y peint pas[52].
Adresse | Ville | Date d'arrivée | Date de départ | Remarques |
---|---|---|---|---|
45 rue Laffitte[2] | Paris | 14 novembre 1840 | environ 1845 | Naissance |
30 rue Epréménil[2] | Le Havre | environ 1845 | avril 1859 | Domicile parental |
35 rue Rodier[5] | Paris | fin mai - début juin 1859[53] | février 1860 | |
18 rue Pigalle[5] | Paris | février 1860 | 29 avril 1861 | |
Service militaire en Algérie | Mustapha | 29 avril 1861 | été 1862[7] | Retour à cause de maladie |
94 rue du Bac[54] | Paris | automne 1862 | Incertain | |
20 rue Mazarine[9] | Paris | au plus tard mars 1864 | décembre 1864 | Avec un atelier |
Séjour sur la côte normande et notamment à la ferme Saint-Siméon[9] | Honfleur | mi-mai 1864 | fin 1864 | |
6 rue de Furstemberg[9] | Paris | décembre 1864 | 15 janvier 1866 | Loué par Frédéric Bazille avec atelier |
Séjour à Fontainebleau au Cheval-Blanc puis au Lion d'Or[10] | Fontainebleau | courant 1865 | automne 1865 | |
1 Place Pigalle[10] | Paris | 15 janvier 1866 | mi avril 1866 | |
Chemin des Closeaux[10] | Ville-d'Avray | mi avril 1866 | hiver 1866 | |
Séjour sur la côte normande, hôtel Cheval-Blanc[11] | Honfleur | été 1866 | hiver 1866 | |
20 rue Visconti[11] | Paris | hiver 1866 | mai-juin 1867 | Chez Frédéric Bazille avec Renoir également |
Chez son père[11] | Sainte-Adresse | mai-juin 1867 | 1er mars 1868 | |
Auberge de Gloton[12] | Bennecourt | printemps 1868 | fin juin 1868 | |
Chez son père[14] | Sainte-Adresse | fin juin 1868 | octobre 1868 | |
Château des Ardennes-Saint-Louis[14] | Montivilliers | octobre 1868 | fin 1868 | Chez M. Gaudibert |
13 rue Fontenelle[14] | Le Havre et Étretat | fin 1868 | juin 1869 | |
Hameau Saint-Michel[14] | Bougival | juin 1869 | début été 1870 | Renoir est souvent présent |
Hôtel Tivoli[55] | Trouville | début été 1870 | automne 1870 | |
II, Arundel Street[56] | Londres | automne 1870 | janvier 1871 | |
I, Bath Place[56] | West Kensington | janvier 1871 | fin mai 1871 | |
Hôtel de Beurs[57] | Zaandam | 2 juin 1871 | automne 1871 | |
Hôtel de Londres et de New York[58] | Paris | automne 1871 | fin décembre 1871 | |
8 Rue de l'Isly[58] | Paris | automne 1871 | fin mai 1874 | Ancien atelier de peinture d'Amand Gautier, loyer annuel 450 francs |
Maison Aubry[18] | Argenteuil | fin décembre 1871 | 18 juin 1874 | Loyer annuel de 1000 francs |
Séjour à Rouen[59] | Rouen | mars 1871 | mars 1871 | |
Séjour au Havre[20] | Le Havre | janvier 1874 | ||
Séjour à Amsterdam[20] | Amsterdam | fin hiver 1874 | ||
Pavillon[60] | Argenteuil | 18 juin 1874 | janvier 1878 | Loyer annuel de 1400 francs |
Travail au château de Rottembourg[61] | Montgeron | août ou septembre 1876 | décembre 1876 | |
17 rue Moncey[61] | Paris | janvier 1877 | Pour peindre la gare Saint-Lazare, payé par Caillebotte | |
26 de la rue d'Édimbourg[22] | Paris | janvier 1878 | août 1878 | Loyer de 1 360 francs par an |
Route de Mantes[23] | Vétheuil | août 1878 | ||
Maison de Mme Elliott[23] | Vétheuil | novembre 1881 | Loyer de 600 francs par an, date de départ incertaine | |
20 rue de Vintimille[23] | Paris | Pour traiter ses affaires à Paris, au nom de Caillebotte jusqu'en avril 1880 | ||
Séjour au Havre puis Rouen[25] | Le Havre | mi-septembre 1880 | ||
Séjour à Fécamp[25] | Fécamp | |||
Séjour à Trouville et Saint-Adresse[25] | Trouville | fin août 1881 | ||
Villa Saint-Louis[25] | Poissy | |||
Séjour à Dieppe, Hôtel Victoria, Puis Pourville[25] | Dieppe | début 1882 | début 1882 | |
Séjour à Pourville et Varengeville[26] | Pourville | début avril 1882 | ||
Villa Juliette[26] | Pourville | Avec Alice et les enfants | ||
Séjour au Havre puis Étretat, hôtel Blanquet[26] | Le Havre, Étretat | |||
Maison de Giverny[27] | Giverny | Sa mort | Loué à Louis-Joseph Singeot, | |
Séjour à Bordighera[27] | Bordighera | fin 1883, puis 17 janvier 1884 | D'abord avec Renoir puis seul | |
Séjour sur la côte normande[28] | Étretat | août 1884 | août 1884 | |
Séjour sur la côte normande, dans la maison de Faure, puis hôtel Blanquet[28] | Étretat | été 1885 | mi décembre 1885 | Alice et les enfants restent jusqu'au 10 octobre, rencontre avec Maupassant |
Séjour sur la côte normande[28] | Étretat | janvier 1886 | mars 1886 | |
Séjour chez le baron d'Estournelles de Constant[28] | La Haye | 6 mai | ||
Séjour à Belle-Île-en-Mer[28] | Belle-Île-en-Mer | Passage de Gustave Geoffrey, puis Mirbeau | ||
Séjour à Londres[28] | Londres | mi 1887 | 12 jours | Rend visite à Whistler |
Séjour sur la côte d'azur, château de la Pinède[28] | Antibes | début 1888 | ||
Séjour à Londres[28] | Londres | juillet 1988 | Visite à Sargent | |
Séjour dans la Creuse[28] | Fresselines | mi-février 1889 | fin février 1889 | Chez Maurice Rollinat |
Séjour dans la Creuse[28] | Fresselines | 6 mars 1889 | mi mai 1889 | Chez Maurice Rollinat |
Séjour à Londres[62] | Londres | Fin 1891 | Fin 1891 | Passage chez Whistler et présentation devant le club de Chelsea |
Séjour à Rouen, hôtel d'Angleterre[63] | Rouen | début février 1892 | mi-avril 1892 | Visite à son frère Léon |
Séjour à Rouen, hôtel d'Angleterre[34] | Rouen | début 1893 | ||
Séjour à Christiana, puis à Björnegaard près de Sandviken[35] | Oslo | fin janvier 1895 | Visite à Jacques Hoschedé, rencontre avec Eugène de Suède | |
Séjour à Pourville[64] | Pourville | mi-février 1896 | début avril 1896 | |
Séjour à Londres, hôtel Savoy[65] | Londres | automne 1899 | 25 octobre 1899 | |
Séjour à Londres, hôtel Savoy[66] | Londres | début 1900 | 5 avril 1900 | Contacts avec les Hunter |
Séjour à Londres, hôtel Savoy[67] | Londres | début février 1901 | mars 1901 | Contacts avec les Hunter |
Séjour à Vétheuil[68] | été 1901 | été 1901 | ||
Séjour à Madrid[42] | Madrid | 14 octobre 1904 | début novembre | Monet voit les Velasquez et le Greco |
Séjour à Venise, au Palazzo Bardoro, puis grand Grand Hôtel Britannia[42] | Venise | 25 septembre 1908 | 7 décembre 1908 | Avec Alice et les Hunter chez Daniel Curtis |
Séjour en Suisse | Saint-Moritz[46] | mi-février | mi-février | Avec Michel et les enfants Butler |
Méthodes de travail
Travailler sur nature
Monet laisse se répandre l'idée qu'il ne peint que sur nature. Ainsi en avril 1880 devant un journaliste lui demande à voir son atelier il s'exclame : « Mon atelier ! Mais je n'ai jamais eu d'atelier, moi, je ne comprends pas qu'on s'enferme dans une chambre. Pour dessiner, oui : pour peindre, non ». Il désigne ensuite la Seine, les collines et Vétheuil et dit : « Voilà mon atelier à moi[24] ! »
Daniel Wildenstein tient à rétablir la vérité : Monet a bel est bien terminé de nombreuses de ses toiles en atelier. Du Déjeuner sur l'herbe[10] en passant par Les Glaçons[24], puis toutes les Cathédrales[35], les vues de Londres, de Venise et les Nymphéas. La construction d'ateliers en 1899[37] et 1915, attestée par des photographies et les permis de construire, ne viennent que confirmer l'évidence[46].
Certes Monet ne travaille pas de mémoire, il utilise en fait les autres toiles d'une série pour se remémorer le motif en atelier. Il semble qu'il utilise aussi parfois des photographies, comme pour finir les toiles de Londres[42].
Un travailleur courageux et exigeant
Monet est très travailleur, il travaille souvent « comme un forcené », ou avec une « ardeur décuplée »[26] et en plein air par tous les temps, étonnant par son endurance[69]. À Étretat, il n'hésite pas à s'aventurer avec tout son matériel dans le sentier de la valleuse de Jambourg qui descend du sommet des falaises à leurs pieds pour peindre sous un meilleur angle et à Belle-Île, il fait fi de la tempête pour aller travailler[28].
Souvent ce mode de travail l'exténue, et Monet connait des alternances de périodes très assidues avec des périodes de démoralisation où il pense « tout planter là »[25],[28],[26]. Il profite en général de la période hivernale pour se reposer[46].
Monet est en outre un éternel insatisfait. À propos des Meules, il déclare : « Plus je vais, plus je vois qu'il faut beaucoup travailler pour rendre ce que je cherche »[30]. Monet gratte ou détruit parfois ses toiles. Ainsi en revenant dans le pays de Caux après un séjour à Paris début 1882, il gratte deux toiles[26]. Particulièrement à la fin de sa carrière, il détruit de nombreuses toiles : trente en 1907. Il explique : « Je dois veiller à ma réputation d'artiste pendant que je le puis. Lorsque je serai mort, personne ne détruira un seul de mes tableaux, quelque mauvais soit-il »[42]. Dans cette logique, peu avant sa mort, il fait détruire par sa belle-fille Blanche de nombreux tableaux[49].
Vers la fin de sa vie son emploi du temps devient très réglé, comme à Londres[70]. En 1908, la journée estivale est divisée comme suit : la matinée et début de l'après-midi séparés par le déjeuner sont occupés par le travail, ainsi que la fin de journée. De trois à cinq voire six heures, Monet effectue une pause où il reçoit ses invités. La fermeture des nénuphars est la cause de cette interruption. Le travail au soir permet de capter des effets de fin de jour[42].
Jardinier
Début 1893, la construction du bassin aux nymphéas correspond à un accroissement de l'intérêt de Monet pour le jardinage. Ainsi, il rend visite à M. Varenne, directeur du Jardin des plantes de Rouen. Il achète également de nombreuses plantes aux jardiniers de Rouen[35]. Monet est assurément plus homme des champs qu'intellectuel[71]. À propos du jardinage, Monet déclare : « Qu'y a-t-il à dire de moi? Que peut-il y avoir à dire, je vous le demande, d'un homme que rien au monde n'intéresse que sa peinture - et aussi son jardin et ses fleurs[72] ».
Méthodes de peinture
Monet n'aurait, d'après ses admirateurs, pas eu recours aux croquis ni aux aquarelles. Pour le peintre, le premier contact avec le motif revêt une importance primordiale. Il prend le pinceau en main. « Il commence brusquement à couvrir [une toile blanche] de plaques de couleurs qui correspondent aux taches colorés que lui donne la scène naturelle entrevue ». Dès la première séance, la toile doit être couverte autant que possible sur son étendue. Sur une toile ébauchée, Monet peint à « pleine pâte, sans mélange, avec quatre ou cinq couleurs franches, en juxtaposant ou superposant les tons crus »[28]. Monet renonce d'ailleurs aux bases sombres dès 1865[11]. Ainsi, une étude à laquelle Monet a travaillé une fois est revêtue de traits épais d'environ un demi centimètre et distants l'un de l'autre de deux centimètres, lesquels sont destinés à fixer l'aspect de l'ensemble. Le lendemain, revenu sur les lieux, il ajoute à la première esquisse et les détails s'accentuent, les contours se précisent. Ainsi, sur une toile qui a bénéficié de deux séances, les traits sont nettement plus rapprochés et le sujet commence à prendre forme. Un tableau doit être poussé aussi loin que l'artiste le juge nécessaire, lui seul pouvant déterminer le moment à partir duquel il est impossible d'aller plus loin. Il accorde aussi beaucoup d'importance aux détails[29],[24].
Ses tableaux comme Le Bassin aux nymphéas, harmonie verte, ou harmonie rose révèlent plus de 70 000 touches par m2[73].
La recherche des effets
À partir du temps de séries, Monet recherche les effets dans ses toiles. Il travaille sur plusieurs toiles en parallèle. Déjà en 1885, Maupassant note que « il allait, suivi d'enfants qui portaient ses toiles, cinq ou six toiles représentant le même sujet à des heures diverses et avec des effets différents. Il les prenait et les quittait tour à tour, suivant les changements du ciel. »[28]. Il ne travaille que quand il a son effet[30]. Cette méthode se développe avec le temps, pour les vues de Londres il peint sur plus de quinze toiles en parallèle, les vingt-deux toiles des Grandes décorations sont peintes aussi en même temps[74].
Style
Influences
Des autres peintres
Boudin est la première influence de Monet en l'initiant aux paysages[4]. Son ami Johan Barthold Jongkind a certainement également influencé ses premières années[7]. Charles Gleyre lui enseigne par la suite la peinture de manière structurée[8]. Les membres du groupe des impressionnistes constitué de Pierre-Auguste Renoir, Alfred Sisley et Camille Pissarro s'influencent sans aucun doute mutuellement, comme c'était le cas avec son camarade Frédéric Bazille auparavant[75]. On sait également, que Claude Monet appréciait le travail d'Eugène Delacroix[9]. Lors de son voyage à Londres, il va voir les œuvres de Turner et John Constable qui l'ont certainement marqué[56]. Édouard Manet échange aussi avec Monet lors de son séjour à Argenteuil[29].
Japonaises
La peinture de Monet est influencée par l'art japonais. Il porte ainsi un intérêt particulier aux estampes peintes par Hiroshige et Hokusai[19]. Il réalise d'ailleurs la Japonaise en 1875, un tableau dont la facture tranche diamétralement avec ses autres œuvres[21]. Le , Monet se rend à une exposition organisée par Durand-Ruel : elle est consacrée aux estampes d'Outamaro et de Hiroshige. Ce rendez-vous revêt pour lui une grande importance car il s'accorde parfaitement avec son cheminement artistique à la même époque[34]. Sa salle à manger de Giverny est par ailleurs décorée avec des estampes japonaises[35]. Enfin, une autre série de peintures qui dénote l'influence du Japon sur son art est paradoxalement celle ayant pour sujet des paysages norvégiens, notamment avec des vues du pont de Løkke, puisque ce coin de Sandviken lui faisait penser à « un village japonais ». Le mont Kolsås lui faisait en fait « songer au Fujiyama »[35].
Synthèse de son style
Monet désirait saisir le réel dans « la mobilité de ses lumières changeantes ». Son intérêt se porte sur les effets de lumière qui changent suivant les heures et les saisons. L’évolution de l’industrie donnera à Monet un nouvel essor pour ses paysages, c’est à travers l’urbanisation que le genre se renouvellera. Par exemple, il peint en 1877 La Gare Saint-Lazare. À cette époque, ces lieux étaient considérés comme utile et sans valeur esthétique. Monet s’exerce à représenter aussi bien des paysages que des portraits. Toutefois il reste dans l’optique de montrer la lumière et de restituer les sensations premières. Pour ce faire, il réfléchit à la mise en scène qui pourrait représenter au mieux la mouvance de la lumière. La répétition du motif n’est qu’un prétexte pour le peintre, l’objet représenté importe bien moins que l’évolution du sujet au cours des heures
Monet et l'argent
Claude Monet a eu un début de carrière difficile sur le plan financier. Si les premières années sa Tante Lecadre lui vient en aide, dès 1864, il doit demander de l'aide à Bazille. Monet commence alors à accumuler les dettes, ne serait-ce que pour acheter son matériel de peinture[9]. Monsieur Gaudibert par ses commandes lui vient en aide notamment en 1868[14]. L'arrivée à Argenteuil fin 1871, marque le début d'une situation financière meilleure, causée par l'héritage de son père et la dot de sa femme[19]. Toutefois l'arrêt des achats de Durand-Ruel en 1874 correspond à un retour des soucis d'ordre pécuniaire. Rapidement le loyer devient un problème, les dettes s'accumulent[60]. Il doit sa survie à l'aide de Manet[60], du docteur Bellio, de Gustave Caillebotte et d'Ernest Hoschedé[76].
Malgré ses difficultés financières, Monet est assez dispendieux. À Argenteuil, il dispose ainsi de deux domestiques auxquels s'ajoute un jardinier. Il consomme également abondamment de vin. Enfin, la famille acquiert un instrument de musique, sûrement un piano [réf. souhaitée]. En arrivant à Vétheuil, les Hoschédés gardent leurs domestiques malgré leur faillite[23].
Monet a l'habitude de faire patienter ses créanciers. Par conséquent, des huissiers viennent souvent lui rendre visite, il a contracté des dettes datant de plus de 10 ans[77]. Ainsi en 1885, encore il est menacé par une saisie pour une affaire jugée en 1875[28].
En 1879, il dépend quasiment intégralement des aides Caillebotte pour sa survie. Pourtant, les Hoschedé continuent à avoir des domestiques[23]. À Vétheuil également les créanciers défilent[24]. En 1881, malgré la progression des revenus, Monet ne peut s'acquitter de son loyer et cumule en décembre 2 962 francs[25]. Il a l'habitude de payer tardivement ses créanciers[26]. En 1885 encore il est menacé par une saisie pour une affaire jugée en 1875[28]. En 1887, il possède des actions, ce qui indique qu'il épargne[28]. En 1890, il achète la maison de Giverny et l'année suivante il prête de l'argent à Pisarro, les dures années sont derrière lui[30].
Par la suite, il connaît un certain embourgeoisement avec notamment l'achat d'une voiture[42]. Durand-Ruel résume en déclarant que « Monet fut toujours un jouisseur »[46].
Monet n'est pas toujours très généreux. Ainsi à Bordighera, alors que son hôte M. Moreno l'invite dans les jardins de sa villa, les Jardins Moreno, assume les frais de chemin de fer et paie le restaurant, Monet lui offre en échange... une pomme[27]. Il ne se montre pas plus généreux envers Rollinat ou E. Mauquit qui l'accueillent respectivement dans la Creuse et à Rouen[78]. Ses amis Boudin ou Pissaro n'étant pas mieux lotis[79].
Ce n'est qu'à partir 1910, qu'il semble détendre les cordons de sa bourse. Cette année-là non seulement il offre une Tamise à Charing Cross pour les sinistrés de l'inondation, mais en plus il vend à la ville du Havre trois tableaux pour 3 000 francs [43]. La donation de grandes décorations à l'État confirme ce changement de mentalité chez le peintre[46].
Année | Somme (francs) | Remarques |
---|---|---|
1857 et 1858 | 2 000[5] | Portraits à charge au Havre |
1872 | 12 100[80] | 9 800 francs proviennent des seuls achats de Durand-Ruel |
1873 | 24 800[19] | Surtout Durand-Ruel (au moins 12 100 francs |
1874 | 10 554[60] | Principaux clients : Faure et Hoschedé |
1875 | 9 765[81] | Environ 15 clients directs |
1876 | 12 313[82] | Dont 2020 pour La Japonaise. Le Dr de Bellio fait son premier achat. |
1877 | 15 197[83] | |
1878 | 12 500[25] | |
1879 | 12 285[25] | |
1880 | 13 938[25] | |
1881 | 20 400[25] | Reprise des achats de Durand-Ruel, quasi-exclusivité |
1882 | >24 700[26] | Durand-Ruel, quasi-exclusivité, mention de Petit également |
1883-1891 | mal connu | Augmentation progressive des gains, acheteurs : Durand-Ruel, Theo Van Gogh, Petit, Boussod et Valadon |
1892 | >100 000[33] | Somme de Durand-Ruel et Boussod |
1898 | 173 500[84] | |
1899 | 227 400[84] | |
1900 | 213 000[67] | |
1901 | 127 500[40] | |
1902 | 105 000[85] | |
1903 | 0[85] | |
1904 | 271 000[86] | |
1912 | 369 000[44] | Durand-Ruel et Bernheim |
Caractère
Le caractère de Monet n'est pas toujours facile. Il a ainsi une certaine réputation de sauvagerie[52], Clemenceau le nomme son « vieux hérisson sinistre »[87]. Mais Claude Monet est certes capable d'élans généreux comme de colères brutales, mais il préfère aux positions extrêmes la solution de compromis et d'équilibre, c'est en somme un conciliateur, un modéré qui laisse de propos délibéré les attitudes héroïques à d'autres[88].
Il est un peu ingrat, ainsi lors de ses premières participations au salon en 1865 et 1866, Monet ne déclare pas Gleyre comme étant son maître alors que cela est recommandé. Pourtant le vieil homme, membre du jury en 1866, n'a pas la dent dure et défend le premier[10]. Mais la principale victime de ce trait de caractère est sans conteste Durand-Ruel, qui alors qu'il l'a fait vivre pendant de nombreuses années se voit souvent concurrencer par d'autres marchands d'art comme Georges Petit fin 1885 ou en 1888. Durand-Ruel a beau n'être nullement rancunier et faire mille preuves de dévouement[28],[70], cela ne l'empêche pas de recevoir un mandat de 75 francs en 1897[89].
Liste de ses principaux tableaux
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Musées
Claude Monet est exposé dans les plus grands musées du monde : au MoMA[91], à la National Gallery of Art[92], à la National Gallery[93], au Musée Thyssen-Bornemisza[94], au Rijksmuseum[95] et à la Neue Pinakothek[96]. Quelques œuvres sont également exposées au Musée national des beaux-arts d'Alger.
En France, le musée Marmottan-Monet possède la plus importante collection publique d'œuvres de Claude Monet. Le Musée de l'Orangerie expose les grandes décorations conformément à la volonté de l'artiste. Le Musée d'Orsay possède également une importante collection de ses tableaux.
En province, le musée d’art moderne André-Malraux au Havre expose notamment les œuvres Soleil d'hiver à Lavacourt, Le Parlement de Londres ou encore une œuvre de la série des Nymphéas[97].
Par ailleurs, la maison du peintre à Giverny et son jardin sont préservés et ouverts au public par la Fondation Claude Monet[98].
Postérité
Marché de l'art
Les tableaux de Claude Monet sont très disputés aux enchères. Relativement peu sont en vente : en 2004 il y a eu 26 ventes, 22 en 2005 et 28 en 2006. Parmi les ventes connues, on dénombre :
- En 1989, un des nymphéas est vendu pour 10,5 millions de dollars, puis revendu en novembre 2005 pour deux millions de plus.
- En 1998, un autre nymphéas, de 1900, est vendu 19,8 millions de Livres chez Sotheby’s[99].
- Un des tableaux de la série de la Tamise a été vendu frais compris pour presque 18 millions de Livres en 2007 chez Christie's à Londres[100].
- En juin 2007, un autres nymphéas, de 1904, est acheté 18,5 millions de Livres par un collection asiatique chez Sotheby’s[99].
- Dans la prairie, vendu le 4 février 2009 chez Christie's, Londres pour 11,2 millions £ (12,4 millions €) avec les frais[101].
- En 2012, un Nymphéas de 1905 a été vendu plus de 43 millions de dollars chez Christie's[102].
- Un autre Nymphéas, peint en 1907, a été vendu le 5 mai 2014 chez Christie's à New-York, pour 27,045 millions de dollars soit 19,413 millions d'euros[103].
En 2008, ses peintures ont établi deux records :
- Le Pont du chemin de fer à Argenteuil, vendu le 6 mai 2008 chez Christie's, New York pour 41 481 000 $US soit 26 834 058 euros avec les frais[104].
- Le bassin aux nymphéas, vendu le 24 juin 2008 chez Christie's, Londres pour 40 921 250 £ soit 51 757 197 euros avec les frais[105].
Littérature
Claude semble avoir partiellement inspiré le roman de Zola L'Œuvre de 1886[28]. Marcel Proust est également inspiré par le travail de Monet et admire fortement les impressionnistes. Dans le roman Jean Santeuil, Claude Monet est plusieurs fois évoqué, un collectionneur de Rouen achetant ses toiles, tout comme dans Sodom et Gomorrhe[106].
Il est également cité à plusieurs reprises dans le roman intitulé Aurélien de Louis Aragon (1944 pour la seconde édition) , notamment lorsque les personnages font une sortie à Giverny pour le rencontrer car Rose Melrose souhaite qu'il fasse son portrait.
Autres romans faisant référence au peintre:
Adrien Goetz, Intrigue à Giverny, Paris, Grasset, 2014, 21 cm, 304 p. (ISBN 978-2-246-80435-2)
Peinture
Claude Monet est représenté par plusieurs de ses amis du groupes impressionniste. Ainsi Renoir, le peint trois fois, Manet une fois, Sargent une fois.
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Monet lisant, par Renoir, 1872.
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Monet peignant dans son jardin en 1873 par Renoir
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Pierre-Auguste Renoir:Portrait de Monet, 1875
-
Monet peignant dans son atelier de Manet en 1874
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John Singer Sargent : Monet peignant à l’orée d'un bois, 1885.
Cinéma
En 1915, Sacha Guitry le présente parmi d'autres dans le film Ceux de chez nous[46].
Le Monet de la peinture Pont sur la Seine à Argenteuil de 1874 inspire le titre du film Vanilla Sky de 2001.
Fleur
Une rose panachée de rose et de jaune a été baptisée de son nom par la maison Delbard en 1992, la rose Claude Monet.
Annexes
Bibliographie
- (en) Collectif, Monet et l’abstraction, Vanves, France, Éditions Hazan, , poche, 176 p. (ISBN 978-2-7541-0479-1).
- Michel de Decker, Claude Monet, Pygmalion,
- Dictionnaire Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, vol. 9, éditions Gründ, , 13 440 p. (ISBN 978-2-7000-3019-8 et 2-7000-3019-2), p. 748–752.
- Jill Berk Jiminez et Joanna Banham, Dictionary of artists’ models, Taylor & Francis, (lire en ligne), « Camille Doncieux »
- Alexandre Duval-Stalla, Claude Monet - Georges Clemenceau : une histoire, deux caractères, Gallimard,
- Gustave Geffroy, Claude Monet, sa vie, son œuvre, Paris, Macula, (ISBN 2-86589-018-X), édition présentée et annotée par C. Judrin.
- Jacques-Sylvain Klein, Lumières normandes, les hauts-lieux de l'impressionnisme, Point de vues,
- Jacques-Sylvain Klein, La Normandie, berceau de l'impressionnisme, Ouest-France,
- Stéphane Lambert, L'Adieu au paysage : les Nymphéas de Claude Monet, La Différence, 2008.
- Terry W. Strieter, Nineteenth-century European art: a topical dictionary, Greenwood Publishing Group, (lire en ligne), « Hoschedé, Mme. Alice », p. 103-104
- Daniel Wildenstein, Monet ou le Triomphe de l'Impressionnisme, Cologne, Taschen, (ISBN 978-3-8365-2322-6)
Lien externe
- « Exposition Monet 2010 au Grand Palais Galerie interactive de ses principaux tableaux » (consulté le 12 mars 2014)
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Union List of Artist Names • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Institut central pour le registre unique • Bibliothèque nationale de la Diète • Bibliothèque nationale d'Espagne • WorldCat
Notes et références
Notes
- ↑ Raconté par Sacha Guitry dans Ceux de chez nous.
Références
- ↑ Sylvie Patin, Monet "Un œil... mais bon Dieu, quel œil!", Découvertes Gallimard,
- 1 2 3 Wildenstein 1996, p. 9-10
- ↑ Wildenstein 1996, p. 11-15
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 16-20
- 1 2 3 4 Wildenstein 1996, p. 17-35
- ↑ Geffroy 1994, p. 32
- 1 2 3 Wildenstein 1996, p. 36-42
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 43-52
- 1 2 3 4 5 6 Wildenstein 1996, p. 52-56
- 1 2 3 4 5 6 Wildenstein 1996, p. 58-60
- 1 2 3 4 5 Wildenstein 1996, p. 60-68
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 70
- ↑ Anthony Lacoudre, Ici est né l'impressionnisme : guide de randonnées en Yvelines, préface Claude Bonin-Pissarro, Éd. du Valhermeil, 2003, (ISBN 2913328415 et 9782913328419), p. 35
- 1 2 3 4 5 6 Wildenstein 1996, p. 72-78
- ↑ Bruno Delarue, Les peintres à Trouville, Deauville et Villerville : 1821-1950, Éditions Terre en vue
- ↑ Pierre Leprohon, L'univers des peintres, 1830-1930, A.G.A., 1985, p. 129
- ↑ Wildenstein 1996, p. 84-90 et 234
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 92
- 1 2 3 4 Wildenstein 1996, p. 100
- 1 2 3 Wildenstein 1996, p. 108
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 112-128
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 130-134
- 1 2 3 4 5 6 Wildenstein 1996, p. 135-146
- 1 2 3 4 5 Wildenstein 1996, p. 147-163
- 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Wildenstein 1996, p. 164-176
- 1 2 3 4 5 6 7 8 9 Wildenstein 1996, p. 177-188
- 1 2 3 4 Wildenstein 1996, p. 189-200
- 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 Wildenstein 1996, p. 201-252
- 1 2 3 Wildenstein 1996, p. 253-268
- 1 2 3 4 Wildenstein 1996, p. 268-270
- ↑ Wildenstein 1996, p. 268-276
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- 1 2 3 Wildenstein 1996, p. 288-290
- 1 2 3 4 5 6 Wildenstein 1996, p. 291-308
- ↑ Wildenstein 1996, p. 318-330
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 334
- ↑ Wildenstein 1996, p. 336 et 362
- ↑ Wildenstein 1996, p. 348
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 352
- ↑ « Les Nymphéas, Claude Monet »
- 1 2 3 4 5 6 7 Wildenstein 1996, p. 362-382
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 387-395
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 395-400
- ↑ Wildenstein 1996, p. 390
- 1 2 3 4 5 6 7 Wildenstein 1996, p. 400-414
- ↑ Wildenstein 1996, p. 416-422
- ↑ Wildenstein 1996, p. 424-442
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 444-456
- ↑ Wildenstein 1996, p. 456-458
- ↑ Wildenstein 1996, p. 458-462
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 367
- ↑ Il a logé à l'hôtel Nouveau-Monde, place du Havre, entre les deux dates, cf Wildenstein 1996, p. 22
- ↑ À son retour d'Algérie Monet retourne dans sa famille au Havre, cf. Wildenstein 1996, p. 40
- ↑ Wildenstein 1996, p. 82
- 1 2 3 Wildenstein 1996, p. 86
- ↑ Wildenstein 1996, p. 88
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 90
- ↑ Wildenstein 1996, p. 94
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- ↑ Wildenstein 1996, p. 280
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- ↑ Wildenstein 1996, p. 310
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- 1 2 Wildenstein 1996, p. 350
- ↑ Wildenstein 1996, p. 356
- ↑ Wildenstein 1996, p. 302 et 310
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 340
- ↑ Wildenstein 1996, p. 326
- ↑ Wildenstein 1996, p. 304
- ↑ Jean-Noël Bret, Michel Guérin, Marc Jimenez, Penser l'art, Klincksieck, 2009, p. 49
- ↑ Wildenstein 1996, p. 342, 400-450
- ↑ Wildenstein 1996, p. 46 et 106
- ↑ Wildenstein 1996, p. 120
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- ↑ Wildenstein 1996, p. 280-284
- ↑ Wildenstein 1996, p. 98
- ↑ Wildenstein 1996, p. 117
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- 1 2 Wildenstein 1996, p. 338
- 1 2 Wildenstein 1996, p. 360
- ↑ Wildenstein 1996, p. 364
- ↑ Wildenstein 1996, p. 436
- ↑ Wildenstein 1996, p. 322
- ↑ Wildenstein 1996, p. 320
- ↑ Catalogue de l'exposition Paul Durand-Ruel, musée du Luxembourg 2014-2015, Beaux-Arts éditions n°hors-série, p.30/58
- ↑ (en) « Claude Monet (French, 1840–1926) », sur MoMA (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ (en) « Tour: Claude Monet: The Series Paintings », sur NGA (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ « Claude Monet », sur national gallery (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ (en) « Biography and Works », sur museothyssen (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ (nl) « Claude Monet (1840-1926) », sur Rijksmuseum (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ (de) « Claude Monet (1840-1926) », sur Pinakothek (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ « Impressionnisme au MuMa »
- ↑ « Fondation Claude Monet » (consulté le 12 mars 2014)
- 1 2 (en) « Monet's Nymphéas Sells For $36.7 M at Sotheby's » (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ (en) « Claude Monet (1840-1926), Waterloo Bridge, temps couvert », sur Christies (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ (en) « Claude Monet’s Dans la Prairie Sells for $16,164,918 at Christie’s Auction of Impressionist and Modern Art » (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ (en) « Claude Monet (1840-1926), Nymphéas », sur Christies (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ Des nymphéas de Monet vendus 27 millions de dollars chez Christie's, sur le site 20minutes.fr, consulté le 8 mai 2014
- ↑ (en) « Claude Monet (1840-1926), Le Pont du chemin de fer à Argenteuil », sur Christies (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ (en) « Claude Monet (1840-1926), Le bassin aux nymphéas », sur Christies (consulté le 12 mars 2014)
- ↑ (de) « Claude Monet, Marcel Proust, die normannische Küste und der Wegfall der Grenzlinie » (consulté le 11 mars 2014)
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