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Bloc de l'Est

Bloc de l'Est

Bloc d'Europe de l'est
Carte de l'organisation
Dans les années 60, la Roumanie et l'Albanie ont pris une relative autonomie vis-à-vis de l'URSS, tandis que la Yougoslavie compte au rang des pays non-alignés.

Création À partir de la fin de la Seconde guerre mondiale (1944-1945) jusqu'en 1948
Dissolution Effondrement du communisme en Europe et en URSS (1989-1991)
Type Alliance politique, économique et militaire
Langue Russe, polonais, allemand, tchèque, slovaque, hongrois, roumain, bulgare, serbo-croate, macédonien, slovène, albanais, estonien, lituanien, letton
Membres URSS

République populaire de Bulgarie
République socialiste de Roumanie
République populaire de Hongrie
République démocratique allemande
République populaire de Pologne
République populaire socialiste d'Albanie
République socialiste tchécoslovaque
République fédérative socialiste de Yougoslavie

L'expression bloc de l'Est désigne l'ensemble des régimes communistes qui s'instaurent après la Seconde Guerre mondiale dans les pays d'Europe situés à l'est du Rideau de fer, placés sous le contrôle plus ou moins direct de l'Union soviétique. D'autres désignations sont aussi utilisées, les plus courantes étant pays de l'Est ou pays satellites de l'URSS, mais aussi bloc communiste, bloc soviétique ou camp socialiste.

Cet article n'aborde pas l'histoire des autres pays communistes d'Asie ou du reste du monde[1], qui pendant la Guerre froide furent le plus souvent appelés le bloc communiste, camp socialiste ou parfois aussi le bloc de l'Est[2] par extension. Ces pays ne constituèrent en réalité pas un bloc car notamment à partir de la rupture sino-soviétique ils conduisirent leur propre politique qui les amena parfois à s'opposer vivement à l'Union soviétique.

Ces pays d'Europe ayant appartenu au bloc de l'Est sont l'Albanie, l'Allemagne de l'Est (ou RDA), la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la Roumanie, la Tchécoslovaquie et la Yougoslavie. Parmi eux, la Yougoslavie de Tito reste, après la rupture de 1948, à l'écart de la tutelle soviétique et joue un rôle majeur au sein du mouvement des non-alignés. Les relations de l'Albanie avec l'URSS se dégradent en 1961 ; la Roumanie, dans une moindre mesure acquiert également durant les années 1960 une certaine autonomie vis-à-vis de l'URSS.

Entre 1945 et 1949, dans tous ces pays le parti communiste prend le pouvoir, s'érige en parti unique et met en place un régime se réclamant du communisme, sous l'appellation de République populaire, socialiste ou démocratique, calqué sur celui de l'Union Soviétique. Pendant les quarante années qui suivent, ces pays connaissent un réel développement économique et des succès, parfois spectaculaires comme en sport, dont les partis de gauche en Europe de l'Ouest se font largement l'écho. Ils ne répondent pas en revanche aux attentes de leurs populations privées de liberté et dont le niveau de vie reste très inférieur à celui de l'Ouest. La plupart de ces pays ont été secoués par des crises violentes qui par deux fois ont entrainé l'intervention militaire de l'URSS, en Hongrie (1956) et en Tchécoslovaquie (1968). L'effondrement du bloc de l'Est se produit, de manière inattendue pour la plupart des observateurs étrangers, sur une période très courte, centrée sur l'année 1989, et pratiquement sans effusion de sang. La disparition de l'URSS en 1991 clôture cette période de l'histoire de ces pays d'Europe de l'Est.

Histoire diplomatique et politique du Bloc de l'Est

Formation du Bloc de l'Est (1944-1948)

Article connexe : Communisme.

Le passage de l'alliance entre les États-Unis, l'Union Soviétique et la Grande-Bretagne pour vaincre le régime nazi en Allemagne à l'instauration de la guerre froide opposant les démocraties occidentales aux régimes communistes s'est opéré en moins de deux ans. Les évènements décisifs consacrant ce divorce se sont déroulés en Europe, et dans une moindre mesure au Moyen-Orient et en Asie.

Les prémices : le pacte germano-soviétique d'août 1939

Le pacte germano-soviétique[3] permet à Staline de reprendre la quasi-totalité des territoires aux marches occidentales de l'empire russe perdus depuis la chute du tsarisme. Il annexe ainsi les trois Pays baltes, (Estonie,Lettonie et Lituanie), ainsi que des régions devenues polonaises à l'ouest de l'Ukraine et de la Biélorussie, selon un tracé adapté de celui de la Ligne Curzon.

Accords passés entre les Alliés concernant l'avenir de l'Europe de l'Est

Dès la conférence interalliée de Téhéran en 1943, les Alliés commencent à examiner l'avenir de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale[4]. À Moscou en octobre 1944, Churchill et Staline se mettent d'accord sur un partage d'influence dans les Balkans. Lors de la conférence de Yalta en février 1945, Staline exprime sa volonté d'établir une sphère d'influence soviétique en Europe de l'Est, mais accepte que l'Allemagne ne soit pas démembrée. Concernant la Pologne, il indique vouloir garder la partie orientale annexée au titre du pacte germano-soviétique et instaurer un gouvernement prosoviétique dans ce qui constituerait un nouvel État polonais. Il promet en retour un élargissement sur une base plus démocratique du Comité polonais de Libération nationale, ainsi que l'organisation d'élections. Les Alliés se mettent aussi d'accord pour que soient créées des institutions démocratiques de leur choix, dans les anciens satellites de l'Allemagne nazie, et que des élections y soient organisées. Ces dispositions sont réitérées à Potsdam après la reddition de l'Allemagne, et complétées par un accord sur les réparations de guerre qui revêtaient une importance particulière pour l'URSS, dont l'économie était exsangue au sortir de la guerre.

L'occupation de tous les pays d'Europe de l'Est et de la partie orientale de l'Allemagne par les armées soviétiques a d'entrée de jeu délimité la frontière entre ce qui allait devenir les blocs de l'Ouest et de l'Est. Entre les pays d'Europe de l'Est, des modifications de frontières importantes vont intervenir se traduisant notamment par une extension vers l'Ouest de l'Union soviétique. Elles seront rapidement entérinées par les traités de paix qui seront signés en 1947 pour tous ces pays, sauf l'Allemagne et l'Autriche qui demeureront sous régime d'occupation par les Alliés pendant encore plusieurs années.

À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les territoires en gris sont transférés de la Pologne à l'URSS, et ceux en rose de l'Allemagne à la Pologne.

Les objectifs sécuritaires et économiques de Staline à la fin de la Seconde Guerre mondiale

Staline en réalité poursuit des objectifs très précis vis-à-vis de l'Europe de l'Est : il veut avant tout mettre en place un glacis qui protège l'URSS de tout risque de tentative de renversement du régime communiste par les Occidentaux. Il veut à tout prix éviter de se retrouver dans la situation de l'URSS des années 1920 qui a dû lutter pour sa survie. Vu de l'URSS, en effet, le pays est encerclé par des pays hostiles. Il n'a aussi pas d'accès à la mer à hauteur de ses ambitions, d'où les tentatives en Iran, en Turquie et en Grèce d'instaurer un régime communiste ou de négocier des garanties de circulation de la marine soviétique. Les réactions fortes des États-Unis et de la Grande-Bretagne feront échouer ces tentatives.

Staline confie à Tito en avril 1945 que « cette guerre ne ressemble pas à celles du passé : quiconque occupe un territoire lui impose aussi son système social. Tout le monde impose son propre système aussi loin que son armée peut avancer. Il ne saurait en être autrement » [5]. La promotion de la révolution socialiste mondiale est en fait moins prioritaire que l'établissement d'une zone d'influence garantissant la sécurité de l'URSS, notamment dans la mesure où Staline est convaincu que les contradictions et affrontements internes au monde capitalisme suffiraient à l'ébranler en profondeur. Les documents rédigés par Maxime Litvinov et Ivan Maisky qui expriment les vues du Ministère Soviétique des Affaires Étrangères, fin 1944 et début 1945, parlent très clairement de l'établissement de zones d'influences, soviétiques et anglaises, et d'une zone neutre comprenant notamment l'Allemagne, mais ne laissent pas augurer de la constitution d'un bloc composé de pays totalement inféodés à l'URSS[6].

La supériorité énorme de l'armée soviétique en Europe rend possible sans risque majeur de pousser une politique active de prise de contrôle de l'Europe de l'Est continentale. En parallèle, Staline fait accélérer très fortement le développement de l'arme nucléaire afin de briser le monopole des États-Unis en la matière.

La forte attractivité du communisme dans des pays dévastés par la guerre

Le communisme apporte à la fin de la guerre la réponse la plus construite à l'immense espoir de changement des peuples d'Europe et au vide politique et administratif laissé par des années de nazisme et de guerre[7]. Les responsables communistes martèlent que leur objectif n'est pas de transposer dans leur pays le modèle soviétique mais d'inventer un socialisme s'inscrivant dans les aspirations nationalistes légitimes.

Dans la plupart des pays, le nombre de membres du parti communiste explose.

Les politiques menées, souvent dans les mois qui suivent la fin de la guerre, répondent à des aspirations de justice et de relèvement économique du plus grand nombre, qu'il s'agisse des nationalisations ou des réformes agraires. Elles ne sont pas perçues comme un premier pas vers la soviétisation.

La prise de pouvoir sauvegardant plus ou moins les apparences de la démocratie

Selon les accords passés entre les Alliés, un processus démocratique doit permettre à chaque peuple de décider librement le régime politique qu'il souhaite dans chacun des pays dont la souveraineté vient d'être restaurée. En pratique, l'URSS soutient massivement les communistes de l'Europe de l'Est qui appliquent la stratégie du Cheval de Troie et du salami (noyautage de l'administration, élimination des adversaires un à un en menant des campagnes de provocation ou de diffamation, fraude électorale)[8],[9].

La question qui se pose à Moscou est, comment passer de l'occupation militaire de ces pays à leur contrôle complet une fois leur souveraineté restaurée. À la fin de la guerre, la dissimulation du rôle du Kremlin est cruciale pour que les régimes qui se mettent en place apparaissent autonomes et ressemblent le plus possible à ceux des démocraties occidentales. Comme les communistes constituent une minorité dans tous ces pays, leurs partisans ont instruction de former des coalitions avec les autres partis.

Le processus de prise de pouvoir par les communistes prosoviétiques suit en gros partout le même processus en plusieurs étapes:

  • installation d'une coalition de centre-gauche, rassemblant les forces antifascistes;
  • accroissement du rôle des membres du Parti Communiste au sein de la coalition et neutralisation progressive de ceux des autres partis qui refuseraient la suprématie communiste;
  • domination complète des communistes, fréquemment réalisée par fusion de plusieurs partis de gauche;
  • organisation d'élections sous contrôle communiste afin de légaliser la prise de pouvoir;
  • élaboration d'une constitution sur le modèle de celle de 1936 de l'Union Soviétique.

Ce processus est largement facilité d'une part par la disparition des anciennes élites d'avant-guerre, et d'autre part par le prestige considérable des mouvements de partisans le plus souvent de gauche ou d'extrême gauche qui jouèrent un rôle clé dans la lutte contre le fascisme et le nazisme. L'énorme prix humain et matériel, payé par l'Union Soviétique pour la libération de ces pays leur donne aussi une certaine légitimité à peser fortement sur leurs orientations politiques futures.

Dans la zone d'occupation soviétique de l'Allemagne de l'Est, pourtant entièrement contrôlée sur le plan militaire comme politique, la question se pose en des termes très différents : il n'est, à court terme, pas question de la transformer en un état satellite, puisque officiellement l'Union Soviétique prône l'unité allemande[10].

Tableau synoptique de la prise de pouvoir par les communistes dans les pays d'Europe de l'Est
Pays Date formation gouvernement de coalition avec le PC Date dernières élections libres % votes PC et alliés Date fusion PC et PS Date premières élections contrôlées % votes PC et alliés Date fondation République populaire (ou socialiste)
Albanie 93 %
Bulgarie 88 %
Hongrie 22 % 95 %
Pologne 80 %
Roumanie 84 %
Tchécoslovaquie 38 % 80 %
Yougoslavie 80 %

La création du Kominform, à l'automne 1947, marque le moment à partir duquel Staline décide de conclure très vite la communisation de l'Europe de l'Est. Le Kominform, nom abrégé de Bureau d'information des partis communistes et ouvriers, est créé par les Soviétiques dans le cadre d'une conférence qui réunit, du 22 au 27 septembre 1947, à Szklarska Poreba en Pologne, les représentants des partis communistes d'URSS, de six pays d'Europe de l'Est (Bulgarie, Hongrie, Pologne, Roumanie, Tchécoslovaquie et Yougoslavie) et de deux pays de l'Ouest, la France et l'Italie. L'objectif de Staline est de renforcer son contrôle sur les partis communistes européens tant au niveau international, au moment où le plan Marshall se met en place, qu'au niveau interne dans la sécurisation du pouvoir communiste dans les démocraties populaires et dans les grands choix de politique[11],[12].

Si les similitudes sont grandes sur la manière dont Staline impose sa loi dans les sept pays de l'est, on peut distinguer cependant trois situations bien différentes :

  • L'Albanie et la Yougoslavie, où les communistes, principaux acteurs de la libération de leur pays, prennent immédiatement le pouvoir,
  • Les autres pays des Balkans, la Bulgarie et la Roumanie, où les accords entre Alliés laissent les mains libres aux communistes qui prennent rapidement le pouvoir,
  • Les pays d'Europe du Centre, la Pologne, la Tchécoslovaquie et la Hongrie, où l'attention portée par l'Ouest à leur devenir politique contraint les Soviétiques à agir avec prudence et à bien plus longtemps sauvegarder les apparences de la démocratie.
Albanie et Yougoslavie

En Albanie et en Yougoslavie, ce sont les partisans communistes qui libèrent leur pays, pratiquement sans l'aide de l'URSS. Ils se trouvent donc tout naturellement en position de prendre le pouvoir dans la foulée sans passer par une phase de partage et de conquête progressive du pouvoir. Dès octobre 1944, avant même la libération totale du pays, Enver Hoxha prend la tête d'un gouvernement provisoire dont le Parti Communiste détient la plupart des portefeuilles. En Yougoslavie, Tito prend la tête d'un gouvernement provisoire de coalition en mars 1945, après la fusion entre le Comité de libération nationale qu'il dirigeait depuis 1943 et le gouvernement royal, précédemment en exil à Londres. Le 29 novembre 1945, l'Assemblée constituante abolit la monarchie et proclame officiellement la République fédérative populaire de Yougoslavie (RFPY) dont la constitution, élaborée elle aussi sur le modèle soviétique, sera publiée le 31 janvier 1946. Dès le départ, les communistes yougoslaves disposent d'une marge de manœuvre nettement plus grande que leurs homologues des autres pays, ce qui leur permettra par la suite de s'émanciper du Bloc de l'Est. Tito agit cependant dans un premier temps en allié loyal de Staline.

Bulgarie et Roumanie

La Bulgarie et la Roumanie constituent un deuxième cas de figure : monarchies avant la guerre, pays alliés de l'Allemagne Nazi pendant celle-ci, leur statut d'ennemi et leur faible intérêt stratégique pour l'Ouest en font un terrain de jeu facile pour les communistes qui n'ont pas vraiment besoin de masquer longtemps leurs intentions. Leur appartenance à la zone d'influence soviétique a été reconnue au cours de la conférence qui s'ouvrit à Moscou, le 9 octobre 1944, entre Staline et Churchill, au cours de laquelle est admis un partage 75/25 % en Bulgarie et 90/10 % en Roumanie, en faveur dans les deux cas de la Russie. En échange, la Grèce reste dans la zone d'influence britannique. L'absence de soutien de la Grande-Bretagne et des États-Unis aux mouvements non communistes de libération ou aux gouvernements en exil laisse la porte grande ouverte aux communistes qui forment dans ces deux pays un gouvernement provisoire dont ils occupent les premiers rôles dès avant la fin de la guerre en Europe. Il n'y a non plus pas d'élection libre et la monarchie y est remplacée par un régime de type soviétique dès avant la fin de 1945.

Pologne, Tchécoslovaquie et Hongrie

La situation est tout autre dans les trois autres pays, la Hongrie, la Pologne et la Tchécoslovaquie, historiquement beaucoup plus développés et proches de leurs voisins d'Europe de l'Ouest mais dont la position géographique stratégique a égard au dessein stalinien de se constituer un glacis et la richesse potentielle rend totalement indispensable de s'en assurer, in fine, le contrôle. Mais il est nécessaire pour ne pas risquer un affrontement avec l'Ouest et essayer de régler la question allemande à l'avantage des soviétiques de procéder pas à pas.

Pologne

En Pologne, un premier Gouvernement Provisoire de la République de Pologne entièrement dominé par les communistes est formé, le 1er janvier 1945, par auto-proclamation du Comité polonais de Libération nationale, aussi appelé Comité de Lublin, créé par les communistes polonais prosoviétiques. Mais les anglais et les américains mettent en demeure les russes lors de la conférence de Yalta de février 1945[13] d'ouvrir ce gouvernement à des non communistes. Lui succède donc le Gouvernement Provisoire d'Unité Nationale formé, le 28 juin 1945, d'une coalition des principaux partis:

  • le Parti socialiste polonais (PPS) dont est issu Edward Osóbka-Morawski, qui devient premier ministre,
  • le Parti ouvrier polonais (PPR) communiste dirigé par Władysław Gomułka, qui est nommé vice-premier ministre,
  • et le Parti du Peuple Polonais (PSL) de centre-droit et représentant traditionnel des paysans, dont son leader Stanisław Mikołajczyk devient vice-premier ministre.

Staline peut soutenir à Potsdam, en juillet 1945, qu'il a tenu ses promesses de mettre en œuvre un processus démocratique en Pologne, posture d'autant plus facile à tenir que dans le même temps, en Hongrie et en Tchécoslovaquie, de véritables institutions démocratiques se mettent en place.

Des élections truquées se déroulent le 19 janvier 1947, donnant 80 % des voix aux communistes et Bolesław Bierut devient Président de la République de Pologne, le 5 février 1947. Sous sa direction, la faction stalinienne du Parti communiste prend progressivement le contrôle des institutions. Fin 1948, le Parti ouvrier unifié polonais (POUP) est créé par fusion du PC et du parti Socialiste, et Gomulka est écarté par Bolesław Bierut qui en devient Secrétaire Général tout en gardant ses fonctions de Président de la République.

Tchécoslovaquie

En Tchécoslovaquie, la continuité démocratique joue, puisque Edvard Beneš ancien Président de la république, homme d'état de stature internationale, de tendance sociale-libérale, proclame la Troisième république, redevient président et forme le Front National qui rassemble six partis démocratiques dans le but de constituer un gouvernement. Celui-ci est mis en place, dès avril 1945, avec Zdeněk Fierlinger, socialiste proche des communistes, comme Premier Ministre et Klement Gottwald, qui préside le Parti communiste, en tant que Vice-premier Ministre. L'élimination des opposants politiques, sous couvert de collaboration avec les Nazis, s'organise tout de suite.

Cependant le régime conserve une véritable pluralité politique et des élections sont organisées le 26 mai 1946. Elles sont remportées par le Parti communiste qui obtient 38,1 % des voix à lui seul [14] et donnent une large majorité aux quatre partis de gauche qui détiennent 206 sièges sur 300. Gottwald devient Premier ministre mais maintient officiellement une ligne démocratique et nationaliste. Cette relative autonomie, vis-à-vis de Moscou, se traduit notamment par la décision des tchèques de se rendre à la conférence organisée, en juillet 1947, à Paris pour lancer le Plan Marshall ; au dernier moment, à la demande expresse de Staline, ils renonceront à s'y rendre, s'alignant sur la position de tous les pays du bloc de l'Est en formation.

Article détaillé : Coup de Prague.

Dès lors, Gottwald a pour objectif d'achever la conquête du pouvoir. L'occasion se présente, en février 1948, avec la démission des ministres non communistes qui s'achève en coup d'état des communistes connu sous le nom de Coup de Prague. Une nouvelle constitution est promulguée le 9 mai 1948. Des élections contrôlées sont organisées le 30 mai 1948, qui donnent 90 % des voix au PC et à ses alliés. Le parti communiste (KSS) et le parti socialiste (CSDP) fusionnent en juin 1948.

Hongrie

En Hongrie, un gouvernement intérimaire formé de représentas de plusieurs partis, dont le parti communiste, est mis en place le 21 novembre 1944, dont un militaire le Général Béla Miklós est nommé Premier ministre. Le 4 novembre 1945, les élections législatives libres sont remportées par le Parti des petits Propriétaires Indépendants qui obtient 57 % des voix. En troisième position derrière le Parti Social Démocrate Hongrois, le Parti communiste hongrois, réorganisé par Mátyás Rákosi, ne remporte que 17 % des suffrages. Zoltán Tildy, chef du parti agrarien, prend en novembre la tête d'un gouvernement de coalition. Le 1er février 1946, le Royaume de Hongrie est officiellement aboli, laissant place à la nouvelle République de Hongrie. Zoltán Tildy devient président de la République, tandis que Ferenc Nagy le remplace à la tête du gouvernement.

Cependant, le maréchal soviétique Kliment Vorochilov impose, en mars 1946, la présence des communistes au gouvernement : László Rajk devient ministre de l'intérieur et organise la police secrète Államvédelmi Hatóság (AVH). L'ancienne classe politique hongroise est victime de purges : des responsables politiques comme l'ancien chef du gouvernement István Bethlen, sont déportés en URSS, puis exécutés. Le 31 mai 1947, Ferenc Nagy est contraint à la démission par les Soviétiques. Lajos Dinnyés, membre du parti agrarien, le remplace à la tête du gouvernement, mais est contraint d'appliquer les politiques de nationalisations préconisées par les communistes. Les mines et les industries lourdes sont nationalisées, suivies des banques, puis de toutes les entreprises de plus de cent salariés. Mátyás Rákosi, secrétaire général du Parti communiste hongrois, élimine progressivement tous les adversaires politiques des communistes en suscitant scissions et fusions parmi les partis adverses ou en évinçant personnellement les politiciens rivaux.

Aux élections du 31 août 1947, malgré les pressions, la division de l'opposition et la manipulation du système électoral, les communistes ne réalisent qu'une progression relativement modeste (22 % contre 17 % aux précédentes élections). Le Parti Agrarien réussit à former une coalition avec d'autres partis non communistes et Lajos Dinnyés demeure Premier ministre, même si son pouvoir est de plus en plus affaibli par l'infiltration des partis de coalition par de plus en plus de sympathisants communistes.

À l'automne 1947, le contexte international change : la constitution du Kominform donne le signal de l'accélération de la soviétisation de l'Europe de l'Est. Le parti agrarien, puis le parti social-démocrate, sont contraints à fusionner avec le Parti communiste hongrois, qui devient le Parti des travailleurs hongrois. Le 31 juillet 1948, Tildy démissionne, remplacé à la présidence de la République par le communiste Árpád Szakasits. Le 6 février 1949, le Cardinal József Mindszenty, chef spirituel de l'église Catholique et opposant au communisme est condamné à la prison à vie pour trahison. Aux élections du 15 mai 1949 est présentée une liste unique, qui obtient 95,6 % des suffrages. Le 18 août 1949, l'assemblée adopte une nouvelle constitution. Le 20 août, la République populaire de Hongrie est proclamée.

La diplomatie en échec, les actions de l'Ouest pour contrer l'avancée communiste

Article connexe : Conférences de la guerre froide en Europe (1945-1955).

La conférence de Potsdam, de l'été 1945, a fixé un cadre diplomatique de négociation des traités de paix avec les pays vaincus de la Seconde Guerre mondiale et d'occupation de l'Allemagne. Il en résulte une activité diplomatique intense dont les tournants sont l'impossibilité de trouver un terrain d'entente sur l'Allemagne et la décision des Soviétiques de ne pas participer à la conférence fondatrice du plan Marshall en juin 1947. Dès le printemps 1945, Churchill et Truman, qui remplace Roosevelt décédé le 12 avril, s'inquiètent des conséquences de l'occupation militaire soviétique. La décision prise, le 11 mai 1945, de suspendre les livraisons effectuées aux soviétiques au titre du Prêt-Bail donnent à penser aux russes que les américains veulent peser économiquement sur eux afin d'obtenir des concessions politiques en Europe.

Les anglais et les américains ont aussi leur vision sur ce que doit être leur zone d'influence en Europe. La Grèce et la Turquie en font partie, et Staline n'insistera pas dès qu'il constatera en 1945-1946 la détermination des anglo-américains à ne pas lui en laisser prendre le contrôle.

À partir de la mi-1947, la rupture est consacrée entre l'Ouest et l'Est. L'Ouest prend des initiatives majeures qui montrent sa volonté de ne pas laisser se développer le communisme en Europe occidentale et dans leurs zones d'occupation de l'Allemagne :

  • L'exclusion en mai 1947 des ministres communistes des gouvernements français et italiens marque la fin des larges coalitions instaurées à la fin de la guerre, semblables à celles mises en place dans les pays de l'Est,
  • La fusion des zones américaines et britanniques d'occupation en Allemagne (bizone) opérée dès 1947 est élargie en 1948 à la zone française pour former la trizone, où une monnaie propre à cet ensemble, le Deutsche Mark, y est introduite,
  • Et faisant suite à plusieurs alliances militaires conclues depuis 1945, le Pacte Atlantique est signé par les États-Unis et la plupart des pays d'Europe de l'Ouest.

Staline ne s'embarrasse alors plus de sauver les apparences de la diplomatie et de la démocratie, il va alors imposer, brutalement lorsque ce sera nécessaire, le pouvoir communiste dans tous les pays du bloc de l'Est.

Soviétisation et élimination des oppositions (1948-1953)

L'échec du blocus de Berlin et la création de l'Allemagne de l'Est

Articles détaillés : Blocus de Berlin et République démocratique allemande.

Même s'il n'est pas encore question en 1945 de transformer la zone d'occupation en Allemagne attribuée aux soviétiques en un état indépendant, Moscou entame immédiatement l'implantation du Parti communiste. Le 30 avril 1945, un groupe de 10 communistes dirigés par Ulbricht entreprend de mettre en place les structures politiques et les premiers éléments de politique, notamment en matière de réforme agraire, décidés par Moscou [15]. En zone d’occupation soviétique, dès le , les partis communistes (KPD), social-démocrate (SPD), chrétien-démocrate (CDU) et libéral (LDPD) sont autorisés par l’occupant. Dans la perspective des élections municipales prévues le 20 octobre 1946, en avril 1946, les Soviétiques obligent les membres du Parti social-démocrate (SPD) et du Parti communiste (KPD) en activité dans leur zone d'occupation à fusionner au sein d'un seul et unique parti marxiste-léniniste (dans les zones occidentales d'occupation, les instances de ces mêmes partis en activité n'étaient donc pas concernées par cette fusion) : le SED est alors fondé, dont l'organisation est calquée sur celui du Parti communiste de l'Union soviétique[16],[17]. Le communiste Wilhelm Pieck et le social-démocrate Otto Grotewohl en sont conjointement les premiers leaders. Lors de ces élections, malgré ses 1,3 millions d'adhérents et le soutien actif des organisations de masse (syndicats, organisations de jeunesse), le SED communiste n'obtient nulle part la majorité absolue mais devient le parti dominant dans la zone soviétique avec 48 % des suffrages. À Berlin, il obtient moins de 20 % des voix, essentiellement dans la zone soviétique.

Usant de leur pouvoir absolu dans leur zone d'occupation les soviétiques conduisent une politique économique identique à celle qui se met en œuvre dans les démocraties populaires naissantes, dont les traits dominants sont la réforme agraire et les nationalisations.

En 1947 et 1948, les Occidentaux prennent une série d'initiatives pour assurer le développement économique de leurs zones d'occupation et se protéger de la menace qu'ils perçoivent de l'expansion du communisme. Le plan Marshall se met en place, les Anglais et les Américains ont fusionné leurs zones d'occupation en Allemagne et préparent avec les Français de nouvelles initiatives économiques et monétaires. Staline décide, le 9 mars 1948, de reprendre l'initiative en utilisant Berlin pour forcer les Occidentaux à rallier les vues de l'URSS sur l'avenir de l'Allemagne. Un blocus de Berlin est progressivement instauré par les Soviétiques, mais les Occidentaux ne cèdent pas et mettent en place un pont aérien qui obligera finalement Staline à lever le blocus, le 12 mai 1949, et à se résigner à la création de deux États allemands : la République Fédérale d'Allemagne (RFA) le 23 mai 1949 à l'Ouest et la République démocratique allemande (RDA) le 7 octobre 1949 à l'Est [18],[19].

En mars 1952, Staline fait une dernière tentative de désarrimage de l'Allemagne de l'Ouest du monde occidental en proposant la réunification de l'Allemagne et sa neutralisation. Cette proposition, connue sous le nom de « note de Staline » [20], est rejetée par les Occidentaux qui y voient une manœuvre destinée à permettre une communisation rampante de toute l'Allemagne.

La rupture Tito-Staline

Article détaillé : Rupture Tito-Staline.

Le 29 janvier 1948, la Pravda condamne le projet de fédération balkanique de Tito[21]. Le 27 mars 1948, le Parti communiste de l'Union soviétique adresse au Parti communiste de Yougoslavie une lettre lui reprochant de dénigrer le « socialisme » soviétique, et de manquer de démocratie interne. Le 28 juin, Tito n'assiste pas au congrès du Kominform. Les autres partis communistes émettent une condamnation collective du Parti communiste de Yougoslavie, qui est exclu du Kominform et accusé de dérive « nationaliste ». L'organisation communiste appelle « les forces saines du PCY à imposer une nouvelle ligne politique à la direction ». Le traité d'alliance soviéto-yougoslave est dénoncé par l'URSS.

Les purges et procès staliniens au sein des partis communistes

Voir détail dans la section « Une société liberticide : purges et procès »

Les trois principales causes de la chasse aux sorcières qui sera entreprise essentiellement dans les années 1949 à 1952 dans les partis communistes au pouvoir dans les pays du bloc de l'est sont l'intensification de la guerre froide, la rupture entre Staline et Tito qui en servira de principal prétexte et la paranoïa croissante de Staline qui approche de la fin de sa vie.

Le premier procès du genre est celui de Koçi Xoxe, Ministre de l'Intérieur en Albanie, qui s'ouvre le 12 mai 1949. Le motif en est clairement la proximité qui existe entre Xoxe et Tito. Ce procès est conduit sur le modèle des purges et procès menés avant-guerre par Staline dans son propre pays.

En Bulgarie, Traïcho Kostov est arrêté le 20 juin 1949, torturé, jugé et finalement condamné à mort le 14 décembre 1949. Le 16 septembre 1949 s'ouvre en Hongrie le procès de László Rajk, autre exemple de purge stalinienne anti-titiste. Des purges sanglantes et des procès fabriqués de toutes pièces sont conduits dans tous les pays d'Europe de l'Est jusqu'à la mort de Staline.

D'autres dirigeants échappent à la mort et joueront plus tard à nouveau un rôle clef. Władysław Gomułka en Pologne, poussé hors du POUP est arrêté et emprisonné en août 1951. Il oppose à ses accusateurs une farouche résistance et n'est finalement pas jugé. Sa libération intervient en décembre 1954 parmi d'autres initiatives prises par le pouvoir dans le vent de déstalinisation qui commence à souffler partout en Europe de l'Est. En Hongrie, où les arrestations et exécutions sont très nombreuses, János Kádár est emprisonné et Imre Nagy écarté du pouvoir, sans pour autant subir le sort de Rajk.

Entre conservatisme et réformisme (1953-1985)

Avec la mort de Staline, le 5 mars 1953, s'ouvre une nouvelle ère axée en politique extérieure sur la coexistence pacifique et le développement des échanges économiques avec l'Ouest, et au niveau intérieur sur des réformes économiques mesurées, afin de consolider le progrès économique, de démontrer au monde entier la supériorité du communisme sur le capitalisme et de pérenniser le bloc de l'Est en l'état [22],[23]. Cette période de forts contrastes connaîtra de vraies tentatives de réformes économiques et politiques cherchant à concilier le modèle communiste soviétique avec les réalités nationales et sociales de l'Europe de l'Est, mais verra aussi le conservatisme soviétique s'affirmer le cas échéant par des interventions militaires - écrasement de la révolution hongroise en 1956 et du Printemps de Prague en 1968 - pour empêcher en tout cas pour un tant l'explosion du bloc de l'Est. L'Ouest laissera faire, mais le développement des échanges économiques et culturels avec l'Est et les périodes de détente, en particulier l'Ostpolitik menée par la RFA à partir de 1969 contribueront à créer les conditions de l'effondrement à venir de l'empire soviétique.

Des réformes politiques limitées

Malenkov, le début de la déstalinisation et le « Nouveau Cours »

La nouvelle direction collégiale soviétique formée à la mort de Staline annonce très vite un ensemble de réformes connues sous le nom de « nouveau cours » économique et politique. Le Premier ministre, Gueorgui Malenkov, en est le principal instigateur et demande est faite aux dirigeants des pays de l'est de suivre le même « nouveau cours »[22]. C'est dans ce but, et aussi pour rassurer après l'arrestation de Beria, que se tient à Moscou, du 12 au 14 juillet 1953, une réunion secrète du Kominform. Cependant, au sein de cette direction, Molotov et Kaganovitch restent fidèles à la ligne de Staline, tandis que Khrouchtchev représente une ligne médiane, en faveur de la déstalinisation mais pour le maintien du contrôle absolu par le Parti communiste. Les dirigeants les plus conservateurs des Démocraties populaires jouent à leur avantage de ces dissensions pour se maintenir au pouvoir.

En RDA, le gouvernement annonce, le 11 juin 1953, l'adoption du « nouveau cours » [24], sans pour autant revenir sur l'augmentation des quotas de production décidée peu auparavant et qui va fortement contribuer aux émeutes du 16 juin et des jours suivants, qui obligeront l'armée soviétique à intervenir et permettra à Walter Ulbricht de jouer de ses appuis au sein de l'armée et du clan conservateur au Kremlin pour se maintenir au pouvoir.

En revanche, en Hongrie, le 4 juillet 1953, sur décision de Moscou, Imre Nagy devient Président du Conseil à la place de Mátyás Rákosi qui reste cependant Premier secrétaire du parti, et annonce des mesures de libéralisation dans la ligne du « nouveau cours ». Mais Matyás Rákosi conserve de nombreux appuis au sein du parti et bénéficie de l'ambivalence de Khrouchtchev : le 18 avril 1955, il obtient la démission de Nagy et la restauration de la ligne économique conservatrice. Un an plus tard, la révolution éclatera ramenant très brièvement Nagy au pouvoir.

En Pologne, Bolesław Bierut, tout en gardant en réalité un contrôle total sur le pays via un appareil policier développé, fait quelques concessions à la collégialité en ne gardant que le poste de Premier secrétaire du parti et annonce à son tour l'adoption partielle du « nouveau cours », le 29 octobre 1953.

Khrouchtchev, déstalinisation et conservatisme économique

La succession de Staline trouve son épilogue, le 8 février 1955, par la victoire de Nikita Khrouchtchev qui force Malenkov à la démission. S'il poussera la déstalinisation notamment à travers son célèbre discours au XXe Congrès du PCUS [25], sur le plan économique il sera plus prudent et continuera de beaucoup favoriser les investissements dans l'industrie lourde aux dépens des biens de consommation, notamment pour soutenir la course aux armements dans laquelle il s'est lancée avec les États-Unis. Pour les démocraties populaires, le XXe Congrès apporte la confirmation du rapprochement avec la Yougoslavie de Tito et surtout la reconnaissance du pluralisme socialiste i.e. la possibilité ouverte à chaque pays d'adapter le modèle soviétique à ses particularités nationales, culturelles et économiques.

Les apparences du triomphe du modèle communiste

Le pouvoir communiste devient vite conscient du prestige qu'il peut tirer des succès dans le domaine spatial ou sportif, très visibles dans leurs pays comme à l'Ouest. Les réussites du Programme spatial de la Russie, dans les années 1957 à 1961, avec une série de « premières » présentent en plus l'intérêt de mettre en œuvre des technologies utilisées dans le domaine militaire. Le Bloc de l'Est dans son ensemble trouvera avec le sport un moyen de proclamer la supériorité de sa jeunesse. Les politiques sportives menées par les États répondent à plusieurs objectifs : pour les pays d'Europe de l'Est dont souvent les frontières ne correspondent pas aux legs de l'histoire, le sport est un moyen de transcender les origines différentes et de contribuer ainsi à construire des états-nations solides. Il est aussi le vecteur du développement de modes de vie sains, propres à lutter contre l'alcoolisme et l'arriération de certaines zones. Au niveau international, le sport est pour la RDA le moyen de rivaliser avec la RFA et de se faire accepter dans le concert des nations, y compris à l'Ouest. Aux Jeux olympiques de Munich en 1972, pour la première fois les sportifs de la RDA concourent sous leur propre drapeau ; la RDA s'y classe troisième avec 66 médailles et la RFA quatrième avec 40 médailles.

Les crises réprimées par la force

La mort de Staline, en 1953, donne dans plusieurs pays le signal du déclenchement de mouvements ouvriers résultant avant tout de difficultés économiques. D'autres contestations, plus politiques et nées au sein même du parti communiste agiteront plus tard la Hongrie, la Pologne et la Tchécoslovaquie. Ces pays et la RDA revêtent pour Moscou une importance considérable par rapport aux autres pays satellites : leur situation géographique directement face à l'Ouest est stratégique, et leur poids économique est prépondérant au sein du bloc de l'Est. Pour ces raisons, l'URSS ne prendra jamais le risque de les laisser basculer hors de son contrôle, quitte au besoin à employer la force militaire. En revanche, les Soviétiques laisseront, après la rupture sino-soviétique, l'Albanie s'allier à la République populaire de Chine maoïste, et adopter un positionnement autarcique. Ils laisseront aussi la Roumanie de Nicolae Ceaușescu prendre une certaine autonomie vis-à-vis du Pacte de Varsovie et en politique étrangère.

Les mouvements ouvriers de 1953
Article détaillé : Insurrection de juin 1953 en Allemagne de l'Est.

L'augmentation à marche forcée de la production industrielle et la collectivisation agricole épuisent le peuple et ne lui bénéficient que peu. La transition politique en URSS crée une période d'incertitudes propice aux contestations. Des grèves vont éclater dans plusieurs pays [26] : à Plovdiv et Khaskovo en Bulgarie qui est pourtant le plus fidèle allié de l'URSS, le 3 mai 1953 des grèves éclatent ; des grèves éclatent également en Hongrie et en Roumanie ; peu après en Tchécoslovaquie à Plzen et dans plusieurs villes de violentes manifestations se déroulent les 1er et 2 juin 1953.

Mais les évènements les plus graves se produiront en RDA. D'abord à Berlin puis dans d'autres villes, des émeutes éclatent en juin 1953. Elles font suite à la décision prise par Ulbricht d'augmenter de 10 % les normes de production industrielle, en contradiction avec les nouvelles orientations du Kremlin. Elles seront réprimées brutalement par l'armée soviétique [27]. Tous ces mouvements, rapidement circonscrits par un mélange de compromis et de répression, inquiètent les autorités soviétiques car elles voient bien que très vite les slogans des manifestants ont dépassé les revendications économiques pour se situer sur le terrain de la contestation politique.

Crise de Budapest en 1956
Article détaillé : Insurrection de Budapest.

Ce qui reste dans l'histoire comme l'insurrection de Budapest est une véritable révolution à l'échelle du pays, devenue tragédie sans égale dans l'histoire du bloc de l'est, dès lors que les soviétiques entreprennent de la briser par une intervention militaire qui fera des milliers de victimes [28].

La déstalinisation a pourtant commencé en Hongrie dès juillet 1953 avec l'éviction de Mátyás Rákosi par les soviétiques qui installent Imre Nagy comme Premier ministre. Mais Rákosi réussit à reprendre le pouvoir en contraignant ce dernier à la démission, le 18 avril 1955, et poursuit une politique sécuritaire et répressive. Mais ces orientations ne sont pas conformes au cours de la déstalinisation ; aussi, Mikoyan et Souslov arrivent à Budapest, le 17 juillet 1956, et imposent la démission de Rákosi qui réussit cependant à faire nommer à sa place Ernő Gerő, également conservateur. Quelques modérés, dont notamment János Kádár, entrent cependant au Bureau Politique dont Imre Nagy reste exclu. Pendant les trois mois qui suivent la contestation et la confusion se développent.

La révolte proprement dite commence, le 23 octobre 1956, par une manifestation étudiante à Budapest qui entraîne la chute du gouvernement et le retour de Imre Nagy comme Premier ministre. Dans le même temps, Gerő fait appel aux troupes soviétiques pour rétablir l'ordre. Après quelques jours d'hésitation, Moscou décide d'intervenir massivement le 4 novembre. Nagy se réfugie à l'ambassade de Yougoslavie. János Kádár, nommé Premier secrétaire du Parti le 25 octobre, parvient à apparaître comme l'homme capable de concilier certaines des aspirations du pays et son maintien dans le bloc soviétique. Il cumule, à partir du 4 novembre 1956, la direction du parti et du Gouvernement. Il dirigera la Hongrie jusqu'en 1988.

Soulèvement de Poznan en 1956
Articles détaillés : Soulèvement de Poznań en 1956 et Octobre polonais de 1956.

Le décès à Moscou de Bolesław Bierut, le 12 mars 1956, pendant le XXe Congrès du PCUS ouvre des débats difficiles au sein du Parti ouvrier unifié polonais (POUP) sur la ligne à suivre et la désignation d'un successeur [29]. Le Plenum du Comité Central du POUP va se réunir trois fois en quelques mois, marquant les temps politiques forts de la crise qui va secouer le pays. Le 21 mars 1956, le VIe Plenum élit Edward Ochab pour le remplacer. Des émeutes vont éclater à Poznań le 28 juin 1956 ; elles seront réprimées par l'armée polonaise sous les ordres du général russe Stanislav Poplavsky et du Maréchal Konstantin Rokossovski, Ministre de la Défense d'origine polonaise mais vu comme un russe par les polonais. Pour autant l'agitation ne cesse de croître dans le pays, ce qui conduit à l'issue du VIIe Plenum tenu en juillet à des annonces importantes pour reprendre l'initiative : tenue d'élections générales dès le 16 décembre, obtention d'un prêt auprès de l'URSS, rattachement de l'administration pénitentiaire au ministère de la justice et rapatriement de polonais détenus en URSS. L'agitation et les débats d'idées continuent de se développer, beaucoup demandent le retour de Gomulka. La tension culmine entre les 19 et 21 octobre, Władysław Gomułka est élu Premier secrétaire du POUP au cours du VIIIe Plenum, sur un programme alliant réformisme et fidélité à l'Union Soviétique. À son retour de Moscou, le 19 novembre, Gomulka reçoit un accueil presque triomphal à Varsovie. Il avait conclu un nouveau pacte avec l’U.R.S.S. Le Kremlin lui avait donné l’assurance qu’il pourrait continuer sa politique de libéralisation et de démocratisation dans le cadre du communisme national polonais. Le nouveau chef du POUP se voit ainsi récompensé de la tactique prudente et habile qu’il a adoptée depuis sa réhabilitation, exactement un mois plus tôt. Il a évité à son pays le terrible sort de la Hongrie [30].

Le Printemps de Prague en 1968
Article détaillé : Printemps de Prague.

Antonín Novotný dirige la Tchécoslovaquie, depuis 1951, selon un modèle très stalinien. La situation économique et sociale difficile au début des années 1960 l'oblige à lâcher un peu de lest sur le plan des libertés à partir de 1963 et à lancer une réforme économique au début de 1967. Mais dans un pays de forte tradition libérale et démocratique, la contestation va se développer dans les milieux intellectuels et au sein même du Parti communiste tchécoslovaque (PCT) : en octobre 1967, Alexander Dubček conteste ouvertement Novotný au cours d'une réunion du Comité Central[31] et finit par obtenir le soutien de Léonid Brejnev. Le 5 janvier 1968, il remplace Novotný à la tête du Parti. Des réformes politiques importantes sont rapidement lancées afin d'instaurer un socialisme à visage humain et la liberté de la presse est rétablie. Les réformateurs deviennent plus audacieux et radicalisent leurs positions. Le 27 janvier 1968, l'écrivain Ludvík Vaculík publie un appel à la démocratie, le manifeste « Deux mille mots qui s’adressent aux ouvriers, aux agriculteurs, aux fonctionnaires, aux savants, aux artistes, à tous »[32].

À partir du mois de mai 1968, Brejnev s'inquiète fortement de la perte de contrôle de la situation par le PCT, engage des négociations avec le nouveau pouvoir tchèque, et obtient le soutien de certains dirigeants de l'Est qui craignent la propagation de ce vent de démocratisation à leur pays. Malgré les assurances données par Dubček en plusieurs occasions, des troupes du Pacte de Varsovie, essentiellement soviétiques, envahissent le pays dans la nuit du 20 au 21 août 1968, mettant fin au printemps de Prague[33]. Le gouvernement donne l'ordre à l'armée de ne pas résister, mais d'importantes manifestations ont lieu qui contraignent Moscou à opérer de manière progressive. Dubček conserve un temps l'apparence de sa fonction, mais le pouvoir réel passe entre les mains de Gustáv Husák qui devient Premier Secrétaire du PCT, le 17 avril 1969. Au cours du processus connu sous le nom de « normalisation », les destitutions seront nombreuses à tous les échelons, des procès seront organisés et toutes les réformes politiques annulées, revenant ainsi à une stricte orthodoxie qui durera pendant les 20 ans qui suivront jusqu'à la chute du régime en 1989.

Afin de légitimer l'intervention de Moscou, la Pravda publie, le 26 septembre 1968, un article dont le contenu devient connu sous le nom de doctrine Brejnev, qui affirme le droit d'intervention de la communauté socialiste en cas de danger contre-révolutionnaire [34].

Mouvements sociaux et émergence de Solidarność en Pologne (1970, 1976, 1980-1981)
Article détaillé : Solidarność.

À la fin des années 1960, la situation économique et le climat politique se dégradent en Pologne. Faisant suite à l'annonce de l'augmentation brutale du prix des denrées alimentaires, des grèves éclatent le 14 décembre 1970 et les jours suivants dans plusieurs villes du pays. Leur répression brutale fait des dizaines de victimes. Władysław Gomułka qui semble perdre le contrôle de la situation est remplacé, le 20 décembre, par Edward Gierek avec le soutien de Moscou qui ne voit pas de solution par la force au conflit. La nouvelle équipe de Gierek annonce immédiatement l'annulation des mesures d'augmentation des prix et l'ouverture d'un « franc dialogue » avec la classe ouvrière[35].

Cinq années plus tard, le pays renoue avec les difficultés économiques entraînant le réveil de la société civile des ouvriers et de l'intelligentsia, associés sur le terrain des revendications économiques et des droits de l'homme. La répression brutale des grèves et manifestations, de juin 1976, à Radom et Ursus, rencontre un très fort écho chez les intellectuels qui créent, le 23 septembre 1976, le Comité de Défense des Ouvriers (KOR). Durant les mois qui suivent, plusieurs organisations indépendantes ainsi que des journaux voient le jour, affirmant ouvertement leur opposition aux autorités en place [36].

La visite du pape Jean-Paul II, le 2 juin 1979, donne lieu à une explosion de ferveur religieuse et d'unité nationale qui démontre le déclin du communisme. L'économie chute lourdement dans les années 1978-1980. Comme en 1956, 1970 et 1976, la baisse du niveau de vie sera le déclencheur final de la crise : le 10 juillet 1980 une grève générale éclate à Lublin, qui s'étend bientôt à d'autres villes dont notamment l'emblématique Gdansk, berceau de la révolte de 1970. Des négociations s'engagent entre le MKS (Comité de grèves inter-entreprises) et le gouvernement, conduisant aux accords de Gdansk du 31 août 1980, dont naîtra le syndicat Solidarność qui sera dirigé par Lech Wałęsa[37].

Bien que la direction de Solidarność essaie de tenir une ligne modérée, les revendications s'étendent à d'autres catégories de la population, comme les agriculteurs, et le gouvernement ne parvient pas à stabiliser la situation. Le général Wojciech Jaruzelski devient Premier ministre, le 11 février 1981, puis cumule cette fonction avec celle de Premier secrétaire du Parti à partir du 18 octobre de la même année. Les soviétiques continuent de laisser planer la possibilité d'une intervention militaire [38],[39]. Finalement, la Loi martiale est décrétée par le général Jaruzelski, le 13 décembre 1981, et 10 000 militants de Solidarnosc, dont Lech Walesa, sont arrêtés.

Les répercussions de la rupture entre Moscou et Pékin sur les démocraties populaires

Article détaillé : Rupture sino-soviétique.

Mao Zedong juge Moscou trop conciliant avec l'Ouest et s'estime porteur de la vraie tradition révolutionnaire marxiste-léniniste [40]. Le fossé s'élargit progressivement entre les deux Grands du monde communiste. La rupture intervient, à l'été 1960, avec le retrait de l'aide soviétique à la Chine. Les démocraties populaires sont avant tout dépendantes de Moscou et elles trouvent dans cette rupture une opportunité de s'émanciper un peu de la tutelle des soviétiques, occupés à traiter la situation en Asie. Cependant leur commerce avec la Chine va s'en trouver affecté. Elles adopteront dans l'ensemble une ligne prudente officiellement alignée sur Moscou, mais sans aller à la rupture avec Pékin.

L'Albanie, la plus pauvre des démocraties populaires, fera exception que son leader Enver Hoxha placera, dès l'été 1959, dans la dépendance et sous la protection de la Chine.

Un autre pays, la Roumanie profitera de cette situation et des difficultés de Khrouchtchev, faisant suite à ses échecs à Berlin et Cuba en 1961-1962, pour refuser une tentative de plus forte centralisation des décisions économiques à Moscou et peu à peu gagner une position d'autonomie sans pour autant se mettre en retrait de l'appartenance globale au monde communiste, un peu comme de Gaulle le fera vis-à-vis des États-Unis.

Ouverture à l'Ouest (années 1970)

Politique de détente Est-Ouest

1973 voit l'ouverture de la CSCE et le lancement d’un dialogue multilatéral est-ouest en matière de coopération et de sécurité européennes appelé « processus d’Helsinki », qui s'inscrit dans la phase dite de « dégel » dans les relations entre l’Europe occidentale et le bloc communiste. En 1975, l'Acte final d’Helsinki qui arrête le périmètre et les principes d’action de la CSCE est signé.

Ostpolitik (1969-1973)

L'Ostpolitik est la politique d'ouverture vers les pays d'Europe de l’Est et l'URSS menée, à partir d'octobre 1969 jusqu'en 1973, par le gouvernement ouest-allemand dirigé par le Chancelier Willy Brandt à qui elle valut le Prix Nobel de la paix en 1971. Les traités signés dans ce cadre entérinent les frontières issues de la seconde guerre mondiale, notamment la Ligne Oder-Neisse et aboutissent à une reconnaissance mutuelle de la RFA et de la RDA qui deviendront membres de l'ONU en 1973.

Effondrement des régimes communistes (1985-1989)

Article détaillé : Chute des régimes communistes en Europe.
Les principaux dirigeants du bloc de l'Est en 1987 : Gustáv Husák, Todor Jivkov, Erich Honecker, Mikhaïl Gorbatchev, Nicolae Ceaușescu, Wojciech Jaruzelski et János Kádár.

L'effondrement du communisme procède d'un ensemble de causes dont le dosage a été très différent d'un pays à l'autre. Le plus remarquable demeure que ces évènements se sont déroulés pratiquement sans effusion de sang et sur une période très courte centrée sur l'année 1989. Les facteurs externes ont joué, le plus évident étant la rupture dans la politique soviétique provoquée par l'arrivée de Gorbatchev au pouvoir en 1985. Mais les facteurs internes ont été prépondérants, combinant prise de conscience par un certain nombre de dirigeants communistes de l'échec économique et social du système mis en place 40 ans plus tôt, dissidence des intellectuels encouragée par la CSCE ou révolte de la société civile ouvrière ou paysanne.

Gorbatchev renonce à la doctrine Brejnev dès son arrivée au pouvoir

En tant que premier secrétaire du Parti, Gorbatchev organise des réformes politiques, la Glasnost, et économiques, la Perestroïka, pour faire face à l'impasse dans laquelle le système communiste s'est engagé et dont il pense que seules des réformes importantes permettraient de sortir.

Sur le plan de la politique étrangère également, Gorbatchev engage dès son arrivée au pouvoir une politique de détente et de désarmement avec les pays occidentaux. En ce qui concerne les pays frères d'Europe de l'Est, dès le 13 mars 1985 lors des obsèques de Tchernenko, Mikhaïl Gorbatchev indique que l'Union soviétique n'interviendra pas pour réprimer les mouvements qui agitent l'Europe de l'Est, marquant ainsi l'abandon de la doctrine Brejnev [41]. Il réitérera à plusieurs reprises ce changement radical de politique, lors d'une réunion du Pacte de Varsovie, en avril 1985, ou bien encore le 6 juillet 1989, à l'occasion d'un discours devant le Conseil de l'Europe [42].

Les dirigeants historiques est-européens s'accrochent à leur pouvoir

L'annonce faite par Gorbatchev n'est pas accueillie positivement par les dirigeants historiques des pays d'Europe de l'Est. D'une part, la crainte d'une intervention soviétique s'estompant ne peut qu'encourager les opposants à oser aller plus loin dans leurs revendications. D'autre part, la volonté de réforme économique et politique affichée par le Kremlin favorise les éléments réformateurs des Partis communistes, propre à déstabiliser les dirigeants qui s'appuient sur les conservateurs.

Josip Broz Tito Gustáv Husák Alexander Dubček Antonín Novotný Rudolf Slánský Klement Gottwald Nicolae Ceaușescu Gheorghe Gheorghiu-Dej Wojciech Jaruzelski Edward Gierek Władysław Gomułka Bolesław Bierut János Kádár Mátyás Rákosi Todor Jivkov Erich Honecker Walter Ulbricht Ramiz Alia Enver Hoxha Mikhaïl Gorbatchev Léonid Brejnev Nikita Khrouchtchev Joseph Staline

C'est dans cette ligne de conduite [43] que s'inscrit le dirigeant est-allemand Erich Honecker lorsqu'il déclare, le 2 décembre 1988, lors du VIIe Congrès du Comité central, que « le SED savait depuis longtemps qu'il n'y avait aucun modèle valable pour tous les pays socialistes »[44].

Les grèves massives en Pologne (printemps - été 1988), point de départ de la désagrégation

En l'espace d'un an, par un effet de domino spectaculaire, les régimes communistes vont partout tomber. Le premier pays à entrer dans le processus de désagrégation du pouvoir en place est la Pologne où des manifestations étudiantes se déclenchent en mars 1988. À partir du 25 avril, de très importantes grèves ouvrières prennent le relais. À l'été 1988, une nouvelle vague de grèves, plus importante, parcourt les mines du pays. Le gouvernement est contraint de faire appel à Lech Wałęsa comme négociateur pour calmer les grèves. Le 18 décembre, Wałęsa forme les Comités citoyens Solidarité (Komitet Obywatelski Solidarność) : Solidarność sort de l'illégalité.

La chute des pouvoirs communistes

Pologne : La situation politique en Pologne donne le coup d'envoi à la chute des régimes communistes en Europe. Du 6 février au 4 avril 1989, le gouvernement mène avec l'opposition les pourparlers dits de la « Table Ronde polonaise ». Un accord est finalement trouvé, prévoyant des élections législatives semi-libres. Le 4 juin, les élections voient le triomphe de Solidarność, dont les candidats remportent 99 % des sièges au Sénat et 35 % des sièges à la Diète. Solidarność refuse tout accord de coalition avec le Parti ouvrier unifié polonais. Jaruzelski est contraint de nommer Premier ministre Tadeusz Mazowiecki, qui est investi le 19 août par la Diète à une écrasante majorité. En décembre, le Parlement polonais élimine de la constitution toute référence au rôle dirigeant du parti, le pays reprenant le nom officiel de République de Pologne (Rzeczpospolita Polska). Le 30 janvier 1990, le Parti ouvrier unifié polonais s'auto-dissout. Wojciech Jaruzelski, privé de tout pouvoir, démissionne : le 23 décembre 1990, Lech Wałęsa est élu président de la République, dans un scrutin tenu cette fois au suffrage universel.

Hongrie : Emboîtant le pas à la Pologne, la Hongrie sera le second pays à s'engager sur la voie de la démocratisation. Contrairement à la Pologne où cette dynamique résulte d'un affrontement entre la société civile et le pouvoir en place, c'est au sein même du parti communiste qu'émergera le changement. En mai 1988, János Kádár, âgé de 76 ans et malade, cède sa place. Les cadres réformateurs prennent progressivement le contrôle du Parti socialiste ouvrier hongrois qui accepte le principe du multipartisme dès février 1989. Le 2 mai 1989, les barbelés à la frontière austro-hongroise commencent à être démantelés. Les protagonistes de l'insurrection de Budapest de 1956 sont réhabilités : en juin 1989, Imre Nagy reçoit des funérailles officielles. Le 16 octobre, le parlement hongrois ouvre une session historique, au terme de laquelle le principe des élections libres est adopté et la constitution radicalement révisée. Les premières élections législatives libres se tiennent le 24 mars 1990 ; elles sont remportées par le forum démocrate hongrois, parti de tendance conservatrice et nationaliste. L'ancien parti communiste, le parti socialiste hongrois n'obtient que 10 % des suffrages.

Allemagne de l'Est (RDA) : Entre septembre 1989 et mars 1990 ont lieu les « manifestations du lundi » (Montagsdemonstrationen), particulièrement à Leipzig, au cours desquelles les Allemands de l'Est réclament des réformes et notamment la liberté de circulation vers l'Ouest. Le conseil des ministres de la RDA démissionne le 8 novembre 1989, suivi par le Politbüro le 9 novembre. Dans la soirée du , Günter Schabowski, membre du comité central du SED, annonce la levée de toutes les restrictions de voyage et l'ouverture des frontières, provoquant un afflux de personnes aux postes de passage le long du mur de Berlin, puis l’ouverture du mur. Le 13 novembre, le parlement de la RDA (Volkskammer) élit Hans Modrow au poste de Ministre-président. Gorbatchev déclare que la réunification est une question que les Allemands doivent régler entre eux. La mention du rôle particulier du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, « Parti socialiste unifié d'Allemagne »), est retirée de la constitution. À partir du 7 décembre, le nouveau gouvernement dirigé par Modrow accepte de discuter avec les nouveaux groupes d'oppositions et les Églises lors d'une « table ronde centrale ». Les principales revendications des opposants portent sur la démocratisation du régime, la tenue d'élections libres et la dissolution du Ministère de la Sécurité d'État (Ministerium für Staatssicherheit, plus connu sous l'acronyme de « Stasi »). Des élections libres tenues le 18 mars 1990, conduisent à ce que le Parti socialiste unifié d'Allemagne perde le contrôle majoritaire de la Chambre du peuple (le Parlement est-allemand). Le 23 août, la nouvelle assemblée vote l’extension de la Loi fondamentale de la République fédérale d'Allemagne aux territoires de la RDA à effet du et par conséquent la disparition de la République démocratique allemande.

Tchécoslovaquie : Au moment de la Perestroïka, la direction du parti ne fait aucune concession en matière de libertés politiques, ne proposant que des réformes économiques. À partir de 1988, vingtième anniversaire du printemps de Prague, le pays connaît une importante effervescence politique. Les pétitions réclamant la liberté politique et religieuse se multiplient. En janvier 1989, le vingtième anniversaire de la mort de Jan Palach entraîne d'importantes manifestations. En novembre, l’opposition se regroupe au sein d’un Forum civique sous l'impulsion de Václav Havel; les syndicats se joignent au mouvement. Le régime apparaît dépassé et, le 24 novembre, la direction du Parti communiste tchécoslovaque démissionne collectivement. Le 28 novembre, l'assemblée fédérale abolit l'article de la constitution stipulant la prédominance du Parti. Le 28 décembre, Alexander Dubček est élu à la tête du parlement et le 29 décembre, Václav Havel est élu Président de la République. Les élections du 8 juin 1990 assurent la victoire du Forum civique et des anciens partis d'opposition.

Tableau synoptique de la chute des pouvoirs communistes
Pays Accord politique d'abandon du mono-partisme Tenue des premières élections semi-libres ou libres
République populaire de Pologne
République populaire de Hongrie
République socialiste tchécoslovaque
République démocratique allemande
République fédérative socialiste de Yougoslavie
République populaire de Bulgarie
République populaire socialiste d'Albanie
République socialiste de Roumanie

Bulgarie : En novembre 1989, une importante pollution au chlore dans la région de Roussé, provenant d'une usine roumaine située à Giurgiu, entraîne le déclenchement d'importantes manifestations en Bulgarie pour protester contre la situation écologique désastreuse du pays. Des groupes dissidents comme le club pour le soutien de la perestroïka et de la glasnost puis, en 1989, Podkrepa et Ekoglasnost, se forment progressivement. Jivkov, âgé de 79 ans, apparaît dépassé : au sein du Parti communiste bulgare, les réformateurs prennent le contrôle. Le 10 novembre 1989, au lendemain de la chute du mur de Berlin, Jivkov est démis de toutes ses fonctions par le parti. En février 1990, le Parti communiste décrète la fin du régime avant de s'auto-dissoudre, le 3 avril 1990, et de devenir le Parti socialiste bulgare ; il remportera les premières élections libres, le 10 juin 1990. Le 15 novembre 1990, le parlement invalide la constitution de 1974 et supprime l'adjectif populaire du nom officiel du pays, qui devient la République de Bulgarie[45].

Roumanie : Alors que les régimes les plus proches de l'Union soviétique tombent tous les uns après les autres, la relative indépendance de la Roumanie rend sa situation différente. Le ressentiment envers le couple Ceaușescu et le désir de changement face à la situation désastreuse du pays amènent une partie des cadres du Parti à souhaiter la chute du dictateur. Le 17 décembre 1989, les forces de l'ordre tirent contre des manifestants à Timișoara. Le 21 décembre, un rassemblement de soutien au régime est organisé à Bucarest mais la foule se met d'un coup à huer Ceaușescu. La capitale est bientôt en proie à l'insurrection : des affrontements ont lieu, mais l'essentiel des forces armées fraternise avec les insurgés. Le 22 décembre, Ion Iliescu, ancien dirigeant communiste marginalisé au sein du parti, décrète la formation d'un gouvernement provisoire au nom du Front de salut national. Nicolae et Elena Ceaușescu prennent la fuite en hélicoptère et sont capturés quelques heures plus tard. Le Parti communiste roumain est dissous et la fin du système de parti unique est décrétée. Le 25 décembre 1989, les époux Ceaușescu sont fusillés dans une caserne proche de Bucarest après un simili-procès. Le 20 mai 1990, le Front de Salut national remporte les élections législatives et présidentielles, Ion Iliescu devenant président de la République.

Article détaillé : Révolution roumaine de 1989.

Albanie : L'Albanie est le dernier bastion communiste à ignorer les réformes, mais le mécontentement s'accroît dans la population : en décembre 1990, cinq mille Albanais fuient le pays à travers la Grèce. Ramiz Alia, conscient de la nécessité d'un changement pacifique, autorise le multipartisme le 11 décembre. Le Parti démocrate d'Albanie est formé le lendemain. Le 20 février 1991, alors que la situation dans tout le pays est instable et que des affrontements armés ont éclaté dans certaines villes, des dizaines de milliers de manifestants envahissent Tirana : la statue monumentale d'Enver Hoxha est abattue. Le 31 mars 1991, l'Albanie tient ses premières élections libres, où le Parti du travail d'Albanie remporte la majorité.

Explosion de la Yougoslavie

Article détaillé : Ligue des communistes de Yougoslavie.
Carte de l'ancienne Yougoslavie

L'après-Tito : En , Tito, âgé de 87 ans et gravement malade, est hospitalisé. Il meurt le 4 mai 1980 après une longue agonie. Après son décès, le poste de Chef de l'État est assuré selon un système de présidence tournante : les dirigeants de chaque République assument à tour de rôle, en se succédant chaque année, le poste de Président de la Présidence de la République. La Ligue des communistes de Yougoslavie, dont Tito était demeuré le chef jusqu'au bout, adopte le même mode de fonctionnement décentralisé. La Yougoslavie n'a plus de pouvoir exécutif central fort ; les difficultés économiques persistent, la décentralisation et l'autogestion contribuant à ralentir les prises de décisions. Les tensions entre les différentes nations de la république s’accroissent. Conflit des nationalités : En 1986, Slobodan Milošević devient chef de la Ligue des communistes de Serbie, et contribue à une critique en règle de la bureaucratie et du système politique, appelant à une « réforme sociale ». Sa politique est également nationaliste et proteste contre le sort fait aux populations serbes du Kosovo. Les Serbes manifestent également en Croatie et en Bosnie-Herzégovine, tandis que les tensions ethniques s'accroissent. Le parlement serbe vote la réintégration du Kosovo et de la Voïvodine au sein de la République serbe. En Slovénie, les appels à la démocratisation se multiplient en 1988, nullement réprimés par l'appareil communiste local. En décembre 1989, le parlement slovène légalise les partis politiques ; la Croatie s'engage vers la même voie et vote le multipartisme en janvier 1990[46].

Premières élections libres : Le 20 janvier 1990, la Ligue des communistes de Yougoslavie se réunit à Belgrade et annonce « la fin du socialisme autoritaire » ainsi que le passage à une économie mixte. En avril 1990, la Slovénie organise des élections libres : l'opposition remporte une victoire massive, les communistes ne recueillant que 17 % des suffrages. Le même mois, la Croatie vote également, l'Union démocratique croate de Franjo Tuđman remportant la victoire. Dès septembre, les Serbes de Croatie commencent à multiplier les protestations publiques. En Serbie, les communistes fusionnent en juillet avec l'Alliance socialiste pour devenir le Parti socialiste de Serbie, qui remporte les élections de décembre, boycottées par les Albanais, tandis que Slobodan Milošević est élu au suffrage universel Président de la République socialiste de Serbie. Au Monténégro, proche allié de la Serbie, le président sortant Momir Bulatović est réélu avec 77 % des voix au second tour. En Bosnie-Herzégovine, les élections se tiennent du 10 novembre au 9 décembre ; le Parti d'action démocratique, fondé en mai par Alija Izetbegović et représentant les Musulmans, remporte la majorité. En Macédoine, les réformistes, alliés aux communistes, remportent le plus grand nombre de sièges, mais pas la majorité absolue : le VMRO, nationaliste, devient le parti le plus important [47].

Éclatement de la fédération : La Yougoslavie a encore un gouvernement fédéral, dirigé par Ante Marković mais le , les républiques de Croatie et de Slovénie proclament leur indépendance, marquant le début de longues années de guerre.

Histoire militaire du Bloc de l'Est

Occupation des pays d'Europe de l'Est par les troupes soviétiques

À la fin de la seconde guerre mondiale, les Soviétiques réorganisent leurs armées dans les territoires occupés, en remplaçant les « fronts » par des « Groupes de forces »:

  • Le « Groupe des Forces Soviétiques en Allemagne » (1949–88) (russe : Группа советских войск в Германии, ГСВГ) rebaptisé Groupe « Ouest » en 1989, stationné dans la zone soviétique d'occupation de l'Allemagne ;
  • Le Groupe « Central » en Autriche et en Hongrie de 1945 à 1955, qui sera ensuite réactivé à partir de 1968 en Tchécoslovaquie ; durant cette seconde période, il compte environ 85 000 hommes, organisés en 5 Divisions et des unités de missiles nucléaires ;
  • Le Groupe « Nord » en Pologne ;
  • Le Groupe « Sud » en Roumanie et Hongrie.

Occupation de l'Allemagne par les troupes soviétiques

Les nouvelles frontières de l'Allemagne. En rouge : la zone d'occupation soviétique en Allemagne (future RDA). En rose : parties de l'Allemagne annexées par l'URSS pour elle-même et pour la Pologne suivant le tracé de la ligne Oder-Neisse.

La zone d'occupation soviétique en Allemagne (allemand : Sowjetische Besatzungszone (SBZ) or Ostzone; russe : Советская оккупационная зона Германии, Sovetskaya okkupatsionnaya zona Germanii, « Soviet Occupation Zone of Germany ») est l'une des quatre zones d'occupation de l'Allemagne par les Alliés à la chute du IIIe Reich en mai 1945. Cette zone devient la République démocratique allemande le 7 octobre 1949. Appliquant en cela les accords de Potsdam, cette zone était entièrement sous contrôle d'une Administration Soviétique, connue sous l'acronyme SMAD (allemand : Sowjetische Militäradministration in Deutschland).

La SMAD autorise quatre partis politiques, à qui sont fait obligation de constituer ensemble une coalition. En avril 1946, le Parti social-démocrate d'Allemagne (SPD) et le Parti communiste d'Allemagne (KPD) fusionnent pour former le Parti socialiste unifié d'Allemagne SED qui devient plus tard le parti de gouvernement de la RDA. Le NKVD puis le MVD installent des camps spéciaux, sous contrôle soviétique, dans leur zone d'occupation en Allemagne, de mai 1945 à mars 1950, parfois en utilisant d'anciennes installations de camps de concentration nazis.

Staline veut initialement faire tomber la totalité de l'Allemagne sous son contrôle, mais il se rend rapidement compte que les Alliés occidentaux ne laisseront pas faire. Il semble qu'il n'ait jamais envisagé l'option militaire pour atteindre cet objectif, malgré la supériorité des forces conventionnelles soviétiques. Les forces armées Soviétiques stationnées en Allemagne constituent pendant toute la guerre froide la menace la plus importante à laquelle l'OTAN se prépare à faire face en cas de guerre. Une partie de ces forces y demeure selon les accords passés en 1991 de réunification de l'Allemagne à la suite de la chute des régimes communistes jusqu'en 1994.

En 1957, un accord entre l'Union soviétique et la RDA donne un cadre légal à la présence du Groupe des Forces Soviétiques en Allemagne. Cet accord précise que ces forces ne doivent pas interférer dans les affaires internes de l'Allemagne de l'Est, comme cela avait été le cas lors des émeutes de 1953 à Berlin. En 1991, elles sont fortes de 338 000 hommes au sein de 24 Divisions, organisées en 5 armées blindées et d'une armée aérienne, comptant environ 4,200 tanks, 690 avions et 180 lanceurs de missiles à capacité nucléaire. Le commandement de ces forces d'élite est confié à de prestigieux maréchaux, comme Gueorgui Joukov, Vassili Sokolovski, Vassili Tchouïkov, Andreï Gretchko, qui deviennent pour certains Ministre de la Défense de l'Union Soviétique.

Le Pacte de Varsovie

Article détaillé : Pacte de Varsovie.
  •      Bloc de l'Ouest, pays de l'OTAN
  •      Bloc de l'Est, pays du Pacte de Varsovie
  •       Rideau de fer
  •      Pays neutre
  •      Mouvement des non-alignés
  • L'Albanie finit par rompre avec l'Union soviétique pour s'aligner sur la Chine populaire.

    Cette alliance militaire constitue la riposte de Moscou à l'entrée de l'Allemagne dans l'OTAN. Les pays signataires du Pacte de Varsovie sont tous les pays du Bloc de l'Est : Albanie, Bulgarie, Roumanie, Allemagne de l'Est, Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie, à l'exception de la Yougoslavie. Les accords de Paris, d'octobre 1954, ouvrent les portes à l'entrée de la RFA dans l'OTAN : en réponse, l'Union soviétique organise, en novembre 1954, à Moscou, avec les pays du bloc de l'Est une conférence de la paix et de la sécurité en Europe dont l'objet est de menacer les occidentaux d'organiser une alliance militaire en rétorsion. Les occidentaux ne plient pas. Le 14 mai 1955 est signé à Varsovie un traité liant d'alliance militaire entre l'Union soviétique et six pays d'Europe de l'Est, auxquels s'adjoindra la RDA le 27 janvier 1956[48].

    Ce traité sera complété par des traités bilatéraux entre l'Union Soviétique et chacun des pays signataires du Pacte afin de renforcer les liens et de donner un cadre légal au maintien de troupes soviétiques sur le sol de plusieurs de ces pays.

    C'est au nom de ces traités que les troupes soviétiques interviendront en Hongrie en 1956 et en Tchécoslovaquie en 1968.

    Effectifs des forces armées du Pacte de Varsovie en 1989
    Pays Forces du pays Forces soviétiques Désignation des forces soviétiques
    Allemagne de l'Est 173 000 380 000 Groupe de forces Ouest
    Bulgarie117 000
    Hongrie 91 000 65 000 Groupe de forces Sud
    Pologne412 000 40 000 Groupe de forces Nord
    Roumanie171 000
    Tchécoslovaquie200 000 70 000 Groupe de forces Centre
    TOTAL 1 164 000 555 000

    La nucléarisation du théâtre militaire européen

    L'arme nucléaire ne fait pas tout de suite l'objet d'un déploiement opérationnel après les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki. La définition de sa doctrine d'emploi et la mise au point des vecteurs capables de la rendre employable dans des conditions opérationnelles aboutissent, vers 1953, avec le déploiement en Europe des premières armes nucléaires tactiques.

    Jusque-là seuls les américains pouvaient agiter la menace de l'emploi des armes nucléaires, ce qui est fait en une seule occasion lors du blocus de Berlin en 1948 - 1949 : des bombardiers stratégiques B29 sont dépêchés en Angleterre, geste purement politique, car ils ne sont pas équipés de bombes atomiques.

    Les armes nucléaires stratégiques des soviétiques n'ont pas immédiatement la capacité à atteindre les États-Unis depuis le sol russe. Aussi la dissuasion soviétique s'appuie initialement sur des armes à portée intermédiaire capables d'atteindre l'Europe. Ces armes sont aussi à l'origine de la Crise des missiles de Cuba d'où elles menacent directement le sol américain. En deux occasions au moins, les dirigeants soviétiques brandissent la menace de leur emploi, lors de la Crise du canal de Suez en 1956 et lors de la seconde crise de Berlin qui se conclura par la construction du mur en 1961.

    Les premières armes nucléaires stratégiques de portée intermédiaire déployées en Europe pendant la guerre froide
    Pays Désignation arme Date mise en service Caractéristiques
     États-Unis PGM-17 Thor 1959 Thor fut le premier missile balistique opérationnel de portée intermédiaire (IRBM) au sein de l'US Air Force. Il a été déployé au Royaume-Uni de 1959 à 1963, armé de têtes thermonucléaires.
     Union soviétique R5 (code OTAN : SS-3 Shyster) 1953 Sa portée initiale de 800 km fut portée à 1 200 km, ce qui en fit le premier missile stratégique soviétique, capable d'atteindre de nombreuses cibles en Europe de l'Ouest depuis ses bases de lancement en RDA. Puissance : 30 KT. Précision circulaire : 2 000 m CEP.
     Union soviétique R-12 Dvina (code OTAN : SS-4 Sandal) 1959 Le SS-4 fut l'IRBM soviétique standard jusqu'en 1977. Sa tête nucléaire puissante était destinée à la destruction des villes en Europe. Portée : 2 000 km. Puissance : 1 à 3 MT. Précision circulaire : 2 400 m CEP.

    À partir de 1954, les premières armes nucléaires tactiques sont déployées en Europe par l'armée américaine sur le sol allemand et dans d'autres pays de l'OTAN. Ces missiles à courte portée et ces canons ouvrent la porte à un emploi combiné avec celui des armes conventionnelles.

    Armes nucléaires tactiques déployées en Europe pendant la guerre froide
    Pays Désignation arme Date mise en service Caractéristiques
     États-Unis MGR-1 Honest John 1954 Premier missile non guidé à tête nucléaire déployé en Europe à partir du printemps 1954
     États-Unis MGM-5 Corporal 1955 Déployé en Europe à partir de 1955, opérationnel jusqu'en 1964. Il sera remplacé en Europe par le MGM-29 Sergeant à partir de 1963
     Union soviétique FROG 1 1957 D'une portée de 25 km, le missile FROG 1 non guidé a été produit en 1957 / 1958 en petite quantité.
     Union soviétique FROG 7 1965 Le FROG 7 d'une portée de 68 km a été produit en grandes quantités à partir de 1965. Il a été déployé dans toutes les armées du Pacte de Varsovie

    La crise des euromissiles

    Article détaillé : Crise des euromissiles.

    La crise des euromissiles est la dernière grande crise de l'histoire de la guerre froide sur le continent européen. Elle trouve son origine en 1977 dans le début du déploiement par les soviétiques des nouveaux missiles SS-20 de portée intermédiaire plus précis que les générations précédentes. Elle atteint son apogée, en 1983, avec la décision des occidentaux de déployer les missiles Pershing 2. Les tensions à l'intérieur de l'Europe, entre pacifistes et partisans de la fermeté vis-à-vis de l'URSS d'une part et entre l'Ouest et l'Est sont fortes pendant les années 1980-1985. L'arrivée au pouvoir de Gorbatchev permet de trouver un accord pour l'élimination de ces missiles qui donne lieu à la signature du Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, le 8 décembre 1987, par Gorbatchev et Reagan.

    Histoire économique du Bloc de l'Est

    Article détaillé : Économie de la Tchécoslovaquie.
    Graphique montrant de 1950 à 1989 le PNB de l'URSS, de l'Europe de l'Ouest et de l'Europe de l'Est en % par rapport à celui des États-Unis.

    Le monde communiste n'a pas atteint son but de dépasser économiquement le monde occidental. À la fin des années 1980, le PNB cumulé de l'URSS et du Bloc de l'Est représente toujours environ le tiers de celui des États-Unis et de l'Europe de l'Ouest, selon les études menées en appliquant la méthode Geary-Khamis. Conjuguée avec le fait que l'économie de l'Est est orientée de manière disproportionnée en faveur de l'industrie lourde et de l'armement, cette contre-performance a une forte influence sur le niveau de vie des populations et contribue fortement à la chute des régimes communistes en Europe.

    Organisation économique du bloc de l'Est et COMECON

    Le Comecon (1949-1991) est la réponse soviétique au plan Marshall américain (1947). Censé apporter une aide à la reconstruction aux pays de l'est après les ravages de la Seconde Guerre Mondiale, ce plan oriente en réalité les productions des pays satellites en fonction des besoins de l'URSS. Pendant les premières années, le COMECON joue un rôle très modeste ; la priorité est donnée aux plans quinquennaux et chaque pays se concentre sur sa reconstruction et l'atteinte des objectifs du plan ; Staline préfère les relations bilatérales entre l'Union Soviétique et chaque pays de l'Est. Khrouchtchev va sortir l'organisme de sa léthargie en réunissant son Conseil à Moscou, les 26 et 27 mars 1954, pour la quatrième fois seulement depuis sa création et la première depuis 1950. En réactivant le COMECON, Moscou s'engage sur la voie d'une intégration économique plus poussée à l'échelle de tout le bloc de l'est, selon la thèse qu'une division du travail organisée peut améliorer encore le développement économique. Les pays d'Europe de l'Est sont dans l'ensemble peu enthousiastes, la Roumanie surtout qui finit par faire échouer l'idée au début des années 1960[49],[50]. Le niveau de développement économique varie grandement d'un pays à l'autre ; la Roumanie, dont la production industrielle per capita ne représente que 36 % de celle de la RDA, craint que les projets d'intégration économique la maintienne durablement dans un état de sous-développement. Le leader roumain, Gheorghiu Dej, avec le plein soutien de tout l'appareil communiste de son pays, va empêcher pendant des années l'adoption de ces nouvelles orientations économiques proposées par Moscou et soutenues par les pays les plus riches, en s'appuyant notamment sur les principes de souveraineté nationale et d'indépendance, d'égalité des droits, d'aide fraternelle et de bénéfices mutuels inscrits dans les textes. Les soviétiques renonceront à leurs projets lors de la réunion au sommet des dirigeants du COMECON des 25-26 juillet 1963[51].

    Reconstruction et planification

    Graphique comparant les niveaux de PNB par habitant entre l'Ouest et l'Est

    À l'Ouest comme à l'Est, devant l'ampleur de la tâche de reconstruction de l'économie, de nombreux états mettent en place, peu après le fin de la guerre, des processus de planification pluriannuelle. En France, à l'initiative de Jean Monnet, le Commissariat général du Plan est créé, le 3 janvier 1946, par le Général de Gaulle pour lancer le « plan de modernisation et d'équipement » de l'économie française.

    Adoptant la même approche, la Pologne orchestre la reconstruction de l'économie par un plan à 4 ans (1946-1949)[52] sur lequel l'influence des communistes déjà forte est contrebalancée par celle des socialistes (PPS) en ce qu'il laisse une place importante au secteur privé. Initialement orienté vers une augmentation rapide du niveau de vie des populations, ce plan sera réorienté en cours vers l'industrie lourde en application des consignes soviétiques. En 1946, le PNB de la Pologne n'est plus que la moitié de ce qu'il était en 1938 ; le plan prévoit de dépasser en 1949 le niveau de 1938 ; ce résultat ne sera pas totalement atteint [53], mais la Pologne aura obtenu de meilleurs résultats que les autres démocraties populaires obligées de s'aligner plus tôt sur le modèle soviétique.

    De la même manière, en Hongrie un plan triennal couvrant la période 1947-1949 est mis en place ; mais les nationalisations y sont presque entièrement achevées fin 1947 et l'élaboration du plan y est contrôlée par le parti communiste qui l'oriente prioritairement vers la reconstruction et l'industrie lourde.

    Économie planifiée selon le modèle soviétique

    Graphique comparant les niveaux d'équipements en voitures et en téléphones

    À partir de 1950, chacun des pays d'Europe de l'Est élabore des plans quinquennaux en règle générale destinés à définir les priorités de la production agricole et industrielle, suivant en cela le modèle soviétique. Le premier plan couvre la période 1951-1956, se calquant ainsi sur le calendrier des plans quinquennaux soviétiques : en URSS, après le quatrième plan (1945-1950) axé principalement sur la reconstruction, Staline définit le cinquième plan quinquennal (1951-1956) comme celui qui doit permettre d'atteindre des objectifs ambitieux de développement de l'industrie lourde et des infrastructures de transport.

    En Allemagne de l'Est, le premier plan (1951-1956) est suivi par un deuxième plan (1956-60) orienté davantage à l'instar de ce que Khrouchtchev avait annoncé en 1956, vers les biens de consommation afin de relever le niveau de vie de la population. Ce plan rencontre des difficultés et est remplacé par un plan de 7 ans (1959-65) qui lui-même est loin d'atteindre ses objectifs et doit être abandonné au profit d'une nouvelle politique économique lancée en 1963.

    Tentatives de réformes économiques

    % d'évolution du PNB de 1950 à 1990

    La croissance est au rendez-vous pendant une vingtaine d'années, avec des performances souvent supérieures à celles de l'Ouest jusqu'au milieu des années 1970, ce qui ne veut pas dire pour autant que les objectifs des premiers plans quinquennaux sont toujours atteints et que les dirigeants n'ont pas à faire face à des difficultés voir des crises imposant des réorientations économiques et sociales fortes. Au-delà de l'apparence d'un « bloc » homogène donnée par l'uniformité de leur système politique, la collectivisation des moyens de production et le développement à marche forcée de l'industrie, les divergences dans le système économique des pays de l'Est ne cessent de s'accentuer [54]. Il n'existe par ailleurs pas de lien entre le degré de libéralisation de l'économie et celui de la sphère sociale et politique. En Tchécoslovaquie par exemple, la fin du Printemps de Prague et le retour à l'orthodoxie politique ne se sont pas accompagnés de l'abrogation des principes libéraux de réforme économique définis sous l'ère Dubcek.

    Une première grande vague de réformes économiques a lieu au milieu des années 1960. La réforme menée en Union Soviétique par Kossyguine et Evseï Liberman n'y est pas étrangère. Mais chaque pays suit sa propre voie. En Hongrie et en Pologne [55], des initiatives sont prises pour dynamiser l'économie et donner une place plus importante aux biens de consommation afin de combler les attentes de populations conscientes des succès de l'Ouest en la matière[56]. La réforme économique introduite en Hongrie à partir de 1968, sous le vocable de « Nouveau Mécanisme Économique », connaît un vrai succès puisque le revenu national double en vingt ans. Elle donne une large autonomie au commerce et à l'artisanat. À la fin des années 1980, le secteur privé représente environ 30 % du PIB de la Hongrie. En Pologne, l'équipe d'Edward Gierek tente, au début des années 1970, de développer les échanges commerciaux avec l'Ouest et la production de biens de consommation. Après un succès initial, cette politique tourne court car les importations massives de produits en provenance de l'Ouest conduisent le pays à une quasi banqueroute où trouve sa source le mouvement ouvrier Solidarność. À l'opposé, la Roumanie poursuit résolument une politique axée sur une planification complète de l'économie et l'asséchement du secteur privé [57].

    Principales réformes économiques
    Pays Année Désignation
    URSS 1965 Réforme Kossyguine, ou Liberman
    Allemagne de l'Est (RDA) 1963 « Nouveau système économique de planification et de gestion de l'économie » introduit par Ulbricht lors du VIe congrès du Parti communiste est-allemand en janvier 1963 (en allemand : Neue Ökonomische System der Planung und Leitung (NÖS oder NÖSPL))
    Allemagne de l'Est (RDA) 1974
    1975
    Introduction progressive par Honecker de 10 nouveaux principes économiques, rebaptisés au Xe congrès du Parti d'avril 1981 « Stratégie économique des années 1980 » simultanément avec le lancement du Ve Plan quinquennal [58]
    Hongrie 1968 « Nouveau Mécanisme Économique » introduit par Kádár, limitant le rôle de la planification centrale et redonnant une place importante aux relations de marché entre les entreprises
    Pologne1971 Réforme Gierek : ouverture à l'Ouest, modernisation des moyens de production
    Pologne 1982 Réforme Jaruzelski, faisant suite à la crise majeure des années 1979-1982
    Roumanie 1967 Réforme du modèle de planification économique
    Roumanie 1979 « Nouveau Mécanisme Économique et Financier »
    Tchécoslovaquie 1967 « Nouveau modèle économique »
    Yougoslavie 1950 Introduction de l'autogestion
    Yougoslavie 1965 Réforme visant à accentuer la décentralisation et à atteindre des niveaux de compétitivité élevés sur le marché mondial

    Collectivisation de l'agriculture

    Le monde agricole connaît, sous les régimes communistes, des bouleversements considérables qui traduisent la permanence des difficultés pour nourrir convenablement une population partout en augmentation (sauf en RDA). Le premier temps est, à la Libération en 1945 et 1946, celui des grandes réformes agraires[59]. Puis dans les années 48-52, vient le temps de la collectivisation forcée sous l'impulsion des partis Communistes qui se doivent, comme dans les autres domaines, d'appliquer le modèle du « grand frère » soviétique[60]. Cette politique est difficile à mettre en œuvre, aussi après la mort de Staline dans les années 1953-1956, des mesures de compromis sont prises pour satisfaire en partie les revendications des agriculteurs. Puis la Conférence mondiale des Partis communistes tenue à Moscou, du 14 au 16 novembre 1957, définit une ligne politique générale assez dure et condamne le révisionnisme, donnant ainsi le signal de la reprise dans plusieurs pays de la course à la collectivisation agricole[61].

    Ce schéma général s'applique toutefois avec des différences notables d'un pays à l'autre.

    En Hongrie, la réforme agraire est lancée, dès le 15 mars 1945, par Imre Nagy, alors Ministre de l'agriculture du gouvernement provisoire, qui distribue des terres à plus de 600 000 familles. Amorcée mi-1948, la campagne de collectivisation de l'agriculture progresse avec difficulté, comme le montre la réintroduction d'un rationnement du pain et de la viande, le 15 avril 1951. Le 4 juillet 1953, Imre Nagy remplace Mátyás Rákosi sur ordre des nouveaux maîtres à Moscou et lance aussitôt une « Nouvelle Voie » qui donne aux agriculteurs la possibilité de se retirer des coopératives et réduit les quotas de production agricole. Cette politique conduit à un quasi-retour, en 1956, à la situation de 1948. Cette évolution est brutalement interrompue par la révolution de 1956, rétablissant un régime communiste orthodoxe après l'intervention militaire soviétique. Sur la base de thèses agraires publiées en juillet 1957, la collectivisation de presque toute l'agriculture est menée de 1958 à 1961, selon des modalités toutefois moins drastiques que ce qui a été fait 10 ans auparavant. Dans les années 1960 et 1970, la Hongrie projette une image de réussite économique y compris dans le domaine agricole. Le « Monde Diplomatique » écrit, en juin 1982, que « la Hongrie est ainsi le seul pays dans lequel la collectivisation de l’agriculture n’a pas entraîné un déclin de la production ; au contraire (...) on a assisté à sa croissance rapide. L’agriculture est aujourd’hui un élément moteur de la croissance, et elle contribue pour près d’un quart aux exportations du pays. ».

    En Pologne, la politique de collectivisation est au contraire très prudente durant toute la période communiste. Comme dans tous les pays de l'Est, la première étape consiste en une réforme agraire définie par le Comité de Lublin qui publie, le 6 septembre 1944, un décret dont l'application s'étend progressivement à tout le pays au fur et à mesure de sa libération. Selon un bilan arrêté au 17 juillet 1947, à cette date 5,6 millions d'hectares ont été distribués à 888 000 familles. Puis, suivant en cela les orientations décidées lors de la conférence du Kominform, qui s'est tenue à Bucarest du 19 au 23 juin 1948 [62], le gouvernement polonais sous l'impulsion de Hilary Minc amorce une politique de collectivisation qui se heurte très vite à une forte opposition et ne connaît que des résultats limités malgré l'usage de la force : en 1951, 2 200 coopératives sont créées couvrant moins de 1 % des terres arables ; en 1955, 7 800 coopératives couvrent 9,2 % des terres arables et emploient 205 000 personnes. Revenu au pouvoir en 1956, après sa réhabilitation par Khrouchtchev, Gomulka va rapidement inverser cette politique, et dès la fin de 1956 le nombre de coopératives est ramené à moins de 2 000. En 1970, après le limogeage de Gomulka remplacé par Edward Gierek, une nouvelle tentative de collectivisation est entreprise, vite abandonnée.

    Histoire de la société civile en Europe de l'Est

    Une société liberticide : purges et procès

    Selon les directives soviétiques, la construction du communisme passe par la liquidation des ennemis de classe et des contre-révolutionnaires, y compris au sein même des Partis communistes (PC) eux-mêmes. La rupture entre Staline et Tito donne le signal à des purges et à des procès destinés à marquer la domination absolue de l'Union soviétique sur ses États satellites. Ces purges sont massives dans les partis les plus établis où des sentiments nationalistes profonds existent, comme en Tchécoslovaquie ou en Bulgarie ; elles touchent moins durement des partis moins bien ancrés dans le pays comme en Pologne, Roumanie ou RDA. Au total, entre 1948 et 1953, ces purges au sein des PC concernent un nombre considérable de leurs membres : 90 000 en Bulgarie, 200 000 en Roumanie (soit un tiers du Parti), 200 000 en Hongrie, 300 000 en RDA, 370 000 en Pologne (soit un quart du Parti) et 550 000 en Tchécoslovaquie (environ la moitié du Parti). En Hongrie, 150 000 personnes sont emprisonnées et 2 000 exécutées. En Tchécoslovaquie, ce sont environ 130 000 personnes qui sont envoyées dans des camps souvent très durs. Toute personne ayant des liens avec l'Ouest est immédiatement visée, ainsi que celles suspectées de sympathie titiste. De nombreux vétérans de la Guerre d'Espagne sont également ciblés.

    Les dirigeants des PC sont encore moins épargnés, souvent sans aucune raison autre que la volonté de Staline qui reproduit le schéma des Procès de Moscou et de la Grande Purge des années 1930 en URSS. Des procès sont organisés, montés de toute pièce par le NKVD, précédés d'interrogatoires et de tortures pendant de longs mois. Les accusés doivent durant leur procès répondre aux questions selon des scripts écrits à l'avance. Le film L'Aveu (1970) retraçant le procès d'un dirigeant du PC tchécoslovaque, Arthur London, a en France connu un grand retentissement.

    Principaux procès publics tenus sous Staline dans les pays de l'Est
    Membre Parti Date début procès Notes
    László Rajk Parti des travailleurs hongrois Ministre des affaires étrangères, jugement orchestré par Mátyás Rákosi, Joseph Staline et János Kádár; jugé avec sept autres, exécuté avec deux autres
    Rudolf Slánský et 13 autres accusés (parmi lesquels Artur London Parti communiste tchécoslovaque Procès de Prague à l'issue duquel 11 des 14 coaccusés furent exécutés
    Traïcho Kostov Parti communiste bulgare Président du Conseil des Ministres, jugé avec dix autres membres du parti, exécuté
    Koçi Xoxe Parti du travail d'Albanie Ministre de la Défense et de l'Intérieur, obligé de reconnaître une conspiration titiste, pendu
    Lucreţiu Pătrăşcanu Parti communiste roumain Membre du Comité Central, torturé puis exécuté

    Démographie et émigration

    La population des pays d'Europe de l'Est connaît des évolutions contrastées. Cependant, les taux de natalité y sont en moyenne plus élevés qu'en Europe de l'Ouest. La RDA est un cas à part, où l'émigration massive jusqu'en 1961 se traduit par une baisse de la population. Des politiques natalistes actives sont menées dans plusieurs pays, comme en Roumanie où en octobre 1966 les moyens de contraception et l'avortement sont interdits [63].

    Population des pays du bloc de l'Est [64]
    Pays Superficie
    (000s)
    1950
    (mil)
    1970
    (mil)
    1980
    (mil)
    1985
    (mil)
    Croissance annuelle
    (1950–1985)
    Densité
    (1980)
    Albanie 28,7 km2 1,22 2,16 2,59 2,96 +4,07 % 90,2 hab./km2
    Allemagne de l'Est (RDA) 108,3 km2 17,94 17,26 16,74 16,69 -0,20 % 154,6 hab./km2
    Bulgarie 110,9 km2 7,27 8,49 8,88 8,97 +0,67 % 80,1 hab./km2
    Tchécoslovaquie 127,9 km2 13,09 14,47 15,28 15,50 +0,53 % 119,5 hab./km2
    Hongrie 93,0 km2 9,20 10,30 10,71 10,60 +0,43 % 115,2 hab./km2
    Pologne 312,7 km2 24,82 30,69 35,73 37,23 +1,43 % 114,3 hab./km2
    Roumanie 237,5 km2 16,31 20,35 22,20 22,73 +1,12 % 93,5 hab./km2
    URSS 22 300 km2 182,32 241,72 265,00 272,00 +1,41 % 11,9 hab./km2
    Yougoslavie 255,8 km2 16,35 20,37 22,30 23,32 +1,22 % 87,2 hab./km2

    Montée irrépressible de la dissidence intellectuelle

    Un moment symbolique par excellence de la perte de croyance des intellectuels dans le socialisme marxiste a été la publication, à Paris, le 28 décembre 1973, du livre l'L'Archipel du Goulag[65] écrit par Alexandre Soljenitsyne. Son retentissement est grand, tant à l'Ouest qu'à l'Est. Des voix s'étaient déjà élevées auparavant, dont celle de Soljenitsyne lui-même, comme celle d'Evgenia Ginzburg qui publia en 1967 ses souvenirs de camp. À partir du début des années 1970, les dissidents comme Andreï Sakharov, Vassili Grossman, Sergueï Kovalev, Vladimir Boukovski, Lech Wałęsa ou Václav Havel ne pensent plus que le système communiste est réformable et qu'il suffira de revenir sur les erreurs et excès de toutes sortes de la dictature du prolétariat telle que mise en œuvre par Staline. L'incapacité des régimes communistes à développer économiquement et socialement leurs pays comme ont réussi à le faire les pays d'Europe de l'Ouest, a semé un doute de plus en plus profond et ce d'autant plus que les intellectuels de gauche à l'Ouest, comme Bernard-Henri Lévy ou André Glucksmann eux aussi peu à peu se détournent de l'idéologie communiste[66].

    Voir également

    Notes et références

    Notes

    1. Parmi lesquels République populaire de Chine, République démocratique du Viêt Nam, République démocratique de Corée, Cuba, République populaire d'Angola
    2. Improprement parlé à propos de Cuba, république socialiste la plus occidentale du monde, si on met de côté la parenthèse sandiniste au Nicaragua.
    3. Soulet 2006, p. 16-23
    4. Soulet 2006, p. 51-56
    5. Leffler et Westad 2010, p. 175
    6. Leffler et Westad 2010, p. 175-176
    7. Soulet 2006, p. 63-67
    8. François Fejtő, Histoire des démocraties populaires, tome 1 : l'ère de Staline, Seuil, 1952, p. 48-75, 94-95, 102-103, 289-290
    9. Jean-François Soulet, Histoire comparée des États communistes de 1945 à nos jours, Armand Colin, 1996, p. 28-31
    10. Leffler et Westad 2010, p. 177
    11. Fejtö 1979, tome 1, p. 189-197
    12. Soutou 2010, p. 254-259
    13. « Protocole des travaux de la Conférence de Yalta (11 février 1945) », sur CVCE - Centre Virtuel de la Connaissance sur l'Europe Site de référence
    14. Les communistes sont organisés en deux partis, le PC Tchécoslovaque (KSS) et le PC slovaque (KSS) qui eurent respectivement 31,2 % et 6,9 % des voix lors de ces élections
    15. Soulet 2006, p. 58-59
    16. Heinrich August Winkler, Histoire de l’Allemagne, XIXe ‑ XXe siècle. Le long chemin vers l’Occident, Fayard, (ISBN 2213624437), p. 571
    17. L’histoire de l’Allemagne contemporaine, tome 2, Gilbert Badia (dir.), Messidor - Éditions sociales, 1987
    18. (en) « Constitution of the German Democratic Republic », sur CVCE - Centre Virtuel de la Connaissance sur l'Europe Site de référence
    19. (en) « Announcement of the Impending Establishment of the German Democratic Republic (October 7, 1949) », sur German History in Documents and Images Site de référence
    20. (fr) « Un événement perturbateur de la politique allemande française : la note de Staline du 10 mars 1952 », sur Sorbonne (Université) - Institut Pierre Renouvin Site de référence
    21. Soutou 2010, p. 298-304
    22. 1 2 Fejtö 1979, tome 2, p. 9-34
    23. Leffler et Westad 2010, p. 334-352
    24. (en) « Communiqué on the Meeting of the Council of Ministers of the German Democratic Republic (June 11, 1953) », sur German History in Documents and Images Site de référence
    25. Fejtö 1979, tome 2, p. 55-67
    26. Mark Kramer, « Revue Communisme - n°88/89 - Prélude aux crises polonaise et hongroise »
    27. Soulet 2006, p. 382-389
    28. Fejtö 1979, tome 2, p. 116-131
    29. Fejtö 1979, tome 2, p. 103-116
    30. « Wladyslaw Gomulka, le rescapé du stalinisme », Le Monde Diplomatique,
    31. Fejtö 1979, tome 2, p. 251
    32. Ludvik Vaculik, « Traduction en français du manifeste : Deux mille mots qui s’adressent aux ouvriers, aux agriculteurs, aux fonctionnaires, aux savants, aux artistes, à tous »
    33. Fejtö 1979, tome 2, p. 245-283
    34. Charles Zorgbibe, « Doctrine Brejnev et droit international », Le Monde Diplomatique,
    35. Fejtö 1979, tome 2, p. 322-325
    36. Fejtö 1997, p. 154-157
    37. Fejtö 1997, p. 158-160
    38. (en) « NATO Assessment », sur NATO / OTAN (Site officiel) Site
    39. « Journal de la Liberté numéro 34 », sur Solidarność (Phénomène de) Site
    40. Fejtö 1979, tome 2, p. 161-184
    41. Soulet 2006, p. 151
    42. (fr) « Texte du discours de Mikhail Gorbatchev », sur CVCE - Centre Virtuel de la Connaissance sur l'Europe Site de référence
    43. « L'Allemagne de l'Est contre la Perestroïka », Le Monde Diplomatique,
    44. Pfeil 2000, p. 138-144
    45. Vesselin Dimitrov, Bulgaria: the uneven transition, Routledge, 2001, page 9
    46. Paul Garde, Vie et mort de la Yougoslavie, Fayard, , broché, 480 p. [détail de l’édition] (ISBN 2213605599 et 978-2213605593), p. 252-264.
    47. Paul Garde, Vie et mort de la Yougoslavie, Fayard, , broché, 480 p. [détail de l’édition] (ISBN 2213605599 et 978-2213605593), p. 289-295.
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    56. Fejtö 1997, p. 536-537
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    59. Fejtö 1979, tome 1, p. 135-147
    60. Fejtö 1979, tome 1, p. 312-330
    61. Fejtö 1979, tome 2, p. 157-159
    62. au cours de cette conférence fut décidée l'expulsion de la Yougoslavie du Kominform
    63. Crampton 1997, p. 355
    64. Turnock 1997, p. 17
    65. Judt 2010, p. 559-561
    66. Judt 2010, p. 246 et 247

    Bibliographie

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