Troisième République (France)
Troisième République
1870 – 1940[N 1]
(69 ans 10 mois et 7 jours)
Drapeau |
Armoiries |
Statut | République parlementaire |
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Capitale | Versailles puis Paris |
Langue | Français |
Monnaie | Franc |
Population 1872 | 37 653 000 hab. |
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1914 | 41 630 000 hab. |
1918 | 38 670 000 hab. |
1926 | 40 581 000 hab. |
1938 | 41 560 000 hab. |
4 septembre 1870 | À la suite de la capture de Napoléon III par les Prussiens, Gambetta fait proclamer la IIIe République. |
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mars - mai 1871 | Instauration de la Commune de Paris, écrasée par le gouvernement à l'issue de la "Semaine sanglante". |
1875 | Lois constitutionnelles |
29 juillet 1881 | Liberté de la presse. |
1881 - 1882 | Vote des lois Jules Ferry : l'école devient gratuite (1881), l'éducation obligatoire et l'enseignement public laïc (1882). |
21 mars 1884 | Légalisation des syndicats. |
1894 - 1906 | Affaire Dreyfus : Dreyfus accusé d'espionnage est condamné avant d'être gracié par Émile Loubet. |
23 février 1899 | Tentative de coup d'État pour renverser Émile Loubet et la Troisième République mené par la droite nationaliste. |
1er juillet 1901 | Légalisation des associations. |
9 décembre 1905 | Émile Combes fait voter la séparation des Églises et de l'État. |
1914 - 1918 | Première Guerre mondiale |
28 juin 1919 | Le Traité de Versailles (1919) permet à la France de récupérer l'Alsace-Moselle. |
6 février 1934 | Crise antiparlementaire |
1936 | Accords de Matignon : conventions collectives, semaine de 40 heures, congés payés. |
(1er) 1871-1873 | Adolphe Thiers |
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(Der) 1932-1940 | Albert Lebrun |
Chambre haute | Sénat |
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Chambre basse | Chambre des députés |
Entités précédentes :
Entités suivantes :
La Troisième République est le régime républicain en vigueur en France de 1870 à 1940. La Troisième République est le premier régime français à s'imposer dans la durée depuis 1789. En effet, après la chute de la royauté, la France a expérimenté, en quatre-vingts ans, sept régimes politiques : trois monarchies constitutionnelles, deux républiques éphémères (pendant douze et quatre ans) et deux empires. Ces difficultés contribuent à expliquer les hésitations de l'Assemblée nationale, qui met neuf ans, de 1870 à 1879, pour renoncer à la royauté et proposer une troisième constitution républicaine.
Formant une constitution de compromis, les lois constitutionnelles de 1875 établissent une république parlementaire de type bicaméral. Marqués par le renversement en 1851 de la République par son premier président élu, les républicains vont n'accorder dans la pratique au chef de l'État qu'un rôle représentatif. La IIIe République a constitué ce que Philip Nord a appelé « le moment républicain[1] », c'est-à-dire une période marquée par une forte identité démocratique, que les grandes lois sur l'Instruction, la laïcité, les droits de grève, d'association et de réunion illustrent. La IIIe République est aussi une époque où la vie des Français est « passionnément politique, autant que la vie d'un peuple peut l'être dans une période non révolutionnaire[2]. » C'est ce que Vincent Duclert qualifie de « naissance de l'idée de la France comme nation politique[3]. »
La IIIe République est aussi une période marquée par toute une série de réformes sociales auxquelles la société aspirait, notamment par l'adoption d'une législation plus favorable pour les salariés.
Née dans la défaite, la IIIe République évolue de sa proclamation à sa chute dans un contexte de confrontation avec l'Allemagne. La Troisième République est le régime qui a permis à la république de s'installer durablement dans l'histoire politique de la France après les deux premiers échecs des Première république de 1792 (douze ans) et Deuxième république de 1848 (quatre ans).
Hésitations initiales : République ou monarchie ? (1870-1879)
Fin de la guerre franco-allemande de 1870 et ses suites
Gouvernement de la Défense nationale
Au cours de la guerre de 1870, les opérations militaires aboutissent à la défaite et à la capture de l'empereur Napoléon III à Sedan, le 2 septembre 1870. À la suite de l'invasion du Palais Bourbon, siège du Corps législatif, par une foule d'émeutiers, la République est proclamée le par Léon Gambetta, au balcon de l’hôtel de ville de Paris, quoiqu'elle l'ait d'abord été dans quelques villes de province (Lyon, notamment). Un gouvernement de la Défense nationale est constitué, avec à sa tête le général Trochu, gouverneur militaire de la capitale, dont la nomination vise aussi à obtenir le ralliement de l'armée. Sont également membres de ce gouvernement Jules Favre (ministre des Affaires étrangères, et vice-président du Gouvernement), Jules Ferry (secrétaire du Gouvernement), Léon Gambetta (ministre de l'Intérieur), Ernest Picard (ministre des Finances), Henri Rochefort, Jules Simon (ministre de l'Instruction Publique, des Cultes et des Beaux Arts), Adolphe Le Flo (ministre de la Guerre), Martin Fourichon (ministre de la Marine et des Colonies), Adolphe Crémieux (garde des Sceaux), presque tous députés républicains de Paris.
L'armée de Bazaine résiste toujours dans Metz assiégée. Paris est également assiégée à partir du 18 septembre. Le 7 octobre, Gambetta quitte Paris en ballon pour tenter de réorganiser la défense à partir de la province. La capitulation précipitée de Bazaine et de l'armée de Metz (150 000 hommes) le 30 octobre porte un grave coup à la France. Elle intervient au moment où la délégation gouvernementale de Tours est parvenue à organiser une Armée de la Loire. Les Prussiens peuvent alors concentrer leurs forces sur cette nouvelle armée sans entraînement et mal équipée, ce qui oblige la délégation gouvernementale à se replier sur Bordeaux.
Le , l'Unité allemande est réalisée, les souverains allemands réunis au château de Versailles proclament le roi Guillaume de Prusse empereur d'Allemagne. À partir du 23 janvier, Paris souffrant des bombardements et menacé de famine, Jules Favre, ministre des Affaires étrangères, resté dans la capitale avec la majorité du gouvernement, engage des négociations avec les Allemands. Un armistice est signé et prend effet le 28 janvier, après 132 jours de siège. Il a une durée de trois semaines, au cours desquelles des élections doivent avoir lieu, Bismarck voulant traiter avec un pouvoir à la légitimité incontestable. Gambetta fait voter deux décrets : le premier qui frappe de proscription politique tout le personnel de l'empire, ceux qui ont effectué une charge au sein de l'empire ; et un deuxième qui, pour remplir le vide de ce premier décret, indique que les préfets nouvellement élus pourront être éligibles dans leur département. Mais ces deux décrets sont annulés et Gambetta démissionne.
Élections du 8 février 1871 et la paix
Le décret du 29 janvier 1871 fixe les conditions des élections, reprenant la tradition républicaine de la Seconde République, inaugurée par la loi électorale du 15 mars 1849 : scrutin de liste, départemental et majoritaire, par opposition avec le scrutin uninominal à deux tours qui avait été la règle sous le Second Empire. Les élections ont lieu dans des conditions spéciales : 40 départements sont occupés, 400 000 Français sont prisonniers, et aucune campagne (exceptée à Paris) n'a été préparée. Par ailleurs, les votes se déroulent au chef-lieu du canton pour pousser les campagnes conservatrices à l'abstention[4].
Les élections ne portent pas sur le choix du régime, mais sur le thème de la guerre (ou de la paix). Les républicains sont divisés entre ceux, comme Gambetta et les radicaux, qui veulent poursuivre la guerre à outrance contre l'ennemi, et les modérés résignés à la paix. Les conservateurs, regroupant divers courants allant de la bourgeoisie libérale aux monarchistes, s'unissent sur le thème de la paix[5]. Le 8 février 1871, l'Assemblée nouvellement élue est majoritairement monarchiste : sur 675 élus, environ 400 monarchistes (dont 182 légitimistes et 214 orléanistes), et 250 républicains avec une minorité de socialistes, comme Félix Pyat et Benoît Malon, et quelques bonapartistes issus de la Corse et de la Charente[6]. Les départements de l'Est, envahis, se sont largement prononcés pour les républicains et la guerre, tout comme le Midi de la France et Paris. Les Français, lassés de la guerre, ont préféré voter pour les tenants de la paix, sans que leur vote signifie une adhésion à la cause monarchiste[réf. nécessaire]. En effet, André Encrevé écrit : « la majorité monarchiste va, d’une certaine façon, commettre la même erreur que Louis-Napoléon en 1851, c'est-à-dire confondre une circonstance exceptionnelle (ici l’invasion) avec une tendance profonde de l’opinion publique. Ces députés ont été élus parce qu’ils proposaient de signer la paix ; mais leur option majoritaire pour la monarchie n’est pas à l’unisson des préférences des Français »[7].
Le 16 février 1871, Jules Grévy est élu président de l'Assemblée nationale, un républicain modéré « en faveur auprès des monarchistes pour s'être constamment tenu en dehors de la Révolution depuis le jour où elle s'est faite »[8]. Son hostilité à la guerre, son engagement pour la défense de l'ordre en font un candidat idéal pour la nouvelle majorité. Le 17 février 1871, Adolphe Thiers, ancien ministre de l'Intérieur de Louis-Philippe, est nommé Chef du pouvoir Exécutif de la République française à la quasi unanimité : il est « l’administrateur nécessaire de l’infortune nationale », exerçant « ses fonctions sous l'autorité de l'Assemblée Nationale, avec le concours des ministres qu'il aura choisi et qu'il présidera ». Le 19 février, il constitue un gouvernement, composé de ministres du centre droit et de la gauche modérée, avec à sa tête Jules Dufaure qui prend le portefeuille de la Justice[9]. Dans son programme du 19 février, Thiers invite l'Assemblée à mettre entre parenthèses la question du régime pour ce qui importe le plus : « pacifier, réorganiser, relever le crédit, ranimer le travail »[10]. Il est ensuite prévu par un pacte tacite conclu entre Thiers et l'Assemblée, dit Pacte de Bordeaux (10 mars 1871), que le Chef du Pouvoir Exécutif ne préparera pas de solution constitutionnelle à l'insu de celle-ci, mais pourvoira aux nécessités nationales et à la négociation avec l'Allemagne.
Thiers rencontre Otto von Bismarck le 21 février 1871. Le Chancelier lui signifie qu’il ne pourra pas proroger l’armistice au-delà du 24 février et lui annonce les conditions exorbitantes auxquelles doit se soumettre la France pour qu'un traité de paix entre les deux pays soit possible. Le Traité préliminaire de paix est signé à Versailles le 26 février. L’Allemagne obtient : une indemnité de guerre de 6 milliards de francs, réduite à 5 milliards après négociation ; la cession de l'Alsace (sauf Belfort, défendu avec acharnement par le colonel Pierre Denfert-Rochereau), de l'essentiel de la Moselle, d'une partie de la Meurthe et des Vosges ; un défilé des troupes allemandes sur les Champs-Élysées. Le , l’Assemblée ratifie la convention, lors d’une séance dramatique. 546 députés l’adoptent contre 107 seulement qui la rejettent[11]. On comptait parmi eux tous les députés de Paris (Louis Blanc, Henri Brisson, Georges Clemenceau, Victor Hugo, Édouard Lockroy, Henri Martin, Arthur Ranc, Henri Rochefort, etc.), les députés d’Alsace et de Lorraine, qui démissionnent aussitôt, bientôt suivis de nombreux députés républicains. L'extrême gauche radicale, socialiste, internationaliste désavoue l'Assemblée et lui dénie toute légitimité.
Le traité définitif, rédigé en français selon les usages diplomatiques, est signé le et connu sous le nom de traité de Francfort.
La Commune (18 mars - )
La Commune trouve son origine dans la défaite de 1871, dans l'attitude de l'Assemblée nationale et du Gouvernement, et dans les manifestations idéologiques de la population parisienne.
- La guerre de 1870 a profondément marqué la capitale qui a subi un siège très dur et dont la population a souffert de la faim. L'armistice de janvier 1871 est contesté par les Parisiens qui ont résisté à l'ennemi pendant près de quatre mois. « Les insurgés vibraient d'un patriotisme de gauche que la honte de la défaite exaspérait[12] ».
- L'attitude de l'Assemblée, majoritairement royaliste et pacifiste, qualifiée d'« Assemblée de ruraux » par certains Parisiens, contribue à l'exacerbation des esprits. Le 10 mars 1871, siégant alors à Bordeaux, elle décide de s'installer à Versailles plutôt qu'à Paris, parce qu'elle voit dans cette dernière, non sans raison, « le chef-lieu de la révolution organisée, la capitale de l'idée révolutionnaire »[13]. Par une loi du même jour, elle met fin au moratoire sur les effets de commerce, acculant à la faillite des milliers d'artisans et de commerçants, et elle supprime la solde de 1,50 franc par jour, payée aux gardes nationaux.
- L'attitude du Gouvernement n'est pas conciliante, notamment lorsqu'il nomme trois bonapartistes aux postes de préfet de police, Marie-Edmond Valentin, de chef de la Garde Nationale, le général d'Aurelle de Paladines, et de gouverneur, le général Vinoy, nominations vécues comme une provocation par les Parisiens qui ont provoqué la chute du régime impérial à la suite de sa défaite militaire. Le 9 mars 1871, le préfet de police interdit les principaux journaux d'extrême gauche, comme Le Cri du Peuple de Jules Vallès.
Toutes ces mesures font monter la tension à Paris au sein du petit peuple composé de « ce qui a produit la sans-culotterie en 1792-1794 : ébénistes, tanneurs, cordonniers, tailleurs, maçons, charpentiers… »[14]. Comme l'écrit Jean-Jacques Chevallier, « la Commune était l'expression, chez ses meneurs, d'un républicanisme ultra rouge, antireligieux, jacobin, prolétarien, fouetté par la haine pour cette assemblée monarchiste »[12]. Certains historiens voient d'autres facteurs dans le déclenchement de la Commune de Paris, notamment Jacques Rougerie qui souligne le rôle de la révolution haussmannienne et interprète la Commune comme « une tentative de réappropriation populaire de l'espace urbain »[15].
La révolte éclate lorsque Thiers tente de faire saisir les 227 canons de la Garde nationale (canons financés par les Parisiens) le . Deux généraux sont sommairement exécutés et le gouvernement quitte alors Paris précipitamment. Le Comité central de la Garde nationale (constitué lors de la fédération des bataillons de la Garde nationale en février 1871), resté maître de Paris, s'installe à l'Hôtel de Ville. Le 26 mars, les insurgés font élire le Conseil général de la Commune, composé de 90 élus dont 20 modérés qui démissionnent rapidement. En effet, les élections ont été peu représentatives, la moitié des électeurs n'ayant pas voté[16]. Le mouvement parisien se radicalise et va « se transmuer inexorablement en révolution politique et sociale », selon le mot de Jacques Rougerie.
Durant ces évènements, le Gouvernement constitue en hâte une armée, que les communards appellent versaillaise, composée en partie de prisonniers de guerre libérés par les Allemands, qui soutiennent la répression. Le 21 mai, les Versaillais parviennent à entrer dans la ville par la porte de Saint-Cloud. Commence alors la Semaine sanglante (21 au 28 mai), marquée par des combats de rue sans pitié, barricade par barricade. Les communards se livrent à des exécutions d'otages et à la destruction par le feu d'édifices, joyaux du patrimoine de Paris, mais symbolisant le pouvoir à leurs yeux: Palais des Tuileries, Hôtel de Ville, Palais de Justice,... La Sainte-Chapelle et le musée du Louvre échappent de peu au désastre. Les hostilités s'achèvent par la défaite des insurgés au cimetière du Père-Lachaise. Les combats font moins de 900 morts du côté des Versaillais. Les pertes des communards, longtemps estimées à 20 000, ont été réévaluées à 10 000 par Robert Tombs, dans La Guerre contre Paris (1871). Il y a 300 000 dénonciations, 36 000 arrestations, dont 819 femmes et 538 enfants : les tribunaux militaires prononcent 270 condamnations à mort (dont 26 furent exécutées), 13 450 condamnations dont 7 500 à la déportation en Nouvelle-Calédonie. Plusieurs milliers de communards doivent s’exiler. Le mouvement socialiste est décimé pendant près de dix ans.
L'historien monarchiste Jacques Bainville explique que la répression de Thiers a bénéficié très largement à la forme républicaine de Gouvernement. En effet, la République a montré qu'elle pouvait défendre l'ordre et qu'elle s'est détachée de la violence révolutionnaire. Dans son Histoire de France, en 1924, il explique : « Ce fut la République qui signa la paix. Elle vint à bout de la Commune et rétablit l'ordre. Elle assuma toutes les responsabilités et elle en eut le bénéfice. Ce fut elle qui remplit le programme sur lequel la majorité de droite avait été élue. Alors les craintes que la République inspirait - révolution, guerre sans fin - s'évanouirent. Et ces causes réunies firent que le régime républicain, d'abord provisoire, devint définitif. » Il conclut : « C'est elle [la Commune]… qui a consolidé le régime républicain[17]. »
Premiers temps de la IIIe République
Adolphe Thiers, administrateur nécessaire de l'infortune nationale
Réformes de Thiers
Chef du Pouvoir exécutif, Thiers se lance dans des réformes financières, administratives et militaires.
D'abord, il reste à payer l'indemnité de guerre de 5 milliards de francs exigée par l'Allemagne, somme correspondant à deux ou trois budgets annuels à cette époque[18]. La souscription d'un grand emprunt public est décidée par Thiers, votée le 21 juin 1871 et permet de réunir dans la seule journée du 27 juin plus de 4 milliards de francs. Les Allemands évacuant le territoire au fur et à mesure des paiements, Thiers demande que les quatre départements parisiens soient d’abord évacués, et, en septembre 1873, les derniers fonds sont versés alors que les dernières troupes d'occupation quittent le pays.
La loi monétaire prussienne du 4 décembre 1871, souhaitée par Bismarck, a obligé la France à emprunter 25 % de son PIB, pour verser un stock d'or à l'Allemagne en guise d'indemnité de guerre, ce qui a fait doubler la dette publique française et a créé une classe d'épargnants participant à l'expansion boursière sous la IIIe République : 4 millions de Français sont porteurs de dette publique en 1880 contre 1,5 million en 1870[19].
Par ailleurs, Thiers entreprend de réformer la carte administrative par deux grandes lois :
- celle du 10 août 1871 maintient le préfet comme unique représentant de l'État dans le département ; le Conseil général de préfecture est, comme sous le Second Empire, élu au suffrage universel masculin, mais, et c'est une nouveauté, le département obtient le statut de collectivité territoriale ;
- celle du 14 avril 1871 revient sur la loi du 7 juillet 1852, adoptée sous le Second Empire : le maire est élu par le conseil municipal (lui-même élu au suffrage universel), sauf dans les villes de plus de 20 000 habitants où le maire est nommé à la discrétion du Gouvernement. Cette défiance à l'égard des grandes municipalités s'explique par les événements de la Commune. Par ailleurs, Paris « bénéficie » d'un régime spécial, sans maire.
Enfin, est votée la loi du 27 juillet 1872 sur l'armée, refusant aux militaires le droit de vote. L'armée devient « la Grande Muette ».
Adolphe Thiers : premier président de la République
Adolphe Thiers est considéré indispensable à l'Assemblée pour négocier le départ anticipé des troupes allemandes. Les monarchistes ne sont pas fâchés de laisser la répression de la Commune afin de préserver « les Princes d'un pareil fardeau en pareil temps »[20]. Par ailleurs, il faut éviter que les Français assimilent le retour du roi à l'humiliation de la défaite et à l'occupation de la France par une armée étrangère. L'Assemblée est donc amenée à conforter Thiers dans sa position de chef de Gouvernement, en attendant que la Restauration puisse se faire. Celui-ci, critiquant son titre de « Chef », lui préfère celui de « président de la République », et l'Assemblée précise ses pouvoirs, par la loi Rivet du 31 août 1871 : le président est révocable à tout instant et son mandat dure tant qu'existe l’Assemblée. Il nomme et révoque les ministres, responsables tout comme lui devant l’Assemblée, préside le Conseil des ministres et ses actes sont contresignés par un ministre. Par décret du 2 septembre 1871, Jules Dufaure, le Garde des Sceaux est nommé vice-président du Conseil. Jean-Marie Mayeur explique les méthodes de gouvernement de Thiers : usant perpétuellement de la menace de démissionner, se considérant absolument nécessaire, le président de la République impose son autorité à une majorité de plus en plus réticente[21]. L'expression de ses véritables convictions va entraîner sa chute.
Les monarchistes sont divisés en deux familles, deux obédiences n'acceptant pas le même héritage :
- les Légitimistes, prônent un retour à une monarchie rejetant les principes de la Révolution et sont réunis autour de la personne du Comte de Chambord, le futur Henri V s'il accédait au trône ;
- les Orléanistes, veulent réconcilier Royauté et Révolution, adoptent le drapeau tricolore comme l'a fait le Roi-citoyen et ont pour prétendant le comte de Paris.
La Chambre étant divisée en trois grands blocs, les Légitimistes, les Orléanistes et les Républicains, les monarchistes doivent s'allier pour espérer le retour d'un roi. Or cette alliance ne se fait pas. En effet, par le Manifeste du 5 juillet 1871, le comte de Chambord, le véritable prétendant au trône, refuse d'adopter le drapeau tricolore pour lui préférer le drapeau blanc. Ce refus, empêchant la Restauration, sépare les Orléanistes des Légitimistes, et le 7 juillet, une déclaration de 80 députés légitimistes libéraux entraîne une scission au sein du Cercle des Réservoirs[22].
Devant les échecs d'une restauration, Thiers semble se tourner de plus en plus vers le régime républicain, et dans un discours du 13 novembre 1872, il affirme son ralliement à la République, qu'il voit socialement conservatrice et politiquement libérale. Dans son message présidentiel à l'Assemblée, il dit : « La République existe, c’est le gouvernement légal du pays. Vouloir autre chose serait une nouvelle révolution et la plus redoutable de toutes. » Les monarchistes veulent de plus en plus éliminer Thiers. L'élection de Barodet, un républicain radical face à Rémusat, une des grandes figures de l'orléanisme, aux élections partielles confortent les monarchistes dans cette idée. Les royalistes prennent peur, il pensaient avoir détruit la révolution, que nenni, et Thiers n'est plus le rempart contre les républicains. Inquiets de la montée des groupes parlementaires républicains aux élections partielles et des mouvements de gauche, notamment radicaux, les monarchistes attendent de Thiers qu'il s'y oppose. Celui-ci se contente de leur répondre : « Puisque vous êtes la majorité, que n'établissez-vous la monarchie ? ». Comprenant que Thiers ne les aidera plus, la « loi chinoise » est votée, le 13 mars 1873, portant sur « les attributions des pouvoirs publics et les conditions de la responsabilité ministérielle ». Désormais, si le président peut toujours s'exprimer au sein de l'Assemblée Nationale, son allocution n'est pas suivie de débats. Cela limite son temps de parole et le transforme en monologue. Cette loi est importante en ce qu'elle établit définitivement les relations entre l'Assemblée nationale et le président de la République sous la IIIe République. Le 15 mars 1873 est signée la convention d'évacuation des troupes allemandes, qui ne rend plus Thiers indispensable à la majorité monarchiste. Une « Union des droites » se forme autour d'Albert de Broglie afin de faire « prévaloir dans le gouvernement une politique résolument conservatrice ». Mis en minorité, Thiers démissionne le 24 mai, persuadé qu'il sera rappelé puisque trop indispensable. Patrice de Mac Mahon, légitimiste, général ayant réprimé la Commune, est alors élu président de la République le soir même.
Tentative de restauration monarchique
Retour à l'Ordre moral
Sous la présidence de Mac Mahon, d'obédience légitimiste, la tendance est à l'ordre moral, fondé sur l'encouragement des valeurs religieuses. En effet, dès le lendemain de son élection, le 25 mai 1873, il prononce un discours à la Chambre, dans lequel il déclare : « Avec l’aide de Dieu, le dévouement de notre armée… et l’appui de tous les honnêtes gens, nous continuerons l’œuvre… du rétablissement de l’ordre moral de notre pays ». Les légitimistes font ainsi décider par la loi du 24 juillet 1873 la construction d’une basilique dédiée au Sacré-Cœur de Jésus, sur la colline de Montmartre, en réparation de crimes de la Commune (la première pierre est posée en 1875 et l’édifice achevé en 1914 pour être consacré en 1919). Les pèlerinages de l’été 1873 marquent la force retrouvée de l’Église sur la société, pèlerinages auxquels de nombreux députés participent[23]. Cette politique ouvertement religieuse côtoie une politique farouchement antirépublicaine, qui sert à unir les monarchistes toujours divisés sur la restauration. La censure d'État frappe la presse républicaine, la commémoration du « 14 juillet » est interdite, les bustes de Marianne sont retirés des mairies dans le Midi rouge, les enterrements civils sont prohibés[24]. Par ailleurs, l'importante loi de réforme administrative du 20 janvier 1874 donne au chef de l'État et à ses préfets le droit de nommer les maires dans toutes les communes, mesure fort mal reçue dans les campagnes. Jean-Marie Mayeur explique que cette réforme importante a su rendre populaires les républicains, opposés à cette « loi des maires ». Les mesures maladroites et autoritaires de l'ordre moral ont préparé la victoire des républicains aux élections législatives de 1876.
Un président pour sept ans en attendant la restauration
Mac Mahon, dont l'ambition politique semble se limiter au retour du roi, n'assume que la fonction de chef de l'État et laisse la tâche de gouverner à Albert de Broglie, duc de Broglie (prononcé « Breuil »), descendant d'une des plus puissantes familles aristocratiques de France. Le retour du roi semble imminent après une rencontre entre Henri d'Artois et Philippe d'Orléans le 5 août 1873, rencontre au cours de laquelle le comte de Paris reconnaît le comte de Chambord comme le « représentant du principe monarchique de la France ». Il est prévu qu'en cas de restauration, le prétendant légitimiste monte sur le trône et que, n'ayant pas d'enfants, un Orléans sera son héritier. Mais d'Artois refuse toujours de renoncer au drapeau blanc et l'affaire de nouveau échoue. D'Artois étant déjà âgé, les orléanistes attendent avec impatience sa disparition : « Puisque Dieu n’a pas voulu ouvrir les yeux au comte de Chambord, on va attendre qu’il les lui ferme » déclara alors le comte de Mérode[20]. C’est pourquoi, par la loi du 20 novembre 1873, on assure, sous l’impulsion du duc de Broglie, une prorogation de sept ans des pouvoirs de Mac Mahon, calquée sur l'espérance de vie du comte de Chambord[25]. Les légitimistes, tenant de Broglie et les orléanistes pour responsables de l'échec de la Restauration, votent avec les républicains le 16 mai 1874 contre un projet cher au gouvernement, qui, faute de trouver la confiance de la Chambre, démissionne. De Broglie est remplacé par Ernest Courtot de Cissey, qui forme un gouvernement de droite et de centre droit.
Évolution vers un régime républicain
Lois constitutionnelles de 1875
En juillet 1874, Auguste Casimir-Perier, un républicain conservateur, prend l’initiative d’une demande d’ouverture des travaux sur la future constitution.
- Le 30 janvier 1875, l'amendement Henri Wallon, énonçant que « le président de la République est élu à la majorité absolue des suffrages par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée Nationale. Il est nommé pour sept ans ; il est rééligible », est voté. Ce premier texte est important en ce qu'il établit l'impersonnalité de la fonction présidentielle (la loi du 20 novembre 1873 confiant le pouvoir à Mac Mahon, duc de Magenta).
Sont ensuite votées les trois lois constitutionnelles qui fixent le régime :
- La loi du 24 février 1875 porte sur le Sénat, établit la Chambre Haute, composée de 350 sénateurs, dont 75 inamovibles. Les républicains, fidèles à la tradition de la Ire République, ne veulent qu'une seule Chambre, élue par le peuple français au suffrage universel ; l'idée d'une seconde Chambre, élue par les pouvoirs locaux, s'accorde avec la pensée orléaniste du parlementarisme et c'est sans doute ce qui a valu à Victor Hugo cette phrase : « Défense de déposer un Sénat le long de la Constitution ». Mais comme il faut bien trouver une constitution pour le pays, les républicains se résignent à accepter un Sénat, quitte à le supprimer plus tard, en échange de la reconnaissance de la République. Selon Albert de Broglie, « Le vrai moyen de sortir de nos embarras était de vendre au centre gauche la reconnaissance de la République au prix de la constitution d’un Sénat vraiment conservateur » (in Mémoires du Duc de Broglie).
- La loi du 25 février 1875 porte sur l'organisation des pouvoirs publics. Elle définit les très importants pouvoirs du président de la République, notamment dans son article 3 : « Le président de la République a l’initiative des lois, concurremment avec les membres des deux autres chambres. Il promulgue les lois lorsqu’elles ont été votées par les deux chambres ; il en surveille et en assure l’exécution. Il a le droit de faire grâce ; les amnisties ne peuvent être accordées que par la loi. Il dispose de la force armée. Il nomme à tous les emplois civils et militaires. Il préside aux solennités nationales…» Mais surtout l'article 5 lui donne le droit de dissoudre l'Assemblée Nationale. L'Assemblée Nationale de 1871 devient la Chambre des députés, et ce qui s'appelle désormais Assemblée Nationale est l'organe constitué par le Sénat et la Chambre en vue de la révision des lois constitutionnelles.
- La loi du 16 juillet 1875 porte sur les rapports des pouvoirs publics[26].
« C’est un monument incohérent dont on ne pourrait même pas désigner l’architecte, tout le monde y ayant mis la main » écrit Gabriel Hanotaux des institutions de la IIIe République. En effet, contrairement aux deux premières républiques bâties par des républicains de convictions, les lois constitutionnelles de 1875 sont des lois de compromis, entre une majorité monarchiste divisée et une forte minorité républicaine, pour un régime qui ne semble que provisoire. Provisoire pour les monarchistes qui se préparent à une restauration, et provisoire pour les républicains qui attendent de pouvoir modifier les institutions d'un régime si peu conformes à leurs idéaux. Pourtant, ces institutions vont vivre 65 ans.
Ayant rempli son rôle, l'Assemblée se sépare le .
Crise du 16 mai 1877 et la victoire des Républicains
Les élections sénatoriales du 30 janvier 1876 donnent une très légère majorité à la droite : la victoire échappe de peu aux républicains qui remportent 149 sièges (84 pour le centre gauche, 50 pour la gauche, et 15 pour les radicaux) contre 151 à la droite (98 pour le centre droit orléaniste, 40 pour les bonapartistes, et 13 pour les légitimistes). Les élections législatives du 20 février 1876 sont marquées par une très nette victoire des républicains (360 républicains, 200 conservateurs dont 80 bonapartistes) malgré une violente censure du gouvernement contre la presse républicaine[27]. Les bastions républicains réunissent sans surprise la capitale, les grandes villes de France, le Nord-Est, le Sud-Est et l’Ouest du Massif central. Le Sud-Ouest s’affirme Bonapartiste, le reste de la France monarchiste. Mac Mahon forme alors un gouvernement de centre gauche, avec, à sa tête, Jules Dufaure, homme du centre gauche, républicain conservateur et catholique. Par le décret du 9 mars 1876, Dufaure prend le titre de président du Conseil pour affirmer son autorité de chef de gouvernement en face du président de la République. Les tensions entre la Chambre des députés et le président commencent à se faire sentir lorsque les débats s'engagent sur l’invalidation des députés hostiles à la République, l’épuration de l’administration préfectorale ou l’amnistie des communards. Perdant la confiance de la majorité républicaine, Dufaure démissionne le 3 décembre 1876. Mac Mahon choisit alors de nommer à la tête du gouvernement Jules Simon, ancien ministre de Thiers, professeur de philosophie à la Sorbonne, « profondément républicain et profondément conservateur », le 13 décembre 1876. Un grand débat a lieu à la Chambre en cette année 1877 : la publicité éventuelle des réunions des conseils municipaux. Les royalistes sont contre, les républicains pour. Mac Mahon estime que la constitution lui donne les droits d'imposer sa ligne politique. Le 16 mai 1877, Simon arrive à son bureau et trouve une lettre de Mac Mahon sur son bureau, lui disant que le gouvernement a singulièrement manqué d'énergie pour s'opposer à des mesures qu'il considérait dangereuses et pense que Simon n'a pas d'autorité sur la Chambre. Jules Simon ne pouvant résister à l'opposition de Gambetta démissionne après une demande d'explication de Mac Mahon, le 16 mai 1877. Ignorant la couleur politique de la Chambre, Mac Mahon rappelle à la présidence du Conseil Albert de Broglie, le 17 mai 1877. La Chambre refuse de lui voter sa confiance, et Mac Mahon la dissout le 25 juin. Gambetta dit alors : « Nous partons 363, nous reviendrons 400 ». « Quand la France aura fait entendre sa voix souveraine, il faudra se soumettre ou se démettre ». La campagne pour les élections est très animée, et la participation aux élections des 14 et 28 octobre 1877 est exceptionnellement forte : 80,6 % soit six points de plus qu'en février-mars 1876. Les républicains perdent 40 sièges, passant de 363 à 323 députés, mais restent majoritaires. Mac Mahon refuse les résultats du suffrage universel et envisage une seconde dissolution que le Sénat lui refuse. Mac Mahon commence par se soumettre : le 13 décembre 1877, il consent à rappeler à la tête du gouvernement Jules Dufaure qui intègre des éléments de la gauche, comme Charles de Freycinet aux Travaux Publics[28]. Les élections municipales du 6 janvier 1878 donnent une majorité républicaine, et le 5 janvier 1879, les élections au premier tiers sortant du Sénat sont une éclatante victoire des républicains qui obtiennent la majorité des sièges (179 contre 121)[29]. Mac Mahon finit par se démettre : isolé, ne pouvant plus compter sur le Sénat et refusant de signer un décret de révocation épurant l'armée, il préfère démissionner de sa fonction présidentielle, le 30 janvier 1879.
Notons la mise en place de plans de travaux publics de grande ampleur dont le Plan Freycinet lancé en 1878-1879 destiné à donner accès au chemin de fer à tous les Français, de façon à favoriser le développement économique du pays et à désenclaver les régions reculées.
Belle époque de la Troisième République (1879-1914)
République opportuniste : une mise en place pragmatique (1879-1898)
Jules Grevy est élu président de la République le 30 janvier 1879, à la suite de la démission de Mac Mahon.
Le 14 février 1879, la Marseillaise est l'hymne national. Il l'est selon la loi, depuis 1795 car le décret qui l'a établi en tant qu'hymne n'a jamais été abrogé par les précédents régimes[30].
Le 21 juin 1879, les chambres sont autorisées à siéger à Paris, sauf pour l'élection du président de la République, le Congrès continuant à se dérouler encore à Versailles.
Le 6 juillet 1880, le « 14 juillet » est déclaré fête nationale, commémorant la fête de la Fédération de 1790.
Le 11 juillet 1880, les communards sont amnistiés.
Enfin, Maurice Agulhon dira : « tout un ensemble d'actes symboliques singuliers et localisés accompagne et démultiplie cette série de décisions. On baptise en grand nombre rues, places et avenues de la République, en attendant d'honorer les héros bientôt disparus : Gambetta ou Victor Hugo »[31].
Gouvernements Jules Ferry (1879-1885)
Les républicains sont, en 1879, divisés entre un centre gauche (modérés en politique et conservateurs en matière sociale), la gauche républicaine de Jules Ferry, l'Union républicaine de Gambetta et les radicaux (avec Clemenceau). Les élections législatives de 1881 renforcent cette majorité puisque les républicains sont désormais 457 contre 88 conservateurs. Jules Ferry est la personnalité dominante des premiers gouvernements républicains de 1879 à 1885, chargé soit de l’Education nationale, soit des Affaires étrangères. Il engage alors une série de réformes touchant l'école, la magistrature et d'une certaine manière la constitution.
Œuvre scolaire
Dans l'esprit des républicains, l'école doit être le moyen pour les Français de lutter contre l'ignorance, "d'éclairer chaque jour davantage le suffrage universel" (Gambetta) et aussi de rattraper son retard vis-à-vis de l'Allemagne. En effet, il est couramment admis que "Sedan était la victoire du maître d'école allemand"[32]. Il faut donc que l'école soit gratuite, obligatoire et laïque, conformément au programme de Belleville de 1869. L'objectif principal de Jules Ferry est de mettre en place une école républicaine qui forme des citoyens éclairés et qui puisse réunir sur les bancs de l'école les enfants que mêleront plus tard le service militaire.
Deux décrets du 29 mars 1880 disposant que la Compagnie de Jésus doit être dissoute dans les trois mois après publication desdits décrets, et que les autres congrégations auraient trois mois pour déposer une demande d'autorisation sous peine de dissolution. La loi Ferry du 16 juin 1881 établit la gratuité de l'enseignement primaire dans les écoles publiques et la nécessité de l'obtention par les instituteurs d'un brevet de capacité. Elle est complétée par la loi du 28 mars 1882 qui affirme l'obligation pour les enfants de 6 à 13 ans de fréquenter les bancs de l'école qui serait désormais laïque. La fin des études primaires est sanctionnée par un certificat d'étude, décerné après un examen public. Quant au personnel enseignant, il est aussi laïcisé par la loi Goblet du 30 octobre 1886, et sa formation est votée dans la loi Paul Bert du 9 août 1879 : chaque département doit avoir une école normale primaire d'instituteurs et d'institutrices, les cadres de ces écoles sortant de l'école normale supérieure de Fontenay-aux-Roses pour les femmes et de l'école normale supérieure de Saint-Cloud pour les hommes[33].
Révision constitutionnelle
Il est difficile d'obtenir la révision des lois constitutionnelles de 1875 car il y a des divergences au sein du Parlement quant à la teneur de cette révision, même entre les républicains. Les radicaux embrassent la conception jacobine de la chambre unique, issue du vote direct du peuple, comme le fut la Convention entre 1792 et 1795, et par conséquent, veulent la suppression du Sénat. Au contraire, les républicains libéraux veulent maintenir le Sénat comme contrepoids de la Chambre des députés. Alors, Jules Ferry se fait le défenseur du Sénat qui, en échange de ce soutien, cède sur la question scolaire, surtout sur la laïcité.
La loi constitutionnelle, votée le 14 août 1884, supprime les prières publiques à l'ouverture des sessions parlementaires, dispose que les princes sont inéligibles à la présidence de la République, et qu'il serait impossible de réviser la forme républicaine de gouvernement. Enfin, la loi constitutionnelle du 9 décembre 1884 supprime le renouvellement des sénateurs inamovibles et modifie leur recrutement électif. Il n'est pas question de la présidence de la République (que beaucoup de républicains voulaient voir disparaître) car la "Constitution Grévy", en neutralisant la fonction, avait écarté tout danger du retour d'un Louis-Napoléon.
Grandes libertés républicaines
Le régime républicain met fin aux mesures prises par le gouvernement de l'Ordre moral. La loi du 29 juillet 1881 établit un régime libéral en matière de presse, en substituant le régime de déclaration au régime d'autorisation. La loi du 30 juin 1881 accorde la liberté de réunion publique sans autorisation qui, en fait, est remplacée par une déclaration préalable (la déclaration préalable sera supprimée en 1907). Sur le plan social, la loi Waldeck-Rousseau du 21 mars 1884 légalise les syndicats, sauf au sein de la fonction publique et des corps dépendants de l'État tandis que, sur le plan familial, la loi Naquet du 27 juillet 1884 rétablit le divorce. Enfin, du point de vue administratif, la loi du 5 avril 1884 consacre le principe de l'élection du conseil municipal au suffrage universel (tous les 4 ans jusqu'en 1929) et le principe de l'élection du maire et de ses adjoints par le conseil municipal.
Certains corps de l'administration, notamment celui de la magistrature, restaient des milieux conservateurs. Pour les républicains, il est urgent de les épurer des hauts fonctionnaires qui pourraient s'opposer à eux. Déjà, lors de l'application des décrets du 28 mars 1880, 200 magistrats avaient refusé d'expulser les jésuites et avaient démissionné[34]. Par la loi du 30 août 1883, Jules Ferry touche à l'inamovibilité des magistrats du Siège en la suspendant pendant trois mois, le temps pour le gouvernement de mettre à la retraite ceux qui étaient hostiles à la forme républicaine de gouvernement. Sont notamment visés « les magistrats qui, après le 2 décembre 1851, ont fait partie des commissions mixtes » (article 11, alinéa 4 de la loi de 1883), c'est-à-dire ceux qui avaient prêté main-forte à Louis-Napoléon Bonaparte contre la République[35]. En assainissant le corps judiciaire, les républicains s'assurent désormais que les décisions de justice ne contrecarrent pas la volonté du Législateur.
Crise boulangiste
Pour Jean-Marie Mayeur, le temps des fondateurs de la République s'achève avec Jules Ferry : « une période nouvelle s'ouvre, marquée par une instabilité ministérielle accrue par la montée des oppositions ennemies au régime »[36].
Élections de 1885 et l'instabilité gouvernementale
Les élections de 1885 sont marquées par un renforcement des extrêmes, c'est-à-dire par un retour en force des conservateurs et une forte poussée des radicaux. La Chambre, formée de trois tendances - la conservatrice, l'opportuniste et la radicale - est ingouvernable. De là, l'instabilité ministérielle. À la chute de Ferry en 1885, se succèdent, jusqu'en 1889, pas moins de 7 gouvernements (Brisson, Freycinet, Goblet, Rouvier, Tirard, Floquet, Tirard). L'opinion s'exaspère de ces changements perpétuels de cabinets, et l'instabilité ministérielle offre ce qui allait être le terreau du boulangisme : l'antiparlementarisme.
La IIIe République reste connue pour son instabilité ministérielle : 104 gouvernements se sont succédé entre 1871 à 1940, certains ayant une durée de vie, éphémère, d'une seule journée. Cependant, cette apparente instabilité cache en fait une réelle stabilité, celle d'une centaine d'hommes qui se sont maintenus au pouvoir. L'instabilité ministérielle est caractérisée par un changement des combinaisons de gouvernement, par un échange de portefeuilles, alors qu'il s'agissait des mêmes hommes dans les formations gouvernementales. D'où la célèbre boutade de Clemenceau qui se défendait d'avoir été un "tombeur de ministères"[37].
Origines du boulangisme
Outre la « valse des ministères » qui déplaît à la population, le peu de mesures sociales prises par les gouvernants (et notamment les radicaux) suscite le mécontentement des Français (grève des ouvriers du bâtiment à Paris en 1888).
Mais ce qui alimente la vague d'antiparlementarisme est le scandale des décorations qui éclate en octobre 1887 : le gendre du président Grévy, le député Daniel Wilson, se livre à un trafic de légions d'honneur. La corruption se révèle au plus haut niveau de l'État et Jules Grévy doit démissionner. Pour le remplacer, Sadi Carnot est élu contre Jules Ferry, personnalité trop forte pour un poste qui demande de l'effacement. De là, ce sentiment chez beaucoup de gens que les parlementaires forment une oligarchie d'affaires, corrompue.
À cet état d'esprit s'ajoute le nationalisme revanchard. La France a été amputée de ses "deux sœurs" (Alsace-Moselle) selon Barrès, lors du traité de Francfort en 1871, et le sentiment de revanche sur l'Allemagne resurgit. La Ligue des Patriotes veut "développer les forces morales et physiques de la nation" pour reprendre ce qui a été enlevé à l'issue de la guerre ; elle prône donc l'abandon de la colonisation qui détourne les Français de leur vraie tâche. Elle souhaite la fin du parlementarisme qui pousse à la colonisation, "la grande aventure des temps modernes".
Une caractéristique du boulangisme est de rassembler tous les mécontents du parlementarisme, que ce soit les monarchistes qui y voient une occasion de renverser le régime, des républicains convaincus (radicaux souvent) qui refusent la corruption et demandent des mesures sociales, ou des nationalistes en quête de revanche sur l'Allemagne. Il faut voir dans le boulangisme un mouvement à la fois hétérogène en ce qu'il rassemble des personnes aux tendances politiques différentes mais également homogène en ce qu'il réunit les opposants au parlementarisme absolu. Le juriste français Raymond Saleilles l'explique très bien en affirmant que « le phénomène du boulangisme n’a pas d’autre explication que le besoin d’un pouvoir fort et d’une volonté de la part du gouvernement. On ne peut expliquer autrement pourquoi tant de gens honnêtes et même sérieux, sans parler de républicains absolument sincères n’ayant jamais rêvé de coups d’Etat, se sont laissés entrainer dans le mouvement »[38].
Officier républicain, à gauche, de tendance presque radicale, le général Georges Boulanger est soutenu par ses amis d'extrême-gauche (notamment Georges Clemenceau) comme celui qui inculque à l'armée, bastion monarchiste, des convictions républicaines. Il obtient en 1886 le portefeuille de la Guerre dans le ministère Freycinet et s'illustre auprès de la troupe par des mesures qui améliorent son quotidien. Il fait remplacer le fusil Gras par le fusil Lebel et rend l'armée populaire. C'est également là où Drumont distille ses thèses antisémites quand Zola accuse en défendant Dreyfus. Les républicains radicaux et les modérés en général l'apprécient en cette heure de « boulangisme jacobin » (Adrien Dansette). Boulanger en vient à s'affirmer antiparlementariste et prône la révision de la Constitution. Il veut, selon ses mots, rendre la parole au peuple, rétablir la souveraineté confisquée par le parlementarisme. Il a un thème : « dissolution, constituante, révision ». Le soir du 27 janvier 1889, des manifestants le poussent au coup d'État, mais il refuse.
Réaction républicaine
Le « boulangisme revanchard » (Dansette) déplaît aux républicains. Après l'affaire Schnaebelé en 1887, les républicains, inquiets de sa surenchère nationaliste face à l'Allemagne, de l'augmentation dangereuse de sa popularité et de sa capacité à canaliser les opposants au parlementarisme, commencent à se détacher de lui et même à vouloir s'en débarrasser. Boulanger est menacé de passer en Haute Cour de justice pour "crime d'attentat à la sûreté de l'État, détournement des deniers publics, corruption et prévarication" et s'exile à Bruxelles où il arrive le 3 avril 1889. Le lendemain, 4 avril, la Chambre lève son immunité parlementaire par 333 voix contre 190. Il se suicide le 30 septembre 1891, au cimetière d'Ixelles, sur la tombe de sa maîtresse Marguerite de Bonnemains, "mourant comme il a vécu, en sous-lieutenant" (Clemenceau).
La loi du 17 juillet 1889[39] interdit les candidatures multiples qui avaient profité à Boulanger et remplace le scrutin de liste par le scrutin d'arrondissement. Ces mesures avantagent ainsi les personnalités républicaines maintenant bien implantées et ce malgré les souhaits initiaux de certains fondateurs de la République comme Gambetta qui redoutaient une personnalisation excessive des scrutins électoraux.
La République parlementaire sort renforcée de cet épisode car elle a su défaire ses adversaires, écarter ses éléments présidentialistes. La défaite de Boulanger a contribué, selon Adrien Dansette, à "décimer et disperser les adversaires de droite, assagir ses fidèles de gauche", ce qui a pour conséquence que le radicalisme perd Paris et s'installe dans les campagnes.
Nouvelle république dans le monde
Choix de l'expansion coloniale
C’est Jules Ferry qui relance l’expansion coloniale par deux entreprises audacieuses : il impose le protectorat de la France sur la Tunisie à la barbe de l’Italie (1881) et sur l’Annam, le Tonkin et certains territoires de la Chine continentale, lors de la Guerre franco-chinoise (1881-1885). Il bénéficie de la bienveillance de Bismarck, qui y voit un dérivatif au ressentiment contre l'Allemagne.
La politique coloniale des républicains opportunistes a plusieurs motifs :
- D'abord économique, car la conquête a pour but de prolonger les débouchés économiques : « La question coloniale… C’est la question des débouchés », dit Ferry.
- Ensuite, patriotique : faire de la France une puissance coloniale, c'est lui redonner sa grandeur, faire d'elle la puissance qu'elle était autrefois, lui restaurer son rang et donc préparer la revanche.
- Enfin et surtout, pour ces hommes convaincus du rôle civilisateur de la France auprès des populations indigènes, la France républicaine est porteuse d'un messianisme humanitaire : « L’œuvre civilisatrice qui consiste à relever l’indigène, à lui tendre la main, à le civiliser, c’est l’œuvre quotidienne d’une grande nation », ajoute-t-il[40].
L'opposition à la politique coloniale se fait entendre aussi bien à droite qu'à gauche : la droite monarchiste et nationaliste ainsi que la gauche radicale estiment que les guerres coloniales détournent la France de la « ligne bleue des Vosges » et de la revanche sur l'Allemagne.
Conquêtes en Afrique et les difficultés avec le Royaume-Uni
À partir de ses bases en Algérie, au Sénégal et sur la côte congolaise, la France se taille le domaine colonial le plus important en Afrique :
L'expansion coloniale en Afrique met la France en concurrence avec le Royaume-Uni, ce qui l'amène à :
- abandonner sa forte position en Égypte : le Royaume-Uni profite de l'affaiblissement de la France pour prendre une importante participation financière dans le canal de Suez (1875) et imposer son protectorat à l'Égypte (1882) ;
- puis renoncer à toute la vallée du Nil (incident de Fachoda en 1898),
Cela rend difficile pour un temps les relations diplomatiques entre les deux pays.
Alliance franco-russe
La diplomatie européenne est dominée en cette fin de XIXe siècle par deux antagonismes. À l’ouest, la France n’a pas renoncé à l’Alsace-Lorraine et le but de la politique allemande est de maintenir le statu quo. À l’est, l’Autriche-Hongrie et la Russie sont rivaux pour la domination des Balkans. À l’occasion du congrès de Berlin (1878) qui fixe les modalités d’un nouveau reflux de la Turquie, la Russie affiche des exigences ambitieuses que l’Autriche Hongrie met en échec avec l’appui de l’Angleterre. L’Autriche-Hongrie demande une alliance privilégiée à l’Allemagne, ce qu’elle obtient (1879). L’Italie se joint plus tard à eux pour former la Triple Alliance.
Le rapprochement de la France et de la Russie en est progressivement la conséquence :
- il est d’abord financier, la France a une importante épargne à placer en Europe et la Russie est un pays en plein développement qui manque de capitaux ;
- il est ensuite militaire par la conclusion d’une alliance ; est conclue le 17 août 1892 une convention secrète prévoyant la mobilisation mutuelle des armées des deux pays en cas de menace allemande pour la France ou de menace austro-hongroise pour la Russie. Pour inaugurer cette nouvelle amitié, le tsar Nicolas II effectue une visite d'État en France, en octobre 1896 ; l'année suivante, c'est le président de la République Félix Faure qui se rend à Saint-Pétersbourg ;
- il est cependant moins évident sur le plan politique entre une république parlementaire et un empire autocratique.
La France, longtemps isolée diplomatiquement depuis les guerres révolutionnaires, a enfin un allié.
République radicale : une évolution résolument progressiste (1898-1914)
Affaire Dreyfus (1894-1906)
En 1894, le capitaine Dreyfus, accusé d'espionnage au profit de l'Allemagne, est condamné à la déportation à vie sur l'île du Diable en Guyane. Plusieurs personnalités tentent, en vain, de démontrer l'innocence de Dreyfus. En , dans le journal L'Aurore de Georges Clemenceau, Émile Zola publie l'article « J'accuse…! » dans lequel il accuse l'armée d'avoir condamné un innocent et de ne pas vouloir le reconnaître. On parle alors de l'Affaire Dreyfus. Pour les Révisionnistes ou dreyfusards, il faut, au nom de la justice, faire éclater la vérité quelles qu'en soient les conséquences pour l'armée. Beaucoup se rassemblent dans la Ligue des droits de l'homme, créée à cette occasion. Pour les antidreyfusards, la raison d'État, le prestige de l'armée, l’intérêt national exigent de ne pas revenir sur la chose jugée ; il ne faut pas porter atteinte au prestige de l'armée, instrument de la revanche. Certains se retrouvent dans la Ligue de la patrie française ou la Ligue des patriotes. En 1899, quelques-uns tentent même d'organiser un coup d'État pour mettre en place un régime autoritaire. À la suite d'un procès en révision en 1899, Dreyfus est condamné à dix ans de détention avant d'être gracié par le président de la République puis réintégré dans l'armée en 1906.
Séparation de l’Église et de l’État
L’affaire Dreyfus se traduit en termes électoraux par une nouvelle poussée à gauche aux élections de 1898, contre les partisans d’un ordre plus autoritaire dont on identifie des bastions dans l’armée et dans l’Église. Le républicain modéré Méline cède la présidence du conseil au progressiste Waldeck-Rousseau. Celui-ci constitue un ministère de défense républicaine : il prend même au ministère du travail un socialiste, Millerand. Il épure la hiérarchie militaire et fait adopter la loi 1901 sur les associations, qui soumet les congrégations religieuses à autorisation administrative.
Les partis se forment durant les premières années de 1900, dans un but électoral. L'Action française est fondée en 1899, le Parti radical et l'ARD en 1901, l'Action libérale populaire en 1902 et le Parti socialiste en 1905. L'entrée de Millerand au gouvernement pose un problème aux socialistes: un socialiste peut-il participer à un gouvernement bourgeois ? Les indépendants sont pour (comme Jaurès) et les guesdistes sont contre.
Les élections de 1902 sont un triomphe pour le parti radical-socialiste, allié aux socialistes de Jaurès dans le Bloc des gauches. Émile Combes, président du conseil de juin 1902 à janvier 1905, fait voter la séparation de l'Église et de l'État (1905) et la nationalisation des biens de l’Église. L'État ne nomme plus les évêques et ne rémunère plus les prêtres : l’Église devient totalement indépendante mais doit subvenir par elle-même à ses besoins financiers.
Georges Clemenceau succède à Émile Combes d'octobre 1906 à juin 1909. Aristide Briand, ministre des cultes, met en œuvre avec pragmatisme la séparation de l'Église et de l'État tandis que Joseph Caillaux, ministre des finances, propose l'instauration de l’impôt sur le revenu que le Sénat n’accepte finalement qu’en 1914.
Entre avril et juin 1907, les viticulteurs du Languedoc et du Roussillon dénoncent la fraude sur les vins et déclenchent de gigantesques manifestations, la plus importante à Montpellier. Clemenceau n’hésite pas à recourir à l’armée. L’arrestation des meneurs provoque des troubles, la troupe tire sur la foule à Narbonne. Environ 500 soldats du 17e régiment d'infanterie se mutinent et sont accueillis chaleureusement à Béziers par les Biterrois. Clemenceau réplique par de nouvelles démonstrations de force. Le 23 juin est votée une loi qui réprime la chaptalisation massive des vins.
La diplomatie de Théophile Delcassé (1898-1905) : l’Allemagne isolée
Théophile Delcassé est ministre des Affaires étrangères pendant sept ans. Tout en renforçant l'alliance russe, il mène une politique continue de rapprochement avec d’une part l’Italie et d’autre part le Royaume-Uni. Avec ce dernier, sont signés un ensemble d'accords sur les différents litiges divisant les deux puissances en Afrique, Amérique et Asie (8 avril 1904).
L'empereur d'Allemagne Guillaume II finit par obtenir le renvoi de Delcassé (6 juin 1905), mais ne peut que constater l'isolement de l'Allemagne lors de la conférence internationale d’Algésiras sur le Maroc (7 avril 1906) : l’indépendance du Maroc est sauvegardée, mais au profit des intérêts financiers français.
La défaite de la Russie contre le Japon (1905) favorise un rapprochement du Royaume-Uni et de la Russie. Désormais, le Royaume-Uni s’inquiète plus du développement de la flotte de guerre allemande que de l’expansion russe. La Russie est davantage soucieuse de sa modernisation et s’intéresse aux capitaux disponibles sur la place financière de Londres. Une diversification de ses financements pourrait, en outre, lui donner une plus grande marge de manœuvre par rapport à la France.
Par la suite, Royaume-Uni et Russie mettent fin à leurs différends en Asie (1907), tandis que la France impose son protectorat sur le Maroc (1911). Une Triple-Entente entre les trois pays se développe.
Déclin et la chute de la IIIe République (1914-1940)
Première Guerre mondiale : l'épreuve de la Grande Guerre (1914-1918)
Échec de l'offensive allemande sur la Marne
L’Autriche-Hongrie avait déjà annexé la Bosnie-Herzégovine en 1908. Soutenue par l’Allemagne, elle prend prétexte de l’assassinat du prince héritier en juin 1914 pour déclarer la guerre à la Serbie, que soutient la Russie. La logique des alliances se met en branle pour engendrer une guerre européenne (juillet-août 1914).
En France, l’heure est à la formation d’un gouvernement d’union nationale. Le socialiste Jean Jaurès, militant infatigable de la paix, est assassiné.
L’armée allemande tente d’éliminer la France par un mouvement tournant au nord, mais est vaincue par Joffre sur la Marne. En outre, la violation du territoire belge entraîne la déclaration de guerre du Royaume-Uni à l’Allemagne.
Guerre de positions
La guerre s’installe dans la durée. La France s'enlise avec l'Europe dans une guerre totale où les industries, les économies et les mentalités sont orientées vers l'objectif de la victoire, ou tout du moins de la résistance. Les combats autour de Verdun (1916) sont particulièrement meurtriers.
Après l'échec de Nivelle au Chemin des Dames, Pétain prête une attention particulière au moral des troupes et rétablit la confiance par des premiers succès. Le président Raymond Poincaré appelle à la tête du gouvernement Georges Clemenceau, « le tigre », qui va mener le pays à la victoire (novembre 1917 - janvier 1920).
Victoire
Libérés par l'arrêt des combats sur le front oriental après la signature du traité de Brest-Litovsk, les Allemands lancent en vain cinq offensives majeures (de mars à juillet 1918) sur le front français pour forcer la victoire avant l'engagement massif des États-Unis, nouvellement entrés en guerre.
Puis Foch dirige l’offensive des armées alliées, qui reprennent l'initiative le 18 juillet et font reculer le front de près de 150 kilomètres, poussant les Allemands épuisés à accepter la signature de l'armistice le .
La France sort cependant elle aussi épuisée par ce conflit de quatre ans, qui se prolonge pour elle jusqu'en 1919 dans la guerre en Russie contre les bolcheviques. Les régions du nord et de l'est, les plus industrielles, ont été ravagées et leur appareil industriel détruit. Plus d'un million et demi d'hommes sont morts au front (10,5 % de la population active masculine), et trois millions et demi ont été blessés et mutilés.
Mais, contredisant les propos de Guillaume II, la république a tenu le choc de la guerre, contrairement aux empires.
Années 1920 : une gestion difficile de l’après guerre (1919-1929)
Politique intérieure de Raymond Poincaré
Question du positionnement des radicaux
Les élections de 1919 se traduisent par une large victoire de la droite et d'une partie des radicaux dans le Bloc national. C'est la chambre "bleu horizon" .
Celles de 1924 sont une victoire moins nette de la gauche : Édouard Herriot forme un gouvernement radical soutenu par les socialistes qui ne dure pas. En fait, les radicaux éprouvent des difficultés à se positionner.
Hommes de gauche par leurs convictions philosophiques, leur attachement à l'héritage historique républicain et leur réformisme social, ils adhèrent au principe de l'alliance à gauche, fixée au XIXe siècle et réactivée au XXe siècle par les suites de l'affaire Dreyfus. S'ils acceptent d'entrer dans des gouvernements d'union nationale pour « sauver la République », ils ne souhaitent pas, en revanche, participer à des gouvernements de droite, en dehors de ces circonstances dramatiques[41].
Toutefois, leur assise électorale est mise en péril par la crise des classes moyennes, atteintes par l'inflation (qui rend caduques les valeurs radicales de sobriété et d'épargne) ainsi que par les évolutions sociales (diminution des entrepreneurs indépendants et développement du salariat). Confrontés à la montée des socialistes et à la percée des communistes à la Chambre, ils rejettent les principes de lutte des classes, d'ouvriérisme et de collectivisation des moyens de production[41]. La division de la gauche contribue à l'instabilité politique.
Par ailleurs, les élections de 1924 sont l'occasion d'un nouveau conflit entre le président de la République et la Chambre des députés. Alexandre Millerand cherche à accroître les prérogatives du pouvoir exécutif et a soutenu la droite. Il tente d'imposer un président du Conseil modéré à la majorité de gauche qui refuse de l'investir ; le président de la République démissionne.
Redressement financier et le problème des réparations
Le volume des dépenses publiques reste important après la guerre car il faut reconstruire dans toutes les régions qui ont subi les actions militaires : la France entend bien en faire pleinement payer le prix à l’Allemagne. Président de la commission des affaires étrangères du sénat, Raymond Poincaré critique durement Aristide Briand qui se fait l’écho des capacités financières limitées de l’Allemagne. Devenu président du Conseil (1922-1924), il fait occuper la Ruhr (1923) pour suppléer à la défaillance de l’État allemand. Mais il transige finalement et accepte l’arbitrage de comités d’experts : ce seront les plans Dawes et Young.
Revenu au pouvoir (1926-1929), il remet en ordre les dépenses publiques en augmentant les impôts et en rationalisant l’administration. Il finit par stabiliser le Franc à un cinquième de sa valeur d’avant guerre. Légèrement sous-évalué, son cours facilite les exportations : l’excédent de la balance des paiements extérieurs permet à son tour le développement des activités financières de la place parisienne.
Politique étrangère pacifique
Nation traumatisée par la guerre
La France a été saignée par le conflit. Les monuments aux morts, les mutilés ainsi que les veuves et orphelins de guerre font désormais partie de l’environnement quotidien. L’immense majorité des Français ne veut plus revivre ça.
La stratégie militaire vise dès lors à épargner les hommes. La stratégie de l’État-Major est basée sur la défense : protéger le territoire en dissuadant toute attaque. La ligne Maginot, suite de fortifications modernes construites entre 1930 et 1935, peut en être le symbole.
Cette stratégie est dès le départ en contradiction flagrante avec les engagements diplomatiques qui impliquent la possibilité de lancer l'offensive contre l'Allemagne. En effet, la France se retrouve protectrice des petits Etats de l’Europe de l’Est, qui ont été créés ou agrandis au détriment de l’Allemagne et de la Russie. Dès 1920, elle a été amenée à fournir à la Pologne d’importants moyens militaires contre l’URSS.
Politique étrangère d’Aristide Briand
L’arrivée au pouvoir du radical Édouard Herriot (1924) est l’occasion d’amorcer une politique de détente avec l’Allemagne dont l’artisan est Aristide Briand. Cette politique culmine au pacte de Locarno (1925), par lequel l’Allemagne accepte sa frontière occidentale. Concomitamment, la France confirme son alliance avec la Pologne et la Tchécoslovaquie, l’Allemagne n’acceptant pas ses frontières orientales.
L’Allemagne est admise au sein de la Société des Nations. Aristide Briand s’efforce d’œuvrer pour la paix en favorisant une politique internationale d’arbitrage et de limitation des armements. En 1928, 63 pays signent le Pacte Briand-Kellogg dans lequel ils affirment renoncer à la guerre pour résoudre d'éventuels conflits d'intérêts.
Crise et effondrement (1929-1940)
Crise politique
Émeutes de février 1934 : l’impossible réforme du régime
La crise économique internationale touche la France avec retard mais y reste plus tenace qu’ailleurs. D'autre part, la disparition de Poincaré et Briand laisse un vide et l’instabilité ministérielle reprend de plus belle.
L’agitation des mouvements hostiles à la république parlementaire reprend ; elle est amplifiée par l'affaire Stavisky. Elle culmine par les émeutes de février 1934 aux abords de la Chambre des députés. Le 6 février 1934, une manifestation antiparlementaire d'extrême droite, notamment des membres de l'Action française et des Croix-de-feu tourne à l'émeute Place de la Concorde, causant la chute du gouvernement Édouard Daladier. On dénombre douze morts et des centaines de blessés. Le 9 février, des manifestations du PCF, interdites par le nouveau gouvernement, font également plusieurs morts. Le 12 février a lieu la première manifestation unitaire de toutes les forces de gauche.
Un nouveau gouvernement présidé par Gaston Doumergue est censé aborder la réforme du régime. En fait partie André Tardieu, un des responsables de la droite, qui souhaite renforcer les pouvoirs de l’exécutif [42], notamment :
- élargissement du pouvoir de dissoudre la chambre ;
- possibilité de recourir au référendum ;
- interdiction aux députés de proposer des dépenses.
Il ne parvient pas à convaincre et quitte la vie politique en 1936.
Front populaire
Le Front populaire est une coalition des partis de la gauche (le PCF, la SFIO, le Parti radical et l'USR) qui détient la majorité parlementaire en France de 1936 à 1938 et qui débute par un premier ministère présidé par Léon Blum. Malgré sa brièveté, cette période bouleverse les rapports sociaux du pays. Les accords de Matignon apportent notamment la semaine de 40 heures, les congés payés et les conventions collectives. C'est à ce moment qu'est unifié le réseau ferré géré désormais par une société nationale, la SNCF. Les différences de vues, entre autres, sur la guerre d'Espagne affaiblissent la coalition dès juin 1937.
Effondrement face à l’Allemagne
Expansion de l’Allemagne
Face à la volonté d’Hitler de remettre en cause le traité de Versailles, la France se rapproche de l’Italie et de l’URSS alors que le Royaume-Uni et les États-Unis se tiennent à l'écart.
La condamnation de l’invasion de l’Éthiopie par Mussolini, assortie de sanctions économiques inefficaces, entraîne le rapprochement de celui-ci avec Hitler. Alors qu’il s’était opposé au rattachement de l’Autriche à l’Allemagne en 1934, il consent à l’Anschluss en 1938.
Le rapprochement avec une puissance communiste telle que l’URSS est très controversé, tout particulièrement chez les alliés traditionnels de la France : la Pologne s’oppose à ce que l’armée soviétique traverse son territoire pour venir soutenir l’armée tchécoslovaque.
Lorsque Hitler s’en prend à la Tchécoslovaquie, dont la région des Sudètes est peuplée d'Allemands, la France et l’Angleterre persistent à poursuivre une politique d'apaisement pour éviter la guerre. Les accords de Munich (1938) permettent le démantèlement de la Tchécoslovaquie, notamment au profit de deux nouveaux satellites de l’Allemagne : Hongrie et Slovaquie.
Puis Hitler s'attaque à la Pologne, couvert par un accord avec l’URSS de non-agression et de partage de l’Europe de l’Est (Pacte germano-soviétique). France et Royaume-Uni maintenant décidés lui déclarent la guerre.
Défaite et le régime de Vichy
Depuis la crise des Sudètes, la propagande du gouvernement cherche à rassurer l’opinion publique en insistant sur la puissance de l’Armée française. La déclaration de guerre ne modifie pas la stratégie purement défensive. Le général Gamelin, commandant en chef, se prépare à une guerre d’usure, et l’Armée française reste cantonnée dans les puissantes fortifications de la ligne Maginot. Seules des opérations de blocus sont tentées, comme en Scandinavie, pour gêner l'approvisionnement allemand. Le gouvernement se vante ainsi auprès de l'opinion publique, majoritairement pacifiste, de cette nouvelle façon de faire la guerre sans combat.
Cependant, l’offensive allemande est lancée le , par la Belgique puis aux alentours de Sedan où les fortifications sont les plus faibles. Le 15 mai, le front Est percé, la ligne de défense est facilement contournée par une armée allemande bien motorisée qui avance vers le sud. L’État-Major, visiblement dépassé par la vitesse de progression allemande, ordonne la retraite qui se transforme en débâcle. Pris de panique, les civils se ruent sur les routes à la suite de l’armée en un véritable exode. Le gouvernement, dirigé par Paul Reynaud, quitte Paris menacé, le 10 juin. Le 14, les Allemands y font leur entrée. Devant l’ampleur de l’échec, Reynaud démissionne, remplacé par le maréchal Pétain qui demande l’armistice aux Allemands. Le 10 juillet, l'Assemblée nationale, réunie à Vichy, vote les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, en vue de rédiger une nouvelle constitution. Le lendemain, Pétain se nomme lui-même « chef de l'État français ». Le mot de République disparaît ensuite des actes officiels.
Portraits des quatorze présidents de la Troisième République
Le titre porté est « président de la République française ». Les dates complètes mentionnées sont celles du début et de la fin du mandat.
-
Adolphe Thiers
(1797-1877)
Du au . -
Patrice de Mac Mahon
(1808-1893)
Du au . -
Jules Grévy
(1807-1891)
Du au . -
Sadi Carnot
(1837-1894)
Du au . -
Jean Casimir-Perier
(1847-1907)
Du au . -
Félix Faure
(1841-1899)
Du au . -
Émile Loubet
(1838-1929)
Du au . -
Armand Fallières
(1841-1931)
Du au . -
Raymond Poincaré
(1860-1934)
Du au . -
Paul Deschanel
(1855-1922)
Du au . -
Alexandre Millerand
(1859-1943)
Du au . -
Gaston Doumergue
(1863-1937)
Du au . -
Paul Doumer
(1857-1932)
Du au . -
Albert Lebrun
(1871-1950)
Du au .
Note
- ↑ De facto. Le régime de Vichy étant cependant reconnu comme illégitime, la Troisième République dure de jure jusqu'au 27 octobre 1946, où elle est incarnée par la France libre puis le GPRF.
Références
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- ↑ Madeleine Rebérioux, La République radicale ? 1898-1914, Paris, les éditions du Seuil, coll. Points Histoire, 1975
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- ↑ Jean-Marie Mayeur, La Vie politique sous la IIIe République, p. 22-23
- ↑ Jean-Marie Mayeur, La Vie politique sous la IIIe République, p. 23
- ↑ Jean-Jacques Chevallier, Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à 1958, p. 293
- ↑ cité par Vincent Duclert, La République imaginée : 1870 - 1914, p. 56
- ↑ Jules Simon, in Le Gouvernement de Monsieur Thiers
- ↑ Jean-Marie Mayeur, La Vie politique sous la IIIe République, p. 25
- ↑ Compte-rendu de la séance du 30 janvier 1875 sur le site de l'Assemblée nationale.
- ↑ Jean-Marie Mayeur, La Vie politique sous la IIIe République, p. 26
- 1 2 Jean-Jacques Chevallier, Histoire des institutions et des régimes politiques de la France de 1789 à 1958, p. 294
- ↑ Jules Simon, Le Gouvernement de Monsieur Thiers, tome I, p. 95
- ↑ Guy Antonetti, Histoire contemporaine politique et sociale, p. 310
- ↑ Jacques Rougerie, La Commune, 1988
- ↑ Guy Antonetti, Histoire contemporaine politique et sociale, p. 312
- ↑ Jacques Bainville, Histoire de France, chapitre XXI
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- 1 2 François Chevalier, Droit constitutionnel, Paris, Éditions Foucher, 2009
- ↑ Jean-Marie Mayeur, La Vie politique sous la IIIe République, p. 44
- ↑ Jean-Marie Mayeur, La Vie politique sous la IIIe République, p. 39-41
- ↑ Vincent Duclert, La République imaginée, p. 108
- ↑ Jean-Marie Mayeur, La vie politique sous la IIIe République, p. 49
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- ↑ Jean-Marie Mayeur, La vie politique sous la IIIe République, p. 60
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- ↑ Mona Ozouf, L'École, l'Église et la République, p. 22
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- ↑ Raymond Saleilles, article "The development of the present constitution of France" in Annals of the American Academy of Political and Social Science, juillet 1895, pp1-78
- ↑ Loi proposée aux votes des chambres par le député Stephen Pichon.
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- 1 2 Serge Berstein, « La nature du radicalisme dans la France de l'entre-deux-guerres », dans Serge Berstein, Marcel Ruby (dir.), Un siècle de radicalisme, vol. 860 de la coll. Histoire et civilisations, Presses universitaires Septentrion, 2004, 287 pages, p. 105-108 et 113 (ISBN 2859398147)
- ↑ L'heure de la décision par André Tardieu aux éditions Flammarion (1934)
Annexes
Bibliographie
Ouvrages généraux
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- Jean-Marie Mayeur, Les débuts de la IIIe République, 1973.
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- François Chevalier, Droit constitutionnel, Paris, Éditions Foucher, 2008.
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- François Goguel, Géographie des élections françaises sous la IIIe et la IVe République, 1970.
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Ouvrages généraux
- Jacques Chastenet, Histoire de la IIIe République : tome III: La République triomphante (1893-1906), Paris, Hachette, 1955 ; tome IV: Jours inquiets et sanglants 1906-1918, 1957.
- Jean-Baptiste Duroselle, La France de la Belle Époque. La France et les Français 1900-1914, édition Richelieu, 1972.
- Dominique Lejeune, La France de la Belle Époque (1896-1914), Paris, Armand Colin, Coll. Cursus, 1991.
- Michel Leymarie, De la Belle Époque à la Grande Guerre (1893-1918). Le triomphe de la République, Livre de Poche, 1999.
- Michel Winock, La Belle Époque, Perrin, 2001.
Économie et société
- Pierre Barral, Les Agrariens français, de Méline à Pisani, A. Colin, 1968.
- Rolande Trempé, Les mineurs de Carmaux (1848-1914), Éditions ouvrières, 1971.
- Anne Martin-Fugier, La Place des bonnes. La domesticité féminine à Paris en 1900, Grasset, 1979.
- Marguerite Perrot, Le mode de vie des familles bourgeoises: 1873 - 1953, Presse de la FNSP, 1982.
- Jean-Charles Asselain, Histoire économique de la France, t.1, De l'Ancien Régime à la Première Guerre Mondiale, Seuil, Points-Histoire, 1984.
- Nancy L. Green, Les Travailleurs immigrés juifs à la Belle Époque, Fayard, 1985.
- Christophe Charle, Les Élites en France (1880-1900), Fayard, 1987.
- Pierre Darmon, La Vie quotidienne du médecin parisien en 1900, Hachette, 1988.
- Christophe Charle, La crise des sociétés impériales (1900-1914), Seuil, 2001.
Articles connexes
- Chronologie de la France sous la Troisième République (1870-1914)
- Crises de la Troisième République
- Histoire de la gauche française de 1919 à 1939
- Front populaire
- Septennat
- Élections présidentielles sous la Troisième République, Liste des présidents de la République française, Président du Conseil
- Loi de la presse sous le Second Empire et la IIIe République
- Ligue du Midi
Liens externes
- Il y a un siècle : la IIIe République au jour le jour
- Constitution de la IIIe République sur le site Wikisource
- Les débuts de la IIIe République, Textes
- Textes sur les rapports franco-russes (fin XIXe siècle)
- Portraits et biographies résumées des présidents sur le site officiel de la présidence de la République
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