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Traité de Versailles

Traité de Versailles

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Traité de Versailles (homonymie).
Traité de Versailles
Description de cette image, également commentée ci-après

Signature du traité de 1919, galerie des Glaces, château de Versailles.

Traité de paix entre les Alliés et les Puissances associées et l'Allemagne
Type de traité Traité de paix
Dépôt Gouvernement français
Langues Français, anglais
Signé
(Versailles (France))
Effet
(Ratification par l'Allemagne
et les principales puissances alliées.)
Parties
Partie 1 Partie 2
Parties Perdant[1] Vainqueurs[1]
Signataires Reich allemand Royaume-Uni
République française
États-Unis
Royaume d'Italie
Empire du Japon

 Voir le traité sur Wikisource

Documentaire d'époque du gouvernement américain sur la signature du traité.

Le traité de Versailles est un traité de paix signé le 28 juin 1919 entre l'Allemagne et les Alliés à l'issue de la Première Guerre mondiale.

Élaboré au cours de la conférence de Paris, le traité fut signé le , dans la galerie des Glaces du château de Versailles et promulgué le . Il annonça la création d'une Société des Nations et détermina les sanctions prises à l'encontre de l'Allemagne et de ses alliés. Celle-ci, qui n'était pas représentée au cours de la conférence, se vit privée de ses colonies et d'une partie de ses droits militaires, amputée de certains territoires et astreinte à de lourdes réparations économiques.

Choix du lieu

Le lieu de la signature du traité permet à la France d'effacer symboliquement l'humiliation de la défaite lors de la guerre franco-allemande de 1870. C'est en effet dans la même galerie des Glaces, au château de Versailles, qu'avait eu lieu la proclamation de l'Empire allemand, le .

Choix de la date

La signature du traité de Versailles le commémore le , date de l'attentat de Sarajevo, cause de l'ultimatum austro-hongrois adressé à la Serbie, dont le refus a déclenché la Première Guerre mondiale.

Conditions de la rédaction et de la signature du traité

Signature du traité.

Les puissances victorieuses invitèrent des représentants de territoires du monde entier à la conférence de paix, mais aucun responsable des États vaincus, ni de la Russie (désormais bolchévique), qui avait quitté la guerre en 1917. Certaines personnalités eurent une influence déterminante. On en retient habituellement les dirigeants de cinq des principales puissances victorieuses  : Lloyd George, Premier ministre britannique, Vittorio Orlando, président du Conseil italien, Milenko Vesnić ministre de Serbie, Georges Clemenceau, son homologue français et Woodrow Wilson, le président des États-Unis.

Signature du traité, vue par le peintre William Orpen.

Chaque représentant est libre de travailler à la rédaction du traité, mais les positions de ces hommes divergent. Le président américain veut mettre en place la nouvelle politique internationale dont il a exposé les principes directeurs dans ses Quatorze points. Pour lui, la nouvelle diplomatie doit être fondée sur le « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes », tout en concédant la création juridique des mandats de la Société des Nations, qui ne diffèrent des colonies que sur le papier, et sur la collaboration entre États. Il dispose d'un grand prestige et surtout d'une puissance économique sans égale, face aux Européens ruinés et saignés. Il cherche à ménager l'Allemagne, à la fois pour éviter que l'esprit revanchard ne s'y développe et pour y retrouver un partenaire économique.

Lloyd George, dans un premier temps, tient à «presser le citron jusqu’à ce que les pépins craquent» [2]. Mais à partir de mars 1919, il considère l'Allemagne suffisamment affaiblie et veut au contraire éviter une suprématie française: fidèle à la doctrine de l'équilibre des puissances continentales, il décide alors d'éviter qu'aucun des deux rivaux n'acquière une trop grande force [2].

Clemenceau, au contraire, cherche à imposer de lourdes indemnités pour limiter la puissance économique et politique de l'Allemagne, et pour financer la reconstruction de la France, ainsi que la récupération de l'Alsace-Lorraine, voire l'annexion d'autres territoires (Sarre, etc.).

Orlando tient essentiellement à récupérer les terres irredente.

L'affaire de Fiume

Article détaillé : Régence italienne du Carnaro.

La signature du traité fut retardée de plusieurs mois par le coup de force de Gabriele D'Annunzio qui s'empara de la ville de Fiume. Il fallut attendre l'intervention de la marine italienne en décembre 1920 pour que le traité de Rapallo, instaurant l'État libre de Fiume, puisse s'appliquer et permettre la proclamation officielle du traité de Versailles. C'est lors de ces événements que Georges Clemenceau fait appel au général Humbert, mis à disposition de son gouvernement militaire quelques mois plus tôt par le général Mordacq, et l'envoie en Adriatique par Fiume et les territoires revendiqués par les Italiens. Les forces interalliées dans les Balkans et l'Adriatique constatent cet impérialisme italien qui se porte à l'encontre de l'esprit du traité de Versailles embryonnaire ; Lloyd George et Georges Clemenceau s'inquiètent de ce comportement agressif qui prolonge les tensions de la fin de guerre, tandis que Woodrow Wilson voit par ces revendications une menace au « droit des Serbes et des Slaves à disposer d'eux-mêmes ». La prise de Fiume laisse entrevoir le militarisme et le nationalisme de l'Italie six ans avant Mussolini.

Contenu

La première partie établit une charte pour une Société des Nations. Elle reprend l'idéal wilsonien d'une diplomatie ouverte, organisée par un droit international. La treizième partie pose les principes du Bureau International du Travail. Le reste du traité est essentiellement consacré aux conditions de la paix en Europe. Un principe, énoncé à l'article 231, structure l'ensemble : l'Allemagne et ses alliés sont déclarés seuls responsables des dommages de la guerre (que l'Allemagne et l'Autriche-Hongrie avaient effectivement déclarée en 1914). Ce principe justifie les exigences très lourdes des vainqueurs à l'égard de l'Allemagne.

Remaniements territoriaux

La seconde partie du traité définit les frontières de l'Allemagne, mais dans plusieurs régions, le tracé définitif est remis à plus tard. L'indépendance des nouveaux États de Pologne et de Tchécoslovaquie est également affirmée. L'indépendance de l'Autriche, dans son nouveau périmètre, est également protégée : il est interdit à l'Allemagne de l'annexer (art. 80).

L'Allemagne se voit amputée de 15 % de son territoire et de 10 % de sa population au profit de la France, de la Belgique du Danemark, et surtout de la Pologne, nouvellement recréée. Il s'agit essentiellement de régions qu'elle avait naguère conquises par la force. Les principales transformations territoriales sont :

  • La restitution à la France de l'Alsace et de deux départements lorrains (La Moselle et La Meurthe) (art. 27) ;
  • L'intégration à la Belgique des cantons d'Eupen et de Malmedy, dont la Vennbahn (art. 27) ;
  • La possibilité pour le Danemark de récupérer certains territoires du nord de l'Allemagne où se trouvent des populations danoises alors que le Danemark n'a pas participé militairement à première guerre mondiale. La décision doit être soumise à un vote de la population locale (art. 109 à 111). Le référendum est mené en 1920. Les villes d'Aabenraa, Sønderborg et Tønder, et leurs environs passent alors au Danemark
  • Le Territoire du Bassin de la Sarre est placé sous administration internationale pour 15 ans. Son statut définitif doit être soumis à référendum.
  • D'importants territoires qui se trouvaient dans l'est de l'Allemagne sont attribués au nouvel État polonais (art.28). Dans certaines régions, le statut définitif n'est pas décidé. Il doit être déterminé par une commission ou par un référendum dans la zone concernée (art. 87 à 93). Dantzig devient une ville libre, ce qui garantit l'accès de la Pologne à la mer, mais a aussi pour effet de séparer la Prusse orientale, restée allemande, du reste de l'Allemagne par le Corridor de Dantzig.

Dispositions militaires

De nombreuses mesures sont prises pour limiter le pouvoir militaire de l'Allemagne et protéger ainsi les États voisins. Les clauses militaires forment la cinquième partie du traité.

  • L'Allemagne doit livrer 5 000 canons, 25 000 avions, ses quelques blindés et toute sa flotte (qui se sabordera dans la baie écossaise de Scapa Flow).
  • Son réarmement est strictement limité. Elle n'a plus droit aux chars, à l'artillerie et à l'aviation militaire.
  • Son armée sera limitée à un effectif de 100 000 hommes et le service militaire aboli.
Article détaillé : Occupation de la Rhénanie après la Première Guerre mondiale.
  • La rive gauche du Rhin, plus Coblence, Mayence et Cologne, sont démilitarisées.

Dispositions économiques et financières

Article détaillé : Indemnité de guerre#Réparations de guerre de la Première Guerre mondiale.
Page couverture de la version en anglais du traité (document publié vers le 28 juin 1919.)
  • À la suite des dommages de guerre causés pendant toute la durée de la guerre dans le Nord de la France et en Belgique, l'Allemagne - considérée comme principale responsable de la guerre - doit payer de fortes réparations à ces deux pays. Le montant à payer est fixé par une commission en mai 1921. Il s'élève à 132 milliards de marks-or, une somme très élevée[3]. Le montant total des dommages causés par la guerre aux Alliés a toutefois été estimé à 150 milliards de marks-or.
  • Plusieurs sanctions commerciales et des livraisons en nature complètent ce volet économique : l'Allemagne perd la propriété de tous ses brevets (l'aspirine de Bayer tombe ainsi dans le domaine public). Les fleuves Rhin, Oder et Elbe sont internationalisés et l'Allemagne doit admettre les marchandises en provenance d'Alsace-Moselle et de Posnanie sans droits de douane. En outre, le pays doit livrer aux Alliés du matériel et des produits.

Renoncement de l'Allemagne à son empire colonial

Articles connexes : Empire colonial allemand et Mandat de la Société des Nations.

Dans la quatrième partie du traité, l'Allemagne, toujours à titre de compensations, est sommée de renoncer à son empire colonial. Il s'agit pour les puissances victorieuses d'agrandir leurs empires coloniaux aux dépens de l'Allemagne, mais aussi de punir moralement l'Allemagne. L'Allemagne, responsable de la guerre, avait commis auparavant des actes de barbarie, notamment le massacre des Héréros (1904-1911, en Namibie). En ce sens, les Alliés considèrent qu'elle est incapable d'assumer la mission «civilisatrice» que les contemporains attachent à la colonisation[pas clair].

Juridiquement, et sous l'influence de Wilson, les Alliés, cependant, n'annexent pas purement et simplement ces territoires: ils les «administrent» sous mandat de la Société des Nations, formule ad hoc créée pour l'occasion, mais dans le Pacte de la Société des Nations, et qui distingue les territoires selon différents «degrés de développement». L'art. 22 du pacte de la SDN indique ainsi que le « régime international » dit du « mandat » a vocation à s'appliquer aux « colonies et territoires » qui, d'une part, à la suite de la guerre, avaient « cessé d'être sous la souveraineté des États qui les gouvernaient précédemment » et qui, d'autre part, étaient « habités par des peuples [alors regardés comme] non encore capables de se diriger eux-mêmes ». Dans les faits, et comme cette dernière formulation juridique l'indique, ces territoires demeuraient sous le joug colonial des puissances européennes - et du Japon.

C'est ainsi que, au sein des Alliés, les puissances coloniales riveraines des possessions allemandes en Afrique (Grande-Bretagne, France, Belgique et Union sud-africaine) se partagent ces dernières : le Cameroun, le Togo, l'Afrique orientale allemande (actuels Tanzanie, Rwanda et Burundi) et le Sud-Ouest africain (actuelle Namibie). Cette dernière colonie allemande a déjà été conquise militairement en 1914-1915 par l'Union sud-africaine, qui la reçoit en mandat par la SDN en 1920.

Dans le Pacifique, la Nouvelle-Guinée allemande, occupée pendant la guerre, est partagée entre le Japon, l'Australie et le Royaume-Uni, qui administrent ces territoires sous mandats de la SDN (dans les faits, Nauru, sous mandat britannique, est administré par l'Australie). Les Samoa allemandes passent sous mandat néo-zélandais.

Dans la foulée, l'Allemagne devra également renoncer à ses intérêts commerciaux (ses comptoirs et ses conventions douanières) de par le monde (Chine, Siam, Maroc, Égypte, Turquie, etc.).

Les signataires

Les signatures et les sceaux des délégués américains et britanniques au traité ont été apposés :

  • en page 213, du président Wilson, de M. Lansing et de M. White ;
  • en page 214, du colonel House, du général Bliss, de M. Lloyd George, de M. Bonar Law, de Lord Milner, de M. Balfour et de M. Barnes ;

Ceux des délégués des dominions britanniques, de l'Inde et de la France ont été apposés :

  • en page 215, de M. Doherty, de M. Sifton (Canada), de M. Hughes et de Sir Joseph Cook (Australie), du général Botha et du général Smuts (Afrique du Sud), de M. Massey (Nouvelle-Zélande) ;
  • en page 216, de M. Montagu et du Maharajah de Bikaner (Inde), et de messieurs Clemenceau, Pichon, Klotz, Tardieu et Cambon (France).

Ceux des délégués allemands ont été apposés en dernière page (cependant ils ont signé en premier) :

  • en page 223, de Herr Müller et du Dr Bell.
Fac-similé des trois pages de signature du traité de Versailles.
Fac-similé des trois pages de signature du traité de Versailles.
Signatures du traité de Versailles 28 juin 1919 - p. 223.

Les traités annexes

Répartition des peuples européens du sud et de l'est avant le conflit.

Des traités annexes au traité de Versailles sont signés séparément avec chacun des vaincus : Les traités de Saint-Germain-en-Laye puis du Trianon avec l'Autriche-Hongrie qui est partagée en :

  • une Autriche réduite au territoire majoritairement occupé par des germanophones ;
  • un État hongrois indépendant, réduit au territoire majoritairement occupé par des magyarophones, moins certains comtés de Slovaquie, Voïvodine et Transylvanie, notamment ceux enclavés dans d'autres majorités linguistiques ;
  • la Tchécoslovaquie, État principalement binational (Tchèques et Slovaques), mais avec une forte minorité germanophone (Sudètes) et d'autres minorités : polonaise, hongroise, ruthène.
  • d'autres parties de son territoire vont à :
    • la Roumanie (la Transylvanie avec de fortes minorités hongroise et germanophone, enclavées au milieu des Roumains) ;
    • l'Italie (les provinces germanophone du Haut-Adige et italienne de Trente, la ville de Trieste, la péninsule de l'Istrie et la ville de Zara en Dalmatie). Toutefois, la province de Bolzano est officiellement bilingue depuis la seconde moitié du XXe siècle, grâce à Alcide de Gasperi (nom allemand : Tyrol du Sud).
    • pour répondre aux vœux de la majorité des Slaves du sud à l'époque, et pour récompenser la Serbie, une fédération des Slaves du sud est créée : la Yougoslavie (dite alors officiellement Royaume des Serbes, Croates et Slovènes), comportant Serbie, Monténégro, Croatie et Slovénie, plus la Bosnie-Herzégovine (région multinationale) et une minorité hongroise en Voïvodine. Cette clause du traité de Versailles sera abrogée en 2003, et son abrogation, définitivement effective en 2006 : La Yougoslavie n'existe plus. Cependant, les anciennes régions austro-hongroises (Slovénie et Croatie), sont des pays à part entière, membres de l'UE (XXIe siècle).

L'Entente signe le traité de Neuilly-sur-Seine avec la Bulgarie, et celui de Sèvres avec l'Empire ottoman.

Carte de l'Europe en 1923.

Accueil et conséquences

Train contenant du matériel versé au titre des réparations après le traité de Versailles.
Photo d'archive allemande (1920) illustrant le démontage d'un canon lourd, en application de la disposition du traité imposant la destruction des armes lourdes.

Le traité de Versailles a été l'objet de multiples critiques. Les frustrations qu'il a fait naître, ainsi peut-être que les déséquilibres qu'il a engendrés, ont joué un rôle non négligeable dans la politique européenne des décennies suivantes. Hitler s'oppose dès le début de son ascension politique au traité de Versailles qui fait reposer les conséquences de la Première Guerre mondiale sur les épaules de l'Allemagne. En effet, selon l'article 231, l'Allemagne est considérée comme responsable de la guerre.

Le Sénat des États-Unis refuse de le ratifier et donc empêche les États-Unis d'entrer à la Société des Nations, ce qui d'emblée réduit la portée de cette organisation.

La France, qui est pourtant une des principales bénéficiaires des traités (retour de l'Alsace et de la Lorraine dans le giron français, démilitarisation de l'ouest de l'Allemagne, dépeçage de l'Empire austro-hongrois et obtention d'un énorme montant pour les réparations financières), n'est pas encore satisfaite : pour assurer sa sécurité, elle aurait voulu obtenir la création d'un état-tampon indépendant en Rhénanie, notamment sur la rive gauche du Rhin, mais elle n'obtient qu'une "garantie" verbale des Alliés anglo-américains de soutenir la France en cas de nouvelle agression allemande (promesse qui se révélera illusoire). Certains, à droite, préconisaient d'annexer la Sarre, et railleront Clemenceau comme Perd-la-Victoire [2].

En Savoie et Haute-Savoie, l'article 435 du traité de Versailles abroge les dispositions du traité de Paris en 1815 relatives à la zone neutre. Dans le pays de Gex et en Haute-Savoie, le même article fait que certaines dispositions des traités de Paris et de Turin en 1816 relatives aux petites zones franches peuvent être remises en cause par un accord entre la France et la Suisse.

Le ressentiment est particulièrement fort encore en Italie. On a parlé de « victoire mutilée », car les Alliés n'ont pas respecté les promesses faites durant le conflit concernant l'attribution des provinces de l'Istrie, de la Dalmatie et du Trentin. Les fascistes italiens exploitent cet état de fait et y trouvent un terreau propice à l'exaltation d'un nationalisme virulent.

Revendications de la délégation ukrainienne à la conférence de paix de Paris (1919).

La Belgique, qui est le pays qui a connu le plus d'exactions et d'exécutions de civils de la part de l'occupant, relativement à sa population, est la première nation dédommagée financièrement par l'Allemagne et la seule à l'être totalement, ce qui contribue à sa rapide reconstruction.

Autre source de ressentiments, la contradiction entre, d'une part, la proclamation solennelle du « droit des peuples à disposer d'eux-mêmes » et, d'autre part l'interdiction faite aux Autrichiens germanophones de se rattacher à l'Allemagne, ou le refus de l'Entente de faire droit aux revendications de nations telles que l'Ukraine. Dans le premier cas, ce ressentiment favorisera le bon accueil fait en Autriche à l'Anschluss en 1938, dans le second, le bon accueil fait en Ukraine à la Wehrmacht en 1941.

La République de Chine, bien que mentionnée parmi les parties contractantes, refuse de signer le traité, qui prévoit la cession à l'Empire du Japon des droits allemands sur le Shandong[4]. Les prétentions japonaises entraînent en Chine une agitation nationaliste et anti-japonaise connue sous le nom de mouvement du 4 mai.

Les réparations

Le traité de Versailles est vécu ou présenté comme un Diktat par de nombreux Allemands.

Le paiement de réparations représente une lourde charge pour la République de Weimar. En proie à de graves difficultés financières, elle s'affirme incapable d'y faire face. Les Alliés demandent alors des livraisons en nature. Face aux retards de livraison allemands, la France et la Belgique envahissent la Ruhr en 1923, ce qui aggrave encore la déstabilisation économique de l'Allemagne. Toutefois, les difficultés ne sont pas réglées.

Sous la direction américaine, le plan Dawes est alors élaboré. Il facilite les conditions de remboursement pour l'Allemagne. Toutefois, la charge apparaît encore trop lourde, ce qui conduit à l'élaboration d'un nouveau plan, le plan Young, en 1929. Les dettes allemandes sont diminuées et rééchelonnées de manière considérable. En Allemagne, les réparations font tout au long de la période l'objet de vives contestations politiques, et alimentent un vif ressentiment. Celui-ci s'ajoute à la volonté qu'ont, dès 1918, l'establishment militaire (Ludendorff) et les nationalistes de reprendre la guerre dans de meilleures conditions. En 1929, une pétition aboutit, contre l'avis du gouvernement, à soumettre à référendum une proposition de loi qui annule le paiement de dettes. Cependant, la participation au référendum fut très faible et la loi fut rejetée à près de 95 %.

Selon les termes du plan Young, le paiement des réparations devait s'échelonner jusqu'à 1988, mais avec la Grande Dépression, les versements furent interrompus (moratoire Hoover en 1931, Conférence de Lausanne en 1932). En 1933, les nazis arrivent au pouvoir en Allemagne, ils rejettent toute idée de paiement des réparations. Les paiements sont définitivement arrêtés, tandis que l'annexion de l'empire colonial allemand sera maintenue jusqu'à l'accession à l'indépendance des peuples africains concernés au début des années 1960, à l'exception de la Namibie qui n'accède à l'indépendance qu'en 1990.

L'Allemagne traînera sa dette jusqu'au 3 octobre 2010, date à laquelle elle la soldera définitivement, près d'un siècle après le début du conflit[5].

L'original du traité

L'original du traité a disparu en 1940 et on ignore s'il a été détruit. Face à l'avancée des troupes allemandes vers Paris, il devait être mis à l'abri à l'Ambassade de France aux États-Unis, mais ce n'est qu'une version préparatoire qui y est parvenue. On a longtemps cru qu'il se trouvait à Moscou, mais l'ouverture progressive des archives depuis 1990 n'a pas permis de le retrouver. La seule certitude est que les Allemands ont mis la main sur la ratification française du traité, cachée au Château de Rochecotte[6], le 11 ou le 12 août 1940, en même temps que sur le traité de Saint-Germain-en-Laye. Elle fut transportée par avion à Berlin pour être présentée à Adolf Hitler[7].

Utilisation de l'anglais comme seconde langue officielle du traité

Georges Clemenceau, qui parlait couramment anglais, accéda à la demande de ses homologues britanniques et américains concernant la langue de rédaction du traité. Alors que le français était la seule langue de la diplomatie occidentale depuis le XVIIIe siècle et le traité d'Utrecht, l'anglais fut choisi comme langue de travail et seconde langue officielle du traité de Versailles. Ce fut le premier symptôme tangible du déclin du français sur la scène internationale au profit de l'anglais[8].

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Renouvin, Le traité de Versailles, Flammarion (réimpr. 1969)
  • Jacques Bainville, Les Conséquences politiques de la paix, Godefroy de Bouillon (réimpr. 1969) (1re éd. 1920)
  • Pierre Miquel, La Paix de Versailles et l'opinion publique française (Thèse d'État), Flammarion, coll. « Nouvelle Bibliothèque scientifique dirigée par Fernand Braudel » (réimpr. 1992) (1re éd. 1973), 611 p. (ISBN 978-2082101776)
  • Jean-Jacques Becker, Le traité de Versailles, Presses Universitaires de France - PUF, coll. « Que sais-je ? », , 127 p. (ISBN 978-2130529668)
  • Margaret McMillan (trad. André Zavriew), Les artisans de la paix : Comment Lloyd George, Clemenceau et Wilson ont redessiné la carte du monde [« Peacemakers, Six months that changed the world. »], JC Lattès, , 660 p. (ISBN 978-2709628112)
  • Bruno Cabanes, « Le vrai échec du traité de Versailles », L’Histoire, no 343, , p. 82-87 (ISSN 01822411)

Articles connexes


  • Traités annexes tirant les conséquences politiques de la guerre
    • Traité de Saint-Germain-en-Laye (1919)[N 1]
    • Traité de Neuilly[N 2]
    • Traité de Trianon[N 3]
    • Traité de Sèvres[N 4]
    • Traité de Rapallo (1920)[N 5]
    • Traité de Kars[N 6]
    • Traité de Rapallo (1922)[N 7]
    • Traité de Lausanne (1923)[N 8]

  • Voir aussi Catégorie:Traité ou conférence de la Première Guerre mondiale

  • Les Conséquences économiques de la paix[N 9]
  • Étienne Mantoux[N 10]
  • Les Conséquences politiques de la paix[N 11]
  • Plan Dawes[N 12] (1924) et Plan Young[N 12] (1929)
  • Dolchstoßlegende[N 13]
  • Causes de la Seconde Guerre mondiale
  • Kriegsschuldfrage[N 14]

Liens externes

  • (fr) J. Bainville et J.M. Keynes : deux analyses du traité de Versailles par Édouard Husson, spécialiste de l'Allemagne.
  • (fr) Textes en rapport avec le traité de Versailles Cliotexte.
  • (fr) Chronologie des réparations allemandes après la Première Guerre mondiale
  • (fr) Texte intégral du traité
  • (fr) Réactions de la presse française à l'égard des négociations de paix et du traité de Versailles

Notes et références

Notes

  1. Signé le 10 septembre 1919, concerne le démantèlement de l'Empire austro-hongrois.
  2. Signé le 27 novembre 1919, fixe les nouvelles frontières de la Bulgarie.
  3. Signé le 4 juin 1920, apporte des précisions au précédent traité de Saint-Germain-en-Laye, notamment sur les frontières de la Hongrie.
  4. Signé le 10 août 1920, à propos de l'Empire ottoman.
  5. Signé le 12 novembre 1920, traite des frontières communes entre l'Italie et la nouvelle Yougoslavie.
  6. Signé le 13 octobre 1921, sur les frontières caucasiennes entre les républiques soviétiques et la Turquie.
  7. Signé le 16 avril 1922 entre l'Allemagne et l'URSS.
  8. Signé le 24 juillet 1923 en remplacement du traité de Sèvres, à la suite de la révolution kémaliste en Turquie.
  9. Livre de John Maynard Keynes, très critique à l'égard du traité, dont il juge les conséquences économiques trop lourdes pour l'Allemagne, tandis qu'il[Qui ?] sous-estime l'affaiblissement durable de la France à la suite de la guerre.
  10. Économiste français qui livre une critique sévère de la théorie keynésienne et de l'analyse keynésienne du volet économique du traité de Versailles.
  11. Livre de Jacques Bainville, très critique à l'égard du traité dont il juge les conséquences politiques incohérentes, laissant une Allemagne trop puissante avec de nombreux motifs de ne pas respecter ses obligations. Il prévoit qu'une nouvelle guerre en résultera.
  12. 1 2 Sur les conditions de paiement des réparations par l'Allemagne.
  13. « La légende du coup de poignard dans le dos ».
  14. « La question de la responsabilité (allemande) dans (le déclenchement de) la guerre ».

Références

  1. 1 2 (en) Préambule du traité de Versailles.
  2. 1 2 3 A Versailles, la guerre a perdu la paix, extrait du Manuel critique d'histoire publié par Le Monde diplomatique, en ligne sur le site du mensuel, 20 juillet 2015, accès URL le 21 juillet 2015
  3. Au taux de conversion de 1914, c'est-à-dire un mark-or pour 0,358425 g d'or fin, ces 132 milliards de marks-or correspondent à 47 312,1 tonnes d'or, lesquelles vaudraient, au cours d'avril 2014, environ 1 420 milliards d'euros, 1 960 milliards de dollars américains, 2 160 milliards de dollars canadiens ou 1 730 milliards de francs suisses.
  4. Traité de Versailles de 1919, site de l'université de Perpignan.
  5. Financièrement, la Première Guerre mondiale se termine dimanche Slate.fr, consulté le 3 octobre 2010.
  6. « Le déménagement polémique des archives du Quai d'Orsay », le Figaro, (consulté le 20 décembre 2008).
  7. Sophie Cœuré, La Mémoire spoliée — Les archives des Français, butin de guerre nazi, puis soviétique, Payot, Paris, 2007, ISBN 2-228-90148-2, p. 27.
  8. .
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