Association loi de 1901
En droit des associations, une association loi de 1901 est, en France et dans de nombreux pays colonisés à l'époque par la France, une association à but non lucratif qui relève de la loi du [1] mise en place par Waldeck-Rousseau (alors président du Conseil et ministre de l'Intérieur et des Cultes[2]) et du décret du . Ces dispositions ne concernent toutefois pas les associations ayant leur siège dans les trois départements annexés en 1871 du Bas-Rhin, du Haut-Rhin et de la Moselle qui sont, quant à elles, régies par le droit local, en l'occurrence une ancienne loi allemande, dite de 1908.
Au Québec, le droit civil a évolué indépendamment de celui de la France, de telle sorte que la loi de 1901 n'y existe pas. L'équivalent est la partie III de la Loi sur les compagnies (C-38) de 1964, mais dans le langage courant, on appelle plutôt cela OSBL ou OBNL.
Histoire
Sous l'Ancien Régime, le terme société est consacré aux associations volontaires de personnes dont le but est commercial, et celui de communauté aux autres. Il existait aussi de nombreuses associations récréatives ou clubs qui restaient informelles et officieuses. Les communautés qui étaient considérées comme d'intérêt public, comme les communautés professionnelles, les associations d'assistance, les communautés d'habitants, les confréries charitables, avaient leurs statuts publiés comme lettres patentes, ce qui est l'équivalent actuel d'un décret en Conseil d'État.
Si la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 évoque dans son article II la notion d'association, c'est pour parler d' "association politique" dont "le but est des conserver les droits naturels et imprescriptibles de l'homme", pas du tout d'associations d'intérêt privé, éducatives, culturelles, charitables, ou cultuelles, qui vont rapidement être proscrites. Ainsi, parmi les premières mesures de l'Assemblée nationale figurent la dissolution de toutes les communautés religieuses, d'habitants, de métiers, collèges, hôpitaux, confréries, congrégations, qui étaient innombrables, ainsi que l'interdiction par la loi Le Chapelier de reformer des associations d'ouvriers ou d'habitants pour défendre leurs intérêts. Les clubs politiques se multiplient, et toutes les formations qui sont soupçonnées d'opposition sont dénoncées et condamnées par le Tribunal révolutionnaire. Pendant tout le XIXe siècle le nombre des sociétés commerciales, des entreprises industrielles et financières, de syndicat patronaux augmente considérablement, tandis que les associations populaires ou d'ouvriers restent interdites et sont très durement réprimées.
La Constitution française de 1848 avait autorisé la création d'associations mais l'avait de nouveau interdite un an après. Diverses lois ont donc ouvert la voie à la loi de 1901 en créant des règles de droit concernant l'association :
- Une loi de 1875 a permis la création d'associations en vue de l'organisation de l'enseignement supérieur ;
- Une loi de 1898 a permis la création des associations de secours mutuel.
En , il existait en France plus d'un million d'associations déclarées[3] dans lesquelles 1,6 million de salariés travaillent[4].
En 2008, 15,8 millions de personnes, soit un tiers des 16 ans et plus, étaient membres d'une association déclarée[5].
Caractéristiques d'une association loi de 1901
Une association loi de 1901 doit remplir plusieurs conditions :
- être composée d'au moins deux personnes ;
- avoir un autre but que de partager des bénéfices. De plus, l'activité de l'association ne doit pas enrichir directement ou indirectement l'un de ses membres.
Pour posséder une personnalité juridique, une association doit avoir ses statuts déclarés à la préfecture et publiés dans un journal officiel. Elle doit avoir un responsable légal et être administrée. Une association non déclarée peut être requalifiée comme une association de fait ou si elle a des objectifs criminels comme association de malfaiteurs.
Contrairement aux idées reçues :
- Un mineur de moins de 16 ans peut adhérer à une association et en être dirigeant[6],[7].
- Une association a le droit d'exercer une activité commerciale et de produire des bénéfices (on parle alors d'« excédent d'exploitation »), mais ceux-ci sont susceptibles d'être assujettis aux impôts commerciaux ; c'est par exemple le cas d'associations de commerce équitable telles qu'Artisans du monde[8] (voir à ce sujet la section régime fiscal).
- De même, une association peut bénéficier directement ou indirectement à ses membres ou dirigeants, mais ces bénéfices peuvent être assujettis aux taxes et à l'impôt sur le revenu.
- Une association peut fonctionner sur un mode horizontal : il n'est pas nécessaire d'avoir une structure hiérarchisée (président/secrétaire/trésorier)[9]. D'autre part, la loi de 1901 ne définit pas les mots « président », « trésorier », « secrétaire »[1], donc lorsqu'une association utilise ces trois notions, elle doit précisément les définir dans ses statuts (rôle, pouvoir, etc.). Par exemple, si les statuts ne le spécifient pas, un président d'association n'a pas le pouvoir de représenter l'association en justice sans mandat spécifique.
- Il n'y a pas de poste obligatoire. Dans le cas des associations déclarées, seules les coordonnées du ou des responsables face à la loi sont exigées (administrateurs, présidents, directeur, collège solidaire, ou autre ; cf. Art. 5 de la loi de 1901).
Régime juridique
Associations de droit public
Il existe des associations loi de 1901 créées en application d'une loi pour exercer une mission de service public comme les Conseils d'architecture d'urbanisme et d'environnement[réf. nécessaire], les URSSAF[réf. nécessaire] ou la CIPAV[réf. nécessaire]. Les recours contre leurs décisions se font auprès du tribunal administratif.
Associations de droit privé
Selon l'article premier de la loi du 1er juillet 1901 :
- « L'association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d'une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices. Elle est régie, quant à sa validité, par les principes généraux du droit applicables aux contrats et obligations. »[10]
La loi de 1901 définit en fait très peu de choses. L'association est un contrat de droit privé.
Cette loi laisse aux créateurs et membres d'association la liberté :
- de s'organiser (dans le respect des lois en vigueur) ;
- de choisir le but de l'association : pratiquement tous les domaines d'activité et de la vie sociale sont possibles à condition qu'ils soient licites ;
- de décider du mode d'organisation et des procédures internes de fonctionnement et de les introduire dans les statuts, et éventuellement un règlement intérieur ;
- de modifier aussi souvent que voulu ou nécessaire son but, son mode d'organisation et son fonctionnement ;
- de déclarer ou non la création de l'association, et d'en faire la publicité dans le Journal officiel afin que l'association devienne une personne morale dotée de capacité juridique, ce qui lui donne :
- la possibilité d'accepter ou de créer différents moyens de financement de son fonctionnement, comme les cotisations de ses membres, les subventions de l'État ou des collectivités territoriales, les dons manuels, les aides provenant du partenariat ou du mécénat,
- la possibilité de signer des actes juridiques (ouverture de compte bancaire, souscription de contrats d'assurances, contrat de prestation de services…),
- la possibilité d'employer des salariés,
- la possibilité d'agir en justice en tant que personne morale (assez strictement encadrée par différentes dispositions).
Une association non déclarée est une association de fait, sans personnalité morale ni capacité juridique (elle peut cependant engager devant le juge administratif des recours pour excès de pouvoir pour contester la légalité des actes administratifs faisant grief aux intérêts qu'elle a pour mission de défendre : CE 31 octobre 1969, no 61310, Syndicat de défense des canaux de la Durance). C'est-à-dire que le regroupement de personnes dans un lieu quelconque est autorisé, ce qui n'est pas une évidence en soi : dans certaines dictatures, le regroupement de plusieurs personnes est considéré comme une atteinte à la sûreté de l'État.
La capacité juridique d'une association ordinaire est dite « réduite » par rapport à la pleine capacité juridique des sociétés commerciales. Par exemple :
- Une association ne peut s'inscrire à la chambre des métiers ou à la chambre du commerce[réf. nécessaire] ;
- Elle ne peut pas répartir ses biens et bénéfices entre ses membres et dirigeants ;
- Elle doit donner ses biens et son actif à une autre personne (morale ou physique) lorsqu'elle se dissout (interdiction de les répartir entre les membres ou personnes ayant un lien avec ceux-ci ainsi qu'à des parents ou relations proches) en dehors de la reprise des apports.
Les personnes qui adhèrent à l'association peuvent être des personnes physiques (individus) ou bien des personnes morales. Il suffit du consentement échangé entre deux personnes (nombre minimal) pour créer une association. Cependant, pour certaines catégories d'associations, des dispositions législatives ou réglementaires imposent un nombre plus élevé. Contrairement aux croyances, un mineur non émancipé peut adhérer à une association si cette adhésion n'engage qu'une faible somme (de l'ordre de son argent de poche), mais sa responsabilité civile continue à engager celle de ses parents ou des personnes ayant le pouvoir parental. Un mineur peut même créer et administrer une association, toutefois, selon une pratique administrative remise en cause[11], considérant comme n'ayant pas la capacité d'effectuer des actes juridiques, ceux-ci doivent alors être réalisés par un majeur ou par les personnes dotées de la puissance parentale, qui engagent leur responsabilité civile.
Il existe une forme d'association pouvant être créée et gérée par des mineurs : les juniors associations. Il s'agit en fait d'une association nationale, créée par cinq fédérations ou associations œuvrant pour les jeunes, et qui accorde son agrément et son aide à des associations composées de jeunes de 12 à 18 ans. Ces associations sont en fait des sections de l'association nationale ayant une grande liberté d'action et de gestion.
Contrairement au droit local d'Alsace et de Moselle, aucune administration ou organisme public n'a le pouvoir de contrôler la déclaration de création d'une association. Cette déclaration, ainsi que les déclarations modificatrices, le sont sous la responsabilité de ceux qui signent les documents. Le récépissé délivré par la préfecture, ou la sous-préfecture, n'est que le constat de la présence des éléments prévus par la loi et le décret de 1901. Il n'attribue pas de valeur juridique précise à ces déclarations.
Catégories d'associations
Il existe un grand nombre de catégories d'associations. Beaucoup de ces catégories font l'objet de conditions particulières de création, de fonctionnement ou d'adhésion imposées par des textes législatifs ou réglementaires. Quelques exemples parmi ces catégories :
- les associations d'intérêt général, qui garantissent certains critères : organisation démocratique, but non lucratif, activité conforme à l'objet et aux statuts de l'organisation… ; à cet égard, l'Arrêt Guitou du 30 juin 1934 témoigne de la nécessité d'un but non lucratif en ce qui concerne l'objet même de l'association ;
- les associations reconnues d'utilité publique (articles 8 à 13 de la loi de 1901). Cette qualité est attribuée à la personne morale par décision du gouvernement après avis du Conseil d'État. Au deuxième trimestre 2014, on compte 1 950 associations reconnues d'utilité publique[12] ;
- les associations sportives affiliées à des fédérations sportives agréées. On distingue ces fédérations sportives agréées qui peuvent avoir délégation de mission de service public leur confiant l'établissement des règles techniques et déontologiques sous délégation du ministère de tutelle (généralement Jeunesse et Sports). De telles règles sont transmises aux associations agréées et rendues obligatoires aux professionnels exerçant toute activité régie par la Fédération (initiations, encadrement, préparation physique…) ;
- les associations de défense de l'environnement et les associations de consommateurs ;
- les fédérations, généralement composées d'associations et de personnes physiques. L'appellation « union » est plutôt réservée pour les regroupements de personnes morales exclusivement ;
- les associations citoyennes : « Une association peut être qualifiée « d'association citoyenne » lorsqu'elle poursuit un objectif qui dépasse la simple satisfaction de ses membres et qu'elle contribue au bien commun. [...] L'objet social d'un très grand nombre d'associations ne sert pas seulement l'intérêt collectif d'un groupe, il est déterminé à partir de préoccupations plus larges. Cette contribution au bien commun se traduit aussi dans leur fonctionnement et dans leur action ». ex. : un club sportif qui vise à rendre accessible le sport pour tous[13].
Statuts
Les statuts constituent le contrat qui lie les membres de l'association. Il a donc la même force que les autres contrats vis-à-vis du Code civil français (il doit notamment être exécuté de bonne foi, cf. art. 1134 du code civil). Les statuts ne sont obligatoires que pour les associations déclarées. Ils comportent alors obligatoirement :
- le titre exact de l'association, qui doit être original ;
- la préfecture ou sous-préfecture du siège social de l'association ;
- le but, ou objet, de l'association.
Ils contiennent généralement :
- le siège social, lieu où est consultable le registre spécial, relevé des décisions importantes (choix des dirigeants, délégations de pouvoirs…) ;
- les moyens mis en œuvre (entre autres la collecte de fonds) doivent servir à atteindre le but de l'association ;
- les règles de prise de décisions de l'association.
Il peut y avoir d'autres mentions obligatoires si l'association veut être reconnue d'utilité publique (les donateurs peuvent alors déduire une partie de leur dons de leur déclaration de revenus, loi Coluche), si c'est une association sportive ou organisant des activités de jeunesse, ou bien si l'association veut adhérer à une fédération (voir alors les statuts de la fédération).
Pour permettre un bon fonctionnement, les statuts doivent permettre le fonctionnement au jour le jour, mais aussi la gestion de crise : définir qui a le pouvoir de décision, qui peut dissoudre l'association, comment résoudre une situation de blocage, comment reprendre l'association si personne ne s'en occupe pendant plusieurs années, qui peut adhérer, comment on perd sa qualité de membre… L'association peut avoir un règlement interne, qui peut se modifier plus facilement que les statuts et permet de s'adapter plus rapidement à des situations nouvelles.
La préfecture du département où est domiciliée l'association enregistre la création de l'association et les modifications de statuts, des membres dirigeants… Mais elle n'a aucun pouvoir de contrôle. Elle propose parfois des statuts-type pouvant servir d'inspiration pour la rédaction des statuts de l'association, mais les éléments ne sont en aucun cas obligatoires : il n'est pas obligatoire d'avoir un bureau, un conseil d'administration, d'avoir un mode de décision démocratique… Même si ces ressources peuvent être utiles, notamment en cas de conflit au sein de l'association. Si une personne dépose une modification de statuts, une liste de dirigeants ou un compte rendu d'assemblée générale à la préfecture, celle-ci doit l'enregistrer mais n'a pas le pouvoir de vérifier que la personne est habilitée à faire cet enregistrement ; en cas de fraude, l'association doit donc avoir recours à un tribunal, qui s'appuiera notamment sur les statuts pour annuler l'enregistrement et le cas échéant condamner l'usurpateur.
Tout adhérent a le droit d'avoir un exemplaire des statuts, avant l'adhésion ou même après.
Convention collective
Les associations Loi 1901 ne sont couvertes par aucune convention collective, en particulier. La convention collective applicable est celle de leur activité principale. Comme quasiment toute activité économique légale peut être réalisée sous le statut associatif, de nombreuses conventions collectives peuvent être appliquées.
Régime fiscal
Le régime fiscal des associations est un régime de non lucrativité entraînant l'exonération des impôts commerciaux (TVA, impôt sur les sociétés, Contribution économique territoriale). Toutefois cette non imposition est le résultat de mesures d'exceptions qui exigent le respect d'un certain nombre de conditions[14].
À priori, une association est à but non lucratif. Mais son régime fiscal peut être requalifié par l'administration fiscale, ou un tribunal, en association lucrative. Elle perd alors ses avantages fiscaux, se retrouve pratiquement avec les astreintes fiscales des sociétés commerciales mais conserve le statut juridique d'association et donc la capacité juridique restreinte.
Quels sont les critères qu'il convient de prendre en compte pour apprécier si une association peut être ou non soumise à ces impôts (réf. : instruction no 170 du 15 septembre 1998 - DGI) ? À cette fin, il convient de procéder à l'analyse suivante :
- Examiner si la gestion de l'organisme est désintéressée (chapitre premier, section 1) :
- l'organisme est géré et administré à titre bénévole par des personnes n'ayant elles-mêmes, ou par personne interposée, aucun intérêt direct ou indirect dans les résultats de l'exploitation ;
- l'organisme ne procède à aucune distribution directe ou indirecte de bénéfice, sous quelque forme que ce soit ;
- les membres de l'organisme et leurs ayants droit ne peuvent pas être déclarés attributaires d'une part quelconque de l'actif, sous réserve du droit de reprise des apports. Si la gestion est intéressée, l'organisme est nécessairement soumis aux impôts commerciaux.
- Si la gestion est désintéressée, examiner si l'organisme concurrence le secteur commercial (chapitre premier, section 2–A) :
- Est-ce que le public peut indifféremment s'adresser à une structure lucrative ou non lucrative (s'apprécie en fonction de la situation géographique de l'organisme) ? S'il ne concurrence pas le secteur commercial et que sa gestion est désintéressée, l'organisme n'est pas imposable.
- S'il concurrence le secteur commercial, examiner si l'organisme exerce son activité selon des modalités de gestion similaires à celles des entreprises commerciales (chapitre premier, section 2–B). Pour cela, quatre éléments doivent être pris en compte, mais leur importance dans l'appréciation de la « commercialité » n'est pas la même. Ainsi, il convient d'étudier dans l'ordre décroissant : le « Produit » proposé par l'organisme, le « Public » qui est visé, les « Prix » qu'il pratique et la « Publicité » qu'il fait (règle des « 4 P ») :
- produits : les produits (biens ou services) ne sont pas disponibles auprès d'entreprises lucratives ou le sont de façon non satisfaisante ;
- public : les services ou les biens vendus doivent toucher un public qui ne peut normalement pas obtenir le même service ou le même bien, par exemple des personnes indigentes, chômeurs, familles monoparentales ou personnes dépendantes ;
- prix : les prix sont inférieurs à ceux du marché (mais on peut toujours invoquer un motif de différenciation — réelle ou fictive — de la prestation) ;
- publicité : l'association n'a pas recours à la publicité (La distinction entre publicité et information du public — expression en principe synonyme — est relativement floue.).
Ce n'est que s'il exerce son activité selon des méthodes similaires à celles des entreprises commerciales, que l'organisme sera soumis aux impôts commerciaux de droit commun.
Les points 1 à 3 doivent être examinés successivement.
Attention, les associations qui exercent leur activité au profit d'entreprises sont, dans tous les cas, imposables sur les bénéfices commerciaux.
Une association qui ne répondrait pas à ces critères devrait alors être fiscalisée et être donc soumise aux impôts commerciaux. Certaines personnes (y compris dans des administrations chargées de conseiller les particuliers) considèrent parfois que la constitution d'une association permet de « tester » une activité avant de fonder une entreprise (l'association serait donc un « ballon d'essai ») ; cela n'est pas toujours vrai, l'association serait soumise à :
- l'impôt sur les sociétés en cas de bénéfice ;
- un impôt forfaitaire annuel si son chiffre d'affaires dépasse 76 224 euros ;
- la TVA si son chiffre d'affaires dépasse 76 224 euros pour la vente de biens, de prestations de restauration ou d'hébergement, ou 26 680 euros pour toutes autres activités de services ;
- la taxe professionnelle, sauf franchise de 38 112 euros.
L'entreprise créée ultérieurement ne pourrait pas récupérer de façon simple - légalement - l'activité de l'association (et notamment pas le matériel). Il serait plutôt indiqué de créer une « Société en participation » (SEP) afin de tester un marché, plutôt qu'une association.
Une association ne distribue pas les bénéfices qu'elle peut faire, mais elle les conserve en réserves : c'est le critère de non lucrativité. La différence importante est que celui-ci ne peut en aucun cas être distribué à l'ensemble ou à une partie de ses membres.
Les dons à une association d'intérêt général (qui ne font pas l'objet d'une reconnaissance préalable par l'administration, à la différence des Associations reconnues d'utilité publique), donnent droit à une réduction d'impôt. Celle-ci est de 60 % pour les dons faits par des entreprises et de 66 % pour les dons des particuliers (75 % dans le cas des associations dites « Coluche »). Pour pouvoir délivrer un reçu fiscal permettant aux donateurs de bénéficier d'une réduction d’impôt, elles doivent non seulement être d’intérêt général, mais aussi avoir une gestion désintéressée. Pour plus de détails sur les démarches à accomplir[15].
Une association ayant un employé se voit automatiquement inscrite au registre Sirene (tenu par l'Insee) par le Centre de formalités des entreprises (CFE) des Impôts, et se voit donc attribuer un numéro Siren ; les associations payant des impôts ou recevant des subventions de l'État doivent demander cette inscription auprès du CFE. À terme, il est probable que toutes les associations reçoivent un numéro Siren en raison de la mise en place du répertoire national des associations, anciennement fichier national informatique Waldec.
Responsabilité juridique
L'association peut être condamnée en tant que personne morale, tant au niveau civil (paiement de dommages-intérêts) qu'au niveau pénal (paiement d'une amende, dissolution). Même si un dirigeant représente l'association au tribunal, c'est bien l'association elle-même qui est condamnée. Mais les membres de l'association peuvent eux aussi être condamnés, par exemple pour mauvaise gestion. Par ailleurs, une association peut se retourner contre un ou plusieurs de ses membres, se désolidariser d'eux, et demander à ce que des adhérents soient condamnés à la place de l'association. En ce qui concerne les dirigeants, leur responsabilité est appréciée par le tribunal en fonction des faits ; ils peuvent éventuellement être condamnés pour des actes faits par d'autres personnes (article 1384 du code civil : « On est responsable non seulement du dommage que l'on cause par son propre fait, mais encore de celui qui est causé par le fait des personnes dont on doit répondre, ou des choses que l'on a sous sa garde »). La notion de responsabilité est une notion complexe ; une association ne peut reprocher à un de ses membres d'avoir manqué à ses fonctions (par exemple mauvaise gestion) que si cette personne avait un mandat clair de la part de l'association (par exemple décrit dans les statuts ou bien dans une décision du conseil d'administration) et si cette personne avait les moyens (matériels, financiers, formation, expérience) pour mener à bien son mandat.
Bien sûr, dans tous les cas, chaque adhérent (responsable de l'association ou pas) doit répondre de ses propres actes selon l'article L121-1 du code pénal (« Nul n'est responsable pénalement que de son propre fait ») et des articles du code civil 1382 (« Tout fait quelconque de l'homme, qui cause à autrui un dommage, oblige celui par la faute duquel il est arrivé, à le réparer ») et 1383 (« Chacun est responsable du dommage qu'il a causé non seulement par son fait, mais encore par sa négligence ou par son imprudence »).
Le régime particulier des congrégations religieuses
La loi du 1er juillet 1901 soumet les congrégations à un régime d'exception décrit au titre III de la loi :
Article 13 '
Toute congrégation religieuse peut obtenir la reconnaissance légale par décret rendu sur avis conforme du Conseil d’État ; les dispositions relatives aux congrégations antérieurement autorisées leur sont applicables.
La reconnaissance légale pourra être accordée à tout nouvel établissement congréganiste en vertu d’un décret en Conseil d’État.
La dissolution de la congrégation ou la suppression de tout établissement ne peut être prononcée que par décret sur avis conforme du Conseil d’État.
Article 14 (abrogé) '
Article 15 '
Modifié par Décret no 2004-1159 du 29 octobre 2004 — art. 19 (V) JORF 31 octobre 2004 en vigueur le 1er janvier 2005
Toute congrégation religieuse tient un état de ses recettes et dépenses ; elle dresse chaque année le compte financier de l’année écoulée et l’état inventorié de ses biens meubles et immeubles.
La liste complète de ses membres, mentionnant leur nom de famille, ainsi que le nom sous lequel ils sont désignés dans la congrégation, leur nationalité, âge et lieu de naissance, la date de leur entrée, doit se trouver au siège de la congrégation.
Celle-ci est tenue de représenter sans déplacement, sur toute réquisition du préfet à lui-même ou à son délégué, les comptes, états et listes ci-dessus indiqués.
Seront punis des peines portées au paragraphe 2 de l’article 8 les représentants ou directeurs d’une congrégation qui auront fait des communications mensongères ou refusé d’obtempérer aux réquisitions du préfet dans les cas prévus par le présent article.
Article 16 (abrogé) '
Article 17 '
Sont nuls tous actes entre vifs ou testamentaires, à titre onéreux ou gratuit, accomplis soit directement, soit par personne interposée, ou toute autre voie indirecte, ayant pour objet de permettre aux associations légalement ou illégalement formées de se soustraire aux dispositions des articles 2, 6, 9, 11, 13, 14 et 16.
La nullité pourra être prononcée soit à la diligence du ministère public, soit à la requête de tout intéressé.
Les regroupements d’associations en France
Les associations se rassemblent par affinités politiques, sectorielles, statutaires, etc. afin d’agir collectivement. En France, diverses organisations regroupent des associations.
Les coordinations associatives
Une coordination associative rassemble les associations, regroupements et fédérations d’associations par secteurs d’activité (solidarité internationale, environnement, sport, etc.). Des organisations comme le Comité national olympique et sportif français (CNOSF), Coordination Sud, ou la Ligue de l’Enseignement font partie de cette catégorie.
En France les principales coordinations associatives sont membres de la CPCA (Conférence Permanente des Coordinations Associatives) qui représente 700 fédérations soit plus de 600 000 associations. L'objectif est d’offrir une voix au mouvement associatif, afin qu’il soit reconnu comme un acteur collectif, social et politique à part entière.
Les Juniors Associations
Depuis 1998, le Réseau National des Juniors Associations (RNJA) permet aux jeunes mineurs de créer leur propre association avec les mêmes responsabilités et le même principe de fonctionnement qu'une association loi 1901. Le RNJA est une association elle-même loi 1901, agréé « Jeunesse et Éducation Populaire » ainsi que « Éducation nationale ». Une fois que le RNJA a habilité le dossier d'un groupe de jeunes, ce groupe peut se monter en « Juniors Associations ». Ces jeunes peuvent ouvrir un compte bancaire, recueillir des dons ou des subventions, organiser des événements, des sorties etc. Le RNJA est composé de plusieurs fédérations ou associations :
- la ligue de l'enseignement ;
- la confédération des MJC de France ;
- la fédération des Centres Sociaux ;
- l'association Jets d'encre.
Les associations de droit local en Alsace et en Moselle
Une association ayant son siège social dans l'un des trois départements d'Alsace-Moselle ne relève pas de la loi du 1er juillet 1901 mais des articles 21 à 79-III du Droit civil local et éventuellement des autres dispositions de ce droit local pouvant lui être appliquées.
Démarches administratives
Lancé début 2009, Mon.service-public.fr est un portail internet de l'administration française visant à permettre à tout citoyen d'effectuer ses démarches administratives en ligne, en particulier toutes celles liées à la création d'entreprise ou à la création d'association[16],[17].
Chiffres sur le secteur associatif
En 2012, le nombre de créations d'associations déclarées était en baisse constante depuis trois ans, certaines régions étant tout particulièrement et intégralement touchées. L'emploi associatif a souffert en 2011, pour le régime général comme pour le régime agricole (5 % des salariés associatifs), et s'est stabilisé au cours des deux premiers trimestres 2012 ; cette évolution conduit à une estimation de 1,3 million d’associations déclarées, animées par 11 millions de bénévoles[18].
Notes et références
- 1 2 France. Loi relative au contrat d'association 1 juillet 1901 (texte consolidé) [lire en ligne (page consultée le 9 juillet 2013)]
- ↑ « Loi du 1er juillet 1901 relative au contrat d'association », sur Legifrance.gouv.fr, (consulté le 12 mars 2015)
- ↑ Jean-François Lamour, Ministre de la Jeunesse, des Sports et de la Vie associative, discours du 23 janvier 2006.
- ↑ Rapport Viviane Tchernonog — XVIe colloque de l’ADDES — Ressources, financements publics et logiques d’action des associations cité sur www.associations.gouv.fr
- ↑ Vie associative : 16 millions d’adhérents en 2008, Insee, publication de décembre 2010
- ↑ Aux termes de l'article 2bis ajouté en juillet 2011, à partir de seize ans, le mineur peut assumer une fonction de direction dans l'association, sous condition de l'accord écrit préalable de ses parents, à l'exception des actes de disposition du patrimoine de l'association.
- ↑ Voir le texte du site gouvernemental sur les associations http://www.associations.gouv.fr/IMG/pdf/etre_jeune.pdf
- ↑ Artisans du monde : questions fréquentes
- ↑ Voir par exemple les statuts dits horizontaux de l'association « La Tondeuse à Roazhon ».
- ↑ « La loi du 1er Juillet 1901 et la liberté d'association — Associations.gouv.fr », sur www.associations.gouv.fr (consulté le 16 septembre 2015)
- ↑ Notamment « Les mineurs sont-ils interdits d’association ? » in La France associative en mouvement, troisième édition, CerPhi, octobre 2005
- ↑ Associations reconnues d’utilité publique sur le site data.gouv.fr
- ↑ Didier Minot, Des associations citoyennes pour demain, Paris, Editions Charles Léopold Mayer, , 280 p. (ISBN 9782843771750, lire en ligne), page 38
- ↑ Instruction fiscale du 18 décembre 2006 sur les organismes sans but lucratif , Ministère de l’Économie et des Finances
- ↑ (fr) « Demande d'avis de délivrer des reçus fiscaux pour les des organismes ayant la capacité de recevoir des dons », sur www.impots.gouv.fr (consulté en 2 avril 2012, lien non valide error 404, remplacer par "fichedescriptive_5140.rtf" à décharger sur www.impots.gouv.fr )
- ↑ (fr)Direction de l'information légale et administrative (Premier ministre), « Je crée une association » (consulté le 28 décembre 2013)
- ↑ (fr) « Démarches administratives: Baroin veut plus de simplification et plus vite », sur www.google.com (consulté en 31 juillet 2010)
- ↑ Recherches & Solidarités, La France associative en mouvement, Cécile Bazin, Jacques Mallet, 10e édition, octobre 2012
Bibliographie
- Minot Didier, Des associations citoyennes pour demain, Éditions Charles Léopold Mayer, 2014. Livre disponible en libre téléchargement http://www.eclm.fr/ouvrage-362.html
- Laville Jean-Louis, Politique de l'association, Éditions du Seuil, Paris, 2010.
- Laville Jean-Louis, Sainsaulieu Renaud, Sociologie de l'association, Desclée de Brouwer, Paris, 1997.
- Jean-Michel Ducomte et Jean-Marc Roirant, La liberté de s'associer, Toulouse, Éditions Privat, 2011 (ISBN 978-2-7089-8401-1)
- Jacqueline Lalouette, Jean-Pierre Machelon, Les congrégations hors la loi ? Autour de la loi du 1er juillet 1901, Letouzey et Ané, 2002
- Stéphane Goubet, Laurence Deffieux-Denéchaud,Trouver un modèle économique pour son association loi 1901, Redéfinir sa stratégie et ses modèles économiques quand on est une structure publique ou para-publique dans un contexte de crise, Paris, Les Éditions du Net, 2012, ISBN 978-2-312-00457-0)
- Jean Joho. Guide pratique des associations (loi du 1er juillet 1901)
- Collectif, L'univers associatif, in Revue de l'économie sociale, avril-juin 1985 n° IV, Paris, ISSN 0755-8902
Voir aussi
Articles connexes
- Association à but non lucratif
- Reconnaissance d'utilité publique
- Liste d'associations françaises reconnues d'utilité publique
- Droit des associations en France
- Association européenne
- Syndicat et parti politique
- Junior-Entreprise
- Journal officiel Associations
- Conférence permanente des coordinations associatives
- Radio associative
- Les Juniors Associations
- Revue de l'économie sociale
Liens externes
- Loi du 1er juillet 1901 (Loi relative au contrat d'association)
- Texte original de la loi du 1er juillet 1901.
- Site de l'Assemblée nationale
- Associations.gouv.fr
- Un article expliquant comment créer une association loi 1901 (notamment des associations regroupant des entrepreneurs)
- Dossier sur principes et statuts d'une association à bureau collégial Association Loi de 1901 et collectif, des statuts pour un bureau collégial
- La Maison des Associations loi 1901 sur Internet depuis 1999 - Loi1901.com
- Association mode d'emploi est un portail d'aide aux salariés et bénévoles d'associations.
- Consultation des annonces d'associations publiées dans le Journal Officiel.
- Annuaire associatif des associations de loi 1901.
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