John Steinbeck
John Steinbeck en 1962.
Nom de naissance | John Ernest Steinbeck |
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Naissance |
Salinas, Californie, États-Unis |
Décès |
(à 66 ans) New York, État de New York, États-Unis |
Activité principale |
Romancier, nouvelliste, correspondant de guerre |
Distinctions |
Langue d’écriture | Anglais américain |
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Mouvement | Génération perdue |
Œuvres principales
- Tortilla Flat
- En un combat douteux
- Des souris et des hommes
- Les Raisins de la colère
- La Perle
- À l'est d'Eden
- Voyage avec Charley
John Ernest Steinbeck, Jr., né le à Salinas et mort le à New York, est un écrivain américain du milieu du XXe siècle, dont les romans décrivent fréquemment sa Californie natale.
Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1962.
Biographie
Il naît en Californie, à Salinas, le 27 février 1902. John Steinbeck Senior, son père, est trésorier, et sa mère, Olive Steinbeck, est enseignante. Il a trois sœurs : Elizabeth (1894-1992), Esther (1892-1986) et Mary (1905-1965). Son grand-père paternel, Johann Adolf Großsteinbeck était un allemand originaire de Heiligenhaus. Après le lycée à Salinas, il étudie à Stanford, mais abandonne ses études, et en 1925 il part à New York, où il occupe divers emplois (reporter, apprenti peintre, maçon, ouvrier et chimiste). Il y travaille brièvement au New York American, mais rentre à Salinas dès 1926.
Il publie en 1929 un premier roman, La Coupe d'or (Cup of Gold: A Life of Sir Henry Morgan, Buccaneer, With Occasional Reference to History), une fiction historique basée sur la vie de Henry Morgan, qui ne rencontre pas le succès. En 1930, il épouse Carol Henning et déménage à Pacific Grove. Il y rencontre Ed Ricketts (en), un biologiste avec qui il se lie d'amitié.
En 1932, il publie Les Pâturages du ciel (The Pastures of Heaven), un recueil de nouvelles se situant dans la ville de Monterey. En 1933, il publie Le Poney rouge (The Red Pony) et Au dieu inconnu (To a God Unknown). Il reste ensuite au chevet de sa mère qui meurt en 1934. Il commence à recueillir des informations sur les syndicats fermiers. Son père meurt en 1935.
Tortilla Flat, écrit en 1935, lui vaut son premier prix littéraire, la médaille d'or du meilleur roman écrit par un Californien décernée par le Commonwealth Club of California. Cette histoire humoristique lui assure le succès. Il devient ami avec son éditeur, Pascal Covici.
Avec Des souris et des hommes (Of Mice and Men) et En un combat douteux (In Dubious Battle), publiés en 1936, ses œuvres deviennent plus sérieuses. Dans une lettre à un ami, il se désole : « Il y a des émeutes dans Salinas et des meurtres dans les rues de cette chère petite ville où je suis né. » Il reçoit le New York Drama Critics Award pour sa pièce.
Après La Grande Vallée (The Long Valley) en 1937 et Les Bohémiens des vendanges (série de sept articles écrits en 1936 pour le San Francisco News intitulés The Harvest Gypsies et publié, sous forme de pamphlet, avec pour nouveau titre Their Blood Is Strong[1]), un reportage sur les travailleurs immigrants, en 1938, il publie Les Raisins de la colère (The Grapes of Wrath) en 1939, qu'il considère comme sa meilleure œuvre. Néanmoins, estimant que son écrit est trop révolutionnaire pour connaître le succès, il conseille à son éditeur un petit tirage… Le livre connaît le succès. On lui reproche néanmoins le langage utilisé et les idées développées. Le livre est interdit dans plusieurs villes de Californie. En 1940, lorsque le roman est adapté au cinéma par John Ford sous le même titre The Grapes of Wrath, il reçoit le prix Pulitzer.
En 1941, il lance une expédition marine avec Ricketts, publie Dans la mer de Cortez (Sea of Cortez), écrit en collaboration avec son ami. Puis Steinbeck publie Lune noire (The Moon Is Down), traduit aussi sous le titre Nuits noires, en 1942. Cette même année, il divorce et épouse Gwyndolyn Conger en 1943. Lifeboat, dont il a écrit le script, sort au cinéma en 1944. La même année, il déménage à Monterey, mais y est mal accueilli par les habitants. Il déménage à New York. Il a un premier fils, Thom (qui sera l'oncle du chanteur Johnny Irion).
Après avoir écrit Rue de la sardine (Cannery Row) en 1945, il déménage à Pacific Grove en 1948. Il commence ses recherches pour l'écriture de À l'est d'Éden (East of Eden). En 1946, son second fils, John IV, vient au monde. Il essaye d'acheter le ranch où se déroulent les aventures du Poney rouge, mais il échoue. Les personnages de Rue de la sardine se retrouvent dans un autre roman, Tendre jeudi (Sweet Thursday).
En 1947, il publie La Perle (The Pearl) et part en URSS, accompagné du photographe Robert Capa, pour le New York Herald Tribune. Il en tire Journal russe (Russian Journal) en 1948. Ricketts meurt dans un accident de voiture. Il divorce.
Il rencontre Elaine Anderson Scott en 1949 et l'épouse en 1950. En 1952, il participe au film de Elia Kazan, Viva Zapata! et publie À l'est d'Éden.
Il publie en 1954 Tendre jeudi (Sweet Thursday). Une comédie musicale, Pipe Dream, en est tirée en 1955. Il déménage à Sag Harbor, dans l'État de New York. En 1957, la ville de Salinas propose de donner son nom à un lycée. Il refuse.
En 1958 est publié Il était une fois une guerre (Once There Was a War), recueil de ses reportages durant la Seconde Guerre mondiale. Il a une attaque en 1959, ce qui l'encourage à voyager en Angleterre et au Pays de Galles, puis à parcourir l'Amérique en 1960.
En 1961, il publie L'Hiver de notre mécontentement (The Winter of Our Discontent) son dernier roman, traduit par la suite sous le titre Une saison amère, en espérant « revenir en arrière de presque quinze ans et recommencer à l'intersection où il avait mal tourné ». Il est alors déprimé, et estime que la célébrité l'a détourné « des vraies choses ».
Les premières critiques sur le livre sont mitigées, mais il reçoit néanmoins le Prix Nobel de littérature en 1962. Après un autre voyage en Europe en 1963 avec Edward Albee, il reçoit la médaille de la Liberté des États-Unis en 1964.
En 1966 est publié son ultime livre, Un artiste engagé (America and Americans ), un recueil de reportages, de chroniques et d'essais politiques. Il meurt le à New York d'artériosclérose.
Son œuvre
On retrouve plusieurs dominantes dans l'œuvre de Steinbeck, avec d'abord la Californie en général, et en particulier les villes où il a vécu. Il met souvent en scène des personnages communs, de classe ouvrière, confrontés au Dust Bowl et à la Grande Dépression.
Tout au long de sa vie, John Steinbeck aime se comparer à Pigasus (de pig, cochon en anglais et Pegasus), un cochon volant, « attaché à la terre mais aspirant à voler ». Elaine Steinbeck explique ce symbole dans une lettre en parlant d'une « âme lourde mais essayant de voler ».
The Moon Is Down est paru en 1942. Il en existe une version française publiée à Lausanne sous le titre Nuits sans Lune en 1943. Cette version comporte, par rapport au texte original certaines coupures et certaines altérations, et ce pour des raisons faciles à comprendre. En effet, si à aucun moment de son récit, Steinbeck n'a explicitement désigné l'armée d'invasion comme étant allemande, de nombreuses mentions y sont faites de l'Angleterre, de la guerre de Russie, de l'occupation de la Belgique vingt années auparavant, qui ne laissent subsister aucun doute, et avaient donc dû être supprimées dans l'édition de Lausanne[2]. La traduction française intégrale est parue en 1994 sous le titre Lune noire.
Attribution du prix Nobel
Lorsqu'en 2012, la Fondation Nobel rend publiques les archives des délibérations vieilles de cinquante ans comme le stipule le règlement, elle révèle que John Steinbeck fut récompensé par défaut[3],[4]. Les quatre autres auteurs retenus dans la sélection finale de 1962 étaient la Danoise Karen Blixen, le Français Jean Anouilh puis les Britanniques Lawrence Durrell et Robert Graves[3],[4]. Il fut d'emblée décidé que Durell serait écarté[3]. Blixen mourut un mois avant l'élection du gagnant et Anouilh fut évincé car sa victoire aurait été trop proche de celle Saint-John Perse, le dernier lauréat français[3],[4]. Graves, quant à lui, était connu comme poète bien qu'il ait publié quelques romans[4]. Mais pour Anders Österling, secrétaire perpétuel d'alors de l'Académie suédoise, personne dans la poésie anglophone n'égalait le talent d'Ezra Pound dont il fut décidé qu'il serait privé de la récompense à cause de ses positions politiques[4]. Steinbeck obtint finalement le prix. L'annonce de son couronnement fut mal reçue par la presse suédoise et américaine pour qui il était un auteur du passé[4]. En effet, l'écrivain américain n'avait rien publié de marquant depuis longtemps et ses grands romans (Les Raisins de la colère, Des souris et des hommes et À l'est d'Eden) étaient derrière lui[4]. Quand il répondit à un journaliste lui demandant s'il méritait la distinction, Steinbeck, lui-même surpris par sa victoire, répondit : « Franchement, non. »[3].
Œuvres
- La liste ne répertorie que la première édition en français.
Romans
- Cup of Gold (1929) Publié en français sous le titre La Coupe d'or, traduit par Jacques Papy, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1952
- To a God Unknown (1933) Publié en français sous le titre Au dieu inconnu, traduit par Jeanne Witta-Montrobert, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1950
- Tortilla Flat (1935) Publié en français sous le titre Tortilla Flat, traduit par Brigitte V. Barbey, Lausanne, Marguerat, « La Caravelle » no 7, 1944
- In Dubious Battle (1936) Publié en français sous le titre En un combat douteux, traduit par Edmond Michel-Tyl, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1940
- Of Mice and Men (1937) Publié en français sous le titre Des souris et des hommes, traduit par Maurice-Edgar Coindreau, Paris, Gallimard, 1939
- The Grapes of Wrath (1939) Publié en français sous le titre Les Raisins de la colère, traduit par Marcel Duhamel et Maurice-Edgar Coindreau, Paris, Gallimard, 1947
- The Moon Is Down (1942) Publié en français sous le titre Lune noire, traduit par Jean Pavans, Paris, J.-C. Lattès, 1994
- Cannery Row (1945) Publié en français sous le titre Rue de la sardine, traduit par Magdeleine Paz, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1947
- The Wayward Bus (1947) Publié en français sous le titre Les Naufragés de l'autocar, traduit par Renée Vavasseur et Marcel Duhamel, Paris, Gallimard, 1949
- East of Eden (1952) Publié en français sous le titre À l'est d'Éden, traduit par J.-C. Bonnardot, Paris, Del Duca, 1956
- Sweet Thursday (1954) Publié en français sous le titre Tendre Jeudi, traduit par J.-C. Bonnardot, Paris, Éditions Mondiales, 1956
- The Short Reign of Pippin IV (1957) Publié en français sous le titre Le Règne éphémère de Pépin IV, traduit par Rose Celli, Paris, Del Duca, 1957
- The Winter of Our Discontent (1961) Publié en français sous le titre L'Hiver de notre mécontentement, traduit par Monique Thiès, Paris, Del Duca, 1961
Courts romans
- The Red Pony (1933) Publié en français sous le titre Le Poney rouge, dans La Grande Vallée, traduit par Marcel Duhamel et Max Morise, « Du monde entier », 1946
- The Pearl (1947) Publié en français sous le titre La Perle, traduit par Renée Vavasseur et Marcel Duhamel, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 1950
- Burning Bright (1950) Publié en français sous le titre La Flamme, traduit par Henri Thiès, Paris, Del Duca, 1951
Recueils de nouvelles
- The Pastures of Heaven (1932) Publié en français sous le titre Les Pâturages du ciel, traduit par Louis Guilloux, Paris, Gallimard, 1948
- The Long Valley (1938) Publié en français sous le titre La Grande Vallée, traduit par Marcel Duhamel et Max Morise, « Du monde entier », 1946
Récits, reportages et mémoires
- The Harvest Gypsies ou Their Blood Is Strong (1938), recueil d'articles Publié en français sous le titre Les Bohémiens des vendanges, traduit par Jean-François Chaix, Paris, Éditions Mille et une nuits, « Petite collection » no 254, 2000
- The Log from the Sea of Cortez (1941-1951) Publié en français sous le titre La Mer de Cortèz, traduit par Rosine Fitzgerald, Paris, Éditions maritimes et d'outre-mer, 1979 ; réédition de la même traduction sous le titre Dans la mer de Cortez, Arles, Actes Sud, 1989
- Bombs Away: The Story of a Bomber Team (1942)
- A Russian Journal (1948) Publié en français sous le titre Journal russe, traduit par Marcel Duhamel, Paris, Gallimard, 1949
- Once There Was A War (1958) Publié en français sous le titre Il était une fois une guerre, traduit par Henri Thiès, Paris, Del Duca, 1960
- Travels with Charley: In Search of America (1962) Publié en français sous le titre Mon caniche, l'Amérique et moi, traduit par Monique Thiès, Paris, Del Duca, 1962 ; réédition de la même traduction sous le titre Voyage avec Charley, Arles, Actes Sud, 1997
- America and Americans (1966) Publié en français sous le titre Un artiste engagé, traduit par Christine Rucklin, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 2003
Écrits posthumes
- Journal of a Novel: The East of Eden Letters (1969)
- Viva Zapata! (1975), scénario du film d'Elia Kazan Publié en français sous le titre Zapata, suivi de Viva Zapata !, traduit par Christine Rucklin, Paris, Gallimard, « Du monde entier », 2003
- The Acts of King Arthur and His Noble Knights (1976) Publié en français sous le titre Le Roi Arthur et ses preux chevaliers, traduit par Patrick et Françoise Reumaux, Paris, J.-C. Godefroy, 1982
- Working Days: The Journals of The Grapes of Wrath (1982)
- Steinbeck in Vietnam: Dispatches from the War (2012)
Notes et références
- ↑ (en)The Great Depression and the Arts Les sept articles du San Francisco News sur le site New Deal Network.
- ↑ John Steinbeck et la censure : le cas de The Moon is Down traduit en français pendant la Seconde Guerre mondiale
- 1 2 3 4 5 « John Steinbeck, prix Nobel par défaut », Libération, (lire en ligne)
- 1 2 3 4 5 6 7 Charlotte Pudlowski, « Comment Steinbeck a privé le Français Anouilh du Nobel en 1962 », Slate, (lire en ligne)
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