Toilettes
Les toilettes ou cabinets ou « petits coins » (au pluriel) sont le lieu où une personne peut se soulager de ses déjections corporelles, c'est-à-dire uriner, déféquer, voire vomir. Le terme « toilettes » peut aussi désigner la vasque (souvent en forme de siège) servant à cet effet. Dans les toilettes à la turque, la vasque n'est pas disposée de façon à pouvoir s'y asseoir mais est au contraire placée au niveau du sol de façon à être utilisée exclusivement en position debout ou accroupie. Les toilettes à chasse d'eau (cuvette romaine) sont les plus courantes dans les pays développés. L'eau servant à évacuer les déjections est collectée dans une fosse septique ou envoyée aux égouts. Lorsque l'eau nécessaire à la chasse n'est pas disponible, on peut alors disposer d'autres systèmes comme les toilettes sèches et, en particulier pour une installation ponctuelle, les toilettes mobiles pouvant contenir des produits chimiques tantôt biologiques ou biocides.
Le lieu peut être désigné de nombreuses façons, notamment argotiques. En France, on utilise souvent le sigle « les WC » (pour l'anglais water closet [1]), « les sanitaires » ou « les cabinets » alors que les termes lieux ou cabinet d'aisance ou plus pudiquement encore, lieux, aisances, commodités, garde-robe ou privés[2] ne sont plus guère utilisés.
Introduction
Le mot « toilettes » désigne l'appareil sanitaire, autrefois appelé siège d'aisance[2], utilisé pour recevoir et évacuer nos déjections : cet appareil consiste souvent en une cuvette (nommé aussi vase ou bol de toilette), permettant soit de s'asseoir, soit de s'accroupir. Les déjections peuvent être ensuite évacuées avec de l'eau vers les égouts ou vers une fosse septique (anciennement appelée une fosse d'aisance). La toilette est alors équipée d'une chasse d'eau et d'un siphon- ou alors se déposent dans un conteneur ou une fosse (toilettes sèches) placée sous la toilette. En bref, les toilettes font partie d'une installation sanitaire et d'un système d'assainissement.
Dans une maison, les toilettes peuvent être intégrées à une salle de bains ou constituer une pièce dédiée. Les systèmes moins avancés sont souvent situés à l'extérieur de la maison, dans une petite structure que l'on appelait autrefois au Canada une bécosse[3] et en France une latrine.
On trouve des toilettes publiques tenues par les municipalités ou des organismes privés, ainsi que dans les lieux publics, bars et restaurants, et dans certains transports en commun, trains, avions et bateaux. Leur usage est selon les cas libre ou réglementé. Dans ce dernier cas, une redevance peut être perçue, soit par une personne préposée à cette effet, soit par un système d'encaissement automatique.
Les toilettes ont connu de nombreuses évolutions, la principale étant l'invention de la chasse d'eau au XVIe siècle et la révolution sanitaire en Europe au XIXe siècle. Leur forme actuelle varie encore énormément selon les cultures. Les systèmes les plus simples comprennent un simple trou dans le sol recouvert d'une planche de bois ; les plus sophistiqués incluent des systèmes de nettoyage programmable, comme certaines toilettes japonaises. Entre les deux, une grande variété de systèmes existe, dont les latrines ventilées, les toilettes à compost et autres toilettes écologiques, les urinoirs, les toilettes à la turque, etc.
En 2004, il restait toujours environ 2,6 milliards de personnes dans le monde qui ne disposaient pas de toilettes dites « améliorées » (soit 41 % de la population mondiale), c'est-à-dire devant quotidiennement utiliser des toilettes publiques, ou des endroits insalubres et inadaptés, voire devant faire leurs besoins dans la nature[4]. L'immense majorité habite dans les pays en développement et notamment en Asie du Sud et en Afrique. Cette situation est qualifiée de « crise sanitaire globale »[5] en raison des conséquences non seulement sur la santé publique, mais aussi pour la dignité et l'état de pauvreté des personnes affectées. L'année 2008 a ainsi été déclarée « année internationale de l'assainissement » par l'Assemblée générale des Nations unies[6].
Terminologie
Origine de « toilette(s) »
Comme d'autres modes françaises des années 1680, le mot « toilette » était employé dans de nombreux pays, et désignait à l'origine les objets de coiffure et de soin du corps disposés sur une table à habiller couverte de tissu et de dentelle, sur laquelle se tenait un miroir qui pouvait également être drapé de dentelle ; l'ensemble était « une toilette ».
Puis le mot « toilette » a été adopté par euphémisme dans les expressions telles que « salle de toilette »[réf. souhaitée] et « cabinet de toilette ». Ce changement était lié à l'introduction des toilettes publiques (comme dans les trains) qui nécessitaient une indication sur la porte. L'utilisation originale est devenue indélicate et a en grande partie été remplacée par la table à habiller. Des vestiges du sens original sont reflétés dans des termes comme « les articles de toilette » que l'on met dans une « trousse de toilette »[7] pour « faire sa toilette » et qui contient souvent de « l'eau de toilette ». Le mot « toilettes » lui-même peut être considéré comme impoli dans certaines régions, et ailleurs employé sans embarras.
Les cabinets sont un terme générique pour toute pièce d’un appartement, plus retirée que les autres, destinée à différents usages ; les expressions employées en francophonie[8] ne varient que par la prononciation. Les deux désignations « cabinet d'aisances » et « lieu(x) d’aisances » appartiennent au langage soutenu. Au Québec, on utilise indistinctement « la toilette » ou « les toilettes », bien que les expressions « salle de bain » et « salle de toilette » soient aussi utilisées. Au pluriel comme au singulier, l’utilisation du mot toilette pour tout lieu d’aisance est une acception ; l’emploi du terme cabinet dans le contexte de lieu d'aisance appartient au langage familier ; plus rares, en font également partie les mots « chiottes »[9], « gogues » et « goguenot »[10] en Suisse romande ou chez San Antonio de « cagouinces » ou « cagouinsses »[11]. En revanche si on veut être poli tout en étant plutôt familier, on utilise l'euphémisme « aller où le roi ne va qu'à pied/en personne/n'envoie personne/va seul »[12]. L'expression « cabinet de toilette » désigne plutôt une salle de bains sans baignoire. « WC » est l'abréviation de l'anglais « water closet[13] », peu utilisé dans les pays anglophones, où l'on parle de « toilet » ou « toilets », ou avec euphémisme de « rest room », « wash room » ou « bathroom » (respectivement « salle de repos », « salle pour se laver » et « salle de bains »).
En se rapportant à la salle ou en référence l'équipement de plomberie, le mot « toilette » est souvent remplacé par d'autres euphémismes (et dysphémismes) comme « salle de bains », « commodités », etc.[14].
L'origine de « loo » (l'euphémisme britannique) est inconnue, mais on le soupçonne de venir de « Gardy loo! », une corruption de « (prenez) garde à l'eau », l'expression qui a servi d'avertissement aux passants quand des pots de chambre et d'autres réceptacles de rebut se vidaient d'une fenêtre sur la rue, pratique courante avant que les villes n'aient des réseaux d'égouts enterrés. Ainsi les Britanniques peuvent-ils, pour désigner les toilettes, utiliser le mot français « l'eau » (« loo ») alors qu'à l'inverse les Français peuvent utiliser le mot anglais « water » (qui signifie « eau », en anglais)[15].
Toilettes et latrines
Les latrines désignent principalement les toilettes les moins avancées, comme les tranchées et les trous dans le sol recouverts d'une simple planche voire non recouverts. Le terme reste employé dans l'armée et dans le scoutisme, où l'on emploie aussi le nom « feuillées ». Il reste couramment utilisé dans les pays en développement et parfois dans les zones rurales des pays développés. La forme au pluriel (« des latrines ») est plus souvent utilisée en France, en particulier depuis le Moyen Âge dans les châteaux forts et la marine à voile, mais la forme au singulier (« une latrine »), perçue comme vieillie[16], est utilisée de préférence dans d'autres pays francophones, notamment en Afrique et en Haïti.
La distinction entre « toilettes » et « latrines » n'est pas toujours très claire. Le terme « latrine » a été couramment utilisé par les ONG dans les programmes d'assainissement, pour désigner tout système peu avancé. Mais comme ce terme est souvent jugé dépréciatif, le mot « toilette » est actuellement favorisé pour tout système un tant soit peu avancé. Le néologisme « latrinisation » est parfois employé par les ONG afin de désigner un programme incluant le développement des latrines.
Histoire
Antiquité : les premières cités assainies
L'histoire des toilettes remonte à l'origine de la civilisation : dès qu'un grand nombre de personnes se trouve réuni au même endroit, il y a besoin d'un système pour évacuer les ordures et les excréments. Les archéologues ont mis au jour des vestiges de réseaux d'eau voire de toilettes à chasse d'eau. La ville de Harappa, au XXVe siècle av. J.-C., dans la civilisation de la vallée de l'Indus) comprenait des toilettes fonctionnant à l'eau dans chaque maison, liées par des drains couverts de briques d'argile cuite ; d'autres villes comme Mohenjo-daro et Lothal présentent des systèmes similaires. On retrouve des « égouts » en briques similaires en Mésopotamie, ainsi que des tuyaux en terre cuite dans les palais minoens, qui transportaient l'eau sous pression aux fontaines. Des tranchées en pierre transportaient les eaux usées[17]. Des systèmes similaires auraient existé en Égypte et en Chine ancienne[réf. souhaitée].
C'est sans doute dans la Rome antique que l'on trouve les aménagements sanitaires les plus connus. Deux dieux y sont même dédiés : Stercutius pour les « lieux d'aisance » et le fumier, et Crepitus pour les gaz, ainsi qu'une déesse, Cloacina, qui veillait sur l'égout principal. Ce Cloaca Maxima ne collectait toutefois que les eaux de pluie : les excréments étaient déversés dans les rues, où ils s'accumulaient dans un canal central jusqu'à ce que la pluie nettoie la rue. Mais Frontin, responsable des eaux vers l'an 100 se plaignit qu'il n'y avait plus assez d'eau pour nettoyer les rues, l'eau étant déviée vers les quartiers périphériques[5].
À Rome, les patriciens utilisaient généralement des pots de chambre, qui étaient vidés par des esclaves. L'empereur Héliogabale était ainsi réputé avoir « des pots de chambre en myrrhe et en pierre d'onyx »[19]. De son côté, la plèbe avait recours aux bains publics et aux toilettes publiques, conçues pour évacuer les excréments (de l'eau circulait sous le trou). Les vespasiennes tirent leur nom d'une anecdote touchant l'empereur romain Vespasien (9-79) qui avait eu l'idée de mettre un impôt sur l'urine. Celle-ci était en effet récupérée par les teinturiers et blanchisseurs à qui elle servait au dégraissage des vêtements. Les auteurs anciens nous racontent que Vespasien, moqué pour ces économies de bouts de chandelles, aurait répondu en substance que « l'argent n'a pas d'odeur »[20].
C'est aussi dans les lieux communautaires que l'on trouve des exemples d'assainissement, comme dans les monastères. Au IVe siècle av. J.-C., les milliers de moines bouddhistes de la ville d'Anurâdhapura dans l'actuel Sri Lanka utilisaient des pots poreux pour filtrer l'urine, tandis que les excréments étaient réutilisés comme engrais. Cette réutilisation des excréments s'est retrouvée dans de nombreuses civilisations où l'agriculture était prépondérante : 90 % des excréments sont encore réutilisés en Chine de nos jours[21], et à Londres jusqu'à la révolution sanitaire du XIXe siècle, les fosses d'aisance étaient vidées manuellement la nuit, et les excréments étaient séchés et emportés sur des carrioles et des barges vers la campagne du Hertfordshire et du Hampshire[22].
Moyen Âge : puanteur en Europe, récupération en Asie
Le Moyen Âge marque une séparation entre l'Europe et l'Asie. En Asie, les excréments sont donc souvent réutilisés comme engrais, à travers un système organisé. C'était le cas au Yémen où, dans la ville de Sanaa réputée pour sa propreté par l'historien al-Hamdani, les toilettes étaient de petites pièces en haut des bâtiments, d'où les excréments tombaient dans des fosses en contrebas, au niveau de la rue. Les excréments étaient ensuite vidés régulièrement par une trappe, puis séchés au soleil et utilisés comme carburant[23]. Ce système de récupération existait aussi dans d'autres villes asiatiques comme Kaboul en Afghanistan, où des fosses étaient vidées puis les excréments emmenés vers les champs par carriole[24]. Ces systèmes permettaient de laisser les excréments sécher et devenir plus « manipulables » — moins désagréables également. En Inde en revanche, la défécation était pratiquée dans la nature le plus souvent, au bord d'une rivière ou de la mer, tandis que les toilettes des châteaux débouchaient sur les rivières ou un lieu vide. Au Bhoutan, les dzongs avaient des protubérances en bois servant de toilettes, et surplombant le vide[5].
En Europe, il est alors plus rare que les excréments soient desséchés. Les édifices importants (châteaux, abbayes médiévales toutes construites avec un plan hydraulique et des latrines individuelles ou collectives avec sièges en bois ou en pierre) fonctionnaient comme les monastères du Bhoutan et les forts indiens, où les excréments tombaient dans le vide et s’évacuaient avec les eaux des douves ou de canaux aménagés (le plus courant étaient les « latrines à encorbellement » puis les « latrines à conduit biais », latrines aménagées dans l'épaisseur du mur et dont le conduit débouchait directement sur le parement des murs, ce qui provoquait pollution olfactive et visuelle) ou fonctionnaient avec des « latrines à fosse » (latrines construites dans l'épaisseur du mur avec un conduit d’évacuation débouchant sur une fosse elle-même ménagée dans le mur à son aplomb et périodiquement curée)[25]. Les villes connaissaient davantage de problèmes, car il était rare qu'il existât un système organisé de collecte et d'évacuation des excréments. Les habitants allaient dans des latrines publiques (cabanes sur les rivières ou fossés, sièges en planches percées posées sur des rondins. Les résidants des habitations privées utilisaient souvent des pots de chambres qui étaient vidés dans les rues avec les ordures. Ainsi, en 1671 à Berlin, les excréments s'accumulaient à un tel point devant une église qu'une loi fut votée obligeant les paysans visitant la ville à en embarquer une partie[Où ?] avec eux en repartant. Les résidents plus aisés faisaient parfois construire des édicules dans leur cour[17]. Paris n'était guère mieux, où les habitants déféquaient directement dans les rues, tandis qu'à Versailles les courtisans faisaient leurs besoins derrière les portes, sur les balcons ou dans les jardins, sans s'en cacher. Les pratiques variaient entre les pays : La Rochefoucauld se dit ainsi choqué par les mœurs anglaises, notamment par les pots de chambre près de la table que les gens utilisaient même pendant le repas, à la vue de tous[26]. L'Angleterre n'était pas mieux que la France : les cabanes au-dessus des rivières ont existé, mais de façon assez marginales. La plupart des « toilettes » débouchaient directement sur des fosses d'aisance rarement étanches, dont le contenu pénétrait dans le sol ou devait être vidé régulièrement. Le contenu était revendu aux fermiers voisins de la ville et, pendant les guerres anglo-espagnoles , revendu pour fabriquer le salpêtre utilisé dans la poudre à canon[27]. Les fosses d'aisance étaient dangereuses et, quand elles étaient installées dans les caves, pouvaient facilement déborder comme le raconte Samuel Pepys dans son Journal.
Les problèmes se posaient surtout dans les villes européennes qui grandissaient ; à la campagne, les latrines étaient communément utilisées, consistant souvent en un banc percé de trous, au-dessus d'une large fosse, le tout dans une cabane séparée de la maison. Dans les villes, les classes nobles disposèrent de chaise percée à partir du XVIe siècle[28]. Les classes aisées utilisaient des pots de chambre, parfois fermés et surmontés d'un siège percé plus confortable, vidés par les domestiques[5]. Les classes plus pauvres utilisaient un coin de leur cave ou vidaient un pot de chambre dans la rue. Cette dernière pratique a dû être interdite dans les grandes villes : à Londres comme à Paris, il était interdit de décharger de l'eau dans les canaux des rues, jusqu'au milieu du XIXe siècle. Ces conditions vont mener à la création de la chasse d'eau au XVIe siècle et aux égouts au XIXe siècle.
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Canal du bâtiment des latrines dont les arcs délimitent l'ouverture des 60 sièges des moines à l'étage.
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Latrines médiévales sous différents angles.
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Exemple de latrine vue de l'intérieur avec son siège en pierre.
Adoption lente de la chasse d'eau en Europe
En 1592, John Harington, poète et filleul de la reine Élisabeth Ire d'Angleterre, crée la première chasse d'eau dans sa maison à Kelston, près de Bath. Après que la Reine avait visité sa maison, elle en fit installer une à Richmond Palace. Bien qu'aucun exemplaire n'ait survécu, le traité de Harington A New Discourse on a Stale Subject: Called the Metamorphosis of Ajax (« Nouveau discours sur un sujet renfermé : appelé la métamorphose d'Ajax ») décrivait comment transformer son « pire petit coin » en « meilleure pièce de la maison », pour une somme très raisonnable pour l'époque[22]. « La métamorphose d'Ajax » était un jeu de mot entre « jakes », mot d'argot de l'époque désignant les toilettes, et Ajax, le nom d'un personnage apparaissant dans les Métamorphoses d'Ovide. Par rapport aux systèmes de l'antiquité, qui évacuaient déjà les excréments avec de l'eau, la chasse d'eau de Harington pouvait tenir sans peine dans une petite pièce et déboucher sur une petite fosse d'aisance dans le jardin, tandis que les systèmes antiques étaient pour la plupart communautaires et laissaient les fèces à l'air libre.
L'invention d'Harington ne connut pas de grande notoriété de son vivant. Quelques voyageurs venus en Angleterre mentionnent les « machines du petit coin » au XVIIe siècle. Au début du XVIIIe siècle, on trouve quelques chasses d'eau en France : en 1738, les plans d'un bâtiment incluent de tels « lieux à l'Anglaise »[5]. Le premier brevet est déposé par l'horloger Alexander Cummings en 1775. Son innovation majeure est l'ajout d'un tuyau courbé en forme de U, agissant comme siphon et empêchant les odeurs de remonter. L'eau contenue dans le siphon était complètement remplacée à chaque chasse d'eau, permettant un nettoyage automatique. Ces toilettes étaient bien plus compliquées que celles utilisées aujourd'hui, avec de nombreuses vannes d'entrée / sortie et de nombreuses tuyauteries. La chasse d'eau « moderne » avec la cuvette associée était à l'origine destinée aux plus pauvres, et ne s'est répandue qu'à partir des années 1840[5].
À la fin du XVIIIe siècle et surtout au début du XIXe siècle, le niveau de vie monte et de nombreux habitants des classes moyennes européennes accèdent à la propriété. Le marché des accessoires domestiques s'accroît, et notamment celui des toilettes. Des entrepreneurs comme Thomas Crapper se font connaitre grâce à cet ustensile. Mais les systèmes d'assainissement ne suivent pas : les toilettes se déversent dans des fosses d'aisance, elles-mêmes vidangées la nuit, et leur contenu sert à fertiliser les champs. La croissance des grandes villes (augmentant le coût du transport) et l'arrivée d'engrais moins cher comme le guano dans les années 1840 menacent ce commerce[5] : dans les grandes villes européennes, les fosses d'aisance ne sont plus vidées, débordent dans les canaux de décharge des eaux de pluie, puis dans les rivières. Des égouts sont parfois construits, mais leur coût et les difficultés administratives ne leur permettent pas de remplir leur rôle.
La révolution sanitaire du XIXe siècle
Vers le milieu du XIXe siècle, le niveau de pollution de certaines rivières devient critique. Avec l'été chaud et sec de 1858, la Tamise baisse en volume pour ne plus charrier lentement qu'un flot d'excréments qui révolte et affole la population de Londres. La méconnaissance des mécanismes de transmission des maladies comme le choléra augmente la panique ; la proximité de la Tamise et du Parlement incite les députés à agir promptement. Deux semaines après le pic de la crise, une loi est votée, facilitant la construction d'égouts et débloquant des crédits conséquents. Cet évènement, connu sous le nom de « Grande Puanteur » marque le début de la « révolution sanitaire » que connaissent les métropoles européennes durant la seconde moitié du XIXe siècle[5].
Londres n'est pas la seule ville à connaître un tel évènement : par exemple, Paris aura sa « Grande Puanteur » de la Seine en août-septembre 1880[29].
Toilettes à terre et toilettes à eau
En Angleterre à partir de 1836, deux systèmes de toilettes coexistent : la toilette à eau inventé par Thomas Crapper, et la toilette à terre, inventée par Thomas Sziburne. Des toilettes à terre sont commercialisées dès 1860 par la « Moule Patent Earth-Closet Company ltd », fondée par Henry Moule. La guerre commerciale s'étend sur le continent, notamment l'invention du siphon pour les toilettes à eau, et la multiplication des offres sur les toilettes sèches. Le catalogue d'Henry Moule propose entre autres des toilettes qui déversent de façon automatique une quantité de terre définie, une toilette chauffant pour supprimer les odeurs, des systèmes ventilés et d'autres modèles plus basiques pour les collectivités[30].
La publication des travaux de Pasteur sur les microbes portent un coup fatal au développement des toilettes sèches à terre, et en 1880, en conséquence de « La Grande Puanteur », une loi impose le tout à l'égout à Paris.
Toilettes publiques
Les toilettes publiques peuvent être individuelles ou collectives.
Quand les toilettes sont collectives, elles présentent des boxes fermés par des cloisons individuelles, ainsi que des lavabos dans un secteur séparé, où typiquement d'autres personnes du même sexe sont présentes, mais parfois totalement mixtes.
Quand on en arrive à définir le terme de "toilette publique", idéalement, nous devrions dire que ce terme ne diffère que par un élément : l'endroit, de privé, devient partagé. Nous passons d'un endroit réservé à une personne, à une famille et, par extension, à des amis proches, à un endroit partagé par tous.
Les équipements réservés aux hommes ont souvent des urinoirs séparés, fixés au mur conçus pour un utilisateur seul, ou un bassin ou une cuvette pour l'usage collectif. Des urinoirs fixés au mur sont parfois séparés par de petites cloisons pour préserver l'intimité, c'est-à-dire pour masquer la vue des parties génitales de l'utilisateur.
Chez les Aztèques, il existait des toilettes publiques, faites de roseaux, le long des routes. Elles servaient à collecter les déjections, afin qu'elles servent dans la tannerie[31].
À Paris, elles étaient dénommées « vespasiennes », ou encore « tasses » dans l'argot homosexuel, et ne présentait que des urinoirs. Elles apparaissent en 1834 par la volonté du préfet de la Seine, le comte Claude-Philibert de Rambuteau. Raillé par l’opposition, qui a bien vite baptisé l’édicule « colonne Rambuteau », ce dernier lance l’expression « colonne vespasienne », en mémoire de l’empereur Vespasien, à qui l’on avait attribué l’établissement d’urinoirs publics, à Rome. Les sobriquets se multiplient. « Les édicules Rambuteau s’appelaient des pistières. Sans doute dans son enfance n’avait-il pas entendu l’o, et cela lui était resté. Il prononçait donc ce mot incorrectement mais perpétuellement » (Marcel Proust, Le Temps retrouvé, p. 749). Contemporains de Proust, des homosexuels du 16e arrondissement utilisaient le terme codé de « baies », plus chic que l’argotique « tasses », d’autres, plus populaires, les avaient baptisées « Ginette ». Celui de « pissotière », en référence au « trou dans la muraille d’un navire pour laisser s’écouler l’eau de surface », est resté.
La fin de la gratuité des toilettes publiques parisiennes fut votée par le Conseil de Paris le : les quatre premières sanisettes payantes furent construites, et un contrat de concession de ces « sanisettes » (marque déposée en 1980) entre la Mairie de Paris et la société JCDecaux fut signé en 1991. La gratuité a été rétablie en 2006[32].
L’artiste autrichien Friedensreich Hundertwasser est tombé amoureux de la Nouvelle-Zélande et s’est installé un moment à Kawakawa. En 1998, la ville a souhaité refaire les toilettes publiques, et Hundertwasser s’est proposé comme architecte et artiste.
Toilettes payantes
Quelques toilettes publiques peuvent être utilisées gratuitement, mais d'autres exigent un paiement. Celui-ci peut être réalisé de plusieurs façons :
- dépôt sur un plat sans surveillance,
- dépôt dans une boîte avec une fente,
- dépôt dans la fente d'un tourniquet ou d'un ressort porte,
- via un préposé, communément appelé « Dame pipi » qui est souvent également responsable du nettoyage.
L'utilisation des toilettes publiques payantes est à l'origine de l'euphémisme britannique pour la miction, « to spend a penny » (« dépenser un sou »).
Dans beaucoup de gares et de stations de bus, des toilettes payantes ont été installées pendant les années 1950 et 1960, mais nombre d'entre elles ont été supprimées par la suite en raison du vandalisme sur le mécanisme des monnayeurs.
Toilettes publiques séparées par sexe
La séparation par sexe est si caractéristique des toilettes publiques que des pictogrammes symbolisant un homme ou une femme sont employés pour les distinguer. Ils ont parfois été critiqués car perpétuant des stéréotypes. L'esprit du législateur est que des personnes de sexe féminin ne soient pas obligées de traverser une salle d'urinoirs où des problèmes d'exhibition pourraient avoir lieu. Ce n'est semble-t-il pas un problème d'hygiène dès l'instant où les cabines sont isolées efficacement (impossibilité d'échafauder, ...). Le code du travail exige que les toilettes fréquentées par des femmes soient munies de réceptacles dévolus à l'hygiène féminine.[réf. nécessaire]
Les toilettes publiques séparées par sexe sont une source de difficulté pour certains, par exemple, les personnes accompagnées d'enfants du sexe opposé ou des hommes s'occupant de bébés quand seule la salle de toilette réservée aux femmes a été équipée d'une table à langer prévue pour le changement de couche-culotte.
Il est souvent difficile de négocier les toilettes publiques séparées par sexe pour les transgenres ou les personnes androgynes, qui sont souvent sujettes à l'embarras, au harcèlement, voire à des problèmes avec la police. Des personnes transgenre ont été arrêtées pour l'usage non seulement des salles de bains qui correspondent à leur genre d'identification, mais également de lieux qui correspondent au genre qui leur a été assigné à la naissance.
Un certain nombre de bâtiments ont des toilettes publiques additionnelles de genre neutre. On en trouve également (mais rarement) dans les institutions homosexuelles ou transgenres et dans les universités ; plus souvent ces toilettes existent pour une raison différente — elles sont marquées, non pour être pour des femmes ou des hommes, mais pour les personnes handicapées (par le symbole international d'accessibilité), et sont en juste proportion équipées pour permettre aux personnes se déplaçant en fauteuil roulant de les employer.
Un autre problème soulevé est celui du nombre insuffisant des toilettes pour femmes. En effet, les architectes prévoient habituellement une superficie et un nombre de cabines égal pour les deux sexes, alors que les hommes utilisent moins les cabines que les femmes. Par ailleurs les femmes passent en moyenne plus de temps dans les toilettes que les hommes, allongeant encore les temps d'attente. Certains lieux publics aux États-Unis et en Chine en tiennent compte et attribuent les cabines selon un rapport H/F variant de 2/3 à 1/5 selon le lieu[33],[34].
Les toilettes des logements privés ne sont pratiquement jamais séparées par sexe.
Toilettes dans les transports en commun
On trouve habituellement des toilettes dans les avions et les aéroports, dans les trains (sauf le cas de trains à parcours limité, du type trains de banlieue) et les gares, souvent dans les autobus interurbains ou les cars de voyage longue distance et les bacs, mais pas dans les métros, ni dans les Tramways et les autobus urbains.
Dans les trains, les toilettes traditionnelles évacuent directement les déjections sur la voie, d'où la notification qui apparaît dans beaucoup de toilettes de train : « SVP, n'utilisez pas les toilettes lorsque le train est à l'arrêt ou en tunnel ». Dans les trains roulant à plus de 200km/h, l'étanchéité étant obligatoire, les toilettes sont alors équipées de micro-chasses et d'une cuve sous vide qui fait l'objet de vidange dans les stations d'entretien des gares terminus. L'eau des chasses est parfois complétée avec des produits chimiques désinfectants ou liquéfiant. Dans les rames, non étanches, ayant des parcours souterrains importants (Rames RER SNCF dans Paris) des systèmes au sol provoquent le verrouillage d'entrée si bien entendu la porte a bien été refermée.
Dans les avions[35], du fait de la pressurisation, les eaux usées sont stockées durant le vol et sont évacuées lors de l'atterrissage par des camions destinés à cet effet.
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Toilette d'un Boeing 747.
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Toilette dans le Foxtrot (sous-marin) russe
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Toilettes dans le train Xining-Lhassa 'Ligne ferroviaire Qing-Zang)
Toilettes et manque de toilettes dans le monde
Les formes et dispositions des toilettes varient selon les pays et les cultures, notamment en raison des habitudes de défécation : la posture varie (assise ou accroupie), de même que la méthode de nettoyage anal (avec du papier toilette, de l'eau, ou des objets divers) et l'attitude plus ou moins fécophile ou fécophobe des communautés (qui influence l'utilisation ultérieure ou non des excréments comme engrais solides ou liquides).
L'indicateur mondial sur l'assainissement des objectifs du millénaire vise à « réduire de moitié le nombre de personnes n’ayant pas accès à un assainissement de base » d’ici à 2012) ; c'est l'un de ceux qui ont le moins progressé[36] ;
Depuis 2001, chaque 19 novembre est consacré à la journée mondiale des toilettes, sous l'égide de l'ONU et de l'OMS. Le but de cette journée est de promouvoir le bien-fondé de l'hygiène et de la disponibilité en toilettes privées et publiques, car en 2014, encore au moins un milliards de terriens n'ont pas accès à des sanitaires, vivant pour plus de 82 % d'entre eux dans dix pays plus démunis selon l'OMS [36]. Le manque de toilettes accroit sensiblement le risque d'épidémies et contraint de nombreuses populations à vivre dans des conditions d'hygiène à la limite du tolérable (par exemple, en « zone subsaharienne, un enfant décèderait toutes les deux minutes trente, après avoir bu une eau non potable, polluée par des effluents d'origine humaine » rappelle l'OMS en nov 2014 [36].
En 2013-2014, les pays les plus touchés sont l'Inde (600 millions d'indiens, soit 53 % de la population, n'ont pas accès aux toilettes. En Indonésie, au Pakistan, au Népal et en Chine, 10 millions d'habitants sont également dans ce cas et d'autres pays dont le Nigéria, l'Éthiopie, le Soudan, le Niger et le Mozambique connaissent ce type de problème [36]. Alors que l'épidémie la plus importante de fièvre Ebola (maladie transmise par les fluides corporels) se propage en 2014, dans le pays le plus touché (Liberia) environ 50 % de la population ne dispose pas de toilettes, de même pour environ 28% des gens au Sierra-Leone autre pays gravement touché.
Alors que l'eau potable (et les engrais phosphatés) manquent ou risque de manquer dans de nombreux pays, la diffusion de toilettes sans eau permettant de produire du méthane et/ou récupérer du phosphore et des nitrates à partir des urines et un engrais riche en matière organique est également un enjeu important, à condition que les excréments ne soient pas contaminés par des produits indésirables (hormones, résidus de traitements médicaux ou polluants).
" Égalité et dignité " : « Les femmes et les jeunes filles en particulier sont pénalisées. Dans de nombreux pays, elles doivent se soulager à l’aube ou la nuit tombée pour ne pas être vues. Elles courent alors le risque de se faire violer ou attaquer par des hommes ou des bêtes sauvages » [37]. « En outre, le fait d’éviter de manger ou de boire pour ne pas aller aux toilettes peut engendrer des maladies des voies urinaires, une déshydratation et une malnutrition. Le manque de lieu sûr et privé est encore plus problématique au moment de la menstruation. Les filles peuvent se voir interdire d’aller à l’école (ou choisir de ne pas y aller) s’il n’y a pas de toilettes ou s’il n’existe pas de toilettes propres et réservées à leur usage. Ces maladies à répétition ont un impact majeur sur l’absentéisme à l’école, la productivité et les moyens de subsistance. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que près de 273 000 jours d’école par an seraient gagnés si l’OMD concernant l’eau et l’assainissement était atteint (Hutton et Haller, 2004) ».
Il existe donc aussi un lien entre violences sexistes et l'assainissement ; ce thème évoqué en 2014 par Ban-Ki-Moon (secrétaire général de l'ONU) est le droit à la dignité et à la protection des individus : « Nous avons l'obligation morale de mettre un terme à la défécation à l'air libre et le devoir de protéger les femmes et les fillettes contre le risque d'agression et de viol découlant de l'absence d'installations sanitaires »[38]. C'est notamment un enjeu crucial dans les bidonvilles urbains.28 où pour ne pas risquer d'être violée ou brutalisées « lorsqu’elles vont faire leurs besoins en plein air la nuit (...) beaucoup de jeunes filles sont contraintes de déféquer dans des sacs en plastique ou dans des bassines avant de diluer les selles avec de l’eau pour les déverser sur les trottoirs »[38]. Dans quelques régions du monde, déféquer à l'air libre est aussi un risque supplémentaire de se faire attaquer par des bêtes sauvages rapelle Amnesty International[37].
Allemagne, Alsace, Autriche, Hongrie…
Dans certaines régions, en Allemagne, Alsace, Autriche (en particulier à Vienne) et Hongrie, on utilise plus volontiers la « cuvette à fond plat », toilettes assises, dans lesquelles une sorte de palier, non immergé, se situe sous l'assise de l'utilisateur, palier sur lequel tombent les excréments. Ceux-ci passent dans l'eau seulement au moment du tirage de la chasse d'eau. Ainsi l'assise de l'utilisateur n'est elle pas, comme cela peut se produire avec certains modèles de cuvettes usuelles, éclaboussée par des projections. Cela permet en outre un examen plus aisé des fèces, à la recherche d'éventuelles anomalies, facilitant par exemple les tests de recherche du cancer du côlon. Un inconvénient de ce modèle est que, les fèces n'étant pas immergées, leur odeur se répand librement, et que les excréments tendent à salir plus souvent la cuvette, rendant nécessaire l'usage d'une brosse ; leur évacuation est également souvent plus laborieuse.
Chine
Au Tibet, les toilettes construites au sommet des grands cols de l'Himalaya doivent tenir compte des températures extrêmes rendant leur traitement septique délicat.
Japon
Les toilettes japonaises actuelles sont connues pour leurs fonctionnalités avancées, qui peuvent inclure un jet d'eau de lavage (et massage), une commande électronique, une ventilation (séchage), chauffage de la lunette, etc. Elles sont commercialisées en France, en tant qu'abattant japonais.
New York
En 2005, l'État de New York a adopté une loi - Women’s Restroom Equity Bill - qui oblige tous les nouveaux bâtiments publics à offrir deux fois plus de toilettes pour femmes que de toilettes pour hommes[39]. La loi s’applique aussi aux vieux bâtiments lorsque leurs propriétaires entreprennent des rénovations majeures.
France
Belgique
Toilettes et contamination
Ce sont les salmonelles, les sighelles et les campilobactères (des entérobactéries) qui contaminent particulièrement les toilettes. Il y a quatre zones à risque où l'on peut retrouver les germes pathogènes: les serviettes communes pour les mains, le robinet, les poignées de porte et les lunettes. Les bactéries et les virus se propagent surtout via les mains lorsque l'on touche des surfaces contaminées et lorsque l'on tire la chasse d'eau. C'est pourquoi le docteur Saldmann, cardiologue, nutritionniste et spécialiste de l'hygiène, conseille de refermer le couvercle lorsque l’on tire la chasse, car des gouttelettes peuvent s'échapper et produire un effet aérosol (ces virus et bactéries peuvent encore être inhalés au cours des deux heures qui suivent) pouvant entraîner des infections respiratoires et envoyer des germes sur toute la surface du local ainsi que sur le papier toilette .
Le docteur Péchète explique, dans un reportage réalisé par la TSR, que non seulement c’est un risque de contamination personnelle, mais c’est aussi un risque de contamination élargi aux personnes qui seront saluées, par la suite, par le contaminé. Mais il faut noter toutefois que ces bactéries ne transmettent aucune maladie grave et incurable, sans être considérées comme anodines.
Les fabricants sont de plus en plus imaginatifs concernant ces fameuses lunettes de WC, et redoublent d'imagination concernant la prévention des contaminations. Nous retrouvons deux sociétés en France qui se sont lancées dans cette bataille : il s'agit de Elis avec son sanisiège, et de son concurrent Sofraco avec son saniprotect.
Les toilettes publiques à Paris en 1814
En 1814, Louis-Marie Prudhomme décrit les toilettes publiques du Palais Royal, puis évoque le manque de celles-ci à Paris[40] :
« Latrines publiques ou Cabinets d'aisances. Près les boutiques de bois, sont douze cabinets d’aisances : l’entrepreneur y fait habituellement une recette si considérable, que depuis peu d’années il a acquis de grandes propriétés. Cependant il n’en coûte que dix centimes par séance, et le papier est donné gratis. Les cabinets et les cuvettes sont très-propres et sans odeur. La toilette des garçons servans est aussi soignée que celle des garçons restaurateurs ou des limonadiers. Leurs profits leur rapportent quelquefois 48 fr. par jour. Il faut que le concours des nécessiteux et des amateurs soit bien considérable, puisque cet entrepreneur achète par milliers pesant le papier qui s’y consomme. Trois hommes sont occupés journellement à couper ce papier dans les proportions convenables.
Cette spéculation a fait la fortune de plusieurs entrepreneurs. L’un d’eux trouvant une demoiselle en mariage pour son fils, marchandait sur la dot. Le père de la demoiselle un peu surpris, lui dit : Mais combien donnez-vous en mariage à votre fils ? « Combien ? monsieur, je lui cède mon fonds ; et je crois que c est un joli morceau de pain à manger. »
Le père de la demoiselle, pâtissier de son état, lui observa qu'il y avait des non-valeurs dans son fonds, et que dans le sien ce qui ne se vendait pas le jour, se réchauffait pour le lendemain.
Il manque, dans les différens quartiers de Paris, des latrines publiques. L'on reconnaît l'utilité de celles qui sont établies au Luxembourg ou aux Tuileries.
On ne verrait plus le spectacle dégoûtant qu’offre un grand nombre des rues de Paris, et la pudeur et la décence ne se trouveraient plus si honteusement outragées comme elles le sont journellement.
Il y a environ 36 ans qu'un particulier imagina une garde-robe ployante ; il se promenait dans les rues de Paris en robe-de-chambre, tenant sous son bras une garde-robe ; de temps en temps, il criait : Chacun sait ce qu’il a à faire. Il faisait payer 4 sous par séance.
On est fort embarrassé dans les rues populeuses, quand le besoin vous presse ; si vous montez dans une maison inconnue, que vous tâtiez aux portes pour trouver les latrines, vous passerez pour un filou, quoique bien éloigné de chercher à prendre.
Beaucoup de personnes sont victimes de ne pouvoir satisfaire ce premier besoin de la nature. »
Littérature
- Les toilettes ont inspiré Le Petit Endroit, poème d'Emmanuel Arago envoyé par Maurice Sand à George Sand, et faussement attribué à Alfred de Musset[réf. nécessaire].
Chanson
- Ma cabane au fond du jardin de Laurent Gerra.
Notes et références
- ↑ Attesté dès 1859 dans Le Miroir aux alouettes de Nadar (1820-1910) 1859, ainsi que dans Les Misérables de Londres 1855. On le trouve également dans les œuvres complètes d'Alexandre Dumas de la même époque « il fallait traverser cette chambre pour entrer dans le cabinet de la tourelle, et ce cabinet, qui n'était autre que celui que les Anglais appellent water-closet, était commun à la famille royale, aux officiers municipaux et aux soldats. ». Il se retrouve également dans la langue anglaise en 1893 (notamment par trois fois dans Criminology de Dr Arthur Mac Donald édité par Funk & Wagnalls Company (New York), 1893 Cf. gallica)
- 1 2 Morisot J.M., Tableaux détaillés des prix de tous les ouvrages du bâtiment, Carilian, 1814 lire en ligne
- ↑ déformation de "back house", qui désignait le cabinet installé dans l'arrière-cour
- ↑ WHO & Unicef, Meeting the MDG Drinking Water and Sanitation Targets: The Urban and Rural Challenge of the Decade, WHO/Unicef Joint Monitoring Programme, Genève & New York, 2006 [lire en ligne].
- 1 2 3 4 5 6 7 8 Black & Fawcett, chapitre 1, « A short story of the unmentionable », p. 1-32.
- ↑ Assemblée générale des Nations unies, Résolution 192 session 61, 20 décembre 2006, page 2 [lire en ligne].
- ↑ « trousse » dans le dictionnaire du CNTRL
- ↑ Les initiales d’origine anglo-saxonne W.C. - prononcées « vécés » en France ou « wécés » en Belgique francophone
- ↑ Voir chiottes Sur le site cnrtl.fr
- ↑ Voir goguenot Sur le site cnrtl.fr
- ↑ Voir l'étymologie de cagoince Sur le site cnrtl.fr
- ↑ Voir roi Sur le site cnrtl.fr
- ↑ Voir l'article en anglais : Public toilet
- ↑ « la selle », « nécessaire », « salle des messieurs » ou « des dames », « la plus petite pièce » ou « le petit coin », le « trône » ou la « salle de trône », « salle de toilette », « chambre à l'eau » (de l'anglais « W.C. » ou « water closet ») ou « cabinet d'aisance »
- ↑ Voir TLFI, sur le site cnrtl.fr
- ↑ Voir la définition sur le TLFi.
- 1 2 Harold Farnsworth Gray, « Sewerage in ancient and medieval times », dans Sewage Works Journal, vol. 12, no 5, p. 939-946, 1940.
- ↑ Explication donnée par le guide des ruines de Vaison-la-Romaine où existent de telles toilettes antiques. Là réside peut-être l'origine du fameux « bâton merdeux » que l'on se repasse sans savoir par quel bout le prendre.
- ↑ Lucinda Lambton, Temples of Convenience and Chambers of Delight, Pavilion Books, Londres, 1995.
- ↑ Suétone, Vie du divin Vespasien, XXIII, 4-5 : « Comme son fils Titus lui reprochait d'avoir eu l'idée d'imposer même les urines, il lui mit sous le nez la première somme que lui rapporta cet impôt, en lui demandant ; « s'il était choqué par l'odeur », et Titus lui répondant négativement, il reprit ; « C'est pourtant le produit de l'urine. » » (traduction H. Ailloud, CUF, Paris, 1980, p. 66). Dion Cassius, LXVI, 14 reproduit l'anecdote.
- ↑ Liu Jiaya & Wang Jungqi, « The practice, problem and strategy of ecological sanitary toilets with urine diversion in China », dans First International Conference on Ecological Sanitation, novembre 2001, Jiusan Society & Unicef.
- 1 2 David Eveleigh, Bogs, baths and basins: the story of domestic sanitation, Sutton Publishing, 2002, Stroud (Royaume-Uni).
- ↑ Winblad & Simpson-Hébert, chapitre 3 « Eco-San examples », p. 21-52.
- ↑ Jean-François Pinera & Lisa Rudge, « Water and sanitation assistance for Kabul: A lot for the happy few? », 31e conférence du WEDC, Kampala, Ouganda [lire en ligne] [PDF]
- ↑ Jean Mesqui, Châteaux et enceintes de la France médiévale (de la défense à la résidence), Paris, éd. Picard, vol. 1, 1991, p. 96-105
- ↑ François de La Rochefoucauld, A Frenchman's Year in Suffolk, 1784, traduit et publié par Norman Scarfe, 1988, Suffolk Records Society, vol. XXX.
- ↑ Stephen Halliday, The Great Stink of London, Sutton Publishing, Stroud, 1999
- ↑ Hans Peter Duerr, Le Mythe du processus de civilisation, vol. 1 : Nudité et pudeur, Paris, Maison des sciences de l'homme, 1998, p. 201-202
- ↑ Voir David Barnes, The great stink of Paris and the nineteenth-century struggle against filth and germs, The Johns Hopkins University Press, Baltimore, États-Unis, 2006 (ISBN 0-8018-8349-0).
- ↑ Didier Bourrut - Association Toilettes du monde
- ↑ Bernal Diaz del Castillo, Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle Espagne. Fm/La découverte. Tom II, XCII, page 96 « Dans ce pays, on avait l'habitude d'établir, sur le bord des chemins, des abris en roseau, en paille ou en herbages pour cacher aux regards les gens qui y entraient, poussés par un certain besoin naturel, afin que le produit en fût recueilli et ne restât pas sans usage. »
- ↑ Les sanisettes, sur le site paris.fr
- ↑ Nouvelles règles taiwanaises, sur le site China.org.cn du 27 avril 2006
- ↑ Les toilettes publiques de Shanghai, sur le site China.org.cn de novembre 2005
- ↑ Pour des raisons de poids et d'économie de pétrole, il est conseillé de déféquer et d'uriner dans l’aéroport.
- 1 2 3 4 Journée mondiale des toilettes : un milliard de personnes ne disposent pas de WC , Batiactu, 2014-11-21
- 1 2 Amnesty International (2010), cité par Bongartz, P., Musyoki, S. M., Milligan, A., & Ashley, H. (2010). Si la merde m’était contée : l’Assainissement total piloté par la communauté en Afrique–Tour d'horizon) CC-BY-SA
- 1 2 Amnesty International (2010), cité par Bongartz, P., Musyoki, S. M., Milligan, A., & Ashley, H. (2010). Si la merde m’était contée : l'Assainissement total piloté par la communauté en Afrique–Tour d'horizon) CC-BY-SA
- ↑ (en) New York Women In Line to Get Restroom Relief - The Washington Post, 27 mai 2005
- ↑ Louis-Marie Prudhomme Voyage descriptif et philosophique de l'ancien et du nouveau Paris. Tome 2. Miroir fidèle qui indique aux étrangers et même aux Parisiens ce qu'ils doivent connaître... Suivi de la description des environs de Paris..., éditeur : l'auteur, Paris 1814, pp. 95-96-97.
Voir aussi
Articles connexes
- Arborloo
- Bloc désodorisant
- Chaise percée
- Chasse d'eau
- Entraînement à la propreté
- Fosse d'aisance
- Fosse septique
- Installation sanitaire
- Latrines
- Lunette de toilette
- Plomberie
- Pot de chambre
- Poulaine
- Toilettes sèches
- Toilettes volantes
- Urinoir
Bibliographie
- Jonathan Swift, Georges-Louis Le Sage, Yudin Collection (Library of Congress). Le grand mystère, ou, l'art de méditer sur la garde-robe: avec des observations historiques, politiques & morales, qui prouvent l'antiquité de cette science & qui contiennent les usages différents des diverses nations, par rapport à cet important sujet. Jean van Duren, 1729. Consulter en ligne
- Roger-Henri Guerrand, Les lieux. Histoire des commodités, La Découverte/Poche, 206 p.
- (en) Maggie Black et Ben Fawcett, The Last Taboo: Opening the Door on the Global Sanitation Crisis, Earthscan, Londres, 2008 (ISBN 978-1-8440-7544-7) [présentation en ligne] Traite de la crise sanitaire actuelle en la remettant dans la perspective de la révolution sanitaire et du développement. Cité dans les notes comme « Black & Fawcett ».
- (en) Uno Winblad & Mayling Simpson-Hébert (éds.), Ecological Sanitation, 2e édition, Stockholm Environment Institute, 2004 (ISBN 9-1887-1498-5) [lire en ligne] [PDF] Référence pratique sur les toilettes écologiques. Cité dans les notes comme « Winblad & Simpson-Hébert ».
Filmographie
- La Fabuleuse Histoire des excréments : documentaire de Quincy Russell, durée 3x43 minutes, 2007 ; diffusé en France par Arte [présentation en ligne].
Liens externes
- Museum des toilettes - Inde
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