Harran
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Harran Carrhes | |||||||||||
Administration | |||||||||||
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Pays | Turquie | ||||||||||
Région | Région de l'Anatolie du sud-est | ||||||||||
Province | Şanlıurfa | ||||||||||
District | Harran | ||||||||||
Indicatif téléphonique international | +(90) | ||||||||||
Plaque minéralogique | 63 | ||||||||||
Démographie | |||||||||||
Population | 1 237 874 hab. | ||||||||||
Géographie | |||||||||||
Coordonnées | 36° 52′ 00″ N 39° 02′ 00″ E / 36.866667, 39.03333336° 52′ 00″ Nord 39° 02′ 00″ Est / 36.866667, 39.033333 | ||||||||||
Localisation | |||||||||||
Districts de la province de Şanlıurfa |
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Liens | |||||||||||
Site de la mairie | http://www.sanliurfa-bld.gov.tr | ||||||||||
Site de la province | http://www.sanliurfa.gov.tr | ||||||||||
Sources | |||||||||||
« Index Mundi/Turquie » | |||||||||||
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Harran (ou Carrhes) est une ville et un district de Turquie, au sud-est de la Turquie actuelle, au croisement des routes de Damas, de Karkemich et de Ninive. C'est également un site archéologique : on peut y voir les murailles de la cité antique, longues de cinq kilomètres, et d'importants vestiges médiévaux tel que le château et l'Ulu Camii, une grande mosquée du VIIIe siècle. De nos jours, subsistent seulement deux villages aux constructions typiques de pierre et d'argile crue surmontées de coupoles en formes de ruches, tandis qu'un habitat moderne se développe aux abords du site archéologique.
Antiquité
La ville a conservé son nom sémitique attesté depuis 2400 av. J.-C. Les Grecs l'appelaient Κάρραι, Karrhai, nom francisé en Carrhes. Sa situation géographique, dans la vallée du fleuve Balissos (aujourd'hui Balīkh), au croisement de deux pistes caravanières, en a fait un point stratégique au cours de l'Histoire. Une de ces pistes reliait la Syrie à la vallée du Tigre, l'autre conduisait vers l'Euphrate et le golfe Persique à partir de la vallée du Halys[1]. Des inscriptions assyriennes mentionnent ce lieu vers 1100 avant l'ère chrétienne sous le nom de Harranu qui signifierait route, itinéraire en akkadien. Ce carrefour commercial était connu des Romains : Pline l'Ancien au Ier siècle ap. J.-C. mentionne le commerce de l'encens et des parfums sur le marché de Carrhes[2].
Harran était également connu dans la haute antiquité pour être l'un des deux principaux sanctuaires (avec la ville d'Ur) dédiés au Dieu-Lune Sîn, vénéré par les Sémites de Mésopotamie.
Harran a subi au cours des siècles la domination de plusieurs puissances : après les Amorrites puis le royaume de Mitanni, la ville fut brûlée par les Hittites et passa ensuite sous domination assyrienne. Des stèles gravées en caractères cunéiformes font référence au roi babylonien Nabonide (556-539 av. J.-C.). Elle fut finalement englobée dans l'empire achéménide. Après les conquêtes d'Alexandre le Grand, elle fut gouvernée par les Macédoniens et par la dynastie des Séleucides. Ainsi se constitua une importante communauté de langue grecque qui prospéra : des ateliers royaux frappaient à Carrhes des tétradrachmes et même des octodrachmes en argent, monnaie du commerce[3]. Longtemps après l'arrivée des Parthes, vers la fin du IIe siècle av. J.-C., une population grecque qui s'identifie encore comme telle, vint au secours des soldats romains d'Afranius en 65-64 av. J.-C.
En 53 avant Jésus-Christ, la ville et ses alentours furent le théâtre de l'un des plus grands désastres militaires de l'histoire romaine lors de la bataille de Carrhes, opposant les forces du triumvir Crassus, à l'armée Parthe commandée par le général Suréna
À partir de cette époque, elle appartient au royaume d'Adiabène ou parfois au royaume d'Osroène, lorsqu'il existe deux royaumes distincts. Sauf lors de courtes périodes, ces deux royaumes sont gouvernés par des membres de la dynastie Abgar d'Édesse ou Monobaze d'Adiabène qui sont toutes deux des Abgar. Au Ier siècle, le roi d'Adiabène donnait la seigneurie de Carrhes (Harran) au fils qu'il avait désigné pour lui succéder.
À l'époque de Septime Sévère, devenue colonie romaine, Carrhes possèda des ateliers frappant des monnaies de bronze. Enfin, la ville fut conquise par les Perses en 238 ap. J.-C., mais reprise par les armées romaines conduites par l'empereur Gordien III au printemps 243[4].
Carrhes, refuge de l'hellénisme
En 529, l'empereur romain d'Orient Justinien Ier fait fermer l'école d'Athènes[5], aussi sept philosophes néoplatoniciens, Damascius le Diadoque, Simplicios de Cilicie, Priscien de Lydie, Eulamios de Phrygie, Hermias de Phénicie, Diogène de Phénicie, et Isidore de Gaza durent quitter Athènes et s'exilèrent volontairement en Perse, chez le roi Khosrô Ier, puis à Harrân (Carrhes), en Mésopotamie ; après le traité de paix (532) conclu entre Khosrô Ier, et Justinien Ier, les philosophes s'installèrent à Carrhes, près de la frontière perse.
Civilisations chrétienne et musulmane
Les textes syriaques évoquent un évêque monophysite, Siméon des Olivies, occupé vers 700 à convertir manichéens, païens et juifs des environs. Ils évoquent également des Sabéens, les Sabéens de la ville de Harran ayant joué un rôle important dans la traduction en arabe des ouvrages issus de l'Empire byzantin[6]. Adorateurs des étoiles, ils semblent avoir été une communauté de païens hellénisés, ayant conservé l'enseignement astrologique des Babyloniens jusqu'au Xe siècle. adeptes de l'hermétisme et de ce fait menacés physiquement, ils tentèrent en vain, de faire admettre leur religion au nombre des cultes monothéistes officiels.
Le plus célèbre des sabéens de Harran est Thābit ibn Qurra, mathématicien et astronome, qui a traduit en arabe de très nombreux textes scientifiques grecs[7]. Le théologien chrétien Théodore Abu Qurrah fut, de 795 à 812, évêque orthodoxe de Harran. C'est également la ville natale de l'astronome et mathématicien Al-Battani (env. 855-923) et du grand théologien musulman Ibn Taymiyya (1263).
Dans la Bible
Dans la Bible, Terah, le père d'Abraham, s'installe à Harran après avoir quitté Ur, et y meurt. Son arrière-petit-fils Laban, frère de Rébecca et beau-père de Jacob, y habite.
Notes et références
- ↑ Giusto Traina, Carrhes, 9 juin 53 avant J.C., Les Belles Lettres, Paris, 2011, p. 61-62.
- ↑ Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXII, 80.
- ↑ Maurice Sartre, D'Alexandre à Zénobie, Histoire du Levant antique, IVe siècle av. J.-C.-IIIe siècle après J.C., Fayard, 2003, p. 236.
- ↑ Maurice Sartre, D'Alexandre à Zénobie, Histoire du Levant antique, Fayard, 2003, p. 964-965.
- ↑ H. J. Blumenthal, "529 and its sequel. What happended to the Academy", Byzantion, 48 (1978), p. 369-385. Voir Georges Tate, Justinien, l'épopée de l'Empire d'Orient, Fayard, 2004.
- ↑ Le mouvement de la traduction dans le monde de l'Islam
- ↑ Rashed-Morelon, Sciences arabes, 1997.
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