Horlogerie
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L’horlogerie regroupe les techniques permettant de fabriquer des instruments de mesure du temps.
Histoire
À la découverte du Temps
L'écoulement du temps se manifeste directement dans les déplacements des corps célestes. L'observation et l'enregistrement de ces phénomènes naturels ont conduit l'humanité à développer divers outils de mesure du temps. Ce sont les Babyloniens, il y a environ 4000 ans, qui ont divisé le temps en unité de 12 périodes. Le premier instrument connu de mesure du temps est sans doute le gnomon, ancêtre du cadran solaire. Avant l'invention de l'horlogerie mécanique, on utilise la clepsydre, le sablier et d'autres instruments gradués (chandelles, lampes à huile) servant à mesurer l'écoulement du temps.
Horloges mécaniques
Bien avant que soient inventées les horloges mécaniques à roues dentées, des engrenages étaient utilisés pour reproduire les mouvements cosmiques. Le fragment de la machine d'Anticythère, est ainsi le plus vieux mécanisme à engrenages connu (100 av J.C.).
La paternité de la première horloge mécanique est contestée. Pour certains, on devrait au Pape Gerbert, l'invention de l'échappement avec foliot ou balancier circulaire en 995. Cette avancée, très importante pour la mise au point de l'horlogerie, remplace progressivement au long des siècles suivants les horloges hydrauliques et autres clepsydres antiques.
Pour d'autres, ce sont les Chinois qui inventèrent l'horloge mécanique au VIIIe siècle apr. J.-C. Vers 1090, Su Dong construit une horloge astronomique en métal de 6 mètres de haut capable d'indiquer la position des constellations. Il s'agit d'une horloge mécanique à entrainement hydraulique. Mais sous les Yuan, l'horloge n'est plus entretenue et le secret de sa construction se perd ensuite[1].
À partir du XIIIe siècle, les villes se développent et des activités qui demandent une meilleure maîtrise du temps apparaissent : le commerce et l’artisanat. Les premières horloges mécaniques sont monumentales et ornent les façades des églises et des beffrois. En Europe, la première horloge serait installée en Angleterre en 1284 puis, en France, à Sens en 1292. En 1389, Jehan de Felains érige à Rouen le Gros-Horloge. Peu précise, l’horloge, dite aveugle, qui n’a souvent ni cadran ni aiguille, se dérègle facilement d’une heure chaque jour. Sa fonction est de sonner les heures. Son fonctionnement tient à trois éléments :
- un poids suspendu à une corde, c’est la force motrice ;
- le rouage, c’est l’ensemble de roues et de pignons dentés ;
- l’échappement qui est le mécanisme placé entre le rouage et l’organe régulateur, appelé balancier ou pendule. L’échappement entretient les oscillations du balancier. La force motrice de la roue d’échappement est transmise au balancier grâce à l’ancre, petit élément en acier ou en laiton dont la forme rappelle l’ancre de marine.
Avec l’invention du pendule par Christian Huygens en 1657, l’horloge devient un instrument précis qui peut intégrer l’aiguille des minutes, puis des secondes.
L'horlogerie suisse
Pendant les guerres de religion, Jean Calvin, le réformateur protestant installé à Genève en 1536, accueillait favorablement les réfugiés huguenots qui augmentaient le nombre de ses partisans[2]. Son interdiction du port d'objets décoratifs poussa les orfèvres vers l’horlogerie [3], établissant l'horlogerie genevoise. Calvin interdit aux habitants, au nom de la morale protestante, de porter des bijoux, accessoires de séduction superflus. Les joailliers genevois se reconvertissent dans l'horlogerie et incrustent les montres de pierres précieuses. Ces montres échappent à la notion de bijou de Calvin et, dès lors, peut se développer l'horlogerie de luxe[4][5].
L'horlogerie suisse s'est ensuite développée dans l'arc jurassien de Genève à Schaffhouse au XVIIe siècle, par l'émigration d'un grand nombre d'artisans huguenots, suite à la révocation de l'édit de Nantes par Louis XIV. Ils y trouvèrent un environnement paisible et une main-d'œuvre possédant les vertus propres à l'horlogerie : minutie, patience, persévérance, « cœur à l'ouvrage », droiture et une religion réformée prépondérante, propre à la recherche technique et au commerce.
Production artisanale
La production de montres se fait chez des horlogers indépendants qui doivent ajuster à la main chaque pièce particulière constitutive du mouvement, généralement produite auprès d'une multitude de tout petits ateliers spécialisés.
Au milieu du XIXe siècle survient la révolution industrielle.
La précision par l'industrialisation
Il fallut attendre 1854 et la création à Waltham (États-Unis) de la société qui, finalement, portera le nom de Waltham Watch Company par un visionnaire, Aaron Lufkin Dennison, pour le développement de machines, systèmes de production, de jauges et de standardisation, dans le but d'acquérir une telle précision finale, que chaque pièce constitutive d'un mouvement devienne interchangeable. Bientôt suivi par Elgin, et d'autres marques américaines. En 1876, lors de l'Exposition universelle de 1876 à Philadelphie, Waltham Watch Company expose une reconstitution d'atelier industriel avec la première machine automatique à fabriquer des vis. La marque Waltham obtient la médaille d'or de la première compétition chronométrique mondiale, avec des montres sélectionnées au hasard, en fin de chaîne d'assemblage!
Rapport David : MM. les Horlogers suisses, réveillez-vous !
Jacques David, de Longines, fit un rapport détaillé de la méthode américaine aux Autorités politiques et horlogères.
« The Philadelphia Universal Exhibition of 1876. Convinced of the merit of mechanical production, David traveled to the Philadelphia Universal Exhibition of 1876 and returned to write a report that triggered a wide-ranging debate within the Swiss watch industry of his day. »
Ce rapport déclencha une vive réaction salutaire auprès de l'industrie horlogère suisse, qui adapta, petit à petit, ses nouvelles méthodes de production et devança techniquement ses concurrents américains pendant l'entre-deux-guerres.
Montres bracelet
La montre-bracelet est née dans le dernier tiers du XIXe siècle. Jusque-là, les montres étaient en général portées au gousset. Environ, en même temps, dans les années 1920 sont introduits les oscillateurs et les horloges à quartz. En 1949 et 1967, nouvelles découvertes, les horloges atomiques[6],[7].
Crises horlogères suisses
Le XXe siècle, sera pour l’horlogerie suisse principalement, un siècle avec des hauts et des bas. Premièrement, il y aura l’apparition de la première montre attestée waterproof/étanche[note 1] fabriquée et produite par West End Watch Co. en 1886. Cependant, après cette innovation, de nombreux problèmes vont toucher cette industrie.
La grande dépression mondiale débutée en 1929 aux États-Unis eut un effet désastreux pour l'industrie horlogère. Les entreprises, trop petites et dispersées recourent à un « dumping » meurtrier, afin de survivre. La Confédération et les grandes banques suisses doivent intervenir et créent une société holding, l'ASUAG, qui va réunir la majorité des fabricants d'Ébauches et des parties constitutives (spiraux, balanciers, assortiments, pierres d'horlogerie), puis, par la suite, en 1971, une société holding, GWC, pour réunir une partie des marques horlogères du produit terminé.
Or, dans les années 1970, les Japonais suivis de certains Américains, se mettent à la montre électronique, grâce à l’apparition de la montre à quartz (montre contenant une pile), bien plus précise et bien moins chère que les montres mécaniques suisses traditionnelles[8].
Les exportations horlogères (suisses) vont donc chuter progressivement. L'horlogerie suisse paraît alors soudain se retrouver dans « un rôle de figurant en matière d’horlogerie[8] ». Cette chute du marché va créer de nombreux problèmes économiques, notamment, une baisse d’employés (70 000 en 1960, et environ 30 000-35 000 en 1980)[9] et une baisse du nombre d’industries horlogères présentes sur le territoire suisse, (1 600 en 1970, et plus que 600 actuellement)[3].
Quelques dates qui ont marqué cette crise :
- 1978 : Apparition de la montre électronique à quartz[10].
- 1981 : Apogée de la crise horlogère[11].
- 1983 : L’horlogerie suisse se remet sur pied peu à peu grâce aux efforts financiers consentis par les banques suisses permettant la réorganisation des deux grands groupes SSIH & ASUAG en une nouvelle société Société de microélectronique et d'horlogerie, qui deviendra Swatch Group.
Cette crise horlogère fut notamment causée par l'état de non concurrence interne dû au prolongement du statut horloger (instauré en 1931 création de l'ASUAG) jusqu'à fin 1965, qui rendit l'horlogerie suisse par trop complaisante face à la concurrence étrangère potentielle et aux nouveaux produits (montres à quartz). Déjà, avant leur apparition, l'industrie horlogère japonaise avait réussi à conquérir d'importantes part de marché aux dépens des Suisses, grâce à des montres mécaniques à remontage manuel, et, par la suite automatique d'une qualité égale, voir supérieure (étanchéité), à des prix hors concurrence.
Souvent attribuée à l'apparition de la montre à quartz et à l'apparition de la concurrence japonaise, la crise horlogère suisse de 1975 à 1985 est également dues à d'autres facteurs longtemps ignorés :
- L'abandon des taux de change fixe en 1973, ce qui aboutit à une forte hausse du franc suisse face au dollar américain.
- Le manque de rationalisation de production dans la branche (notamment dû au statut horloger)
Pour illustrer en chiffre l'impact de cette crise, les parts de marché des montres suisses dans le monde étaient les suivantes[12] :
- 1970 : 83,1 %
- 1975 : 58,8 %
- 1980 : 22,2 %
- 1983 : 15,3 %
Le renouveau
Les lancements de la Delirium, développée en l'espace de 6 mois, en 1979, et de la montre Swatch, à l'initiative de Ernst Thomke et de son team à ETA SA, le 1er mars 1983 à Zurich[13],[14] constituèrent les fers de lance de la reconquête des marchés par une totale transformation de l'industrie horlogère, fondée sur une haute technologie au service d'un marketing de marque sélectif.
Depuis, les marques horlogères traditionnelles suisses ont retrouvé leur position de leader du marché, principalement avec des montres mécaniques traditionnelles dans les grandeurs supérieures, permettant des complications. Les montres à quartz ne sont demandées que dans les versions pour dames, principalement en or et joaillerie, respectivement de manière générale dans les marques de moyen (Tissot) et bas de gamme, ainsi que pour les montres fantaisie de grandes distributions (CK).
L'industrie horlogère suisse n'occupe plus que l'extrême pointe du haut de la pyramide en quantité, proportion qui s'inverse en valeur. Durant les années 2000, le secteur de l'horlogerie mécanique haut de gamme a continuellement connu une forte croissance (entre 12 et 18 % de croissance annuelle pour la période 2004 - 2008), cette expansion étant souvent attribuée à l'apparition d'un nouveau marché dans les pays émergents (Inde, Chine).
L'horlogerie française
Depuis 1300, se développent en France et en Europe occidentale des horloges mécaniques monumentales dans les clochers et beffrois. Les exemples les plus fameux sont les horloges de la cathédrale de Strasbourg, de Lyon, le Gros Horloge de Rouen, etc.
Durant les siècles suivants, des centaines d'horlogers exercent leurs arts dans les grandes villes françaises, notamment Paris, Lyon, Blois et Rouen. La révocation de l’Édit de Nantes et l'exode de nombreux protestants, qui exerçaient souvent des métiers liés à l'horlogerie et à la bijouterie, porte un coup certain à la production horlogère française.
Au XVIIIe siècle, cependant, l'horlogerie française connaît un nouvel âge d'or. À Paris et à Versailles, les horlogers Ferdinand Berthoud, Jean-Antoine Lépine et Abraham Breguet mettent au point de nouvelles techniques et commercialisent des modèles toujours plus prestigieux.
Au même moment, se développent des types d'horloges plus populaires, les horloges de parquet, qui vont bientôt faire partie de l'ameublement de base de tous les foyers français. Les horlogers de Franche-Comté développent l'horloge comtoise, fiable et robuste, au succès immédiat. D'autres productions régionales se développent en parallèle, l'horloge lanterne en Bretagne, l'horloge Saint-Nicolas en Normandie etc.
À la fin du XVIIIe siècle, la révolution industrielle apporte des changements considérables. L'horlogerie s'industrialise. En Franche-Comté, l'usine Japy produit en masse des mouvements de montres et de pendules. D'autres villes se spécialisent : Cluses, en Haute-Savoie, Morteau dans les Doubs et Saint-Nicolas-d'Aliermont, en Normandie, produisent des milliers de mouvements chaque mois pour des pendules de cheminées, des pendulettes puis des réveils.
Le XXIe siècle
De façon générale, le secteur de l'horlogerie mécanique haut de gamme connaît dans les années 2000 une croissance importante en Europe et aux États-Unis.
Dans le secteur du design industriel, il est évoqué que l'apparition du téléphone portable, notamment, a rendu la montre désuète en tant que simple objet indiquant l'heure. La montre se serait alors réaffirmée comme bijou, objet de prestige, ce qui aurait participé au grand retour de la montre mécanique.
En France, l'horlogerie fait partie des 162 disciplines du concours de meilleur ouvrier.
Notes et références
Notes
- ↑ Voir article « L'Imperméable ».
Références
- ↑ Au temps des châteaux forts, Larousse, 1993, pp. 844 et 847. Voir aussi, Le Moyen Âge florissant, Sélection du Reader's Digest, 2006, p. 79. Une reconstitution en bois de l'horloge est exposée au Science Museum de Londres.
- ↑ Histoire de la Suisse : L'industrie horlogère.
- 1 2 http://www.fhs.ch/fre/origins.html
- ↑ Archives du journal suisse d'horlogerie et de bijouterie.
- ↑ Nadège Sougy, « Le luxe des montres (XIXe-XXe siècle) : réputation et identité de l’horlogerie de Genève », Études caribéennes, (ISSN 1779-0980, lire en ligne).
- ↑ Les instruments horaires à travers les âges.
- ↑ Histoire du temps.
- 1 2 Voir swissworld.org.
- ↑ « Horlogerie » dans le Dictionnaire historique de la Suisse en ligne.
- ↑ Voir sur hautehorlogerie.org, année 1978.
- ↑ Voir sur hautehorlogerie.org, année 1981.
- ↑ « La crise horlogère suisse, 1975- 1985 », Pierre-Yves Donzé, in Le Temps, mardi 18 janvier 2011.
- ↑ Voir sur hautehorlogerie.org, année 1982.
- ↑ Voir sur hautehorlogerie.org, année 1983.
Annexes
Bibliographie
- Ferdinand Berthoud, Essai sur l’horlogerie ; dans lequel on traite de cet Art relativement à l’usage civil, à l’astronomie et à la Navigation, en établissant des principes confirmés par l’expérience, en 2 volumes, Paris, éd. Merigot 1786 (le plus grand traité d’horlogerie publié jusqu’alors. Les exemplaires complets de toutes leurs planches sont devenus très rares).
- George Daniels, La Montre - Principes et méthodes de fabrication, éd. Watchprint (réedition 2011), 416 p.
- D. Gibertini, E. Jaquet, La réparation des pendules, éd. Fédération des Écoles Techniques (réedition 1997), 230 p.
- Camille Hervé, Les arts décoratifs appliqués à l'horlogerie des XVIIIe et XIXe siècles en France, mémoire de master, Histoire des arts, Université Rennes 2, 2014 (lire en ligne)
- Hans Jendritzki, Le réglage d’une montre à balancier spiral, 105 p.
- Jean-Marc Olivier, Des clous, des horloges et des lunettes. Les campagnards moréziens en industrie, Paris, CTHS, 2004, 608 p.
- Constantin Parvulesco, Encyclopédie des montres, ETAI, 2000
- C-A. Reymondin, G. Monnier, D. Jeanneret, U. Pellarratti, Théorie d’Horlogerie, éd. Fédération des écoles techniques (1998) (ISBN 2-940025-10-X)
- La contribution des savants et horlogers suisses aux progrès de la chronométrie ː la dynastie des Liechti de Wintertour, horloger de 1489 à 1857
Articles connexes
- Histoire de l'horlogerie
- Pendule de cheminée
- Horloge de Parquet
- Réveil
- Horloger
- Liste de marques horlogères
- Associations horlogères
- Paix du travail
- COSC
Liens externes
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- Quelques liens Web liés aux horloges d'édifice, par Gérard Guilbaud, Notre patrimoine Horloger
- Conservatoire Européen des Cloches et Horloges d'Édifices
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