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Matériau de construction

Matériau de construction

Les matériaux de construction sont des matériaux utilisés dans les secteurs de la construction : bâtiments et travaux publics (souvent désignés par le sigle BTP). La gamme des matériaux utilisés dans la construction est relativement vaste. Elle inclut principalement le bois, le verre, l'acier, l'aluminium, les matières plastiques (isolants notamment) et les matériaux issus de la transformation de produits de carrières, qui peuvent être plus ou moins élaborés. On trouve ainsi les dérivés de l'argile, les briques, les tuiles, les carrelages, les éléments sanitaires.

Histoire

Article connexe : Histoire de la construction.
Çatal Höyük, néolithique, 6000 av. J.-C., enduits plâtre reconstitués

Le bois, la pierre, la terre crue et la terre cuite sont les matériaux traditionnels qui ont conditionné la manière de concevoir les bâtiments. Si les premiers sont disponibles à même le sol, la terre cuite est la première pierre artificielle employée. Par la suite, dès l'Antiquité, d'autres matériaux exigeant une préparation et des processus complexes de transformation, comme la chaux ou le plâtre, obtenus par chauffage de pierre calcaires ou de gypse sont employés. Additionnés de la pouzzolane ou de brique pilée, ils permettent à la Rome antique, de réaliser les premiers bétons basés sur de la chaux, l'opus caementicium. Jusqu'à la révolution industrielle, le fer, la fonte, le verre ne sont employés que de manière marginale.

Grèce antique

Les temples antiques sont originairement en bois, recouverts d'argile cuite peinte de couleurs vives, destinée à protéger le bois, puis progressivement construits en marbre (dans les Cyclades) ou en calcaire gris coquillé (dans le Péloponnèse) accédant ainsi à une dimension monumentale. Dans cette nouvelle architecture, toute de pierre constituée, charpente comprise, les éléments fonctionnels tels métopes et triglyphes de la frise dorique qui étaient à l'origine des plaques de terre cuite qui protégeaient de l'humidité la charpente en bois, accèdent à une valeur purement décorative. Même chose pour les annelets des colonnes, qui à l'origine étaient les cerclages des colonnes en bois[1]. Le temple est couvert de tuiles, corinthiennes ou laconiennes, rectilignes ou curvilignes, en terre cuite ou en pierre, entre 60 cm et 1 m, estampillées de dates de lettres ou de destination. Selon l'auteur grec Pausanias, l'inventeur des tuiles en marbre est un certain Byzès de Naxos[2]. Un soin particulier est accordé aux charpentes renforcées parce que supportant des tuiles en pierre. Elles sont en pin de Macédoine, en chêne du Péloponnèse en cèdre ou en cyprès issu de la région de Sicyone ou même d’Égypte. Les charpentiers tous comme les peintres et sculpteurs sont itinérants[2]. Contrairement à l'image de marbre blanc que nous a laissé l'usure du temps, les temples grecs étaient peints. Une coloration canonique se met en place : les lignes horizontales sont en rouge, les verticales en bleu ou en bleu-noir, les fûts de colonnes restent clairs[2].

Périclès dans la vie des hommes illustres de Plutarque consacre l'usage des matières premières suivantes : pierre, airain, ivoire, or, ébène, cyprès[3].

XVIIIe siècle et XIXe siècle

En 1859, en France, l'Encyclopédique de Roret mentionne les matériaux suivants: la pierre, le moellon, la meulière, le plâtre, les carreaux de plâtre, les plâtras, la chaux, les mortiers, les sables, les ciments, la pouzzolane, le pisé, l'argile, le salpêtre, la brique, les carreaux de terre cuite, les poteries, les marbres, les granits, les stucs, le grès, la craie, le blanc en bourre, la terre à four, le bois de chêne, le bois de sapin, le noyer, l'aulne, le tilleul, l'érable, le fer, la fonte de fer, l'acier, le plomb, l'étain, le zinc, le régule, le cuivre jaune (le laiton), le cuivre rouge, la tuile de pays, la tuile de Bourgogne, la tuile d'Altkirch, le bitume-asphalte, les couleurs, les tissus de lin, de soie et de coton, les papiers de tenture, les verres à vitres, etc[4].

Les pierres employées à Paris se tirent des carrières de Bagneux, de Sèvres, de Vaugirard, de Châtillon, de Montrouge, d'Arcueil, de Saint-Leu-d'Esserent (la Pierre de Saint-Leu), de L'Isle-Adam, de Conflans-Sainte-Honorine, de Gentilly, de Nanterre, de Montesson, de Saillancourt, près Meulan, de Louvres, de Tonnerre et de Château-Landon[4].

À partir de la révolution industrielle, et surtout à partir du XIXe siècle, le champs d'application de certains matériaux comme le fer, la fonte, l'acier, voire le verre, à grand renfort de combustibles fossiles, se déplacent vers la construction.

Une mutation s'opère alors dans la construction lorsqu'on cesse d'employer la pierre naturelle comme matériau statique. Elle coïncide avec l'apparition du béton de ciment et plus largement des pierres artificielles (Briques, Blocs, etc.), moins chers à produire, plus faciles à mettre en œuvre.

XXe siècle

De nouveau matériaux de construction voient le jour, résultats des progrès de la chimie et de la science des matériaux. À partir des années 1930, la plasturgie s'appuyant sur l'exploitation des produits dérivés du pétrole, crée de nouveaux matériaux par synthèse chimique, les matières plastiques, dont la grande adaptabilité (légèreté, solidité, déformabilité, facilité de nettoyage) fait le succès dans de nombreux domaines y compris la construction.

Se pose alors la question, pour la première fois de l'histoire, du cycle de vie de ces matériaux, en fin de vie leur stockage, leur recyclage ou leur destruction, ces matériaux n'existant pas à l'état naturel, n'étant pas biodégradables et présentant un caractère plus ou moins nocif.

Il existe une corrélation étroite entre le produit national brut (PNB) d'un pays et sa consommation de polymères[5].

XXIe siècle

Une partie du travail de recherche actuel sur les matériaux vise à produire des matériaux plus performants, à moindre coût énergétique et à moindre impact environnemental. D'autre part un intérêt populaire certain retourne aux matériaux traditionnels originaux.

Classification

Classement chimique

Qu'on les classe selon leurs structure atomique[5],[6] ou selon un classement de conception, on arrive grosso-modo à une classification qui ressemble à ceci:

Forme

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  • poudre : plâtre, ciment, chaux, etc.
  • Pavé droit (Parallélépipède) : brique, bloc, pavé, etc.
  • écaille : tuile, carreau, bardeau, etc.
  • panneau
  • feuille : feuille d'acier, de plomb, de zinc, membranes synthétique
  • produit long : poutrelle en acier

Circonspection sage et écologie

Article connexe : Énergie grise.

Dans les économies rurales et agricoles qui sont jusqu'au XVIIe siècle le lot de 80% de la population française (Soit 16 millions de personnes. Le déclin s'amorce avec la révolution industrielle et surtout à partir du XIXe siècle. En 1968, seulement 15% de la population vit encore de l'agriculture[7].), la construction des bâtiments est intimement liée au terroir:

Encore début XIXe siècle, dans toutes les localités on ne trouve pas toujours tous les matériaux dont on aurait besoin, ni les meilleurs d'entre eux d'ailleurs. Quelquefois on manque totalement des uns ou des autres, soit que les forêts sont éloignées et les bois de construction rares et chers ; là c'est la pierre de taille dont on ne trouve des carrières qu'à de grandes distances et dont il faut se passer faute de moyens suffisants; ailleurs on manque totalement de moellons ainsi que de sable et de gravier ou là encore on manque de tuiles. Il faut y suppléer par de la lave ou du bardeau ou autres matières, etc. Un propriétaire qui veut bâtir doit bien savoir quels sont les matériaux à sa portée, leur prix et leur transport, leur fabrication et s'instruire enfin sur la meilleure manière d'employer les uns et les autres. Les matériaux les plus nécessaires sont le bois, le fer, la pierre, la terre, le sable. Avec de la terre on fait des briques, des tuiles, des carreaux, du ciment, du pisé. Avec les pierres on fait de la chaux, qui, avec le sable, produit des mortiers presque toujours indispensables. Toutefois, on fabrique aussi des mortiers avec une espèce d'argile (Une terre franche) qui a beaucoup d'adhésion et quelquefois on se passe totalement de mortier ce qui produit des murs à sec bons pour les clôtures mais sujets à réparations[8].

Tous ces choix sont dictés par l'économie. Par économie, on parle de la circonspection sage et éclairée au moyen de laquelle on parvient à son but avec le moins de frais possible sans compromettre ni la solidité, ni la convenance d'aucune partie du travail[8].

La révolution industrielle se caractérise par le passage d'une société à dominante agricole et artisanale à une société commerciale et industrielle dont l'idéologie est technicienne et rationaliste. Un modèle de société se développe alors sur le modèle de la croissance. Croissance démographique, croissance des moyens de production, croissance de la consommation matière première (houille et minerai de fer en premier), croissance des moyens de communication[9], ainsi qu'un goût de l'exploit qui s'exprime à partir de 1851 dans les Expositions universelles.

Avec le Chemin de fer, l'étendue d'approvisionnement des régions va en s'agrandissant. L'exploitation intensive des énergies fossiles, le moteur thermique, rend ensuite possible le transport des matériaux sur de grandes distances par la route, par les voies navigables, et par la mer. À Paris par exemple, les carrières historiques - Les catacombes - sont à l'abandon. Les calcaires oolithiques de la Bourgogne ou de la Lorraine viennent en concurrence avec les pierres que la navigation amène des carrières tertiaires de l'Île-de-France et du Vexin. Au XXe siècle, en Europe on va chercher les pierres de construction de plus en plus loin : Chine, Viêt Nam, etc.

Les progrès de la chimie, le développement des fours industriels, conduisent à de nouveaux matériaux énergivores (l'acier, le béton de ciment), ou déplacent les champs d'application de certains matériaux qui n'étaient employés que de manière marginale dans la construction. Les polymères sont presque entièrement des produits de la pétrochimie. Paradoxalement, la crise pétrolière de 1973 a favorisé leur développement, car le coût énergétique de leur production est nettement plus faible que celui des matériaux traditionnels[5].

Fin XXe siècle, les chocs pétroliers à répétition, la prise de conscience écologique consécutive au dérèglement climatique, conduisent à reconsidérer certains de ces matériaux quant à leur impact environnemental. L'énergie grise, la quantité d'énergie nécessaire au cycle de vie d'un matériau ou d'un produit - la production, l'extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l'utilisation, l'entretien puis pour finir le recyclage - est un indicateur créé dans ce but.

Matériau de construction et santé

L'histoire est émaillée de catastrophes sanitaires. La peste et les maladies pestilentielles ont été éradiquées à partir du XIXe siècle par l'amélioration de l'hygiène et notamment de l'hygiène domestique, l'eau potable, la ventilation, etc.). Le plomb, dont les cas d'intoxication sont observés de l'antiquité à nos jours (Voir Histoire du saturnisme), se retrouvera utilisé dans les canalisations (Il donnera son nom au plombier) ou dans les peintures (céruse). Malgré l'interdiction du plomb dans les peintures et l'essence dans de nombreux pays, des cas graves de saturnisme persistent dans la plupart des grandes villes (habitats anciens) et régions industrielles.

Les développements relativement récents (début XIXe siècle) donnés aux produits de synthèse chimique ont suscité de nouveaux sujets de préoccupation. La chimie connaît un énorme progrès quantitatif avec Antoine Lavoisier qui l'a promue en science exacte (Subsistent, acceptés par les croyances communes jusqu'en 1850, des alchimistes poursuivant la quête de la pierre philosophale et continuant l'alchimie sous une forme ésotérique). La chimie analytique dissèque alors la matière et sans grande précaution trouve rapidement des applications industrielles aux composés qu'elle découvre. Dès 1800 par exemple, les gaz manufacturés sont employés comme gaz d'éclairage dans toutes les grandes villes. Le principal d'entre eux, un gaz obtenu par distillation de la houille, est un dangereux mélange de sulfure d'hydrogène, de monoxyde de carbone et de méthane - au début du vingtième siècle des utilisateurs se plaignent encore de mauvaises odeurs, de céphalées et de vomissements causés par le gaz[10] - et conduit à la généralisation de la ventilation dans les appartements. Le gaz de houille est « heureusement » remplacé dans toutes ses applications par l'électricité à partir de 1880 et par le gaz naturel à partir de 1945.

Des débats plus récents concernent la toxicité du pentachlorophénol et du lindane, employés dans le traitement du bois, des Pyréthrinoïdes, antimites employés dans les tapis de laine, des polychlorobiphényles (PCB), et formaldéhydes, des composés organiques volatils, du toluène (Voir Intoxication au toluène) et du xylène, les hydrocarbures chlorés employés dans les colles, les vernis, les peintures, les diluants et les décapants[11], etc.

L'usage passé des Chlorofluorocarbures (CFC) par l'industrie de la climatisation a contribué pour une bonne part à la destruction progressive de la couche d'ozone, dont le rôle protecteur est déterminant pour les êtres vivants. Constaté à la fin des années 1970, ce que l'on a appelé le « trou de la couche d'ozone » a conduit au premier protocole environnemental à atteindre la ratification universelle, le Protocole de Montréal, en 1985 : il a pour objectif de réduire et à terme d'éliminer complètement les substances qui réduisent la couche d'ozone.

L'amiante est interdite en France et dans divers pays depuis 1996 à la suite du scandale de l'amiante, mais le Québec continue, à la suite d'un accord passé avec les producteurs canadiens d'amiante, d'en promouvoir un usage sécurisé.

Toutes les activités industrielles à base de chlore sont actuellement minutieusement examinées. Dans l'industrie des résines, le PVC est le produit le plus sérieusement examiné puisqu'il est le plus grand consommateur de chlore industriel[12].

Une grande variété de produits chimiques sont actuellement examinés pour déterminer s'ils perturbent le niveau hormonal normal des espèces vivantes (Perturbateur endocrinien), comme le bisphénol A, qui est utilisé dans la fabrication de polycarbonates, les phtalates qui sont utilisés comme plastifiants dans les PVC, le nonylphénol qui est un additif aux polymères tels que le polystyrène et les PVC.

Un autre débat s'intéresse à l'évaluation des risques liés à l’exposition aux champs électromagnétiques.

Liste

Article détaillé : Liste de matériaux de construction.

Voir aussi

Articles connexes

  • Recyclage
  • HQE, Quinzième cible HQE
  • Élément de construction

Liens externes

  • [PDF] Possibilités d’utilisation des matériaux recyclés dans le secteur de la construction, exemple de bâtiment pédagogique intégrant de nombreux matériaux recyclés
  • Programme national de recherche sur la connaissance et la conservation des matériaux du patrimoine

Notes et références

  1. Gwen-Haël Denigot, Le temple un édifice où le temps s'arrête, Extra Le vif l'express 4 au 10 novembre 2011.
  2. 1 2 3 Stéphanie Pioda, Les charpentiers au faîte de leur art, Extra Le vif l'express 4 au 10 novembre 2011.
  3. Plutarque, Vies des hommes illustres, traduction d'Alexis Pierron, 1 Charpentier, 1853, sur Wikisource
  4. 1 2 Athanase Bataille, Nouveau manuel complet de la construction moderne ou Traité de l'art de bâtir avec solidité, économie et durée, Encyclopédique de Roret, 1859, lire en ligne
  5. 1 2 3 Jean Pierre Mercier, Gérald Zambelli, Wilfried Kurz. Introduction à la science des matériaux. PPUR presses polytechniques, 1999. Consulter en ligne
  6. Les grandes familles de matériaux
  7. Molinier Jean. L'évolution de la population agricole du XVIIIe siècle à nos jours. In: Économie et statistique, no 91, juillet-août 1977. p. 79-84. doi : 10.3406/estat.1977.3127 Consulté le 15 mars 2014
  8. 1 2 M. De Fontenay. Manuel des constructions rustiques, ou guide pour les constructions rurales. Encyclopédie Roret, Paris, 1836. Consulter en ligne
  9. Adriaan Linters, Industria, Architecture industrielle en Belgique, Pierre Mardaga éditeur 1986
  10. Jean-Baptiste Fressoz, "La Controverse du gaz d'éclairage", Pour la Science, no 405, juillet 2011
  11. Eco-logis: la maison à vivre Couverture Thomas Schmitz-Günther, Terre Vivante, Maxime Tassin Könemann, 1 janv. 1999 - 478 pages
  12. Industrie canadienne des résines synthétiques sur le site de ic.gc.ca Industrie du Canada. Un site du gouvernement du Canada.
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