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Crise écologique

Crise écologique

En écologie, une crise écologique se produit lorsque le milieu de vie d'une espèce ou d'une population évolue de façon défavorable à sa survie.

Effets du Dust Bowl : tempête de poussière dans le Texas en 1935.

Quelques hypothèses sur les origines possibles des crises écologiques

Une crise écologique peut avoir une ou plusieurs origines..

Il peut s'agir d'un environnement dont la qualité se dégrade par rapport aux besoins de l'espèce, par suite d'une évolution des facteurs écologiques abiotiques.
Par exemple, une augmentation de la température hivernale moyenne locale pourra entraîner la disparition d'une espèce nécessitant une vernalisation, i.e. un besoin de températures fraîches pendant une certaine durée pour permettre la floraison (ce pourrait par exemple être le cas de la mirabelle en Lorraine).

De même, une diminution de la luminosité faisant par exemple à la suite de multiples éruptions volcaniques ou à une chute météoritique, peut limiter considérablement la biomasse végétale, en raison de la diminution de l'efficacité de l'activité photosynthétique (voir les hypothèses sur l'extinction Crétacé-Tertiaire).

Il peut aussi s'agir d'un environnement qui devient défavorable à la survie de l'espèce (ou d'une population) à cause d'une augmentation du nombre de ses prédateurs.
Par exemple, l'éléphant africain est classé espèce en danger en raison d'une chasse intensive pour l'ivoire de ses défenses. Au début du XXIe siècle, le nombre de poissons dans les océans est en diminution en raison de la pêche intensive pratiquée par les bateaux industriels.

Il peut aussi s'agir d'un environnement qui devient défavorable à cause d'une augmentation de la compétition interspécifique (entre deux espèces) ou intraspécifique (entre deux races d'une même espèce) pour l'espace ou les sources de nourriture.
Par exemple, des espèces invasives, telles que Caulerpa taxifolia en mer Méditerranée, entraînent progressivement la disparition des espèces locales.
Un autre exemple concerne ce qui a été appelé écocide au Viêt Nam : lors du conflit armé entre les États-Unis et le Viêt Nam du Nord, les américains utilisèrent un défoliant, l'agent orange (contenant de la dioxine), dans l'objectif de détruire la forêt dans laquelle se cachaient les combattants, ou les rizières qui les nourrissaient. La dioxine déversée à l'époque s'est accumulée dans les chaînes trophiques et est encore responsable, 40 ans plus tard, de la naissance d'enfants anormaux, sans membres, voire sans crane ou sans cerveau. Les herbicides utilisés auraient également détruit 2 millions d'hectares de forêts et 500 000 hectares de mangroves remplacés par des savanes.

Enfin, il peut aussi s'agir d'une situation qui devient défavorable à la qualité de vie de l'espèce (ou de la population) à cause d'une trop forte augmentation du nombre d'individus, ce qui impose une forte pression sur son environnement de vie.

Manifestations des crises écologiques

L'extinction des espèces

Impacts environnementaux de la cynégétique : vers 1875, pile de crânes de bisons destinés à la fabrication d'engrais. Parfois les cadavres étaient abandonnés dans la prairie, simplement dépouillés de leur fourrure.
Article détaillé : Extinction des espèces.

Elles peuvent aussi être d'origine anthropique ou naturelle.

Elles peuvent ne concerner qu'une seule ou un petit nombre d'espèces, ou au contraire un très grand nombre d'entre elles ; à cet égard, le déclin des populations d'amphibiens fournit un exemple précis et détaillé affectant une classe entière d'espèces.

Quelle que soit son origine initiale, la disparition d'une ou de plusieurs espèces va souvent entraîner une rupture d'équilibre.

Crises locales et crise globale

Les crises écologiques peuvent se manifester localement ou bien globalement.

Dans le cas d'une crise locale, seul un écosystème va être touché. Si l'espèce est endémique, la crise écologique pourra entraîner sa disparition. C'est par exemple le cas de plusieurs hominidés, comme le grand singe, dont il ne reste plus que quelques survivants. Une crise écologique locale touche une certaine zone géographique, de taille réduite, par exemple un fleuve, une mer, une île, une écorégion. Elle a des conséquences négatives pour une partie ou la totalité des espèces vivant dans cette région. Un exemple de crise locale peut être une marée noire, telle que celle due au naufrage de l'Erika, ou un incident dans une usine chimique, telle que la catastrophe de Bhopal.

Une crise écologique globale touche l'ensemble de la biosphère, et potentiellement l'ensemble des espèces. Parmi les exemples les plus cités est celui relatif au risque de réchauffement climatique lié à l'effet de serre, celui du trou de la couche d'ozone lié aux émissions de CFC ou les pluies acides liées aux émissions de soufre. Le phénomène de crise globale n'est pas nouveau, cependant il était auparavant uniquement lié aux modifications de facteurs écologiques abiotiques (par exemple, la diminution de la température moyenne au cours des âges glaciaires du quaternaire).

Les conséquences des crises écologiques

Certaines espèces ont colonisé la totalité (ou presque) du globe terrestre, par exemple, l'espèce humaine, la fourmi, le moustique.

D'autres espèces ne vivent pas sur la totalité du globe terrestre mais sont cependant représentées par un grand nombre de populations disséminées dans des écosystèmes similaires ; c'est le cas du chêne qui existe dans pratiquement toutes les zones tempérées.
Un nombre important d'espèces ne sont représentées que par un petit nombre de populations, en raison d'exigences climatiques assez fortes; c'est le cas par exemple du phoque (pour rappel, une population est un ensemble d'individus appartenant tous à la même espèce, et vivant au même endroit au même moment).

Le Chef Raoni Metuktire, défenseur de la Forêt amazonienne.

Enfin, l'espèce dite endémique (une espèce endémique à un lieu est une espèce qui ne vit qu'à cet endroit) est représentée par une seule et unique population. La disparition de cette population (par exemple, à cause de la destruction de son unique milieu de vie) entraînera la disparition de l'espèce. La destruction d'une région à endémisme élevé (comportant un grand nombre d'espèces endémiques) provoquera l'extinction d'un nombre significatif d'espèces et est donc particulièrement importante pour la conservation.

Une crise écologique locale peut avoir pour conséquence la mort de nombreux individus, la disparition d'une population, voire d'une espèce si celle-ci était endémique. Selon l'espèce et son rôle dans l'écosystème, cette disparition peut entraîner une rupture plus ou moins importante dans la chaîne alimentaire et avoir un impact variable sur la survie des autres êtres vivants.

Dans le cas d'une crise globale, les conséquences peuvent être beaucoup plus importantes, puisque certaines extinctions ont vu la disparition de plus de 90 % des espèces. Cependant, la disparition de certaines espèces, telles que les dinosaures, en libérant une niche écologique, ont permis le développement et la diversification des mammifères. Une crise écologique a donc paradoxalement favorisé la biodiversité.

Parfois, une crise écologique peut être un phénomène ponctuel et réversible à l'échelle d'un écosystème. Mais plus généralement, les crises écologiques ont un impact majeur à plus long terme. En effet, il s'agit plutôt d'une succession d'évènements qui s'induisent les uns les autres, jusqu'à un certain point de rupture. À partir de ce stade, qui peut correspondre à la mort de nombreux individus et à l'extinction d'une ou plusieurs espèces, le retour en arrière au précédent état de stabilité n'est plus possible, et un nouvel état se mettra progressivement en place.

Si une crise écologique peut être à l'origine d'extinction, elle peut aussi réduire la qualité de vie des individus restant en vie. Ainsi, même si la diversité de la population humaine est parfois considérée menacée (voir en particulier les peuples indigènes), peu s'accordent à envisager la disparition de l'espèce humaine à court terme. Cependant, les maladies épidémiques, les famines, l'impact sur la santé de la dégradation de la qualité de l'air, les crises alimentaires (voir aussi biosûreté ou la sécurité alimentaire), la disparition des milieux de vie (voir écoréfugiés), l'accumulation des déchets toxiques non dégradables, les menaces de disparitions d'espèces phares (telles les grands singes, le panda, la baleine)... sont aussi des facteurs influençant également le bien-être des gens (voir aussi éthique).

Quelques exemples de crises écologiques

Le Triomphe de la Mort

Peinture de Pieter Brueghel l'Ancien (1562).

Exemples anciens

Les crises écologiques ne sont pas un phénomène récent. Les géologues ont mis en évidence l'occurrence de multiples crises globales ayant abouti à des extinctions massives d'espèces. Des hypothèses variées pourraient expliquer ces crises, la chute de météores, des modifications de l'activité solaire, recrudescence de l'activité volcanique, dérive des continents, les variations de l'eustatisme, les événements anoxiques océaniques, etc. Ces crises biologiques permettent notamment d'établir les grandes coupures de l'échelle des temps géologiques.

Chez l'Homme : Des paléontologues[1], se basant sur des études de génétique des populations humaines, estiment que l'humanité a déjà failli s'éteindre il y a 70 000 ans en Afrique de l'Est, à cause de sécheresses extrêmes, qui auraient réduite la population humaine à environ 2 000 individus, probablement divisés en petits groupes. Selon eux, les groupes humains se seraient refondus il y a 40 000 ans dans une population unique, pan-africaine, après 100 000 ans de séparation.

Entre 900 et 1700 après J.-C., la surexploitation de l'île de Pâques par les Pascuans a provoqué la chute de leur culture et de leur population. Un modèle mathématique[2] a établi que leur population n'aurait pas du dépasser 2000 habitants pour qu'ils puissent durablement survivre sur l'île sans épuiser une ressource qui leur était indispensable, le cocotier.

Exemples récents

Plus récente, la crise écologique européenne du XIVe siècle aboutit à une réduction considérable de la population humaine. Cette crise se produit alors que l'Europe était arrivée à la saturation de sa capacité de charge, compte tenu des techniques agraires connues (l'araire, le brûlis, la vaine pâture) et compte tenu des prélèvements par les seigneurs inactifs de l'époque (féodalisme). Dans cette situation de limitation des ressources alimentaires nécessaires à une population en pleine expansion, l'arrivée de la Grande Peste vers 1346, a entrainé la disparition de plus du tiers de la population européenne. La diffusion du microbe de la peste fut favorisé par les échanges maritimes et le développement urbain de l'époque. À la suite de la diminution de la population, la capacité de charge européenne est redevenue suffisante et la crise a modifié les techniques de production de l'époque, avec l'usage de la charrue en fer et la polyculture élevage (pour laquelle le déchet d'une activité -la bouse- devient l'intrant d'une autre - l'engrais).

Au début du XXIe siècle, de nombreux spécialistes estiment qu'une crise écologique majeure est en train de se produire. Les arguments avancés sont :

  • Les évolutions atmosphériques

Un des problèmes les plus cités est celui relatif au risque de réchauffement climatique lié à l'effet de serre, causé par la forte augmentation du dioxyde de carbone et du méthane dans l'atmosphère. Un réchauffement global pourrait entraîner l'inondation des deltas asiatiques (voir aussi écoréfugiés), la multiplication de phénomènes climatiques extrêmes et l'évolution de la nature et de la quantité des ressources alimentaires à la suite des impacts sur l'activité agricole.

Parmi les autres problèmes globaux, on peut citer le trou de la couche d'ozone (ayant abouti à l'interdiction de l'usage des chlorofluorocarbones (CFC) et autres gaz halogènes utilisés dans les sprays aérosol et les systèmes de réfrigération) ou les pluies acides liées aux émissions de soufre.

L'industrie du transport et de l'automobile porte une part de responsabilité dans le volume de ces émissions de gaz à effet de serre.

Réduction du lac Tchad, un bassin endoréique.
  • La dégradation, voire la disparition de certains habitats

Dans de nombreuses contrées, la nature originelle a été remplacée par un milieu modifié par l'homme. Ainsi, en Europe, la majeure partie des forêts hercyniennes a été défrichée et remplacée par des cultures intensives, des lacs artificiels aménagés, des landes plantées. Une partie de l'Asie (Est de la Chine, Inde, Asie du Sud-Est...) ainsi que le Moyen-Orient ont également perdu une grande partie de leur habitat originel depuis des siècles, voire des millénaires.

Dans d'autres pays à sol fragile, telle que l'Amazonie, la déforestation de la forêt amazonienne à fin de culture, aboutit fréquemment à des situations de désertification. En effet, les sols amazoniens sont assez pauvres et régulièrement abandonnés trois à quatre ans après le défrichage.

Des marais salants ont été éliminés dans le cadre de la lutte contre les moustiques et pour le développement touristique.

La catastrophe de Tchernobyl en 1986 fut à l'origine de l'abandon de grandes surfaces arables et de déplacements massifs des populations humaines. Les conséquences ont été assez inattendues avec dans les régions les plus irradiées et sur le long terme un effondrement des populations d'insectes et d'arachnides alors que les mammifères ont plutôt prospéré[3]...

De la théorie à la pratique: Il est souvent admis que les scorpions seraient les seuls survivants d'une guerre nucléaire. Certes les insectes et les arachnides résistent très bien à une irradiation aiguë en milieu expérimental. Mais l'accident de Tchernobyl a montré sur le long terme que leurs populations souffrent plus des retombées que celles des mammifères.

Enfin, des catastrophes maritimes récurrentes aboutissent à la pollution du milieu marin et des littoraux lors des dégazages ou largages d'hydrocarbures (voir Amoco Cadiz par exemple).

Pollution de l'eau.
  • L'évolution de la disponibilité et de la qualité de l'eau

Parmi les questions les plus pressantes figurent celles portant sur la disponibilité en eau et plus particulièrement en eau potable. La démographie galopante est à l'origine, localement, de surpopulation, elle entraîne d'une part des besoins croissants en eau (également lié à une augmentation de la qualité de la vie) et d'autre part des difficultés croissantes à gérer les pollutions de l'eau qui ne peuvent plus être prises en compte par le milieu naturel.

  • L'évolution de la production de déchets
Mode de vie dans un bidonville de Jakarta.

De façon similaire se pose le problème croissant de la gestion des déchets, en particulier dans les pays industriels. Les dernières décennies du XXe siècle ont vu l'augmentation du nombre de déchets, dont en particulier les déchets toxiques (tel que la dioxine), les déchets ultimes de l'industrie nucléaire ou plus simplement de grandes quantités de déchets non-biodégradables. Ces déchets peuvent être à l'origine de cancers dans les populations. Dans certains pays, des décharges publiques gigantesques se sont développées.

Apparition du moustique tigre en Amérique du Nord [4], une espèce invasive.
  • Modification des compétitions entre espèces

Une autre conséquence du développement de la présence humaine sur le globe est l'influence de l'introduction d'espèces exotiques, entrant en compétition avec les espèces locales (telles que la petite tortue de Floride offerte aux enfants, ensuite relâchée dans la nature, l'algue Caulerpa taxifolia en Méditerranée, ou encore l'invasion des lapins en Australie). Ces introductions sont souvent involontaires, disséminées par des bateaux ou avions. Certains craignent également l'influence que pourrait avoir la mise en culture de plantes génétiquement modifiées.

  • la multiplication de crises relatives à la biosûreté

Un indicateur de l'avènement généralisé d'une crise écologique concerne la prise de conscience de la multiplication de crises plus ou moins locales relatives à la biosûreté : parmi lesquelles la vache folle, les marées noires, l'apparition du sida, celle de la grippe aviaire, et l'augmentation des cas de cancer liés à l'exposition environnementale. Cette prise de conscience n'échappe pas à des phénomènes médiatiques qui viennent amplifier la dimension de peur et sur-évalue la notion de risque, parfois difficile à maîtriser. C'est par exemple le cas des annonces médiatiques de risques existants sur le phénomène de la grippe aviaire et ses conséquences, à l'automne 2005, qui ne s'est finalement pas avéré dans les faits. Ces phénomènes posent de nouvelles questions à nos gouvernements, car il devient difficile d'agir vite et de manière efficace, pour protéger au mieux les populations, dans un monde où les limites des données scientifiques sur la crise écologique nous fait évoluer dans un contexte d'incertitude[5].

  • Le rythme élevé de disparition des espèces

Au-delà de la constatation de l'évolution des caractéristiques de la biosphère, les experts estiment que la disparition d'espèces se produit actuellement à un rythme très élevé. La destruction des milieux naturels, accompagnés de la dégradation des sols ont eu un impact sur la biodiversité (flore et faune), entraînant la disparition ou la raréfaction de nombreuses espèces, telles que le loup, l'ours brun, le bison, le lynx. Cependant, d'autres espèces ont pu prospérer dans les nouvelles niches écologiques. Depuis quelques années, la surpêche provoque également de graves déséquilibres dans les milieux marins. Ainsi, de nombreuses espèces de requin sont en voie de disparition. Or, ces prédateurs sont les régulateurs ultimes des écosystèmes marins... dont dépendent à leur tour les écosystèmes terrestres. Ce déséquilibre pourrait, entre autres, conduire à la prolifération des petits poissons, et à la raréfaction des algues, qui selon les estimations, apportent soit la moitié, soit les deux tiers du dioxygène présent dans l'atmosphère.

Le développement des villes a réduit les aires de répartition des espèces, mais a pu en favoriser d'autres (présence de parcs et jardins). Certaines espèces animales ont mis à profit l'existence des gares, des églises, des souterrains. Cependant, de nombreux animaux disparaissent écrasés sur les autoroutes, noyés dans les canaux, ou assommés contre des vitres.

Causes

Les causes de la crise écologique actuelle semblent être le produit du développement de plusieurs facteurs, dont il est difficile d'établir et de dater les causes. Il est cependant acquis que l'activité de l'espèce humaine en est la première explication.

Cause humaine

Ce qui est plus récent toutefois, est l'impact dû à une seule et unique espèce sur la biosphère : l'espèce humaine. L'homme, prédateur omnivore, a longtemps été un simple élément parmi les autres au sein des écosystèmes naturels. Grâce à ses acquisitions technologiques et à un fort accroissement démographique, l'homme est la seule espèce dont l'activité a une influence majeure sur son milieu de vie. Le début de cette influence date des débuts de l'agriculture, au néolithique. Alors qu'il a longtemps été négligé par les écologistes, l'écologie humaine considère à présent l'homme comme un facteur écologique nouveau et étudie l'impact de son activité sur son environnement de vie.

L'espèce humaine se différencie des autres espèces vivantes à différents titres :

  • l'espèce a migré et colonisé pratiquement tous les continents. À de rares exceptions près (milieux extrêmement froids ou très arides), l'homme s'est répandu sur la totalité de la surface terrestre.
  • Anthropisation : l'homme modifie son environnement de vie volontairement et consciemment (avec l'agriculture, l'homme modifie le paysage, fait reculer presque irréversiblement la forêt pour construire des villes à la place; il remplace certaines communautés de végétaux par des écosystèmes artificiels, les champs, ou les prés).
  • l'homme perturbe les équilibres de la biosphère et de la biodiversité par le biais de son activité agricole et industrielle (par exemple en libérant de grandes quantités de phosphates, sous forme d'engrais ou de lessives, phosphates responsables de l'eutrophisation de certains milieux aquatiques);
  • l'homme est la seule espèce dont l'activité en un point du globe peut avoir des conséquences en un point complètement différent (par exemple, l'émission des gaz à effet de serre par les pays développés est jugée responsable d'une certaine partie du réchauffement climatique, qui pourrait lui-même aboutir à la disparition du Bangladesh ; voir aussi le passage du nuage radioactif provenant de l'explosion de la centrale de Tchernobyl au-dessus d'une bonne partie de l'Europe qui est responsable de contamination encore aujourd'hui).
Participation au protocole de Kyoto en janvier 2011 :
  •      Pays ayant ratifié le protocole
  •      Pays signataires refusant pour l'instant de le ratifier
  •      Pays s'étant retiré du protocole
  •      Pays encore non signataires
  • Si l'activité anthropique est aujourd'hui jugée majoritairement responsable de ce qu'il est devenu courant d'appeler « la crise écologique globale », l'espèce humaine est aussi la seule espèce qui agisse consciemment et délibérément pour essayer de restaurer certains équilibres globaux (par exemple, par le biais de protocoles internationaux, tels que le protocole de Kyoto). Pour de nombreux spécialistes, le maintien de la biodiversité est la condition sine qua non pour la survie de la biosphère, d'où la multiplication de conférences relatives à la biodiversité.

    Selon la thèse « Les racines historiques de notre crise écologique » de l'historien Lynn White, l'origine de la crise écologique vient en partie de la chrétienté occidentale et médiévale qui s'est basée sur le récit biblique anthroposophique du livre de la Genèse[6] invitant l'homme à dominer la nature (interprétation dite « despotique »). D'autres passages de la Genèse peuvent cependant s'analyser autrement : toutes les créatures disposent d'une valeur intrinsèque[7] (interprétation dite de l'« intendance ») et l'homme est invité à « cultiver et garder » le jardin du monde[8] ; l'humanité (qui a la même racine qu'humus) est issue de la Terre (en hébreu ha-adama « la terre », « la glaise », qui a donné Adam) comme toutes les autres espèces et ne peut donc se prévaloir d'une quelconque supériorité[9] (interprétation dite « citoyenne »)[10].

    Un article publié dans la revue Nature du , signé de 22 scientifiques, et intitulé "Approaching a state shift in Earth's biosphere", met en évidence le risque, à échéance de quelques décennies, d'un basculement brutal de l'écosystème mondial de son état actuel vers un état complètement différent, qui pourrait entrainer une extinction massive des espèces et des conséquences dramatiques pour l'espèce humaine. Il explique que les perturbations considérables apportées par les activités humaines aux écosystèmes et à leurs processus de régulation approchent des seuils au-delà desquels des changements brutaux et irréversibles pourraient se produire. Les actions préconisées pour se prémunir contre ces risques sont, outre l'amélioration de la prospective biologique par la détection des signes précoces de transitions critiques et des boucles de rétroaction qui les renforcent, la réduction du taux de croissance de la population et de la consommation par tête, l'augmentation rapide de la part des énergies autres que fossiles dans les bilans énergétiques, l'amélioration des rendements agricoles au lieu de la mise en culture de nouvelles terres, la préservation des réservoirs de biodiversité. Le journal Libération a consacré un dossier à cet article le 10/08/12.

    Origines philosophiques et économiques

    Selon Jean Bastaire, la crise écologique globale trouverait son origine dans la philosophie de Descartes, selon laquelle l'homme devait se « rendre comme maître et possesseur de la nature » (Discours de la méthode, Sixième partie)[11].

    Jean-Marc Jancovici voit dans la révolution industrielle l'une des principales causes du réchauffement climatique actuel, l'utilisation massive d'énergies fossiles (charbon puis pétrole) ayant accumulé dans l'atmosphère une quantité importante de gaz à effet de serre[12].

    André Gorz affirme également de son côté un lien structurel entre la crise écologique et la surconsommation induite par le capitalisme et le mode de vie occidental[13].

    Cette relation entre crise écologique et surconsommation est corroborée par le rapport du député Jacques Le Guen « protection des forêts tropicales et de leur biodiversité, contre la dégradation et la déforestation »[14].

    L'impact de la crise écologique aurait fortement augmenté au XXe siècle, d'une part en raison de l'augmentation de la population totale (voir aussi transition démographique), d'autre part en raison du développement économique et industriel de la seconde moitié du XXe siècle (voir aussi décroissance et développement durable). L'origine de cette crise vient aussi de la crise sociale engendrée par l'individualisme contemporain.

    Pour Geneviève Férone, un krach (ou crash) écologique global est prévisible vers 2030 si aucune mesure drastique n'est prise d'ici là, à cause de la convergence de quatre facteurs écologiques liés les uns aux autres :

    Selon elle, seuls une politique mondiale volontariste et un changement des modes de vie à court terme, suivis de progrès scientifique et de développement à long terme pourraient éviter un épuisement de la chaîne alimentaire, des famines, des ruptures sociales et des guerres[15].

    Notes et références

    1. Meave Leakey (pr. de paléontologie, université Stony Brook, New York, États-Unis), Doron Behar (centre médical Rambam, Haifa, Israël), Saharon Rosset (Centre de recherche du groupe IBM à Yorktown Heights, New York, États-Unis).
    2. Mauro Bologna, Université de Tarapacà, Brésil, cité par Science et Vie, avril 2008, p. 36
    3. article du journal Le Monde du 25/3/2009, « À Tchernobyl, vingt ans après l'accident nucléaire, les insectes pollinisateurs n'irradient pas de bonheur ». Cet article revient sur le fait que si dans les zones les plus irradiées les populations de mammifères ont prospéré, celles des insectes et des arachnides ont diminué.
    4. où il a propagé le virus du Nil occidental.
      • Yannick Barthe et Michel Callon, Agir dans un monde incertain : essai sur la démocratie technique, Paris, Le Seuil, , 357 p. (ISBN 978-2-020-40432-7, OCLC 144690604)
    5. Gn 1,28
    6. Gn 1,31
    7. Gn 2,15
    8. Gn 2,7
    9. (en) Brian Chalkley, Martin Haigh, David Higgitt, Education for Sustainable Development, Routledge, 2013, p. 113
    10. Réunion du groupe X-environnement à la Maison des Polytechniciens, 13 juin 2007
    11. Jean-Marc Jancovici, L'avenir climatique, 2002
    12. Écologie et liberté, 1977
    13. Mission sur la protection des forêts tropicales, la sauvegarde de la biodiversité et la lutte contre la déforestation, Jacques Le Guen - Contribution des Amis de la Terre France, mai 2010
    14. 2030 : le krach écologique, Geneviève Férone, Le Nouvel Observateur, 6 mars 2008

    Voir aussi

    Articles connexes

    Bibliographie

    • Damien Millet et Éric Toussaint, La crise, quelles crises ?, Bruxelles Genève Liège, Aden Cetim CADTM, , 285 p. (ISBN 978-2-930-44313-3, 978-2-805-90043-3 et 978-2-880-53076-1, OCLC 690573473).
    • Portail de la conservation de la nature
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