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Micro-organisme

Micro-organisme

Amas de bactéries Escherichia coli grossies 10 000 fois au microscope électronique.
Culture d'Escherichia coli dans une boîte de Petri.
Salmonelles (Salmonella typhimurium), en rouge, sur une culture de cellules humaines.

Un micro-organisme (du grec μικρός, mikrós, « petit » et de ὀργανισμός, organismós, « organisme ») ou microbe est un organisme vivant, invisible à l'œil nu, qui ne peut être observé qu'à l'aide d'un microscope.

Les micro-organismes sont représentés par diverses formes de vies dont les bactéries, certains champignons microscopiques, les archéobactéries, et les protistes ; des plantes microscopiques (appelées algues vertes) ; et des animaux tel que le plancton, le planaire et l'amibe. Certains microbiologistes incluent les virus mais d'autres ne les considèrent pas comme des êtres vivants[1],[2].

En améliorant le microscope et en mettant en évidence dès le XVIIe siècle l'existence des bactéries, le drapier hollandais Antoine van Leeuwenhoek apparaît comme le précurseur de l'étude des micro-organismes et de la biologie cellulaire. Depuis 1872 (Ferdinand Julius Cohn) les « bactéries » sont différenciées des levures, des moisissures, des infusoires ou des parasites.

Le mot « microbe » (littéralement « petite vie ») est introduit par le chirurgien français Charles Sédillot en 1878 pour désigner tous ces êtres vivants infiniment petits, un mois avant que Pasteur et ses collaborateurs fassent une communication à l'Académie de médecine, sur la « théorie des germes » et ses applications à la médecine et à la chirurgie, dans laquelle des êtres vivants microscopiques sont déclarés responsables de maladies.

Histoire

Au XVIIe siècle le drapier hollandais Antoine van Leeuwenhoek observe les micro-organismes  microbes, levures, globules du sang  à l'aide d'un microscope de sa conception. Il fait ainsi l'une des plus importantes contributions à la biologie en ouvrant la voie aux domaines de la microbiologie et de la bactériologie.

Au XIXe siècle, Agostino Bassi prouve l'origine microbienne du mal del segno, une maladie (muscardine) des vers à soie, Filippo Pacini celle du choléra, Casimir Davaine celle du charbon et les découvertes de micro-organismes se multiplient. Louis Pasteur participe au mouvement et découvre lui aussi quelques micro-organismes pathogènes. En 1867, Joseph Lister (qui déclare une dette envers Pasteur) révolutionne la chirurgie avec l'antisepsie. Divers scientifiques de l'époque, dont le plus connu est Pasteur, travaillent sur des vaccins.

En 1878, Charles-Emmanuel Sédillot propose le terme « microbe » (signifiant mot à mot : petite vie) pour désigner tous les agents microscopiques pathogènes[3].

La liste de ces agents est rapidement complétée[4] : le staphylocoque (Pasteur, 1878), le gonocoque (Neisser, 1879), la typhoïde (Koch en 1880), la tuberculose (Koch en 1882) , le pneumocoque (Talamon, 1883), le choléra (Koch, 1883), le streptocoque (Fehleisen, 1883), la diphtérie (Löffler, 1884), le tétanos (Nicolaier, 1886), le méningocoque (Weichselbaum, 1887), la peste (Yersin, 1894), la dysenterie (Shiga, 1898), la coqueluche (Bordet et Gengou, 1906), etc.

Micro-organismes

Les micro-organismes auraient été les premières formes de vie à se développer sur Terre, il y a environ 3,4 à 3,7 milliards d'années. Le transfert horizontal de gènes, de pair avec un haut taux de mutation et de nombreux autres moyens de la variation génétique, permet aux micro-organismes d'évoluer rapidement (par sélection naturelle), de survivre dans des environnements nouveaux et répondre à des stress environnementaux.
Cette évolution rapide est importante dans la médecine, car elle l'a conduit à l'évolution récente de « super-microbes » — des bactéries (notamment pathogènes) rapidement devenues résistantes aux antibiotiques modernes.

Les micro-organismes sont présents dans toute la structure de la taxonomique. Il est possible de distinguer d'une part les micro-organismes procaryotes qui ne possèdent pas de noyau comme les bactéries et les Archaea, et d'autre part les micro-organismes eucaryotes possédant un noyau. Les eucaryotes microscopiques comprennent les champignons comme les levures et les deux types de protistes, algues et protozoaires.

Les micro-organismes sont souvent décrits comme unicellulaires, quelques protistes unicellulaires sont visibles à l'œil nu et quelques espèces multicellulaires sont microscopiques.

La taille moyenne des cellules bactériennes est de 0,5 à 1 μm, mais il existe certaines bactéries ayant une taille de plus de 50 μm. Les cellules eucaryotes ont un diamètre allant de 5 à 20 μm.

On trouve les micro-organismes dans tous les types d'environnement présents dans la nature : ils colonisent tous les écosystèmes, comme les sols, les eaux douces et les eaux marines, l'air, mais aussi des environnements plus hostiles tels que les pôles, les déserts, les geysers, le fond des océans, etc. Les micro-organismes rencontrés dans des environnements extrêmes sont qualifiés d'extrêmophiles. De nombreux micro-organismes sont associés aux plantes ou aux animaux avec lesquels ils peuvent entretenir des relations de symbiose, de commensalisme ou de parasitisme. Certains micro-organismes peuvent être pathogènes, c’est-à-dire entraîner une maladie chez les plantes ou les animaux.

Habitats

Certains microbes dont ceux dits extrêmophiles auraient acquis au cours de l'évolution des moyens de résistance face au système immunitaire de leur hôte ou face au stress environnemental (acides, pression, température, froid, oxydants, métaux lourds, radioactivité, etc.), soit en s'adaptant à l'un ou l'autre de ces « facteurs de stress », soit en entrant en sommeil ou en se protégeant par « enkystement ».

Deux tachyzoïtes de Toxoplasma gondii, microscopie électronique à transmission[5]

Un même microbe peut ainsi se présenter sous plusieurs formes, Toxoplasma gondii offre par exemple  selon le contexte  trois formes :

  • tachyzoïte ; forme active à haut taux de reproduction ;
  • mérozoïte ; se reproduisant moins vite, mais protégé dans des kystes cellulaires ;
  • sporozoïte ; forme très protégée logée dans des oocystes.

Dans les milieux fréquentés par l'homme, le taux de micro-organismes dans l'air peut fortement varier. Il est notamment lié à la poussière et à l'humidité contenus dans l'atmosphère.

Les rayons UV du soleil désinfectent l'air quand il est humide et riche en particules, telles que les poussières, les pollens, les suies, etc. car ces particules servent de support à de nombreuses bactéries, virus, micro-organismes, spores de champignon, et sont facilement mis en suspension dans l'air par le vent, les turbulences, le balayage, ou encore le flux des véhicules.

C'est dans les villes denses que le taux de microbes était le plus élevé au siècle dernier. Lablokoff, naturaliste qui travaillait sur les forêts et leur naturalité, a comparé le taux de microbes contenu dans l'air de différents lieux plus ou moins pourvus d’arbres et de végétation. Il a alors obtenu les résultats suivants[6] :

  • Grands magasins à Paris : 4 000 000 microbes/m3 d'air ;
  • Grands boulevards : 575 000 microbes/m3 d'air ;
  • Champs-Élysées : 88 000 microbes/m3 d'air ;
  • Parc Montsouris (boisé) : 1 000 microbes/m3 d'air ;
  • Forêt de Fontainebleau : 50 microbes/m3 d'air.

En 1956, d'autres mesures[7] ont donné :

  • Vieux Nice : 465 000 microbes/m3 d'air ;
  • Bordeaux (parc) : 1 350 microbes/m3 d'air ;
  • Pineraie de Le Porge : 30 microbes/m3 d'air.

Importance

Les micro-organismes sont indispensables à l'homme et à l'environnement. Ils participent au cycle du carbone et au cycle de l'azote et accomplissent un rôle vital dans presque tous les écosystèmes, tel que le recyclage d'autres organismes.

Maladies et immunologie

Les micro-organismes peuvent aussi être la cause de nombreuses maladies infectieuses. On distingue ainsi: les bactéries pathogènes qui provoquent des maladies comme la peste, la tuberculose et le charbon, les protozoaires responsables de maladies comme le paludisme, la maladie du sommeil et la toxoplasmose et enfin les champignons qui provoquent des maladies telles que la teigne, la candidose ou histoplasmose. D'autres maladies comme la grippe, la fièvre jaune ou le SIDA sont causés par des virus pathogènes qui ne sont généralement pas classés comme des organismes vivants et ne sont donc pas des micro-organismes au sens strict du terme.

Conditions de vie et besoins des micro-organismes

Aux échelles microscopiques, les organismes sont confrontés à une physique et à des besoins particuliers[8].

Pour se nourrir, les micro-organismes ont besoin de :

  • substances organiques :
    • glucides (sucres) : glucose, lactose… apport de carbone et d'énergie.
      Utilisation soit par respiration (dégradation totale : gaz), soit par fermentation (composés divers issus du « découpage » plus ou moins important des sucres).
      Les produits de ces fermentations sont des déchets et sont donc rejetés dans le milieu naturel.
    • protides (protéines) : apport de substances azotées.
      • Dégradation plus ou moins importante des protéines avec libération d'acides aminés, peptides, voire ammoniac : c'est la protéolyse.
    • lipides : éventuellement — apport de carbone et d'énergie.
      • Libération d'acides gras : appelée la lipolyse.
      • La quantité de lipides a un effet protecteur sur la destruction des bactéries par de hautes températures.
  • Substances minérales : sels.
  • Facteurs de croissance : vitamines.
  • Eau.

Par le froid, on stoppe la croissance de la majorité des micro-organismes qui vont se maintenir en état de dormance, sans multiplication.

L'importance du temps de chauffe permet, pour une température donnée, de parvenir à une destruction plus ou moins complète ; une augmentation de température impliquant une diminution du temps de chauffe. Les principaux traitements thermiques sont la pasteurisation et la stérilisation.

À une température favorable adaptée et optimale, on permettra le développement de certaines espèces :

  • psychrophiles : température optimale de 12 à 15 °C
  • psychrotrophes : température optimale de 25 à 30 °C
  • mésophiles : température optimale de 30 à 45 °C
  • thermophiles : température optimale de 55 à 75 °C

L'interaction de micro-organismes différents peut varier :

  • la métabiose : succession sur un même milieu de micro-organismes ; les premiers préparent le « terrain » pour les suivants, puis stoppent leur multiplication et enfin disparaissent ;
  • la symbiose : développement sur un même milieu et en même temps de plusieurs espèces microbiennes, ces espèces se favorisant mutuellement ;
  • l'antibiose : il en existe plusieurs formes
    • par compétition, lié au nombre et à la virulence d'une espèce ; la plus combative occupant le milieu, celui-ci devient impropre au développement de l'espèce la plus faible,
    • par inhibition : les antibiotiques,
    • par parasitisme : les bactériophages ou virus dont la multiplication est 25 à 100 fois plus rapide que celle des bactéries.

L'activité des micro-organismes dans la biosphère et leur rôle dans les cycles biogéochimiques sont essentiels pour toutes les formes de vie sur Terre.

La microbiologie est la science qui étudie les micro-organismes.

Notes et références

  1. (en) Rybicki EP (1990) « The classification of organisms at the edge of life, or problems with virus systematics » S Aft J Sci. 86:182-6.
  2. (en) Lwoff A, « The concept of virus », J Gen Microbiol, vol. 17, no 2, , p. 239–53
  3. Suite aux découvertes de Pasteur, Sédillot invente et propose en 1878 à l'Académie des sciences, après approbation de Littré, le mot « microbe ». Jusqu'alors on employait divers synonymes, par exemple « animalcules » ou « êtres microscopiques ». (Voir une liste de ces dénominations dans la communication de Sédillot : C. Sédillot, « De l'influence des découvertes de M. Pasteur sur les progrès de la Chirurgie », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences, t. 86, (1878), p. 634, consultable sur Gallica.)
  4. Pierre Germa. Les grandes inventions, Berger Levrault Edit Paris 1982
  5. Jacques Rigoulet, Alain Hennache, Pierre Lagourette, Catherine George, Loïc Longeart, Jean-Loïc Le Net et Jitender P. Dubey, « Toxoplasmosis in a bar-shouldered dove (Geopelia humeralis) from the Zoo of Clères, France », Parasite, vol. 21, , p. 62 (ISSN 1776-1042, PMID 25407506, DOI 10.1051/parasite/2014062)
  6. Iablokoff AK, Carrefour biogéographique, Le massif de Fontainebleau, chap III, Pris, Sedes, 1953, p. 63-98
  7. Georges Plaisance (médecin et ingénieur des eaux et forêts), Forêt et Santé, Guide pratique de sylvothérapie, Ed Dangles ISBN 2-7033-0278-9
  8. (en) by David B Dusenbery ; Review by: Howard A Review: The Mechanical World of Microorganisms ; Living at Micro Scale: The Unexpected Physics of Being Small ; StoneBioScience, Vol. 60, No. 11 (décembre 2010), p. 950-951

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Perry J., Staley J., Lory S., Microbiologie, Éditions Dunod, 2004.
  • Prescott, L.M., Harley, J.P. Klein, D.A., Microbiologie 2e édition, DeBoeck eds, 2003.
  • Singleton P. Bactériologie : Pour la médecine, la biologie et les biotechnologies, Cours, 6e édition, Dunod, 2005.

Lien externe

  • Sélection de sites web sur la microbiologie dans le répertoire encyclopédique : Les Signets de la Bibliothèque nationale de France
  • Portail de la biologie
  • Portail de la microbiologie
  • Portail de la médecine
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