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Assyrie

Assyrie

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Le cœur historique de l'Assyrie (en rouge), et l'empire assyrien lors de son extension maximale sous le règne d'Assurbanipal au milieu du VIIe siècle av. J.-C. (en orange).
Taureau androcéphale ailé gardien du palais de Sargon II à Dur-Sharrukin, en Assyrie, musée du Louvre.

L'Assyrie est une ancienne région du Nord de la Mésopotamie, qui tire son nom de la ville d'Assur, qui est aussi celui de sa divinité tutélaire, le dieu Assur. À partir de cette région s'est formé au IIe millénaire av. J.-C. un royaume puissant qui est devenu par la suite un empire. Aux VIIIe et VIIe siècles av. J.-C., l'Assyrie contrôle des territoires s'étendant sur la totalité ou sur une partie de plusieurs pays actuels tels l'Irak, la Syrie, le Liban, la Turquie ou encore l'Iran.

L'assyriologie, discipline qui étudie l'Assyrie antique et plus largement la Mésopotamie antique, distingue trois phases dans l'histoire assyrienne, sachant qu'avant les environs de 700 av. J.-C. les dates sont approximatives : la période paléo-assyrienne, du XXe au début du XIVe siècle av. J.-C. ; la période médio-assyrienne, jusqu'à 911 av. J.-C. ; et la période néo-assyrienne, jusqu'à 612-609 av. J.-C., date de la fin du royaume assyrien. Schématiquement, durant la première période, l'Assyrie se résume à la cité-État d'Assur, connue surtout par le dynamisme de ses marchands. La deuxième période voit la naissance du royaume assyrien à proprement parler, en tant qu'État territorial puissant, qui connaît cependant un affaiblissement important au tournant des IIe et Ier millénaires av. J.-C. La troisième période voit l'Assyrie se muer progressivement en un empire, grâce notamment à sa redoutable armée. C'est par cette période que l'Assyrie est la mieux connue, grâce aux découvertes effectuées à partir du XIXe siècle dans ses capitales successives, Assur, Kalkhu (Nimrud), Dur-Sharrukin (Khorsabad) et Ninive. C'est également la puissance de cet Empire et de ses souverains qui a permis au souvenir de l'Assyrie de perdurer par la tradition de la Bible hébraïque et des auteurs grecs classiques.

La grande quantité de documentation épigraphique et archéologique collectée pour la période assyrienne depuis près de deux siècles permet de bien connaître de nombreux aspects de ce royaume qui est une des composantes essentielles de la civilisation mésopotamienne ancienne, au même titre que celui qui est devenu son rival méridional, le royaume de Babylone. C'est la dernière phase du royaume qui est, toutefois, de loin la mieux connue. On peut dresser un important tableau de plusieurs aspects de l'administration du royaume, les activités économiques, les composantes de la société, la culture assyrienne, notamment la religion et l'art. De nombreuses zones d'ombre demeurent car la documentation n'est pas répartie de façon homogène selon les lieux, les périodes et les aspects de la vie des anciens assyriens, du fait de la disparition de nombreuses sources depuis l'Antiquité, mais aussi parce que les découvertes concernent essentiellement le milieu des élites.

Pour les Assyriens d'aujourd'hui, voir l'article « Assyriens ».
Le roi Sargon II (722-705) et un dignitaire, bas-relief du palais de Dur-Sharrukin (Khorsabad), Musée du Louvre.

Redécouverte de l'Assyrie

Le souvenir des Assyriens avant les fouilles du XIXe siècle

La Mort de Sardanapale, d'Eugène Delacroix, 1827, représentant une légende issue de la tradition grecque antique rapportée par Ctésias et inspirée par un événement du règne du roi assyrien Assurbanipal.

Le souvenir du royaume assyrien perdurait dans la tradition occidentale avant les premières fouilles sur les sites de l'Assyrie par le biais de plusieurs sources antiques[1]. D'abord, la Bible, qui donnait des éléments sur l'histoire des relations entre les royaumes d'Israël et de Juda et l'Assyrie, ainsi que des mentions de Ninive où avait été exilé Jonas, est le premier document faisant référence à l'Empire assyrien. Il en ressortait toutefois une vision négative de l'Assyrie, perçue comme une puissance brutale et oppressive. Des auteurs grecs classiques évoquaient aussi le royaume assyrien, comme Hérodote, Xénophon ou encore Ctésias et Diodore de Sicile. Ces témoignages indirects sont souvent imprécis ou confus. À partir de ces sources, plusieurs voyageurs européens avaient essayé de retrouver les capitales de l'ancienne Mésopotamie au XVIIe et XVIIIe siècles. Les descriptions et objets qu'ils rapportèrent de leurs pérégrinations ouvrirent la voie aux premières fouilles en Assyrie[2].

Les découvertes des capitales assyriennes au XIXe siècle

Gravure représentant les fouilles de Layard sur le site archéologique de Nimrud.

L'Assyrie eut le privilège d'être la première région du Proche-Orient ancien à faire l'objet de fouilles qui furent rapidement couronnées de succès, ce qui lui vaut d'avoir donné son nom à la discipline s'intéressant à l'histoire de la Mésopotamie antique, l'assyriologie[3]. Le premier palais dégagé est celui du site de Khorsabad, l'ancienne Dur-Sharrukin, capitale de Sargon II, mis au jour par le consul de France à Mossoul, Paul-Émile Botta, à partir de 1843. L'Anglais Austen Henry Layard lui emboîta le pas à Nimrud, l'ancienne Kalkhu, puis sur le tell de Kuyunjik, le centre de l'ancienne Ninive[4]. Les découvertes des impressionnants bas-reliefs de ces édifices eurent un certain retentissement dans le milieu érudit, et ces trouvailles prirent place dans plusieurs musées européens. C'est à cette époque que l'on mit au jour des dizaines de milliers de tablettes cunéiformes qui constituent encore la plus grosse partie de nos sources sur le royaume néo-assyrien, et qui permirent de déchiffrer cette écriture et la langue akkadienne. En 1903, c'est au tour des Allemands de fouiller la dernière capitale assyrienne non dégagée, Assur, sur le tel de Qala'at Shergat, avec des méthodes archéologiques scientifiques et non plus rudimentaires et improvisées comme précédemment[5].

L'étude de la documentation sur l'Assyrie

Tablettes cunéiformes d'un fonds d'archives privé d'une résidence d'Assur (VIIIe siècle av. J.-C.), conservées dans un vase (reproduction). Pergamon Museum de Berlin.

Les fouilles des capitales assyriennes se poursuivirent durant la majorité du XXe siècle[6], tandis que furent mis au jour de nouveaux sites de l'ancien royaume assyrien, notamment à l'ouest de l'Assyrie à proprement parler, dans la Djézireh, entre le Tigre et l'Euphrate (Tell Rimah, Tell Ahmar, Arslan Tash)[7]. C'est dans la partie syrienne de cette région que se concentrent aujourd'hui les fouilles car la situation politique de l'Irak entrave les opérations dans ce pays[8]. Les découvertes récentes concernent notamment l'époque médio-assyrienne, par exemple à Tell Sheikh Hamad[9] ou Tell Sabi Abyad[10]. Sur ces sites, ce sont les bâtiments administratifs (palais royaux ou provinciaux) et les temples qui sont fouillés en priorité, et peu de résidences ont été mises au jour en Assyrie. Un cas particulier parmi les sites nous documentant sur les Assyriens est Kültepe, situé en Turquie loin du centre de l'Assyrie, où ont été dégagées après 1924 les résidences de marchands d'Assur installés sur place au début du IIe millénaire av. J.-C. et qui ont fourni une abondante documentation cunéiforme[11]. À cela s'ajoutent les opérations de prospection au sol et plus récemment l'utilisation de prospections par satellite[12].

Les fouilles accomplies sur plusieurs de ces sites, avant tout les grandes capitales, mais aussi les centres administratifs provinciaux, ont permis la mise au jour d'un nombre considérable de tablettes d'argile inscrites en cunéiforme qui ont permis de connaître de nombreux aspects de la vie des anciens Assyriens[13]. Elles sont constituées de textes de la pratique, de loin les plus nombreux car on en compte des dizaines de milliers. Ce sont des textes administratifs enregistrant les opérations d'un grand organisme ou d'une famille, ou des documents juridiques comme des contrats de vente, de prêt, de correspondance, etc. Ils sont inégalement répartis dans l'espace et dans le temps, ce qui fait que certaines périodes, lieux et activités sont très bien documentés, comme le commerce international assyrien du XIXe siècle (attesté dans les archives de Kültepe) tandis que d'autres nous échappent totalement, comme les activités agricoles autour d'Assur à la même période. Les textes issus des cercles savants, évoluant dans le milieu des palais royaux et des temples, sont très abondants pour la période néo-assyrienne grâce aux documents des palais royaux. On y trouve des textes dits « historiques » (chroniques, annales, inscriptions royales), ainsi que des textes dits de « bibliothèques » et nous renseignant sur la vie religieuse et les connaissances scientifiques.

Récemment, l'étude de l'histoire assyrienne s'est dotée de séries de publications des textes provenant des sites assyriens : les inscriptions royales ont fait l'objet de plusieurs volumes de la série Royal Inscriptions of Mesopotamia[14] et les textes des archives royales néo-assyriennes de Ninive sont publiés ou republiés et étudiés dans la série State Archives of Assyria (SAA) du Neo-Assyrian Text Corpus Project de l'Université d'Helsinki[15]. Des textes d'époque néo-assyrienne sont également publiés sur Internet dans les sites Assyrian empire builders[16] et Knowledge and Power in the Neo-Assyrian Empire[17], qui présentent des documents déjà traduits par le projet SAA. Il existe aussi The Geography of Knowledge in Assyria and Babylonia[18] qui traite des archives des « bibliothèques » de Nimrud et Sultantepe.

Les débuts de l'Assyrie : la cité d'Assur

La première période de l'histoire assyrienne est la période dite « paléo-assyrienne » (assyrienne ancienne)[19],[20]. À la différence des périodes postérieures, il n'y a alors pas de puissance politique ou militaire assyrienne. Le royaume est limité à la cité d'Assur et à ses alentours, et c'est pour cette raison qu'on peut le qualifier de « cité-État ». Cependant, s'il ne joue pas de rôle politique notable, il a quand même une place particulière dans le Moyen-Orient à cette période en raison du dynamisme de ses marchands.

La Liste royale assyrienne, texte rédigé à partir des alentours du XVIIIe siècle, complété jusqu'à la fin du royaume assyrien et censé donner la liste des rois de cet État depuis ses origines[21], débute par l'énumération de « rois vivant sous la tente », ce qui a laissé penser que les origines de l'État assyrien étaient à rechercher dans le monde nomade. Dans les faits, cette ascendance paraît être une pure construction historiographique, incluant les ancêtres nomades amorrites du roi Samsi-Addu d'Ekallatum (qui intégra Assur dans son royaume au XVIIIe siècle av. J.-C.) aux côtés des rois ayant réellement dirigé Assur. Les origines de la royauté assyrienne sont donc mal connues. Selon toute vraisemblance elle se développe dans un milieu urbain, celui de la ville d'Assur.

Une cité-État

La ville d'Assur est un ancien centre urbain, habité au moins dès le début du IIIe millénaire[22]. Elle apparaît dans les sources de l'Empire d'Akkad et de la Troisième dynastie d'Ur, qui la dominent temporairement. Mais sa position excentrée par rapport aux grands centres politiques lui permit de préserver son indépendance, son roi Puzur-Assur regagnant son autonomie lors de l'effondrement du royaume d'Ur vers 2010 av. J.-C., et fondant par là même une nouvelle dynastie. À l'époque amorrite (XIXe XVIIe siècles av. J.-C.), elle apparaît comme une puissance politique assez faible, mais elle est une très importante ville marchande, qu'on a pu comparer aux républiques marchandes de l'Italie de la Renaissance.

L'État de la période paléo-assyrienne a une organisation particulière. Le titre de roi (šarrum) est réservé au seul dieu Assur[23]. Le souverain qui dirige la cité est appelé « vicaire du dieu Assur » (išši'ak aššur), car il est considéré comme son représentant sur terre, ne devant son pouvoir qu'à la volonté divine. Il est encore parfois appelé « chef » (waklum) ou « grand » (rubā'um)[24], titres qui indiquent son rôle de primus inter pares, parmi les notables de la cité. Il doit en effet partager son pouvoir avec l'oligarchie locale représentée par une institution importante, la « Ville » (ālum) : le centre politique d'Assur est en effet le « Bâtiment de la Ville », ou « Hôtel de Ville » (bēt alim), et non le palais royal. Ces deux parties partagent le pouvoir politique et judiciaire, et les ordres officiels sont proclamés en leurs deux noms[24]. La Ville se réunit en assemblée (puhrum), apparemment devant le temple du dieu Assur[25]. On ignore s'il s'agit plus précisément d'un regroupement de notables, d'Anciens (ce terme revenant souvent dans les textes), voire de tout le peuple de la ville, et aussi s'il y avait une ou deux chambre(s). L'assemblée a, avec le souverain, un rôle de cour suprême de justice, mais aussi d'organisme donnant des ordres et instructions aux citoyens d'Assur[26]. En matière économique, l'Hôtel de Ville était chargé de la collecte des taxes et redevances, et des dettes sur les taxes impayées. Ces tâches incombaient à un personnage important, le līmum, désigné par tirage au sort pour la durée d'un an, qui dirigeait son propre bureau administratif, le bīt līmim (« Maison du līmum »), aidé d'inspecteurs (bērū)[27]. C'est lui qui donne le nom à l'année durant laquelle il exerce cette fonction, raison pour laquelle on parle souvent de lui comme « éponyme (de l'année) »[28].

Une cité marchande

Ruines du kārum de Kültepe.
Article connexe : Kültepe.

La cité d'Assur est le siège d'une communauté de marchands particulièrement active à la période paléo-assyrienne, connue essentiellement grâce aux plus de 20 000 tablettes exhumées dans les résidences de leur établissement commercial (karūm) situé dans la ville de Kanesh (l'actuel site de Kültepe), en Cappadoce[29]. On y apprend que les marchands d'Assur entretenaient un réseau commercial très étendu, s'appuyant sur plusieurs comptoirs en Anatolie (dont Hattusha, Purushkhanda, etc., en plus de Kanesh)[30]. Ce commerce s'épanouit tout le long du XIXe siècle av. J.-C., connaît un arrêt au début du XVIIIe, avant de reprendre momentanément sous le règne de Samsi-Addu, et de s'arrêter définitivement quand la ville de Kanesh est incendiée, sans doute au cours de guerres opposant les royaumes d'Anatolie.

Schéma représentant les circuits du commerce entre Assur et Kanesh.

Le commerce des marchands assyriens se déroule selon un circuit d'échanges à longue distance impliquant plusieurs régions du Moyen-Orient et tournant autour de la ville d'Assur et de Kanesh, le principal établissement commercial assyrien en Anatolie[31]. Ils vendent en Anatolie de l'étain provenant du Plateau iranien, dont on ignore comment il était obtenu, qui sert à fabriquer du bronze une fois allié avec le cuivre d'extraction locale. Les marchands importent aussi en Anatolie des pièces de tissus fabriquées par leur famille restée à Assur (avant tout des femmes[32]) ou bien importées de Mésopotamie du sud[33]. Ils organisent pour cela des caravanes plusieurs fois dans l'année, suivant des itinéraires précis, et réalisent des profits importants, en vendant les produits importés contre de l'argent ou de l'or. Pour financer le commerce, ils peuvent recourir à des prêts commerciaux à la grosse aventure, ou bien à des associations impliquant plusieurs marchands pour une courte ou une longue durée[34].

Les établissements de marchands paléo-assyriens installés dans les pays étrangers sont gérés par une autorité particulière, également appelée karūm (littéralement « quai », nom du quartier commercial des villes de cette période). Celui de Kanesh est le plus important d'Anatolie, dirigeant les autres comptoirs[35]. Il dispose d'un scribe en chef et d'archives, ainsi que d'une assemblée qui joue le même rôle que celle de la cité-mère. Ses attributions sont essentiellement juridiques, mais probablement consacrées avant tout au commerce, pour les litiges entre Assyriens expatriés[36]. Cela se voit aussi dans son activité diplomatique, puisque le karūm passe des accords commerciaux (sous la forme de traités internationaux, māmītum) avec des royaumes étrangers[37]. Il reste toujours soumis au pouvoir central d'Assur, représenté par le roi et la Ville, qui font office d'institutions juridiques suprêmes, et restent en contact avec les établissements assyriens de l'étranger.

Une cité peu puissante, plusieurs fois dominée par des royaumes étrangers

Extension approximative du Royaume de Haute-Mésopotamie à la mort de Samsi-Addu vers 1775.

La ville d'Assur reste indépendante jusque vers 1800, quand le roi Samsi-Addu d'Ekallatum (1815-1775) s'en empare, et l'incorpore dans son royaume (le royaume de Haute-Mésopotamie, avec pour capitale Shubat-Enlil dans la vallée du Khabur)[38]. Après sa mort, son fils Ishme-Dagan continue de régner sur Assur pendant une quarantaine d'années. La situation après sa mort est mal connue : Assur est peut-être à nouveau dirigée par des souverains d'origine locale, à moins que la dynastie de Samsi-Addu ne continue à régner sur la cité. Il apparaît en tout cas que l'expérience de l'intégration au royaume de Haute Mésopotamie reste forte pour l'histoire de l'Assyrie, et Samsi-Addu est toujours considéré comme un roi assyrien par la tradition historiographique de ce pays, sous le nom assyrien de Shamshi-Adad Ier, et ce en raison de son grand prestige. Ses ancêtres sont comptés parmi les premiers rois de la cité dans la Liste royale assyrienne, dans laquelle ils ont peut-être été introduits à l'initiative même de ce roi[39]. La vie politique d'Assur à la fin de l'époque amorrite n'est donc pas connue. Le prologue du Code de Hammurabi mentionne la cité parmi les possessions de ce roi de Babylone vers 1750[40], mais la domination babylonienne sur la Haute Mésopotamie ne survit pas au fils de ce roi, Samsu-iluna.

Les XVIIe et XVIe siècles sont peu documentés et leur chronologie est débattue. L'histoire d'Assur à cette époque doit être reconstruite à partir de quelques inscriptions royales fragmentaires, des sources provenant d'autres royaumes, et de textes non contemporains, la Liste royale assyrienne et la chronique historique du VIIe siècle appelée Histoire synchronique, relatant les relations entre Babylone et l'Assyrie dans un sens pro-assyrien[41]. La Liste royale mentionne une succession de rois dont plusieurs « fils de personne », donc des usurpateurs, avant une première stabilisation dynastique à la suite de l'usurpation d'un certain Adasi[42]. Le nom d'un des souverains suivants, Kidin-Ninua, fait référence à la ville de Ninive (Ninua), ce qui veut peut-être dire que celle-ci fait alors partie du même ensemble politique qu'Assur. Quoi qu'il en soit, ce sont les souverains suivants, à partir d'Ishme-Dagan II, qui sont connus par des inscriptions et par l'Histoire synchronique. Puzur-Assur III a rénové les murailles d'Assur, et passé un accord politique avec Burna-Buriash Ier, roi de la dynastie kassite de Babylone, fixant la frontière entre les deux royaumes vers le cours moyen du Tigre, ce qui indiquerait que la puissance assyrienne a pris de l'envergure.

Extension approximative du royaume du Mitanni à son apogée dans la première moitié du XVe siècle.

Mais Assur doit alors faire face à l'expansion d'un royaume dont le centre est situé plus à l'ouest, dans la vallée du Khabur : le Mitanni, dominé par des Hourrites, peuple non sémitique qui est très présent en Haute Mésopotamie, jusqu'aux alentours d'Assur. Selon le prologue historique du traité passé entre un roi hittite et un roi du Mitanni au XIVe siècle, Assur compterait parmi les vassaux du Mitanni aux alentours de 1440-1430, mais aurait profité d'une faiblesse de ce dernier pour ne plus payer de tribut, ce qui aurait conduit le roi mitannien Shaushtatar à la piller[43]. Mais l'histoire et l'organisation du Mitanni restant mal connues, on ne peut pas très bien connaître la place d'Assur par rapport à cet ensemble politique. En faire un vassal de ce royaume sur toute la période est difficile, même si les sources extérieures à la Haute Mésopotamie montrent bien que le Mitanni est la puissance dominante de la région, et que Shaushtatar étend son autorité jusqu'à Nuzi, bien à l'est d'Assur[44]. Dans les textes contemporains commémorant les campagnes du roi égyptien Thoutmosis III en Syrie contre le Mitanni, les Assyriens apparaissent en tant que donneurs de présents à celui-ci[45], peut-être un moyen de chercher des appuis contre le royaume hourrite. Plus tard autour de 1400, le roi assyrien Assur-bel-nisheshu, connu aussi pour avoir eu des contacts avec l'Égypte, conclut un nouvel accord frontalier avec un roi babylonien, Kara-indash[46]. Une telle activité est normalement impossible si Assur est toujours vassale du Mitanni, et cet acte témoigne donc de l'affaiblissement ou de l'arrêt de l'emprise mitannienne en Assyrie. On peut également se demander si à cette dernière ne s'est pas substituée une domination babylonienne. Les rares activités diplomatiques des rois assyriens qui nous sont connues semblent en tout cas traduire une lente montée en puissance de ce royaume, mais qui fait sans doute face à des voisins trop puissants pour avoir des relations d'égal à égal avec eux.

Du royaume à l'empire : histoire de la puissance assyrienne

Le début du XIVe siècle marque le commencement d'une nouvelle phase de l'histoire assyrienne, avec la constitution d'une puissance politique qui acquiert au fil des siècles un poids croissant dans le concert international du Moyen-Orient. La première période d'expansion est celle du royaume médio-assyrien qui domine la Haute Mésopotamie, dans la continuité des constructions politiques du IIe millénaire que sont le royaume de Haute Mésopotamie et le royaume du Mitanni qu'il supplante et remplace. Après un déclin marqué durant les deux derniers siècles du IIe millénaire qui sont une période de crise majeure pour tous les royaumes du Moyen-Orient, l'Assyrie se révèle être la seule à retrouver une puissance forte et relativement stable au début de la période néo-assyrienne (IXe ‑ VIIIe siècles). Sans rival à sa taille, ce royaume dépasse alors les cadres territoriaux qu'il avait à son apogée au XIIIe siècle pour devenir un véritable empire dominant tout le Moyen-Orient au VIIe siècle. La puissance assyrienne est alors sans précédent. Cependant, une crise politique grave, probablement renforcée par des faiblesses structurelles, conduit à la fin de cet empire à la fin du VIIe siècle. La fin de la puissance assyrienne ne signifie pas pour autant la fin de l'Assyrie, puisque plusieurs éléments indiquent les évolutions de cette région après l'effondrement de l'empire.

Le roi assyrien devient « grand »

Après 1380, le Mitanni subit plusieurs lourdes défaites face au roi hittite Suppiluliuma Ier, qui affaiblissent son emprise sur ses vassaux. C'est dans ce contexte que le roi d'Assur, Assur-uballit Ier (1365-1330), envoie une lettre à Amenhotep IV/Akhénaton roi d'Égypte, retrouvée à Tell el-Amarna, dans laquelle il se prétend « grand roi » (šarru rabû), titre qui fait de lui l'égal des rois du Mitanni, des Hittites, des Babyloniens et de son interlocuteur. Assur est manifestement devenue une grande puissance politique, et le prouve dans les années qui suivent[47]. Débute alors la période dite « médio-assyrienne » (1365-911)[48]. Assur-uballit soumet la riche région du Haut-Tigre, en s'emparant notamment de Ninive. Il réussit à vaincre le Mitanni, qui se déchire alors dans des guerres intestines, et à faire passer sa partie orientale sous sa vassalité, retournant ainsi la situation qui prévalait auparavant et prenant définitivement sa place sur la scène internationale. Le roi babylonien Burna-Buriash II vit mal cette situation au début, mais une alliance dynastique est finalement scellée et il épouse la fille de son homologue assyrien. Cela n'empêche pas par la suite une série de conflits entre les deux puissances, alors qu'une autre rivalité émerge à l'ouest avec les Hittites qui cherchent à dominer ce qui reste du Mitanni.

Victoires et échecs des rois médio-assyriens

Extension approximative du royaume médio-assyrien entre la fin du XIIIe et le début du XIe siècle.

Les rois Adad-nerari Ier (1308-1275) et Salmanazar Ier (1275-1245) doivent affirmer leurs prétentions par les armes pour préserver leurs positions contre leurs deux puissants adversaires[49]. Une politique de contrôle du territoire et même de colonisation est mise en place en Haute Mésopotamie occidentale (Hanigalbat), placée sous le contrôle d'une lignée de « rois du Hanigalbat » d'extraction assyrienne qui sont en fait des gouverneurs avec des compétences étendues. Plusieurs sites de cette région ont livré des archives pour la période, comme Tell Sheikh Hamad (Dur-Katlimmu) et Tell Chuera (Harbe). Les événements de cette époque sont mieux connus grâce au développement des inscriptions royales à partir desquelles se forme notamment le genre des Annales royales, décrivant année par année les campagnes militaires d'un roi, et qui connaît son plein développement à l'époque néo-assyrienne[50]. Plusieurs chroniques historiques nous documentent aussi sur cette période[51].

Autel en albâtre portant un bas-relief montrant Tukulti-Ninurta Ier en deux postures d'adoration (debout et à genou), trouvé Assur et conservé au Vorderasiatisches Museum de Berlin.

Le règne de Tukulti-Ninurta Ier (1244-1208) voit la puissance assyrienne poursuivre sa croissance[52],[53]. Il bat l'armée hittite de Tudhaliya IV et réussit à s'emparer de Babylone. Ces deux succès font de l'Assyrie la plus grande puissance de son temps, Tukulti-Ninurta porte les couronnes d'Assur et de Babylone[54]. À la suite d'un complot à la cour assyrienne, il meurt assassiné, son règne s’achève dans le chaos et la Babylonie recouvre son indépendance.

Après la crise dynastique, l'Assyrie est affaiblie, et le nouveau roi Enlil-kudurri-usur (1198-1193) est vaincu et capturé par le roi babylonien Adad-shum-usur. Une autre révolution de palais survient, et une nouvelle dynastie monte sur le trône avec Ninurta-apil-Ekur (1193-1180), issu de la lignée des « rois du Hanigalbat » (donc lié à la famille royale). Son successeur Assur-dan Ier (1179-1133) voit ses positions menacées dans le Zagros par le roi élamite Shilhak-Inshushinak, mais ce dernier n'arrive pas à faire durer sa domination. Assur-resh-ishi Ier (1133-1116) réussit quelques campagnes victorieuses dans le Zagros, contre Babylone, et aussi face à des nouveaux ennemis, les nomades Ahlamû[55].

Après lui, Teglath-Phalasar Ier (1116-1077) monte sur le trône[56]. C'est le dernier grand roi de cette période : il combat maintes fois en Syrie du Nord, et parvient à atteindre la côte méditerranéenne, même s'il échoue à affirmer sa suprématie face à Babylone. En Haute Mésopotamie, il doit faire face aux attaques des Araméens dont le nom apparaît alors dans les sources écrites, souvent aux côtés des Ahlamû avec lesquels ils semblent entretenir des liens qui nous échappent. Ces tribus sont de plus en plus pressantes, et il est manifeste que les troupes assyriennes n'arrivent pas à les contrôler. Pourtant, Teglath-Phalasar et ses premiers successeurs réussissent à maintenir leur contrôle sur des forteresses et d'autres établissements situés loin du centre de leur royaume, sur le Moyen-Euphrate au sud (Khirbet ed-Diniye/Haradu) et sur le Haut Tigre au nord (Giricano/Dunnu-sha-Uzibi), et c'est peut être de cette période qu'il faut dater l'apogée territorial du royaume médio-assyrien[57].

Le recul de l'Assyrie

Après la mort de Teglath-Phalasar en 1077, les rois assyriens sont progressivement submergés par les attaques des Araméens, qui finissent de leur enlever leurs possessions dans la Djézireh durant la seconde moitié du XIe siècle, et coupent leurs voies de communication vers l'ouest. Le royaume assyrien se replie autour d'Assur et de Ninive, mais parvient à se maintenir, à l'inverse de la plupart de ses anciens rivaux : les Hittites ont disparu complètement dans les premières décennies du XIIe siècle, tandis que Babylone est incapable de stabiliser sa situation politique, et finit par sombrer dans l’anarchie[58].

Les débuts du royaume néo-assyrien : la reconquête

Carte des différentes phases d'expansion de l'empire néo-assyrien.

Après un Xe siècle plus que morose, l'Assyrie reprend de sa superbe vers 911, quand monte sur le trône Adad-nerari II (911-891), qui parvient à repousser les Araméens[59]. Il lance ensuite des attaques dans toutes les directions, et finit par mener une campagne victorieuse contre Babylone. Avec lui débute une nouvelle dynamique expansionniste, et la période dite « néo-assyrienne » (911-609) commence[60]. Sa première partie a les apparences d'une reconquête des territoires des rois médio-assyriens, dans la continuité desquels les nouveaux souverains s'inscrivent souvent. Cependant, en l'absence d'adversaire à la mesure de l'Assyrie, le polycentrisme qui prévalait à la période précédente n'a plus cours ; ce royaume se hisse progressivement au rang de puissance hégémonique, instaurant l'ère des empires orientaux, dont la Perse achéménide et sassanide, les Parthes, etc. sont par la suite les émules.

Les successeurs d'Adad-Nirari II poursuivent sur sa lancée : les Araméens en particulier subissent plusieurs lourdes défaites. Les royaumes qu'ils ont établis aux abords de l'Assyrie sont subjugués. Le Zagros est aussi un terrain de campagnes pour les Assyriens. En 883, Assurnasirpal II (883-859) devient roi, et se lance dans une série de guerres victorieuses à l'ouest, contre les royaumes araméens et néo-hittites (Bit-Adini, Bit-Agusi, Suhu, Laqe, Karkemish, Kummuhu et Gurgum)[61]. Il déplace sa capitale d'Assur à Kalkhu, qu'il repeuple en y déportant des habitants des royaumes vaincus. Parallèlement, la domination assyrienne sur la Haute Mésopotamie reprend sur les bases de la période médio-assyrienne. Salmanazar III (858-824) combat à son tour les royaumes de Syrie du Nord[62]. Après quelques premiers succès (prise de Til-Barsip), il est arrêté à Qarqar par une coalition dirigée par le roi Bar-Hadad de Damas, regroupant des rois de Syrie du Nord, de Phénicie et du Levant. Quelques années plus tard, Salmanazar prend sa revanche en battant le roi de Damas et ses alliés, mais il ne peut pas garder sa mainmise sur la Syrie orientale.

Crise de croissance

Le royaume assyrien connaît de sérieuses difficultés sous les règnes des successeurs de Salmanazar III : Shamshi-Adad V (824-811), Adad-nerari III (811-783), et ses fils Salmanazar IV (783-773), Assur-dan III (772-755) et Assur-nerari V (755-745). Une guerre civile éclate à la fin du règne de Salmanazar III, et son fils et successeur Shamshi-Adad V met plusieurs années à mater une révolte qui agite la noblesse assyrienne[63]. Les royaumes tributaires de l'Assyrie tentent parallèlement de secouer la domination qui pèse sur eux. Les rois assyriens ont le plus grand mal à endiguer ces problèmes, et perdent une partie de leur autorité face aux nobles assyriens, qui se sont enrichis au cours des conquêtes et se sont pour certains constitués un patrimoine important qui leur donne un grand pouvoir à la cour[64]. Le cas le plus représentatif est Shamshi-ilu, grand général de l'Assyrie, qui dispose d'un grand apanage en Haute Mésopotamie autour de Til Barsip[65]. De plus, le pays assyrien est secoué par plusieurs révoltes dont certaines menées par les villes. Pour ajouter plus de difficultés à la puissance assyrienne, cette période voit la montée en puissance d'un nouvel ennemi : l'Urartu, qui bouscule la domination des Assyriens en Anatolie[66].

Reprise de l’expansion et formation de l'empire néo-assyrien

Bas-relief représentant le siège de la ville par l'armée assyrienne sous Teglath-Phalasar III.

En 745, le trône d'Assyrie est usurpé par Teglath-Phalasar III (745-727), peut-être un autre fils d'Adad-nirari III[67]. Celui-ci réussit à restaurer la puissance assyrienne en initiant une série de réformes structurelles qui vont renforcer l'emprise de son royaume sur les territoires dominés en remplaçant certains royaumes vassaux par des provinces administrées directement par un gouverneur assyrien. Il réforme aussi l'armée, et remporte de grandes victoires : il bat l'Urartu, plusieurs royaumes syriens et palestiniens (annexions de Damas et de Gaza), et s'empare surtout de Babylone, dont il devient roi sous le nom de Pulû, instaurant une situation de double monarchie assyro-babylonienne. Quand il meurt en 727, la puissance assyrienne n'a plus de rivale. Son fils Salmanazar V (727-722) monte sur le trône, et son règne est marqué par la destruction du royaume d'Israël[68]. Mais il est détrôné après cinq années par Sargon II (son frère ?).

Les Sargonides : l’apogée de l’Assyrie

Assarhaddon, détail d'une stèle commémorant sa victoire sur l'Égypte, Vorderasiatisches Museum de Berlin.

Sargon II (722-705) et ses successeurs Sennacherib (704-681), Assarhaddon (680-669) et Assurbanipal (668-627), que l'on regroupe sous l'appellation de dynastie des « Sargonides », vont mener l'Assyrie à un degré de puissance jusqu'alors jamais atteint, à tel point qu'on peut parler d'un « empire »[69],[70]. Aucune autre puissance n'est en effet en mesure d'y faire face. Certains grands royaumes cherchent à appuyer des révoltes dans l'empire assyrien même pour l'affaiblir, mais ils subissent chacun à leur tour une cuisante défaite sur leur sol même : l'Urartu est écrasé par Sargon II en 714, et se concentre alors sur la région arménienne ; l'Égypte est envahie par Assarhaddon, qui prend Memphis, puis Assurbanipal, qui prend Thèbes ; l'Élam, après avoir soutenu de nombreuses révoltes en Babylonie, est finalement envahi par Assurbanipal, qui pille sa capitale Suse en 646. Si aucun de ces royaumes n'est incorporé durablement dans l'Empire assyrien, il n'empêche que les rois de ce dernier témoignent d'une puissance et d'un rayon d’action sans précédent.

La situation interne de l'empire n'en est pas stable pour autant. La cour assyrienne connaît quelques remous, notamment l'assassinat de Sennacherib et la guerre que son fils Assarhaddon doit mener pour monter sur le trône. De nombreuses révoltes se produisent en divers points de l’empire, et doivent être réprimées. Le plus gros problème reste la Babylonie, dominée par les Assyriens depuis Teglath-Phalasar III. De nombreuses révoltes s'y produisent, dirigées par des Babyloniens de souche, des Chaldéens (dont la figure la plus importante est Merodach-baladan II), soutenus par les Élamites. Plusieurs conflits se produisent, marqués par des moments de grande violence. Babylone est détruite par Sennacherib en 689, puis restaurée par Assarhaddon, qui tente de rétablir la paix en mettant son fils Shamash-shum-ukin sur le trône de la ville, sous la tutelle de son cadet Assurbanipal, roi d'Assyrie. Cette situation ne dure pas, car Shamash-shum-ukin se révolte, et n'est vaincu qu'après un long conflit.

L'Assyrie est alors un très vaste ensemble, qui s'étend de l'Iran oriental à la mer Méditerranée, de l'Anatolie au nord du désert d'Arabie. L'empire est constitué d'un grand nombre de provinces et de royaumes vassaux. Sa grande capitale, Ninive, rebâtie par Sennacherib, en est le cœur, et est l'une des plus grandes villes du monde à cette période. Le début de règne d'Assurbanipal marque l'apogée de la puissance assyrienne : il a vaincu en Babylonie, a assuré sa domination en Syrie, au Levant, jusqu'en Anatolie[71]. La fin de son règne reste très mal connue, et peut avoir été difficile. L'Assyrie connaît des premiers reculs : les Cimmériens, qui ont envahi l'Asie Mineure précédemment, lancent des raids dans la partie orientale de l'empire, et ne sont repoussés que très difficilement, tandis que l'Égypte a profité des troubles pour s'émanciper de la domination assyrienne ; la révolte de Shamash-shum-ukin s'ajoute à ses difficultés.

Chute

L'événement déclencheur de la chute de l'Assyrie est pourtant interne, et c'est sans doute là le facteur le plus important[72]. À la mort d'Assurbanipal en 627, son fils Assur-etil-ilâni (627-625) règne sur l'empire. Son frère Sîn-shar-ishkun (625-612), sans doute roi de Babylone (comme Shamash-shum-ukin avant lui), se révolte contre lui, et parvient à l'éliminer en 625. Cette révolte a profité en Babylonie à deux autres personnages : Sîn-shum-limur, qui disparaît vite et Nabopolassar, gouverneur du Pays de la Mer, qui réussit à monter sur le trône de Babylone, alors que Sîn-shar-ishkun est parti prendre le pouvoir en Assyrie. Quand ce dernier décide de rétablir la situation en Babylonie vers 620, il ne peut vaincre Nabopolassar, qui le repousse avant de l'attaquer en Assyrie. En 616, un nouvel intervenant apparaît en la personne de Cyaxare, roi des Mèdes, qui s'allie au maître de Babylone contre l'Assyrie. Cette coalition scelle le destin de l'Assyrie[73]. Assur tombe en 614, puis Ninive en 612, et Sîn-shar-ishkun disparaît. Un militaire assyrien du nom de Assur-uballit II tente de résister, et se réfugie à Harran, d'où il espère combattre les Mèdes et les Babyloniens avec l'aide de l'Égypte. Mais son règne est de courte durée puisqu'il est vaincu en 609. Après près de vingt ans de luttes internes et des conflits contre la Babylonie à laquelle se joint ensuite le royaume mède pour lui porter le coup de grâce, l'Assyrie est vraisemblablement un pays ravagé et exsangue, qui n'a plus les moyens d'être le centre d'un puissant empire, qui finit par disparaître à jamais.

L'Assyrie après l'empire : le vide ?

Ruines de la « Maison Rouge » de Tell Sheikh Hamad mises au jour par les fouilles, début du VIe siècle av. J.-C.

Le fait qu'en quelques années l'Assyrie passe de la situation qui prévalait durant l'apogée du règne d'Assurbanipal à sa destruction totale peut susciter des interrogations. Pour P. Garelli, c'est même un « scandale historique »[74]. Ce phénomène a été assez peu étudié[75]. Il est surtout frappant de constater qu'après la chute de l'empire assyrien la Haute Mésopotamie cesse d'être le foyer d'un royaume puissant, événement inédit depuis au moins plus d'un millénaire : ce n'est pas une simple chute, mais la véritable disparition de tout un « système » lié à l'impérialisme assyrien.

En fait, il est probable que des signes annonçant la crise existaient déjà à l'intérieur de l'empire et même dans son cœur comme vu ci-dessus avec les difficultés militaires de la fin du règne du dernier grand roi assyrien. M. Liverani a émis l'hypothèse selon laquelle les derniers rois Sargonides ont peu prêté attention à l'organisation de leur empire, peut-être trop confiant dans sa solidité[76]. Les fronts d'où est venue la chute de l'Assyrie sont les points faibles de cet empire : la Babylonie est la région où se sont produites les révoltes les plus dangereuses ; et la frontière septentrionale est l'une des plus exposées de l'empire, alors qu'elle est peu éloignée des capitales[77]. La cause directe est donc la défaite militaire de l'Assyrie : manifestement, la fin du VIIe siècle a été une période catastrophique pour cette région et l'a profondément bouleversée[78]. Mais des phénomènes plus profonds étaient vraisemblablement en action. Très peu de sources la documentent les trois siècles suivant la chute de l'empire assyrien : cette période est donc un « âge obscur » pour cette région. Ce phénomène semble partagé par d'autres régions voisines (Urartu, Syrie et Palestine intérieures)[79], mais pas par d'autres régions motrices traditionnelles du Moyen-Orient antique comme la Basse Mésopotamie, le littoral levantin qui continuent à être florissantes : leurs États avaient survécu, avec leurs structures et élites politiques et sociales, et elles reposaient sur des économies agricoles et commerciales solides, autant de facteurs absents dans les régions déclinantes. La Haute Mésopotamie post-impériale devient donc une zone d'ombre très difficile à appréhender, située entre plusieurs royaumes : l'ancien centre est devenu une périphérie, il s'est « provincialisé »[80]. Des causes internes comme les évolutions économiques et sociales de la période des Sargonides sont sans doute en jeu. On a pu ainsi souligner les problèmes démographiques du cœur de l'empire, dominé par les grands centres urbains que sont Ninive, Assur et Kalkhu, qui paraissent trop importants pour les capacités d'une région qui n'a jamais été fortement urbanisée, et qui est d'ailleurs en partie peuplée de manière artificielle, par les déportations qui ont dû déstabiliser sa société. Il faut ajouter à cela de possibles difficultés dans l'approvisionnement des villes en céréales. Les nombreuses guerres entreprises par l'armée assyrienne ont pu entraîner un déclin démographique important, jamais vraiment compensé par l'arrivée de déportés[81].

Pour autant, la population de la région n'a sans doute pas été massivement massacrée ou déportée, mais une nouvelle situation politique, économique et démographique se met en place pour plusieurs siècles[82]. Il est d'abord évident que le pays devient majoritairement rural, les grandes villes assyriennes ne survivant pas à la fin de l'empire qui avait fait leur croissance, souvent de façon très volontariste. Après les destructions de la fin du VIIe siècle, on ne trouve que quelques traces de réoccupations de parties des anciennes acropoles des capitales assyriennes[83]. Il est possible que le nomadisme prenne alors une place plus importante. La culture matérielle de la période, notamment la céramique, n'ayant pas été bien identifiée et différenciée de celle de la période précédente, les prospections archéologiques sont difficilement mobilisables pour connaître l'évolution du peuplement rural aux VIe ‑ Ve siècles. Sur l'ancien site provincial de Tell Sheikh Hamad, une résidence de la période suivant directement la chute de l'empire a été mise au jour (« Maison Rouge » selon l'appellation des fouilleurs du site)[84], ainsi que quatre tablettes datées du nom du roi babylonien Nabuchodonosor II, indiquant que c'est son royaume qui domine la vallée du Khabur au tout début du VIe siècle[85]. Il est cependant difficile d'établir la façon dont les Mèdes et les Babyloniens se sont partagés la Haute Mésopotamie, car on n'y trouve que très peu de traces attestant d'une tentative de contrôle d'un des deux sur cette région[86]. Le dernier roi babylonien, Nabonide, fils d'une Araméenne qui est née en Haute Mésopotamie à Harran à la fin du règne d'Assurbanipal, s'assure la domination de cette cité et y restaure le grand temple du dieu-lune Sîn, dont il est un fervent dévot, comme on l'apprend par deux inscriptions trouvées sur place[87].

Après 539, l'empire babylonien est vaincu et incorporé dans l'Empire perse achéménide de Cyrus II, et l'Assyrie (en perse Aθurā) passe sous le contrôle de cet empire. Cette région est un peu mieux attestée dans les sources de cette époque[88]. Les Assyriens apparaissent dans les représentations et listes de peuples tributaires retrouvées en Perse, et les tablettes de Persépolis nous apprennent que des travailleurs assyriens sont présents dans cette région. Le témoignage contenu dans l'Anabase du grec Xénophon qui traverse l'Assyrie au cours de la retraite des Dix Mille vers 400, rapporte la présence de quelques villes encore habitées dans la région, comme une Kanai qui est probablement Assur, et les ruines de Ninive et Kalkhu sont encore frappantes même si elles sont désertées[89]. Le cœur de l'ancienne Assyrie est donc un pays à dominante rurale. La seule ville importante pour l'Empire achéménide qui s'y trouve est Arbelès (Erbil), qui est un nœud de communication majeur d'où partent des routes cruciales vers Suse et Sardes[90].

Le groupe monumental de l'enceinte sacrée de Hatra, IIe siècle ap. J.-C.

C'est en Assyrie qu'a lieu la bataille de Gaugamèles (sans doute dans la plaine de Ninive), remportée par le Macédonien Alexandre le Grand contre l'armée perse en 331, et qui marque la fin définitive de l'Empire achéménide. La période hellénistique, durant laquelle les Séleucides dominent la Mésopotamie, ne voit pas de modifications majeures survenir en Haute Mésopotamie, à moins qu'il ne faille dater du règne de Séleucos Ier le moment où Ninive devient cité grecque[91]. Quelques points de la région commencent en tout cas à s'helléniser légèrement, et cela continue sous la domination des Parthes qui s'établit à partir de la seconde moitié du IIe siècle. Les anciennes cités assyriennes connaissent alors un renouveau, redeviennent prospères, accueillent une administration : cela concerne Assur, Ninive, Kalkhu et Arbelès[92]. C'est dans cette dernière que s'installe une dynastie locale, dirigeant le royaume d'Adiabène, première puissance politique à émerger dans la région depuis la chute du royaume assyrien. Mais elle reste vassale des Parthes, avant que l'Empire romain ne vienne la leur disputer. Les Romains réussissent à y établir une province éphémère sous le règne de Trajan en 115 ap. J.-C., qui prend le nom d'Assyrie, et y constituent une frontière fortifiée (limes). Par la suite, l'Adiabène reste tiraillée entre Romains et Parthes, auxquels s'ajoutent les Arméniens. Plus à l'ouest, un autre royaume émerge en basse Djézireh, à Hatra à partir de 100 ap. J.-C., dirigé par des princes arabes, puis lui aussi est inclus dans l'Empire romain.

Dans les décennies suivantes, l'Empire parthe décline et est remplacé par celui des perses Sassanides, qui deviennent les nouveaux rivaux des Romains en Haute Mésopotamie. À cette période, les Assyriens sont des locuteurs d'une langue araméenne, même si certaines de leurs élites sont hellénisées, et l'antique religion continue à être pratiquée, comme on le voit dans le fait que les populations d'Assur et Hatra continuent de vénérer Assur, Nergal, Ishtar, Nanaya et d'autres divinités du panthéon mésopotamien antique[93]. Mais la christianisation fait reculer ces pratiques, qui disparaissent sans doute durant l'Antiquité tardive, période à laquelle on peut considérer que la page de l'histoire ancienne du peuple assyrien est définitivement tournée.

Le contrôle du territoire assyrien

À partir de la période médio-assyrienne, l'Assyrie se mue en État territorial qui prend une importance croissante, évolution qui culmine dans l'empire des Sargonides à la fin de la période néo-assyrienne. Cela entraîne une affirmation de la figure royale, dont le pouvoir est de plus en plus absolu malgré certaines faiblesses récurrentes liées à des troubles dynastiques, ainsi que le développement d'un groupe que l'on peut considérer comme la « noblesse » assyrienne qui fournit les cadres de l'administration et de l'armée du royaume. Cette dernière est d'ailleurs un élément essentiel de la puissance assyrienne, de Assurnasirpal II à Sennachérib, la guerre tient une place centrale dans la société, les grandes batailles sont de véritables calamités, épuisant les ressources économiques et la démographie[94]. Si le royaume apparaît par rapport à ses vassaux comme un État prédateur s'enrichissant sur le dos des dominés qui sont traités durement en cas de révolte, la période néo-assyrienne voit un début de mise en place d'un État impérial cherchant à intégrer de plus en plus de régions dominées, ce qui pouvait s'accompagner d'un rééquilibrage des relations et permettre aux régions dominées de prospérer dans le cadre de l'Empire.

Le pouvoir royal

Idéologie et fonctions royales

Selon la tradition mésopotamienne, le roi d'Assyrie est considéré comme le représentant du dieu Assur sur Terre, ce qu'indiquent ses titres de « vicaire » (iššiakku) et de « roi du pays du dieu Assur » (šar māt Daššur)[95]. Ainsi, le texte considéré comme l'hymne de couronnement d'Assurbanipal proclame : « Assur est roi ! »[96],[97]. Le souverain est également considéré comme le « grand prêtre » (šangû) du dieu, ce qui implique également qu'il soit l'administrateur de son domaine[98]. Lors du rituel des fêtes de l'akītu, au Nouvel An, connu par un texte du temps de Teglath-Phalasar Ier, comme dans diverses inscriptions royales, il est stipulé que le devoir du souverain terrestre est d'élargir les frontières du pays du dieu Assur. Les pays voisins devaient donc être amenés à reconnaître la suprématie du dieu. Le roi doit aussi participer à plusieurs autres cérémonies religieuses.

Les qualités physiques du roi : Assurbanipal exécutant un lion lors d'une chasse royale, d'après un bas-relief de Ninive.

Pour être à la hauteur de sa fonction, le roi doit développer des qualités de guerrier, ce qui explique pourquoi il est mis en valeur dans les récits et les images de campagnes mais aussi des chasses royales[99]. Il est le chef des armées, même s'il ne mène pas toujours ses troupes en campagne[100]. Il doit de plus être moralement irréprochable[99], suivre les décisions des dieux par la divination, leur adresser des prières, restaurer leurs temples. Le roi est enfin le juge suprême du royaume, auquel tout sujet est censé pouvoir faire appel en dernier recours. La « parole du roi » (abat šarri) prime sur toute autre décision[96]. Il doit protéger ses sujets, s'assurer que la concorde règne entre eux, et contribuer à leur bien-être matériel.

Rituels liés à la royauté

Situé à la charnière entre le monde des humains et celui des dieux, le roi mène une vie très ritualisée marquée par la nature particulière que lui confère sa fonction[101]. Dès l'époque médio-assyrienne, la vie de la cour royale est très codifiée, l'accès au roi étant limité. Les audiences et les banquets suivent un déroulement précis. Mais le plus important est l'ensemble des rituels qui émaillent la vie du roi, en tant que vicaire et grand prêtre du dieu Assur. Le roi ne pouvant être présent à toutes les cérémonies qu'il devait normalement diriger, il pouvait se faire représenter par son manteau (kuzippu) ou par un prêtre délégué. Parmi les cérémonies les plus importantes liées à la royauté assyrienne, souvent connues par des textes fragmentaires, on connaît le bīt rimkī, bain purificateur rituel, le tâkultu, repas offert à des dieux, ou encore la fête du Nouvel An[102].

De plus, le roi doit constamment s’assurer que les décisions qu'il prend ont bien l'accord des dieux, et également être informé des présages concernant la situation de son royaume ou sa propre vie[103]. Il est donc entouré de devins, qui procèdent à des rituels divinatoires, ou bien observent les présages, notamment astrologiques, et il se tient au courant des vaticinations des prophètes de certaines divinités comme Ishtar d'Arbèles. Quand un malheur est annoncé, il faut procéder à des rituels pour les déjouer, ce qui est le rôle des exorcistes et des lamentateurs. Suivant le même principe, les figures de génies protecteurs ornant les palais royaux devaient éloigner le mal de la résidence royale.

Le plus caractéristique des rituels liés à la protection du roi est celui du « substitut royal », qui a pour origine un présage funeste annonçant la mort du souverain, souvent une éclipse de lune ou de soleil, ou l'occultation d'une planète associée à une divinité spécifique[104]. Les exorcistes qui mènent le rituel ont alors recours à un procédé de substitution courant dans la magie mésopotamienne : on transfère le mal sur un individu qui est fictivement intronisé, alors que le roi devient un « laboureur », c'est-à-dire un simple mortel. Le transfert pouvait se faire sur un individu jugé sans importance (prisonnier, condamné, simple d’esprit), ou bien un rebelle, une population insoumise qu'il s'agissait ensuite de châtier, voire dans quelques cas un dignitaire qui se dévoue pour le roi. Une fois le substitut disparu, le roi reprenait sa place en sécurité.

L'affirmation croissante de la figure royale

S'il conserve tout le long de l'histoire ses titres de « vicaire » et de « grand prêtre » du dieu Assur, le roi assyrien se dote d'autres titres marquant son pouvoir croissant. Dès le début de la période médio-assyrienne, Assur-uballit Ier se fait appeler « grand roi » (šarru rabû), de la même manière que les autres grands souverains de l'époque comme ceux de Babylone et des Hittites qu'il cherche à égaler[105]. Arik-den-ili y ajoute le titre de « roi puissant » (šarru dannu), et Tukulti-Ninurta Ier celui de « roi des quatre régions du monde » (šar kibrat erbetti), et sous leurs successeurs apparaît l'expression « roi de l'univers » (šar kiššati), les deux dernières montrant une ambition à la domination universelle, à la prééminence sur tous les autres souverains[95]. La littérature et l'art produits par le milieu de la cour assyrienne tendent à élever la figure royale de plus en plus, à noter ses exploits, en les gonflant et les idéalisant. Chaque souverain assyrien a pour ambition de dépasser la gloire de ses prédécesseurs par la taille des monuments qu'il fait construire et par les contrées qu'il parcourt et soumet avec ses armées.

À la période néo-assyrienne, le roi peut être considéré comme un monarque absolu, bien éloigné des souverains paléo-assyriens qui devaient composer avec l'oligarchie d'Assur[106]. Tous ses sujets lui doivent obéissance, dépendent de sa volonté et de ses faveurs, qui sont la principale source d'enrichissement dans le royaume. Des serments collectifs (adê) peuvent être organisés en plusieurs occasions au cours desquels des sujets de l'empire réaffirment leur loyauté envers le souverain. En cas de trahison, de complot, de rébellion, la sentence est la mort. Des serments collectifs sont notamment organisés à deux reprises pour faire proclamer la légitimité d'Assurbanipal en tant qu'héritier du trône, car c'est dans les querelles successorales que la faiblesse du pouvoir royal assyrien est la plus visible.

La question de la succession royale

La succession dynastique est le facteur majeur d'instabilité à la tête du royaume assyrien. Pendant longtemps pourtant, des troubles graves sont causés par la noblesse et les villes de l'Assyrie, notamment au IXe et au VIIIe siècles, mais elles sont cependant mises au pas après le règne de Teglath-Phalasar III[102]. Cela explique l'importance que prennent les serments de fidélité (adê) des dignitaires sous les Sargonides. Les troubles successoraux sont en revanche constants voire croissants durant l'histoire du royaume, surtout à la période néo-assyrienne. Il s'agit pourtant de troubles dynastiques, puisque les seuls cas probables de changement de dynastie sont observables dans les derniers temps de la période médio-assyrienne, notamment avec l'arrivée au pouvoir en 1192 de Ninurta-apil-Ekur, fils du « roi du Hanigalbat » Ili-pada et non celui du roi précédent Assur-nerari III[107]. Par la suite, les coups d'État amènent sur le trône des princes de la famille royale, même dans les cas de Teglath-Phalasar III ou Sargon II pour lesquels on a longtemps eu des doutes[108]. On respecte donc au moins la succession dynastique.

S'il est possible que la primogéniture ait été la règle de succession théorique[109], dans les faits la désignation du successeur est de plus en plus dépendante de la volonté du souverain à la période néo-assyrienne. Le prince héritier dispose alors d'un rang particulier, notamment sous les Sargonides[110]. Il dispose de plusieurs domaines, dont des palais appelés « maison de succession » (bīt redūti), dont on connaît des exemples à Tarbisu près de Ninive et dans cette dernière (le « palais nord »), où il dirige une administration chargée de collecter des informations en provenance des régions frontalières de l'empire. C'est une manière de l'initier à ses futures fonctions de roi. Quand son père meurt, il monte sur le trône. Un texte d'époque médio-assyrienne, dont on ne sait pas s'il était encore d'actualité au Ier millénaire, décrit ce qui semble être une cérémonie de couronnement (à moins qu'il ne s'agisse d'un rituel de la fête du Nouvel An), au déroulement simple, et qui a lieu à Assur[111]. Elle est marquée par la symbolique de la prééminence du dieu Assur, rappelée par la répétition de la formule « Assur est roi ! » par un prêtre suivant le souverain. Elle culmine par le couronnement à proprement parler, qui a lieu dans le temple du grand dieu devant la statue duquel le futur roi se prosterne, avant de lui promettre d'étendre les frontières de son royaume.

Malgré la désignation systématique d'un successeur, les troubles dynastiques sont courants[112]. Salmanazar III choisit ainsi Shamshi-Adad V pour lui succéder en 824, contre l'aîné Assur-da''in-aplu, qui se révolte ensuite. Teglath-Phalasar III et Sargon II montent sur le trône après avoir éliminé le roi désigné comme héritier légitime. Les problèmes s'accentuent sous les Sargonides, puisque les trois derniers héritiers désignés devenus rois font tous face à des guerres fratricides, et que ce sont les troubles successoraux entre deux fils d'Assurbanipal qui mènent en partie à la chute de l'Assyrie.

L'entourage du roi

Les grands dignitaires et l'administration royale

Assurnasirpal II et un dignitaire, bas-relief du palais nord-ouest de Kalkhu.

L'étude de l'administration de l'empire assyrien est complexifiée par le fait que les charges qui relèvent pour nous de l'administration centrale et de l'administration palatiale sont souvent couplées avec des charges de l'administration provinciale ou militaire, et que les attributions précises d'une fonction ne sont pas toujours bien connues. Elle est en tout cas entre les mains de personnes de l'entourage royal formant l'élite de la « noblesse » assyrienne, ayant des liens matrimoniaux entre eux, remontant parfois jusqu'à la famille royale. Dès les débuts de l'époque médio-assyrienne, le milieu de la cour est cosmopolite puisqu'il intègre des anciens dignitaires mitanniens ou kassites ; cette « internationalisation » est encore plus marquée à l'époque néo-assyrienne, notamment avec l'intégration d'éléments ouest-sémitiques, en premier lieu araméens. En dépit de ces origines variées, le milieu des élites dirigeantes de l'empire assyrien est relativement homogène, s'identifiant par une culture commune fortement marquée par le service de l’État[113].

Dès les débuts du royaume assyrien, c'est donc cette noblesse assyrienne, dont la base de la fortune est essentiellement foncière puis financière, qui fournit les cadres administratifs étatiques, fonctions dont elle tire sa puissance[114]. Un cas exemplaire est celui d'Urad-Sherua qui vit à la fin du XIIIe siècle, issu d'une famille de détenteurs d'une haute dignité dont il hérite à son tour, lié par mariage à d'autres grandes familles, et qui renforce sa richesse en faisant des prêts et en recevant des dons de personnes auxquelles il apporte une aide dans des affaires juridiques[115]. La séparation entre affaires publiques et privées est donc toujours floue.

Pendant les phases d'expansion (époque médio-assyrienne et des débuts de l'époque néo-assyrienne), certains personnages acquièrent un pouvoir considérable dans le royaume, en obtenant des charges très importantes, et un domaine foncier qui va avec. Ils constituent alors une menace potentielle pour l'autorité royale. Les cas les plus représentatifs sont ceux de la dynastie des « Rois du Hanigalbat » à l'époque médio-assyrienne, dont un des descendants, Ninurta-apil-Ekur, finit par prendre le pouvoir à Assur, et celui de Shamshi-ilu, grand général de l'Assyrie dans la première moitié du VIIIe siècle, qui se constitue quasiment son propre royaume autour de Til Barsip[65]. Ces dignitaires doivent prêter couramment des serments de fidélité (adê) aux rois. Sous les Sargonides qui développent un pouvoir de nature absolue, leur place dépend entièrement de la volonté royale[116]. Cela renforce la compétition et les rivalités au sein de la cour assyrienne[117].

Du point de vue administratif, l'époque médio-assyrienne voit l'affermissement du pouvoir royal, qui n'est plus contrebalancé par les autorités municipales, l'Assyrie étant alors un véritable État territorial et non plus une simple cité-État. Le plus grand dignitaire est le « vizir » (šukkallu), sorte de Premier ministre, qui a des attributions militaires, civiles ou judiciaires[118]. Lors de l'organisation des conquêtes, la partie ouest du territoire est confiée à un « grand vizir » (šukkallu rabiu). L'intendance du palais est gérée par le « maire du palais » (rab ekalli). D'autres fonctions palatiales sont confiées à des eunuques (ša rēši). L'ancien titre de limmu subsiste, mais il n'est plus qu'honorifique, son détenteur, choisi parmi les plus importants personnages du royaume, donnant toujours son nom à l'année où il occupe ce rang suivant une tradition typiquement assyrienne[28]. Cela reste très important dans la vie du royaume puisque les actes administratifs étaient datés suivant la formule « limmu + nom de l'éponyme de l'année », et non pas par un dénombrement des années de règne du souverain comme en Babylonie. Des listes des éponymes souvent incomplètes ont permis de reconstituer leur séquence chronologique de façon plus ou moins satisfaisante[119].

Sous les rois néo-assyriens, plusieurs grands dignitaires sont connus[120]. Le chef cuisinier (rab nuhhatimi) a la charge de réceptionner les messages royaux. On trouve également le vizir (šukkallu), le grand échanson (rab šaqē), le grand intendant (mašennu), le héraut du palais (nāgiru ekalli), le chef des eunuques (rab rēšē) et le majordome du palais (ša pān ekalli), qui gère l'administration du palais royal. Le grand général (turtanu) dispose souvent d'un rôle considérable. Cette charge est d'ailleurs dédoublée pour éviter qu'il ne concurrence le roi. À l'époque des Sargonides, le dauphin, installé dans la Maison de succession (bīt redūti), y exerçait des charges importantes, notamment dans la surveillance des frontières.

L’aspect religieux du pouvoir royal impliquait que le souverain ait également des conseillers religieux en plus de conseillers politiques : des devins, des exorcistes et des lamentateurs[121]. Les plus importants de ces prêtres constituant un collège résidant à la cour, chargé d’organiser les rituels majeurs[104]. Leur présence à la cour augmente sous les derniers Sargonides, ce qui ne doit pas pour autant les faire considérer comme un groupe disposant d'une grande influence sur le roi, car il existe diverses factions, et que les disgrâces sont courantes[122].

Les épouses royales et le harem

Plaque en bronze portant une représentation de la reine mère Naqi'a/Zakutu, derrière son fils Assarhaddon.

Comme le veut la tradition de l'Orient ancien, le roi pratique la polygynie. Ses épouses sont aussi bien des filles de rois de rang égal (quand il y en a) ou de vassaux, des filles de nobles assyriens ou encore des femmes enlevées lors de conquêtes. De ce fait, le harem du roi voit sa taille croître proportionnellement à la puissance de celui-ci.

Le harem royal occupe une grande partie du secteur privé des palais royaux. Il est régi par un ensemble de principes, qui sont codifiés dans des édits sous Teglath-Phalasar Ier, appelés « Édits du harem », qui concernent en fait plusieurs aspects de la vie palatiale[123]. On y apprend ainsi que les épouses sont classées hiérarchiquement. Au premier rang se trouvent la reine-mère, et les « épouses royales » (aššat šarri), parmi lesquelles le roi a une favorite, qui est souvent la mère de l'héritier présomptif. Après se trouvent les épouses ou concubines qui occupent un rang secondaire, en premier lieu celles appelées « dames du palais » (sinnišāti ša ekalli), puis un ensemble de servantes. Les enfants en bas-âge se trouvent aussi dans le harem. Les règles des édits du harem doivent être appliquées par le maire ou majordome du palais.

Les règles du harem sont très strictes, et visent à limiter les contacts des épouses du roi avec l'extérieur, ainsi que les querelles intestines qui troublent le harem, grand lieu d'intrigues[124]. Souvent des reines pouvaient voir leur position menacée par d'autres cherchant à acquérir les faveurs du roi. Les épouses de premier rang pouvaient parfois quitter le harem et même voyager loin du palais, tandis que les épouses secondaires y étaient visiblement recluses à vie à l'époque néo-assyrienne, les règles des édits médio-assyriens étant moins restrictives pour elles[125]. On cherche en tout cas à éviter qu'elles aient un contact physique avec les autres membres de la cour royale. Les grandes épouses royales disposaient d'un domaine foncier parfois important, qu'elles géraient elles-mêmes avec leur propre service administratif, constitué essentiellement d'eunuques. Le harem était par ailleurs placé à l'époque néo-assyrienne sous l'autorité du chef des eunuques. La richesse dont disposaient les épouses royales est également perceptible dans les tombes de trois d'entre elles découvertes sous un palais de Kalkhu[126] et qui ont livré un matériel très opulent, d'autant plus remarquable qu'il ne s'agit que d'épouses secondaires.

Certaines reines ont réussi à exercer un rôle très important à la cour d'Assyrie, en particulier en tant que reines-mères. Les deux cas les plus connus sont ceux de Sammuramat, mère d'Adad-Nirari III, passée à la postérité sous le nom de Sémiramis, et celui de Zakutu, épouse d'origine araméenne de Sennachérib, qui réussit à faire de son fils Assarhaddon l'héritier de son royal époux, avant de permettre à son petit-fils Assurbanipal de monter à son tour sur le trône[127].

Les palais royaux : cadres du pouvoir central

Article détaillé : Palais assyriens.
Plan du palais nord-ouest de Kalkhu. En jaune, la cour principale de la zone privée, en bleu la cour principale de la zone publique, et en rouge la salle du trône.

« Je dégageai les ruines anciennes et je creusai jusqu'au niveau de la nappe d'eau, atteignant une profondeur de 120 niveaux de briques. À l'intérieur (de la ville) je fondai pour toute éternité, en guise de résidence royale et pour mon plaisir souverain, un palais de cèdre, un palais de cyprès, un palais de genévrier, un palais de buis, un palais de meskannu (essence inconnue), un palais de térébinthe et de tamaris. Je fis (des répliques) en calcaire blanc et en albâtre des créatures des montagnes et de la mer parûtu et je les postai à ses portes. Je le décorai somptueusement. Je l'entourai de clous de bronze à large tête. Je fixai à ses portes des vantaux en bois de cèdre, de cyprès, de genévrier et de meskannu. Je réunis et déposai à l'intérieur de grandes quantités d'argent, d'or, d'étain, de bronze et de fer, butin provenant des pays sur lesquels j'avais étendu ma domination. »

Inscription commémorant la construction du temple de Kalkhu par Assurnasirpal II[128].


Le cadre de la vie du roi, de son entourage et de l'administration centrale du royaume était le palais de la ville assyrienne qui servait de capitale sous son règne. Le plus ancien palais assyrien est le « Vieux Palais » de la capitale historique, Assur, construit à l'époque paléo-assyrienne[129]. Ce bâtiment se présente alors selon le même plan qu'une résidence normale, seule sa taille confirme sa fonction de résidence royale. À l'époque médio-assyrienne, Tukulti-Ninurta Ier fait construire à Assur le « Nouveau Palais », situé dans l'angle nord-ouest de la citadelle. Il n'a pas pu être fouillé, car il n'en reste plus que la terrasse servant pour ses fondations[129].

À l'époque néo-assyrienne, les rois déplacent à plusieurs reprises leur palais royal, parfois en gardant la même capitale, parfois en changeant celle-ci[130]. Les palais royaux deviennent alors les monuments principaux érigés par les Assyriens, qui nous ont laissé un récit détaillé de la construction de plusieurs d'entre eux[131]. Ce sont les fouilles de ces édifices qui ont été effectuées à partir du XIXe siècle qui nous ont permis de redécouvrir et de bien connaître l'histoire et le fonctionnement de l'Empire assyrien.

Le premier grand palais royal de l'époque néo-assyrienne est bâti à Kalkhu par Assurnasirpal II[132]. À sa suite, d'autres souverains construisent ou restaurent des palais dans la citadelle de cette ville : Adad-Nerari III, Teglath-Phalasar III, Sargon II et Assarhaddon. Sargon II construit à son tour un grand palais dans sa capitale, Dur-Sharrukin. Cette construction est vite supplantée par le grand « Palais Nord-Est » construit par Sennacherib dans la nouvelle capitale assyrienne, Ninive. C'est sans doute le plus grand palais royal néo-assyrien. Assurbanipal fait à son tour restaurer un palais à l'angle opposé de la citadelle de Ninive. Un exemple de palais de province a été retrouvé à Til Barsip, dans la région du Khabur.

Les palais royaux néo-assyriens suivent tous un même plan[133]. On entre par une porte monumentale qui dirige vers une première cour autour de laquelle s'organise l'espace public du palais (babānu) : magasins, ateliers, bureaux de l'administration palatiale. La salle du trône sépare cette zone de l'espace privé (bītānu), comprenant les appartements royaux et le harem, lui aussi organisé autour d'un grand espace central. La décoration des palais royaux consistait en de longs bas-reliefs sculptés sur des orthostates. À Til-Barsip, palais provincial, on leur avait substitué des fresques peintes. D'une manière générale les sujets avaient un but identique : glorifier la personne du roi. Le complexe palatial peut aussi comprendre des édifices religieux, des bibliothèques ainsi que des jardins[134].

La guerre en Assyrie

Assaut d'une ville fortifiée par l'armée assyrienne, bas-relief de Kalkhu.

L'armée assyrienne devient une puissance sur laquelle il faut compter à partir du règne d'Assur-uballit Ier. Au XIIIe siècle, les Assyriens remportent de grandes victoires sur les Babyloniens et les Hittites, ce qui indique qu'ils ont sans doute dès cette période la meilleure armée du Proche-Orient. C'est pourtant la période néo-assyrienne qui reste celle durant laquelle l'armée de ce royaume est devenue une véritable machine remportant victoire sur victoire, au point de se tailler un empire d'une ampleur jamais atteinte auparavant.

La glorification des actions militaires a été poussée très loin à cette période, et les Assyriens ont laissé l'image d'une nation prédatrice, relatée par la Bible et ainsi que par les inscriptions de leurs souverains et des bas-reliefs de leurs palais vantant leurs victoires militaires et la terrible répression s'abattant sur les vaincus (massacres, déportations). C'est pour cette raison que nos sources dans ce domaine sont très abondantes même s'il faut se méfier des surinterprétations des discours tenus par les Assyriens sur leurs campagnes militaires.

Le recrutement et l'organisation de l'armée assyrienne

Archers assyriens, détail d'un bas-relief assyrien du VIIe siècle av. J.-C. représentant la prise de Lakish en 701

Les Assyriens ont rapidement mis au point une armée bien organisée, très entraînée (les campagnes étant souvent annuelles), encadrée par des troupes d'élite constituées autour de la noblesse du royaume. À la période médio-assyrienne, c'est ce dernier groupe qui assure le recrutement des soldats de base : les aristocrates les réunissent à partir des dépendants de leurs domaines, puis les équipent et les entretiennent en campagne[135]. Certains soldats de rang plus élevé ont leur propre domaine qui leur est concédé pour leur permettre d'entretenir leur équipement.

L'organisation de l'armée néo-assyrienne est bien mieux connue[135]. La base des troupes est toujours constituée de fantassins recrutés dans la paysannerie assyrienne, mais cette fois-ci c'est l'administration provinciale qui se charge de les mobiliser au titre du service dû au roi au moment de chaque campagne annuelle. À côté de cela, les souverains se constituent le corps appelé kiṣir šarri, « armée du roi », constitué de troupes permanentes, qui sont des troupes d'élites ou des corps spécialisés (charrerie, cavalerie, génie, poliorcétique) et sont contrôlés de près par l'administration centrale, notamment à partir des arsenaux (ekal mašarti) des grandes villes. Les troupes sont complétées par un troisième groupe, celui des troupes auxiliaires recrutées parmi des peuples soumis qui les fournissent en guise de tribut. C'est ainsi que l'armée assyrienne obtient des renforts pour les campagnes lointaines, et des corps combattants spécialisés, comme les Phéniciens mobilisés par Sennachérib pour se constituer une flotte dans le Golfe Persique, ou bien les nomades ituéens qui servent pour les missions de reconnaissance. Du fait de la nature de ce recrutement, ces troupes sont moins fiables que celles levées en Assyrie même. On a pu estimer que par ces différents moyens Salmanazar III avait réuni avant la bataille de Qarqar en 853 au moins 86 000 soldats (le nombre de 120 000 qu'il donne dans ses Annales semblant largement exagéré), dont 75 000 fantassins, 5 000 cavaliers et 6 000 hommes montant 2 000 chars[136]. En dehors de ce cas, les effectifs de l'armée assyrienne mobilisés pour une campagne sont impossibles à quantifier. Ces effectifs sont énormes si on les rapporte à la population assyrienne estimée à 500 000 habitants, l'effort militaire devait être épuisant pour le pays[137].

Les personnes servant à encadrer les troupes néo-assyriennes sont souvent également impliquées dans l'administration civile qui n'est pas séparée du domaine militaire[138]. Cela concerne donc aussi bien l'entourage du roi vivant dans les palais, les nobles, que les administrateurs provinciaux qui prenaient en charge les forts et garnisons établis en territoires soumis. Des grades militaires existaient tout de même, et nous indiquent l'organisation des troupes de « soldats » de base (ṣâbu). Le roi occupe le sommet de la hiérarchie militaire et était aidé par une sorte d'état-major, dans lequel se trouvait le plus important gradé militaire, le turtânu, général en chef, fonction qui finit par être divisée en deux entre un « turtânu de droite » et un « turtânu de gauche », avant que leurs attributions ne passent au rab ša reši (« chef des eunuques ») sous les Sargonides. Les corps d'armée sont divisés en groupes de 1 000 soldats dirigés par un « chef de mille » (rab 1 lim), à leur tour divisés en corps de 100 soldats dirigés par un « centurion » (rab 1 me'at), puis en des escouades d'une cinquantaine d'hommes et en groupes de 10 dirigés par des « décurions » (rab eširte). Les corps auxiliaires ou spécialisés avaient leur propre organisation.

L'armement, les types de troupes et les techniques de combat

Représentations de soldats assyriens d'après les bas-reliefs des palais royaux : frondeurs, archers et lancier.

L'équipement militaire des armées assyriennes est surtout connu pour la période néo-assyrienne, grâce aux représentations guerrières des bas-reliefs des palais royaux. L'armée est composée en majorité de fantassins, qui sont archers, frondeurs ou soldats avec des armes de poing légères (dagues, épées courtes), et de plus en plus de lanciers qui finissent par constituer la troupe de base[139]. Ils sont vêtus de robes courtes et de moins en moins des tuniques longues qui dominaient auparavant. Ils sont rarement protégés par une armure, leurs pieds sont souvent nus, même si certains ont des bottes de cuirs. Des cottes de mailles apparaissent toutefois sur les bas-reliefs. Les boucliers et les casques sont de formes diverses. La diversification des troupes avec l'incorporation d'auxiliaires étrangers fait que l'armée assyrienne est de plus en plus constituée de troupes hétéroclites, dont l'équipement est très varié. L'infanterie servait essentiellement lors d'assauts frontaux. Il semble que la supériorité assyrienne s'appuie avant tout sur le fait de disposer d'une supériorité numérique plus que sur la tactique[140], même s'il ne faut pas négliger l'intérêt des troupes d'élites pour faire pencher le cours du combat.

Cavaliers assyriens armés de lances, bas-relief du Palais central de Kalkhu/Nimrud, VIIIe siècle av. J.-C. British Museum.

Les troupes d'élites d'attaque sont celles utilisant les chevaux. La charrerie est le corps le plus prestigieux[141], ce qui explique pourquoi le roi se fait souvent représenter sur un char. Les chars (narkabtu) sont tirés par trois chevaux, et montés par trois hommes, à savoir un conducteur (mukil appati), un combattant souvent équipé d'un arc (bēl narkabti, littéralement « maître du char ») et un troisième homme (tašlīšu) chargé de les protéger. Ils deviennent plus massifs sous les Sargonides, et sont tirés par quatre chevaux et montés par quatre hommes (deux porte-boucliers). Les chars servent à effectuer des charges rapides contre les fantassins ennemis, pour désorganiser l'armée adverse, ou la harceler avec des flèches. La cavalerie montée apparaît en Assyrie à la fin du IIe millénaire et prend une place croissante à l'époque néo-assyrienne, notamment parce qu'elle est plus mobile en terrain accidenté[142]. Les chevaux sont d'abord montés par des groupes de deux hommes, un archer et un conducteur porteur de bouclier, reprenant le modèle développé dans la charrerie, avant que l'on n'organise des troupes de cavaliers seuls équipés d'un arc ou d'une lance comme arme principale. Les seconds deviennent les troupes offensives privilégiées sous les Sargonides. On comprend donc l'importance pour les rois assyriens d'obtenir des chevaux, dont l'élevage naisseur n'était pas pratiqué en Assyrie même mais dans des régions voisines comme l'Iran occidental ou l'Urartu avec lesquelles il fallait donc maintenir des contacts constants pour obtenir les animaux en tant que tribut.

Représentation du siège d'une ville par les Assyriens, avec tour de siège et bélier, bas-relief du IXe siècle av. J.-C.

Pour soumettre les villes ennemies, les Assyriens ont développé la poliorcétique, une nouvelle fois bien connue grâce aux bas-reliefs[143]. Ils disposaient dès les débuts de la période néo-assyrienne de béliers de 5 à 6 mètres de long montés dans des tours mobiles dans lesquelles se positionnaient des archers qui pouvaient le cas échéant investir les murailles adverses. Plus tard, des béliers plus légers sont mis au point. Les assiégés pouvaient tenter de détruire ces machines de sièges en les incendiant grâce à des flèches ou de la naphte enflammées, ainsi que de l'huile bouillante. La destruction de fortifications adverses pouvait également se faire par la méthode de la sape.

Les pratiques militaires : campagnes, pillages, destructions et déportations

Tablette des Annales de Tukulti-Ninurta II (890-884) relatant une campagne menée contre l'Urartu.

« Je partis de la ville de Kalkhu, je traversai le Tigre, et je me dirigeai vers le pays de Qipanu. Je reçus le tribut des princes du pays de Qipanu, dans la cité de Husirina. Pendant que je séjournai dans la cité de Husirina, je reçus le tribut de Itti', l'Azalléen, et de Giridadi, l'Asséen : de l'or, du petit bétail et des ballots de laine. Au même moment, je reçus aussi des troncs de cèdre, de l'argent, de l'or : le tribut de Qatazili, le Kummuhéen. (...)
Je me dirigeai vers la ville de Udu, la citadelle de Labturu, fils de Tupusu. Je fondis sur la ville : je passai par le fil de l'épée 1 400 hommes, je pris vivants 580 hommes et emmenai 3 000 prisonniers. Les hommes survivants, j'en empalai sur des pieux tout autour de la ville ; à d'autres, je fis arracher les yeux. Le reste, je les emmenai en Assyrie. La ville, j'en pris possession. »

La vision assyrienne : tribut, massacres et déportations en Anatolie orientale sous Assurnasirpal II (865 av. J.-C.), d'après ses Annales[144].


« Salmanasar, roi d’Assyrie, monta contre lui (Osée) ; et Osée lui fut assujetti, et lui paya un tribut. Mais le roi d’Assyrie découvrit une conspiration chez Osée, qui avait envoyé des messagers à So, roi d’Égypte, et qui ne payait plus annuellement le tribut au roi d’Assyrie. Le roi d’Assyrie le fit enfermer et enchaîner dans une prison. Et le roi d’Assyrie parcourut tout le pays, et monta contre Samarie, qu’il assiégea pendant trois ans. La neuvième année d’Osée, le roi d’Assyrie prit Samarie, et emmena Israël captif en Assyrie. Il les fit habiter à Kalakh, et sur le Khabur, fleuve de Gozan, et dans les villes des Mèdes. »

La vision des vaincus : prise de Samarie et déportation de sa population (722 av. J.-C.), d'après le Deuxième Livre des Rois[145].


À partir de l'époque médio-assyrienne et surtout des premiers temps de la période néo-assyrienne, les souverains d'Assyrie ont pris l'habitude de mener des campagnes militaires annuelles servant à assurer la soumission de régions plus ou moins éloignées du cœur de l'Assyrie, au cours desquelles ils reçoivent les hommages de rois qu'ils ont vaincus ou qui se sont soumis d'eux-mêmes, et sur lesquels ils prélèvent un tribut[146]. On est donc en présence d'un système visant à maintenir une zone d'influence. Les campagnes assyriennes sont généralement relatées dans les Annales des rois de façon stéréotypée : on décrit le parcours suivi par les troupes, les combats de façon simple, la soumission des ennemis, les destructions, déportations, prélèvements de tributs. Des oracles étaient consultés pour savoir si les dieux approuvaient le départ des troupes, de façon à être sûr de recevoir le soutien divin nécessaire à la victoire. Des devins accompagnaient d'ailleurs les troupes pour scruter les signes divins pouvant survenir à tout moment. Les opérations ont lieu durant une saison militaire qui dure approximativement de juin (fin des moissons) à octobre (début de l'automne). D'autres campagnes ont pour but de mater des révoltes, ou de faire face à une attaque ennemie. À partir du règne de Teglath-Phalasar III et du début de la conquête systématique des territoires soumis, la pratique des campagnes annuelles est abandonnée, et l'armée part surtout au combat pour réprimer des révoltes.

Pour s'assurer un avantage maximal sur leurs adversaires avant même la campagne militaire, les Assyriens avaient mis au point un service de renseignements, bien connu pour la préparation de l'offensive menée par Sargon II contre l'Urartu en 714[147]. Les gouverneurs des provinces frontalières et les préposés surveillant les rois vassaux de la région fournissaient des rapports réguliers sur l'état du royaume ennemi, et des patrouilles d'éclaireurs étaient postées dans des fortins frontaliers. Les rois assyriens disposaient probablement d'espions les informant de la situation dans les cours ennemies, leur permettant d'obtenir des informations décisives pour l'emporter. Ces espions pouvaient également tenter de soudoyer les alliés des ennemis et de diviser l'adversaire avant le combat.

La domination assyrienne s'appuyait également sur des pratiques de terreur servant à démobiliser les adversaires potentiels, à les soumettre psychologiquement[148]. Après la victoire, les habitants des régions qui s'étaient opposées à l'autorité assyrienne pouvaient subir des supplices terribles que les souverains assyriens ont fait relater et représenter longuement et avec beaucoup de détails dans leurs Annales et sur les bas-reliefs de leurs palais. Ils ont laissé une réputation de cruauté sans états d'âme, qui s'appuie sur des événements réels même s'il ne faut pas exagérer sa spécificité, puisque de telles pratiques étaient courantes à des périodes antérieures[149]. Le but de ces mesures était de contrôler les régions soumises par la terreur. De même, les victoires étaient généralement suivies par des pillages qui pouvaient apporter à l'Assyrie des richesses importantes ou bien des produits stratégiques, ainsi que des esclaves ou des dépendants, comme lors du tribut[150].

Les Assyriens pratiquaient également la déportation à la suite des opérations militaires. Là encore, les finalités sont politiques et économiques : il s'agit d'affaiblir des pays vaincus, de mater les velléités de révolte, mais aussi de réorganiser certaines régions manquant de population, notamment pour remettre en valeur leurs terres, ou encore de se procurer une main-d'œuvre qualifiée dans certaines spécialités artisanales. Mais le coût humain de ces pratiques pouvait être considérable, puisque beaucoup de gens ne survivaient pas au déplacement qui s'effectuait dans des conditions difficiles. Ces pratiques ont entraîné un brassage considérable de populations : on a pu estimer que 4,5 millions de personnes avaient été déportées durant la période néo-assyrienne en extrapolant les données des inscriptions royales qui paraissent fiables (et documentent au moins 1 320 000 déportés), dont près de 400 000 sous Teglath-Phalasar III et près de 470 000 sous Sennachérib[151].

Le contrôle des territoires soumis

Modalités de l'expansion du royaume assyrien

À partir du XIVe siècle, l'Assyrie devient une puissance politique qui se constitue en vaste État territorial en quelques décennies. Les modalités de l'organisation générale du royaume médio-assyrien sont l'objet d'un débat. J. N. Postgate divise la région dominée par l'Assyrie entre le « pays d'Assur (le dieu) », appelé māt Daššur dans les textes assyriens, qui est l'Assyrie à proprement parler, le centre du royaume constitué autour de la capitale, Assur, territoire qui appartient au dieu Assur, véritable maître du royaume dont les sujets doivent participer au culte, et les régions soumises au « joug d'Assur », les royaumes clients de l'Assyrie qui lui versent un tribut[152]. On serait donc en présence d'une expansion en « tache d'huile » à partir d'un centre. Pour M. Liverani, le royaume médio-assyrien s'est étendu suivant un réseau composé de points de commandement ou d'avants postes formant des « îlots » assyriens en territoire soumis[153]. Plutôt que de les opposer, on peut remarquer que les deux modèles ne s'excluent pas forcément. Le royaume assyrien est une puissance fonctionnant en gros selon le modèle des autres grands royaumes de l'époque, comme celui des Hittites, qui dominent plusieurs royaumes vassaux et se considèrent égaux entre eux.

Après la rétraction du royaume à la suite des assauts répétés des Araméens, une nouvelle phase d'expansion débute après 911. Durant la première partie de la période néo-assyrienne, le royaume assyrien fonctionne selon des modalités traditionnelles : ses souverains cherchent à établir une vaste zone d'influence où se trouvent des royaumes vassaux qui lui versent un tribut de gré ou de force. La différence avec la période précédente est que l'Assyrie a de moins en moins de rivaux à sa hauteur, si on excepte par moments Babylone ou l'Urartu. Progressivement, les ambitions des rois assyriens se portent vers la domination universelle, donc une domination véritablement impériale. C'est à partir de Teglath-Phalasar III ou de Sargon II que l'on peut parler d'un véritable empire[154] : avec ces rois les États vassaux sont de plus en plus contrôlés puis souvent incorporés dans le royaume assyrien, et on recherche d'une manière générale un contrôle plus fort et direct des territoires soumis. Cela est notamment illustré par la mise en place d'un réseau de communication plus performant à l'échelle de l'empire, essentiel pour assurer la cohésion de l'empire[155].

L'organisation des provinces et des royaumes soumis

À l'époque médio-assyrienne, le royaume qui se constitue est vite découpé administrativement après les conquêtes, selon un principe qui perdure par la suite[156]. On crée des provinces (pāhutu), administrées par un gouverneur (bēl pāhāti, plus tard aussi appelé šaknu). Il veillait au prélèvement des taxes et tributs, dont il conservait une partie pour ses propres besoins et ceux des troupes dont il disposait, et reversait le reste au pouvoir central, et il devait assurer la sécurité de la province, renseigner le roi sur ce qui s'y passait. Quelquefois, une charge de l'administration centrale entraînait l'administration d'une province précise. Les provinces étaient divisées à leur tour en districts (halṣu), qui ont aussi leurs administrateurs (hassihlu). Tout ce système faisait sans doute l'objet d’une surveillance par le pouvoir central, effectuée par un dignitaire appelé qēpu. Au niveau local, on trouve d'autres agents royaux : les « maires » (hāzānu), et les inspecteurs (rab ālāni) chargés de la collecte des taxes.

Le roi Jéhu d'Israël faisant sa soumission à Salmanazar III, détail de l'« Obélisque noir » retrouvée à Kalkhu.

À côté des provinces administrées directement par des gouverneurs assyriens, on trouvait un ensemble de royaumes vassaux. Leurs rois avaient prêté serment de fidélité au roi assyrien (māmītu à l'époque médio-assyrienne, adê à l'époque néo-assyrienne), en échange de sa « protection »[157]. Ils devaient verser un tribut. De nombreux textes de tels traités datant de la période néo-assyrienne ont été mis au jour dans les capitales assyriennes[158].

À la période néo-assyrienne, de nombreux royaumes vassaux sont transformés en province après des rébellions, surtout à partir de Teglath-Phalasar III dans la seconde moitié du VIIIe siècle[159]. Les Assyriens éliminent leurs élites ou les déportent pour les remplacer par un gouverneur pro-assyrien, voire assyrien lui-même. Une tendance à la division des provinces se dessine au même moment, de façon à éviter à ce que certains gouverneurs n'obtiennent des pouvoirs trop importants. Les charges d'administration de provinces d'importance cruciale, notamment les marches frontalières, sont confiées à des hauts dignitaires détenteurs de charges de l'administration centrale.

Quelques villes disposaient de situations privilégiées : le roi leur avait accordé des franchises (zakūtu)[160]. C'est le cas de grandes villes d'Assyrie, comme Assur, de certaines en Babylonie comme Nippur ou Babylone. Le roi accordait ce privilège en remerciement du soutien que lui avaient apporté ces cités lors de révoltes, ou pour éviter qu'elles ne se révoltent.

Le rapport entre le centre et les périphéries : prédation et émulation

Parce que ce sont ses aspects les plus arbitraires et brutaux qui sont les plus visibles dans nos sources, la domination assyrienne sur les territoires soumis paraît se faire largement aux dépens de ces derniers, surtout à l'époque néo-assyrienne. Le centre de l'empire, le cœur traditionnel de l'Assyrie, s'enrichit des tributs prélevés sur les périphéries dominées, et des flux de populations déportées, notamment les élites et les meilleurs artisans, qui saignent les pays vaincus déjà souvent ravagés par les pillages et destructions violentes accomplis par les armées assyriennes. L'empire est ainsi une « vaste entreprise d'exploitation de ressources des vaincus »[161]. C'est donc sous un aspect prédateur que peut apparaître la domination assyrienne[162]. Cette impression est renforcée par l'image très négative que la Bible hébraïque a laissé des Assyriens.

Pourtant, cette vision noire de la domination néo-assyrienne peut être nuancée[163]. Le développement d'une demande de produits de la part des Assyriens, qu'il s'agisse de tributs ou de commerce, peut avoir pour effet de stimuler l'économie de régions vassales, comme celle de la Phénicie dont les artisans réalisent de nombreux produits de luxe très prisés par les élites assyriennes. Du reste, le système de tribut n'est pas totalement arbitraire car il prend en compte les spécialités et les capacités des pays qui y sont soumis, et n'a sans doute pas pour effet de saigner l'économie de ces derniers[164]. Les Assyriens ont également cherché à réorganiser certaines régions périphériques et à les mettre en valeur, comme le sud-est anatolien autour de l'actuelle ville de Diyarbakır où ils établissent des garnisons et des colons agricoles déportés[165]. Dans le pays mède, la domination assyrienne et la demande du tribut en chevaux nécessaires à l'armée se sont sans doute faites sans trop affecter les élites locales, qui en ont probablement profité[166]. On peut donc envisager que dans plusieurs cas les élites locales, ou une partie d'entre elles, adhèrent à la domination assyrienne si elle les sert. L'art des régions périphériques est parfois inspiré par celui des Assyriens[167]. L'Assyrie même s'ouvre aux influences extérieures, visibles dans l'art ou l'architecture, avec par exemple la construction d'édifices d'origine syrienne appelés bīt hilāni dans les grands palais néo-assyriens[168]. De plus, on remarque que l'Assyrie incorpore dans l'administration centrale un nombre croissant d'éléments non-assyriens, avant tout araméens.

Les Assyriens : les hommes et leurs activités

La société de l'Assyrie antique est une société marquée par des inégalités importantes que ne reflète pas forcément la terminologie attestée dans les textes qui reflète avant tout une conception juridique ou administrative des groupes sociaux. La majorité de la population vit de l'agriculture, dans un espace de transition entre la zone où les précipitations sont suffisantes pour faire pousser des céréales et là où elles ne le sont pas. La société rurale semble dominée par un grand nombre de dépendants soumis aux grands propriétaires issus de l'administration royale, et elle fait face à l'époque néo-assyrienne à la croissance des grandes villes, dont les capitales créées parfois à partir de rien par les souverains, ce qui aurait pu avoir eu pour conséquence de déstabiliser les structures économiques et sociales de l'Assyrie. Quoi qu'il en soit, il apparaît que l'État occupe un rôle de plus en plus important au cours du temps dans l'évolution de l'économie et de la société.

Structures et dynamiques sociales

Catégories sociales

Les Lois assyriennes, corpus de dispositions législatives compilé au XIIe siècle mais traduisant un droit plus ancien, nous donnent des renseignements sur les catégories composant la société médio-assyrienne telles qu'elles étaient perçues dans un cadre juridique[169]. On peut les croiser avec les documents de la pratique de la même période. Les gens pouvaient être classés de différentes façons, que ce soit en fonction du degré de liberté dont ils disposaient, de leur rôle économique, voire de leur provenance géographique[170]. Pour reprendre le critère le plus simple, la société assyrienne se divise traditionnellement entre hommes libres (a'īlu), esclaves (ardu, qui signifie en fait « serviteur » au sens large et peut dans d'autres cas désigner des gens libres) et une catégorie intermédiaire de personnes appelées « Assyriens » (aššurāiu), dont le statut exact est mal défini mais qui disposent d'un statut inférieur à celui de la première catégorie et sans doute d'un degré de liberté moindre[171].

Le terme « Assyrien » est encore employé à la période néo-assyrienne, mais dans un sens signifiant l'appartenance au groupe des sujets de l'Assyrie. On les appelle également mār aššur, littéralement « fils d'Assur »[172]. Cela reflète une caractéristique de cette période, à savoir le fait qu'on désigne les peuples du royaume par des termes sans connotation juridique précise : on parle de « gens » (nišê), d'« individus » (napšāti), ou encore de « troupes » (ṣābê). Ces termes vagues peuvent aussi bien désigner des libres que des non-libres. La seule chose qui semble importer est leur vocation à servir l'administration[173]. Pour cette période comme pour la précédente, c'est la position dans et par rapport à l'administration royale qui détermine le mieux la place dans la société. De plus, cette terminologie reflète également la volonté d'accueillir dans l'empire des gens qui ne sont pas des Assyriens au sens ethnique du terme, mais qui occupent une place croissante aussi bien dans les villes que dans les campagnes du centre du royaume à la suite des nombreuses déportations organisées par les rois néo-assyriens, et qui tendent à accroître la diversité ethno-linguistique de cette région, et à entraîner l'« aramaïsation » progressive de la population de la Haute Mésopotamie[174].

Parmi les populations qui ne sont pas assyriennes au sens ethnique du terme, une partie constitue un groupe qui se distingue par son mode de vie : les nomades ou semi-nomades, regroupés en tribus et qui évoluent notamment dans la zone de steppes de la Djézireh où ils font paître leurs troupeaux tandis qu'une autre partie du groupe peut s'établir dans des villages pour pratiquer l'agriculture. Ce mode de vie est mal connu par les sources de l'époque, qui le documentent toujours de façon indirecte et sans doute biaisée, et on le reconstruit par des modèles actuels s'appuyant sur des témoignages récents sur le semi-nomadisme en Haute Mésopotamie, ce qui laisse donc une part d'incertitude[175]. Ces communautés ont pu vivre en symbiose avec les groupes de sédentaires agricoles auxquels elles apportaient les produits de l'élevage dans lequel elles étaient spécialisées, et en fournissant parfois une main-d'œuvre d'appoint et aussi des troupes auxiliaires appréciées par l'armée en raison de leur mobilité et de leur bonne connaissance des régions semi-désertiques. Les nomades apparaissent pourtant souvent dans nos sources comme des fauteurs de troubles, des pilleurs potentiels difficiles à saisir. À l'époque médio-assyrienne, les textes mentionnent surtout les Sutéens, les Ya'uréens du Moyen-Euphrate[176], puis de plus en plus le groupe des Ahlamu, qui est par la suite associé à celui des Araméens[177],[178]. L'armée néo-assyrienne inclut des corps issus de groupes nomades, comme les Ituéens qui servent pour les missions de patrouille. Après la chute de l'empire, ce sont des tribus arabes qui s'installent de plus en plus dans la région du Moyen-Euphrate, qui est parfois appelée « Arabie » dans les textes d'auteurs grecs[177],[179].

Une société patriarcale

« § A5 : Si l'épouse de quelqu'un a volé quelque chose de valeur, plus de 5 mines d'étain, dans la maison de quelqu'un d'autre, le propriétaire des biens volés devra prononcer un serment, disant « Je ne l'ai pas incitée, en lui disant : Commets un vol dans ma maison ! » Si le mari est d'accord, il (le mari) restituera les biens volés et il la retiendra ; il lui coupera les oreilles. Si le mari ne souhaite pas la retenir, le propriétaire des biens volés la prendra et lui coupera le nez.
§ A7 : Si une femme a porté la main sur un homme et si on le lui a prouvé, elle donnera 30 mines d'étain et on la frappera de 20 coups de bâton.
§ A37 : Si quelqu'un répudie son épouse, si cela lui plaît il lui donnera quelque chose ; si cela ne lui plaît pas, il ne lui donnera rien ; elle s'en ira (les mains) vides.
§ A53 : Si une femme avorte son fœtus de son propre fait et qu'on prouve les charges pesant sur elle et qu'on établit sa culpabilité, elle sera empalée, on ne l'enterrera pas. Si elle meurt des conséquences de l'avortement de son fœtus, elle sera empalée, elle ne sera pas enterrée. »

Le statut des femmes dans les Lois assyriennes[180].


L'unité de base de la société assyrienne est la maisonnée, à la tête de laquelle se trouve le chef de famille, qui est dans la plupart des cas un homme[181]. Les Lois assyriennes assurent sa prééminence au sein de la maisonnée à l'époque médio-assyrienne. Il dispose dans certains cas extrêmes du droit de mettre en gage des membres de sa famille lors d'un prêt (femme, enfants, voire des esclaves)[182], ou encore de vendre ses enfants (surtout ses filles) en cas de famine[183]. Dans le cas de crimes commis par ou envers un membre de la famille, c'est le chef de maison qui a souvent la possibilité d'exécuter le châtiment : si une femme vole un bien, le chef de maison lésé peut lui couper son nez, à moins que son propre mari ne lui coupe l'oreille[184]. On notera au passage la sévérité caractéristique de ce corpus de lois. La femme est systématiquement dans une position d'infériorité : si une femme frappe un homme, la sanction est une lourde amende et vingt coups de bâtons[185], tandis que le chef de famille est autorisé à frapper son épouse ou sa fille, sans excéder la limite des peines prescrites par les lois (il ne peut donc pas décider de la mettre à mort, ou la mutiler)[186].

Les Lois assyriennes nous renseignent beaucoup sur le droit du mariage[187] : il est négocié par les chefs de famille, et donne lieu à des échanges de dots et contre-dots. Les Assyriens pratiquent le lévirat, c'est-à-dire qu'une veuve peut être forcée à épouser le frère de son défunt mari. Le mari peut dissoudre le mariage de son propre chef sans forcément compenser l'épouse répudiée. À l'époque néo-assyrienne, il est parfois envisagé dans des contrats de mariage que l'épouse rompe l'union de son propre chef[188]. Les propriétés personnelles de l'épouse, dont sa dot, ne sont pas à sa libre disposition en théorie, le mari devant les gérer, même s'il semble que dans la pratique certaines épouses aient une marge d'autonomie dans la gestion de leurs biens. Un homme peut prendre deux épouses voire plus, même s'il doit y avoir une hiérarchie entre la première et la seconde. Mais la polygamie est peu attestée en dehors du cercle des élites. Dans le Recensement de Harran, d'époque néo-assyrienne (voir plus bas), les familles de dépendants ruraux qui sont décomptées sont de structure nucléaire, monogame et patriarcale[189].

Les institutions, le pouvoir royal et les évolutions sociales à l'époque impériale

Comme les autres sociétés du Proche-Orient ancien, la société assyrienne est dominée par des institutions qu'A. L. Oppenheim a qualifié de « grands organismes »[190]. Il s'agit concrètement des palais, organismes dépendant du pouvoir royal, dont les plus importants sont les palais royaux et qui comprennent aussi les palais provinciaux, ainsi que des temples, qui ont traditionnellement un rôle plus effacé en Haute Mésopotamie qu'en Basse Mésopotamie, et sont encadrés de très près par le pouvoir royal. Ce sont des acteurs essentiels de la vie économique, qui possèdent des terres, des ateliers, montent des expéditions commerciales, et emploient un personnel divers et nombreux (scribes administrateurs, travailleurs libres ou non libres), rétribué par des rations ou l'attribution de terres en bénéfice. L'administration du palais est gérée à l'époque néo-assyrienne par le maire ou majordome du palais (ša pān ekalli)[191]. Celle des temples est prise en charge par un grand prêtre (šangû) assisté d'un scribe en chef (ṭupšar bīt ili)[192]. Les domaines des hauts dignitaires du royaume, ainsi que ceux des femmes occupant les plus hauts rangs à la cour, sont gérés d'une façon similaire à celle des grands organismes, comme on le constate par exemple dans l'administration du grand domaine de Tell Sabi Abyad à l'époque médio-assyrienne (voir plus bas)[193].

Dans un tel système, c'est donc la place dans ces grands organismes qui détermine la place dans la société. De plus en plus, et notamment à l'époque néo-assyrienne et surtout celle des Sargonides, c'est le fait d'être au service du roi qui permet de s'enrichir le plus vite et de se constituer un patrimoine important. Le roi attribue ainsi de nombreuses terres à des individus qui lui ont rendu des services ou bien aux temples, et octroie aussi des exemptions de taxes et de corvées[194]. En considérant de plus en plus les gens comme de simples sujets au service du royaume sans distinction juridique précise, le pouvoir royal rend la fortune et la puissance de plus en plus dépendantes des fonctions et des faveurs qu'il concède. Plus on est proche du pouvoir, plus on occupe un rang élevé dans la société. De ce fait, l'élite de la société assyrienne a pu être qualifiée de « noblesse de fonction »[195].

L'impact du pouvoir royal sur la société est plus large : par sa politique de déportations, la construction de nouvelles villes et la mise en valeur de nouveaux terroirs ruraux, il contribue à modifier la vie de ses sujets de façon non négligeable. Le poids des mobilisations pour l'armée, des taxes et des corvées ont également pu jouer un rôle dans l'évolution des sociétés, en rendant plus vulnérables les sujets assyriens qui y étaient soumis. Les couches sociales basses de la société assyrienne semblent en tout cas connaître un affaiblissement démographique marqué à la fin de la période impériale[81]. L'état économique et démographique de la population assyrienne à la fin de l'empire reste cependant encore à déterminer avec plus de certitudes, et la part de responsabilité de la politique royale dans ces évolutions est difficile à établir avec certitude car nos sources sont trop limitées.

Les campagnes assyriennes

Article connexe : Agriculture en Mésopotamie.

Paysages et peuplement ruraux et aménagements agricoles

Le Tigre dans la région de Mossoul de nos jours.
Les ensembles régionaux de l'agriculture mésopotamienne antique.

La Haute Mésopotamie est une région de plateaux incisés par quelques cours d'eau. Les sols, bruns ou rouges, sont potentiellement bien fertiles, mais il faut pour cela que l'eau soit disponible, et c'est cette question qui est cruciale pour comprendre les enjeux de l'agriculture dans la région[196]. Celle-ci est en effet située entre les zones d'agriculture sèche, où les précipitations sont suffisantes pour que l'irrigation ne soit pas nécessaire pour faire pousser des céréales, et les zones où l'irrigation est nécessaire. Il faut en gros plus de 250 millimètres de précipitations par an pour pouvoir espérer faire pousser de l'orge, un peu plus pour du blé. La zone de transition entre les deux espaces est en fait fluctuante selon les années, ce qui fait que l'agriculture est soumise à de nombreux aléas dans une bonne partie de la frange méridionale de la Haute Mésopotamie, notamment la région appelée basse Djézireh, entre Tigre et Euphrate, où les pluies ne surviennent qu'en hiver, la sécheresse empêchant la culture non irriguée le reste de l'année et réduisant la plaine à l'état de steppe. Le cœur de l'Assyrie et les plateaux du Nord de la Haute Mésopotamie, dans la région appelée haute Djézireh, peuvent pratiquer l'agriculture sèche avec sécurité, même si l'irrigation peut servir de complément pour augmenter les rendements. Les pluies sont surtout concentrées en hiver là aussi. Hormis les deux grands fleuves que sont le Tigre et l'Euphrate, aux régimes capricieux, il y a très peu de cours d'eau pérennes permettant une irrigation toute l'année : les deux Zab, le Khabur, alors que le Balikh est à sec en été. Les zones montagneuses qui bordent ces régions sont plus froides et humides en hiver, mais sèches en été ; on y trouve du bois d'œuvre tiré de conifères comme les cèdres ou les pins qui y poussent.

Les campagnes assyriennes font l'objet de plusieurs opérations de mise en valeur initiées par le pouvoir royal. À l'époque médio-assyrienne, à partir du règne de Salmanazar Ier (1275-1245), on implante de nouveaux établissements ruraux aux côtés de nouveaux centres administratifs dans la Djézireh, et on crée des nouveaux canaux d'irrigation comme autour de Tell Sheikh Hamad[197]. Quand cette région est reconquise par les rois néo-assyriens à partir du IXe siècle, des opérations similaires s'y produisent, avec la déportation et l'établissement de colons agricoles[198]. Les souverains font également réaliser des canaux d'irrigation pour tenter de cultiver de nouvelles terres ou d'en rendre plus productives autour des grandes capitales qu'ils construisent en Assyrie même, dans le but d'assurer leur approvisionnement. Le système réalisé autour de Ninive au temps de Sennachérib en est l'illustration la plus remarquable[199].

Le peuplement des campagnes de la Haute Mésopotamie, connaît des changements importants entre le IIe et le Ier millénaire, décelables dans les résultats des prospections archéologiques effectuées dans plusieurs zones, et qui sont sans doute dus en partie à l'action volontariste des souverains néo-assyriens[200]. Durant l'Âge du Bronze récent, qui prend fin avec la fin de la période médio-assyrienne dans la région, le peuplement rural est dominé par un habitat nucléaire construit sur des tels dominant les zones de culture, ce qui correspond au peuplement traditionnel de la Haute Mésopotamie depuis plusieurs siècles. Un changement se produit au début de l'Âge du Fer, dans les premiers siècles du Ier millénaire, surtout aux VIIIe et VIIe siècles. La plupart des tells déclinent et le peuplement se disperse en plusieurs petits villages ou hameaux situés sur les collines ou dans les basses vallées, qui sont sans doute les établissements ruraux que les textes nomment kapru. De petites villes ou bourgades (ālu) peuvent également servir de centres de peuplement en milieu rural[201]. Une dernière forme d'habitat des campagnes assyriennes est l'habitat fortifié pouvant servir de centre d'une grande exploitation, comme c'est le cas pour les constructions appelées dunnu à l'époque médio-assyrienne connues notamment par les archives de Giricano[202] et Tell Sabi Abyad, où a été dégagé un groupe de bâtiments d'une soixantaine de mètres carrés entouré d'une muraille et intégrant une tour, qui couronne le tell et domine donc la campagne environnante[193]. Ils servaient de centre économique et administratif mais aussi d'avant-poste militaire et de relais routier (où des taxes de douane étaient perçues).

Le paysage des campagnes assyriennes[203] est donc marqué par divers types d'habitats hiérarchisés, les canaux d'irrigation là où on en a construit, auxquels on peut ajouter des constructions d'exploitation comme des enclos pour parquer quelques têtes de bétail, des aires de battage, des citernes. Les zones cultivées des fonds de vallées sont constituées de champs céréaliers qui dominent largement, mais aussi de vignes, de jardins, tous de taille généralement réduite, et opposés à la steppe (madbaru à l'époque néo-assyrienne) qui sert pour faire paître les troupeaux d'ovins et de caprins. Du fait des aléas climatiques, mais aussi socio-économiques, la taille de l'espace cultivé et celle de l'espace de steppe varient selon les années.

Structures agraires

Les terres agricoles de la période médio-assyrienne peuvent être classées en plusieurs catégories suivant leur mode d'exploitation[204]. D'abord les terres dépendant directement du pouvoir royal, gérées depuis le palais, qui joue un rôle crucial en tant qu'institution économique. Plus largement, il semble bien que le roi ait disposé d'une propriété éminente sur toutes les terres du royaume, peut-être au nom du dieu Assur[205]. Il est donc complexe de différencier les deux autres types de terres, à savoir les terres privées, et les terres concédées par le palais en échange d'un service ou d'une fonction qu'accomplit le détenteur pour le compte de l'administration royale. Les terres privées, qui pouvaient être possédées par un seul individu ou de manière collective par plusieurs personnes (notamment à la suite d'une indivision), et de taille généralement plus réduite que les terres du palais, étaient en effet soumises à l'ilku, service à accomplir pour le compte de l'administration royale. Dans les grands domaines, il s'agit souvent d'un service militaire pris en charge par le propriétaire qui lève et équipe ses troupes parmi les dépendants (ušbūtu, littéralement « résidents ») qui y travaillent pour son compte. Le service pouvait également être converti en corvée. Si l'ilku n'est pas accompli pour le compte du royaume, la terre peut être confisquée par le palais. L'État contrôle également les transactions de terres agricoles, qui doivent être précédées d'une proclamation publique pour éviter les contestations ultérieures, et une copie du contrat de vente est déposée dans les archives publiques[206]. Les structures agraires de la période néo-assyrienne ne semblent pas différer fondamentalement de celles de la période médio-assyrienne[207], même si le système de l'ilku n'est attesté que dans le cas de terres concédées par le palais. Les donations de terres à des temples par le roi sont bien connues à cette période.

D'une manière générale, les rapports de production dans les campagnes assyriennes sont largement défavorables à la petite paysannerie. Dès la période médio-assyrienne, on remarque que les transactions immobilières résultent souvent d'une hypothèque de la terre, à la suite d'un prêt comprenant un gage en antichrèse (le prêteur peut saisir la terre du créditeur en cas de non-remboursement à temps)[208]. Les nobles ont dès cette époque de vastes domaines, constitués à la suite de leur implication dans l'administration du royaume lors de son expansion, qui amène à leur enrichissement et à des dons de terre par le pouvoir. Le cas le mieux connu de ce type de grand domaine est celui de Tell Sabi Abyad, propriété d'Ila-pada, « grand vizir » de trois rois assyriens et « roi du Hanigalbat » au début du XIIe siècle, qui en a confié la gestion à un intendant[193]. Ce dernier gère depuis le centre fortifié de l'exploitation (dunnu) près de 900 dépendants répartis dans plusieurs villages ou hameaux. Deux catégories de dépendants agricoles sont connues dans les sources de cette période[209] : des non-libres, les šiluhli, dépendants ruraux attachés à la terre qu'ils cultivent, et des ālaiū (littéralement « villageois »), personnes libres travaillant pour un grand propriétaire qui a probablement racheté leur terre, mais qui ont la possibilité de racheter leur liberté.

À la période néo-assyrienne, cette situation inégalitaire semble perdurer voire s'accentuer[210]. Les hameaux (kapru) dépendent souvent de grands propriétaires, qui peuvent posséder de vastes domaines (jusqu'à 2 000 hectares, souvent quelques centaines) mais qui ne sont jamais d'un seul tenant. C'est le cas du ou des domaine(s) attesté(s) dans le Recensement de Harran, document cadastral du règne de Sargon II qui enregistre des propriétés dispersées et les chefs de maisonnées de dépendants qui y travaillent, avec leur famille[211]. Quant aux petites exploitations les plus courantes, elles font environ une vingtaine d'hectares. La puissance terrienne des nobles assyriens fait face au pouvoir croissant des souverains, surtout sous les Sargonides qui peuvent confisquer ou concéder de vastes propriétés selon l'évolution de leur faveur. De ce fait, et grâce à la taille de ses domaines, c'est le pouvoir royal qui semble bien dominer l'économie agricole à cette période.

Productions agricoles

Champ de céréales près de l'Euphrate dans l'ouest de l'Irak de nos jours.

La base de la production agricole est la culture céréalière, essentiellement celle de l'orge (sumérien ŠE, akkadien še'u(m)), qui nécessite le moins d'eau pour arriver à maturité. Elle est cultivée en jachère biennale. Les outils agricoles utilisés pour travailler les champs céréaliers sont ceux qui sont employés depuis plusieurs siècles en Mésopotamie : l'araire à semoir (epinnu) tirée par des bœufs, la houe et la faucille. Les rendements des champs céréaliers de la Haute Mésopotamie ont pu être estimés à partir des données de tablettes médio-assyriennes provenant de divers sites de la Djézireh, qui nous montrent des situations très contrastées selon la région où l'on se trouve, l'appoint de l'irrigation, la qualité des terres[212]. À Nemad-Ishtar, en zone d'agriculture sèche, on trouve des rendements de 1/9 à 1/7,3, tandis qu'en région d'agriculture irriguée à Tell Sabi Abyad le rendement moyen semble être de 1/7,35 et à Dur-Katlimmu de 1/3 (mais on remarque des variations de 1/1 à 1/9 selon les champs). Les rendements sont généralement bien inférieurs à ceux de l'agriculture irriguée de Basse Mésopotamie à la même période, mais ils sont honorables pour une agriculture pré-moderne. L'investissement matériel, la possibilité d'irrigation par canal ou réservoir semblent primordiaux pour obtenir un bon rendement, ce qui fait que les terres de la couronne et des nobles sont les plus rémunératrices.

Les cultures arbustives sont également attestées, notamment à la période néo-assyrienne. Dans le Recensement de Harran, on trouve des vignobles de taille importante, comportant entre 4 500 et 29 000 pieds de vigne[213],[214]. Il s'agit manifestement d'une culture spéculative aux mains de nobles, en plein essor à cette période en Haute Mésopotamie occidentale. Le vin est un produit de luxe, très prisé dans les capitales assyriennes où il fait partie des produits distribués aux dignitaires par le palais royal, et aussi en Babylonie où on en importe encore depuis la Haute Mésopotamie au VIe siècle[215]. Le Recensement de Harran mentionne aussi la présence de vergers[213]. Les agriculteurs pouvaient cultiver à côté de cela une grande variété de plantes dans des potagers, mais en quantité faible : cresson, sésame, divers légumes secs, des oignons, des épices (coriandre, cumin, etc.), sont ainsi attestés dans les textes de Tell Sabi Abyad[216].

Les animaux élevés sont essentiellement des moutons et des chèvres, aux côtés desquels on trouvait des bovins, des ânes, ainsi que de la volaille et parfois des cochons[217]. Les tribus nomades de Haute Mésopotamie étaient spécialisées dans l'élevage de moutons et de chèvres. L'époque néo-assyrienne voit l'introduction en Assyrie du dromadaire depuis l'Arabie, ce qui permet l'ouverture de routes à travers les espaces désertiques.

Finalement, l'agriculture de l'Assyrie est plus extensive et donc moins productive que celle de Basse Mésopotamie, malgré une possible augmentation de la production au cours de la période néo-assyrienne, essentiellement par l'extension des terres et de l'irrigation[218]. Mais à cette vision optimiste de l'évolution des campagnes assyriennes peut être opposée une lecture plus pessimiste, mettant en avant les faiblesses structurelles de la paysannerie, liées essentiellement à sa vulnérabilité, à l'endettement, accentués au cours du temps par la croissance des prélèvements, voire les déportations et mobilisations militaires, et durant les derniers temps du royaume le développement de grandes villes consommatrices dont la demande croissante a pu constituer une pression trop importante pour les campagnes voisines[210]. Quoi qu'il en soit, ce système s'arrête à la chute du royaume assyrien, qui prive les campagnes du Nord mésopotamien de la politique volontariste d'extension des terres agricoles mise en place par les rois. La Haute Mésopotamie redevient alors ce qu'elle a été durant la majorité du Ier millénaire : une zone de peuplement rural clairsemé et peu dense, ce qu'observe encore Xénophon quand il la traverse vers 400[219], et la période néo-assyrienne semble n'avoir été qu'une parenthèse.

Les villes assyriennes

Article connexe : Ville en Mésopotamie.

Évolution de l'urbanisation en Haute Mésopotamie assyrienne

Localisation des principales villes assyriennes.

Le royaume assyrien se développe à partir du XIVe siècle en reprenant l'armature urbaine développée dans les périodes précédentes en Haute Mésopotamie. Plusieurs cités déjà existantes deviennent des centres administratifs, comme Ninive, Shibaniba (Tell Billa), Qattara (Tell Rimah), Dur-Katlimmu (Tell Sheikh Hamad), Harbe (Tell Chuera) et d'autres. Le très ancien site de Tell Brak, occupé un temps au début de la période médio-assyrienne, est abandonné peu après. Cette première phase peut avoir modifié le réseau urbain, mais pas son organisation générale, hiérarchisée entre centres administratifs, bourgades et villages. La capitale de l'Assyrie reste Assur durant la majeure partie de cette période. L'innovation la plus marquante est la ville neuve que crée sur un sol vierge Tukulti-Ninurta Ier (1233-1197) pour en faire sa capitale, et qu'il nomme Kar-Tukulti-Ninurta (« Fort Tukulti-Ninurta »)[220]. Cette tentative ne dépasse pas la durée de son règne, mais crée un précédent qui inspire peut-être les créations urbaines de la période néo-assyrienne.

La crise dans laquelle s'enfonce le royaume assyrien à la fin du IIe millénaire modifie les structures de l'habitat de la Haute Mésopotamie, et de nombreuses anciennes villes connaissent un déclin prononcé voire des abandons. Les Araméens fondent des principautés à partir de certains sites de la Djézireh comme Guzana (Tell Halaf). La phase de reconquête assyrienne qui débute en 911 amène l'établissement de nouveaux centres administratifs, dans plusieurs cas sur d'anciens sites comme Zamahe (le nouveau nom de Tell Rimah) ou Dur-Katlimmu. Les Assyriens y érigèrent plusieurs palais et contribuèrent sans doute au développement de certains sites, comme on le voit à Til Barsip (Tell Ahmar) ou Hadatu (Arslan Tash), et comme on peut le supposer pour le centre religieux et commercial de Harran qui prend une importance croissante durant la dernière phase du royaume[221].

« Je fis fondre et j'installai dans cette ville (Dur-Sharrukin) des populations des quatre coins du monde, de langues étrangères, aux parlers différents, originaires de la montagne et du plat pays, autant qu'en fait paître la lumière des dieux (le Soleil) et dont je me suis emparé sur l'ordre d'Assur, mon seigneur, par le pouvoir de mon sceptre. Pour les surveiller et les diriger, je leur mandai de vrais Assyriens d'une compétence universelle afin de leur apprendre comment se conduire et la révérence due à la divinité et au roi. »

Inscription de Sargon II : déportation et installation de populations lors de la fondation de Dur-Sharrukin[222].


Le phénomène le plus marquant de l'urbanisation de la Haute Mésopotamie durant la période néo-assyrienne est la création des nouvelles capitales par plusieurs souverains dans le cœur du pays assyrien[223]. Assurnasirpal II (883-859) transfère la capitale d'Assur à Kalkhu (Nimrud), située plus au nord, une ancienne ville secondaire qui est totalement refondue, mesurant environ 350 hectares et peuplée d'au moins 63 000 résidents. Vers 714, Sargon II déplace à son tour la capitale dans une ville créée ex-nihilo, Dur-Sharrukîn (Khorsabad). Celle-ci n'a pas le temps de s'installer à ce rang car le souverain suivant, Sennachérib, transfère la capitale dans la vieille ville de Ninive, qui est totalement refondée, et dont la taille passe de 150 à 750 hectares. On est donc en présence d'un phénomène sans précédent dans l'histoire mésopotamienne, à savoir les créations successives de plusieurs capitales, dont une à partir de rien, mais impliquant à chaque fois une planification de l'espace urbain, l'implantation d'une population très nombreuse (on estime à au moins 75 000 personnes la population de Ninive contre 15 000 avant les travaux[224]) souvent amenée là par la force. Ces programmes de construction et l'apparition de villes d'une taille sans précédent dans une région jusqu'alors peu urbanisée ont bouleversé l'équilibre de celle-ci : il fallait nourrir les résidents de ces cités qui ne produisaient pas eux-mêmes leur nourriture[225], ce qui a créé une demande croissante pour des campagnes voisines dont on a cherché à augmenter la productivité[226]. Il est possible que ces villes aient été hypertrophiées par rapport au pays dans lequel elles se trouvent, et aient créé un déséquilibre contribuant à affaiblir les campagnes voisines du fait de la croissance des prélèvements nécessaires pour nourrir leur population croissante[227].

La chute de l'empire assyrien met fin à ce réseau urbain, sans qu'on ne puisse savoir si cela est dû à des massacres et déportations succédant à la période des guerres qui conduisent à cette fin, ou bien aux conséquences de la chute de l'empire qui ne permet plus l'entretien de telles agglomérations. Du reste, il est possible que les problèmes démographiques aient précédé la fin de l'Assyrie[227]. Les centres urbains connus pour les siècles suivant la fin de l'empire sont très peu nombreux, même à l'échelle de toute la Haute Mésopotamie : en Assyrie même, on ne trouve guère que des mentions certaines d'Assur et surtout d'Arbelès qui devient le principal centre administratif, mais excentré par rapport à l'ancien cœur du royaume assyrien[228]. L'urbanisation ne reprend avec certitude qu'à partir du Ier siècle av. J.-C., sous la domination des Parthes, avant le développement de nouveaux centres comme Hatra. Dans la Djézireh, les principaux centres urbains connus pour cette période sont, dans la région du Khabur, Harran et Nisibe, auxquelles on peut ajouter Thapsaque sur le Moyen-Euphrate syrien.

L'espace urbain des villes assyriennes

Plan simplifié de la ville de Kalkhu au VIIIe siècle. On y repère le centre politico-religieux, sur le tell de Nimrud, et l'arsenal, sur le tell ʿAzar (« Fort Salmanazar »), surplombant la ville basse qui s'étend au nord.

L'urbanisme assyrien est difficile à étudier étant donnée la longue histoire des villes de la région, et du fait de la complexité des stratigraphies. Les fouilles se sont essentiellement concentrées sur les quartiers centraux des grandes capitales, et quasiment pas sur les espaces résidentiels. Depuis quelques années cependant, les fouilles de la Haute Mésopotamie syrienne apportent de nouveaux éléments à la connaissance des villes du royaume assyrien, même si là encore la documentation concerne surtout des bâtiments administratifs.

Traditionnellement, l'habitat urbain de la Haute Mésopotamie, Assyrie incluse, est organisé autour d'une ville haute située sur un tell dominant une extension plus récente, la ville basse[229]. Chacune de ces deux parties est généralement entourée par une muraille. La ville d'Assur répond à ce modèle : le centre politique et religieux est bâti sur un promontoire rocheux dominant le Tigre, et est appelé libbi āli, littéralement « le cœur de la ville », tandis que l'extension récente de l'espace urbain se fait en contrebas au sud du centre ancien, mais les deux ne sont pas séparés par une muraille[230]. Ninive et Kalkhu suivent également cette organisation. Probablement à partir de l'exemple d'Assur, la ville nouvelle de Kar-Tukulti-Ninurta, reprend le schéma d'une division entre un centre politico-religieux à l'écart du reste de la ville, mais cette fois-ci la limite entre les deux est matérialisée par un mur. Il n'y a pas de distinction topographique entre les deux puisque la ville est édifiée sur un terrain plat[231]. Les nouvelles capitales néo-assyriennes, Kalkhu, Dur-Sharrukin et Ninive, confirment et prolongent le triomphe de cette conception de l'espace urbain : le centre politico-religieux devient une véritable citadelle entourée de murailles, surplombant le reste de la ville[232]. On y trouve un ou plusieurs palais royaux, des résidences des élites du royaume, et des temples souvent associés à une ziggurat[233]. À la différence des villes mésopotamiennes traditionnelles, c'est le palais qui est l'édifice principal, celui qui fait l'objet du plus d'attentions, et non les constructions religieuses. On trouve encore dans ces villes une autre citadelle bien distincte du centre, constituant un arsenal (ekal mašarti), dont le cas le mieux connu est le « Fort Salmanazar » de Kalkhu. Avec le développement de cette dernière apparaît un autre élément caractéristique des nouvelles capitales assyriennes, précédé par des expériences à l'époque médio-assyrienne : les jardins royaux, servant parfois de véritables zoos, auxquels Sennachérib porte une très grande attention à Ninive[234].

Les fouilles d'Assur ont mis au jour environ 80 maisons de la période néo-assyrienne, alors que seulement une dizaine de résidences ont fait l'objet de fouilles sur les autres sites assyriens réunis[235]. On y distingue deux types de maisons en fonction de l'organisation des pièces. Le premier consiste en des résidences à organisation linéaire, plus petites (78 m2 au sol en moyenne), constituées d'une succession de pièces alignées, au nombre de 4 à 6 en moyenne. Le second type est constitué par des maisons à cour, plus vastes (192 m2 au sol en moyenne), comportant en général au moins une dizaine de pièces, disposées autour d'une cour centrale qui organise la circulation interne. Les contrats de vente donnent le nom et la fonction d'une partie des espaces ou salles de certaines résidences, qui ne sont pas toujours évidents à comprendre : on y trouve des magasins, des espaces de réception, des ateliers, des salles d'eau, et des pièces où on se couche qui sont sans doute à l'étage[236]. Les prospections dans la ville basse de Ninive au nord du tell de Kuyunjik ont révélé la présence d'un quartier résidentiel d'élites comprenant des maisons organisées autour de cours centrales[237], ainsi que de larges rues dont on retrouve l'écho dans les textes de Sennachérib commémorant la construction de sa capitale, où il perce de grandes avenues dont une « voie royale » de 31 mètres de large[238].

Les activités et la société urbaines

Les grandes villes assyriennes sont le cadre d'activités spécifiques. Alors que la plupart de la population rurale semble vivre dans un régime semi-autarcique, celle des villes participe à des circuits d'échanges plus vastes, animés en grande partie par le palais[239]. Les paysans devaient entrer en contact avec les villes et les palais provinciaux essentiellement pour obtenir des objets rares, notamment en métal, et pour verser des taxes[240]. Ces prélèvements ainsi que les tributs drainaient de nombreux produits, notamment les plus luxueux, vers les principaux centres administratifs, en premier lieu la capitale. De même, le commerce à longue distance sert essentiellement à amener vers les villes des produits de luxe destinés aux élites (voir plus bas).

Le développement des institutions palatiales dans les villes amenait à l'installation dans celles-ci d'une population constituée d'administrateurs, de serviteurs palatiaux, de marchands et de nombreux artisans[225]. On estime que le personnel des palais de Ninive sous Assurbanipal s'élevait à 13 000 personnes, réparties entre des domestiques, des courtisans, des scribes de l'administration, des prêtres, ou encore des gardes[241].

Les artisans sont généralement employés par le palais. À l'époque néo-assyrienne, ils travaillent suivant le système appelé iškâru : le palais fournit la matière première à l'artisan, qui lui restitue ensuite le produit fini. Les palais concentraient les principaux ateliers des villes, qui sont cependant souvent de taille réduite[242]. Un quartier artisanal de céramistes et de forgerons a pu être identifié à la suite des prospections au nord-est de Ninive, notamment grâce à de nombreux restes de tessons de céramique et de fours de potiers[243], mais aucun atelier n'a été fouillé dans une ville assyrienne. On sait par les textes que les arsenaux militaires des capitales comprenaient des ateliers où fabriquer et réparer les armes et l'équipement militaire. Les temples employaient également des artisans, à l'image de celui d'Assur dans la ville du même nom qui disposait d'un atelier spécialisé dans le travail d'objets destinés au culte, appelé bīt mummê[244]. Une étude concernant un groupe d'orfèvres de ce sanctuaire a émis l'hypothèse que ces derniers aient pu être organisés en « guildes », type d'institution dont l'existence en Mésopotamie antique fait débat[245].

Les échanges

Les modalités de circulation des produits

Les mouvements de produits sur lesquels nous sommes renseignés pour la période médio- et surtout néo-assyrienne sont avant tout des prélèvements forcés, résultant d'un rapport de force : il s'agit donc d'échanges non libres. Il prend la forme d'un tribut prélevé par le pouvoir royal assyrien en temps de paix ou après une guerre et qui est redirigé vers le centre de l'Assyrie[246]. Le tribut est évalué en fonction des spécialités et des potentialités de la région qui doit le verser, ce qui explique pourquoi il recoupe les circuits commerciaux. Il concerne avant tout des produits stratégiques comme des arbres, et sert de démonstration de prestige pour le pouvoir royal.

Les échanges libres, commerciaux, sont peu documentés pour ces périodes, comparé aux milliers de tablettes paléo-assyriennes de la correspondance commerciale provenant de Kültepe. Les palais et les sanctuaires montent des expéditions commerciales[247]. Le pouvoir royal détient peut-être des monopoles sur le commerce de produits stratégiques comme le fer ou les chevaux. Les institutions font appel à des marchands (tamkāru) pour les expéditions qu'elles organisent[248]. Ces marchands, dont le statut exact est débattu, peuvent également mener des activités privées, mais elles nous sont peu documentées, et on ne peut savoir quelle est la part respective du commerce des grands organismes et du commerce privé.

Selon le produit qui est en jeu, les acteurs et les modalités d'échange peuvent varier : pour les cèdres, seul l'État semble capable d'organiser l'abattage et le transport du produit dans le cadre du tribut, le palais semble également être le seul à demander de l'ivoire, mais la majorité des biens peut transiter par les circuits commerciaux. Du reste, les mouvements de produits à longue distance sont réservés à une élite restreinte, quel que soit le moyen par lequel ils transitent, et c'est souvent le palais ou son entourage qui les captent, avec ensuite la possibilité de les redistribuer. L'institution joue donc un rôle important dans les échanges locaux, surtout en ville, car les campagnes évoluent sans doute dans une situation d'autarcie, sauf pour obtenir l'outillage nécessaire qui devait être fourni par le palais[249].

Les circuits des échanges

Plusieurs peuples sont très actifs dans les échanges à longue distance au Ier millénaire, en premier lieu les Phéniciens, et de plus en plus les Arabes qui mettent en place des routes caravanières à travers les étendues désertiques de Syrie et d'Arabie grâce au dromadaire qu'ils ont domestiqué. Mais à peu près toutes les régions sont impliquées dans les échanges à longue distance, tandis que les échanges locaux et régionaux sont les plus importants en volume mais les moins documentés. De nombreux produits transitent sur les routes du Moyen-Orient assyrien, et on ne peut en relever que certains des plus importants[250]. Parmi les bois, le cèdre des montagnes du Liban ou de Syrie est très prisé par le pouvoir royal. Les bois de cyprès ou de buis font l'objet d'échanges. Divers métaux sont échangés : le cuivre, l'étain, l'or, l'argent, le fer. Leur provenance originelle est débattue : l'étain vient d'Ouzbékistan ou d'Iran, l'or d'Égypte ou peut-être d'Inde. Mais dans les faits les régions où ces métaux sont beaucoup échangés ne sont pas celles d'où ils sont extraits : l'approvisionnement en étain se fait beaucoup au Levant ou en Haute Mésopotamie. La cornaline, le lapis-lazuli et l'alun sont prisés par les institutions et les élites. L'ivoire provient d'éléphants d'Afrique, mais de plus en plus d'Inde, et de moins en moins de l'éléphant syrien qui est en cours de disparition au Ier millénaire. Les zones où l'Assyrie se fournit en chevaux sont en Iran actuel, chez les Mèdes, les Perses, en Élam, ou en Urartu, en Anatolie et en Syrie du Nord. Différents textiles, teints ou non, circulent également. Parmi les produits alimentaires, le vin est échangé à longue distance, mais la plupart des denrées périssables transitent plutôt à l'échelle locale voire régionale.

La culture assyrienne

L'Assyrie fait partie de la civilisation mésopotamienne antique, dont elle occupe la partie septentrionale, et qu'elle domine dans sa totalité durant les derniers temps de l'époque néo-assyrienne. On y retrouve donc les traits caractéristiques de cette civilisation : l'écriture cunéiforme écrite dans un dialecte de l'akkadien, une religion polythéiste mais dominée par la divinité tutélaire du royaume, le dieu Assur, qui se déroule essentiellement dans des lieux de culte urbains sous le patronage des souverains, et dont les prêtres sont les principaux savants, disposant de bibliothèques répertoriant une grande partie des savoirs de l'ancienne Mésopotamie. La culture assyrienne présente pourtant des spécificités, dues notamment aux héritages des traditions de Haute Mésopotamie qui sont distinctes de celle de la Basse Mésopotamie malgré l'influence prépondérante de cette dernière à toutes les périodes, tandis qu'on remarque des emprunts croissants aux peuples soumis par le royaume assyrien. Rien ne reflète mieux cette particularité que l'art néo-assyrien, illustration de la puissance du royaume, des influences extérieures qu'il assimile, mais aussi de sa capacité d'innovation.

Langues et écritures

L'écriture cunéiforme en Assyrie

Inscription royale en cunéiforme sur pierre, d'époque néo-assyrienne avec une graphie très régularisée.
Article détaillé : Cunéiforme.

L'écriture pratiquée en Assyrie à partir du début du IIe millénaire est l'écriture cunéiforme, comme dans le reste de la Mésopotamie et de la Syrie du Nord à cette période. Elle tire son nom du fait qu'elle est généralement inscrite à l'aide d'un calame en roseau dont l'extrémité est taillée en biseau sur une tablette d'argile, ce qui laisse des caractères composés d'incisions en forme de « coins ». Cette écriture est transposée sur d'autres supports, avant tout la pierre qui a servi à de nombreuses inscriptions royales, ou encore des tablettes de cire dont le contenu est perdu car cette matière ne survit pas à l'épreuve du temps, mais dont on connaît l'existence par des restes de cadres en matériaux non périssables[251]. Bien que réservée à une frange réduite de la population, la pratique de cette écriture et sa compréhension ne sont pas limitées à une seule élite, et plus de personnes qu'on ne le croit couramment peuvent s'en servir[252].

L'écriture cunéiforme est un système mêlant des phonogrammes, signes représentant des sons (généralement une syllabe : [i], [tu], [šar], etc.) et des logogrammes, signes signifiant une chose, que l'on qualifie généralement d'idéogrammes, signes signifiant une idée, même s'ils sont plus que cela car on y trouve également des pictogrammes représentant des choses concrètes. Les logogrammes sont un héritage de l'époque reculée (au IIIe millénaire) où le système cunéiforme servait à noter avant tout du sumérien, langue qui n'a jamais été parlée en Assyrie mais dont les bases devaient être maîtrisées par la majorité des scribes voulant utiliser l'écriture cunéiforme. Chaque région pratiquant ce système d'écriture avait développé ses propres habitudes dans la valeur donnée aux signes, avait défini un corpus de signes courants plus ou moins étendu, et une façon spéciale de le représenter, même si cela ne modifie pas le système. Il y a aussi des évolutions selon la période : le corpus de la période paléo-assyrienne est limité en nombre (150 à 200), notamment parce qu'il comporte très peu d'idéogrammes, privilégiant l'écriture phonétique, et les signes sont surchargés de clous[253], tandis que la période néo-assyrienne voit le nombre de signes croître (300 environ[254]) et la graphie se régulariser considérablement[255].

La langue assyrienne

Articles détaillés : Akkadien et Assyrien.

La grande majorité des textes cunéiformes exhumés en Assyrie transcrivent la langue « assyrienne », qui est un dialecte de l'akkadien, terme par lequel on désigne la langue du groupe occidental des langues sémitiques parlée en Mésopotamie dans l'Antiquité[256]. La langue assyrienne est généralement opposée au dialecte que l'on trouve dans les tablettes de la moitié méridionale de la Mésopotamie à la même époque, appelé « babylonien », les deux étant connus par des textes des IIe et Ier millénaires av. J.-C. On distingue trois phases de la langue assyrienne, correspondant aux trois grandes phases de son histoire : le paléo-assyrien (XIXe ‑ XVIIIe siècles), le médio-assyrien (XIVe ‑ XIIe siècles), et le néo-assyrien (Xe ‑ VIIe siècles). Si elle reprend les structures générales de l'akkadien, la langue assyrienne se différencie du babylonien sur plusieurs points : le subjonctif est marqué par le suffixe -ni au lieu de -u, le wa- initial devient de plus en plus un u- comme dans wardu/urdu « serviteur », certains aspects ne se conjuguent pas de la même manière, etc[257]. Le dialecte néo-assyrien est de plus en plus marqué par l'influence de l'araméen[255], ce qui préfigure le fait que les Assyriens se mettent progressivement à devenir des locuteurs de la langue araméenne. Dans la plupart des textes littéraires, les Assyriens emploient cependant le « babylonien standard », forme littéraire de l'akkadien élaborée en Babylonie[255].

L'« aramaïsation » des Assyriens au Ier millénaire

Bas-relief néo-assyrien représentant un scribe écrivant en assyrien cunéiforme sur une tablette d'argile et un autre écrivant en araméen alphabétique sur un papyrus ou parchemin.
Tablette juridique en alphabet araméen provenant de la Djézireh de Syrie, période néo-assyrienne (635 av. J.-C.). Musée du Louvre.

Les premiers Araméens apparaissent dans la Djézireh et en Assyrie vers la fin du IIe millénaire, et constituent une part notable de la population de ces régions au début du Ier millénaire. Une fois les royaumes araméens définitivement éliminés après le règne de Sargon II à la fin du VIIIe siècle, cette population est progressivement intégrée, l'administration royale comprenant de plus en plus d'Araméens, jusqu'à la famille royale avec la reine Naqi'a/Zakutu, tandis que les déportations amènent un plus grand nombre d'Araméens en Haute Mésopotamie et jusqu'en Assyrie même. C'est de ce phénomène dont témoigne le Roman d'Ahiqar, récit araméen écrit au VIe siècle et relatant les déboires d'un Araméen à la cour d'Assarhaddon. Les résultats de cette évolution sont l'adoption progressive de l'araméen comme lingua franca de l'empire, et l'emploi croissant de son écriture alphabétique dans l'administration aux côtés du traditionnel cunéiforme assyrien, ce qu'illustrent plusieurs représentations de deux scribes écrivant l'un en cunéiforme sur une tablette et l'autre en araméen sur un parchemin. L'araméen étant écrit sur un matériau périssable, ces archives ont disparu, même si quelques inscriptions en araméen sur des tablettes d'argile sont connues. Au VIIe siècle, on peut considérer que l'araméen est en position dominante : on qualifie cette évolution d'« aramaïsation » de l'Empire[258]. Tout cela a contribué à une homogénéisation culturelle de l'empire assyrien, car l'araméen est la seule langue qui trouve des locuteurs en tout point du territoire dominé par les Assyriens. Cela explique pourquoi l'araméen est par la suite la langue administrative de l'empire perse achéménide. Après la chute de l'empire assyrien, l'Assyrie est devenue un pays où la population parle en majorité ou en totalité l'araméen, ce qui est à l'origine du fait que les aramophones de Haute Mésopotamie sont nommés dès l'Antiquité « Assyriens » ou « Syriens » (aujourd'hui Syriaques), ces deux termes étant manifestement dérivés du mot akkadien aššurāiu servant à désigner les habitants de l'Assyrie[259].

La religion d'Assyrie

Article connexe : Religion mésopotamienne.

Assur, le dieu national

Bas-relief médio-assyrien représentant le dieu Assur nourrissant deux caprins, avec deux déesses aux vases jaillissant à ses pieds, découvert à Assur et conservé au Vorderasiatisches Museum de Berlin.

« À cette époque la « Maison-montagne des pays » (é-hursag-kurkurra), le temple ancien, qu'Ushpia (en), mon ancêtre, vicaire du dieu Assur, avait bâti (et lorsqu')il fut délabré Erishum, mon ancêtre, vicaire du dieu Assur, le reconstruisit, (et après que) 159 années furent passées, Shamshi-Adad, également mon ancêtre (et) vicaire du dieu Assur, le reconstruisit. 580 années passèrent et le temple fut détruit lors d'un incendie. Je dégageai complètement (les débris de) ce temple jusqu'à ses fondations. Je fis ses fondations (solides) comme la base d'une montagne. En extension, j'y ajoutai deux tours qui n'avaient pas été construites auparavant. J'agrandis considérablement, au-delà de l'emplacement précédent du parvis du dieu Nunnamnir et de l'extension du parvis du dieu Assur, mon seigneur. Je mis des sièges et des estrades cultuelles dans leurs sanctuaires (et) j'y plaçai tous les dieux de la « Maison-montagne » (é-kur). J'y déposai mes inscriptions monumentales et mes inscriptions sur argile. »

Inscription commémorant la reconstruction du temple du dieu Assur sous le règne de Salmanazar Ier, rappelant les travaux de ses aïeux[260].


Article détaillé : Assur (dieu).

La divinité principale de l'Assyrie était Assur, dieu éponyme de la ville à partir de laquelle s'est formé ce royaume, où se trouve son grand temple[261]. C'est peut-être à l'origine le promontoire rocheux sur lequel est construit la cité qui a été divinisé, ou bien une divinité de la végétation. Dans la théologie assyrienne, il est le véritable maître du royaume, et le roi n'est que son « vicaire » et son « grand-prêtre ». C'est le dieu qui lui ordonne ce qu’il doit faire, et le souverain doit lui rendre des comptes, comme en témoignent les rapports de campagnes qui lui sont parfois adressés. Assur prend une dimension de plus en plus importante au fur et à mesure que son royaume grandit, jusqu'à devenir une sorte de « divinité impérialiste ». Il prend divers traits du caractère d'Enlil, grand dieu du Sud-mésopotamien, et c'est pour cela que son temple d'Assur est nommé Esharra ou Ekur, tout comme le temple d'Enlil à Nippur. Par la suite, c'est le grand dieu du royaume rival de Babylone, Marduk, qui devient le modèle. Dans les derniers temps du royaume, Assur devient le Roi des Dieux, notamment sous le règne de Sennachérib, qui reprend la cérémonie babylonienne de l'akītu qui a lieu lors du Nouvel An, exaltation de la prééminence de Marduk, pour la transposer à Assur en l'honneur de son dieu national.

Les autres divinités et centres religieux importants

D'autres divinités ont une certaine importance en Assyrie, celles du panthéon mésopotamien. Le grand dieu traditionnel de Haute Mésopotamie est le dieu de l'Orage, Adad pour les Assyriens (mais Addu pour les Amorrites, Teshub pour les Hourrites et Haddad pour les Araméens). Il occupe encore une place importante en Haute Mésopotamie à l'époque assyrienne. Il dispose de lieux de culte dans des centres religieux secondaires comme Kurba'il, Kilizi et aussi Guzana[262].

Mais les deux grands lieux de culte du centre de l'Assyrie aux côtés d'Assur sont destinés à deux déesses que l'on considère comme des aspects d'Ishtar[263], la planète Vénus, déesse de l'Amour et de la Guerre. La première est Ishtar de Ninive (Shaushga quand les Hourrites peuplent en majorité cette ville), dont le culte est attesté par des textes depuis la fin du IIIe millénaire et qui a un rayonnement international dans la seconde moitié du IIe millénaire puisqu'elle est vénérée jusque chez les Hittites[264]. La seconde est Ishtar d'Arbelès, dont le temple est à l'époque des rois Sargonides un lieu où résident de nombreuses prophétesses. À l'époque néo-assyrienne, Assurbanipal dédie un hymne à leur gloire. L'autre divinité disposant d'un centre de culte majeur en Haute Mésopotamie est le dieu-lune Sîn, à Harran dans la région du Khabur[265].

On peut ajouter à cette liste le dieu Ninurta, présent dans le nom de plusieurs souverains, qui l'appréciaient particulièrement en raison de son caractère de dieu des combats et de la victoire[266]. À l'époque néo-assyrienne, le dieu babylonien de la sagesse et de l'écriture, Nabû, occupe une place croissante parmi les élites assyriennes[267]. Il dispose de grands temples à Kalkhu et à Dur-Sharrukin. Les capitales assyriennes sont toutes dotées de lieux de culte importants, même s'il ne s'agit pas de « villes saintes » comme Assur et Ninive, et leurs édifices religieux font l'objet de grandes attentions de la part des rois, qui les pourvoient en offrandes comme ils le font pour les centres religieux majeurs traditionnels[268].

Le culte en Assyrie

Tablette commémorant la reconstruction du temple d'Assur à Assur par Adad-nerari Ier (1308-1275).

La religion assyrienne reprend les aspects traditionnels de la religion mésopotamienne, et elle s'inspire constamment au cours de son histoire de la religion de la Mésopotamie méridionale. Les lieux de culte de l'Assyrie sont des temples comprenant une (parfois deux) cella (ou lieu saint) de forme généralement oblongue, où se trouve la statue du dieu tutélaire de l'édifice, et tout autour s'organise un ensemble de pièces et de cours formant des ensembles architecturaux divers reprenant des types d'organisation que l'on retrouve dans d'autres sanctuaires de Syrie et d'Anatolie d'un côté, et de Mésopotamie du Sud de l'autre[269]. Ces temples sont parfois flanqués d'une ziggurat (à base carrée dans cette région). Le personnel du culte et les cérémonies qu'il doit exécuter, compilées dans des textes techniques, sont ceux qui sont courants en Basse Mésopotamie : des prêtres-officiants, des lamentateurs (kalû), des chantres (nâru) et acteurs sacrés (kurgāru), ou encore des spécialistes de la divination (barû qui font de l'hépatoscopie, des astrologues)[270]. D'une manière générale, on observe une forte influence des cultes babyloniens en Assyrie, due à l'importation de textes religieux depuis le Sud mésopotamien, et aussi au fait que les deux régions partagent un fonds culturel commun qui facilitent les échanges[271].

Mais la religion assyrienne présente certaines spécificités, à cause de la force des influences syriennes et hourrites en Haute Mésopotamie, et également de l'affirmation de l'idéologie impériale[272]. Les rituels spécifiquement assyriens qui sont connus ont déjà été évoqués, car il s'agit de ceux qui sont liés à la fonction sacerdotale du roi. Ils se déroulent essentiellement à Assur, parfois dans les autres villes saintes de Ninive et Arbèles[273]. La grande fête-akītu, originaire de Basse Mésopotamie, est accomplie en plusieurs lieux de l'Assyrie, comme Arbèles, Ninive, Harran ou encore Assur, où elle est dédiée à la divinité tutélaire du lieu. Cette cérémonie s'achève par une procession rejoignant un édifice spécifiquement destiné pour cette fête, le bīt akīti[274].

« Ne crains rien, Assarhaddon, roi du pays ! Ce vent qui a soufflé contre toi, ne lui ai-je point brisé les ailes ? Tes ennemis ne cesseront de rouler sous tes pieds comme des pommes au printemps. C'est moi, la Grand Dame, Ishtar d'Arbèles, qui détruis tes ennemis devant toi. Voici les paroles que je t'adresse : ne t'y fieras-tu point ? Je suis Ishtar d'Arbèles : j'ai l'oeil sur tes ennemis, je te les livrerai. Moi-même, Ishtar d'Arbèles, je marche devant toi et derrière toi ! N'aie pas peur !
Prononcé par Ishtar-la-tashiat, natif d'Arbèles. »

Prophétie inspirée par la déesse Ishtar d'Arbèles, garantissant sa protection au roi Assarhaddon[275]


Il faut enfin mentionner que le domaine du culte le mieux connu pour la période néo-assyrienne est celui de la divination, qui occupe une place majeure dans les textes religieux techniques des bibliothèques de Kalkhu, Sultantepe ou Ninive, et aussi dans la correspondance des rois Sargonides, en premier lieu Assarhaddon et Assurbanipal[276]. Les types de divination les plus attestés sont l'hépatoscopie ou haruspicine, qui consiste à lire l'avenir dans les entrailles de moutons, l'astrologie qui lit l'avenir dans les phénomènes astraux et célestes, pratiqués par des devins spécialistes de la cour royale ou en contact avec celle-ci. À ces pratiques s'ajoute le prophétisme, où le message du dieu est transmis de façon spontanée par l'intermédiaire d'un prophète (raggimu) et plus souvent d'une prophétesse (raggintu) qui dépend du temple d'Ishtar d'Arbèles qui est censée être l'origine de ses discours. Il s'agit donc d'un aspect mystique de la religion assyrienne. Là encore, ces pratiques religieuses nous sont connues parce qu'elles sont utiles à l'exercice du pouvoir royal, et la religion populaire nous échappe.

Le milieu lettré

Parmi les dizaines de milliers de tablettes découvertes dès le milieu du XIXe siècle sur les sites des capitales assyriennes, les textes littéraires et scientifiques ont rapidement suscité une grande attention, et c'est par leur biais qu'un pan majeur de la culture des élites de l'ancienne Mésopotamie nous est parvenu. Ces documents concentraient en effet les savoirs acquis durant les millénaires précédents dans tout le « Pays des deux fleuves », en particulier quant à sa partie méridionale dont les grands centres intellectuels devaient être fouillés par la suite (Nippur, Ur, Babylone, Sippar, etc.). La définition d'œuvres dites « littéraires » pose un problème car une telle notion n'existait pas vraiment dans l'ancienne Mésopotamie[277]. Du fait de la prédominance numérique des textes techniques et scientifiques, on les étudiera ici aux côtés des hymnes, de la mythologie et des épopées.

Spécialistes et bibliothèques

Les œuvres exhumées sur les sites assyriens sont avant tout produites par un groupe de personnes qu'on peut qualifier de « lettrés ». Il s'agit de gens ayant reçu une formation de base de scribe (ṭupšarru) permettant de maîtriser le cunéiforme et ses différentes langues, complétée ensuite par une étude plus poussée comprenant notamment une spécialisation. Concrètement, ces spécialistes relèvent tous du monde des prêtres des temples, où ils ont probablement reçu une bonne partie de leur formation supérieure qui pouvait également être dispensée dans des dépendances du palais. Les « lettrés » assyriens sont donc des devins spécialisés dans l'hépatoscopie (barû), des astrologues (ṭupšar enūma anu enlil), des lamentateurs (kalû), des exorcistes (āšipu), ou encore des spécialistes en médecine (asû)[278]. Ceux que nous connaissons le mieux évoluent dans l'entourage royal, où leurs compétences servent pour aider le roi à comprendre les forces surnaturelles et les volontés divines qui président à la destinée du royaume, ou à le protéger par des procédés magiques.

Les lettrés disposaient de fonds de textes que l'on peut considérer comme des « bibliothèques ». On peut distinguer plusieurs types de corpus de textes de ce type :

  • les bibliothèques de palais, représentées en Assyrie par la « Bibliothèque d'Assurbanipal » de Ninive[279], en réalité composée de trois fonds distincts dont deux étaient réellement localisés dans un palais, et qui a commencé à être constituée avant le règne du roi auquel on l'attribue couramment, même si celui-ci, roi qui se proclame lui-même lettré, a grandement contribué à l'enrichir en organisant la confiscation ou la copie de nombreuses tablettes contenues dans d'autres bibliothèques de Mésopotamie ;
  • les bibliothèques de temples, constituées dans les temples du dieu de la sagesse, Nabû, où on trouve de nombreuses tablettes qui forment un dépôt votif au dieu même si elles ont concrètement un rôle de bibliothèque, et dont on connaît un cas à Kalkhu[280] et un autre à Ninive (inclus dans la Bibliothèque d'Assurbanipal)[281] ;
  • les bibliothèques « privées » trouvées dans les résidences de prêtres, que l'on doit peut-être plutôt considérer comme des fonds de manuscrits[282], et dont on connaît des exemples à Assur avec les tablettes de l'exorciste Kisir-Assur, et à Sultantepe (dans la région du Khabur près de Harran) dans la résidence du prêtre Qurdi-Nergal[283].

Le contenu des œuvres « littéraires »

Article connexe : Littérature mésopotamienne.

Les textes de bibliothèque peuvent être classés dans plusieurs catégories ; ils constituent une source essentielle de notre connaissance sur les pratiques scientifiques et religieuses de l'ancienne Mésopotamie. Les textes techniques à l'usage de spécialistes étaient divisés en deux grandes catégories : les listes lexicales, œuvres lexicographiques pouvant prendre l'aspect de dictionnaires bilingues ou trilingues et les recueils constitués de paragraphes qui servent aussi bien pour la médecine et l'exorcisme, la divination ou encore le droit[284]. Parmi la seconde catégorie, on relève les compilations de présages divinatoires (environ un quart des textes de la Bibliothèque d'Assurbanipal), servant aussi bien pour l'hépatoscopie (série de tablettes appelée bârûtu) que pour l'astrologie (série enūma anu enlil), ou encore l'oniromancie, les « manuels » d'exorcisme, les textes décrivant des rituels, des prières et des chants à entonner au cours de cérémonies par les prêtres-lamentateurs, des recueils médicaux, des observations astronomiques, des problèmes mathématiques, etc. Finalement, les textes littéraires les plus célèbres comme l'Épopée de Gilgamesh déchiffrée une première fois grâce à sa version de Ninive ne constituent qu'une infime minorité du contenu des bibliothèques de palais ou de temples[285]. Cela confirme bien le fait que ces fonds de textes aient été constitués dans un but essentiellement religieux, surtout pour pouvoir assurer les relations entre le roi et le monde divin grâce à un groupe de prêtres suffisamment bien formé pour pouvoir s'acquitter de cette tâche jugée cruciale pour la survie du royaume.

L'art assyrien

À la croisée des influences du Sud et du Nord-mésopotamien, mais aussi de celles provenant de Syrie ou d'Anatolie, l'art assyrien a connu une période très florissante sous l'effet de la croissance du pouvoir royal à la période néo-assyrienne, qui s'est mis à patronner des réalisations de plus en plus grandioses dans ses capitales, avant tout pour le palais royal et pour les courtisans qui y vivaient. Parce que ce sont les lieux de pouvoirs qui ont été le plus fouillés, notre vision de l'art assyrien est donc biaisée et ignore l'art profane. De plus, très peu de réalisations artistiques des périodes paléo- et médio-assyriennes sont connues car seul le site d'Assur présente une documentation archéologique importante pour cette période[286], alors qu'à Kültepe la culture matérielle des résidences des marchands assyriens est de type anatolien, seuls leurs sceaux-cylindres pouvant être caractérisés d'assyriens[287]. L'art assyrien dont on peut parler est donc un art impérial, essentiellement au service du pouvoir, marqué par des influences cosmopolites se nourrissant des traditions de différentes régions de l'empire d'où provenaient probablement une partie des artisans à l'origine des œuvres connues, quand celles-ci ne sont pas tout simplement des importations destinées à des élites assyriennes développant un goût prononcé pour certains produits exotiques comme les ivoires syro-phéniciens.

Les reliefs des palais assyriens

Scène de prise d'une ville fortifiée par l'armée assyrienne, bas-relief de Ninive, British Museum.

Les plus grandes réalisations architecturales des monarques assyriens étaient de loin leurs palais royaux, qui servaient à symboliser leur domination, à prétention universelle. Les bas-reliefs qui décoraient de nombreuses salles, couloirs et cours de ces édifices procèdent de la même logique[288]. Il s'agit de décors réalisés sur des plaques de calcaire gypseux ou de marbre local (dit « de Mossoul »), appelées « orthostates », et apposées sur la base des murs de briques d'argile. Ils trouvent probablement leur origine dans des bas-reliefs de palais syriens du IIe millénaire ou encore de ceux réalisés dans des royaumes du sud-est anatolien au début du Ier millénaire, exemple de la capacité de l'Assyrie à capter les traditions des pays qu'elle a soumis, tout en reprenant par ailleurs des motifs iconographiques d'origine mésopotamienne. Les plus anciens bas-reliefs assyriens connus sont ceux du palais nord-ouest d'Assurnasirpal II à Kalkhu (Nimrud) au milieu du IXe siècle. Leur apogée se situe entre la fin du VIIIe et le VIIe siècle dans le palais de Sargon II à Dur-Sharrukin (Khorsabad) et ceux de Sennachérib et d'Assurbanipal à Ninive.

Les thèmes de ces bas-reliefs sont avant tout les hauts faits militaires du règne du roi qui les commanda, tout comme le font par écrit les Annales royales, genre littéraire qui se développe parallèlement[289]. Cela sert en partie à commémorer la gloire du roi, à en préserver le souvenir, mais aussi à susciter la crainte des ambassadeurs étrangers venant visiter le palais. Assurnasirpal II fait donc réaliser des bas-reliefs commémorant ses victoires en Syrie dans sa salle du trône[290], tandis qu'à partir de Sargon II chaque salle commémore une campagne complète, pratique qui se retrouve dans les palais de Ninive, avec les exemples spectaculaires du siège de Lakish par Sennachérib dans la salle no XXXVI du « palais sud-ouest » et de la campagne d'Élam d'Assurbanipal dans la salle no XXXIII du même édifice. Des légendes écrites complètent ces représentations. Les thèmes évoluent aussi, ce qui témoigne d'une certaine inventivité de la part des artistes, quoi qu'ils reprennent les sujets des textes et des images de glorification royale existant depuis plusieurs millénaires en Mésopotamie. Ainsi, dans les palais de Ninive, Sennachérib fait représenter la sculpture et l'acheminement des taureaux androcéphales ailés de son palais, commémorant son œuvre de bâtisseur. Les bas-reliefs de son règne portent une attention particulière aux paysages. De son côté, Assurbanipal fait représenter un cycle de sculptures sur les chasses durant lesquelles il triomphe notamment d'un lion, symbolisant son rôle de roi maîtrisant les forces de la nature sauvage porteuses de chaos[291]. Bien que les bas-reliefs représentent toujours les personnages de profil, les artistes pouvaient utiliser des procédés comme les lignes obliques rendant le dynamisme de l'attaque contre Lakish ou les nombreux vides montrant la liberté spatiale des animaux lors des chasses d'Assurbanipal.

Une autre partie des reliefs des palais assyriens avait une fonction sacrée et religieuse en plus de celle architecturale ; ainsi les représentations de génies protecteurs, en premier lieu les taureaux et lions androcéphales ailés placés aux portes de plusieurs salles des palais, et qui avaient également la fonction architecturale de supporter la voûte surplombant la porte[292]. Appelés lamassu ou šêdu, ce sont les sculptures colossales les plus impressionnantes des palais assyriens. Leur tête est réalisée en ronde-bosse, tandis que le reste de leur corps était en haut-relief. Les autres personnages protecteurs sculptés des palais assyriens étaient des génies ailés en bas-reliefs, les apkallu, généralement à tête humaine mais parfois à tête d'oiseau, et portant des objets sacrés[293].

Autres formes de sculptures

D'autres sculptures sur pierre avaient été commanditées par les souverains assyriens. Les débuts de l'art du bas-relief assyrien sont perceptibles dans quelques œuvres médio-assyriennes, notamment un autel en albâtre sur lequel est sculpté le roi Tukulti-Ninurta Ier face à un autel similaire à celui qui porte la scène. Le roi est représenté en deux positions successives, debout puis à genou, tenant un sceptre et vêtu avec la tunique à franges que portent encore ses successeurs néo-assyriens. De la même période, un bas-relief mis au jour dans un puits d'Assur représente le dieu Assur tenant deux branches que broutent des caprins, entre deux divinités aux vases jaillissants[294].

Plusieurs stèles de représentent des rois assyriens et commémorent souvent leurs victoires. On connaît aussi des bas-reliefs rupestres comme ceux de Bavian dans le Kurdistan commémorant les travaux hydrauliques réalisés par Sennachérib pour la construction de Ninive, celui de Maltai représentant une procession divine, ou encore celui de Nahr el-Kelb au Liban datant du règne d'Assarhaddon. Des stèles sculptées étaient également réalisées en Assyrie, comme l'« obélisque noir » de Salmanazar III, à quatre faces, sur lequel on trouve des bas-reliefs commémorant des victoires militaires, donc des thèmes identiques aux bas-reliefs palatiaux[295].

On dispose de cas de sculptures en ronde-bosse assyriennes avec les statues de Assurnasirpal II et Salmanazar III, qui sont presque à taille réelle[296],[297]. Les rois sont représentés de façon figée, inexpressive, symbolisant plus la fonction que l'être humain. Ils sont vêtus d'une robe à manches courtes autour de laquelle est enroulé un châle à frange, caractéristique des rois assyriens. Le premier est en position de prière, le second a une allure plus martiale même si les attributs dont il dispose, armes comprises, renvoient à son rôle de grand prêtre, comme la masse d'armes symbolisant sa fonction de vicaire du dieu Assur.

À côté de la sculpture sur pierre, on connaît un exemple remarquable de sculpture sur métal au repoussé avec les plaques de bronze qui étaient clouées sur une porte du temple de Balawat (l'ancienne Imgur-Enlil), et datées des règnes d'Assurnasirpal II et de Salmanazar III[298]. Il s'agit de plusieurs plaques horizontales représentant chacune une campagne différente, accompagnée d'une légende, suivant une disposition similaire débutant par le départ des troupes depuis le camp, suivie par la bataille, la prise de la ville ennemie, la déportation des vaincus et enfin la célébration de la victoire par des offrandes aux dieux et l'érection de stèles de victoire. Il s'agit donc une nouvelle fois de thèmes similaires à ceux que l'on trouve sur les murs des palais royaux.

Plaque de bronze sculptée des portes de Balawat, règne de Salmanazar III.

On sait par plusieurs récits de construction néo-assyriens que les palais royaux et temples étaient décorés par des statues monumentales en métal (cuivre, bronze surtout), comme de grandes colonnes ou encore des taureaux et des lions pesant des centaines de tonnes[299]. Mais aucun ne nous est parvenu. En revanche, on connaît quelques sculptures de petite taille en métal destinées à un contexte plus individuel. On peut y ranger les objets à but protecteur que sont la statuette du démon protecteur Pazuzu[300], et la plaque de conjuration contre les méfaits de la démone Lamashtu[301] qui datent de la période néo-assyrienne, ou diverses amulettes ayant une fonction similaire.

Peinture

Les bas-reliefs des palais-assyriens étaient peints, mais ils ont perdu toutes leurs couleurs au fil des siècles. On a cependant retrouvé quelques exemples de murs peints sur des sites médio-assyriens (Kar-Tukulti-Ninurta) mais surtout néo-assyriens, comme Assur ou Kalkhu. Mais la plus impressionnante série de peintures assyriennes a été retrouvée dans le palais provincial de Til-Barsip dans les années 1930[302]. Datées des VIIIe et VIIe siècles, une grande partie a été dégradée et a disparu, et n'est connue que par les copies qui en ont été faites à l'époque de leur mise au jour. Le style et le sujet étaient les mêmes que ceux des bas-reliefs des grands palais royaux : la plus longue frise (22 mètres de long), dans les appartements royaux, représente ainsi une scène d'audience présidée par le roi Teglath-Phalasar III devant qui se présentent des guerriers et des dignitaires. On trouvait également des frises plus petites représentant des motifs géométriques ou des rosaces, palmettes, fleurs, parfois agrémentées d'animaux ou de génies. L'usage de la peinture devait avoir été privilégié car cette technique était moins coûteuse que la sculpture sur orthostates.

Glyptique

Comme dans les autres périodes de l'histoire de la Mésopotamie antique, les Assyriens ont utilisé en majorité le sceau-cylindre pour sceller et authentifier des tablettes et autres bulles d'argile apposées sur des objets ou des portes. De nombreux particuliers en disposaient, jusqu'au dieu Assur lui-même dont le sceau était apposé sur les tablettes de traité de paix, rappelant ainsi son statut de véritable roi de l'Assyrie. Ces cylindres étaient taillés dans différents types de pierre, et le décor et les inscriptions qui y étaient gravés dessus pouvaient se dérouler à l'infini sur de l'argile. Le répertoire iconographique de ces sceaux est varié. L'émergence d'un art de la glyptique proprement assyrien se fait à l'époque médio-assyrienne sous des influences venant de divers horizons. Le style néo-assyrien est très proche de celui de la Babylonie de la même période au point d'en être difficilement dissociable[303]. Mais les thèmes ne rappellent pas forcément ceux gravés sur les bas-reliefs des palais ou les objets en ivoire. De nombreux sceaux-cylindres représentent des scènes de chasse, dirigées notamment par un archer triomphant d'une proie sauvage. Depuis l'époque médio-assyrienne, la glyptique de ce pays aime représenter des animaux sauvages ou imaginaires combattant ou en ronde, dans un style très vivant, et parfois avec de nombreux détails. D'autres scènes courantes sont d'inspiration religieuse : on trouve des scènes de culte rendu à une divinité, parfois assise sur un trône dans la plus pure tradition mésopotamienne, mais aussi des scènes mythologiques représentant une divinité en train de combattre, ou encore des scènes de vénération d'un arbre sacré par des génies similaires à celles des bas-reliefs des palais.

Ivoire

Élément de mobilier en ivoire de style phénicien représentant un homme saisi à la gorge par une lionne, Nimrud, British Museum.

De nombreux objets en ivoire sculpté ont été retrouvés dans les grandes capitales assyriennes, pour la période médio-assyrienne dans les tombes d'Assur[304], et surtout à Nimrud pour le VIIe siècle av. J.-C.[305], ainsi que dans le « bâtiment aux ivoires » du palais provincial de Arslan Tash, l'antique Hadatu[306]. L'ivoire était celui de dents d'hippopotame ou de défenses d'éléphant. Les objets présentent pour la plupart des caractéristiques artistiques propres à la Syrie et à la Phénicie, que ce soit par leur style ou par les sujets représentés. Il s'agit donc de réalisations faites par des artistes venant de ces pays, qui ont peut-être travaillé dans les ateliers royaux d'Assyrie, ou bien d'importations et de butin, ce qui semble probable pour les objets de Nimrud retrouvés surtout dans des salles de stockage de l'arsenal. Les objets en ivoire sont de divers types : éléments de mobilier avant tout, mais aussi des boîtes à fard et des plaquettes décoratives. Un art de l'ivoire d'un style proprement assyrien, dont le répertoire iconographique est similaire à ceux des bas-reliefs palatiaux ou de la glyptique, est attesté mais en moins grande quantité dans le corpus de Nimrud.

Costumes et parures

La majeure partie de notre connaissance des bijoux et des vêtements portés par les anciens Assyriens provient des représentations de ceux-ci sur les bas-reliefs des palais ou sur des stèles et statues, car les objets en métal précieux ont généralement été recyclés depuis l'Antiquité, tandis que ceux en matières périssables, notamment les tissus, ont disparu ; on peut compléter par des sources textuelles, en sachant que les termes auxquels elles font référence pour les différents types de vêtements sont difficiles à mettre en rapport avec ceux des représentations figurées[307]. Les vêtements et les parures les plus précieux étaient destinés au roi, à sa famille, aux courtisans ainsi qu'aux statues des dieux qui trônaient dans les temples. Les grandes cérémonies et fêtes religieuses étaient l'occasion de se vêtir de la façon la plus luxueuse possible[308].

Le type de matière textile le plus utilisé par les anciens Assyriens est de loin la laine de mouton, la plus aisément accessible, puis venaient les poils de chèvre, le lin, le coton qui est introduit sous les Sargonides et également le byssus fabriqué à partir de fibres secrétées par des mollusques[309]. Suivant la méthode de tissage, on obtenait une étoffe de plus ou moins bonne qualité, qui pouvait ensuite être blanchie ou teinte avec différents produits, notamment l'alun, et la pourpre tirée du murex pêché en Phénicie, qui connaît un grand succès à la cour assyrienne[310]. L'habillement (généralement masculin) représenté sur les bas-reliefs des palais néo-assyriens est constitué de façon caractéristique par un vêtement de dessous qui est une sorte de tunique à manches courtes, recouvert par une sorte de manteau ou de châle à franges désigné par le terme générique de kusîtu. Les bas-reliefs montrent que les franges des vêtements faisaient l'objet de grandes attentions : elles sont décorées par des bandes, des rosettes qui sont peut-être des symboles de la déesse Ishtar, ainsi que des scènes figurées[311].

Collier en or et lapis-lazuli retrouvé dans une tombe d'Assur, XIVe ‑ XIIIe siècle av. J.-C. Vorderasiatisches Museum de Berlin.

Le luxe des vêtements était rehaussé par des bijoux et autres parures tout aussi fastueux, en or, argent, pierres et tissus précieux colorés ou même en verre. Les personnages représentés sur les bas-reliefs portent souvent des bracelets, qui peuvent être ornés d'une rosette, de boucles d'oreilles ou de colliers portant parfois des symboles divins, ainsi que de tiares, de couronnes, de turbans décorés. Des armes et autres objets d'apparat pouvaient se joindre à ces parures. Cette documentation a été complétée de façon heureuse par plusieurs découvertes dans des tombes. D'abord quelques tombes paléo- et médio-assyriennes d'Assur comportant de riches bijoux en or et pierres précieuses ou des peignes incisés et des épingles décorées[312]. Mais la trouvaille la plus remarquable a été réalisée par des archéologues iraqiens sur le site de Kalkhu (Nimrud) en 1988-1989 : il s'agit de la mise au jour d'un groupe de sépultures de reines secondaires de la seconde moitié du VIIIe siècle qui avaient échappé au pillage[313]. On y a retrouvé une quantité remarquable d'objets en or (plus de 50 kg au total) et en pierres précieuses (lapis-lazuli, cornaline, agate, améthyste), notamment des colliers, des boucles d'oreille, ainsi qu'une couronne en or. On peut y ajouter des vases en pierre et en bronze. Ce qui est le plus remarquable, au-delà de cette opulence d'autant plus frappante qu'il s'agit de reines de second rang, c'est la qualité d'exécution et la beauté des objets alliant des matériaux de couleurs différentes pour un rendu visuel harmonieux.

Enfin, une description de l'aspect des courtisans assyriens serait incomplète si l'on ne mentionnait pas l'usage dont ils faisaient de différents parfums tirés d'essences de diverses plantes (cèdre, cyprès, myrrhe), et de produits cosmétiques, le plus souvent cité dans les textes étant le gulhu, le khôl, qui sert à farder le contour des yeux[314].

Notes et références

  1. Joannès 2000, p. 12-13
  2. Benoit 2003, p. 509-512
  3. Sur l'histoire des redécouvreurs des anciennes capitales de l'Assyrie et le contexte de leurs accomplissements : M. T. Larsen, La conquête de l'Assyrie, 1840-1860, Paris, 2001
  4. Benoit 2003, p. 515-522
  5. Benoit 2003, p. 544-545
  6. Benoit 2003 p. 559 (Ninive), p. 561-562 (Khorsabad), p. 594-595 (Nimrud et Balawat)
  7. Benoit 2003, p. 569-570
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  24. 1 2 Veenhof 2003, p. 434-434 ; Michel 2001, p. 61-76
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  26. Veenhof 2003, p. 438-440
  27. Veenhof 2003, p. 438
  28. 1 2 C. Michel et P. Villard, « Éponyme », dans Joannès (dir.) 2001, p. 292-294
  29. Michel 2001 constitue une synthèse récente sur le sujet, avec la traduction de nombreux textes de la correspondance des marchands paléo-assyriens
  30. Michel 2001, p. 95-114
  31. Michel 2001, p. 171-231 pour une présentation du circuit des échanges. Plusieurs ouvrages fondamentaux décrivent le fonctionnement du commerce paléo-assyrien : P. Garelli, Les Assyriens en Cappadoce, Istanbul, 1963 ; (en) M. T. Larsen, Old Assyrian Caravan Procedures, Istanbul, 1967 ; (en) K. R. Veenhof, Aspects of Old-Assyrian Trade and Its Terminology, Leyde, 1972 ; (en) J. G. Dercksen, The Old Assyrian Copper Trade in Anatolia, Istanbul, 1996
  32. Michel 2001, p. 419-511
  33. Des marchands assyriens sont attestés dans des textes contemporains de Sippar : (en) C. Walker, « Some Assyrians at Sippar in the Old Babylonian Period », dans Anatolian Studies 30, 1980, p. 15-22
  34. Veenhof 2003, p. 474-476 ; Michel 2001, p. 303-355.
  35. Veenhof 2003, p. 436-437 et 440-441 ; Michel 2001, p. 79-95
  36. Par exemple Michel 2001, p. 231-301 et Ead. « Les litiges commerciaux paléo-assyriens », dans F. Joannès (dir.), Rendre la Justice en Mésopotamie, Saint-Denis, 2000, p. 113-139.
  37. Michel 2001, p. 119 ; Veenhof 2003, p. 477-478
  38. C. Michel, « Paléo-assyriens (rois) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 621
  39. Ibid., p. 619
  40. D. Charpin, Hammu-rabi de Babylone, Paris, 2003, p. 105
  41. (en) A. K. Grayson, Assyrian and Babylonian Chronicles, Locust Valley, 1975, p. 157-177. J.-J. Glassner, op. cit., p. 170-175. Traduction sur Livius.
  42. Garelli et al. 1997, p. 332-333
  43. Traité entre Suppiluliuma Ier roi des Hittites et Shattiwazza roi du Mitanni, version du Mitanni, traduit dans (en) G. Beckman, Hittite Diplomatic Texts, Atlanta, 1999, p. 49
  44. J. Freu, Histoire du Mitanni, Paris, 2003, p. 65-66
  45. (de) M. Dietrich, « Assyrien und Ägypten », dans W. Helck et E. Otto (dir.), Lexicon der Ägyptologie Bd I, Wiesbaden, 1975, col. 498-499
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  67. Garelli et al. 2001, p. 105-113. P. Villard, « Tiglath-Phalazar III », dans Joannès (dir.) 2001, p. 849-851
  68. Garelli et al. 2001, p. 113-114
  69. Garelli et al. 2001, p. 115-123
  70. P. Villard, « Sargonides », dans Joannès (dir.) 2001, p. 758-761
  71. P. Villard, « Aššurbanipal », dans Joannès (dir.) 2001, p. 103-105
  72. Garelli et al. 2001, p. 123-126 et 227-229
  73. (en) M. Liverani, op. cit., p. 389-391
  74. Garelli et al. 2001, p. 123
  75. Cf. néanmoins (en) M. Liverani, « The Fall of the Assyrian Empire: Ancient and Modern Interpretations », dans S. E. Alcock, T. N. D'Altroy, K. D. Morrison et C. M. Sinopoli (dir.), Empires, Perspectives from Archaeology and History, Cambridge, 2001, p. 374-391. D'autres « effondrements » plus ou moins similaires ont néanmoins fait l'objet de plus d'études et peuvent servir de points de comparaison, les causes avancées étant en gros toujours similaires, entre facteurs internes (luttes de succession, guerres civiles, crise sociale, blocage administratif) et facteurs externes (invasions, et de plus en plus crise climatique ou environnementale) : l'empire hittite, la civilisation mycénienne, ou encore l'empire d'Akkad, la Troisième dynastie d'Ur et le royaume paléo-babylonien pour se limiter à l'environnement géographique de l'Assyrie ; voir les articles correspondants pour les études de leur déclin.
  76. (en) M. Liverani, op. cit., p. 384-386
  77. (en) M. Liverani, op. cit., p. 389
  78. (en) M. Liverani, op. cit., p. 390-391, suppose comme d'autres que les Mèdes ont été particulièrement destructeurs lors des conflits menant à la chute de l'empire assyrien, bien plus que les Babyloniens.
  79. C'est l'avis de M. Liverani, cf. par exemple La Bible et l'invention de l'histoire, Paris, 2008, p. 317-320.
  80. (en) M. Liverani, op. cit., p. 383
  81. 1 2 Voir les réflexions de Joannès 2000, p. 45-46, Fales 2001, p. 178, ou encore Glassner 2002, p. 119 et (en) G. Galil, The Lower Stratum Families in the Neo-Assyrian Period, Leyde, 2007, p. 346-352.
  82. Pour une vision synthétique de cette période très peu étudiée : (en) S. Dalley, « Nineveh after 612 B.C. », dans Altorientalische Forschungen, 20, 1993, p. 134-147 et (en) S. Parpola, « Assyrians after Assyria », dans Journal of the Assyrian Academic Society 12, 2000, p. 1-16.
  83. (en) J. Curtis, « The Assyrian heartland in the period 612-539 B.C. », dans G. B. Lanfranchi, M. Roaf et R. Rollinger (dir.), Continuity of Empire (?) Assyria, Media, Persia, Padoue 2003, p. 157-167
  84. (de) F. J. Kreppner, Die Keramik des « Roten Hauses » von Tall Šēḫ Ḥamad / Dūr-Katlimmu, BATSH 7, Berlin, 2006
  85. Publication et études dans State Archives of Assyria Bulletin VII/2, Helsinki, 1993
  86. (en) R. Rollinger, « The Western Expansion of the Median “Empire”: A Re-Examination », dans (en) G. B. Lanfranchi, M. Roaf et R. Rollinger (éds.), Continuity of Empire (?) Assyria, Media, Persia, Padoue, 2003, p. 289-320
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  94. Glassner 2002, p. 43
  95. 1 2 Joannès 2000, p. 57
  96. 1 2 Radner 2003, p. 886-887
  97. Traduction dans M.-J. Seux, Hymnes et prières aux dieux de Babylonie et d'Assyrie, Paris, 1976, p. 110-112
  98. Garelli et al. 2001, p. 127-128
  99. 1 2 Joannès 2000, p. 57-58
  100. Joannès 2000, p. 40
  101. Garelli et al. 2001, p. 294-296. F. Joannès, « Rituels », dans Joannès (dir.) 2001, p. 727-728
  102. 1 2 Joannès 2000, p. 59
  103. (en) S. Parpola, Letters from Assyrian Scholars to the Kings Esarhaddon and Assurbanipal, 2 vol., Helsinki, 1993. Fales 2001, p. 39-41
  104. 1 2 P. Villard, « Roi-substitut », dans Joannès (dir.) 2001, p. 734-735
  105. Garelli et al. 1997, p. 214
  106. Joannès 2000, p. 60-61
  107. N. Ziegler, « Médio-assyriens (rois) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 521-522
  108. Joannès 2000, p. 58
  109. Fales 2001, p. 50, mais Joannès 2000, p. 66 est d'avis qu'il n'y a pas eu de règle successorale stricte
  110. Fales 2001, p. 50-51
  111. Voir par exemple (en) H. Francfort, Kingship and the Gods, Chicago, 1948, p. 243-248
  112. Fales 2001, p. 51-53 Joannès 2000, p. 66
  113. (en) S. Parpola, « The Neo-Assyrian Ruling Class », dans T. R. Kämmerer (dir.), Studien zur Ritual und Sozialgeschichte im Alten Orient / Studies on Ritual and Society in the Ancient Near East, Berlin, 2007, p. 257-274
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  116. Joannès 2000, p. 67-68
  117. P. Villard, « Esprit de cour », dans Joannès (dir.) 2001, p. 311-314
  118. Lafont 2003, p. 523
  119. Des exemples dans J.-J. Glassner, Chroniques mésopotamiennes, Paris, 2004, p. 157-170
  120. Garelli et al. 2001, p. 130-133. F. Joannès, « Administration royale », dans Joannès (dir.) 2001, p. 15-16
  121. Fales 2001, p. 39-43
  122. Fales 2001, p. 43-45
  123. (en) M. Roth, Law Collections from Mesopotamia and Asia Minor, Atlanta, 1997, p. 195-209
  124. Joannès 2000, p. 67
  125. Lafont 2003, p. 534
  126. Fales 2001, p. 46-47
  127. Fales 2001, p. 47-49
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  129. 1 2 L. Battini et P. Villard, « Aššur (ville) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 101
  130. Benoit 2003, p. 138-141. Pour une approche plus complète, voir les différents articles de Palais 1992
  131. S. Lackenbacher, « Le récit de construction du palais », dans Palais 1992, p. 20-23
  132. Joannès 2000, p. 63-64
  133. L. Bachelot, « Les palais assyriens : vue d'ensemble », dans Palais 1992, p. 10-17. C. Castel, « L'organisation de l'espace dans les palais néo-assyriens », dans Palais 1992, p. 18-19
  134. B. Lion, « Jardins et zoos royaux », dans Palais 1992, p. 72-79
  135. 1 2 F. Joannès, « Service militaire », dans Joannès (dir.) 2001, p. 776-777
  136. N. Ziegler, « Effectifs de l'armée », dans Joannès (dir.) 2001, p. 269-270
  137. Glassner 2002, p. 119
  138. B. Lafont, « Hiérarchie militaire », dans Joannès (dir.) 2001, p. 383
  139. B. Lion, « Armement », dans Joannès (dir.) 2001, p. 77-78
  140. Joannès 2000, p. 41
  141. P. Villard, « Charrerie », dans Joannès (dir.) 2001, p. 177-178
  142. C. Michel, « Cavalerie », dans Joannès (dir.) 2001, p. 167-168
  143. M. Sauvage, « Poliorcétique », dans Joannès (dir.) 2001, p. 668-669
  144. Joannès 2000, p. 34
  145. Bible Segond, Deuxième livre des Rois 17 : 1 à 6
  146. Joannès 2000, p. 41-42. N. Ziegler, « Campagnes militaires », dans Joannès (dir.) 2001, p. 154-155
  147. P. Villard, « Espionnage », dans Joannès (dir.) 2001, p. 311
  148. Joannès 2000, p. 42
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  150. F. Joannès et X. Faivre, « Pillages », dans Joannès (dir.) 2001, p. 657-660
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  161. Glassner 2002, p. 42
  162. Joannès 2000, p. 49
  163. Voir de manière générale (en) B. J. Parker, « The Assyrians Abroad », dans D. T. Potts (dir.), A Companion to the Archaeology of the Ancient Near East, Malden et Oxford, 2012, p. 867-876 pour une analyse récente des stratégies de domination assyriennes.
  164. Joannès 2000, p. 50-51
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  168. Postgate 2007, p. 212-213
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  172. Radner 2003, p. 892
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  176. Ibid., p. 67-70 et 82-87
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  181. Radner 2003, p. 894
  182. Lafont 2003, p. 550
  183. Lafont 2003, p. 539
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  185. Lafont 2003, p. 557
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  210. 1 2 Joannès 2000, p. 43-44
  211. Joannès 2000, p. 51-55 Fales 2001, p. 172-178
  212. (en) F. A. M. Wiggermann, op. cit., tableau p. 229
  213. 1 2 Joannès 2000, p. 53
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  225. 1 2 Joannès 2000, p. 44-45
  226. (en) T. J. Wilkinson, J. Ur, E. Barbanes Wilkinson et M. Altaweel, op. cit., p. 26-27
  227. 1 2 Joannès 2000, p. 45-46
  228. Joannès 2000, p. 166-167
  229. (en) E. C. Stone, « The Development of Cities in Ancient Mesopotamia », dans J. M. Sasson (dir.), Civilization of the Ancient Near East, New York, 1995, p. 243-244
  230. (en) M. Novák, op. cit., p. 177-178
  231. Ibid., p. 178
  232. Ibid., p. 180-182
  233. (en) E. C. Stone, op. cit., p. 244-246
  234. B. Lion, « Jardin et parc », dans Joannès (dir.) 2001, p. 343-344, p. 429-431
  235. L. Battini, « Les maisons néo-assyriennes », dans Maisons urbaines au Proche-Orient ancien, Dossier d'archéologie 332, 2009, p. 33
  236. P. Villard, « Les descriptions des maisons néo-assyriennes », dans P. Butterlin, M. Lebeau et P. Béatrice (dir.), Les espaces syro-mésopotamiens, Dimensions de l'expérience humaine au Proche-Orient ancien, Volume d'hommage offert à Jean-Claude Margueron, Turnhout, 2006, p. 521-528
  237. (en) D. Stronach et S. Lumsden, « UC Berkeley's Excavations at Nineveh », dans The Biblical Archaeologist 55/4, 1992, p. 228
  238. S. Lackenbacher, Le palais sans rival, Le récit de construction en Assyrie, Paris, 1990, p. 96
  239. Garelli et al. 2001, p. 260-261
  240. Joannès 2000, p. 44
  241. Joannès 2000, p. 65
  242. Garelli et al. 2001, p. 141
  243. (en) D. Stronach et S. Lumsden, op. cit. 55/4, 1992, p. 228-229
  244. Joannès 2000, p. 68
  245. (de) K. Radner, Ein neuassyrisches Privatarchiv der Tempelgoldschmiede von Assur, Sarrebruck, 1999, qui considère que les qinnu, habituellement « famille », « clan », sont des guildes
  246. L. Graslin-Thomé, Les échanges à longue distance en Mésopotamie au Ier millénaire : une approche économique, Paris, 2009, notamment p. 372-376
  247. Ibid., p. 276-283, conclusions sur l'organisation du commerce en Assyrie
  248. Ibid., p. 384-393
  249. Garelli et al. 2001, p. 261
  250. L. Graslin-Thomé, op. cit., p. 179-276 pour les produits échangés à l'échelle internationale avant tout
  251. (en) D. J. Wiseman, « Assyrian Writing-Boards », dans Iraq 17, 1955, p. 3-13 et (en) M. Howard, « Technical Description of the Ivory Writing-Boards from Nimrud », dans Iraq 17, 1955, p. 14-20
  252. Charpin 2008, p. 31-60
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  256. Sur les bases de cette langue, voir (de) W. von Soden, Grundiss der Akkadischen Grammatik, Rome, 1995 et (en) J. Huehnergard, A Grammar of Akkadian, Atlanta, 2000
  257. (en) J. Huehnergard, A Grammar of Akkadian, Winona Lake, 2000, p. 599-603
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  265. Fales 2001, p. 37
  266. (en) Eleanor Robson, « Ninurta, god of victory », sur Nimrud: Materialities of Assyrian Knowledge Production, The Nimrud Project at Oracc.org, (consulté le 27 juin 2015)
  267. (en) Eleanor Robson, « Nabu, god of wisdom », sur Nimrud: Materialities of Assyrian Knowledge Production, The Nimrud Project at Oracc.org, (consulté le 27 juin 2015)
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  269. J. Margueron, « Sanctuaires sémitiques », dans Supplément au Dictionnaire de la Bible fasc. 64 B-65, 1991, descriptions des temples assyriens aux col. 1157-1163, 1173-1175, 1187-1190 et 1199-1205, typologie aux col. 1222-1242
  270. Joannès 2000, p. 69-70 ; Fales 2001, p. 39-41
  271. Garelli et al. 2001, p. 293-294
  272. Joannès 2000, p. 69-70
  273. Garelli et al. 2001, p. 294-296
  274. P. Villard, « Akîtu », dans Joannès (dir.) 2001, p. 20-22
  275. Cité par J. Bottéro, La plus vieille religion : en Mésopotamie, Paris, 1998, p. 333
  276. Fales 2001, p. 244-283
  277. Pour une discussion sur la nature de la « littérature » mésopotamienne, voir notamment (en) J. Goodnick-Westenholz, « In the Shadow of the Muses: A View of Akkadian Literature », dans Journal of the American Oriental Society 119/1, 1999, p. 81-83 ; Charpin 2008, p. 199-201
  278. Fales 2001, p. 39-41
  279. Charpin 2008, p. 201-215
  280. Charpin 2008, p. 220-223
  281. Charpin 2008, p. 212-213
  282. Charpin 2008, p. 215
  283. Charpin 2008, p. 218
  284. Charpin 2008, p. 197-201
  285. Charpin 2008, p. 207 et 222
  286. Voir notamment (en) P. O. Harper, E. Klengel-Brandt, J. Aruz et K. Benzel (dir.), Assyrian origins: Discoveries at Ashur on the Tigris, New-York, 1995
  287. Michel 2001, p. 29 ; Huot 2004, p. 50-53
  288. Huot 2004, p. 158
  289. Huot 2004, p. 160-161. P. Villard, « Texte et image dans les bas-reliefs », dans Palais 1992, p. 32-37
  290. Benoit 2003, p. 374-377
  291. Benoit 2003, p. 406-407
  292. Benoit 2003, p. 394-395
  293. Benoit 2003, p. 396-399
  294. Huot 2004, p. 82
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  296. Huot 2004, p. 163-164
  297. Benoit 2003, p. 372-373
  298. Benoit 2003, p. 378-381
  299. S. Lackenbacher, Le Palais sans rival, « Le récit de construction en Assyrie », Paris, 1990, p. 120-121
  300. « Description de la statuette de Pazuzu sur le site du Musée du Louvre » (consulté le 20 septembre 2010)
  301. « Description de la plaque de Lamashtu sur le site du Musée du Louvre » (consulté le 20 septembre 2010)
  302. Benoit 2003, p. 382-385. (en) P. Albenda, Ornamental wall painting in the art of the Assyrian Empire, Leyde, 2005.
  303. Voir par exemple les commentaires de (en) B. Teissier, Ancient Near Eastern Cylinder Seals from the Marcopoli Collection, Berkeley, 1984, p. 33-44
  304. Harper, Klengel-Brandt et Aruz (dir.) 1995, p. 83-88
  305. Aruz et al. (dir.) 2014, p. 141-151
  306. Benoit 2003, p. 386-389 ; Aruz et al. (dir.) 2014, p. 152-156
  307. F. Joannès, « Habillement », dans Joannès (dir.) 2001, p. 357
  308. D. Parayre, « Fastes et splendeurs des cours assyriennes », dans Palais 1992, p. 38-43
  309. (en) S. Dalley, « Ancient Assyrian Textiles and the Origins of Carpet Design », dans Iran 29, 1991, p. 120-123
  310. Ibid., p. 123-124
  311. Ibid., p. 123-126. On ne sait pas si ces motifs étaient des textiles multicolores brodés ou bien des pièces métalliques cousues sur l'étoffe comme l'a proposé (en) A. L. Oppenheim « The Golden Garments of the Gods », dans Journal of Near Eastern Studies 8/3, 1949, p. 172-193
  312. Harper, Klengel-Brandt et Aruz (dir.) 1995, p. 44-47 et sq. et 81-82 et sq.
  313. Huot 2004, p. 166-168 ; Aruz et al. (dir.) 2014, p. 125-131
  314. F. Joannès, « Parfums et maquillage », dans Joannès (dir.) 2001, p. 632-634

Bibliographie

Généralités sur la civilisation mésopotamienne

  • Paul Garelli, Jean-Marie Durand, Hatice Gonnet et Catherine Breniquet, Le Proche-Orient asiatique, tome 1 : Des origines aux invasions des peuples de la mer, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « La Nouvelle Clio »,
  • Paul Garelli et André Lemaire, Le Proche-Orient Asiatique, tome 2 : Les empires mésopotamiens, Israël, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « La Nouvelle Clio »,
  • Jean-Jacques Glassner, La Mésopotamie, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Guide Belles Lettres des civilisations »,
  • Francis Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins »,

Études sur l'Assyrie

  • (de) Eva Cancik-Kirschbaum, Die Assyrer : Geschichte, Gesellschaft, Kultur, Munich, C. H. Beck,
  • (en) John Nicholas Postgate, The Land of Assur & The Yoke of Assur, Studies on Assyria 1971-2005, Oxford, Oxbow,
  • (de) Johannes Renger (dir.), Assur - Gott, Stadt und Land, Wiesbaden, Harrassowitz Verlag,

Période néo-assyrienne

  • (it) Frederick Mario Fales, L'impero assiro, storia e amministrazione (IX-VII secolo A.C.), Rome, Laterza,
  • Francis Joannès, La Mésopotamie au Ier millénaire avant J.-C., Paris, Armand Colin, coll. « U »,

Société et économie

  • Dominique Charpin, Lire et écrire à Babylone, Paris, Presses Universitaires de France,
  • Cécile Michel, Correspondance des marchands de Kaniš au début du IIe millénaire avant J.-C., Paris, Le Cerf, coll. « Littératures anciennes du Proche-Orient »,
  • (en) Raymond Westbrook (dir.), A History of Ancient Near Eastern Law, Leyde, Brill, coll. « Handbuch der Orientalistik »,
    • (en) Klaas R. Veenhof, « Old Assyrian Period », dans A History of Ancient Near Eastern Law, p. 431-483
    • (en) Sophie Lafont, « Middle Assyrian Period », dans A History of Ancient Near Eastern Law, p. 521-563
    • (en) Karen Radner, « Neo Assyrian Period », dans A History of Ancient Near Eastern Law, p. 883-910

Art et archéologie

  • Fastes des palais assyriens : Au nouvel empire, Dijon, coll. « Les dossiers d'archéologie n° 171 »,
  • (en) Prudence O. Harper, Evelyn Klengel-Brandt, Joan Aruz et Kim Benzel, Assyrian Origins : Discoveries at Ashur on the Tigris, New York, The Metropolitan Museum of Art, (lire en ligne)
  • Agnès Benoit, Art et archéologie : les civilisations du Proche-Orient ancien, Paris, RMN, coll. « Manuels de l'école du Louvre »,
  • Jean-Louis Huot, Une archéologie des peuples du Proche-Orient, tome II, Des hommes des Palais aux sujets des premiers empires (IIe-Ier millénaire av. J-C), Paris, Errances,
  • (en) Joan Aruz, Yelena Rakic et Sarah Graff (dir.), Assyria to Iberia : at the Dawn of the Classical Age, New York, The Metropolitan Museum of New York,

Voir aussi

Articles connexes

  • Souverains d'Assyrie

Villes assyriennes :

  • Assur (ville) (Qalaat Sherqat) ;
  • Ninive (Quyunjik) ;
  • Kalkhu (Nimrud) ;
  • Dur-Sharrukin (Khorsabad) ;
  • Arbelès (Erbil) ;
  • Imgur-Enlil (Balawat) ;
  • Shibaniba (Tell Billa) ;
  • Kar-Tukulti-Ninurta (Tulul al-'Aqar) ;
  • Dur-Katlimmu (Tell Sheikh Hamad) ;
  • Qattara (Tell Rimah) ;
  • Harbe (Tell Chuera) ;
  • Til-Barsip (Tell Ahmar) ;
  • Hadatu (Arlan Tash).

Liens externes

  • (en) : La totalité des "archives" (lettres, documents administratifs, belles-lettres, questions oraculaires) de la monarchie néo-assyrienne en ligne (akkadien et anglais) et de nombreuses notices sur la géographie et l'histoire de l'empire (en anglais exclusivement).
  • Enregistrement audio de conférences données au Collège de France sur les annales royales assyriennes par Mario Liverani.
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