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Ur (Mésopotamie)

Ur (Mésopotamie)

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Sauf précision contraire, les dates de cette page sont sous-entendues « avant Jésus-Christ ».
Ur
Tell al-Muqayyar
Ruines d'Ur, avec la ziggourat en arrière-plan.
Ruines d'Ur, avec la ziggourat en arrière-plan.
Localisation
Pays  Irak
Province Dhi Qar
Régions antiques Sumer et Babylonie
Coordonnées 30° 57′ 40″ N 46° 06′ 20″ E/30.961243, 46.1055130° 57′ 40″ Nord 46° 06′ 20″ Est/30.961243, 46.10551
Superficie au moins 80 hectares

Géolocalisation sur la carte : Irak

Ur
Histoire
Période d'Uruk et Période de Djemdet Nasr c. 4000-3100 et 3100-2900 av. J.-C.
Période des dynasties archaïques (Dynasties d'Ur I et Ur II) c. 2900-2340 av. J.-C.
Empire d'Akkad c. 2340-2150 av. J.-C.
Troisième dynastie d'Ur c. 2112-2004 av. J.-C.
Période d'Isin-Larsa c. 2004-1764 av. J.-C.
Première dynastie de Babylone c. 1764-1595 av. J.-C.
Dynastie kassite de Babylone c. 1595-1155 av. J.-C.
Empire assyrien 728-626 av. J.-C.
Empire néo-babylonien 626-539 av. J.-C.
Empire achéménide 539-331 av. J.-C.
Empire séleucide 311-c. 141 av. J.-C.

Ur (Our, en sumérien URIM), actuellement Tell al-Muqayyar (en arabe : tall al-muqayyar, تل المقير, « la colline poissée/bitumée »), est l'une des plus anciennes et des plus importantes villes de la Mésopotamie antique, dans l'actuel Irak. Elle était alors située sur une des branches du fleuve Euphrate et proche du Golfe Persique.

Ur apparaît comme une des principales et des plus puissantes cités sumériennes du IIIe millénaire av. J.‑C., comme l'illustrent les tombes royales et le riche mobilier funéraire qui y fut exhumé. Durant le XXIe siècle av. J.-C. cette ville fut la capitale d'un puissant empire, dirigé par les rois de ce que la tradition mésopotamienne a retenu comme la troisième dynastie d'Ur. Ces derniers édifient des monuments remarquables dans le sanctuaire du grand dieu de la ville, le Dieu-Lune, appelé Nanna en sumérien et Sîn en akkadien. Elle reste une ville importante au début du IIe millénaire av. J.‑C. comme l'attestent les nombreuses découvertes de constructions et de tablettes cunéiformes effectuées pour cette période par les équipes archéologiques dirigées par Leonard Woolley, qui explorèrent ses ruines entre 1922 et 1934. Ur demeure une cité assez importante en dépit d'un déclin marqué durant le Ier millénaire av. J.‑C., avant son abandon vers le IIIe siècle av. J.-C. Dans la Bible, « Ur des Chaldéens » est présentée comme la ville d'origine du patriarche Abraham.

Fouilles

Photographie aérienne du quartier sacré du site d'Ur à la période des fouilles britanniques, 1927.
Ruines d'Ur en 1970 vues le soir depuis le sommet de la ziggurat.

Visité au XVIIe siècle par le voyageur italien Pietro della Valle qui y ramassa quelques briques et autres objets inscrits[1], Tell al-Muqayyar est sondé pour la première fois en 1854 par le consul britannique de Bassora, J. E. Taylor, pour le compte du British Museum[2]. À partir d'inscriptions que Taylor y avait trouvées, le site a été identifié par Henry Rawlinson comme étant la cité antique d'Ur, rapidement perçue comme étant « Ur de Chaldée », lieu d'origine d'Abraham selon la Bible. Quelques archéologues de l'Université de Pennsylvanie y firent quelques explorations par la suite. Le site fut sondé en 1918 par R. Campbell Thompson à la demande du British Museum. L'année suivante, H. R. Hall y effectua des fouilles en même temps que sur les sites voisins d'Eridu et d'El Obeid. En 1922, une opération conjointe du British Museum et de l'Université de Pennsylvanie organisa les fouilles du site d'Ur. La direction en fut confiée à l'archéologue britannique Leonard Woolley, qui y mena douze campagnes jusqu'en 1934, date à laquelle il fut décidé d'interrompre les opérations pour procéder aux travaux de publication. Woolley fut notamment assisté par son compatriote Max Mallowan de 1925 à 1931. Les monuments principaux du quartier sacré de la cité furent mis au jour pour des périodes couvrant plus de 2000 ans, et l'une des découvertes archéologiques les plus spectaculaires pour un site du Proche-Orient ancien y fut effectuée, celle du cimetière royal et des objets luxueux qui en furent exhumés. Les résultats des fouilles furent progressivement publiés sur une trentaine d'années, dans les séries Ur Excavations (sur les fouilles archéologiques) et Ur Excavations Texts (tablettes exhumées sur le site), pendant que Woolley rédigeait plusieurs ouvrages de vulgarisation sur ses découvertes. Le British Museum et le University of Pennsylvania Museum of Archaeology and Anthropology ont mis en place conjointement un site Internet devant à terme présenter l'ensemble des données issues des fouilles (notes de fouilles, photographies, cartes, lettres, etc.)[3].

Bien après la fin des fouilles britanno-américaines, les autorités irakiennes ont entrepris la restauration de quelques édifices dont la grande ziggurat. Le site fut un temps occupé par l'armée américaine après l'invasion de l'Irak de 2003, puis restitué aux autorités irakiennes en 2009[4]. Le site archéologique avait cependant subi des dégâts en raison de la localisation à proximité de troupes irakiennes, et de combats qui s'y sont déroulés, notamment des bombardements[5]. Les ruines des monuments sont par ailleurs soumises à un processus d'érosion qui menace leur existence, ce qui a conduit à la mise en place d'un projet de préservation[6].

Périodes archaïques

Si ses phases protohistoriques sont très mal connues, comme pour la plupart des grands sites archéologiques de la Basse Mésopotamie antique, les fouilles archéologiques et les textes anciens ont montré qu'Ur a joué un rôle important dès les premiers temps de l'histoire de la Mésopotamie. Elle est un lieu de culte majeur, en tant que ville du Dieu-Lune Sîn, l'un des plus importants du panthéon mésopotamien, et aussi une puissance politique d'où émergent plusieurs souverains qui ont manifestement joué un rôle de premier plan. Ur est donc, aux côtés de sa voisine Eridu, d'Uruk, de Lagash ou encore Nippur, une des principales villes de la civilisation sumérienne qui se développe au cours du IIIe millénaire et exerce une influence considérable dans tout le Moyen-Orient. Les découvertes qui y ont été faites illustrent bien les caractéristiques principales de cette civilisation, que ce soit son art, son architecture, son organisation politique, économique et sociale, sa culture et sa religion.

Les premiers temps d'Ur

Situation d'Ur en Basse Mésopotamie au IIIe millénaire av. J.-C..

Plusieurs sondages réalisés sur le site de Tell al-Muqqayar ont révélé qu'il est habité depuis la période d'Obeïd (c. 5000-3750 av. J.-C., période qui tire son nom d’une cité située à six kilomètres à l’ouest, qui est un faubourg d'Ur aux époques historiques[7]). La stratigraphie de l'un d'entre eux a révélé un niveau de dépôts particuliers, semble-t-il apportés par l'action de l'eau, ce qui a amené Woolley, très marqué par la tradition biblique, à nommer le sondage Flood Pit (« Fosse du Déluge »). Il s'agit en fait sans doute d'un dépôt apporté par une inondation ordinaire voire par l'action du vent, ou encore par la remontée des eaux du golfe[8]. Quelques tombes de la période d'Obeid ont également été mises au jour. Cependant, les informations pour la région sur cette période proviennent du site voisin d'Obeid. Les niveaux des périodes suivantes, celles d'Uruk (c. 3900-3100) et de Djemdet Nasr (c. 3100-2900), sont connus par quelques sondages ayant livré des débris de constructions et quelques objets, et surtout un cimetière daté de la période de Djemdet-Nasr par Woolley mais qui, après réexamen des données, s'est révélé couvrir une période plus large, allant de la période d'Uruk au début des Dynasties archaïques[9]. Des briques et des cônes d'argile caractéristiques des périodes d'Uruk et de Djemdet-Nasr ont également été retrouvés sous la ziggurat postérieure du sanctuaire de Nanna, indiquant que celui-ci devait déjà comporter un ensemble monumental. L'espace construit couvrirait alors environ dix à quinze hectares, dans une plaine qui se peupla de plus en plus avec l'extension des zones irriguées[10].

La période suivante, celle des Dynasties archaïques (DA, c. 2900-2340) est mieux documentée à Ur. La ville connut une forte expansion au début du IIIe millénaire, passant à environ 20 hectares, tout en demeurant organisée autour de son complexe monumental central. Les sites voisins connurent également une forte expansion comme l'ont révélé les prospections archéologiques qui ont permis de repérer plusieurs villages, dont un fut brièvement fouillé à Sakheri Sughir (8 kilomètres environ au nord d'Ur)[11]. À proximité du complexe sacré de la ville-centre, les archéologues ont dégagé un dépôt d'objets mis au rebut, baptisé Seals Impressions Strata (SIS) en raison des nombreuses empreintes de sceaux-cylindres qui y ont été mises au jour aux côtés de poteries et de tablettes[12]. C'est donc de cette période que datent les premières trouvailles épigraphiques effectuées sur ce site, datées de la fin du DA I ou du début du DA II (autour de 2800-2700). Les empreintes de sceaux permettent de bien connaître la glyptique de la période et d'approcher l'univers symbolique des Sumériens de cette époque[13]. Certaines d'entre elles sont des impressions de sceaux au nom des cités de Sumer, retrouvées sur des morceaux d'argile ayant servi à sceller des jarres ou des portes à Ur mais aussi sur d'autres sites comme Djemdet Nasr (pour la période antérieure)[14]. Ces sceaux représentent plusieurs villes de Basse Mésopotamie, dans un ordre parfois prédéfini, qui à Djemdet Nasr place Ur en première position (devant Nippur, Larsa et Uruk), montrant peut-être qu'elle exerce une sorte de prééminence. Il s'agirait de preuves d'une association de ces cités, même si on ignore sa finalité exacte : à l'exemple de ce qui se passe sous la Troisième dynastie d'Ur avec le système du BALA, on a supposé qu'il s'agissait d'une sorte d'amphictyonie regroupant les principales cités sumériennes dans la participation au culte de certaines divinités (Inanna d'Uruk étant la meilleure candidate), en envoyant notamment des denrées alimentaires en sacrifice[15].

Quant aux presque 400 tablettes datées de la fin du DA I ou du DA II retrouvées à Ur, elles proviennent des archives du temple du Dieu-Lune Nanna, divinité tutélaire de la cité, mentionnant des domaines agricoles en sa possession attribués à des personnes qui travaillaient pour son compte, et des listes de travailleurs (jardiniers, vignerons, brasseurs, forgerons, etc.)[16]. Les temples sont en effet traditionnellement des institutions sociales et économiques majeures en Mésopotamie méridionale, et celui du dieu patron d'Ur occupe un rôle majeur durant toute l'histoire de la ville. Ces textes fournissent également des informations sur les autorités administratives de la ville et du pays de Sumer : ce sont les premiers à mentionner des personnages comme le LUGAL[17] (le « roi » aux périodes suivantes), l'ENSÍ (« vicaire », autre personne exerçant un pouvoir royal par la suite), le SANGA (un prêtre) ou l'UKKIN.GAL (« grand de l'assemblée »). Mais si les titres sont connus, rien ne permet de savoir la fonction exacte de ces personnages et l'organisation politique d'Ur à cette période.

Les premières dynasties

Le roi présidant un banquet, détail de l'Étendard d'Ur retrouvé dans les tombes royales.

Les témoignages de la période du Dynastique archaïque III (DA III, c. 2600-2340) indiquent qu'Ur reste une ville importante et opulente approchant alors les 50 hectares et dont les autorités dominent la région environnante après le déclin de l'autre site majeur, Eridu[18]. C'est du début de cette période que date la découverte la plus fameuse réalisée sur le site, sous les SIS : les « tombes royales » (c. 2500), dont les défunts principaux, Meskalamdug et Akalamdug, sont généralement vus comme des rois mais n'apparaissent pas dans la Liste royale sumérienne, texte largement postérieur aux périodes archaïques, qui rapporte les noms de souverains que la tradition sumérienne a conservés[19]. Ce document mentionne deux dynasties ayant dominé la Basse Mésopotamie depuis Ur : la première, fondée par Mesannepada, serait à situer vers le XXVe siècle ; ses rois sont connus par des inscriptions retrouvées sur plusieurs sites. Le souverain fondateur est ainsi connu par des tablettes comme par des inscriptions sur des objets, retrouvés sur place ou sur le site lointain de Mari[20]. Il est présenté comme le fils de Meskalamdug, et porte à un moment le titre de « roi de Kish », qui indique en général que son détenteur exerce une forme d'hégémonie sur les « cités-États » de la Basse Mésopotamie[21]. Aanepada, son fils et successeur, est attesté par une inscription mentionnant la construction d'un temple de Ninhursag qui a été dégagé à Obeïd[7]. Ce site appartient donc aux rois d'Ur. La deuxième dynastie d'Ur, qui compte quatre rois selon la Liste royale, daterait du siècle suivant, mais ces souverains ne sont pas attestés autrement. Pour cette période, les fouilles d'Ur ont révélé l'existence d'un temple sur plate-forme bâti au futur emplacement de la ziggurat, indiquant que le complexe de Nanna est sans doute un important groupe monumental, le Giparu étant probablement aussi construit à cette époque et servait peut-être déjà de résidence aux grandes prêtresses (EN) du dieu[22],[23]. Une plaque perforée du DA III retrouvée dans ce dernier édifice représente une scène du culte du Dieu-Lune (peut-être un mariage sacré)[24]. C'est néanmoins le temple sur terrasse d'Obeïd qui est la construction des rois archaïques d'Ur la mieux connue.

Les tombes royales

Article détaillé : Cimetière royal d'Ur.

La découverte par Leonard Woolley du cimetière royal d'Ur reste l'une des plus spectaculaires trouvailles de l'archéologie de la Mésopotamie antique[25]. Il s'agit d'un vaste ensemble d'environ 1 800 sépultures concernant tout l'éventail social de la ville d'Ur entre le XXVIe et le XXIIIe siècle (les tombes les plus récentes sont datées de la période d'Akkad). Beaucoup sont des inhumations simples, mais il existe des tombes collectives. La plupart n'ont livré qu’un matériel rudimentaire (céramiques) ; certaines recelaient cependant des objets en métal plus ou moins précieux, ce qui semble indiquer que leur occupant disposait d'un statut social plus élevé, sans doute lié à des fonctions dans l’administration du temple ou du palais. Une vingtaine de sépultures se placent au-dessus du lot par leur richesse ; y reposent certainement de hauts dignitaires du royaume. L'élément le plus spectaculaire est l'ensemble des dix-sept tombes qualifiées de « royales », en raison de leur architecture, de leur riche matériel funéraire et surtout des dizaines de morts accompagnant les défunts principaux dans leur mort, pratique non attestée en Mésopotamie en dehors de ce site. Il s'en trouve près de trois cents, identifiés par leurs habits comme soldats, serviteurs et servantes, ainsi que des « dames de cour » de rang manifestement plus élevé. On a longtemps pensé qu'ils étaient morts sans violence, peut-être drogués et/ou empoisonnés, mais une étude récente sur deux squelettes issus des tombes a montré que ces personnes ont sans doute été mises à mort par perforation du crâne, avant que leur corps ne soit traité pour une plus longue conservation et vêtu d'un costume d'apparat[26].

Les tombes royales d'Ur ont livré des objets de très belle facture, témoignant de la grande maîtrise des artisans sumériens de l’époque, notamment en ce qui concerne l’orfèvrerie et la métallurgie[27]. On y a retrouvé de la vaisselle de luxe, des armes finement réalisées (des poignards en or notamment), un char de trait que l'on a pu remonter, des statuettes, des sceaux-cylindres, etc. Parmi les œuvres les plus fameuses, on peut mentionner une lyre de bois, décorée d'une tête de taureau, une sculpture représentant un bouquetin agrippé à un buisson dont il semble consommer les feuilles, mesurant 42 centimètres, réalisée en bois plaqué d'or, de lapis-lazuli, d'argent, de nacre et d'autres matières, ou encore l'étendard d'Ur, de 20 centimètres de haut et 47 de long réalisé en nacre avec du lapis-lazuli, à la fonction énigmatique. La parure de Pu-abi est également impressionnante : un diadème constitué de feuilles d'or, divers bijoux en or, lapis-lazuli, cornaline et autres pierres précieuses.

L'interprétation du groupe cohérent que constituent les « tombes royales » pose plusieurs problèmes[28]. Certains défunts dont les tombeaux sont les plus riches, notamment les « rois » Meskalamdug et Akalamdug et la « dame » ou « reine » (NIN) Pu-abi, identifiés par Woolley comme des membres d'une famille royale, sont désignés comme tels par certains objets les accompagnant. Pourtant, la titulature n'est pas certaine, et il pourrait également s'agir de grands prêtres et grandes prêtresses du dieu Nanna, comme il en est connu pour les périodes suivantes. Les pratiques funéraires spectaculaires ont également suscité diverses théories. Elles reflètent manifestement des croyances religieuses spécifiques. Le sacrifice – planifié – des serviteurs à la mort de leur maître viserait à assurer à ces derniers une cour les accompagnant dans l'au-delà. Ces morts d'accompagnement sont attestés pour d'autres civilisations, et symbolisent la soumission extrême à un chef, à moins qu'il ne s'agisse de pratiques sacrificielles dans le cadre du culte du Dieu-Lune. L'analyse du matériel funéraire est un autre point de débat : sa richesse et sa qualité illustrent les capacités des artisans sumériens et les moyens à la disposition des élites, notamment une insertion certaine dans des réseaux d'échanges internationaux. Ils pourraient être vus comme des cadeaux aux maîtres du monde des morts accueillant les défunts, ou bien d'objets devant servir à ces derniers dans l'au-delà.

Fin du Dynastique archaïque et période d’Akkad

L'histoire de la ville d'Ur au DA III (2600-2340) est à peine mieux connue que celle des époques précédentes[29]. Plusieurs inscriptions des rois d'Uruk indiquent qu'ils dominaient aussi Ur, les deux grandes cités sumériennes ayant apparemment constitué une même entité politique dominée par une seule dynastie portant le titre de rois d'Uruk et d'Ur. Le souverain Enshakushana d'Uruk, qui semble dominer le sud mésopotamien après sa victoire contre le roi Enbi-Ishtar de Kish, est ainsi présenté comme le fils du roi Elili d'Ur. Ses successeurs Lugal-kinishe-dudu et Lugal-kisal-si proclamaient exercer la royauté sur Ur. Bien qu'ils dirigent une des plus puissantes cités-États sumériennes, leur dynastie tomba finalement sous la coupe de Lugal-zagesi, originaire d'Umma. Celui-ci prit le titre de roi d'Uruk et domina toute la Basse Mésopotamie un court laps de temps, avant d'être défait par Sargon d'Akkad vers 2340.

Sur le site même, la période d'Akkad n'est connue que par des sépultures et quelques inscriptions. On sait que Sargon installa sa fille Enheduanna comme grande prêtresse du sanctuaire du Dieu-Lune Nanna, inaugurant une tradition reprise par son petit-fils Narâm-Sîn, qui fit à son tour de sa fille Enmenanna la grande prêtresse de ce temple. Enheduanna est passée à la postérité à la suite de la rédaction de divers hymnes qui lui furent attribués par la tradition littéraire mésopotamienne ultérieure[30]. Un disque en albâtre la représentant a été retrouvé dans le Giparu, où elle résida probablement en tant que grande prêtresse du dieu Nanna[23]. La mise en place de princesses d'Akkad avait sans doute une visée politique, servant de signal pour rallier la ville à la domination des rois d'Akkad. Mais cela ne fut pas suffisant, car Ur participa à plusieurs révoltes : la première vit un de ses chefs, un certain Kaku originaire d'Ur, s'opposer à Rimush, fils de Sargon, peu après sa montée sur le trône ; Ur fut également impliquée dans une grande rébellion qui s'opposa à Narâm-Sîn[31].

Les apogées d'Ur : troisième dynastie et période paléo-babylonienne

La documentation archéologique et épigraphique collectée sur le site d'Ur documente avant tout une période de plus de trois siècles allant d'environ 2112 à 1740. Elle comprend deux époques qui peuvent être vues comme des ères de grande prospérité de la ville et de sa région, séparées par une phase de destructions : la première est celle de la troisième dynastie d'Ur (ou Ur III, c. 2112-2004), durant laquelle Ur devient la capitale d'un grand empire dont les souverains réalisent de nombreuses constructions ; la seconde est la période dite d'« Isin-Larsa » (première partie de la longue période dite « paléo-babylonienne », c. 2004-1595), du nom des deux royaumes qui exercent alors l'hégémonie sur la Basse-Mésopotamie (c. 2000-1763), durant laquelle Ur n'est plus la capitale d'un royaume mais reste une ville importante dans le domaine religieux et économique et fait l'objet de nombreuses attentions de la part des souverains qui la dominent. La documentation sur Ur à cette période concerne en premier lieu son grand sanctuaire, dont les monuments principaux ont été dégagés. Les milliers de tablettes cunéiformes exhumées pour les périodes d'Ur III et paléo-babylonienne, provenant notamment des résidences datées de la seconde, offrent un éclairage sur certains aspects de la société et de l'économie de la ville et de sa région.

Historique

La troisième dynastie

L'extension approximative de l'empire de la troisième dynastie d'Ur sous le règne de Shulgi, et son organisation centre/périphérie.
Article connexe : Troisième dynastie d'Ur.

Après la chute de la dynastie d'Akkad, une partie de la Basse Mésopotamie est apparemment dominée par des rois Gutis, avant que des souverains d'extraction locale reprennent les choses en main. L'un d'eux, Ur-Bau de Lagash, fait de sa fille En-anne-padda la grande prêtresse de Nanna[32]. Ur est peut-être dominée par ce roi, ou bien dirigée un temps par un certain Lusaga connu par une inscription, mais quoi qu'il en soit elle passe peu après sous la coupe d'Utu-hegal d'Uruk, qui y place un gouverneur, Ur-Nammu (peut-être son propre frère)[33]. Ce dernier le renverse et monte sur le trône d'Ur vers 2112. Il est considéré par la tradition mésopotamienne comme le fondateur de la troisième dynastie d'Ur (abrégé en Ur III)[34]. Lui et son fils et successeur Shulgi (2094-2047) fondent un puissant empire qui domine toute la Mésopotamie jusqu'à la fin du XXIe siècle ; cet empire est généralement considéré comme la dernière entité politique sumérienne (on parle parfois de « période néo-sumérienne » ou de « renaissance sumérienne » pour cette époque), même si la langue sumérienne n'est peut-être déjà plus parlée. Ur devient donc la capitale d'un puissant royaume. Les rois d'Ur ne font pas forcément de cette ville leur résidence principale : ils semblent lui préférer Nippur ou sa voisine Puzrish-Dagan. Mais il n’empêche qu'ils effectuent de grands aménagements dans ce qui reste l'une des principales cités du sud mésopotamien, notamment dans le sanctuaire du dieu Nanna. Les travaux principaux sont entrepris par Ur-Nammu et sans doute poursuivis par Shulgi[35].

La chute d'Ur

Tablette portant le texte de la Lamentation sur la destruction d'Ur, Musée du Louvre.

Le royaume d'Ur s’affaiblit au cours des dernières décennies du XXIe siècle. Sous le règne du roi Ibbi-Sîn (2028-2004), une grande partie du royaume est perdue, et des cités commencent à faire sécession à l'intérieur même du pays de Sumer : Isin se sépare d'Ur sous la direction d'Ishbi-Erra, dont le règne commence en 2017. Dans ce contexte difficile, marqué notamment par des incursions de nomades amorrites, une coalition menée par un roi élamite, Kindattu de Simashki, envahit le pays de Sumer et, en 2004 av JC, réussit à prendre Ur[36]. Ibbi-Sîn est déposé et amené en Élam en même temps que la statue de culte du dieu Nanna. Woolley a identifié des traces de destructions dans les monuments principaux du sanctuaire de Nanna qu'il a attribuées à cette invasion[37]. Les Élamites sont cependant repoussés peu après par Ishbi-Erra qui devient alors le souverain le plus puissant de Basse Mésopotamie, et reprend le contrôle d'Ur.

Cet événement dramatique a apparemment marqué les consciences en Basse Mésopotamie, et la période de la chute de la Troisième dynastie d'Ur a fait l'objet de cinq textes appelés par les chercheurs modernes « lamentations ». On compte parmi eux une Lamentation sur la destruction d'Ur, et une Lamentation sur la destruction de Sumer et d’Ur[38]. Ces récits décrivent les malheurs qu’a subis cette ville durant ces temps difficiles, en leur donnant une tournure catastrophique, présentant la destruction comme un retour à l'état sauvage là où auparavant s'épanouissait une brillante civilisation. Ils restent néanmoins très vagues sur les événements historiques mêmes, s'intéressant plutôt à en expliquer les causes par des décisions divines. Il s'agit en fait de textes produits quelques décennies après les faits, à l’initiative des souverains d'Isin. Ces derniers cherchent en effet à justifier la chute des rois d’Ur par la perte de l'appui divin dont ils disposaient précédemment et souhaitent ainsi légitimer leur propre domination sur le pays de Sumer.

L'époque des rois amorrites

Situation d'Ur en Basse Mésopotamie au début du IIe millénaire av. J.-C..

Après la chute de la IIIe dynastie sous les coups des Élamites, la Mésopotamie éclate en plusieurs royaumes, dominés par des dynasties d'origine amorrite[39],[40]. Pour cette période, il est certain que les locuteurs de langue sumérienne ont disparu (si ce n'était pas déjà le cas avant) : Ur est donc devenue une ville de langue akkadienne, même si le sumérien est toujours compris et utilisé dans le milieu du clergé. Du point de vue politique, la ville a perdu son indépendance. Elle est d'abord incluse dans la première puissance hégémonique, le royaume d'Isin, dont le souverain Shu-ilishu (1984-1975) organise le retour de la statue de culte de Nanna à Ur depuis l'Élam. Ces rois reprennent la tradition de placer une de leurs princesses comme grande-prêtresse de Nanna, comme Enannatumma, fille d'Ishme-Dagan, sous le règne duquel la restauration du sanctuaire de Nanna est très active[32]. Vers 1925, Ur est prise par le roi Gungunnum de Larsa, qui n'y bouleverse pas l'administration, laissant notamment Enannatumma et l'administration en place. La ville est reprise un temps par le Bur-Sîn d'Isin, au début du XIXe siècle, mais repasse vite sous la coupe de Larsa. Les nouveaux maîtres de la cité ne la délaissent pas, puisqu'ils restaurent à leur tour son grand sanctuaire et y effectuent quelques nouveaux aménagements. La région d'Ur connaît la stabilité sous le règne de la nouvelle dynastie de Larsa, fondée par Kudur-Mabuk auquel succèdent ses fils Warad-Sîn et Rîm-Sîn, alors que sa fille Enanedu devient grande prêtresse de Nanna[32]. Ils visitent la ville à plusieurs reprises et se rendent à son grand temple, ce que commémorent plusieurs hymnes. Ils procèdent à de nombreux travaux, notamment le remaniement de l'enceinte du temple de Nanna, ainsi que la restauration et la construction de plusieurs temples.

En 1763, Ur passe sous le contrôle du roi Hammurabi de Babylone (1792-1750) quand celui-ci s'empare du royaume de Larsa. Ur entre alors dans une période de déclin rapide. Sous le début du règne de son successeur Samsu-iluna (1749-1712), les villes du sud de la Mésopotamie se révoltent contre le pouvoir babylonien sous la direction d'un personnage qui prend le nom de Rîm-Sîn (II)[41]. Les rebelles sont vaincus, Ur est prise, et Samsu-iluna proclame avoir détruit sa muraille. Les plus récentes tablettes des résidences paléo-babyloniennes sont datées de sa onzième année de règne, qui est sans doute la date de la destruction par le feu de plusieurs d'entre elles (mais pas toutes). La ville est apparemment abandonnée à partir de ce moment-là, comme plusieurs villes voisines (Uruk et Larsa) et ceci pour plusieurs siècles. Ses habitants ont probablement migré vers le nord, comme l'ont fait ceux d'Uruk que l'on retrouve plus tard à Kish[42]. Le très difficile contexte économique et social de l'extrême-sud mésopotamien explique cet exode. Les traces d'occupation des sites de la région sont quasiment inexistantes pour les deux siècles et demi suivants[43].

Plan et extension de la cité

Plan simplifié du site d'Ur. Les bâtiments figurés dans le quartier sacré, en rouge, correspondent aux périodes d'Ur III et d'Isin-Larsa.

Le centre de la ville d'Ur occupait à cette période une surface d'environ soixante hectares[44], mesurant approximativement 1 300 mètres du nord au sud et 900 mètres d'est en ouest, délimitée par une muraille de forme ovale construite par Ur-Nammu qui la commémora dans plusieurs inscriptions[45]. Les murs étaient construits sur un talus en briques crues, large de 25 à 35 mètres et haut d'environ 8 mètres. La muraille proprement dite qui le surmontait était en briques cuites, mais il n'en reste plus rien aujourd'hui. Par endroits, des édifices furent incorporés dans les remparts, notamment les temples paléo-babyloniens d'Enki et de Ningishzida dont les restes ont pu être identifiés, et la muraille était alors plus large. L'enceinte était bordée par des cours d'eau (sauf sur son côté sud) : une des branches principales de l'Euphrate à l'ouest, et un canal artificiel à l'est. Selon Woolley, ils étaient reliés aux deux dépressions identifiées comme des anciens ports : le « port nord » et le « port ouest ». Ur était un port fluvial très dynamique, ouvrant sur le Golfe Persique. Ses marchands allaient faire de fructueuses affaires à Dilmun (Bahreïn) et Magan (Oman)[46]. Mais il semblerait que le quartier commercial principal (karūm) soit localisé hors des murs. En effet, la ville ne se limitait pas à la surface enceinte, qui selon les vagues estimations de Woolley n'englobait qu'un sixième de l'agglomération[47]. Elle était entourée de faubourgs s'étendant sur une surface inconnue, mais repérés par les archéologues, qui ont notamment dégagé un magasin appelé « trésor de Sîn-iddinam » à plus d'un kilomètre de la ville. Il est de toute manière évident que l'espace urbanisé n'était pas partout densément bâti, car les villes mésopotamiennes comprenaient des jardins, vergers et champs jusqu'en leur centre. Plus loin, plusieurs villages de petite taille (moins de dix hectares) étaient situés le long de canaux menant à la ville. La population d'Ur durant la période d'Ur III et le début de celle d'Isin-Larsa a été estimée à 250 000 habitants par Woolley. Cette évaluation a été ramenée par Wright plus (trop ?) raisonnablement à une fourchette située entre 17 000 et 27 000 habitants pour la ville et les villages alentour[48] ; ces estimations restent très approximatives, d'autant plus que l'étendue de la surface habitée reste inconnue.

Les constructions du quartier sacré

Détail de la Stèle d'Ur-Nammu : le roi effectue des libations face au dieu Nanna assis sur son trône.

La zone officielle d'Ur se trouvait à mi-chemin entre les deux ports, dans la partie nord-ouest. Elle gravitait autour du sanctuaire du dieu Nanna/Su'en, Sîn en akkadien[49], l'É.KIŠ.NU.GAL (« Maison de la grande lumière »), et celui de sa parèdre Ningal. Comme il a déjà été évoqué plus haut, ce groupe de monuments était déjà important durant les siècles précédents, et les constructions postérieures s'inscrivirent dans leur continuité. Ur-Nammu et ses successeurs procédèrent à de grands réaménagements qui modifièrent sa physionomie. Mais ces édifices ne sont pas bien connus par les niveaux d'Ur III, car ils ont manifestement été détruits à la fin de cette dynastie puis reconstruits par les rois de la période d'Isin-Larsa, qui n'ont cependant substantiellement pas modifié l'aspect des bâtiments[50]. L'importance du sanctuaire aux époques d'Ur III et d'Isin-Larsa ne se voit pas seulement dans le domaine architectural, car de nombreux textes le documentent, avant tout pour la seconde période. On sait que plusieurs princesses devinrent grandes prêtresses du dieu Nanna, en continuité avec ce que faisaient les souverains antérieurs[32]. En plus d'être un grand centre religieux, le sanctuaire de Nanna fut sans doute important dans le domaine culturel et intellectuel, et ses prêtres-lettrés furent sans doute les rédacteurs de divers hymnes et autres textes religieux en rapport avec le Dieu-Lune, textes qui comprennent quelques belles pièces de la littérature en langue sumérienne[51]. Par ailleurs, les temples de Nanna et de Ningal disposaient de vastes domaines agricoles, d'ateliers, entreprenaient des opérations commerciales, et employaient de nombreux dépendants ainsi que d'autres personnes qui pouvaient travailler pour eux occasionnellement. Ils représentaient donc une institution économique de premier plan, un acteur majeur de la société d'Ur comme tous les grands sanctuaires mésopotamiens, et étaient de ce fait étroitement contrôlés par un pouvoir royal soucieux de disposer de leurs ressources tout en étant leur principal mécène.

Le sanctuaire du Dieu-Lune

La ziggourat d'Ur : état actuel des ruines, après restauration (gauche) et tentative de restitution en images de synthèse (droite).
Poids en diorite dédié par le roi Shulgi à Nanna, portant le symbole du croissant de lune.

Le groupe monumental principal est celui du Dieu-Lune Nanna/Sîn, occupant le nord du temenos, dans une enceinte organisée autour de deux cours bâties sur une terrasse artificielle. La plus vaste était la cour occidentale, la « cour de la ziggurat » suivant la dénomination des fouilleurs, mesurant 140 mètres sur 135, où se trouvaient les installations principales du temple du Dieu-Lune dont la plus spectaculaire était la ziggurat, nommée É.TEMEN.NI.GUR (« Maison au fondement imposant »), plus tard É.LUGAL.GALGA.SISA (« Maison du roi qui laisse le conseil florir ») dans les inscriptions de Nabonide[52]. Elle est construite par Ur-Nammu en même temps que les grandes ziggurats d'autres villes saintes sumériennes (Eridu, Uruk, Nippur), couramment considérées comme les premiers édifices de ce type. Comme ces dernières, elle succède à un ancien temple sur terrasse qui est alors agrandi et surélevé. La ziggurat d'Ur est la mieux conservée de la Mésopotamie méridionale. Sa base est un rectangle de 62,50 × 43 mètres. Elle est construite en briques crues à l'intérieur, le revêtement extérieur étant fait en briques cuites plus résistantes. Des petits tunnels (nommés weeper holes, « trous pleureurs », par Woolley) avaient été laissés dans le massif de briques sans doute pour l'assécher ou compenser les variations du volume des briques suivant celles de la chaleur et de l'humidité. Des drains-gouttières servaient à évacuer les eaux. Le premier étage s'élève à 11 mètres, et a été conservé, avec la base du deuxième, qui mesure 36 mètres de long pour 26 de large, et devait s'élever à 6 mètres environ. L'accès au premier étage se faisait par un escalier perpendiculaire à l'édifice et deux autres accolés à la façade. Un troisième étage aujourd'hui disparu portait le temple édifié au sommet de la ziggurat. M. Sauvage a estimé que le premier étage seul était constitué d'environ 7 millions de briques, représentant 95 000 journées de travail pour le maçonnage des briques, et 50 000 journées pour les autres tâches (notamment l'extraction de l'argile, le moulage et le transport des briques), soit respectivement 95 et 50 jours si 1 000 ouvriers étaient mobilisés, même s'il est probable qu'ils ne pouvaient être disponibles toute l'année[53].

Ruines du Dublamah.

Même si elle est l'élément le plus marquant du sanctuaire, la ziggurat n'apparaît pas dans les textes de culte, sans doute parce que son rôle était effacé. Les bâtiments les plus importants du culte se trouvaient sans doute à ses pieds dans sa cour. Plusieurs pièces intégrées dans l'enceinte sur son côté nord-ouest devaient comprendre la cella abritant la statue de culte du dieu ainsi que les pièces servant à la préparation des offrandes, à savoir une cuisine, un four pour la cuisson des aliments et une brasserie pour la préparation des boissons fermentées[54]. Il devait également s'y trouver des chapelles consacrées à des divinités mineures qui apparaissent dans les textes de culte. La cour occidentale de la ziggurat était accessible par la cour orientale, mais aussi à l'époque d'Ur III par son côté sud-est où se trouvait une entrée monumentale, l'É.DUB.LA.MAH[55]. Cette construction a été fermée et remaniée sous les rois amorrites. Elle avait des fonctions annexes qui lui sont restées après qu'elle eut perdu son rôle de porte : elle comprenait un lieu de culte et servait de lieu de jugement lors de procès ainsi que de dépôt d'archives. À l'époque de la domination de Larsa fut érigé au nord-ouest de la cour un édifice nommé par Woolley « Bastion de Warad-Sîn », du nom du roi qui l'a construit. Sa façade était décorée de demi-colonnes et de piliers. Contrairement à l'intuition de son fouilleur, il ne s'agirait pas d'une construction défensive mais plutôt d'une nouvelle porte pour le complexe[56].

L'autre grande cour pavée, située à l'est, a été appelée « cour de Nanna » par les fouilleurs[57]. Elle mesure environ 64 × 42 mètres, et est entourée comme sa voisine par un mur double comprenant plusieurs chambres allongées. Elle a été étendue à l'époque d'Isin-Larsa aux dépens de la terrasse de la ziggurat. Sa fonction est mal comprise ; Woolley y voyait un espace de stockage, mais elle a pu avoir une fonction cultuelle. Un dernier édifice, le GA.NUN.MAH, se trouvait au sud-est de la cour orientale. De forme carrée, ayant une base de 57 mètres de côté, il servait sans doute de grand entrepôt du sanctuaire. C'est dans la zone sacrée qu'ont été retrouvés les fragments d'une remarquable stèle sculptée sur ses deux faces commémorant une reconstruction du temple du dieu, probablement sous le règne d'Ur-Nammu, bien qu'il y ait encore quelques doutes sur l'identité du roi représenté dessus[58]. On y voit le souverain effectuer des libations au dieu et à sa parèdre Ningal, et participer aux travaux de construction du temple. La seconde face représente une fête célébrant l'inauguration du nouveau temple, et les offrandes que l'on fait pour les dieux à cette occasion.

Le Giparu

Au sud de la cour de la ziggurat, contigu à l'enclos sacré, avait été édifié l'É.GI.PAR/Giparu(m)[17], mesurant environ 79 × 76,5 mètres[59]. Construit probablement sous les premières dynasties et remanié à l'époque d'Ur III (par Ur-Nammu et surtout Amar-Sîn), il est essentiellement connu pour ses niveaux d'Isin-Larsa quand il est restauré par la grande-prêtresse Enannatumma, fille d'Ishme-Dagan d'Isin. Le plan du bâtiment d'Ur III est cependant préservé en dehors de quelques modifications mineures. Ce bâtiment était divisé en deux parties, séparées par un corridor. Au sud-est, l'É.NUN était un temple dédié à la déesse Ningal, parèdre de Nanna. Une porte monumentale ouvrait cet édifice à côté de l'angle est ; deux anti-chambres ouvraient sur une petite cour, d'où on accédait à la partie principale organisée de façon axiale : une grande cour où étaient disposées des installations cultuelles ouvrait vers une ante-cella et une cella de forme barlongue comprenant une grande niche, destinée à abriter la statue de culte de la déesse. Cette partie de l'édifice comprenait des cuisines, sans doute dédiées à la préparation des mets pour le culte de la déesse. On y a trouvé des foyers de cuisson, ainsi que des fourneaux. Un couloir séparait ce temple de la partie nord qui occupait en gros les deux-tiers de l'édifice et servait de résidence de la grande prêtresse (EN/entum) du dieu Nanna. C'est le Giparu à proprement parler. On y trouve plusieurs cours, organisant l'édifice entre une partie publique et une partie privée, comme pour les maisons de particuliers. Les anciennes prêtresses étaient enterrées sous le bâtiment, dans des tombes voûtées. Plusieurs objets en rapport avec le culte du dieu Nanna y ont été mis au jour comme cela a déjà été vu pour les périodes antérieures. Certaines parties de l'édifice ont été identifiées comme des chapelles.

L'Ehursag et le « Mausolée de Shulgi »

Entrée des chambres souterraines du « mausolée ».

Au sud-est des bâtiments du sanctuaire de Nanna deux autres édifices de la période d'Ur III ont été mis au jour, qui sont identifiés comme des édifices liés au pouvoir royal et non à la divinité principale de la ville, même si leur fonction exacte est débattue. Le premier, l'É.HUR.SAG (« Maison-montagne »), bâtiment carré d'une base de 55 mètres de côté, peut-être inclus dans le temenos du sanctuaire à cette période, est couramment identifié comme un palais royal, après avoir, dans un premier temps, été interprété comme un temple du fait de sa ressemblance avec le Giparu et d'inscriptions lui attribuant une fonction dans le culte des rois de la dynastie (vivants ou morts, car certains se faisaient diviniser durant leur vie)[60]. Toute sa partie nord-ouest a été détruite, et n'a pu être reconstituée que de façon hypothétique. Woolley y voyait les pièces d'audience, tandis que les parties sud et est auraient été les quartiers privés du roi et de son harem. Mais cela repose sur peu d'arguments solides, seul le plan de la partie sud étant bien connu et ne permettant pas des interprétations très assurées quant à l'identification des espaces. On peut néanmoins y percevoir un ancêtre des palais royaux de la période suivante organisés autour d'une cour centrale ouvrant sur des espaces de réception, notamment la salle du trône. Sa fonction religieuse reste à établir.

En continuant vers le sud-est se trouve une construction identifiée par Woolley comme un mausolée construit par Shulgi et son fils Amar-Sîn[61]. Il comporte plusieurs caveaux voûtés en sous-sol, et est divisé en trois grandes unités contigües. La première et la plus vaste, située au centre et organisée autour d'une cour centrale, est datée par les inscriptions du règne de Shulgi qui l'aurait fait construire pour son tombeau et son culte funéraire, à moins que ce ne soit pour son père. Son successeur rajoute deux unités de plan voisin mais plus petites, une au nord-ouest et une autre au sud-est, avec des caveaux voûtés. De façon significative, ce monument est situé à proximité des tombes royales du Dynastique archaïque et d'autres tombes riches juste antérieures à la période d'Ur III qui rappellent par leur aspect celles du Mausolée. Ce dernier peut alors être vu comme leur continuateur en plus monumental. Selon Moorey, il servirait bien au culte des rois (en lien avec l'Ehursag) sans être leur lieu d'inhumation, les morts étant plutôt issus de l'élite de la ville jouant un rôle important dans le culte de Nanna. Les tombes royales seraient à chercher ailleurs, peut-être autour d'Uruk, le berceau de la dynastie[62].

Les habitants d'Ur

Les découvertes archéologiques et épigraphiques d'Ur, essentiellement concentrées sur la période d'Isin-Larsa, permettent d'offrir un éclairage sur la vie de certains des habitants de la cité. Plusieurs quartiers résidentiels dégagés dans cette cité sont très importants pour la connaissance des habitats de la Mésopotamie antique, souvent délaissés sur les autres sites. Les sources écrites, qui peuvent être confrontées aux découvertes archéologiques, permettent de préciser la reconstruction de la vie religieuse et économique de la ville, ces informations concernant avant tout les classes aisées de la société.

Les résidences paléo-babyloniennes

Le « no 1 Old Street », quartier AH, résidence du marchand Ea-nasir. Fonctions possibles des salles : 1. vestibules ; 2. espace central ; 3. couloir menant à un escalier permettant d'accéder à l'étage ; 4. pièce d'eau ; 5. salle de réception ; 6. chapelle.

Les archéologues ont dégagé sur les niveaux d'Ur datant des XIXe ‑ XVIIIe siècles (période d'Isin-Larsa) plusieurs parties de quartiers d'habitations privées[63]. Ils sont définis par leurs coordonnées sur les plans du site. Un premier groupe a été mis au jour au sud du sanctuaire de Nanna : au-dessus du Mausolée de Shulgi, dans la zone EH et surtout la zone EM où quinze résidences ont été dégagées sur près de 3 000 m2. Les tablettes qui ont été exhumées dans ces maisons indiquent qu'il s'agissait d'un quartier habité par le personnel du temple, ce qui expliquerait sa proximité avec ce dernier[64]. Le plus vaste ensemble de résidences fouillés est le secteur AH, situé plus au sud. Sur environ 8 000 m2 une cinquantaine de bâtiments y ont été mis au jour, où résidaient quelques membres du clergé mais aussi des marchands/hommes d'affaires. Les rues principales qui desservaient ces quartiers (quatre dans EM, une dizaine dans AH) ont été nommées par Woolley d'après les noms de rues d'Oxford (Quiet Street, Old Street, Paternoster Row, Broad Street, etc.).

Les quartiers résidentiels forment un tissu très dense, desservi par quelques rues principales en terre battue qui restent étroites (maximum 4 mètres), et se terminent dans des impasses d'où on pouvait accéder aux habitations[65]. Les quartiers fouillés ne comprenaient sans doute pas que des résidences, puisque Woolley y a identifié des chapelles et des espaces artisanaux. Les maisons sont généralement de petite taille (autour de 60 à 80 m2[66]), construites en briques crues, certaines ayant des fondations en briques cuites donc de meilleure qualité car plus résistantes, et les murs étaient enduits d'argile. La charpente comportait des pièces en bois. Les habitations sont de formes et de tailles diverses et ont pu connaître des remaniements, notamment des divisions, au gré d'héritages (chaque fils ayant droit à sa part de la maison avec une plus grande pour l'aîné) ou d'achats. Les maisons les plus vastes ont pu servir d'habitat à des groupes familiaux élargis associant plusieurs générations, tandis que les plus petites ont plutôt hébergé des familles nucléaires, qui sont les plus courantes en Mésopotamie antique. L'espace intérieur du modèle « idéal » de ces résidences tel qu'il a été reconstitué à la suite des propositions de Woolley est organisé autour d'un espace central, couvert ou non, dallé dans les résidences les plus cossues et ouvrant sur une pièce de réception. Mais dans la pratique ce modèle admet des variantes. L'identification des pièces n'est pas aisée, d'autant plus que beaucoup ont pu avoir plusieurs fonctions en raison de la mobilité du mobilier, notamment les foyers qui sont peu attestés, la cuisson ayant pu s'effectuer plutôt dans les cours ouvertes. Woolley a cru repérer dans plusieurs résidences des chapelles domestiques. Il a également proposé que ces constructions aient souvent un étage servant pour l'espace privé, mais cela a été contesté. Sous le sol de plusieurs de ces demeures ont été dégagés des tombeaux ayant pu servir pour les défunts de la maisonnée, mais ils pourraient aussi être antérieurs à la construction des maisons. Il s'agit de simples fosses ou de tombes en briques. Le défunt peut être placé dans un cercueil en argile ou dans une jarre si c'est un enfant. Le matériel funéraire qui y a été retrouvé est divers, témoignant des inégalités sociales : des céramiques dans toutes les tombes, accompagnées de bijoux variés (bracelets, boucles d'oreille, bagues, etc.) pour les plus riches.

Le clergé et le culte

Dans les quartiers EM et EH, les résidences des personnes liées au sanctuaire de Nanna/Sîn et de sa parèdre ont livré des tablettes de la période paléo-babylonienne permettant de mieux connaître les personnes chargées de l'organisation du culte à cette période, même si les aspects cultuels sont moins bien connus. Bien que retrouvées dans un contexte privé, elles montrent souvent des activités en lien avec l'institution. L'activité religieuse était particulièrement intense à Ur, puisque le sanctuaire du Dieu-Lune et de Ningal était l'un des plus importants de Basse Mésopotamie, disposant de divinités secondaires, mais la ville comprenait également d'autres temples, certains ayant été rapatriés sur place depuis d'autres lieux de culte abandonnés. Le cas le plus notable est celui du culte d'Enki d'Eridu, divinité majeure de la Mésopotamie[67].

Le personnel impliqué dans le culte des dieux vénérés à Ur, que l'on peut regrouper sous le qualificatif général de « clergé », dispose de charges qui sont divisibles en deux grandes catégories : certaines sont permanentes et d'autres sont divisibles. Parmi le premier groupe se trouvent les charges d'administration du temple, placées sous la direction du SANGA, où se trouvent notamment l'intendant (AGRIG/šatammum) ou le chargé de trésorerie (šandabakkum)[68]. Un détenteur de cette charge, Ur-Nanna, est bien connu par les archives abondantes retrouvées dans sa résidence le no7 Quiet Street. D'autres charges permanentes sont en lien avec l'exercice de rituels cultuels, par exemple celle de purificateur (abriqqum), illustrée par le cas de Ku-Ningal qui occupe le no7 Quiet Street (quartier EM) après Ur-Nanna[69]. Les charges divisibles, qualifiées de « prébendes », sont exercées par leur détenteur une partie de l'année, d'autres prébendiers l'assurant à leur « tour » (BALA) le reste de l'année. On trouve dans cette catégorie des charges importantes dans le culte quotidien du dieu, comme le GUDU4/pašīšu qui s'occupe d'un objet cultuel, notamment les statues divines, ou bien des brasseurs réalisant les boissons fermentées offertes aux divinités[70]. Les prébendes sont aliénables et transmissibles par héritage, tandis que les charges permanentes sont généralement transmises de père en fils aîné. Le clergé est rémunéré par la redistribution d'une partie des offrandes, ou bien par des champs appartenant au temple qui leur sont attribués pour qu'ils en tirent un revenu.

Le gros de l'activité du personnel cultuel consiste dans les offrandes du culte divin, distribuées lors des repas quotidiens des grands dieux ou bien lors de fêtes régulières comme les fêtes eššēššum ayant lieu lors des différentes phases lunaires. Il s'agit avant tout de céréales transformées en pain ou en bière, de produits laitiers, de fruits, etc.[71] Parmi les plus importantes fêtes d'Ur sont connues la « Grande fête » (EZEN.MAH) de Nanna, et l'akītum (Á.KI.TI), qui se tient deux fois par an lors des équinoxes et voit la statue du dieu Nanna se déplacer dans les environs de la ville vers un temple spécifique où sont accomplis des rituels. Elle est attestée à Ur depuis les temps archaïques et est sans doute originaire de cette cité, à partir de laquelle elle se répand dans les principaux lieux de culte mésopotamiens[72],[73].

Les résidences paléo-babyloniennes de prêtres ont livré de nombreuses tablettes scolaires ayant servi dans le cursus de formation des scribes et lettrés. Avec des textes similaires retrouvés à Nippur, elles ont permis de reconstituer les étapes de l'apprentissage des scribes[74]. Celui-ci se faisait en plusieurs phases : d'abord l'apprentissage de base de l'écriture et la rédaction de tablettes simples. Puis les étapes suivantes consistaient en des exercices de copies de textes plus complexes, notamment des œuvres des « belles-lettres ». C'est ce dernier stade qui est surtout documenté à Ur. La formation se déroulait dans des résidences privées. Une seule école a pu être repérée avec certitude, au no7 Quiet Street déjà évoqué, où étaient formés des apprentis-prêtres, ce groupe constituant les « lettrés » de cette période. Une autre résidence identifiée comme une école par Woolley, le no1 Broad Street (quartier AH) dont le propriétaire Igmil-Sîn est également prêtre, ne peut être vue comme telle car les tablettes scolaires qui y ont été exhumées avaient manifestement été mises au rebut[75].

Activités économiques

Environ 4 000 textes administratifs et économiques de la ville sont connus pour la période d'Ur III. Ils ont été peu étudiés à part leur important corpus documentant les activités artisanales, ce qui fait que l'administration et l'économie d'Ur à cette époque sont encore mal connues[76]. Le temple de Nanna et Ningal est toujours une institution économique majeure, mais contrôlée par le pouvoir central. Les ateliers institutionnels de la ville emploient de nombreux travailleurs, notamment des femmes et des enfants dans des ateliers textiles, ou bien d'autres (mieux connus) : des artisans plus qualifiés produisant des objets de luxe avec des matières premières riches, exotiques et variées, regroupés en fonction de leur spécialité (bois, ivoire, or, argent, cuivre, cuir, etc.) mais tous chapeautés par un même bureau. Ce dernier se charge de les recruter, les rémunérer, de les approvisionner en matières premières et outils, de contrôler leurs activités (notamment leur présence), et récupère leur production qui est stockée dans les magasins officiels, en premier lieu de Ganunmah, avant d'être redistribuée[77].

Les tablettes des niveaux paléo-babyloniens d'Ur permettent de reconstituer une plus grande partie de la vie économique et sociale de la ville et de ses alentours aux XIXe ‑ XVIIIe siècles[78]. Le temple de Nanna et Ningal occupe toujours une place majeure. Il dispose de nombreux champs et également de marais exploités pour leurs roseaux et poissons. Il les concède à son personnel en guise de rémunération, ou bien les loue à d'autres personnes. Un système similaire existe pour la gestion de ses troupeaux. Une fois par an, les pasteurs gérant les moutons du temple devaient les amener pour que les administrateurs de l'institution les comptent, vérifiant que le quota des naissances requis avait été respecté. C'est aussi à ce moment que la laine était récupérée. Les archives proviennent cependant essentiellement de lots privés retrouvés dans les résidences, documentant aussi bien les activités que leurs habitants exercent pour le compte du temple que pour leur propre compte, les deux étant difficilement dissociables. La période paléo-babylonienne est en effet caractérisée par le développement de la documentation économique privée, témoignant sans doute du plus grand rôle joué par les acteurs privés dans la société et l'économie de cette période, même si leur lien avec les « grands organismes » (temple ou palais) semble souvent crucial dans la constitution des fortunes familiales.

Le commerce est une activité majeure à Ur. Ea-nasir, possesseur du no1 Old Street (quartier AH), est ainsi un marchand de l'époque de la domination de Larsa qui effectue des affaires à Dilmun, l'actuel Bahreïn, où il réside une grande partie de l'année. Lui et ceux qui exercent la même activité sont d'ailleurs appelés ālik Dilmun, « (celui) qui va à Dilmun ». Le commerce maritime entre Ur et cette île du Golfe est sans doute une base importante de la prospérité de la ville[79],[46],[78],[80]. Les marchands mésopotamiens vont chercher le cuivre importé dans cette île depuis Oman (Magan), contre de l'argent ou bien des étoffes, de l'huile. Ils peuvent recourir à des associations pour financer les voyages, notamment l'association-tappūtum, connue par des contrats, qui voit un bailleur de fonds fournir les capitaux (les produits à vendre à destination) à un mandataire, le profit rapporté au retour étant ensuite partagé entre les deux parties[81]. À leur arrivée à Ur, les marchands doivent verser une dîme évaluée sur leurs importations au temple de la déesse Ningal, institution qui effectue également des prêts commerciaux. Ils offrent également des maquettes de bateaux en argent à la déesse, dans le but de recevoir sa protection lorsqu'ils sont en mer. Le pouvoir royal contrôle la « guilde » des marchands locaux par le biais d'un fonctionnaire (wakil tamkarim), qui à partir d'un moment semble prendre en charge la collecte d'une part des taxes commerciales pour le compte du palais[82]. À côté du commerce, les « hommes d'affaires » d'Ur pouvaient également effectuer des prêts. Le commerce maritime d'Ur décline sous la période de domination babylonienne, en même temps que l'agriculture, avec le recul de l'occupation humaine dans les contrées des rives mésopotamiennes du Golfe.

Le dernier millénaire

Durant le dernier millénaire (c. 1400-300) pendant lequel elle est occupée, Ur perd son statut de grande ville de Basse Mésopotamie, tandis que la population de sa région a décliné. Elle reste néanmoins une cité prestigieuse, notamment en tant que ville du Dieu-Lune. C'est sans doute pour cela qu'elle fait l'objet d'attentions de plusieurs rois babyloniens qui restaurent ses édifices principaux. Elle apparaît donc régulièrement dans les sources écrites, et les fouilles archéologiques ont permis quelques trouvailles notables pour ces périodes, même si elles paraissent limitées en comparaison de celles des périodes antérieures.

Période kassite

Ur et les établissements ruraux l'entourant sont progressivement réoccupés au début de la période de domination de la dynastie kassite de Babylone (1595-1155)[83]. Le temple de Sîn fonctionne à nouveau à partir du règne de Kurigalzu Ier, aux alentours de 1400. C'est probablement à ce dernier (et non à Kurigalzu II comme le pensait Woolley) que l'on doit la restauration de plusieurs des édifices sacrés de la cité, en ruine après leur abandon et peut-être aussi les destructions du temps de Samsu-iluna[84]. Un fragment de statue à son nom a été retrouvé, sur lequel une inscription le qualifie de « roi d'Ur », signe de l'importance qu'il accordait aux travaux qu'il a fait faire dans cette ville. Il a sans doute restauré la ziggurat et sa cour, au sud-est de laquelle il fait bâtir un petit temple dédié à Ningal, organisé autour d'une grande cour qui ouvre sur son côté sud-ouest vers un espace central desservant deux cellae. Il fait également reconstruire le temple voisin Dublamah, qui est surélevé par rapport aux cours qui l'entourent. Woolley y a repéré les ruines de portes voûtées. L'Enunmah est également relevé, de même que le Giparu qui est reconstruit suivant un plan différent de celui des périodes précédentes. Sa fonction a été modifiée du fait du déplacement du temple de Ningal sur la terrasse de la ziggurat. Les deux édifices sont néanmoins connectés par un passage. De ce fait, il semble que l'espace domestique du Giparu se soit étendu au détriment de l'espace religieux qui a même pu disparaître, mais le plan connu de l'édifice est trop incomplet pour être bien compris[85]. D'autres inscriptions de Kurigalzu Ier indiquent qu'il a restauré des temples dans le reste de la ville ainsi qu'une porte. La muraille de la ville est également relevée vers cette époque, et un fortin est construit dessus. Quelques habitations de cette période ont été dégagées, mais elles sont mal conservées. En ce qui concerne l'épigraphie, 70 tablettes de cette époque ont été retrouvées, émanant d'archives privées : des procès, actes de vente, distributions de rations, etc.[86] La vie économique de la ville reprend, mais semble bien loin du niveau des époques précédentes, notamment parce que le commerce du golfe Persique est désormais inexistant.

Périodes post-kassite et assyrienne

Après la documentation concernant les travaux de Kurigalzu Ier, rien ne documente l'activité de rois de Babylone à Ur pendant deux siècles et demi. Un texte postérieur de Nabonide attribue à Nabuchodonosor Ier (1125-1104) la restauration du Dublamah, et des inscriptions de fondation mentionnent les travaux entrepris par Marduk-nadin-ahhe (1100-1083) dans l'Enunmah et Adad-apla-iddina (1069-1048) dans le temple de Sîn[87]. Les siècles suivants voient la désintégration du pouvoir politique en Babylonie, notamment du fait de l'arrivée de nouvelles populations, en particulier les Araméens et les Chaldéens. Les prospections archéologiques ont bien repéré des signes de déclin de l'habitat. Le canal lié à l'Euphrate qui arrosait Ur et ses alentours semble perdre en importance, ce qui a pu rendre difficile l'approvisionnement en eau de la ville[88].

Après des temps très difficiles aux XIe ‑ IXe siècles, la Babylonie connaît une reprise, en dépit des conflits récurrents des entités politiques de la région contre la domination assyrienne qui s'impose progressivement aux VIIIe ‑ VIIe siècles. Ur est dirigée par une dynastie locale, dont les chefs portent le titre de šakkanakku (ancien haut fonctionnaire du royaume d'Ur III), parfois traduit par « gouverneur ». Ils ont pu bénéficier d'une relative autonomie à certains moments. Le mieux connu d'entre d'eux, Sîn-balassu-iqbi, qui dirige la ville pour le compte des rois assyriens Assarhaddon et Assurbanipal, a laissé des inscriptions commémorant plusieurs travaux de construction vers le milieu du VIIe siècle, dont les archéologues ont pu retrouver les traces[89]. Il fait restaurer et relever la terrasse de la ziggurat, ainsi que le temple de Ningal qui la borde, dont le plan est remanié pour adopter un plan « babylonien » classique cour-vestibule-cella axés. Le Dublamah est agrandi et le Giparu est également reconstruit selon un nouveau plan[90]. Deux tombes qui sont peut-être celles de deux grandes prêtresses y ont été mises au jour, ainsi que des figurines en argile placées dans les fondations qui avaient sans doute pour but d'assurer une protection magique pour l'édifice. La qualité des briques employées pour les constructions du temps de Sîn-balassu-iqbi est cependant la pire que Woolley dit avoir retrouvée sur ce site, ce qui rend difficile la restitution du plan des édifices de cette époque.

Période néo-babylonienne et dernières occupations

Cylindre en terre cuite de Nabonide, évoquant la restauration du temple de Sîn à Ur, British Museum.

Après la chute de l'empire assyrien, la ville passe sous la coupe de la dernière dynastie babylonienne dont plusieurs rois y entreprennent des travaux, en dépit de son déclin, sans doute du fait de son lustre passé[91]. Nabuchodonosor II (605-562) fait construire une enceinte de forme grossièrement trapézoïdale autour du quartier sacré, mesurant environ 400 × 200/240 mètres, et percée de trois portes sur son côté est, une au sud et deux à l'est[92]. Ce même roi a peut-être construit deux petits temples sur la terrasse de la ziggurat, mais les relevés archéologiques sont peu clairs. Nabonide (556-539), le dernier représentant de la dynastie, est un grand dévot du Dieu-Lune, et fait restaurer ses grands centres du culte, à Harran, Tayma et Ur[93]. Sa fille Ennigaldi-Nanna devient grande prêtresse du dieu à Ur, suivant la tradition ancestrale[94]. Selon Woolley, Nabonide restaure la ziggurat et la fait passer de trois à sept étages, mais cela est sujet à caution. Le temple de Ningal semble restauré, ainsi que l'Enunmah. Les plus importants réaménagements ont lieu dans la zone du Dublamah, qui est inclus dans un nouvel édifice dont il borde la cour principale, et qui s'étend vers le sud-est où ont été mises au jour des pièces de dépendances. Cette nouvelle construction a pu être identifiée comme le nouveau Giparu construit pour servir de résidence à la fille de Nabonide[95]. On y a retrouvé des objets de périodes précédentes de l'histoire de la cité (notamment des inscriptions d'anciens rois), témoignant du goût du roi et de sa fille pour les « antiquités ». Les travaux de Nabonide ont également été repérés dans la partie nord-est de la ville, à côté du Port nord. Il y fait construire un palais entouré par un mur de forme vaguement trapézoïdale, d'extension maximale d'environ 100 × 90 mètres. L'entrée principale est située du côté sud-est. Les unités résidentielles principales sont repérables au centre de la construction, organisées autour de plusieurs cours. Bien que des inscriptions qui y ont été trouvées portent le nom de Giparu, cet édifice ne semble pas avoir servi de résidence à la grande-prêtresse de Sîn. Ce palais était jouxté au sud par un temple, nommé « Temple du port », de plan classique. Le dernier roi dont des travaux sont connus à Ur, dans le sanctuaire de Sîn, est Cyrus II de Perse qui a renversé Nabonide[96].

Quelques résidences privées néo-babyloniennes ont également été dégagées au sud du quartier AH[97]. Les rues semblent plus larges et rectilignes qu'aux périodes antérieures, résultant peut-être d'une planification, car il se pourrait que le renouveau du peuplement de la ville soit dû à une action volontariste des rois babyloniens. Les résidences sont construites en briques crues sans utilisation de briques cuites contrairement aux pratiques précédentes. Autre évolution, elles occupent une surface au sol bien plus étendue que celles des temps paléo-babyloniens. L'organisation de l'espace interne reste en revanche typique des maisons babyloniennes, autour d'un espace central. Dans ces cas-là, Woolley estime que les maisons n'avaient pas d'étages. Une soixantaine de tablettes privées datant de cette époque et de la suivante, celle de la domination achéménide, proviennent des résidences d'Ur[98]. Elles documentent les activités de quelques familles qui sont sans doute à classer parmi les notables de la ville. Le lot le plus remarquable est tardif, à la charnière des périodes achéménides (539-330) et séleucides (330-140) : il s'agit des archives de la famille des descendants du « Barbier » (Gallabu, du nom de l'ancêtre de la lignée), représentative de la catégorie des notables très présente dans l'activité économique de le Babylonie de l'époque (comme les Murashu à Nippur). Elle détient une prébende de barbier du grand temple de cette ville qui permet à ses membres d'avoir des terres liées à cette fonction, source de revenus complétée par la prise en charge de domaines militaires ou l'achat de propriétés foncières mises ensuite en location[99].

Mais il s'agit là des derniers témoignages de l'occupation d'Ur. Le texte le plus récent retrouvé dans la cité date du règne du macédonien Philippe III Arrhidée (323-316), alors que la domination grecque a succédé à celle des Perses. Quelques traces de résidences et des tombes d'époque perse ainsi que d'autres d'époque séleucide ont également été retrouvées[96]. Peu de choses sont parvenues des époques ultérieures, au cours desquelles le site semble bel et bien abandonné. Les cours d'eau arrosant la ville ont considérablement décliné, malgré des travaux de réaménagement, accompagnant le lent déclin du peuplement des alentours d'Ur[88].

La patrie d'Abraham ?

Depuis son identification par H. Rawlinson, s'est posé le problème du lien de la ville antique du sud de l'Irak qui est aujourd'hui appelée Ur (son nom antique étant en réalité Urim) avec l'« Ur de Chaldée » (ou « Ur des Chaldéens »), qui est la ville d'origine d'Abraham d'après la Genèse[100]. Le second terme, kasdim en hébreu, chaldaioi en grec, désigne généralement des habitants du sud de la Mésopotamie, ce qui correspondrait bien à l'Ur retrouvée dans cette région. Pour les études récentes des textes bibliques qui mettent en doute l'historicité d'Abraham, son origine est un récit fictif élaboré au moment du retour en Judée d'une partie des exilés de Babylonie (après 539), qui ont alors cherché à renforcer leur position face à ceux qui étaient restés en Judée en rapprochant leur situation de celle du patriarche[101]. Ur aurait été choisie parce qu'elle était localisée en Babylonie, assez connue, mais pas autant que Babylone. Ce choix semble lié à son rôle de grand lieu de culte du Dieu-Lune, qu'elle partage avec Harran, autre étape du voyage d'Abraham, qui comme elle a été restaurée par Nabonide juste avant la période probable de rédaction du passage de la Genèse qui les évoque. Une explication alternative place l'élaboration du récit du voyage d'Abraham au VIIe siècle et alors les figures d'Abraham et de ses descendants servent à légitimer la supériorité du royaume de Juda sur Israël, ce personnage venant depuis la prestigieuse Mésopotamie sous la conduite de Dieu pour s'établir dans les hautes terres judéennes et non dans celles du rival du nord[102].

Les spécialistes de la Mésopotamie antique et de l'histoire biblique moins sceptiques sur l'historicité du récit des Patriarches se sont couramment interrogés sur l'identité entre les deux Ur (celle de la Bible et celle qui a été fouillée en Mésopotamie). Rawlinson lui-même a préféré localiser l'Ur biblique à Urfa, l'actuelle Şanlıurfa dans le sud-est de la Turquie près de la frontière syrienne. Cela est légitimé par la tradition musulmane[réf. nécessaire] qui faisait de cette ville la patrie d'Abraham, mais le lien entre les deux noms n'a pas l'air concluant. Les interprétations rejetant l'identification de l'Ur mésopotamienne comme la ville d'Abraham reposent notamment sur le fait que les textes bibliques mentionnant les origines du patriarche (la Genèse et le Livre de Josué) sembleraient plutôt localiser les événements en Syrie, bien loin de la Basse Mésopotamie. La Chaldée mentionnée dans cette expression ne serait alors pas la même que celle qui est située en Basse Mésopotamie dans la seconde moitié du Ier millénaire. Woolley en revanche identifiait le site qu'il dégageait avec l'Ur biblique, et ses publications popularisèrent cette idée qui est aujourd'hui courante. Une autre proposition fut faite par C. Gordon, qui localisa l'Ur biblique dans la ville antique d'Ura, un port de l'Anatolie orientale cité dans les textes d'Ugarit (XIIIe siècle). Depuis, d'autres villes situées en Haute Mésopotamie dont le nom se rapproche de celui d'Ur ont été proposées comme candidates à l'identification avec le site biblique, entre autres la ville d'Urkesh à l'est de Harran, mais les arguments géographiques utilisés sont rarement convaincants[103].

Notes et références

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  2. Woolley 1965, p. 11-13
  3. (en) B. Helgestad, « Ur of the Chaldees: a virtual vision of Woolley’s excavations », sur The British Museum, (consulté le 7 mars 2015). UrCrowdsource
  4. « J.-P. Perrin, « Ur cité US », Libération.fr, 26 août 2004 (consulté le 13/11/2011). ». « (en) « US returns Ur, birthplace of Abraham, to Iraq », ABC News, 14 mai 2009 (consulté le 12/04/2011). »
  5. (en) F. T. Schipper, « The Protection and Preservation of Iraq's Archaeological Heritage, Spring 1991-2003 », dans American Journal of Archaeology 109/2, 2005, p. 253-255
  6. « J. Clément, « L'Irak s'attaque à la conservation des merveilles de l'antique Ur », Libe.ma, 25 Juin 2011 (consulté le 12/04/2011). »
  7. 1 2 Obeïd est situé en 30° 57′ 20″ N 46° 02′ 48″ E/30.95560892, 46.046645324  d'après (en) « Tell al-Ubaid (ancient name unknown) », sur U.S. Department of Defense Legacy Resource Mangement Program (DoDLRMP). M. Sauvage, « Obeid (ville) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 598 et 600.
  8. Woolley 1965, p. 19-36. (en) S. Lloyd, « Ur-al 'Ubaid, 'Uqair and Eridu. An Interpretation of Some Evidence from the Flood-Pit », dans Iraq 22, Ur in Retrospect, In Memory of Sir C. Leonard Woolley, 1960, p. 23-31. (en) C. E. Larsen, « The Mesopotamian Delta Region: A Reconsideration of Lees and Falcon », dans Journal of the American Oriental Society 95, 1975, p. 43-57.
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  11. Wright 1981, p. 327. (en) Id., The Administration of Rural Production in an Early Mesopotamian Town, Ann Arbor, 1969.
  12. Voir notamment (en) R. Zettler, « Pottery profiles reconstructed from jar sealings in the lower seal impression strata (SIS 8–4) at Ur, New evidence for dating », dans A. Leonard Jr. et B. B. Williams (dir.), Essays in Ancient Civilizations Presented to Helene J. Kantor, Chicago, p. 369–387
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  14. (en) R. Matthews, Cities, Seals and Writing, Archaic Seals Impressions from Jemdet Nasr and Ur, Berlin, 1993
  15. (en) P. Steinkeller, « Archaic City Seals and the Question of Early Babylonian Unity », dans T. Abusch (dir.), Riches Hidden in Secret Places, Ancient Near Eastern Studies in Memory of Thorkild Jacobsen, Winona Lake, 2002, p. 249-257
  16. (en) E. Burrows, Archaic Texts, Ur Excavation Texts II, Londres, 1935 ; (en) A. Alberti et F. Pomponio, Pre-Sargonic and Sargonic Texts from Ur edited in UET II, Supplements, Rome, 1986
  17. 1 2 Les termes en sumérien sont ici notés par des petites capitales, ceux en akkadien sont écrits en italique.
  18. Wright 1981, p. 327-328
  19. « (en) Traduction sur le site de l'ETCSL »
  20. La perle en lapis-lazuli inscrite au nom de ce roi a été retrouvée sur ce site dans un dépôt nommé « trésor d'Ur » par son découvreur, mais qui n'est sans doute pas issu d'un cadeau diplomatique, cf. J.-C. Margueron, Mari, Métropole de l'Euphrate au IIIe et au début du IIe millénaire av. J.-C., Paris, 2004, p. 299.
  21. E. Sollberger et J.-R. Kupper, Inscriptions royales sumériennes et akkadiennes, Paris, 1971, p. 41-43
  22. Woolley 1965, p. 91-109
  23. 1 2 (en) I. Winter, « Women in Public: The Disk of Enheduanna, The Beginning of the Office of EN-Priestess, and the Weight of Visual Evidence », dans J.-M. Durand (dir.), La Femme dans le Proche-Orient antique, Paris, 1987, p. 189–201
  24. A. Benoit, Art et archéologie : les civilisations du Proche-Orient ancien, Paris, 2003, p. 240-241
  25. (en) L. Woolley et al., The Royal Cemetery: A Report on the Predynastic and Sargonid Graves Excavated Between 1926 and 1931, Ur Excavations II, Londres, 1934. Woolley 1965, p. 52-90. (de) H.-J. Nissen, Zur Datierung des Königsfriedhofes von Ur, Bonn, 1966. Voir aussi F. Joannès et M. Sauvage, « Ur », dans Joannès (dir.) 2001, p. 874-875 et C. Castel et F. Joannès, « Sépultures et rites funéraires », dans Joannès (dir.) 2001, p. 771.
  26. (en) A. Baadsgaard, J. Monge, S. Cox et R. Zettler, « Human sacrifice and intentional corpse preservation in the Royal Cemetery of Ur », dans Antiquity 85/327, 2011, p. 27-42.
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  28. De l'abondante bibliographie sur le sujet, voir notamment : (en) P. R. S. Moorey, « What Do We Know About the People Buried in the Royal Cemetery? », dans Expedition 20/1, 1977, p. 24-40 ; (en) S. Pollock, « Of Priestesses, Princes, and Poor Relations: The Dead in the Royal Cemetery of Ur », dans Cambridge Archaeological Journal 1, 1991, p. 171-189 ; (en) A. C. Cohen, Death Rituals, Ideology, And the Development of Early Mesopotamian Kingship: Toward a New Understanding of Iraq's Royal Cemetery of Ur, Leyde, 2005 ; M. Casanova, « La symbolique des matériaux précieux dans le cimetière royal d'Ur », dans X. Faivre, B. Lion et C. Michel (dir.), Et il y eut un esprit dans l'Homme, Jean Bottéro et la Mésopotamie, Paris, 2009, p. 291-306.
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  32. 1 2 3 4 (en) P. N. Weadock, « The Giparu at Ur », dans Iraq 37/2, 1975, p. 127-128
  33. (en) J. Goodnick Westenholz, « Kaku of Ur and Kaku of Lagash », dans Journal of Near Eastern Studies 43/4, 1984, p. 340-341 propose une reconstruction des événements de cette période et des liens entre Ur, Lagash et Uruk.
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  41. Woolley 1965, p. 174. D. Charpin, « Larsa (rois) », dans Joannès (dir.) 2001, p. 468-469.
  42. Charpin 1986, p. 488-489
  43. Wright 1981, p. 331-332
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  46. 1 2 (en) A. L. Oppenheim, « The Seafaring Merchants of Ur », dans Journal of the American Oriental Society 74/1, 1954, p. 6-17
  47. Huot, Thalmann et Valbelle 1990, p. 193-194
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  49. L. Bachelot et F. Joannès, « Sîn », dans Joannès (dir.) 2001, p. 780-782 ; G. Chambon, « Ur, la ville du dieu-lune », dans Religions & Histoire no37, mars-avril 2011, p. 40-45.
  50. (en) L. Woolley, The Ziggurat and Its Surroundings, Ur Excavations V, Londres et Philadelphie, 1939. Voir aussi l'approche critique de J.-C. Margueron, « Sanctuaires sémitiques », dans Supplément au Dictionnaire de la Bible fasc. 64 B-65, 1991, col. 1166 et 1171-1172 ; et pour un aperçu bref F. Joannès et M. Sauvage, « Ur », dans Joannès (dir.) 2001, p. 875-876.
  51. (en) J. Black, G. Cunningham, E. Robson et G. Zólyomi, The Literature of Ancient Sumer, Oxford, 2004, p. 126-154. « (en) Traductions en anglais sur le site ETCSL. »
  52. (en) P.-A. Beaulieu, « Nabonidus' Rebuilding of E-Lugal-Galga-Sisa, The Ziggurat of Ur », dans W. W. Hallo (dir.), The Context of Scripture, Volume II, Leyde et Boston, 2003, p. 313-314
  53. Woolley 1965, p. 125-135. M. Sauvage, « La construction des ziggurats sous la troisième dynastie d'Ur », dans Iraq 60, 1998, p. 45-63.
  54. Woolley 1965, p. 135-136. Charpin 1986, p. 335-340
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  58. (en) J. Voris Canby, The “Ur-Nammu” Stela, Philadelphie, 2001
  59. (en) P. N. Weadock, « The Giparu at Ur », dans Iraq 37/2, 1975, p. 101-128. Charpin 1986, p. 192-220. J.-C. Margueron, « Sanctuaires sémitiques », dans Supplément au Dictionnaire de la Bible fasc. 64 B-65, 1991, col. 1171-1172 et fig. 969a. On sait par les sources épigraphiques qu'un autre Giparu servant à la grande-prêtresse du dieu Ningublaga se trouvait dans un autre quartier d'Ur, cf. Charpin 1986, p. 220-223.
  60. Woolley 1965, p. 147-150. J.-C. Margueron, Recherches sur les palais mésopotamiens de l'âge du bronze, Paris, 1982, p. 156-167 et fig. 106-114.
  61. Woolley 1965, p. 150-159. (en) P. R. S. Moorey, « Where Did They Bury the Kings of the IIIrd Dynasty of Ur? », dans Iraq 46/1, 1984, p. 1-18.
  62. Cela semble le cas pour Shu-Sîn : M. Sigrist, « Le deuil pour Šu-Sîn », dans H. Behrens et al. (dir.), Dumu-é-dub-ba-a, Studies in Honor of Ake W. Sjöberg, Philadelphie, 1989, p. 499-505 ; D. Charpin, « L'enterrement du roi d'Ur Šu-Sîn à Uruk », dans NABU 1992/106.
  63. (en) L. Woolley et M. Mallowan, The Old Babylonian Period, Ur Excavations VII, Londres et Philadelphie, 1976.
  64. Charpin 1986, p. 95-141. Le fait que peu de quartiers aient été fouillés invite néanmoins à une certaine prudence.
  65. Woolley 1965, p. 175-192 ; F. Joannès et M. Sauvage, « Ur », dans Joannès (dir.) 2001, p. 876-877. Pour des analyses plus détaillées : (de) P. A. Miglus, Städtische Wohnarchitektur in Babylonien und Assyrien, Mainz, 1999 ; L. Battini-Villard, L'espace domestique en Mésopotamie de la IIIe dynastie d'Ur à l'époque paléo-babylonienne, Oxford, 1999 ; (en) P. Brusasco, « Family archives and the use of space in Old Babylonian houses at Ur », dans Mesopotamia XXXIV–V, 1999–2000, p. 3–174. Voir aussi L. Battini, « Maison », dans Joannès (dir.) 2001, p. 487-490.
  66. Huot, Thalmann et Valbelle 1990, p. 192-193
  67. Charpin 1986, p. 343-418
  68. Charpin 1986, p. 234-256
  69. Charpin 1986, p. 27-93
  70. Charpin 1986, p. 251-269. Voir aussi F. Joannès, « Prébendes », dans Joannès (dir.) 2001, p. 677-678
  71. Charpin 1986, p. 303-325. Voir aussi (en) H. H. Figulla, « Accounts concerning Allocation of Provisions for Offerings in the Ningal-Temple at Ur », dans Iraq 15/1, 1953, p. 88-122 et Id., « Accounts concerning Allocations of Provisions for Offerings in the Ningal-Temple at Ur (Continued) », dans Iraq 15/2, 1953, p. 171-192.
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  74. (en) S. Tinney, « Texts, Tablets, and Teaching: Scribal Education in Nippur and Ur », dans Expedition 40/2, 1998, p. 40-50 ; D. Charpin, « École », dans Joannès (dir.) 2001, p. 267
  75. Charpin 1986, p. 419-486
  76. Édités en majorité dans (en) L. Legrain, Texts Business Documents of the Third Dynasty of Ur, Ur Excavation III, Philadelphie, 1937 et (en) D. Loding, Economic Texts from the Third Dynasty, Ur Excavations Texts IX, Philadelphie, 1976. Voir aussi (en) M. Widell, The Administrative and Economic Ur III Texts from the City of Ur, Piscataway, 2003.
  77. (de) H. Neumann, Handwerk in Mesopotamien, Berlin, 1987. (de) W. Sallaberger, op. cit., p. 274-285.
  78. 1 2 (en) M. Van de Mieroop, Society and Enterprise in Old Babylonian Ur, Berlin, 1992
  79. (en) W. F. Leemans, Foreign Trade in the Old-Babylonian Period, Leyde, 1960
  80. Voir aussi C. Michel, « Commerce international », dans Joannès (dir.) 2001, p. 197-198 et B. Lion, « Dimun », dans Joannès (dir.) 2001, p. 233
  81. C. Michel, « Association commerciale », dans Joannès (dir.) 2001, p. 86-87
  82. S. Lafont, « Taxes », dans Joannès (dir.) 2001, p. 833
  83. Wright 1981, p. 332
  84. (en) L. Woolley et M. Mallowan, The Kassite Period and Period of the Assyrian Kings, Ur Excavations VIII, Londres, 1965. Woolley 1965, p. 125-135. (en) T. Clayden, « Kurigalzu I and the Restoration of Babylonia », dans Iraq 58, 1996, p. 118-119
  85. (en) P. N. Weadock, « The Giparu at Ur », dans Iraq 37/2, 1975, p. 111-112. (en) T. Clayden, « The Date of the Foundation Deposit in the Temple of Ningal at Ur », dans Iraq 57, 1995, p. 61-63
  86. (en) O. R. Gurney, Middle Babylonian Legal Documents and Other Texts, Ur Excavations Texts VII, Londres, 1974 ; id, The Middle Babylonian Legal and Economic Texts from Ur, Oxford, 1983
  87. Woolley 1965, p. 207
  88. 1 2 Wright 1981, p. 333-334
  89. (en) L. Woolley et M. Mallowan, The Kassite Period and Period of the Assyrian Kings, Ur Excavations VIII, Londres, 1965. Woolley 1965, p. 207-215.
  90. (en) P. N. Weadock, « The Giparu at Ur », dans Iraq 37/2, 1975, p. 112
  91. (en) L. Woolley et M. Mallowan, The Neo-babylonian and Persian Periods, Ur Excavations IX, Londres, 1962
  92. Woolley 1965, p. 216-217
  93. D. Arnaud, Nabuchodonosor II, Roi de Babylone, Paris, 2004, p. 325-357
  94. Woolley 1965, p. 217-240
  95. (en) P. N. Weadock, « The Giparu at Ur », dans Iraq 37/2, 1975, p. 112-114
  96. 1 2 Woolley 1965, p. 244-248
  97. Woolley 1965, p. 241-243
  98. (en) H. H. Figulla, Business Documents of the Neo-Babylonian Period, Ur Excavations Texts IV, Londres, 1949
  99. F. Joannès, « La Babylonie méridionale : continuité, déclin ou rupture ? », dans P. Briant et F. Joannès (dir.), La Transition entre l'empire achéménide et les royaumes hellénistiques, Persika 9, Paris, 2005, p. 127-128
  100. Genèse 11,28-32.
  101. M. Gorea, « Abraham et Ur », dans Religions & Histoire no37, mars-avril 2011, p. 48-50. M. Liverani, La Bible et l'invention de l'histoire, Paris, 2008, p. 349-354.
  102. I. Finkelstein et N. A. Silberman, La Bible dévoilée, Les nouvelles révélations de l'archéologie, Paris, 2002, p. 41-63
  103. (en) H. W. F. Saggs, « Ur of the Chaldees. A Problem of Identification », dans Iraq 22, Ur in Retrospect, In Memory of Sir C. Leonard Woolley, 1960, p. 200-209. « (en) A. R. Millard, « Where Was Abraham's Ur? », dans Biblical Archaeology Review, Mai/Juin 2001 (consulté le 13/04/2011). » M. Gorea, « Abraham et Ur », dans Religions & Histoire no37, mars-avril 2011, p. 53.

Bibliographie générale

  • Dominique Charpin, Le clergé d'Ur au siècle d'Hammurabi (XIXe-XVIIIe siècles av. J.-C.), Genève et Paris, Droz, (ISBN 2-600-00243-X)
  • Jean-Louis Huot, Jean-Paul Thalmann et Dominique Valbelle, Naissance des cités, Paris, Nathan, coll. « Origines », (ISBN 2-09-294150-X)
  • Francis Joannès (dir.), Dictionnaire de la civilisation mésopotamienne, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (ISBN 2-221-09207-4)
  • Leonard Woolley (trad. Jeanne Rogier), Ur en Chaldée ou Sept années de fouilles, Paris, Payot, (ISSN 0520-0601)
  • (en) Leonard Woolley, Excavations at Ur: A Record of Twelve Year's Work, New York, Thomas Y. Crowell, (ISBN 0815201109)
  • (en) Henry T. Wright, « The Southern Margins of Sumer: Archaeological Survey of the Area of Eridu and Ur », dans Robert McCormick Adams, Heartland of Cities, Chicago, The Oriental Institute of Chicago, 1981, p. 295-345 (ISBN 0-253-20914-5)

Voir aussi

Liens externes

  • (fr) : « Présentation du site d'Ur (avec plans de fouilles) », sur Ezida.com.
  • (en) « Archaeological Site Photographs: Mesopotamia: Ur », sur Oriental Institute of the University of Chicago
  • (en) « UrCrowdsource » : site collectant des données issues des fouilles anglaises d'Ur.

Articles connexes

  • Nanna/Sîn
  • Cimetière royal d'Ur
  • Étendard d'Ur
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