Régime politique
Le régime politique fait référence à la manière dont les pouvoirs sont organisés et exercés au sein d'une entité politique donnée. Cela renvoie donc à la forme institutionnelle du pouvoir mais aussi à la pratique découlant de cette forme institutionnelle. Cela dépasse l'étude constitutionnelle (qui analyse les structures formelles d'un État) mais n'est pas non plus à confondre avec l'étude des systèmes politiques (c'est-à-dire l'étude des acteurs et des actions).
L'exercice du pouvoir est très important car tout en ayant la même forme institutionnelle, des régimes politiques peuvent se distinguer en fonction de la pratique de l'exercice du pouvoir[1].
Enjeux
Selon Maurice Duverger[2] :
« À la base de tout régime politique se trouve le phénomène essentiel de l'autorité, du pouvoir, de la distinction entre gouvernants et gouvernés »
« Tout régime politique peut être défini comme l'ensemble des réponses apportées à quatre ordres principaux de problèmes » :
- Autorité des gouvernants et droits et devoirs des citoyens : Quels sont les fondements du pouvoir politique qui définissent les valeurs fondamentales du régime ?
- Choix des gouvernants et des représentants des citoyens : Comment sont désignées les personnes qui reçoivent la charge et le pouvoir de gouverner une collectivité publique ?
- Structures des gouvernants : Celles-ci sont rarement uniques ou monolithiques. Qui sont-elles, quelles sont leurs formes d'organisation et quels rapports les réunissent les unes aux autres ?
- Évaluation, Contrôle et Limitation des gouvernants : Comment s'articulent les droits et devoirs des gouvernants avec ceux des citoyens ? Comment se garantissent-ils réciproquement ? Comment réguler et éventuellement forcer au respect des attributions, responsabilités et zones de liberté respectives ?
Typologies
Régime totalitaire
Les travaux d'Hannah Arendt, Carl Joachim Friedrich et Raymond Aron définissent les caractéristiques du Régime totalitaire :
- existence d'une idéologie infaillible et totalisante
- vie politique, sociale et économique régentée au niveau privé et public
- existence d'un parti unique (parti-État) qui a le monopole des moyens internes de communication de masse
- une répression violente de l'opposition via une police secrète, le but étant d'incarner la terreur
Les régimes fascistes, nazis et soviétique peuvent être considérés comme des exemples de régimes politiques totalitaires[1], même si Arendt considère l'Italie fasciste de Mussolini comme un "totalitarisme non abouti[3]".
Régime autoritaire
Dans les années 1960, certains régimes sont apparus, notamment au Chili (dictature du Chili) et en Espagne (régime franquiste), qu'il n'était pas possible de classifier comme régime totalitaire. Mais il ne s'agissait pas non plus de démocraties libérales. La science politique moderne a donc établi une catégorie intermédiaire, par défaut.
Les différences avec les régimes totalitaires sont les suivantes :
- absence d'idéologie totalisante et infaillible
- tolérance vis-à-vis de pouvoirs externes au parti unique sur lesquels ce dernier s'appuie : l'Église, l'armée, le patronat, la bureaucratie...
- indépendance de certains pans de la vie sociale et économique, non contrôlée complètement par le pouvoir
- caractère moins systématique de l'extermination violente des opposants.
Les différences avec les démocraties libérales sont les suivantes :
- absence d'élection réelle (c'est une façade démocratique)
- refus de l'alternance au pouvoir
- absence de pluralisme politique
- limitation des libertés publiques
- non-respect de l'État de droit[1].
Démocraties libérales
Les principales caractéristiques de ce type de régime sont :
- compétitions électorales : les élections sont régulières, se font au suffrage universel et le pluralisme politique est reconnu
- État de droit : les libertés fondamentales sont garanties, il y a une constitution définissant les pouvoirs des différentes branches de l'État, il y a également une séparation entre la sphère publique et la sphère privée
- division en trois pouvoirs séparés : le législatif, l'exécutif et le judiciaire sont séparés et se contrôlent mutuellement
- gouvernement de la majorité : la majorité est au pouvoir, la protection de l'opposition (minorité) est assurée, l'alternance est possible
- séparation entre l'Église et l'État : neutralité confessionnelle de l'État, égalité de traitement entre les différents régimes religieux, pas de prise en charge totale par l'État des frais et activités des confessions religieuses.
Il s'agit d'un idéal-type et il est possible de trouver certaines exceptions comme en Grande-Bretagne où le Chef de l'État (actuellement la Reine) incarne aussi le chef de l'Église anglicane, ou bien comme en Belgique où l'enseignement catholique est financé par l'État Belge[1].
Références
- 1 2 3 4 Pilet 2008.
- ↑ Institutions politiques et Droit constitutionnel PUF Thémis Paris 1965
- ↑ , Article du politiste italien Emilo Gentile sur la vision d'Arendt du fascisme.
Bibliographie
- Mamoudou Gazibo et Jane Jenson, Le politique comparée : Fondements, enjeux et approches théoriques, Montréal, Les presses de l'Université de Montréal (ISBN 2-7606-1886-2).
- Jean-Benoît Pilet, Régimes politiques des pays occidentaux, Bruxelles, Presses Universitaires de Bruxelles, .
Voir aussi
Articles connexes
- Autoritarisme
- La Politique d'Aristote
- Régime parlementaire
- Régime présidentiel
- Régime semi-présidentiel
- Régime d'assemblée
- Mise en scène du pouvoir politique (médias, situation rétrospective)
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