Sahara occidental
Sahara occidental الصحراء الغربية (ar) (As-Ṣaḥrā' al-Ġarbiyah) (ar) | ||
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Administration | ||
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Pays | Maroc - République arabe sahraouie démocratique | |
Statut politique | classé territoire non autonome par l'ONU | |
Démographie | ||
Population | 531 000 hab. (2010[1]) | |
Densité | 2 hab./km2 | |
Langue(s) | arabe, hassaniya, berbère (de facto) | |
Géographie | ||
Coordonnées | 25° 00′ 00″ N 13° 00′ 00″ O / 25, -1325° 00′ 00″ Nord 13° 00′ 00″ Ouest / 25, -13 | |
Superficie | 266 000 km2 | |
Divers | ||
Monnaie | Dirham marocain (Sahara occidental sous contrôle marocain) et Peseta sahraouie (monnaie commémorative, côté RASD) | |
Fuseau horaire | UTC +0 Heure d'été UTC+1[2] | |
Indicatif téléphonique | +212[2] | |
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Le Sahara occidental (arabe : الصحراء الغربية) est un territoire de 266 000 km2 du Nord-Ouest de l'Afrique, bordé par la province marocaine de Tarfaya au nord, l'Algérie au nord-est, la Mauritanie à l'est et au sud, tandis que sa côte ouest donne sur l'Atlantique. Territoire non autonome selon l'ONU, cette ancienne colonie espagnole n'a toujours pas trouvé de statut définitif sur le plan juridique depuis le départ des Espagnols, en 1976.
Le territoire est revendiqué à la fois par le Maroc et par la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par le Front Polisario en 1976. Celui-ci est un mouvement dont l'objectif est l'indépendance totale du Sahara occidental, revendication soutenue par l'Algérie[3]. Devenu un enjeu global illustrant la rivalité entre le Maroc et l'Algérie, le dossier saharien bloque toujours la construction de l'Union du Maghreb arabe (UMA). Le Polisario s'appuie sur un « consensus écrasant parmi les Sahraouis vivant sur le territoire en faveur de l'indépendance et en opposition à l'intégration avec tout pays voisin. »[4] Le Maroc fonde sa revendication sur les accords de Madrid, sur la base de liens d'allégeance passés entre les tribus sahraouies et les sultans du Maroc.
Depuis le cessez-le-feu de 1991, le Maroc contrôle et administre environ 80 %[5] du territoire, tandis que le Front Polisario en contrôle 20 % laissés par le Maroc derrière une longue ceinture de sécurité, le « mur marocain »[6],[7] devenu aujourd'hui la frontière de facto. La Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental patrouille l'ensemble du territoire.
Histoire
Période précoloniale
En 1048, des Berbères sanhadjas de l'ouest du Sahara (actuelle Mauritanie) se coalisent sous l'impulsion d'un prédicateur malikite, Abdullah Ibn Yassin et d'un chef local et fondent le mouvement almoravide. Ils conquièrent et unifient les tribus du Sahara occidental entre 1042 et 1052, puis s'emparent du Maroc actuel (alors éclaté en petits émirats à la suite de la chute de l'empire chérifien des Idrissides) et d'une grande partie de la péninsule Ibérique (Al-Andalus). Les Almoravides ont pour capitale et base Marrakech. À leur chute aux mains des Almohades (1147), le territoire perd son organisation.
À partir de 1514, avec l'avènement de la dynastie marocaine des Saadiens, l'ascendant marocain devient effectif sur le Sahara occidental[8]. Aux XVe et XVIe siècles, les Portugais et les Espagnols installent des forts sur la côte, mais en sont chassés après quelques décennies.
Sahara espagnol
En 1884 l'Espagne place ce territoire sous son protectorat ; la prise de contrôle est confirmée par la conférence de Berlin de 1884-1885. Elle établit des comptoirs commerciaux et une présence militaire. Les frontières ne sont pas clairement définies, jusqu'au traité entre la France et l'Espagne, datant du début du XXe siècle. Les tribus locales luttent contre la puissance coloniale avec l'aide du sultan marocain. Cet appui cesse lorsque ce dernier est soumis à un protectorat franco-espagnol en 1912. Le Sahara espagnol est créé à partir des territoires de Río de Oro et de Saguia el-Hamra en 1924. Il est administré en commun avec le territoire de Cap Juby (Tarfaya), séparément des territoires marocains sous protectorat espagnol. Entre octobre 1957 et avril 1958, le Maroc à la suite de l'indépendance de sa partie nord, tenta de libérer Ifni, Tarfaya et le Sahara occidental de l'occupation espagnole[réf. nécessaire], à travers la guerre d'Ifni, sans succès.
Dès 1965, l'ONU pousse l'Espagne à décoloniser ce territoire ainsi que Cap Juby et l'enclave d'Ifni, et dans ce but engager des consultations avec le Maroc. Mais l'Algérie est alors en conflit ouvert avec le Maroc au sujet du tracé de leur frontière commune (guerre des sables, 1963). De plus, le Maroc et la Mauritanie ont aussi des revendications territoriales opposées sur ce territoire, le Maroc refuse de reconnaître la Mauritanie. De ce fait, les trois voisins du Sahara occidental ne parviennent pas à créer un front commun face à l'Espagne qui perpétue ainsi sa domination. Le règlement du conflit algéro-marocain et un accord conclu entre le Maroc et la Mauritanie permettent d'unifier le front anti-espagnol. Parallèlement, plusieurs groupes locaux se lancent dans la résistance armée aidé par l'armée de libération nationale marocaine[9] issue de la lutte populaire marocaine contre l'occupation hispano-française du Maroc.
Guerre du Sahara occidental
En 1975, un avis consultatif de la Cour internationale de justice confirme l'existence de liens historiques entre les populations du Sahara occidental et le Maroc, ainsi que l'ensemble mauritanien, mais conclut qu'ils ne sont pas de nature à empêcher un référendum d'autodétermination, en y rendant inapplicable la notion de terra nullius. Dans son avis, la Cour précise :
« […] En revanche, la Cour conclut que les éléments et renseignements portés à sa connaissance n'établissent l'existence d'aucun lien de souveraineté territoriale entre le territoire du Sahara occidental d'une part, le Royaume du Maroc ou l'ensemble mauritanien d'autre part. La Cour n'a donc pas constaté l'existence de liens juridiques de nature à modifier l'application de la résolution 1514 (XV) de l'Assemblée générale des Nations Unies quant à la décolonisation du Sahara occidental et en particulier l'application du principe d'autodétermination grâce à l'expression libre et authentique de la volonté des populations du territoire. »
Quelques jours après cet avis, Hassan II, Roi du Maroc organise la marche Verte () pour marquer la volonté d'une souveraineté marocaine sur ce territoire. Ceci amène l'Espagne à signer les accords de Madrid avec le Maroc et la Mauritanie, le , pour officialiser le partage du territoire. Le Maroc obtient les deux tiers nord, et la Mauritanie le tiers sud ; l'Algérie et les Sahraouis ne sont pas consultés. Le retrait des troupes espagnoles, décidé peu avant la mort de Franco, s'effectue entre 1975 et 1976.
Le , la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est proclamée par le Front Polisario à Bir Lehlou[10], au lendemain du départ du dernier soldat espagnol du territoire. Dans le même temps, la lutte armée du Front Polisario attaque par des incursions éclairs les forces marocaines et mauritaniennes qu'il considère comme de nouvelles forces d'occupation. La bataille d'Amgala en 1976 entre forces marocaines et algériennes sur le territoire du Sahara occidental montre le soutien actif de l'Algérie au Polisario. Entre fin 1975 et 1976, des dizaines de milliers de Sahraouis quittent le Sahara occidental, fuyant la guerre vers les camps de réfugiés de Tindouf en Algérie, encadrés par le Polisario.
Après le putsch en Mauritanie qui renverse Moktar Ould Daddah en juillet 1978, le Front Polisario déclare un cessez-le-feu unilatéral avec Nouakchott[11]. Le cessez-le-feu est approuvé par l'ONU[12] et le 10 août 1979 un traité de paix est signé dans lequel la Mauritanie cède sa partie du Sahara au Front Polisario[11]. Le 14 août 1979, le Maroc annonce l'annexion de l'ancien territoire mauritanien.
Dans les années 1980, le Maroc érige un mur de défense qui sépare le territoire en deux, les 20 % à l'est du mur étant désormais sous le contrôle du Front Polisario[6]. Une guerre d'embuscades avec le Front Polisario prend fin en 1991 à la suite d'un cessez-le-feu favorisé par la médiation de l'Organisation des Nations unies ; un référendum organisé par les Nations unies sur le statut final a été reporté à plusieurs reprises.
Statut légal
Le Sahara occidental figure sur la liste des territoires non autonomes selon l'ONU depuis 1963[13], à la suite d'une demande du Maroc[14].
Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu de 1991, le statut final du Sahara occidental reste à déterminer. Depuis le départ des Espagnols, l'ONU considère que le Sahara occidental est un territoire sans administration. En 2002, un avis de droit de Hans Corell, vice-secrétaire général aux questions de droit, conclut que le Maroc n'est pas la puissance administrante du territoire. Le document S/2002/161 indique[15] : « Le 14 novembre 1975, une déclaration de principes sur le Sahara occidental a été signée à Madrid par l’Espagne, le Maroc et la Mauritanie (l’accord de Madrid). En vertu de cette déclaration, les pouvoirs et responsabilités de l’Espagne, en tant que puissance administrante du territoire, ont été transférés à une administration tripartite temporaire. L’accord de Madrid ne prévoyait pas de transfert de souveraineté sur le territoire ni ne conférait à aucun des signataires le statut de puissance administrante, statut que l’Espagne ne pouvait d’ailleurs unilatéralement transférer. Le transfert des pouvoirs administratifs au Maroc et à la Mauritanie en 1975 n’a pas eu d’incidence sur le statut du Sahara occidental en tant que territoire non autonome. »
À partir de 2003, certains documents de l'ONU qualifient le Maroc d'« autorité administrante », ce qui lui donnerait le droit d'exploiter les ressources naturelles du territoire, par exemple d'autoriser des concessions pétrolières[16]. Le gouvernement de la RASD se réclame lui aussi puissance administrante du territoire.
Dans un rapport publié en 2006 par Kofi Annan, alors secrétaire général des Nations unies, il est indiqué qu'aucun État membre de l'ONU (hormis le seul Royaume du Maroc) ne reconnaît la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental[17].
Situation politique
Position marocaine
Le Sahara occidental est considéré par le Maroc comme faisant partie de ses provinces du Sud (la superficie du Sahara occidental étant de 266,000 km2 et celle des provinces du Sud de 416,474 km2[18], le Sahara occidental représente environ 64 % des provinces du Sud). Ce pouvoir est revendiqué comme historique et légal par le Maroc sur cette partie du Sahara. Le Maroc rejette les conclusions de l'avis consultatif de la Cour internationale de justice de 1975 : selon lui, la cour a commis une erreur d'interprétation en cherchant à utiliser un cadre juridique occidental. Les liens d'allégeance exprimés, à des périodes pré-coloniales, par des chefs sahraouis seraient constitutifs de la nation marocaine comme de l'appartenance du Sahara occidental au Maroc, et il n'existerait pas d'autre source historique de souveraineté. Pour Rabat, la cour ne peut pas reconnaitre les liens qui existent entre la monarchie et les sahraouis, et rejeter la souveraineté du Maroc[19].
La question du Sahara occidental est également un facteur majeur de stabilité politique au Maroc : selon les autorités, le rattachement du territoire fait l'objet d'un consensus national, et un gouvernement qui agirait à l'encontre de ce consensus se heurterait immédiatement à une forte hostilité de la population. Paris et Washington sont d'ailleurs très sensibles à cet argument de stabilité[19]. Un responsable marocain[Lequel ?] déclare : « Ce n'est pas seulement le roi qui dicte sa décision (sur le Sahara occidental), c'est aussi l'expression d'un sentiment populaire très profond. Aucun homme politique marocain ne peut hésiter sur la question. C'est un véritable consensus national imbrisable. Aucun gouvernement ne survivrait à la remise en cause de ce principe. C'est une question de vie ou de mort »[20].
Loin de considérer le Polisario comme un acteur indépendant, le Maroc considère qu'il n'est que l'outil de l'Algérie (y référant parfois par le terme « Algérisario »). Toujours selon Rabat, sans l'aide diplomatique, financière, militaire et logistique de l'Algérie, il n'y aurait pas de question sahraouie. De plus d'après la monarchie, Alger utiliserait le Polisario pour affaiblir son rival régional, faire diversion sur les questions relatives à ses frontières, s'offrir un accès à l'Atlantique via un État sahraoui à son service et enfin exploiter les ressources naturelles du Sahara occidental[19]. Plus récemment[Quand ?], les marocains se sont concentrés sur un nouveau risque. Celui de voir un nouvel état évoluer dans un contexte instable et marqué par le Djihadisme religieux. Le Maroc pense, d'ailleurs, qu'il existe des liens entre les djihadistes d'AQMI et les chefs sahraouis[19].
Après des contacts officieux, le Maroc a accepté de traiter directement et officiellement avec le Polisario en 2007 en tant qu'un des protagonistes du conflit. Malgré cela près de 8000 Sahraouis installés auparavant dans les Camps de réfugiés de Tindouf ont rallié le Maroc, soit à partir des Îles Canaries (Espagne), ou par la Mauritanie[21]. Parmi eux, des cadres du Polisario[22]. En 2006, le Maroc a décidé de donner à ce qu'il considère comme son territoire une autonomie interne, et a confié au Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS) l'étude des possibles statuts d'autonomie dans la région. Cependant, le Polisario refuse toute solution qui ne comporte pas un référendum d'autodétermination.
Le Maroc préconise une large autonomie dans le cadre de la souveraineté du royaume alaouite pour résoudre le conflit du Sahara occidental, une ancienne colonie espagnole sous contrôle de Rabat depuis 1975. La proposition d’autonomie du Sahara occidental est selon Rabat une démarche « moderniste, démocratique et crédible », tenant compte du processus politique que connaît le royaume chérifien ces dernières années. Ce projet est soutenu par plusieurs pays comme les États-Unis[23], la France[24] et l'Espagne[25].
Position du Polisario
Pour le Polisario, le conflit du Sahara occidental est avant toute chose une question d'autodétermination des peuples. Il a toujours affirmé que sa seule et unique demande est l'application du droit international et en particulier le droit à l'autodétermination des peuples. En outre, l'ONU a, à plusieurs reprises, affirmé que la résolution 1514(XV) s'appliquait au Sahara occidental[26]. Selon Khalil Ahmed, observateur des droits de l'Homme pour la République arabe sahraouie démocratique : « Le référendum est un moyen reconnu de résolution des conflits liés à la décolonisation. Si les sahraouis décident d'être marocains, nous respecterons leur décision, mais seul un référendum d'autodétermination peut régler le problème »[27] Cette solution ayant également été acceptée par le Maroc, le Polisario ne voit aucune raison de changer sa position. Il considère, d'ailleurs, que le Maroc, réalisant que cela nuirait à ses intérêts, a manqué à sa parole en n'organisant pas de référendum. De plus, l'invocation de prétendus droits historiques par le Maroc ne serait qu'une couverture pour ses ambitions ultra-nationalistes. Il faudrait donc replacer les revendications marocaines dans un contexte plus large, celui du Grand Maroc revendiqué par l'Istiqlal dans les années 1950 et repris par Mohammed V et ses successeurs[26].
Toujours selon Khalil Ahmed : « Cette idéologie transforme le Royaume chérifien en un État expansionniste qui a successivement réclamé des droits sur la Mauritanie, l'ouest de l'Algérie, Ceuta et Mellila et même une partie du Mali en plus du Sahara Occidental. Si tous les pays réclamaient des territoires qu'ils ont à un moment de l'histoire contrôlé, ce serait la guerre de tout le monde contre tout le monde. C'est une vision très particulière de l'Histoire. »[27] Pour le Polisario, Rabat utilise son idéologie nationaliste surtout pour des raisons de politique intérieure, afin de créer une union autour du roi en maintenant un sentiment d'encerclement et de peur. En installant un tel environnement, le régime marocain s'offrirait la possibilité d'agir de façon répressive et supprimerait la critique en l'assimilant à une tentative de rompre la nation[26]. La critique du Polisario de la position marocaine consiste à mettre en évidence sa nature « contradictoire et instable », en le forçant à accepter un jour ce qu'il refuse dans le simple but de gagner du temps. Un membre du Polisario déclare, d'ailleurs : « Le Maroc était l'un des partisans du référendum jusqu'à ce qu'il ait manqué à sa parole, puis il a bloqué les tentatives de définition d'un électorat, pour enfin rejeter l'idée même d'un référendum. »[26]
Position algérienne
Après le retrait de l'Espagne et l'annexion par le Maroc et la Mauritanie, l'Algérie soutient le principe d'autodétermination des peuples et accueille une majorité des réfugiés sahraouis. Elle est pour la mise en application des résolutions (1754 (2007), 1783 (2007), 1813 (2008), 1871 (2009), 1920 (2010), 1979 (2011), 2044 (2012) et 2099 (2013) de l'ONU concernant l'organisation d'un référendum du peuple sahraoui sous les auspices de l'ONU[28].
L'Algérie soutient le Sahara occidental au nom des droits des peuples à l'autodétermination et l'inviolabilité des frontières coloniales. Sa position officielle est « qu'elle n'a pas de revendications territoriales sur le Sahara occidental, qu'elle n'est pas partie prenante dans le conflit qui oppose la RASD et le royaume du Maroc, et que son soutien aux indépendantistes sahraouis relève de ses principes d'aide à tous les peuples qui luttent pour la décolonisation de leur pays à travers le monde »[29]. L'Algérie réaffirme, à chaque attaque médiatique, qu'elle n'est pas concernée par le conflit et qu'elle se contente de soutenir les résolutions de l'ONU. Pour autant, Mohammed VI persiste dans ses déclarations : « la dernière résolution du Conseil de sécurité met particulièrement l’accent sur la dimension régionale de ce différend et souligne la responsabilité de l’Algérie en tant que partie concernée par ce litige ». Et ce malgré le fait que l'ONU n'a jamais considéré l'Algérie comme partie prenante du conflit[30]. Côté algérien, on considère que la stratégie de communication marocaine vise à faire croire que les revendications viennent d'ailleurs que du Sahara occidental. Selon Alger, en impliquant l'Algérie, le Maroc crée l'illusion que le peuple sahraoui adhère à son projet.
Position de l'ONU
En 1963, le Sahara occidental a été inscrit, à la demande du Maroc[31],[32], sur la liste des territoires non autonomes selon l'ONU, alors qu'il était encore une colonie espagnole. Le territoire a toujours conservé ce statut depuis. L'ONU est directement impliquée depuis 1988, lorsque le Maroc et le Polisario se sont mis d'accord pour la tenue d'un référendum d'auto-détermination, afin d'obtenir une issue pacifique au conflit. En 1991, l'ONU a obtenu un cessez-le feu entre les belligérants, selon un calendrier qui stipulait la tenue du référendum l'année suivante. À la suite de désaccords incessants sur la composition des listes électorales, ce référendum n'a pas encore eu lieu.
En avril 2007, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte une nouvelle résolution (no 1754) qui engage les parties à négocier « en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental »[33]. Ces négociations directes se déroulent depuis à Manhasset dans l'État de New York. Le , l'envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU, Peter van Walsum déclare que l'indépendance du Sahara occidental, n'était, à ses yeux, pas « un objectif atteignable ». Il estime en effet qu'en l'absence de « pression sur le Maroc pour qu'il abandonne sa revendication de souveraineté », un « Sahara occidental indépendant n'était pas une proposition réaliste »[34]. Le , le Conseil de sécurité des Nations unies adopte la résolution 1813 qui renouvelle en substance le mandat de la MINURSO jusqu'au , réitère les principes fondamentaux énoncés lors des résolutions précédentes mais surtout « fait sienne la recommandation formulée dans le rapport selon laquelle il est indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis afin de maintenir l’élan imprimé au processus de négociation »[35]. Ceci est un appel à l'acceptation par le Maroc d'organiser un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui comme il s'y était engagé en 1989[36],[37]. Le principal problème concernant le référendum est la composition du corps électoral : selon la FAO, la population du territoire était d'environ 80 000 habitants en 1975. Cependant, beaucoup d'entre eux étaient nomades depuis toujours et passaient librement sur des territoires maintenant sous souveraineté algérienne, marocaine, mauritanienne et malienne ; d'autre part, l'état civil de ces populations restaient élémentaires et il est très difficile de déterminer un lieu de naissance et une résidence fixes, informations indispensables pour constituer des listes électorales[38].
Position de l'Union africaine
Pour l'Union africaine (ancienne Organisation de l'unité africaine), la RASD est un État membre avec toutes ses prérogatives. La décision de l'OUA d'accepter la RASD comme membre en 1982 a conduit le Maroc à quitter l'organisation en 1985. Le Maroc reste le seul pays africain non membre de l'UA pour sa non-adhésion à l'Uti possidetis (principe de l'intangibilité des frontières héritées de la colonisation).
Position de la Ligue arabe
La Ligue arabe soutient explicitement l'intégrité territoriale du Maroc, et ne reconnaît ni le Polisario ni la RASD. Elle considère que le dossier du Sahara occidental relève de la compétence de l'ONU et soutient l'intégrité territoriale des pays arabes[39]. L'Algérie, pays membre de l'organisation, ne remet pas pour autant en cause son appartenance à la Ligue arabe, acceptant le principe de compétence de l'ONU sur la question.
Médiation de l'ONU
Après l'impasse des quatre rondes de négociations à Manhasset (États-Unis), l'agence de presse espagnole EFE a rapporté que les discussions « informelles » entre le gouvernement marocain et le Front Polisario ont débuté à Vienne, en présence de l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies, Christopher Ross, le lundi 10 août 2009[40].
Géographie
Le Sahara occidental est frontalier de l'Algérie sur 42 kilomètres, de la Mauritanie sur 1 561 kilomètres et du Maroc sur 443 kilomètres. Les zones de contrôle du Maroc et du Polisario sont séparées par un mur de sable, construit par les Marocains avec l'aide d'experts israéliens et américains[41]. La zone sous contrôle marocain se trouve à l'ouest du mur, la zone sous contrôle du Polisario à l'est. Le mur mesure plus de deux mille kilomètres de long et permet de bloquer les véhicules. Il est composé d'une série de barrières fait de deux remblais de sable de trois mètres de haut protégés par des champs de mines et de fortifications placées tous les cinq kilomètres[42].
Démographie
Réfugiés
Selon la direction générale de l'aide humanitaire (ECHO) de la commission européenne, 155 430 réfugiés sahraouis se trouvent dans les camps de Tindouf, en Algérie[43]. Le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés en nourrit 90 000[44]. Le Maroc conteste ces chiffres, et un ancien membre du Front Polisario parle de 25 000 réfugiés[45].
Les quatre principaux camps sont nommés El Aaiun, Awserd, Smara et Dakhla, d'après des villes du Sahara occidental. Les réfugiés, les rescapés parlent de prisonniers[46], sont connus pour vivre dans des conditions inhumaines, en raison du traitement du Polisario[47]. Il existe également des communautés réfugiées en Mauritanie, aux îles Canaries, en Espagne métropolitaine et à Cuba[Informations douteuses] [?]
Régions marocaines
Le Maroc, qui considère que le Sahara occidental fait partie de son territoire, l'a inclus dans les trois provinces du Sud :
- Guelmim-Es Smara (en partie) ;
- Laâyoune-Boujdour-Sakia el Hamra (en partie) ;
- Oued Ed-Dahab-Lagouira (en totalité).
Ce découpage régional n'est pas reconnu internationalement, et les régions marocaines couvrent également le territoire situé au-delà du mur marocain, qui est sous contrôle effectif du Front Polisario.
Villes et villages
L'essentiel de la population se trouve à Laâyoune (environ deux cent mille habitants).
Sous contrôle du Maroc
Ville | Population (2004) |
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Laâyoune (El Aaiun) | 183 691 |
Dakhla (Ad Dakhla, Villa Cisneros) | 58 104 |
Smara (Semara) | 40 347 |
Boujdour | 36 843 |
Ville | Population (2004) |
---|---|
Al Mahbass | 17 331 |
Aousserd (Awsard, Awserd) | 15 832 |
Bir Anzarane | 6 597 |
El Aargub | 5 345 |
El Marsa | 10 229 |
Guelta Zemmour (Gueltat Zemmour) | 6 740 |
Haouza (Hawza) | 8 769 |
Lagouira (La Guera) | 3 726 |
Techla (Tichla, Téchle) | 6 036 |
Autres localités :
- Baggari
- Bir Gandus (Bir Gandouz)
- Bou Craa (mine de phosphate)
- Chalwa
- Al Farcia
- Imlily
- Oum Dreyga
- Guerguerat
Sous contrôle du Front Polisario
Aucune statistique récente de population n'est disponible pour les localités sous contrôle du Polisario. La population totale représente au plus quelques milliers de personnes, en majorité nomades[réf. nécessaire].
- Agwanit
- Amgala
- Bir Lehlou, capitale temporaire de la RASD
- Bir Tirrissit
- Dougaj
- Mehaires
- Mijek
- Tifariti, subcapitale temporaire de la RASD
- Zoug (Zug, Sug)
Sous contrôle de la Mauritanie
La localité de Lagouira, située au sud du mur des Sables à proximité de Nouadhibou se retrouve de facto sous contrôle mauritanien. Peuplée de plus de 800 habitants en 1979, la localité est aujourd'hui en ruines, habitée par quelques Imraguens et abritant un camp de l'armée mauritanienne.
En 2013, la Mauritanie a décidé de redessiner ses frontières fermement, dans le but d'une future politique plus ferme face au Maroc, et n'a pas inclus la localité de Lagouira dans ses territoires[49].
Économie
Les principales sources de revenu sont le pastoralisme, la pêche et l'extraction de phosphate, qui représentent plus de 60 % des exportations[50],[51]. Les réserves de phosphate du Sahara occidental qui sont concentrées autour de Bou Craa sont importantes, ainsi selon l'USGS[52], le Maroc (en incluant le Sahara occidental) détient les deuxièmes plus grandes réserves prouvées de phosphate du monde, avec 5 700 milliards de tonnes (Chine : 6 600), et les plus grandes réserves potentielles, avec 21 000 milliards de tonnes (Chine : 13 000). Cependant la mine de Bou Craa, ne représente que 7 % à 8 % de la production globale du Maroc et, selon les chiffres de l'International Fertilizer Development Center, 1,6 % de ses réserves[53].
Les Espagnols auraient également découvert des dépôts de minerai de fer[réf. nécessaire].
Malgré la pluviosité minime, qui ne permettait pas de production agricole durable en dehors de quelques oasis où on pratiquait une agriculture de subsistance, la culture sous serre a connu un grand développement dans la région de Dakhla passant à plus de 450 ha fin 2009 avec une production de plus de 31 000 tonnes de primeurs ce qui permet des productions hors sol avec un grand rendement à l'hectare et une qualité gustative particulière, cette superficie atteindra 1 000 ha à l'horizon 2020 et l'augmentation de la production de ces cultures qui devrait passer à 76 000 tonnes en 2013 et à 116 000 tonnes en 2020[54].
Le commerce et l'activité économique sont contrôlés par le Maroc. Des sociétés marocaines du secteur énergétique ont signé en 2001 des contrats d'exploration de pétrole au large de la côte, ce qui a provoqué la colère du Front Polisario.
Transports
Le territoire dispose de 6 200 km de routes, dont 1 350 km sont goudronnées; ainsi il comporte une route qui longe la côte atlantique et qui représente une importante partie de la route nationale 1 (Maroc) qui relie Tanger à la frontière avec la Mauritanie. D'autres villes comme Smara, Aousserd et Gueltat Zemmour sont desservies[55]. Afin d'améliorer la jonction entre deux pôles économiques importants : El Marsa, dont le développement est centré sur le port et la ville de Laâyoune, métropole régionale, grand centre de main d’œuvre et de services, la voie rapide Laayoune - El Marsa (23 km) a été réalisée.
Il n'y a aucun chemin de fer au Sahara occidental. La région du Sahara dispose de ports dans les principales villes : Dakhla, Boujdour et Laâyoune[56]. La plus grande bande transporteuse du monde (96 km) transporte le phosphate des mines de Boukraa à la côte près de Laâyoune[57].
Les villes de Laâyoune, Dakhla et Smara disposent d'aéroports les desservant :
- Aéroport international Laâyoune - Hassan 1er
- Aéroport de Dakhla
- Aéroport de Smara
Monnaie
Deux monnaies sont utilisées, le dirham marocain (dans le cadre du Sahara marocain) et la peseta sahraouie (RASD)[58],[59] monnaie commémorative frappée occasionnellement et non utilisée dans les échanges commerciaux[60]
Codes
Le Sahara occidental a pour codes :
-
EH
, selon la norme ISO 3166-1 (liste des codes pays), code alpha-2 ; -
ESH
, selon la norme ISO 3166-1 alpha-3 (liste des codes pays) ; -
ESH
, selon la liste des codes pays utilisés par l'OTAN, code alpha-3 ; -
WI
, selon la liste des codes pays utilisés par l'OTAN, code alpha-2.
Filmographie
- L'autre côté du mur, Denis Véricel, France, 49 min, 2011
Notes et références
- ↑ « Territoires non autonomes », sur ONU (consulté le 26 août 2015) : « Selon des estimations ou des recensements cités dans des documents des Nations Unies en 2010. »
- 1 2 dans la partie contrôlée par le Maroc
- ↑ (en) MINURSO, Western Sahara - MINURSO - Background Lire en ligne.
- ↑ Rapport de la mission de visite de l'ONU en 1975
- ↑ Background Note : Morocco, Département d'État américain, juillet 2006, lire en ligne
- 1 2 Voir par exemple Landmine Monitor Report 2001, p. 1060.
- ↑ Julia Ficatier, « Sahraouis, les oubliés du désert », La Croix, .
- ↑ S. Makariou, G. Martinez-Gros et D. Soulié, Les 3 empires orientaux et l'expansion saadienne - 1630, Atelier de cartographie de sciences Po, 2010.
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- ↑ Voir http://www.derechos.org/human-rights/mena/moro/sah1.html
- ↑ Document S/2006/249, Report of the Secretary-General on the situation concerning Western Sahara lire en ligne. « Le Conseil de sécurité ne serait pas à même d’inviter les parties à mener des négociations concernant l’autonomie du Sahara occidental sous souveraineté marocaine, car ce libellé impliquerait la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental, ce qui était hors de question tant qu’aucun membre de l’Organisation des Nations unies n’aurait reconnu cette souveraineté. Selon même le statut de 1963, pourtant accordé à la demande du Maroc, l'Espagne serait toujours la partie administrante de jure, mais l'Espagne ne souhaite pas s'impliquer dans le dégel de la situation dans un territoire qu'elle ne revendique plus du tout et où elle est aujourd'hui totalement absente. »
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- ↑ Les ralliés de Sa Majesté, Jeune Afrique, 09/06/2010
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- ↑ Plan d'autonomie du Sahara - Washington apporte un appui sans équivoque à la proposition marocaine d'autonomie
- ↑ RFI - Sarkozy apporte son soutien à Rabat
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- 1 2 3 4 ICG, I - C, p. 3
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- ↑ Mathieu Guidère, Atlas des pays arabes : Des révolutions à la démocratie ?, Autrement (Editions), coll. « Atlas/Monde », , 95 p. (ISBN 978-2-7467-3206-3), p. 47
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- ↑ Mohamed-Fadel Ould Ismaïl Ould Es-Sweyih, La République sahraouie, L'Harmattan, 2001, p. 41
- ↑ http://www.monedas-bimetalicas.com/sahara.htm
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Political status of Western Sahara » (voir la liste des auteurs).
Voir aussi
Articles connexes
- Drapeau du Sahara occidental
- Provinces du Sud
Sources
- (en) C. R. Pennell, Morocco since 1830, New York University Press, New York, 2000, ISBN 0-8147-6676-5
- (en) International Crisis Group (ICG), Western Sahara: the Cost of the Conflict, rapport 65, 11 juin 2007, lire en ligne
Bibliographie
- Le Dossier du Sahara occidental, Attilio Gaudio, Nouvelles éditions latines, Paris, 1978.
- Sahara occidental : origine et enjeux d'une guerre du désert, Tony Hodges, Éditions L'Harmattan, 1987
- Le Sahara occidental, ou la sale guerre de Boumediene. Edouard Moha, Ed. Jean Picollec, 1990.
- Sahara occidental : La controverse devant les Nations unies, Laurent Pointier, Éditions Khartala, 1994
- Sahara occidental 1991-1999 : l'enjeu du référendum d'autodétermination, Thomas de Saint Maurice, Éditions L'Harmattan, 2000
- Histoire du Maroc de ses origines à nos jours, Bernard Lugan, Ed. Perrin, Paris, 2000
- Philippe Di Folco, L'Empereur du Sahara, biographie illustrée, Galaade éditions, 2014, 224 p. (ISBN 978-2351762967) et l'affaire Jacques Lebaudy.
Liens externes
- Denise Sollo, « Origines, enjeux et pespectives de paix du conflit du Sahara occidental », Irenees
- « Carte du Sahara occidental montrant le déploiement de la MINURSO », ONU
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