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Saturnisme

Saturnisme

Saturnisme

Classification et ressources externes

Description de cette image, également commentée ci-après

Radiographie d'un genou humain montrant une ligne métaphysaire radio-opaque, fortement évocatrice du saturnisme

CIM-10 T56.0
CIM-9 984.9
DiseasesDB 7307
MedlinePlus 002473
eMedicine article/815399 
MeSH D007855
Mise en garde médicale
Aux États-Unis, de 1976 à 1980, la diminution des taux de plomb dans l'air (plomb issu de l'essence plombée) a été nettement corrélée à celle de la plombémie (taux de plomb dans le sang). En France, selon l'INSERM[1],[2], la plombémie (taux de plomb dans le sang) moyenne est ainsi passée de 125 μg·l-1 à 65 μg·l-1 en 1998, soit encore près de 3 fois plus qu'aux États-Unis en 1991-1994 (23 μg·l-1). Depuis, la moyenne est même aux États-Unis tombée à 16 μg·l-1 en 1999-2002[3]

Le saturnisme est la maladie correspondant à une intoxication aiguë ou chronique par le plomb. Ce nom fait référence à la planète Saturne, symbole du plomb en alchimie.

À la différence de la plupart des métaux, le plomb n'a aucun rôle utile connu dans l'organisme humain, animal, fongique ou végétal. Il est toxique au niveau cellulaire, quelle que soit sa concentration.

Chez l'Homme, le seuil légal de danger ou quantité maximale tolérée est en France de 100 μg de plomb par litre de sang alors qu'elle était de 400 μg en 1976[4], mais des auteurs estiment que des effets sur le cerveau et la cognition apparaissent avant ce taux, quelle que soit la dose. Le jeune enfant, le fœtus et l'embryon y sont beaucoup plus exposés que l'adulte. Le saturnisme est une maladie ancienne (comme le montrent certaines analyses de plomb faites sur des ossements anciens[5]) et connue des anciens[6],[7] qui peut avoir des conséquences importantes en termes de santé publique, même à faibles doses[8], notamment parce que le plomb est facteur de débilité mentale quand il contamine l'embryon ou le fœtus et il affecte les capacités d'apprentissage chez l'enfant (il a les mêmes effets chez des animaux invertébrés réputés primitifs[9]) ; certains auteurs soupçonnent qu'elle ait pu jouer un rôle dans le déclin[10],[11] puis l'effondrement de l'empire romain à cause de la diffusion et utilisation de vaisselle et objets de plomb (dont récipients de cuisson, tuyauteries, réservoirs…) ou d'étains et d'émaux de poteries contenant du plomb chez les riches familles de l'aristocratie romaine, les vapeurs de plomb émises par les fonderies romaines de l'antiquité ayant même eu des retombées jusque dans les régions polaires[12].

À la suite des récents progrès de la chimie analytique et pour mieux détecter ce type de risque, des praticiens et chercheurs hospitaliers ont récemment (2010) proposé de compléter les bilans sanguins et bilans de santé classiques par un profil métallique[13].

Généralités

Le saturnisme peut affecter tous les animaux (saturnisme animal) et en particulier les oiseaux (saturnisme aviaire) ; pour d'autres espèces on parlera plutôt d'intoxication saturnine ou simplement d'intoxication par le plomb.

Le plomb induit des troubles systémiques qui, selon leur gravité et le moment de l'intoxication, seront réversibles (anémie, troubles digestifs…) ou irréversibles et éventuellement fatals (atteinte du système nerveux (⇒ troubles neuromoteurs), stérilité, cancers[14], hypertension (corrélation positive entre le risque d'hypertension et teneur en plomb de la rotule, mesurée in situ par fluorescence X[15] (remarque : le plomb du tissu osseux est meilleur indicateur d'exposition chronique que la plombémie[16]), puis encéphalopathie et paralysie conduisant à la mort).

Chez l'enfant, il cause des effets graves et irréversibles sur l'organisme, dont le retard mental[17].

Le plomb  même à faible dose  a également un effet cytotoxique sur les cellules souches du système nerveux central[18].

Une partie du plomb absorbé par ingestion ou inhalation est excrété, mais le reste s'accumule relativement durablement dans l'organisme, préférentiellement dans certains organes :

  • les os ; 80 à 95 % du plomb absorbé se fixe dans les os en s'y substituant au calcium. Dans l'os, le plomb a une demi-vie moyenne de 20 à 25 ans ;
  • le foie ;
  • le rein ;
  • le cerveau.

Les individus sont plus ou moins prédisposés et sensibles au saturnisme, selon l'âge et la durée d'exposition, selon certaines caractéristiques génétiques et s'ils sont carencés en certains nutriments et oligo-éléments (calcium notamment).

Le saturnisme n'est pas transmissible au sens infectieux du terme, mais une jeune femme qui a été significativement contaminée par le plomb (éventuellement des années avant, jusqu'à 20 ans plus tôt, quand elle était fillette, adolescente ou jeune adulte) transmet la maladie à son enfant in utero, le plomb franchissant aisément la barrière placentaire.

Réduire les risques de saturnisme nécessite des actions à la fois individuelles et collectives, incluant un contrôle des sources de pollution et une évaluation de tous les risques d’exposition.

Histoire

Au XIXe siècle, la mode du « néogothique » s'est traduite par une épidémie de cas de saturnisme en Europe, liée à l'utilisation du plomb dans les vitraux et les décorations du bâtiment[réf. nécessaire].
Article détaillé : Histoire du saturnisme.

La toxicité du plomb est connue depuis l'antiquité, probablement depuis Hippocrate[19],[20] voire plus tôt. Des preuves de cette maladie existent pour l'antiquité depuis l'âge du bronze où les forgerons travaillant le bronze et surtout l'argent pouvaient s'intoxiquer aux vapeurs de plomb. Des indices archéologiques laissent penser que l'aristocratie romaine[21],[22],[23],[24],[25],[26],[27], même hors de Rome[28], dans ses colonies était fréquemment victime de saturnisme, probablement en raison de ses pratiques alimentaires ou l'utilisation de certains fards à base de céruse de plomb[10].

Un saturnisme aigu touchait autrefois principalement les mineurs et ouvriers de la métallurgie du plomb, ceux qui utilisaient de la vaisselle de plomb, et les ouvriers sertissant au plomb les vitraux. Mais avec l'avènement de la peinture au plomb, et l'essence plombée, le saturnisme est devenu très courant aux XIXe et XXe siècles.

C'est une des six premières maladies à avoir été déclarée maladie professionnelle en octobre 1919.

Malgré l'interdiction du plomb dans les peintures et l'essence dans de nombreux pays, des cas graves de saturnisme persistent dans la plupart des grandes villes (habitat ancien où les enfants sont exposés aux peintures contenant du plomb) et régions industrielles.

Synonymes

  • « Imprégnation saturnine » est synonyme de saturnisme si cette imprégnation se traduit par des symptômes de la maladie ou peut les induire à terme.
  • « Coliques de plomb » désigne les symptômes abdominaux douloureux (coliques) du saturnisme aigu.
  • « Maladie des peintres » est le nom d'un symptôme constaté à l'époque où la céruse de plomb et d'autres peintures au plomb étaient très utilisées.
  • Le « pica » n'est pas un synonyme du mot « saturnisme », mais le nom d'un comportement consistant chez l'enfant à porter ce qu'il trouve à la bouche. Il est souvent associé au saturnisme chez l'enfant, et plus rarement chez l'adulte (on parle alors de pica-like). Les animaux (par exemple, les vaches dans les étables) peuvent aussi s'intoxiquer gravement, voire mortellement en léchant des peintures anciennes, probablement en raison de leur goût sucré.

Origine et causes de la maladie

Sang d'un patient anémié et se plaignant de fatigue et de constipation. Le sang de sa femme (asymptomatique) était similaires, mais non celui de leur fils (12 ans). La ponctuations basophile des globules rouges a suggéré un saturnisme.
Les enquêtes ont montré qu'un jeu de verres à cocktail décorés avec une peinture au plomb était responsable. Son nettoyage à la machine à laver et le contact avec l'alcool pourraient avoir accéléré la lixiviation du plomb
Une ponctuations basophiles des globules rouges est parfois le premier, le meilleur, ou seul indice au saturnisme

La toxicité du plomb semble surtout venir de sa capacité à circuler dans les chaînes alimentaires et les organismes, en « mimant » le comportement d'autres métaux vitaux, dont principalement le calcium, et moindrement le fer et le zinc.
Le plomb s'y substitue dans différents organes et interagit ainsi avec la production de protéines et molécules impliquant ces trois métaux. Le plomb freine ou empêche ainsi des processus vitaux ou secondaires ; il inhibe la production de certaines enzymes et le transport de l'oxygène par le sang en particulier.
La plupart des premiers symptômes du saturnisme découlent du fait que le plomb interfère négativement avec une enzyme essentielle, la delta-aminolevulinic acid deshydratase (ALAD), ou porphobilinogène synthase (en). L'ALAD est une protéine contenant un pont moléculaire dépendant du zinc. Elle est vitale pour la biosynthèse de l'hème, cofacteur de la production de l'hémoglobine.

Le plomb inhibe aussi une autre enzyme vitale (ferrochélatase) qui catalyse la réunion de la protoporphyrine IX et de l’ion Fe2+ qui forme l'hème.

Confusions possibles

Le saturnisme n'a pas de symptômes spécifiques. Il est pour cette raison mal détecté, et souvent très tardivement après avoir été confondu avec d'autres troubles bénins : intoxication alimentaire, maux de tête, fatigue, alcoolisme, anomalies congénitales, troubles de comportement…

Une mutation génétique de l’ALAD cause une maladie assez rare (la porphyrie) qui peut être confondue avec le saturnisme (et que le film The Madness of King George a illustré), mais qui peut en être différenciée par le fait que le plomb produit une anémie, ce qui n’est pas le cas de la porphyrie.

Mesure du plomb

Les écailles et poussières de peinture[29] anciennes au plomb semblent être devenues la première cause de saturnisme, au moins dans les pays où le plomb a été interdit dans l'essence[30]

Des traces de plomb sont détectées dans le sang de tous les individus. Aux États-Unis, les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), ou « centres de contrôle et de prévention des maladies », l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la plupart des pays de l'Union européenne ont une valeur limite de 10 μg·dl-1 de sang car la plombémie (taux de plomb dans le sang) est l’indicateur le plus communément utilisé dans le monde pour des raisons de commodité, mais il est incomplet car il n'indique qu'une contamination récente du sang.

D'autres indicateurs sont donc parfois utilisés :

  • la plomburie ; Elle ne montre qu'une contamination plus ou moins récente
  • la plomburie provoquée ; Elle est un bon indicateur du pool de plomb actif et le plus disponible, mais peut être dangereuse pour un patient dont le stock de plomb osseux est important (risques neurologiques ou rénaux sévères si un traitement chélateur n'est pas poursuivi ; il doit être entamé avec le test lui-même)[31]. La plomburie est « provoquée » par une chélation, le chélateur (DMPS, DTPA, etc.) étant généralement administré par intraveineuse, bien avant le recueil de l'urine à analyser ;
  • l’analyse du plomb dans les phanères (cheveux, ongles, poils) ; elle renseigne sur une contamination moyennement récente (mois précédents, année) ;
  • la mesure du plomb dans les dents (ou dent de lait ; uniquement possible chez l'enfant)
  • la mesure du plomb dans l'os ; c'est le meilleur indicateur d'une contamination ancienne et susceptible d'encore poser problème[32] renseigne sur une contamination chronique ou aiguë et ancienne[16],[33]. En effet, quand les apports extérieurs en plomb ont diminué, c’est le plomb osseux qui devient la première source de risque (par relargage), en étant source de « survenue différée de pathologies non spécifiques notamment cardiovasculaires et cognitives »[34].
    Sa mesure directe est possible par la fluorescence X[34]. Des chercheurs ont aussi tenté de l'approcher par modélisation de la « plombémie cumulée » (obtenue par calcul du « produit de la plombémie par la durée d’exposition ou plus précisément comme la somme des plombémies moyennes annuelles ; La valeur limite du plomb osseux est de 15 à 20μg/g d'os tibial, ce qui correspondrait selon les auteurs à des valeurs de plombémies cumulées de 400 à 600μg/an/décilitre »[34].
    selon une étude ayant comparé la plombémie avec le plomb total stocké dans le corps, « le plomb osseux représente plus de 95 % de la charge corporelle d'un adulte[16]. » Chez l'enfant, 70 à 80 % de la charge corporelle totale de plomb est dans l'os. Le sang n'en contient que 1 % environ et le reste est dans les tissus mous (cerveau notamment)[35],[36]. Une intoxication grave et ancienne, peut des années après entretenir un saturnisme chronique chez un patient qui n'est plus exposé au plomb[37] ;
    L'étude par ce moyen de 275 personnes professionnellement exposées (dans les 25 années précédentes) a prouvé que même en l'absence de saturnisme cliniquement déclaré, 28 % d'entre elles avaient une plombémie cumulée supérieure à 800μg/années par décilitre « ce qui ne sera probablement pas sans répercussion médicale pour une partie d’entre eux » selon les conclusions de l'étude[34].
  • l'analyse du plomb dans l'air et l'environnement (poussières, peintures, eau, alimentation) est aussi un indicateur complémentaire d'exposition.
  • L'analyse de cadavres ou de squelettes ; elles permettent à l'archéologie et la médecine légale de rétrospectivement détecter des cas de saturnisme via l'étude chez des personnes ou animaux morts (éventuellement il y a plusieurs siècles ou millénaires si leurs restes (phanères et/ou os) sont bien conservés).

Méthode bioanalytique : Depuis le début des années 2000, la torche à plasma couplée à la spectrométrie de masse est de plus en plus utilisée pour doser le plomb, alors que la spectrométrie d'absorption atomique électrothermique l'est de moins en moins, mais selon une évaluation pour la période 1996-2011 (publiée en 2014), « ces deux techniques analytiques, à expérience de métrologie identique, conduisent à des résultats non statistiquement différents sur la totalité des concentrations testées »[38].

L'analyse porte le plus souvent et en première intention sur le plomb du sang (plombémie) ou de l'urine (ou mieux la plomberie provoquée à l'EDTA ; « dosage toxicologique de référence » qui est preuve d'imprégnation[39].

Pour les pathologie non professionnelles, le test de dépistage le plus sensible (89,7 p. 100) est le dosage de l'ALA déhydrase (acide delta-amino-lévulinique déshydratase). On peut aussi mesurer (mais les test est moins utile car moins précis) le dosage des protoporphyrines globulaires (64,7 p. 100), la plombémie (46,2 p. 100), l'existence d'hématies ponctuées (44,4 p. 100).
Les coproporphyrines urinaires, l'ALA (acide delta-amino-lévulinique) sanguin et urinaire sont inutilisables.

Traçage : Des mesures isotopiques du plomb trouvé dans le sang, les os, ou l'environnement permettent  dans certaines conditions  d'en déterminer et tracer l'origine (le plomb de l'essence a par exemple une signature isotopique très différente du plomb de chasse, ou de celui utilisé dans les batteries).

Seuils de toxicité

Ces seuils sont très discutés depuis les progrès faits en toxicologie.

Des plombémies autrefois considérées comme « sûres » correspondent à des taux aujourd'hui considérés comme dangereux[40],[41]. Des études anciennes pourraient avoir sous-estimé la toxicité rénale du plomb[16], car un saturnisme chronique ou ancien peut ne pas être repéré par les analyses de sang ; seule une analyse de l'os (pratiquement jamais prescrite) le démontrerait[16].
De nombreux toxicologues estiment aujourd'hui qu'il n'y a pas de seuils en deçà duquel le plomb peut être vraiment considéré comme sans danger, notamment pour le cerveau[42]. Cependant changer la norme légale  proposition étudiée par l'OMS  aurait des implications économiques telles qu'elles semblent encore faire obstacle à cette idée. Cela aurait aussi des implications juridiques complexes concernant l'application du principe pollueur-payeur et le traitement des maladies professionnelles.

Exposition moyenne de la population : De nombreux humains vivent aujourd'hui avec une plombémie très supérieure à ce qu'elle était à la Préhistoire, avec des taux susceptibles de poser des problèmes de santé et de développement, voire d'interférer avec le fonctionnement du cerveau.

Les données manquent pour de nombreux pays dits « pauvres », mais la plombémie moyenne dans les pays riches dépasse généralement 10 microgrammes par décilitre, ou 100 ppb (partie par milliard). Il n'est pas rare de trouver des personnes exposées dont la plombémie dépasse 200 ppb alors que la plupart des symptômes apparaissent aux environs de 100 ppb et que les effets mesurables sur le comportement et la cognition (avec perte de QI) des enfants apparaissent à des doses très inférieures à ces niveaux[43].

Répartition spatiale et temporelle du saturnisme

Le saturnisme aujourd'hui

Il reste un problème de santé publique, peut-être encore sous-estimé [44] y compris dans les pays riches où la majorité des cas graves et repérés de saturnisme concerne des enfants de moins de douze ans, vivant dans des zones exposées à du plomb d'origine industrielle ou vivant dans un habitat ancien, voire insalubre où des peintures au plomb sont accessibles. Ailleurs la situation est mal connue.

De nos jours, le saturnisme aigu est le plus fréquent chez l'enfant[45] et souvent induit par l'ingestion de plomb sous forme de particule fines ou d'écailles de peinture au plomb (céruse ou hydroxycarbonate de plomb). L'origine de ces cas est le plus souvent une exposition dans l’habitat ancien à la céruse de plomb, peinture très utilisée jusqu’à son interdiction en 1948. La peinture est ingérée directement ou sous forme de poussières produites lors de sa dégradation au cours du temps ou à l'occasion de travaux (ravalements, grattage, brossage, ponçage…) En France, une expertise collective de l’INSERM a estimé en 1999 que 85 000 enfants de 1 à 6 ans étaient encore victimes de ce type de saturnisme[1].

Plus rarement, on constate des intoxications par l'eau contaminée par d'anciennes tuyauteries en plomb (notamment dans les régions où l'eau est naturellement acide).

L'inhalation est localement (à proximité des usines et de sites pollués par le plomb) un facteur très important de contamination (par exemple dans le nord de la France, la fermeture de l'usine Métaleurop Nord s'est traduite par une chute rapide de la plombémie chez les enfants des zones périphériques, sans toutefois faire disparaitre les traces d'une pollution de fond).

Certains aliments cultivés sur des sols pollués par le plomb, viandes d'animaux ayant ingéré des végétaux riches en plomb ou souillés, et certains champignons sont aussi des sources de saturnisme d'origine alimentaire. En particulier, les consommateurs de gibier d'eau tués dans certaines régions très chassées et fortement contaminées par la grenaille de plomb de chasse sont exposés à un risque élevé de saturnisme. Plus rarement, la pièce de viande située près de l'entrée de la balle dans la chair d'un grand gibier (chevreuil, cerf, sanglier…) tué par balle de plomb pourrait aussi être une source d'intoxication. Elle est en tous cas une source démontrée de saturnisme aviaire chez le condor de Californie.

Occurrence, prévalence

Hors intoxications professionnelles ou liées à l'habitat ancien, la prévalence du saturnisme reste mal connue ; hormis dans les situations où le risque est connu, la maladie n'est en effet que rarement détectée par la médecine du travail. De même pour la médecine scolaire (quand elle existe), la médecine rurale ou de ville et la médecine d'urgence. On peut y voir plusieurs raisons :

  • non-spécificité des symptômes qui pour la plupart peuvent être confondus avec un problème mineur, banal et ponctuel ;
  • la plombémie est rarement proposée en médecine préventive (cf. coût, et éventuel non-remboursement par la sécurité sociale ?) ;
  • symptômes d'intoxication pouvant apparaître plusieurs années, voire plusieurs décennies après l'exposition (« saturnisme de la ménopause »), qui font que le médecin n'évoque pas spontanément le plomb si le patient ne relate pas d'indices d'exposition passée ;
  • absence de test simple et immédiat fiable (la plombémie ne trace qu'une exposition récente, seul l'analyse de l'os renseigne sur l'exposition sur le long terme[16]) ;
  • lacunes dans la formation des médecins ;
  • raisons sociopsychologiques : parler d'un toxique susceptible d'induire des troubles mentaux n'est pas facile pour le médecin. À titre d'exemple, toutes les grandes maternités pourraient disposer d'un appareil Xray-fluorescence permettant une analyse immédiate de chaque cordon ombilical lors de chaque accouchement. Ceci permettrait de mesurer la prévalence globale du saturnisme dans la population, d'identifier les populations à risque et de prévenir les parents en cas de problème et de recommander une alimentation surveillée pour les premières années de l'enfant. Idéalement, une plombémie devrait être recommandée en début de grossesse, ce qui est très rarement le cas, certains médecins évoquant des raisons éthiques, incluant le risque de troubler la sérénité de la mère durant la grossesse en cas de plombémie élevée[46],[47].

Sources principales d’empoisonnement

Les plombs de chasse, ball-trap et moindrement de pêche sont une source fréquente de saturnisme animal (Une cartouche de 30 à 35 grammes contient 200 à 300 billes de plomb toxique). En France (plus de 20 ans après les États-Unis) depuis 2005, les cartouches au plomb ne sont plus autorisées pour les tirs dirigés en direction d'une zone humide
Le plomb étant mou, la grenaille de plomb est durcie par ajout de 8 à 10 % d'arsenic et/ou antimoine). La grenaille s'érode et s'oxyde néanmoins facilement, et en milieu acide devient plus contaminante pour l'environnement. Dans le gésier et l'estomac des oiseaux, broyés entre les petits cailloux ingérés par l'oiseau, les billes de plomb avalées avec la nourriture ou confondus comme gastrolithe sont érodées de quelques heures à quelques dizaines d'heures. Le plomb passe alors dans le sang et intoxique l'animal. 12 billes de plomb de cartouche de chasse ingérées suffisent ainsi à mortellement empoisonner un cygne adulte par saturnisme aviaire

Risque et danger

La source originelle (le danger) peut être :

  • du plomb-métal (ex. : bijou contenant du plomb, en contact direct avec la peau, grenaille de plomb ingérée et piégée dans l'appendice) ; On estime généralement que pour chaque oiseau abattu, plusieurs cartouches ont été tirées (3 à 6 cartouches selon les sources, pour le gibier d'eau). Le petit gibier contient souvent des billes de plomb, qui peuvent être avalées par mégarde ;
  • du plomb moléculaire ex. : vapeurs de plomb ; le plomb est sublimé en vapeur de plomb à une température inhabituellement basse (dès 600 °C [48]) parmi les métaux. Les grenailles de plomb ingérées par les oiseaux sont rapidement dégradées dans le gésier et l'estomac (en milieu acide) et passent dans le sang de l'animal sous forme moléculaire. Il est alors très biodisponible. On a estimé à la fin du XXe siècle qu'en France 8 000 à 9 000 tonnes de plomb étaient annuellement dispersées dans la nature via environ 250 millions de cartouches tirées par an, tous tirs confondus : environ 3/4 pour la chasse (soit plus de 6 000 t/an ) ; environ 1/4 pour le ball-trap (soit plus de 2 000 t/an).
    L'apport annuel diminue (avec le nombre de chasseurs), mais la non biodégradabilité du plomb conduit à une accumulation croissante dans le sol où il reste longtemps accessible aux oiseaux. Dans un sol acide le plomb peut aussi se dégrader et contaminer les végétaux, les cultures et les animaux qui les mangent ;
  • des sels de plomb utilisés par l'industrie (ex. : pigments composés d'oxydes de plomb, antirouille à base de minium de plomb, etc.)

Dans tous les cas, le risque est que ce plomb soit absorbé par l'organisme, ce qui est tout particulièrement toxique au fœtus, à l'embryon ou au jeune enfant.

Absorption de plomb

Elle est multiple et varie selon les pays et les contextes : époques, lieux, comportements à risque, âge, etc. Ce sont notamment :

  • inhalation d'air pollué par le plomb : pollution industrielle, vapeurs, poussières ou fumées contaminées, ponçage de peintures anciennes, essence plombée, atmosphère confinée d'un stand de tir…
  • ingestion de nourriture ou d'eau contaminée par le plomb (eaux acides ayant corrodé des tuyaux de plomb, des soudures contenant du plomb, ou des robinets ou éléments de plomberie en laiton contenant du plomb. Ingestion d'animaux ou plantes contaminés par un environnement pollué, aliments contaminés par des pesticides illégaux (arséniate de plomb, etc.). Quelques cas particuliers concernent des personnes qui portent volontiers à la bouche des objets à risque (soldats de plomb ou objets de plomb, crayons d'artiste à mine de plomb). Il y a eu quelques cas de fraudes où par exemple du faux paprika avait été teint par des sels de plomb (minium) ;
  • pénétration percutanée, devenue rare, mais possible (cas d'onguents et khôls contaminés, de jouets ou bijoux en plomb, en matériau contenant du plomb ou peints avec des pigments au plomb)

Principales voies d'empoisonnement

Rappel préalable : chez les mammifères, une contamination intergénérationnelle (de la mère au fœtus in utero ou via l'allaitement) est toujours possible. (Chez l'oiseau, le saturnisme aviaire de la mère peut aussi influer sur la survie et les capacités du poussin).

Ingesta accidentels

Les peintures anciennes extérieures écaillées peuvent intoxiquer des enfants ou animaux (volailles, vaches dans une étable…). C'est aussi une source de pollution du sol au pied de parois peintes au plomb ou au minium de plomb. Certaines peintures à l'huile ou huiles pures (de lin) ne contiennent pas de plomb, mais un additif (sel de plomb) a pu leur être ajouté comme siccatif, sans que cela ait été précisé sur l'étiquette par le fabricant

La première voie demeure, semble-t-il, l’ingestion directe de particules (peinture) au plomb ou de sol et poussières contaminées. Les jeunes enfants ont aussi tendance à sucer la peinture de barreaux ou de châssis de fenêtres, ou peuvent parfois être intoxiqués en portant leurs doigts à la bouche après avoir touché les plaques de plomb utilisés pour l'étanchéité de toitures, gouttières ou chéneaux autour de châssis de fenêtres (ou autres éléments accessibles d'architecture). Depuis la fin du XXe siècle, dans un nombre croissant de pays, et dans la plupart des États américains et d’Europe, les propriétaires, loueurs et/ou vendeurs de maisons anciennes doivent à leurs frais faire un diagnostic, et informer les résidents potentiels du danger.

Les enfants sont parfois contaminés par une exposition chronique à des particules de plomb involontairement rapportés à la maison par des parents travaillant dans la métallurgie du plomb, les batteries ou la plomberie (ce plomb est rapporté sur les cheveux, la peau et les vêtements et chaussures). Ainsi par exemple lors d'une étude[49] nord américaine, 75 % de 16 enfants de travailleurs exposés au plomb présentaient une plombémie nettement supérieure à celle des autres enfants de leur quartier (en moyenne 22,4 μg·dl-1 contre 9,8 μg·dl-1, p=.049). Une autre étude[50] a porté sur 50 enfants âgés de 6 ans (31 enfants de parents exposés au plomb dans le secteur du bâtiment, et 19 cas-témoins, enfants de parents non exposés) ; les enfants de travailleurs exposés étaient 5 fois plus nombreux à avoir une plombémie jugée excessive (25,8 % contre 5,3 % pour les cas témoins). Une autre étude[51] a porté sur 18 enfants (de moins de 7 ans) de réparateurs de radiateurs automobile (soudures contenant du plomb, et radiateurs éventuellement contaminés par le plomb de l'essence) ; tous les enfants dépassaient le seuil critique de 10 μg·dl-1.

L'enfant est plus souvent intoxiqué entre les deuxième et troisième années de sa vie (période où l'on porte souvent les doigts et objets à la bouche). Plus rarement (mais avec des effets plus graves), un empoisonnement au plomb peut survenir plus tôt (in utero, ou ensuite via le lait contaminé de la mère ou via du lait artificiel mal préparé, par exemple réchauffé dans un samovar soudé avec un étain riche en plomb ; ainsi, un nourrisson de 4 mois a atteint une plombémie veineuse de 46 mg/dl[52].
Des intoxications d'enfants sont également régulièrement constatées à la suite de l'utilisation de jouets en plomb, et de faux bijoux ou objets décoratifs portés sur la peau ou que les enfants peuvent porter à la bouche. Idem pour des jouets peints avec une peinture au plomb.

Alimentation

L’alimentation reste une source de fond d’apports en plomb, généralement faibles, mais avec certains aliments plus à risque : champignons capables de fortement bioconcentrer et bioaccumuler le plomb, comme le font aussi d'autres espèces dont les moules, huîtres, autres coquillages et poissons ou mammifères carnivores. Les légumes ayant poussé sur des sols pollués, le gibier abattu par des grenailles ou balles de plomb, ou ayant vécu dans une zone humide depuis longtemps chassée, c’est-à-dire polluée par la grenaille de plomb sont d'autres sources alimentaires de plomb qui peuvent être ponctuellement facteur de saturnisme.

Air ambiant

L’air est une source localement importante. La plombémie moyenne a nettement décliné dans la décennie qui a suivi l’interdiction du tétra-éthyle de plomb dans l’essence (responsable d'environ 90 % du plomb atmosphérique émis dans l'air de 1923 à 2000[53] avec environ 7 millions de tonnes de plomb ainsi vaporisées dans l’air via les pots d'échappement rien qu’aux États-Unis), mais contrairement à une idée répandue, cet additif n'est pas interdit partout, certains grands pays ne l’ont interdit que tardivement ou ne l’ont pas encore interdit[53] : Nigeria, République du Congo, Arabie saoudite… Le Venezuela ne l'a que récemment interdit et il y a eu en France des exemptions d'interdiction pour les territoires d'outre-mer.
Dans les régions industrielles, à proximité d’incinérateurs anciens et non mis aux normes, de certains sites miniers ou d’usines métallurgiques, l’inhalation de vapeurs et microparticules de plomb est une source majeure de plomb à ne pas sous-estimer.

Eau de distribution

L’eau du réseau de distribution d'eau potable, là où elle est naturellement acide ou neutre, peut apporter une quantité non négligeable de plomb. L’UE a imposé la suppression progressive de toutes les tuyauteries en plomb. Le plomb dissous dans l'eau peut provenir des tuyaux, mais aussi des soudures et d'accessoires en laiton de mauvaise qualité, riche en plomb lentement soluble dans l’eau[54]. Dans les zones à risque, il est recommandé de faire couler l'eau qui a stagné la nuit dans les tuyaux avant de la boire ou de l'utiliser pour la cuisson.

Cosmétiques et voie percutanée

Certains cosmétiques importés tels que les khôls traditionnels du Moyen-Orient, d'Inde, du Pakistan, et de certaines régions d'Afrique sont également source d’intoxications, notamment d'enfants (certains khôls traditionnellement réputés protéger les yeux de diverses maladies contiennent jusqu'à 83 % de plomb). Une étude ayant porté sur 538 fillettes âgées de 6 à 12 ans a montré que le khôl provoquait une augmentation de la plombémie des fillettes[55],[56]. Une autre étude[57],[58] a porté sur 175 enfants pakistanais et indiens âgés de 8 mois à 6 ans vivant au Pakistan ; ceux qui ont été traités avec du kohl traditionnel présentaient des plombémies moyennes triplées et excessives (12,9 μg·dl-1 contre 4,3 μg·dl-1 pour les autres enfants n'ayant pas utilisé ce cosmétique).

Autres modalités d'intoxication

Des poteries cuites avec des émaux au plomb, des étains de mauvaise qualité ou des théières traditionnelles soudées avec du plomb ont fréquemment été des sources avérées d’intoxication, ayant justifié diverses alertes sanitaires et retraits de vente.

L’exposition au plomb métallique liée à l’ingestion de petits objets (grenaille de chasse, lests de pêche) est peu réputée pour conduire à une plombémie élevée, mais on connaît quelques exceptions ; quand le plomb stagne dans le tube digestif et en particulier dans l’appendice où il peut rester piégé des années, ce qui n’est pas exceptionnel chez les grands consommateurs de gibier d’eau. Chez les oiseaux, le problème est très différent, car les morceaux de plomb ingérés (grenaille de plomb, plomb de pêche) sont rapidement érodés et solubilisés dans le gésier, provoquant un saturnisme aviaire, souvent aigu, très commun chez les oiseaux d'eau dans les zones très chassées mais également plus fréquent qu'on ne l'a d'abord cru chez d'autres espèces, hors des zones humides.

De nombreux composés organiques du plomb passent facilement au travers de la peau et des barrières intestinales. C'est le cas du plomb tétraéthyl qui était ajouté à l'essence, et l'est encore dans certains pays.
Certains « remèdes » populaires dont l’« Azarcon » ou le « greta » qui contiennent jusqu'à 95 % de plomb, utilisés pour « guérir », sont des sources graves d'intoxication[59]. Ce médicament est si toxique que, s'il tue tous les microbes, il contribue aussi à empoisonner gravement l'organisme, celui des enfants en particulier.

La médecine militaire et la médecine d'urgence ou vétérinaire ont aussi à faire face à des cas particuliers d'empoisonnement saturnin liés à des plaies balistiques (par balles ou grenaille de plomb) : jusqu’à une période très récente presque toutes les balles et grenailles étaient composées de plomb. Le plomb étant très mou, pour que les billes ne se déforment pas trop et pénètrent mieux, il est durci par ajout de 5 à 10 % d'arsenic ou d'antimoine (deux métaux qui sont également des toxiques) dans le cas des munitions d'armes à feu. Lorsqu’une balle (ou une bille de plomb de type shrapnel ou de la grenaille de plomb) pénètre un organisme à grande vitesse, notamment s’il y a contact avec un os, des molécules et fragments de plomb peuvent être arrachés au métal et immédiatement dispersés dans l’organisme via le sang et la lymphe. Ce plomb métallique, s'il n'est pas retiré de l'organisme par la chirurgie, sera ensuite une source de contamination chronique de l'organisme.
Il arrive que le plomb d’une balle conservée dans un organisme puisse ainsi être à l’origine d’un saturnisme retardé[60], et parfois grave[61], voire mortel[62]. Le problème est plus grave pour des balles ou grenailles piégées dans des articulations où elles risquent de se décomposer plus rapidement en libérant leur plomb[63],[64]. Aux États-Unis et dans le monde, notamment dans les pays en guerre ou région en guerre civile une large diffusion des armes à feu a conduit à une augmentation de la fréquence des blessures par balles et à un nombre croissant de patients vivant avec une balle, de la grenaille ou des fragments de plomb fichés dans le corps. De plus, les médecins ont longtemps considéré ce plomb comme "inerte", et préfèrent souvent ne pas y toucher quand il a pénétré une articulation ou qu'une opération pourrait mettre en péril un organe vital proche. On a cependant récemment montré que quand ce plomb est logé dans une articulation, il peut être en contact avec du liquide synovial qui le dissous lentement[64]. Ce plomb ionique circule alors facilement, notamment vers l'os le plus proche où il va s'accumuler, mais aussi vers le reste de l'organisme via la circulation sanguine ou lymphatique, avec alors des symptômes systémiques pouvant devenir graves, des années ou décennies après la blessure initiale[64]. Ainsi certaines arthropathies pourraient parfois être dues à la toxicité chimique du plomb, plus qu'à la présence physique de la balle encore logée dans l'articulation [65].
Un autre cas particulier est celui de patients blessés par balle ou grenaille au niveau des mâchoires ou de la gorge. Du plomb est retrouvé dans leur sang peu après la blessure et dans les mois qui suivent, en raison d'un relargage à partir de fragments restés dans le corps et/ou ingérés par le patient[66]. Ceci vaut aussi pour l’animal tué par balle de plomb à la chasse (Les bonnes pratiques de boucherie veulent que la chair située autour de la zone pénétrée par une balle soit excisée et jetée).
Par exemple, les autorités sanitaires d'état du Dakota du Nord ont ordonné aux banques alimentaires de ne plus accepter les dons de viandes de gibier et de se séparer de tels stocks car elle peut contenir de nombreux fragments de plomb qui se dispersent autour de la trajectoire de la balle. Cette décision a été prise après que le Dr William Cornatzer eut collecté et radiographié (par tomodensitométrie) environ 100 paquets (d'une livre chacun) de viande de cervidé provenant de garde-manger de banques alimentaires. Le ministère de la santé du Dakota du Nord a confirmé la présence de plomb après avoir fait ses propres tests[67]. Dans la nature, les cadavres d'animaux non récupérés par les chasseurs, ou leurs entrailles (contenant des fragments de plomb) abandonnées sur le terrain après l'éviscération sont mangés par d'autres animaux (dont des oiseaux), qui à leur tour accumulent du plomb, parfois jusqu'à en mourir[67]. Une étude faite dans la région de Yellowstone a relevé une élévation des taux de plomb des corvidés, certains rapaces (aigles royaux, pygargues à tête blanche…) et d'autres charognards lors des saisons de chasse au cerf et au wapiti, ce qui laisse penser que le saturnisme aviaire est très répandu. Au vu de ces données, les chasseurs peuvent volontairement utiliser des munitions sans plomb, au bénéfice des espèces qu'ils chassent mais aussi des consommateurs de leur viande[67]. Ce plomb est inévitablement ingéré par l'homme avec la viande[68]. La grenaille ingérée par un oiseau est difficile à détecter (hormis aux rayons X), et elle est rapidement érodée dans un gésier. Dans la chair d'un oiseau tué à la chasse, elle est encore plus difficile à détecter, surtout sans détecteur de métaux. Elle est encore souvent présente dans la viande cuite et dans certains pâtés (gésier), voire ingérée avec la viande ; dégradée dans une viande hachée ou transformée en pâté, ou mise en contact avec un acide  citron, sauce tomate, vinaigre  la grenaille de plomb peut libérer des quantités significatives de plomb et contaminer la viande et sa sauce, si elle est acide. Des intoxications chroniques et insoupçonnées pourraient ainsi concerner les consommateurs de certaines espèces à risque (gibiers d'eau atteints de saturnisme aviaire et/ou contaminés par de la grenaille de plomb), même si elles sont a priori rarement mortelles.

Susceptibilités individuelles et vulnérabilités particulières

Chez la femme enceinte et le fœtus

Au cours de la grossesse, les os sont sollicités comme source de calcium, ce qui peut être source de relargage de plomb dans le sang de la mère, et celui de l'embryon ou du fœtus[69]. Une intoxication par le plomb peut alors entraîner des répercussions pour la mère et/ou l'embryon ou le fœtus[70].

Chez la mère, les troubles sont les symptômes habituels du saturnisme, avec cependant une fréquence accrue d'hypertension gravidique[70]. Chez le fœtus, les effets du plomb, même à faibles doses sont dramatiques : Mort du fœtus et avortement dans les cas les plus graves, ou prématurité, malformations congénitales, complications neurologiques durables (débilité mentale possible)[70]. « Une toxicité retardée est possible, à distance de toute intoxication, notamment sous la forme de retards psychomoteurs et troubles du comportement liés ».

Le diagnostic de saturnisme de la femme enceinte repose sur le dosage des protoporphyrines-zinc et de l'acide delta-aminolévulinique-déhydrase, avec confirmation de plombémie. Après la naissance, le lait maternel peut alors être une nouvelle source d'aggravation de l'intoxication [70]

Chez l'enfant

Le saturnisme infantile persiste[71]. Souvent chronique, il reste sous-diagnostiqué et souvent encore fortuitement découvert[72] par le pédiatre[73]) malgré les progrès faits en matière de prévention[72] ; et il est plus fréquent et grave chez le jeune enfant, pour au moins 4 raisons ;

  1. le jeune enfant est plus susceptible d'ingérer des substances contaminées, car portant naturellement les doigts et les objets à la bouche et aussi car l'oxyde de plomb a un goût légèrement sucré ; ainsi existe-t-il des intoxications typiques de l'enfant (ex : Pica) et des intoxications atypiques qui touchent parfois sévèrement les enfants, notamment liées à des accessoires de mode, à des remèdes populaires, des condiments importés, des bonbons[74], des pastilles et des grenailles de chasse ou de pêche, ou encore des articles ménagers contenant du plomb[75] ;
  2. sa peau et ses muqueuses sont plus fines, et par kg de poids corporel le volume de nourriture qu'il ingère, et la quantité d'air qu'il inhale sont plus importants ;
  3. 40 à 50 % du plomb ingéré par un enfant passe dans son sang (contre 5 à 10 % pour un adulte). Le plomb assimilé n'est que peu et lentement éliminé naturellement ;
  4. il a - en raison de sa croissance - des besoins accrus en calcium (auquel le plomb se substitue chimiquement facilement). Le plomb passe facilement de la mère à l'enfant via le lait si elle allaite.

Un enfant est généralement considéré comme nécessitant des soins à partir d'une plombémie de 100 µg par litre de sang, mais ce seuil (précisé en France par un Arrêté de 2004[76]) devrait être revu à la baisse car « sont démontrés pour des plombémies inférieures à 100 μg/L chez les jeunes enfants, les adolescents, les adultes et la femme enceinte ». En France, le Haut Conseil de la santé publique a préconisé en 2014 dans un rapport [77] d'abaisser ce seuil à 50 µg[78].

De même les critères de dépistage des femmes enceintes à risque et des enfants surimprégnés par le plomb pourraient-ils évoluer[79] (d'une pathologie générale, le saturnisme touche maintenant des publics plus ciblés (sites pollués, familles de chasseurs ou gros consommateurs de gibier, enfants vivant dans un logement ancien, et surtout enfants exclus et pauvres[80],[81])

En termes d'impacts sur le cerveau, on a longtemps considéré que les enfants étaient le plus vulnérables au plomb de l'état fœtal jusqu'à l'âge de 2 ans, mais une étude récente a montré qu'à l'âge de 6 ans, les effets neurologiques, pour une exposition au plomb inférieure à celle d’un enfant de 2 ans, induisaient davantage de troubles neurologiques[82]. Les risques de handicap mental, troubles psychomoteurs, du langage et de l’attention ou de la cognition, anémie seraient encore plus élevés à 6 ans qu'à 2 ans.

Aux États-Unis et dans les pays où le plomb tétraéthyl est encore très utilisé dans l'essence, autour de certaines aires industrielles ou là où il est récupéré dans les batteries et déchets de plomberie par les enfants, les cas de saturnisme infantile sont encore nombreux, conduisant parfois au décès[83].
À titre d'exemple, en France en 2006, ce sont encore 437 nouveaux cas de saturnisme infantile qui ont été repérés en métropole. Il s'agissait essentiellement d'enfants de 1 à 5 ans, vivant en Île-de-France pour 56 % des cas, et dans le Nord-Pas-de-Calais pour 13 % (deux régions où le dépistage est beaucoup plus poussé) (Cf. risques liés aux séquelles industrielles et aux peintures au plomb dans l'habitat ancien. 89 % de ces enfants avaient une plombémie de moins de 250 µg/L ; mais 9 enfants dépassaient les 450 µg/L, et l'un dépassait 700 µg/L[84], taux nécessitant une hostpitalisaton et un traitement chélateur en urgence[85]..
L'INVS note que sur 349 cas notifiés, 20 ne l'ont été notifiés qu'à la seconde plombémie dépassant 100 μg/L (tout signalement tardif à la DDASS retarde le traitement du risque environnemental, et augmente le risque d'aggravation de l’intoxication alerte l'INVS).

Autres vulnérabilités notables

  • L'embryon et le fœtus sont beaucoup plus sensibles au plomb que l'adulte et l'enfant, et déjà avec des susceptibilités génétiques différentes[86]. Même si la barrière placentaire "filtre" une partie du plomb sanguin de la femme enceinte[87], le reste passe très facilement dans le sang et l'organisme de l'embryon et du fœtus, en se substituant au calcium « pompé » dans le sang qui lui arrive par le cordon ombilical. On a montré chez l'animal de laboratoire qu'il existe des « fenêtres de plus grande vulnérabilité » ; ainsi chez le rat de laboratoire, l'administration d'une dose unique de 25–70 mg/kg de nitrate de plomb (tests faits du 8e au 17e jour de gestation (Jour 1 = fécondation par le sperme) produit des effets très divers selon le moment où elle est administrée[87] : malformations urorectocaudales quand il est administré au 9e jour de gestation, avec très faible chance de survie postnatale pour les nouveau-nés[87] ; foetotoxicité quand le nitrate de plomb est administré durant les jours 10 à 15 de la gestation (mais alors sans effet tératogènes apparents) ; hydrocéphalie et une hémorragie du système nerveux central si le produit chimique est administré au jour 16 de la gestation[87] ; avortements spontanés jusqu'au 16e jour de gestation (risque fortement diminué ensuite).
  • Un « saturnisme féminin de la ménopause » peut exister. À cette période, la femme tend en effet à perdre du calcium (ostéoporose) et avec ce calcium, du plomb stocké par les os est brusquement libéré. Si la femme en avait stocké beaucoup, une intoxication générale peut être induite, rarement suspectée par le médecin s'il n'a pas été alerté sur une exposition antérieure au plomb (qui peut avoir eu lieu jusqu'à 20 ans plus tôt) par la patiente. De plus, la contamination par le plomb, notamment s'il y a eu contamination conjointe par le cuivre semble pouvoir aggraver l'ostéoporose en bloquant la production de cristaux d'hydroxyapatite de calcium et fragilisant l'os[88],[89].
  • Une thyrotoxicose et certains autres états hyperhormonaux peuvent également causer un relargage de plomb osseux dans le système sanguin et par suite un saturnisme aigu. Plusieurs saturnismes de ce type sont décrits par la littérature scientifique[90],[91].
  • Saturnisme induit par une fracture : Toute fracture entraine en réponse physiologique une libération (rapide, normale et importante) de calcium osseux dans le sang ; ce calcium est utilisé pour la réparation osseuse. Ceci explique, que chez un individu ne présentant pas de plombémie anormale, mais ayant antérieurement stocké du plomb dans les os, une fracture puisse également libérer une quantité très significative de plomb dans le sang, susceptible le cas échéant d'induire un saturnisme. Ce type de saturnisme a très peu de chance d'être détecté si le médecin n'a pas été alerté sur ce risque par le patient (qui souvent n'en est pas conscient). Les symptômes sont mis sur le compte de l'effet de choc ou du traumatisme lié à l'accident.
  • Saturnisme fœtal induit par une fracture survenue lors d'une grossesse ou juste avant : Dans ce cas le plomb "osseux" brutalement libéré est capté par le fœtus ou l'embryon en même temps que le calcium qu'il utilise pour construire son squelette et son organisme. Ce risque est rarement pris en compte par les équipes soignantes lors d'une fracture de femme enceinte. Dans ce cas une carence de la mère en calcium bioassimilable et en fer aggrave fortement le problème. De plus, le fœtus « détoxiquant » ainsi l'organisme de sa mère, aucun symptôme n'apparait chez celle-ci. Et si la plombémie était suffisante pour induire des symptômes chez la mère, le risque serait grand qu'ils soient confondus avec de banals troubles liés à la grossesse.
  • Saturnisme fœtal induit par l'allaitement. Un afflux de plomb sanguin lors de l'allaitement ou en fin de grossesse (afflux provoqué par l'alimentation ou par une carence en calcium lié à l'allaitement, ou induit par une fracture récente ou subie durant l'allaitement (cf. § ci-dessus) peuvent également induire un saturnisme chez le bébé ou le jeune enfant allaité).
  • Synergies : De nombreuses synergies entre plomb et autres polluants semblent possibles. Par exemple, Gorell et al. ont montré[92] que le plomb associé à d'autres cations dont de cuivre était impliqué dans la maladie de Parkinson. Associé à l'alcool, le plomb peut avoir des effets aggravés sur le fœtus... La présence de cadmium dans l'organisme augmenter la teneur en plomb du lait des brebis[93].

Sources d'intoxication

Intoxication exogène

Le plomb d'une carafe en cristal peut contaminer les alcools forts, les vins, mais aussi le Coca-cola, le vinaigre ou les jus de fruit ou tout liquide acide qu'on y a stocké (même en quelques heures si la carafe a peu servi).

Une cause démontrée de saturnisme de l'adulte et surtout de l'enfant est l'intoxication par de la viande contaminée d'animaux qui ont ingéré du plomb issu des munitions, cartouches (et plus rarement balles) utilisées pour la chasse. Chez les gros oiseaux (tels oies et cygnes) le plomb de pêche est aussi une cause significative de saturnisme aviaire, qui peut être source d'intoxication de consommateurs de gibier. Certains champignons sont fortement bioaccumulateurs du plomb.

L'essence a été une source importante de plomb. Elle est depuis quelques années en forte diminution ; là où le plomb dans l'essence est interdit, ce qui n'est pas le cas dans tous les pays ; en Chine, au Nigeria comme dans d'autres pays producteurs de pétrole et dans certains pays en développement, l'essence est encore plombée, comme dans certains territoires d'outre-mer français.

Selon une conférence de consensus de 2003 sur le plomb et la femme enceinte (Kremp, 2003), le vin rouge serait la principale source de plomb dans l'alimentation des français. Ce pourrait être à cause du plomb désorbé par le bois de chênes des tonneaux, car le jus de raisin n'en contient pratiquement pas.
La bière contient parfois des taux élevés de plomb, probablement en raison de la fixation du plomb sur la cuticule des grains d'orge qui ne sont pas lavés avant utilisation. Le laiton ou les soudures des installations pourraient parfois être en cause.
Le cacao et le chocolat en contiennent parfois des doses préoccupantes, pour des raisons mal comprises. Chez l'animal, c'est le foie, mais surtout les os qui en contiennent le plus.

Un Français moyen absorberait via l'alimentation environ 470 μg de plomb par semaine (DHT de 1.500 μg/semaine).
Ce plomb provient surtout des légumes et des fruits (50 %), du vin, du pain et les pommes de terre (où il peut être plus concentré dans la pelure) ;
Des teneurs parfois très élevées ont été trouvées dans les champignons (dont champignons de Paris) et certains légumes, ou dans des alcools ou aliment conservés dans des poteries vernissées avec un émail contenant du plomb[94].

Les carafes en cristal sont une source de plomb[95] qui semble également avoir été très sous-estimée ;
La goutte (dont les symptômes sont les mêmes que ceux du saturnisme chronique) s'est répandue dans la bourgeoisie de l'hémisphère nord en même temps et là où l'usage de carafes en cristal s'est répandu[96] Lin et al. ont montré une corrélation statistiquement significative entre la fréquence de la goutte et celle du saturnisme[97]. Les contenants en cristal neufs ou ayant peu servi relarguent des quantités très significatives de plomb dans les aliments et boisssons[98],[99].
Une étude de 2004[100] s'est intéressé au vin stocké dans des décanteurs en cristal. Après deux jours seulement, le taux de plomb de ce vin était de 89 μg/L. Après quatre mois, ce taux atteignait de 2 000 à 5 000 μg/L. Un vin blanc a ainsi doublé sa teneur en plomb en une seule heure de stockage et l'a triplé en quatre heures. Certains brandy stockés plus de cinq ans dans des carafes en cristal ont atteint 20 000 μg de plomb par litre d'alcool[101],[102]. L'EPA rappelle que la norme de potabilité de l'eau pour le plomb est aux États-Unis de 15 µg/L (15 parties par milliard)[103].
De nombreux jus de fruits sont naturellement acides (tomate, citron, orange, ananas, abricot, raisin, kiwi, etc.). Il a pu arriver que des jus d'agrumes et d'autres boissons acides (Coca-Cola, sodas divers, eaux gazeuses...) aient été stockés quelques heures dans des carafes en cristal avant d'être servis, à des enfants notamment. Or, on a montré en laboratoire que le cristal relargue du plomb de manière aussi efficace avec n'importe quelle boisson acide qu'avec les boissons alcoolisées.
Quand une même carafe est depuis longtemps utilisée, elle a perdu le plomb le plus facilement disponible et ne relargue presque plus de plomb, pas assez pour qu'il soit plus dangereux pour la santé que celui trouvé dans la nourriture[104],[105].

D'autres sources habituelles de saturnisme sont certaines médecines traditionnelles (ayurvédiques notamment), certains cosmétiques traditionnels (khôl, surma).

Intoxication endogène

Toute fracture entraîne en réponse physiologique une libération (rapide, normale et importante) de calcium dans le sang. Ce calcium est essentiellement prélevé dans les os. Or c'est dans ces mêmes os que 80 % à 95 %[16] environ du plomb absorbé par le patient (humain) ou l'animal soigné a été stocké dans les années et décennies précédentes (le cycle du plomb ou temps moyen de séjour du plomb dans l'os est estimé à 20 ans chez l'homme).

Ceci explique, que chez un individu ne présentant pas de plombémie anormale avant la fracture ou au moment de la fracture, mais ayant antérieurement stocké du plomb dans les os, un saturnisme puisse être induit par la libération d'une quantité significative de plomb « osseux » dans le sang. Ce type de saturnisme a très peu de chance d'être détecté si le médecin n'a pas été alerté sur ce risque par le patient (qui souvent n'en est pas conscient). Les symptômes sont mis sur le compte de l'état de choc ou du traumatisme lié à l'accident.

  • Si le patient est une femme enceinte ou allaitante, ce plomb peut intoxiquer respectivement le fœtus ou l'embryon et le bébé allaité.
  • Si le patient est une personne se préparant à avoir des enfants, il est possible que ce plomb puisse être source d'infertilité provisoire (le plomb est en effet connu comme étant reprotoxique chez l'homme, au moins en tant que facteur de délétion de la spermatogenèse; en revanche ses effets sur la fertilité féminine n'ont pas été suffisamment étudiés).

Effets et symptômes chez l'Homme

Les symptômes d'intoxications légères conduisent rarement au diagnostic de saturnisme. Avec l'augmentation du taux de plomb dans l'organisme, les symptômes suivant apparaissent :

  • Nausées, vomissements, diarrhées/constipation, maux de tête, avec fréquente perte d'appétit et de poids ;
  • Apparition d'un goût métallique dans bouche, éventuellement suivi dans les cas d'intoxication forte d'apparition d'un liseré grisâtre ou bleuâtre sur les gencives, dit « Liseré de Burton » (très rare chez le jeune enfant, plus fréquent chez l'adulte gravement intoxiqué).
  • Douleurs abdominales (dites « coliques de plomb ») ;
  • Goutte (maladie)[106],[107]
  • Troubles neurologiques, avec réduction des capacités cognitives (difficulté de concentration, trouble de la mémoire), fatigue et comportement léthargique ou au contraire hyperactivité ;
  • Irritabilité ; c'est un symptôme qui a d'abord été constaté en milieu scolaire chez les enfants des régions ou familles exposées. Mais certains auteurs estiment qu'il a été sous-estimé chez l'adulte.
  • Insomnie ;
  • Retard de développement mental chez l'enfant, avec séquelles irréversibles si l'intoxication a concerné l'embryon, le fœtus ou le jeune enfant ;
  • Troubles psychomoteurs : Le plomb affecte les systèmes nerveux central et périphérique, d'abord de manière totalement indolore. Un des premiers signes d'atteinte périphérique (neuropathie chronique) étant une faiblesse des muscles extenseurs de la main (qui apparaît après quelques semaines d'exposition). Si l'exposition perdure ou est élevée, des douleurs articulaires apparaissent, puis une Paralysie éventuelle des membres ;
  • Anémie et hypogammaglobulinémie (qui devrait toujours faire rechercher un possible saturnisme[108])
  • Dysfonctionnement des reins ;
  • Hypertension artérielle ;
  • Thyrotoxicose, avec dépression de la captation d'iode par la thyroïde, et dysfonctionnement de cette glande, d'abord observée chez l'animal puis confirmée chez l'Homme dans les années 1960[109], [110], y compris dans un cas d'intoxication saturnine liée à la présence d'une balle en plomb non extraite de l'organisme [111].
    On observe une élévation de l'hormone TSH) ou chute de la thyroxine sérique et libre en cas d'exposition chronique et plutôt quand la plombémie dépasse 60 µg/100 mL.
    Inversement, certaines thyrotoxicoses pourraient faciliter la contamination de l'organisme par relargage du plomb antérieurement stocké dans les os[112]. Dans ce dernier cas, l'augmentation de la plombémie est accompagnée d'une augmentation du taux sérique d'ostéocalcine qui reflète l'augmentation du « remodelage osseux » qui accompagne souvent l'hyperthyroïdie[112].
  • Stérilité masculine (par effet toxique et/ou de perturbation endocrinienne) ;
  • Perte auditive ;
  • Hyperuricémie (accumulation d'acide urique à la suite d'une excrétion insuffisante dans l'urine)[106],[107] ;
  • Cancers (induit par certaines formes chimiques du plomb) ;
  • Coma puis mort, généralement provoquée par une encéphalite.

Comme le mercure, le plomb semble pouvoir être un perturbateur endocrinien quand il touche le fœtus (in utero), avec des effets différés sur le développement mental[113],[114].

Plomb et épidémiologie de la violence et de la criminalité

Le plomb de l'essence n'est pas la seule source de saturnisme : L'ingestion de plomb provenant de balles ou grenaille de chasse est la première cause de mortalités du condor de californie, espèce très menacée et faisant l'objet d'élevage conservatoire et de réintroduction[115],[116]. Beaucoup d'autres espèces d'oiseaux sont victimes de saturnisme aviaire

Les effets délétères du plomb n'intéressent pas que les médecins. Ils préoccupent aussi le politique, les responsables de la santé, les assureurs et les économistes. Le plomb moléculaire n’est en effet ni biodégradable, ni dégradable. Et étant bioaccumulable, il restera pour cette raison longtemps un problème de santé publique dans la plupart des pays, en dépit de son interdiction d’usage dans l’essence et les peintures et certaines cartouches de chasse. De plus si les émissions ont chuté en occident, la production mondiale de plomb a continué à croître au début du XXIe siècle, avec des sources très importantes d'exposition de l'environnement et de la population en Chine et dans les pays où l'essence est restée plombée.

On se demande depuis longtemps si les effets sociaux de l'exposition au plomb se limitent à des troubles de mémoire associés à une simple irritabilité (par exemple constatée chez les enfants exposés au plomb, et qu'on a attribué à une possible souffrance du cerveau), ou si au-delà d'effets simplement pénalisants pour l’intégration sociale d'individus, le saturnisme pouvait conduire à des troubles graves du comportement, sources de violence et favorisant des comportements criminels.

Saturnisme et criminalité : Rick Nevin (consultant en économie) a en mai 2000 rendu public un essai d'évaluation quantitative du problème. Il concluait que d'après l'étude comparative des statistiques d'exposition moyenne au plomb, et de criminalité, que l'exposition au plomb pouvait expliquer aux États-Unis et dans d'autres pays 65 % à 90 % de la variation des taux de la criminalité violente, avec des vagues d'augmentation de la criminalité qui suivent systématiquement l'augmentation de la plombémie moyenne, avec un léger décalage. C'était la première fois qu'un auteur liait si directement l'augmentation de comportements agressifs ou criminels à une exposition environnementale au plomb [117].

Les résultats de cette étude ont été rappelés sept ans après, en juillet 2007, par le Washington Post dans un article[118] qui a relancé l'intérêt porté à l’intoxication saturnine comme facteur de violence.

Les résultats de Rick Nevin ont en effet été confortés par les conclusions de Roger D. Masters[119] de l’Université de Dartmouth et des travaux similaires d'autres chercheurs non issus du monde de la médecine ou de la toxicologie. Un document de Jessica Reyes économiste d’Amherst est disponible en pré-publication en ligne[120].

Saturnisme et schizophrénie

On se demande depuis longtemps si le plomb peut expliquer certains troubles mentaux, dont certaines schizophrénies.

  • En janvier 2004 un article du Scientific American estimait à propos de la schizophrénie que le blocage des récepteurs NMDA (protéine jouant un rôle essentiel dans le développement du cerveau et la cognition) pouvaient produire les symptômes de la schizophrénie, mais sans en expliquer le mécanisme.
  • Il est depuis reconnu que le plomb est un puissant inhibiteur du récepteur NMDA, et notamment dans l'hippocampe[121], avec des effets qui semblent pouvoir persister longtemps après l'exposition [122].
  • Selon un article de 2007 sur l'encéphalopathie induite par l’exposition du cerveau au plomb, le plomb interfère aussi avec les phénomènes de neurotransmission liés au glutamate. Ceux-ci sont responsables de l’activité de plus de la moitié des synapses du cerveau humain, et sont essentiels pour l'apprentissage. Le récepteur du glutamate, réputé expliquer l’étonnante plasticité neuronale du cerveau et du développement, est une molécule réceptrice dénommée N-methyl-D-aspartate (NMDA). Or cette NMDA est sélectivement bloquée par le plomb, qui pour partie passe facilement les barrières méningées protégeant le cerveau. L’intoxication saturnine perturberait ainsi les réseaux neuronnaux de l’apprentissage et expliquerait les troubles de la conservation permanente de l'information nouvellement acquise par le cerveau[123].

« Saturnisme utérin » et schizophrénie  : Dans une étude[124] épidémiologique à long terme présentée au congrès annuel 2004 réunion de l'American Association for the Advancement of Science, à Seattle (États-Unis), Ezra Susser et son équipe ont à l’université Columbia de New York ont exploité les données de suivi d’un panel de 12 094 enfants nés à Oakland (Californie) de 1959 à 1966. Des échantillons de sérum sanguins collectés chez leurs mères alors qu'elles étaient enceintes, avaient été congelés et conservé pour une analyse ultérieure.

Les analyses ont montré que les enfants exposés in utero à des taux plus élevés de plomb présentaient un risque doublé de développer une schizophrénie ou des troubles apparentés plus tard. L'étude doit être prolongée sur d'autres populations et sur un panel d'enfants encore plus large, avec des questionnaires plus précis pour les mères afin d'essayer de déterminer s'il y a des périodes d'exposition in utero où le risque est plus élevé de provoquer une future schizophrénie (on peut supposer que la période dite de synaptogenèse est la plus critique, mais cela demande confirmation).

Ezra Susser a émis l'hypothèse d'un impact sur le cerveau du fœtus comparable à celui de l'alcool qui empêche précocement la formation de connexions neuronales, ce qui peut conduire à la mort de groupes de cellules qui auraient dû jouer un rôle dans le développement futur du cerveau. Cette même étude a d'ailleurs détecté d'autres facteurs que le plomb qui peuvent aussi agir ou peut-être s'additionner. L'impact de l'alcool était connu, mais l'étude a montré que les enfants nés d'une mère qui a été grippée dans la première partie de sa grossesse ont trois fois plus de risque de développer une schizophrénie plus tard. D'autres études ont aussi montré un risque accru d'avoir un QI plus bas pour l'exposition in utero à ces trois facteurs (plomb, alcool, grippe).

Saturnisme de l'adulte et des personnes âgées

Les impacts neurocomportementaux du plomb sont connus chez l'enfant. Ils ont peut-être été sous estimés chez l'adulte et la personne âgée[125].

Ainsi grâce à une liste clinique de médecine du travail, a-t-on pu trouver deux vrais jumeaux de soixante et onze ans, tous les deux victimes d'une intoxication chronique au plomb (peintres à la retraite). Mais l'un des deux frères (JG) avait principalement fait du décapage de peinture et avait des antécédents d'exposition chronique au plomb plus graves.
Le taux de plomb de leur rotule et tibia ont été mesuré par "fluorescence KX-ray". En dépit du temps écoulé depuis leur retraite, il était encore de 5 à 10 fois celui de la population générale et environ 2,5 fois plus élevé chez JG que chez son frère (E.G.). On a examiné (spectroscopie par résonance magnétique) les ratios de N-acetylaspartate/créatine (un marqueur de la densité neuronale). Les ratios étaient plus bas chez J.G. que chez son frère. En outre, les scores des tests neurocognitifs évaluant la mémoire et les fonctions cognitives ont été plus mauvais qu'attendu chez les deux frères, et la mémoire à court terme était considérablement pire chez JG que chez son frère. Ceci suggère des effets neurotoxiques à long terme, subtils et durables, de l'intoxication saturnine chronique de l'adulte, avec notamment un dysfonctionnement du lobe frontal (observé chez les deux jumeaux), mais avec également un dysfonctionnement hippocampique du cerveau du frère autrefois le plus exposé au plomb.
Une relation causale ne peut être déduite de ces seuls cas, mais les frères étaient génétiquement identiques et ont connu des expériences de vie semblables et les auteurs estiment que les résultats de la MRS (In vivo magnetic resonance spectroscopy) sont compatibles avec l'hypothèse qu'un saturnisme chronique ait causé chez les deux frères une perte neuronale, ce qui peut contribuer à la dégradation des fonctions cognitives. D'autres études sur des jumeaux pourraient améliorer la compréhension des effets du plomb[122].

Aspects socio-historiques rétrospectifs

Il y a 2000 ans, Dioscorides avaient déjà identifié de nombreux effets délétères du plomb pour la santé
Matériel d'adduction d'eau, plomb, antiquité romaine, source de contamination de l'eau et de saturnisme, qui a peut-être significativement contribué à la chute de l'Empire romain[23]

Les données semblent confirmer l'hypothèse émise depuis longtemps d'un lien (non exclusif) entre exposition au plomb (éventuellement in utero) et troubles comportementaux, générant d'éventuelles violences et conflits.
Elles éclairent d’un jour nouveau les violences qui ont caractérisé certaines périodes et lieux ou caractérisent encore certaines zones géographiques où le plomb a été massivement utilisé par l’industrie, mais aussi par les armées et lors de guerres civiles (Empire romain, guerres mondiales…).
Ces résultats incitent aussi à éradiquer au plus vite le plomb des munitions, dont de chasse.

Traitement médical

  • Il commence avec l'arrêt de l'exposition, et si nécessaire la rénovation des logements anciens. Les enfants ne doivent pas avoir accès aux peintures écaillées. Le lavage fréquent des jouets, des mains, des ongles limite le risque. Faire couler l’eau du robinet de canalisations en plomb quelques instants avant consommation, éviter le gibier d'eau ou tué à la grenaille de plomb, les légumes et fruits de jardins pollués par le plomb, ainsi que les plats, poteries et vaisselle terre cuite, étain, argent soudé ou à usage décoratif, non certifié apte au contact alimentaire ; s’assurer de l’absence d’autres sources d’intoxication (ex grenaille de plomb avalée avec du gibier et stockée dans l'appendice); éviter les cosmétiques de type khôl ou surma et produits médicamenteux de provenance moyen-orientale ou asiatique.
  • Décontamination cutanée, si nécessaire.
  • BAL : dimercaptopropanol : formes graves (IM).
  • Aide à l'élimination naturelle en cas d'exposition récente aiguë : lavage d'estomac, lavement.
  • Traitement chélateur, améliorant l'élimination par l'urine en transformant le plomb tétraéthyle assimilable par l'organisme en plomb inorganique. Ce traitement est associé à une hyperhydratation (perfusion ou absorption d'une grande quantité de liquides) afin d'augmenter ses effets (sous contrôle médical). Les traitements disponibles sont : l'EDTA ou Na2Ca acide éthylène diamino-tétra-acétique : colique de plomb, 500 mg/j à 1 g/j en perfusion sur deux heures, cinq jours, le dimercaprol, le DMSA acide dimercaptosuccinique : 30 mg/kg pendant cinq jours.
  • Le traitement des symptômes doit se poursuivre par un suivi à long terme, notamment chez l'enfant, la femme et la jeune femme en raison de séquelles possibles à long terme (en particulier par relargage du plomb stocké dans les os au moment de la grossesse ou de la ménopause).
  • Manger régulièrement une nourriture non contaminée, équilibrée et riche en vitamine C, vitamine D, fer et calcium limite l’absorption du plomb. Le rôle du calcium reste discuté chez l'homme, mais il reste recommandé par l'InVS.

Lutte contre le saturnisme

Article détaillé : Plomb (maladie professionnelle).

La reconnaissance en tant que maladie professionnelle a permis une meilleure prise en charge de la maladie dans les pays riches, où la détection et la prévention restent les deux piliers sanitaires de cette lutte. Les pays riches ont tous des programmes spécifiques de gestion du risque de saturnisme et de la maladie chez l'enfant, notamment aux États-Unis[126].

La lutte contre le saturnisme infantile est plus difficile. Elle reste à développer dans de nombreux pays notamment en Asie où le saturnisme semble s'être fortement développé ou dans certains pays africains (comme le Nigeria qui a connu les plus haut taux de plomb dans l'essence). L'assainisement d'un sol contaminé autour d'une habitation n'a qu'un effet positif assez modéré sur le taux de plomb de l'enfant, et le nettoyage de la maison (changements de peintures par exemple) a un effet sur la plombémie, mais assez lent[127],[128].

De manière générale, le facteur humain apparait majeur[129] car le plomb ayant été autrefois utilisé dans les jouets (soldats de plomb) ou les tuyauteries, la prise de conscience de sa haute-toxicité n'en a été que plus difficile, et n'est pas acquise chez les chasseurs ou pêcheurs quand ils sont utilisateurs de plomb[129].

Détection

Elle est nécessaire pour planifier l'action et améliorer la prévention. Elle se fait, théoriquement au moins, dans la plupart des pays, s'appuyant surtout sur les déclarations obligatoires envoyés par les médecins aux autorités sanitaires, mais on sait que de nombreux cas sont confondus avec d'autres maladies. Quelques études épidémiologiques, souvent dans les grandes villes ou autour de sites industriels ont permis de mieux connaître la maladie.

En France

En France, cette maladie figure sur la liste des Maladies infectieuses à déclaration obligatoire, bien qu'il ne s'agisse pas d'une maladie infectieuse. Sans être contagieuse, elle peut en effet se transmettre de la mère à l'enfant, et des cas groupés sont fréquents.

Le Ministère de la Santé a en outre décidé :

  • en 1999[130] le classement du saturnisme en affection longue durée (ALD) avec donc prise en charge à 100% par la sécurité sociale ;
  • en octobre 2001 ; gratuité du dépistage plombémie (indice d'intoxication par le plomb) ; et déclaration obligatoire de tout cas de plombémie supérieure ou égale à 100 μg/l ;
  • en novembre 2001, inscription du saturnisme dans le carnet de santé des enfants.
  • en 2003 de créer (ou réactiver) un Comité technique plomb[131]

Un programme d’actions s'appuie sur les dispositions de la loi[132], avec deux grands types de mesures :

  • Actions à la suite des signalements (Art.L.1334-1 à 1334-4 du C.S.P.) ; chaque cas de saturnisme infantile ou d’un risque d’accessibilité au plomb, permet au préfet d'imposer un diagnostic de l’immeuble (par ses services ou par un opérateur agréé). Si une source de plomb est présente, il peut imposer les travaux palliatifs nécessaires. S'il y a refus du propriétaire, le préfet fait exécuter les travaux aux frais de ce dernier ;
  • Prévention (Art.L.1334-5 à L.1334-6 du C.S.P.) ; un Constat de Risque d'Exposition au Plomb" doit désormais être annexé à toute promesse unilatérale de vente ou d’achat d’un bien immobilier affecté en tout ou partie à l’habitation construit avant 1948 ou situé dans une zone à risque d’exposition au plomb (zone délimitée par arrêté préfectoral, généralement à partir des données INSEE ou de recensements passés) ;
  • À la suite de la mauvaise application de cette loi, notamment grâce à l'association des familles victimes du saturnisme[133], une réglementation renforcée a vu le jour le 9 août 2004, les décrets ayant été publiés deux ans plus tard[134] au journal officiel. La loi impose un Constat de Risque d'Exposition au Plomb (CREP) pour toute vente de logements construits avant le 1er janvier 1949. Ce n'est qu'en août 2008 que cette obligation est étendue aux nouvelles mises en location.
  • Un rapport annuel[135] décrit les cas de saturnismes chez les enfants (437 cas signalés en 2006) ;
  • Une enquête de prévalence (Saturn-Inf, basée sur la réalisation d'une plombémie chez 3.800 enfants, dans 140 hôpitaux, avec enquête d’exposition au plomb au domicile pour un sous-échantillon de 500 enfants parmi ceux de l'étude[136]) est lancée en 2008-2009 par l’InVS, car les dernières données disponibles datent de 1995-1996 (selon lesquelles 2 % des enfants âgés de 1 à 6 ans en France seraient victimes de saturnisme, soit environ 85,000 enfants)[137] ;
  • un plan de surveillance du plomb dans quelques aliments (de même que pour le cadmium et le mercure), sous l'autorité de la DGAL du ministère de l'Agriculture. Il est également une des cibles du Plan régional santé environnement (PRSE, périodiquement mis à jour)
  • Les nouveaux objectifs proposés par le HCSP pour 2017, sont de diminuer la plombémie de la population générale pour atteindre une plombémie moyenne (géométrique) de 12 μg/L, et 98 % de la population sous 40 μg de plomb par litre de sang, ce qui implique de poursuivre et développer les efforts de dépistage, prise en charge médicale et prévention du saturnisme. Chez l'enfant et la femme enceinte, 50 μg/L deviendrait le « niveau d’intervention rapide », avec « déclaration obligatoire du cas déclenchant une enquête environnementale » et les mesures individuelles et collectives antérieurement déclenchées à partir de 100 µg/L. un nouveau « niveau de vigilance » est défini (25 μg/L), avec alors information obligatoire des familles concernées sur les risques induits par le plomb, avec « surveillance biologique rapprochée accompagnée de conseils hygiéno-diététiques visant à diminuer l’exposition » (ces seuisl devraient être actualisés tous les 10 ans). Des nouvelles valeurs d’alerte sont aussi proposées en 2014 pour certaines sources de plomb dans l’environnement (sols, poussières de maisons, eau du robinet), avec en cas de dépassement obligation de mesurer la plombémie des personnes exposées et/ou analyse approfondie du risque, toutes ces données devant renseigner une base de données nationale « outil de connaissance et de gestion » demande le HCSP

Peintres et personnalités

Les personnalités[138] incluent :

  • Caravage
  • Diaz de la Pena[139]
  • Monticelli[139]
  • Vincent van Gogh, l'hôpital de St Rémy de Provence diagnostique un empoisonnement au plomb induisant des troubles psychiatriques[139],[140].
  • Le Père Tanguy, le fabricant et marchand de couleurs des impressionnistes[139]
  • Francisco Bayeu[141],
  • Isaac Newton[142]
  • Henri Tudor
  • Ludwig van Beethoven, atteint de saturnisme chronique, diagnostic appuyé sur des analyses de ses cheveux et de fragments osseux

Annexes

Notes et références

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Articles connexes

  • Histoire du saturnisme,
  • Saturnisme aviaire
  • Colica pictonum
  • Colique de plomb
  • Colique du Devonshire
  • Saturnisme en République populaire de Chine
  • Métaux lourds
  • Munition toxique

Normes AFNOR

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Liens externes

  • « le saturnisme infantile chronique, Marseille, France » (Archive Wikiwix Archive.is Google Que faire ?), consulté le 2013-09-10 (Réseau SaturneSud)
  • Fiche sur le saturnisme de l'enfant mineur (INVS)
  • Dossier d'information sur le saturnisme (INSERM)
  • Portail de la médecine
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