Gnosticisme
Le gnosticisme est un système de pensée qui regroupe des doctrines variées du bassin méditerranéen et du Moyen-Orient qui se caractérisent généralement par l'affirmation que les êtres humains sont des âmes divines emprisonnées dans un monde matériel créé par un dieu mauvais ou imparfait appelé Démiurge ou Yahvé[1]. Le mouvement connut son apogée au cours du IIe siècle[2].
Le Démiurge peut être représenté sous la forme d'un archange et considéré comme l'incarnation du mal, ou comme un créateur bon mais imparfait. Il existe aux côtés d'un autre être suprême plus éloigné (Dieu) et dont la connaissance est difficile, qui incarne le bien. Afin de se libérer du monde matériel inférieur, l'être humain a besoin de la gnose, soit la connaissance spirituelle ésotérique disponible à travers l'expérience directe ou la connaissance (gnose) de l'être suprême. Jésus de Nazareth est identifié par certains cultes gnostiques comme une incarnation de l'être suprême qui s'incarne pour apporter la gnose aux hommes.
Le terme gnose, du grec γνώσις / gnốsis (« connaissance »), désigne « des tendances universelles de la pensée qui trouvent leur dénominateur commun autour de la notion de connaissance[3] ». Ainsi le Manichéisme, le mandéisme, la Kabbale et l'hermétisme, entre autres, peuvent être considérés comme des formes de gnose[4]. Par contre, le terme « gnosticisme » a une connotation historique précise.
Selon la définition du néoplatonicien Plotin, adversaire des gnostiques, ceux-ci sont :
Ainsi[6], à leurs yeux, l'homme est prisonnier du temps, de son corps, de son âme inférieure et du monde.
Les gnostiques en concluent : « Je suis au monde, mais je ne suis pas de ce monde[7] », et de ce point de vue, le monde et l'existence dans le monde apparaîtront mauvais parce qu'ils sont mélange de deux natures et de deux mondes d'êtres contraires et inconciliables. Le gnostique sera celui qui retrouvera son moi véritable et qui prendra conscience de la condition glorieuse, divine qui était la sienne dans un passé immémorial[8].
Les gnostiques chrétiens se référaient tant aux textes canoniques qu'apocryphes, le plus célèbre étant l'évangile de Thomas. D'inspiration chrétienne, le gnosticisme fut qualifié d'hérésie par les Pères de l'Église de ce qui allait devenir la « Grande Église » chrétienne. Irénée de Lyon, dans la deuxième moitié du IIe siècle dans sa Dénonciation et réfutation de la gnose au nom menteur (ou Contre les hérésies) en a laissé le témoignage antique le plus important et le nom qui leur restera. Il est possible que certains de ces groupes aient revendiqué le terme. Les sectes gnostiques disparurent presque complètement à partir du IIIe siècle, mais leurs doctrines influencèrent d'autres religions comme le Manichéisme, le marcionisme et le catharisme.
Jusqu'au milieu du XXe siècle on ne disposait que de très peu de sources directes sur les gnostiques, celles-ci ayant été falsifiées ou détruites. Les principaux témoignages viennent de leurs détracteurs, notamment les pères de l'Église. La découverte en 1945 de la Bibliothèque de Nag Hammadi (la première traduction complète étant publiée en 1977) a permis de renouveler la recherche sur le sujet.
Gnose et gnosticisme — Problèmes de définition et de catégorisation
En 1966 se tint à Messine une conférence au sujet de la Gnose. Parmi ses différents objectifs se trouvaient la définition d'un programme pour la traduction de la bibliothèque de Nag Hammadi récemment acquise et le besoin d'arriver à un consensus sur la définition du terme Gnosticisme. C'était une réponse à la tendance dominante depuis le dix-huitième siècle d'utiliser le terme « gnostique » non pas en relation à ses origines, mais plutôt comme une catégorie interprétative pour des mouvements philosophiques et religieux contemporains. Par exemple en 1835 le spécialiste du Nouveau Testament Ferdinand Christian Baur avait construit un modèle de développement du gnosticisme culminant avec la philosophie religieuse de Hegel ; ou encore plus récemment les tentatives du critique littéraire Harold Bloom d'identifier des éléments gnostiques dans la religion américaine contemporaine, ou l'analyse de Eric Voegelin des pulsions totalitaristes à travers le filtre interprétatif du gnosticisme.
Au sujet de gnosticisme, la conférence aboutit au prudent consensus suivant :
« Dans le document de conclusion de Messine, la proposition fut de désigner sous le nom de gnosticisme, "par l'application simultanée des méthodes historiques et typologiques"[...] "un groupe particulier de systèmes du deuxième siècle ap. J.C.", et d'utiliser le terme "gnose" pour définir une conception de la connaissance, indépendamment des époques, décrite comme une "connaissance des mystères divins réservée à une élite"[9]. »
— C. Markschies, Gnosis: An Introduction, p. 13.
En substance, il avait été décidé que le gnosticisme devenait un terme spécifique historiquement, réservé aux mouvements gnostiques répandus au IIe siècle, alors que la gnose serait un terme universel pour désigner un système de connaissances réservées à une élite privilégiée. Cependant, cet effort de clarté apporta aussi une certaine confusion conceptuelle, car le terme historique gnosticisme était une invention moderne, alors que le terme gnose avait une histoire : on appelait gnosticisme ce que les anciens théologiens avaient appelé Gnose… le concept de Gnose inventé à Messine était presque inutilisable dans un sens historique[10].
Du fait de ces problèmes, les ambiguïtés sur la définition précise du gnosticisme ont persisté. Néanmoins l'utilisation de gnosticisme dans un sens historique, et de Gnose dans un sens universel, est restée courante. Mais même l'utilisation de « gnosticisme » pour désigner une catégorie de religions du IIe siècle et IIIe siècle a récemment été remis en question. En particulier dans l'ouvrage de Michael Allen Williams (en) Repenser le gnosticisme (Rethinking Gnosticism: An Argument for the Dismantling of a Dubious Category), dans lequel l'auteur examine les termes qui définissent le gnosticisme en tant que catégorie, et en les comparant précisément avec le contenu des textes gnostiques (en particulier ceux de Nag Hamadi).
Williams affirme que les fondements conceptuels de la catégorie gnosticisme sont hérités des hérésiologues. L'accent a trop été mis sur le dualisme, sur le rejet du corps et de la matière et sur l'anticosmisme, sans que ces hypothèses aient été « testées » correctement. Ce faisant, Williams juge la catégorisation douteuse, et conclut que le terme doit être remplacé pour mieux refléter les mouvements qu'il comprend. Les remarques de Williams ont suscité le débat, mais à ce jour sa proposition de terme de remplacement « tradition biblique démiurgique » n'a pas été reprise largement.
Les écrits gnostiques
La plupart des essais anciens, faute de pouvoir s’appuyer sur des documents originaux, héritèrent des erreurs d’appréciation des réfutateurs chrétiens qui combattirent les gnostiques aux IVe et Ve siècles. Ces textes parfois se recopient les uns les autres, et sans tenir compte des mythologies orientales sur les vestiges desquelles le gnosticisme s'était développé[11].
L'une des principales sources concernant le gnosticisme est Irénée de Lyon (IIe siècle). Il décrit dans les détails les doctrines gnostiques qu'il combat, de manière à prouver qu'il n'y a que peu de choses en commun entre la gnose et le christianisme. À cette époque, des gnostiques grecs se faisaient baptiser, mais tenaient à concilier leurs doctrines avec leur nouvelle religion. L'une des principales différences entre gnose et christianisme tient à la conception du Salut. Le christianisme exotérique le propose à tous tandis que la gnose, dans son ésotérisme, le réserve aux initiés. (ref nécessaire)
Les plus anciens témoignages des réfutateurs datent du Nouveau Testament qui dénonce les hérésies et les faux prophètes, dont Simon de Samarie et le diacre Nicolas.
Pour la période jusqu’au IIIe siècle, on ne possède que les récits des hérésiologues, c'est-à-dire les réfutateurs des gnostiques [11] .
L’établissement d’une histoire précise des mouvements gnostiques est impossible à cause de ce flou, et des livres dont les titres changent d’une version à l’autre et dont les véritables auteurs restent anonymes. Très peu de monuments ou objets relatifs aux gnostiques furent retrouvés[11].
Sur la période du IIIe au Ve siècles, les sectes se sont étendues en Égypte, où le sable conserva des écrits en copte. C’est pourquoi on retrouva, à partir de 1800, des textes dans les nécropoles égyptiennes.
L’Évangile de Marie, le Livre secret de Jean et la Sophia de Jésus-Christ ont été achetés en 1896 en Égypte, dans un même lot de parchemins. En décembre 1945, plus de 40 écrits perdus furent retrouvés dans une jarre à Nag Hammadi, dont en premier lieu des écrits de sectes orientales, mais aussi des apocryphes chrétiens et des gnostiques. Cependant, cette bibliothèque n’est qu’un « instantané » de la pensée gnostique de l'époque, les textes y étant constamment remaniés et modifiés.
Quelques traités gnostiques :
- l'Évangile de vérité ;
- l'Évangile selon Thomas ;
- l'Évangile selon Marie ;
- la Pistis sophia ;
- l'Évangile de Judas ;
- le Livre des secrets de Jean ;
- le Livre sacré du Grand esprit invisible ;
- l'Apocalypse d'Adam
Le cas de l'Évangile selon Jean
Bien qu'il soit inexact de le qualifier de gnostique, l'Évangile selon Jean contient pour certains quelques éléments laissant à penser à une influence ou à des croisements possibles avec le gnosticisme[12].
Quelles sont les origines du gnosticisme ?
Trois hypothèses principales ont été proposées faisant remonter l'origine du gnosticisme au Ier siècle[13]:
- La première, émise notamment par Adolf von Harnack fait du gnosticisme une hellénisation du christianisme naissant.
- Le gnosticisme pourrait aussi être un retour aux sources orientales du christianisme, ou un syncrétisme oriental.
- Enfin le gnosticisme pourrait être d'origine juive, car il intègre des traditions issues du judaïsme hellénistique[14].
En effet, la vision des gnostiques est celle d'une dualité, développée d'une façon incroyablement variée et qui peut paraître paradoxale. Elle différait cependant des doctrines de leur époque sous trois formes :
- La cosmogonie
- L'anthropologie
- L'eschatologie
Comme le dit Ioan P Couliano:
- « Les doctrines religieuses de l'époque connaissaient trois variantes, fixant le rôle de l'homme dans l'univers (le Cosmos). »
- « Ce monde a été créé pour cet homme » et cet homme a été créé pour ce monde (variantes bibliques)
- « Ce monde a été créé comme cet homme » et « cet homme a été créé comme ce monde » (variantes platoniciennes).
Mais la conception des gnostiques est au contraire :
- « L'homme a été créé contre le monde. »
- « L'homme est supérieur à ses créateurs[15]. »
On peut qualifier cette attitude d'« anti-cosmisme ».
Les gnostiques, à l'image des « initiés » de ce temps, voyaient en Jésus, non un personnage historique, né d'une vierge et capable de marcher sur les eaux mais un être mythique, et le but de tout initié chrétien était de devenir un Christ.
Force est de constater que l'on retrouve des éléments gnostiques en marge des grandes religions, mais souvent en leur sein même et il en fut de même dans le christianisme naissant. Elaine Pagels a remarqué que les similitudes entre le gnosticisme et le bouddhisme ont incité certains universitaires à s'interroger sur leurs relations mutuelles et à se demander « si le "bouddha vivant" pourrait justement dire ce que l'Évangile de Thomas attribue au Jésus vivant, pour peu que les noms soient changés ». Bien qu'intriguée, elle soutient à juste titre qu'une telle ressemblance n'est pas concluante, des traditions parallèles pouvant apparaître dans des cultures différentes sans qu'il y ait d'influence directe[16].
Expansions et fins du gnosticisme
Selon les témoignages des historiens anciens, c’est dans un cadre géographique allant de la vallée du Jourdain à l’Asie Mineure que les communautés gnostiques se manifestèrent à l’époque des apôtres. Simon par exemple enseignait la Gnose. On retrouve la trace des Nicolaïtes à Samarie, Nicolas à Antioche. Leur réflexion sur des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament, dont certains considérés aujourd’hui comme apocryphes, marqués de l’hellénisme. Parmi ces livres, le livre des Jubilés et le Livre d'Hénoch sont parmi les plus significatifs[17].
Vers 120, les gnostiques gagnent Alexandrie[18], autour de Basilide, Carpocrate et Valentin (Valentinus ou Valentinius). Valentin se rendit à Rome, où sa gnose voila ses mythes orientaux d’une exégèse philosophique mêlée de christianisme. À Rome, des sectes fortement influencées par les éléments orientaux continuent d’affluer. Les sectes se propagent, notamment en Espagne[17]. On peut mesurer l'influence du gnosticisme à la force et au nombre de ses réfutations.
En Iran : Mani opère à une vaste synthèse des nombreux enseignements connue sous le terme Manichéisme, et Audi, un chrétien qui se sépare de l’Église après Nicée. De l’Orient, le gnosticisme s’étendit jusqu’à la Chine[17].
On retrouve aussi :
- les kantéens en Iran,
- les séthiens disciples de Simon le Magicien qui formèrent un groupe important,
- les barbélognostiques, les archontiques, les ophites (ou naassènes) aux pratiques hérités des mystères grecs,
- les pérates, les caïnites, ces derniers louent Caïn le fils prodigue d'Adam et Eve[17].
Parenté et survivance des représentations gnostiques
Il est difficile de déterminer la manière dont resurgissent et d'où proviennent les idées gnostiques. Avons-nous affaire à une filiation ininterrompue et souterraine qui relie les époques ?
On les trouve chez les grands précurseurs que furent Platon ou Pythagore, et elles ont perduré jusqu'à Hegel de nos jours.
Elles sembleraient procéder, comme le dit Joseph Campbell, d'une même « anatomie », c'est-à-dire de quelque chose d'inhérent à la nature humaine. Campbell croyait que toutes les religions du monde, tous les rituels et les déités n'étaient que les « masques » d'une seule et même vérité transcendante, laquelle serait « insaisissable » (inconnaissable). Il décrivait le christianisme et le bouddhisme, que l’objet en fût « la conscience de Buddha » ou « la conscience du Christ », comme un niveau de perception au-dessus des « oppositions binaires » telles que le bien et le mal. De telles conceptions unificatrices sont parfois mal reçues[réf. nécessaire].
L'idée gnostique est présente au sein du bouddhisme[19], du judaïsme (Kabbale) [20] et plus tard de l'Islam avec l'ismaélisme.
Mais elles circulèrent parmi les bogomiles et cathares du Moyen Âge, sans qu'on sache s'ils descendent de groupes gnostiques ayant survécu depuis l'Antiquité, ou s'il s'agit de résurgences suscitées par la transmission d’écrits gnostiques déguisés en apocryphes chrétiens.
Les survivances de la gnose la plus philosophique se décèlent dans la littérature alchimique, notamment les textes attribués à Hermès Trismégiste. Peut-on dire que la gnose, avec la légende d'Hiram, sa résurrection et sa mort, fait partie des racines de la franc-maçonnerie ?
De même, il y a intercommunication entre la littérature juive kabbalistique et certaines doctrines du gnosticisme hellénisé.
- En Orient, les gnostiques s'intégrèrent à l’Islam.
Aux confins de la Mésopotamie et de l’Iran certaines sectes survécurent jusqu'au XIIe siècle. On trouve, en effet, une influence du gnosticisme chez les musulmans chiites, mais aussi dans la foi druze.
On trouve des traces de pensée gnostique chez les ranters, le Libre-Esprit et divers mouvements millénaristes[21].
Le dualisme n'est d'ailleurs pas une spécificité des gnostiques des premiers siècles mais se retrouve dans le zoroastrisme, bien antérieur, et dans de nombreux cultes à mystères autour du bassin méditerranéen.
- En terre d'Islam, le sens du mot « gnostique » ne revêt pas la même signification en Islam où ce terme est quasiment équivalent à mystique.
- Ainsi, les soufis se désignent souvent par le terme « gnostique » au sens de « possesseur de la connaissance de Dieu », cette connaissance étant conforme aux dogmes musulmans mais dans un état plus « avancé ». Ainsi, stricto sensu, le gnostique musulman est un musulman et non un hérétique[réf. nécessaire].
Gnosticisme et christianisme naissant
Comme le dit Elaine Pagels, « Ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire... à leur façon. Il n'est pas étonnant qu'ils soient les premiers à en définir les termes... Ensuite ils démontrent que leur triomphe était historiquement inévitable ou, en termes religieux, qu'ils étaient guidés par le Saint-Esprit. » L'opinion courante veut que le gnosticisme soit une branche déviante de ce qui allait devenir le christianisme.
L'idée dominante serait que le gnosticisme est une adaptation juive des anciens Mystères païens. La future religion d'état instituée par Constantin se serait ainsi purifiée et séparé d'éléments déviants. S'appuyant sur la foi plus que tiède de Constantin, elle fermait les temples antiques, interdisait les cultes à Mystères et détruisait ou falsifiait les textes. Ces textes auraient peut-être pu donner une vision différente de l'antiquité, de la Gnose et du Gnosticisme.
Les thèmes principaux
Les auteurs gnostiques abordent la plupart des thèmes mythologiques et eschatologiques, les réinterprètent en passant par la révélation d’une « histoire secrète », d'un mythe total : l’origine et la création du Monde ; l’origine du Mal ; le drame du Rédempteur divin descendu sur Terre afin de sauver les hommes ; la victoire finale du Dieu transcendant, conduisant à la fin de l’Histoire et l’anéantissement du Cosmos [22].
Le point de départ est la considération, par l’individu, de sa situation face au monde : que suis-je, pourquoi ce monde me semble-t-il étranger, qu’étais-je à l’origine et comment (éventuellement) revenir à cette situation ? C’est la prise de conscience d’une déchéance impliquant que le Bien et le Mal sont deux éléments inconciliables, absurdement mêlés ici-bas par un accident contraire à la volonté divine. La révolte intime contre le Mal est la preuve de l’appartenance au Bien, à un absolu parfait extérieur à ce monde [22].
L’humanité est divisée en trois catégories :
- ceux qui se sentent (donc, se savent) pourvus d’une perfection innée dont la nature est esprit : les pneumatiques; pneuma veut effectivement dire « esprit ». En grec sont les spirituels ceux qui sont prédestinés au salut ;
- ceux qui n’ont qu’une âme et point d’esprit, mais chez qui le Salut peut encore être introduit par instruction : les psychiques, ceux qui possèdent une âme et peuvent être sauvés au prix d'un effort personnel et d'une conversion [23] ;
- enfin, les êtres dépourvus d’esprit et d’âme, uniquement constitués d’éléments charnels voués à la destruction : les hyliques.
Le but premier du gnostique est la délivrance de sa parcelle divine, aliénée dans un monde matériel corrompu, et sa remontée vers les sphères célestes. Cette délivrance passe par la Gnose, la connaissance parfaite de la nature de l’esprit, des structures de l’univers, de son histoire passée et future[22].
Le premier aspect de la Gnose porte sur les origines du monde matériel et de l’homme, le Mal s’expliquant par la chute accidentelle d’éléments supérieurs dans un cosmos matériel, temporel et sexué, au fond duquel ils se sont disjoints, dispersés et emprisonnés sans pour autant perdre leur pureté. Le second aspect de la Gnose vise la Destinée de l’humanité et du Cosmos, aboutissant à la dissolution finale de la matière, à la libération de l’esprit et au retour à l'unité parfaite intemporelle dont les élus, ici-bas, gardaient le souvenir. Le monde supérieur ayant seul été organisé par une intelligence authentiquement créatrice, le matériel n’en est qu’une copie maladroite. De même, l’homme terrestre est l’image imparfaite d’un modèle céleste. On voit l’idée de Décadence, puis de Rédemption. Pour les Élus, le Salut peut être personnel, alors que pour les autres le rachat se fera par une eschatologie générale ayant pour terme la destruction de l’univers matériel [22].
Du Pro-Père au Démiurge
Le chapitre suivant décrit une représentation typique d'un mythe gnostique qui lui-même prend différentes formes selon les textes.
- À l’origine de tout,
Il y a un Éon parfait, invisible, inconcevable et éternel, habité par un Être absolu et immuable, le Pro-Père, replié sur lui-même et coexistant avec sa Pensée qui est, elle, Silence absolu[24].
De cette unité primitive du Pro-Père et de sa Pensée émane une seconde image du Père. Cette première émanation est dégagée de l’isolement primordial et capable d’engendrer. Elle suscite alors l’apparition des trente éons hiérarchisés du Plérôme.
- La présence du Plérôme
Le Plérôme [25]est un terme grec signifiant « plénitude » et qui désigne le monde céleste formé par l'ensemble des éons, que le gnostique atteindra à la fin de son aventure terrestre On y retrouve : Monogène, Logos, Mère céleste, Homme primordial, Fils de cet Homme (ou Seth céleste), grande Génération des Fils de l’Homme primordial, Sophia (Sagesse, parfois qualifiée de lascive), etc. Ces éons vont par couples, féminin/masculin, appelés syzygies. Les éons sont, en même temps que des personnifications de concepts, des univers à part entière, infinis et éternels, reproduisant le schéma général du Plérôme tout entier et de l’Inengendré suprême[24].
- Dualisme radical ou mitigé
L’opposition entre le monde idéal de la Lumière et celui, imparfait, des Ténèbres et de la Matière peut suivre 3 schémas.
Les plus radicaux situent, à l’origine de la création du monde matériel, une subite agression des eaux ténébreuses préexistantes contre la Lumière d’en haut, attaque qui se déroule dans l’espace intermédiaire d’un troisième principe, air ou vide. On retrouve ce thème chez les bogomiles et les manichéens.
Plus fréquemment, la Lumière d’en-haut préexiste seule à toute création. Un accident survenu dans le monde supérieur engendre une puissance difforme et ignorante, Ialdabaôth, autour de qui se forme un éon ténébreux, notre bas monde. La Lumière entreprend une œuvre salvatrice pour anéantir cet éon maléfique. Selon une première variante, Sabaôth, le fils d’Ialdabaôth, va découvrir la Lumière et sera mis par les puissances supérieures à la place de son père pour engager le cosmos vers le salut. Une seconde variante montre Ialdabaôth revenant lui-même au bien [22] .
Les diverses divinités sont considérées comme perverses, liées au monde matériel, tel le Démiurge de la Bible. Les gnostiques n’emploient pas le terme « Dieu » pour désigner l’Être infini dont tout le monde supérieur émane[22] .
- La rédemption
Ainsi, Sophia est prise d’égarement, elle s’éprend d’amour pour la matière vers laquelle elle descend et où elle s’enlise. Une autre version dit que Sophia, emportée par sa vanité, voulait ressembler à l’Entité suprême en engendrant seule sans sa contrepartie masculine. S’ensuit l’apparition d’un être difforme, Ialdabaôth, que Sophia cacha sous un voile qui formera le ciel, limite entre les mondes supérieurs et le monde matériel. Sous ce voile, Ialdabaôth ignorait tout de la Lumière, ne disposant en son sein que d’une étincelle céleste héritée de sa mère. Sophia fut exilée du monde supérieur après sa faute. Du fond de l’abîme Ialdabaôth engendra la matière, il est le Démiurge. Il s’unit à sa propre Ignorance pour engendrer les archontes correspondant aux zodiaques et aux planètes. Des archanges et anges leur sont associés. Le repentir de Sophia touche les puissances suprêmes qui la tirent de l’abîme et l’établissent aux abords inférieurs du monde de la Lumière, purgatoire où elle attendra d’être plus complètement relevée de sa déchéance[24].
- L'éternel féminin
Le principe féminin a un rôle important dans les éons, des figures féminines vont jouer des rôles prophétiques, les gnostiques ne semblent pas considérer la femme comme inférieure à l’homme. Mais le retour de l’élément féminin à sa contrepartie masculine reste une condition indispensable à l’accès à la perfection céleste, et Sophia est responsable de l’erreur qui a conduit la chute vers la matière. Par exemple, l'Évangile de Marie-Madeleine accordera à la figure de celle-ci une place au moins aussi importante qu'aux apôtres[26].
La personne de Jésus
Malgré leurs différences, les évangiles canoniques décrivent Jésus comme un personnage historique et se présentent comme l'accomplissement des prophéties de l'Ancien Testament. Mais pour certains chrétiens gnostiques cette réalité paraissait secondaire par rapport à la signification qu'on lui prêtait. L'Évangile de Thomas indique : « Ses disciples lui dirent - Vingt-quatre prophètes ont parlé en Israël et ils ont tous parlé de toi. Et il leur dit : Vous avez délaissé celui qui est vivant en votre présence et vous avez parlé de ceux qui sont morts ».
Pour le gnostique, la réalité apparaît secondaire par rapport à la signification qu'on lui prête[27]. Il n'y a donc pas d'autorité absolue dans le monde matériel, dans le royaume des ténèbres ou mondes des morts. La réalité est pour le gnostique le monde spirituel, le monde de la Vie, le divin. Ainsi on peut comprendre l'extrait de l'Évangile de Thomas qui précède ainsi :
- « Vingt-quatre prophètes ont parlé en Israël et ils ont tous parlé de toi » dans le sens « tous les prophètes annoncent la même bonne nouvelle : le chemin de l'éveil de l'esprit (Christ) en l'homme »
- « Vous avez délaissé celui qui est vivant en votre présence » dans le sens « Vous avez oublié l'étincelle d'esprit du monde divin qui gît en vous ».
- « Vous avez parlé de ceux qui sont morts » dans le sens « vous avez parlé de l'homme matériel, ceux qui sont voués à la mort, ce qui est poussière ».
De plus, il y a, chez ces gnostiques, une réflexion profonde sur la personnalité de celui qu'ils nomment le « Sauveur ». Selon Madeleine Scopello, le sauveur gnostique reste fondamentalement étranger au monde matériel. En effet, il est du monde spirituel, il est aussi appelé Christ. On retrouve ainsi ce thème : Le Sauveur descend sur terre pour le salut des hommes et à son tour, il assume, pour un temps leur destinée. Non dans le but de donner un sens au monde à la souffrance ici-bas, mais pour délivrer les parcelles lumineuses qui s'y sont dévoyées[28].
Le seul « sens au monde à la souffrance ici-bas » est de permettre par l'expérience, la libération de l'esprit endormi en l'homme.
Le destin de l'Homme
Parmi les éons, il y a l’Homme (primordial, originel) ainsi que le Fils de l’Homme. C’est à partir de son reflet que le Démiurge et ses archontes décident de fabriquer l’homme, Adam. Le Père, grâce à ses anges déguisés en archontes, suggère au Démiurge d’insuffler son esprit, la Lumière dont il s’était emparé, à Adam. La Lumière est ainsi passée à l’humanité. De rage, les archontes emprisonnent Adam dans l'Éden, vu comme un lieu terrible. Les puissances d’en-haut cachèrent la Gnose et la Vie dans le fruit défendu, et envoyèrent un Sauveur sous la forme du serpent pour inciter Adam et Ève à s’emparer de ces secrets[26].
Les archontes installent en Adam un second esprit, le contrefacteur, qui va sans cesse combattre les mouvements de l'esprit tiré vers le haut. Le premier couple est expulsé de l'Éden par le Démiurge, furieux. Il souille Ève de sa lubricité, ce qui explique la génération d’Abel et Caïn. La vraie postérité d’Adam ne commence qu’avec Seth, dont seule la descendance, les parfaits, est promise au salut. Le Démiurge envoie le Déluge pour anéantir les parfaits, mais Noé s’abrite avec les siens dans l’Arche et finalement c’est la race née de l’union des anges du Démiurge et des filles de la terre qui est anéantie[26] .
Les archontes sont liés à la voûte céleste, au mouvement des planètes. Chaque partie de l’homme, physique ou psychique, appartient souverainement à la puissance de la voûte céleste qui l’a façonnée. Dans ce corps assemblé descend une âme qui, traversant l’un après l’autre chacun des cieux des planètes, y reçoit, en fonction du moment de ce passage, telle ou telle disposition par laquelle l’individu restera soumis aux astres. Enfin, les puissances insinuent dans le fœtus l’esprit contrefacteur destiné à contrarier les pulsions éventuelles de l’homme vers le salut[26].
Le mélange de tous ces facteurs entraîne des degrés de perfections fort différents qui expliquent les 3 grandes catégorisations de l’humanité (pneumatique, psychique ou hylique)[26].
L’eschatologie
Le Démiurge ne cesse d’envoyer contre les parfaits des cataclysmes et persécutions. Il faut éveiller les élus en leur rappelant leurs origines (racines) célestes. Pour cela, des sauveurs et des prophètes sont envoyés d’en-haut pour dispenser confidentiellement leurs révélations. L’acte final du salut de l’humanité est la descente d’une puissance de la Lumière jusqu’au fond des Enfers[29]
L’œuvre salvatrice est associée à la descente de la Mère Céleste dans les abîmes où l’humanité est prisonnière, mythe remontant à la descente d’Ishtar aux Enfers. Seth aurait eu une incarnation céleste, et les mages (Zoroastre, etc.) sont les prophètes gardiens de l’enseignement secret de Adam et Seth. La figure de la Mère sera remplacée par celles de Seth puis du Christ[29].
Annoncé par un signe des cieux, le Sauveur va descendre, d’abord déguisé en archonte des cieux inférieurs, puis revêtu de toute sa gloire. Les gnostiques répugnant à l’idée d’incarnation, le Sauveur est incorporel. Dans certaines versions du mythe le Sauveur doit subir les conséquences humiliantes de l’incarnation pour transmettre son message à quelques élus avant de retourner au Ciel. Parfois il oublie sa mission et doit être lui-même sauvé (mythe du « Sauveur sauvé »)[29].
L’amnésie, l'oubli de la condition originale est une image spécifiquement gnostique. En se tournant vers la Matière, l’âme oublie sa propre identité. C’est la mort spirituelle. Le mythe du Sauveur Sauvé tourne autour de cette notion d’amnésie, qu’illustre l'Hymne de la Perle, dans les Actes de Thomas. La découverte du principe transcendant à l’intérieur de Soi-même constitue l’élément central de la religion gnostique. Cette redécouverte, l’anamnèse, est obtenue grâce à un messager divin et grâce à la gnose[29]. Dans les Évangiles, l'aspect de l'oubli est bien éclairé quand Jésus sur la croix dit: « Mon peuple se perd faute de connaissance » (N’apparaît pas dans les Évangiles, mais bien dans Osée 4v6).
Le symbole du sommeil est également utilisé dans ces mythes. C’est un symbole archaïque universellement répandu dans la quête de l’initiation, signifiant le retour au point de départ, à l'origine. Ne pas être endormi c'est s'adresser à l'étincelle d'esprit qui gît en l'homme. Être « éveillé », c'est être non seulement pleinement conscient mais vivant selon l'esprit, ce qui veut dire : être présent au monde de l’esprit. L'état de mort est souvent utilisé par les gnostiques dans le même sens que sommeil. D'ailleurs dans le Bouddhisme le sommeil est appelé aussi la petite mort. Dans l'Évangile de Luc, chapitre 3 versets 31-40, Jésus, dans une parabole, rappelle a tout homme qu'il doit rester éveillé et prêt à l'avènement du Fils de l'homme.
Finalement, le rédempteur remontera aux Cieux, occasion d’un bouleversement céleste qui fixera les archontes aux planètes, traversant la voûte céleste à l’endroit d’un X gigantesque considéré comme la Croix céleste. Ce phénomène de la crucifixion sur le X céleste est déjà attesté à Rome au moment de l’avènement du règne d’Auguste, à qui on attribue déjà l’abolition de la Fatalité astrale [29].
Les gnostiques pensaient être arrivés à la fin des temps. Les livres prétendument gardés secrets venaient d’être ressortis de leurs cachettes. Pour les Parfaits, l’enseignement portait sur les mystères de la descente et de l’ascension du Sauveur/Christ à travers les 7 cieux habités par les anges, et sur l’eschatologie individuelle, c'est-à-dire l’itinéraire mystique de l’âme après la mort. Cette tradition fait écho à l’ésotérisme (juif et d’ailleurs), à l’ascension de l’âme et aux secrets du monde céleste[29].
L’âme après la mort
Un certain nombre de mouvements gnostiques, chrétiens et non-chrétiens, ont accepté la doctrine de la réincarnation[30].
L’homme est asservi aux puissances des cieux visibles qui l’ont façonné. Les gnostiques pensent pouvoir réduire leur puissance en employant des conjurations contenant les noms secrets de ces puissances. Ils mettent également en place des rites pour échapper aux égarements de « l’esprit contrefacteur ». Au moment de la mort, un élu muni de tous les sacrements de la gnose fait son ascension à travers les cieux sans retour : il présente les sceaux aux gardiens pour que les portes lui soient ouvertes. Des autres, les moins souillés sont purifiés dans les purgatoires des espaces célestes, montant parfois d’une sphère à l’autre lors d’une conjonction astrale. Mais bien des malheureux sont rejetés vers le bas, tourmentés en Enfer, avant d’être soumis à l’oubli de leur vie précédente et rejetés dans de nouveaux corps[31].
La morale
Les gnostiques, qui voient le corps charnel asservi dans ses actes et ses passions à la souveraineté des planètes ou encore estimant que l'Homme est pourvu d'une grâce capable de le délivrer de ses actes, n'ont pas de notions de moralité individuelle très strictes.
La gnose peut donc aussi bien conduire à un ascétisme rigoureux qu'à certaines libéralités, en opposition volontaire avec des lois bibliques. La chair appartenant à la matière, qui est d'origine spirituelle, une certaine sexualité n'est pas réprouvée, au contraire. Les pratiques licencieuses de certains groupes gnostiques ne sont pas suivies par d’autres groupes gnostiques et réprouvées par des opposants chrétiens.
Enfin, l'héritage de certains Mystères grecs (par exemple chez les Naassènes) est l'origine de comportements érotiques particuliers à valeur sacrale, destinés à célébrer l'union avec Sophia-Gaïa.
La hiérarchie et les rites
Il y aurait eu trois grades : les « commençants », les « progressants » et les « parfaits ». L’enseignement ésotérique aux fidèles portait sur le symbolisme du baptême, de l’eucharistie, de la Croix, sur les Archanges et sur l’interprétation de l’Apocalypse. L'enseignement gnostique était secret dans le sens qu'il se transmettait de manière orale. Pour éviter d'être repérée, la Gnose se dissimulait, évitant d'imposer des manières de vivre voyantes. On connaît mal l'organisation interne des sectes. Des témoins anciens, seul Épiphane a essayé de pénétrer la vie des sectes[32]
Les parfaits sont voués au respect de tous les préceptes de la Gnose et leur identité première s'efface devant quelque surnom mystique. Les simples fidèles continuaient leurs existences impures en subvenant aux besoins des élus. Les premiers fondateurs, et parfois leurs successeurs, s’étaient présentés comme des prophètes ou des incarnations de puissances célestes. À des fins de conciliation, les gnostiques se présentaient d'abord aux chrétiens comme leurs amis, ne mettant en avant que les doctrines les plus proches puis posant des questions destinées à ébranler l'interlocuteur. De même, ils modifiaient certains de leurs textes en leur donnant une apparence plus orthodoxe[32] .
Enfin, tout comme le christianisme se répandait par la thaumaturgie, la gnose attirait par la magie et l'astrologie (très répandue au début de l’ère chrétienne), qui tiennent une place très importante dans leurs écrits[32].
Les rites étaient divers. Les uns individuels, les autres collectifs, destinés aux divers échelons des initiés, et donc plus ou moins secrets. Il s'agissait principalement de baptêmes, d'onctions, d'impositions des mains, de communions, d'agapes et d'unions spirituelles plus ou moins symboliques. Dans certains groupes, la frontière entre la Gnose et les magies gréco-orientales est très perméable[33].
Les maîtres gnostiques
Simon et Dosithée étaient des gnostiques qui officiaient en Samarie.
Ménandre, disciple de Simon, introduisit le gnosticisme à Antioche. Son héritier, Satornil, fut actif à Antioche de 100 à 130. À Antioche, également, Nicolas le diacre.
Cérinthe, un judéo-chrétien contemporain de Jean, voit Jésus comme le fils de Joseph et de Marie. Jésus reçut en lui le Christ, mais plus tard. Cérinthe s’établit ensuite à Alexandrie. Là, Carpocrate proclama une théorie analogue concernant Jésus.
À Alexandrie on retrouve Basilide (disciple de Ménandre), Carpocrate et Valentin. Ce dernier se rendit ensuite à Rome.
Simon le Magicien
Il est vu comme le premier hérétique et l’ancêtre de toutes les hérésies. Ses disciples sont devenus gnostiques après la catastrophe de 70 (la destruction du Temple de Jérusalem), formant la secte des séthiens.
Il était adoré comme le « premier Dieu », et sa compagne Hélène, découverte par Simon dans un bordel de Tyr, était considérée comme la dernière et la plus déchue incarnation de la « Pensée » de Dieu. Rachetée par Simon, elle est devenue le moyen de la rédemption universelle. L’union du magicien et de la prostituée assure le salut universel, car cette union est en réalité la réunion de Dieu et de la Sagesse divine.
Selon la légende, Simon annonça à Rome son ascension au Ciel, mais la prière de l’apôtre Pierre le fit retomber lamentablement.
Basilide
Basilide exerça son activité de 125 à 155 à Alexandrie. Il fut un des premiers maîtres gnostiques. Il écrivit 24 livres d’exégèse de l’Écriture, synthèse des doctrines enseignées par les disciples de Simon le Magicien. Mais c’est surtout par ses observations critiques qu’on connaît ses idées, reprises par son disciple et fils Isidore, puis par toute une école théologique.
Il professait la transcendance absolue de Dieu, de qui la Pensée, puis la Parole, puis la Prudence, la Sagesse et la Force avaient émané. De là étaient sortis les anges et les puissances constituant le premier ciel, puis les 365 cieux qui séparaient Dieu du groupe des anges les plus modestes, lesquels avaient créé le monde et s’étaient réparti entre eux les peuples.
Yahvé, le Dieu paléo-testamentaire, était un personnage querelleur et autoritaire qui avait semé le désordre et dont le peuple était constamment agressif. Dieu intervint alors en envoyant dans le monde sa Pensée comme Christ.
À tous les niveaux, sauf le plus élevé, l’ignorance conduisait chacun des êtres célestes intermédiaires à se prendre pour le Dieu Suprême.
Le salut était apporté par la Connaissance (Gnôsis) révélée par le Christ et les maîtres inspirés. Avec cette gnose, le Mal était surmonté puisqu’il n’était que l’œuvre du méchant Yahvé. La souffrance des justes était perçue comme une expiation pour les péchés de chacun des croyants, ce qui constitue une grave dérive par rapport à la doctrine originelle des dits gnostiques.
Valentin
Il fut le plus important des maîtres gnostiques. Il naquit en Égypte et fut éduqué à Alexandrie. Il enseigna à Rome entre 135 et 160. L'Évangile de vérité, ainsi que d’autres textes découvert à Nag Hammadi, se rattachent à l’école valentinienne.
D’entre les grands gnostiques, il n’y a guère que les valentiniens qui, lorsqu’ils se réfèrent aux enseignements chrétiens, le fassent d’après les évangiles canoniques.
Le Père, premier principe absolu et transcendant, est invisible et incompréhensible. Il s’unit à sa compagne, la Pensée (Ennoia) et engendre les 15 couples des éons, formant le Plérôme. Le dernier des éons, Sophia, veut connaître le Père et provoque une crise qui entraînera l’apparition du mal et des passions. Sophia et ses créations sont rejetées, produisant une sagesse inférieure.
En haut, un nouveau couple est créé, le Christ et son partenaire féminin le Saint-Esprit. Le Plérôme, de nouveau pur, engendre le Sauveur Jésus. En descendant dans les régions inférieures, le Sauveur mélange la matière, provenant de la sagesse inférieure (hylique), avec les éléments psychiques, engendrant le Démiurge, le dieu de la Genèse, qui se croit seul Dieu. Celui-ci crée le monde et le peuple de deux catégories d’hommes, les hyliques et les psychiques. Mais des éléments venant de la Sophia supérieure s’introduisent dans le souffle du Démiurge, donnant naissance aux pneumatiques. Le Christ descend alors sur Terre pour révéler la connaissance libératrice. Les pneumatiques, réveillés par la gnose, remonteront vers le Père.
La rédemption du dernier pneumatique sera accompagnée par l’anéantissement du Monde, de la Matière.
La Matière a une origine spirituelle, c’est un état, une « expression externe solidifiée » de l’Être absolu. L’ignorance (l’aveuglement de Sophia) est la cause première de l’existence du Monde. La connaissance constitue la condition originelle de l’Absolu.
Marcion
Marcion (v.85- v.160) est un personnage capital du christianisme primitif mais c'est aussi le premier grand hérétique[34]. Marcion est né dans une famille chrétienne du Royaume du Pont. C’est un représentant typique des élites chrétiennes non juives. Son père, riche armateur, fut épiscope de Sinope. Il part en Asie Mineure avant de se rendre à Rome vers 135 où il est le premier à amener les lettres de Paul inconnues auparavant. Il devint membre influent de l’Église de Rome en lui faisant une importante donation avant d'être excommunié par celle-ci pour ses positions. Ce rejet est sans influence en Bithynie où il s'en retourne reprendre la charge sacerdotale de son père[35]
Il publia les Antithèses, où il dit que le Dieu de Jésus n’a rien à voir avec le Créateur de l’Ancien Testament, divinité ignorante, brutale et matérialiste. Il rejette les anciennes Écritures, ne gardant qu’une sélection des nouveaux écrits[36] . Exclu de l’Église de Rome en 144, il se lance dans des campagnes missionnaires, fonde de nombreuses églises où l’on pratiquait une morale très austère, comportant la renonciation à la sexualité et à la vie de famille, tout en se préparant au martyre. Son Église qui s’étend « à tout le monde habité » rivalisera longtemps avec la Grande Église avant de disparaître vers le IXe siècle[37].
Du fait que Marcion retenait certains textes chrétiens du Nouveau Testament considérés ultérieurement comme canoniques, bien des critiques refuseront de considérer Marcion comme un gnostique. Adolf von Harnack en fait une des figures les plus importantes de l’histoire de l’Église entre Paul de Tarse et Augustin d'Hippone.
Marcion partage l’essentiel du dualisme gnostique, sans inclure les implications apocalyptiques. Il oppose la Loi et la Justice, instituées par le Dieu Créateur de l’Ancien Testament, Yahvé, à l’Amour et à l’Évangile, révélés par le Dieu Bon à travers Jésus. Par la prédication de Jésus, le Démiurge apprend l’existence du Dieu Transcendant, et il se venge en livrant Jésus à ses persécuteurs. Par son sacrifice, Jésus rachète l’humanité au Dieu Créateur. Mais les fidèles continueront d’être persécutés jusqu’à la fin des temps, lorsque le Dieu Bon se fera connaître, qu’il les recevra dans son royaume, et qu’il anéantira la Matière et le Créateur/Démiurge.
Les courants gnostiques
Aujourd'hui, les historiens du gnosticisme isolent principalement [38]:
- le courant séthien Article détaillé : gnosticisme séthien.
- le courant valentinien Article détaillé : Valentin (gnostique).
- le courant encratique[39] Article détaillé : encratiques.abstinence sexuelle, condamnation du mariage, exaltation de la virginité, abstinence de certains aliments
- le courant hermétique[40] Article détaillé : hermétisme..
Certains auteurs isolent d'autres courants :
- le courant non chrétien[41] (ophites, caïnites, Dosithée, Simon le Magicien, Ménandre, etc.) Article détaillé : ophites.
- le courant « antinomiste et libertin »[42] (Carpocrate, Marcos le Mage, etc.) Article détaillé : Carpocrate.refus de la loi (Bible, morale), libertinage (supposé)
À la fin du XIXe siècle, le revivalisme ainsi que l'intérêt pour l'occultisme et l'ésotérisme contribuent à la naissance d'un néo-gnosticisme, notamment avec la fondation, en 1890, de l'Église gnostique de France.
Dans la culture populaire
Romans
- Henri Lœvenbruck, L'apothicaire (2011).
- Olivier Delorme, Le Château du silence, H&O, 2003.
- Níkos Kazantzákis, La Dernière tentation du Christ (1951), où l'auteur semble mystérieusement inspiré de l'Évangile de Judas, ce qui lui a valu l'excommunication par les autorités religieuses grecques.
- Vladimir Nabokov, Invitation au supplice.
- Umberto Eco, Le pendule de Foucault (1988, trad. 1990).
- Georges Rodenbach, Bruges-la-Morte.
- Philip Kindred Dick, SIVA
- David Madsen, Le Nain de l'Ombre.
- Carlo Fruttero et Franco Lucentini, A che punto è la notte (en français : La Nuit du Grand Boss)
Poésie
- Gustave Flaubert, La Tentation de Saint Antoine (1849-1874)
- Yves Bonnefoy, Anti-Platon (1947), Du mouvement et de l'immobilité de Douve (1953)
- Michel Camus, Paraphrases hérétiques (1983)
- Ferenc Rákóczy, Dans la noix du monde (2008)
- Maurice Scève, Délie (1544)
Films
- La Dernière Tentation du Christ (film) de Martin Scorsese
- Matrix
Jeux-vidéo
- Xenogears
- Les Chevaliers de Baphomet : La Malédiction du serpent
Bibliographie
Textes
- Lettre de Ptolémée à Flora (IIe siècle), trad., Cerf, coll. « Sources chrétiennes », 1966.
- Pistis Sophia (vers 330), trad. du copte E. Aménineau (1895), Archè, Milan, 1975.
- Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier : Écrits gnostiques. La bibliothèque de Nag Hammadi, Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1830 p., 2007. 48 traités : Prière de l’apôtre Paul, Épître apocryphe de Jacques, Évangile de la vérité, Traité sur la résurrection, Traité tripartite, Livre des secrets de Jean, Évangile selon Thomas, Évangile selon Philippe, L’Hypostase des archontes, Écrit sans titre, Exégèse de l’âme, Livre de Thomas, Livre sacré du Grand Esprit invisible, Eugnoste, La Sagesse de Jésus Christ, Dialogue du Sauveur, Apocalypse de Paul, Apocalypses de Jacques, Apocalypse d’Adam, Actes de Pierre et des douze apôtres, Le Tonnerre, Intellect parfait, Enseignement d’autorité, L’Entendement de notre Grande Puissance, Extrait de « La République » de Platon, L’Ogdoade et l’Ennéade, Prière d’action de grâces, Extrait du « Discours parfait », Paraphrase de Sem, Deuxième traité du Grand Seth, Apocalypse de Pierre, Enseignements de Silvanos, Les Trois Stèles de Seth, Zostrien, Lettre de Pierre à Philippe, Melchisédek, Noréa, Témoignage véritable, Marsanès, Interprétation de la gnose, Exposé du mythe valentinien, Allogène, Hypsiphroné, Sentences de Sextus, Fragments de traités, La Pensée Première à la triple forme, Évangile selon Marie, Acte de Pierre.
- Écrits gnostiques. Codex de Berlin, trad. Michel Tardieu, Paris, Éditions du Cerf, 1984, 518 p. Y Figurent : Évangile selon Marie (Marie-Madeleine) (fin IIe siècle), Livre des secrets, de Jean (vers 170).
Sources patrologiques
- Irénée de Lyon, Contre les hérésies (188), Cerf, 1991, 749 p.
- Tertullien, Contre les Valentiniens (212), Cerf, 1980, 2 t.
- Hippolyte de Rome, Philosophoumena, ou Réfutation de toutes les hérésies (vers 230), Archè, Milan, 1988, 249 p.
- Épiphane de Salamine, Panarion. Pharmacie contre toutes les hérésies (374-378). Édition par Karl Holl, Panarion, Leipzig, J. C. Heinrichs, 1915-1933, t. 2 et 3. Traduction anglaise : The Panarion of Epiphanius of Salamis, par Frank Williams, Leyde, Brill, 1987-1994, 2 vol., XXX-359, XVIII-677 p.
Études générales
(par ordre alphabétique)
- Jean Doresse, article « Le gnosticisme » dans Histoire des religions (1972), Gallimard, coll. « Folio essais ».
- Mircea Eliade, Histoire des religions et idées religieuses, t. II : De Gautama Bouddha au triomphe du christianisme, Payot, 1978, p. 353 sq.
- Hans Jonas, La Religion gnostique. Le message du Dieu étranger et les débuts du christianisme (1954), trad. L. Evrard, Flammarion, Paris, 1978.
- Wolfgang Kosack: Geschichte der Gnosis in Antike, Urchristentum und Islam. Texte, Bilder, Dokumente. 525 Seiten. Verlag Christoph Brunner, Basel 2014. ISBN 978-3-906206-06-6
- Serge Hutin, Les gnostiques (1958), PUF, coll. « Que sais-je ? »
- Jacques Lacarrière, Les Gnostiques, Gallimard, collection « Idées », 1964.
- Bentley Layton, The Gnostic Sciptures, New York, Doubleday, 1987.
- Hans Leisegang, La Gnose (1924), Payot, collection « Petite bibliothèque », 1951.
- Madeleine Scopello, Les Gnostiques, Cerf, coll. « Fides », 1991.
- Michel Tardieu, « Gnostiques » dans Dictionnaire de l'histoire du christianisme, Paris, Albin Michel, 2000, p. 453 et 463-474.
Études spécialisées
- Alfaric, Prosper, « Gnostiques et gnosticisme », Revue de l'Histoire des religions, t. 93, p. 108-115 Paris, Ernest Leroux, 1926.
- Assaraf, Albert, L'Hérétique, Elicha ben Abouya ou l'autre absolu, Paris, Balland, 1991.
- Boyarin, Daniel, Border Lines The Partition of Judaeo-Christianity.
- Ioan P. Couliano, Les Gnoses dualistes d Occident, Paris, Plon, 1990.
- Doresse, Jean, Les Livres secrets des gnostiques d'Égypte, Payot, 2004.
- Grant, Robert, traduit par J.H. Marrou. La Gnose et les origines chrétiennes, Seuil, 1964.
- Painchaud, Louis, La Bibliothèque copte de Nag Hammadi, in L'Étude de la religion au Québec : Bilan et prospective, sous la direction de Jean-Marc Larouche et Guy Ménard, Les Presses de l'Université Laval, 2001.
- Pagels, Elaine, Les Évangiles secrets, Gallimard, 1982, ré-édité 2006.
- Puech, Henri-Charles, En quête de la gnose, t. I : La gnose et le temps, Gallimard, 1978.
- Tardieu, Michel, et Dubois, Jean-Daniel, Introduction à la littérature gnostique, tome Ier : Collections retrouvées avant 1945, Éditions du Cerf et Éditions du CNRS, 1986, 152 p.
- Jean-Daniel Dubois, « Où en sont les problèmes du gnosticisme ? », Dialogues d'histoire ancienne, 1981, vol. 7, no 1, p. 273-296.
- Michel Weber, Essai sur la gnose de Harvard. Whitehead apocryphe, Louvain-la-Neuve, Éditions Chromatika, 2011.
Notes et références
- ↑ Pierre Hadot, « Le Gnosticisme », dans Dictionnaire de l'Histoire du christianisme, Encyclopaedia Universalis, , p. 641
- ↑ « Gnosticism » dans l'Encyclopædia Britannica, version en ligne consultable au 12/04/2009.
- ↑ Madeleine Scopello, Les Gnostiques, Cerf, 1991.
- ↑ Madeleine Scopello, Les gnostiques.
- ↑ Plotin, Ennéades, II, 9
- ↑ Serge Hutin, Les Gnostiques, chapitre 2, PUF.
- ↑ Puech, in Annuaire du collège de France, 55e année, p. 176.
- ↑ Serge Hutin, Les Gnostiques, PUF.
- ↑ « In the concluding document of Messina the proposal was "by the simultaneous application of historical and typological methods" to designate "a particular group of systems of the second century after Christ" as "gnosticism", and to use "gnosis" to define a conception of knowledge transcending the times which was described as "knowledge of divine mysteries for an élite". »
- ↑ « Something was being called "gnosticism" that the ancient theologians had called "gnosis" ... [A] concept of gnosis had been created by Messina that was almost unusable in a historical sense. » (C. Markschies, Gnosis: An Introduction, 14-15.)
- 1 2 3 Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, t. 2, La Pléiade, , p. 365-370.
- ↑ (en) Stephen L. Harris, Understanding the Bible, Palo Alto, Mayfield, 1985.
- ↑ Nag Hammadi: Évangile selon Thomas. Textes gnostiques aux origines du christianisme présentés par F. Kuntzmann et J.-D. Dubois (Supplément au Cahier Évangile, 58), Paris: Cerf, 1987.
- ↑ Jacques Matter, Histoire critique du Gnosticisme, 1828. La Gnose y est définie comme « l'introduction dans le sein du christianisme de toutes les spéculations cosmologiques et théosophiques qui avaient formé la partie la plus considérable des anciennes religions de l'Orient et que les nouveaux platoniciens avaient adopté également en Occident. »
- ↑ Ioan P. Couliano, Gnoses dualistes d'Occident, Plon, 1990, p. 19.)
- ↑ Elaine Pagels, The Gnostic Gospels, New-York, Random House, 1979, réédition 1989, pp. xx-xxi.
- 1 2 3 4 Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 374-379.
- ↑ Jean Doresse (La Pléiade, Histoire des religions, Tome 2, p. 375
- ↑ Cf. paroles du Bouddha - « tout est souffrance, tout est non-vérité », semble-t-il plus spécialement au sein du Hinayana qui oppose Samsâra et Nirvâna.
- ↑ Ioan P. Couliano, Où en est la question du dualisme ?
- ↑ Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 417-421.
- 1 2 3 4 5 6 Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 379-385.
- ↑ Madeleine Scopello. Les Gnostiques, éd du Cerf, 1991.
- 1 2 3 Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 385-389.
- ↑ selon M. Scopello Les gnostiques, p. 124..
- 1 2 3 4 5 Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 389-393.
- ↑ Elaine Pagels, Les évangiles secrets page 185
- ↑ Madeleine Scopello Les gnostiques, Éd du Cerf, p. 89.
- 1 2 3 4 5 6 Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 393-397.
- ↑ (en) Norman C. McClelland, Encyclopedia of Reincarnation and Karma, McFarland, (lire en ligne), p. 100
- ↑ Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 397-399.
- 1 2 3 Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques », dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 400-402.
- ↑ Jean Doresse, « La Gnose, origines des sectes gnostiques » dans Histoire des Religions, Tome 2, coll. « La Pléiade », 1972, p. 402-406.
- ↑ Mordillat et Prieur, L’Origine du christianisme. Rompre avec le Judaïsme, transcription sur le Bulletin de l’Ermitage
- ↑ Adolf von Harnack, Marcion. L'Évangile du Dieu étranger (1921), éd. du Cerf, Paris, 2005.
- ↑ Voir Mordillat et Prieur, op.cit.
- ↑ Adolf von Harnack, ibid.
- ↑ Louis Painchaud et Anne Pasquier (éd.), Les textes de Nag Hammadi et le problème de leur classification, Québec, Les Presses de l'Université Laval, 1995, p. 151-260. Bentley Layton (éd.), The rediscovery of Gnosticism, Leyde, Brill, 1980-1981, 2 t. Wouter J. Hanegraaff (dir.), Dictionary of Gnosis and Western Esotericism, Leyde, Brill, vol. II, 2005, p. 895-898, 1063-1069, 1144-1157. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), Écrits gnostiques, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. XXXVI-LXVIII.
- ↑ Raymond Kuntzmann, Le Livre de Thomas (NH II, 7), Québec, Presses de l'Université Laval, 1986. Yves Tissot, L'encratisme des Actes de Thomas, 1988. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), Écrits gnostiques, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. LXVII, 304, 411, 452, 489, 1681.
- ↑ Jean-Pierre Mahé, Hermès en Haute-Égypte, t. I : Les textes hermétiques de Nag Hammadi et leurs parallèles grecs et latins, Québec, Presses de l'Université Laval, 1978.
- ↑ Henri-Charles Puech, En quête de la gnose, Gallimard, t. I, 1978, p. 148. Jean-Pierre Mahé et Paul-Hubert Poirier (dir.), Écrits gnostiques, Gallimard, coll. « La Pléiade », 2007, p. LXII. - Mais James M. Robinson nie un gnosticisme pré-chrétien (apud The Rediscovery of Gnosticism, Brill, 1981, t. II, p. 662.)
- ↑ Irénée de Lyon, Contre les hérésies, I, 25. Jacques Matter, Histoire critique du gnosticisme, 1828. H. Leisegang, La gnose (1924), Petite Bibliothèque Payot, 1971, Serge Hutin, Les gnostiques, PUF, 1958. Gedaliahu C. Stroumsa, « Gnostic justice and antinomianism », in Barbarian philosophy, 1999, p. 246-257. A. Wypustek, « Un aspect ignoré des persécutions des chrétiens dans l'Antiquité : les accusations de magie érotique imputées aux chrétiens aux II° et III° siècles », Jahrburch für Antike und Christentum, 42 (1999), p. 50-71. - Mais Morton Smith nie l'existence d'un tel courant, il accuse l'animosité des hérésiologues.
Voir aussi
Articles connexes
- Apocryphes (Bible)
- Caïnites
- Christianisme ancien
- Christologies pré-chalcédoniennes et, pour les rapports avec le judaïsme, Christologie de Paul
- Évangile de Judas
- Évangile selon Thomas
- Gnose
- Marcion
- Dualisme (religion)
Liens externes
- Bibliothèque copte de Nag Hammadi Édition critique et traduction en français à l'université Laval, Québec.
- sur la notion d'hérésieau II° siècle par Jean Daniel Dubois professeur d'histoire du Christianisme ancien, directeur d’études à l’École pratique des hautes études à Paris
- par Jean Daniel Dubois
- petite introduction par Stephanie Booth
- The Nag Hammadi Library
- internet encyclopaedia of philosophy
- Portail des religions et croyances