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Naturphilosophie

Naturphilosophie

Article connexe : Idéalisme allemand.

La Naturphilosophie désigne un courant de pensée, essentiellement allemand pour lequel la traduction littérale en français par l'expression « Philosophie de la nature » déforme le sens et qu'il est préférable selon le Dictionnaire des Concepts[1] de conserver son appellation Naturphilosophie non traduite. Ce courant à la fois scientifique et philosophique, apparaît en Allemagne dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, et se propage ensuite dans le reste de l'Europe, où il reste cependant discret. Ancré dans le contexte du Romantisme et de l'Idéalisme allemand, il vise à rendre compte de l'intégralité des phénomènes de toute nature matériels et spirituels, avec l'ambition de dévoiler l'être total de la nature par la remise en cause de la frontière rigide entre la nature et l'esprit[1]. Il se réfère à une vision du monde organique et dynamique comme alternative à la vision atomiste et mécaniciste de la science moderne.

Schelling est le premier à employer systématiquement à partir de 1799 le terme de Naturphilosophie de préférence à celui de « philosophie de la nature », Philosophie der Natur. Dans une véritable synthèse originale il conçoit ce nouvel « être total » comme traversé par une dynamique de forces originaires commandant l'ensemble de ses métamorphoses et encadrée par des polarités[1]. Le Dictionnaire..[1] parle à propos de cette approche schellingienne d'une puissance intégratrice telle qu'elle en vint à désigner au-delà de son œuvre « l'un des principaux programmes de recherche de la philosophie et de la science allemande entre 1790 et 1820 ».

La Naturphilosophie prétend donner une explication métaphysique aux récentes découvertes de la science, notamment en physique et en biologie. Les philosophes allemands de l'époque vont tenter de rendre compte de phénomènes comme le magnétisme et l'électricité, ou plus tard, de la cellule tel un disciple de Schelling, Oken.

Les sources de la Naturphilosophie

En réaction contre le mécanisme froid de la physique mathématique d'Isaac Newton[2], alors paradigme tout-puissant de la science moderne, la « Naturphilosophie  » ou naturalisme, fait la part belle à la question du vivant, de l'organique, de l'organisation, etc. Émile Bréhier[2] note que cette vive opposition accompagne le développement subit des sciences expérimentales dont on commence à percevoir qu'elles possèdent des particularités qualitatives dont il est impossible de donner une expression mathématique.

La Naturphilosophie , introduit des distinctions qualitatives qui ont pour résultat de faire ressortir sa richesse et sa fécondité. Il s'agit, note Émile Bréhier[3], de récuser l'explication purement mécanique, qui selon l'opinion de Schelling détruit l'unité de la nature. Cette unité présupposée ne provient plus de la loi physique qui s'impose depuis Descartes, mais de « l'intuition immédiate d'une parenté des formes »[N 1]. La nature est, selon Gœthe, travaillée par une force vivifiante et rajeunissante dans laquelle se retrempe tous les êtres; cette force « schellingienne », de nature quasi divine, rapproche le naturalisme du panthéisme[4],[5].

Fortement marquée par la pensée de Spinoza (on est dans le contexte du Pantheismusstreit , la "Querelle du panthéisme", lié à la redécouverte de Spinoza à la fin des Lumières allemandes), la Naturphilosophie se veut une "science spéculative", capable d'aller et venir entre la natura naturata et la natura naturans. Autrement dit, le philosophe-scientifique doit s'élever du produit fini au "produire", à l'activité productrice infinie de la nature elle-même, qui s'autolimite elle-même dans des produits finis.

Kant participe indirectement aux origines de la Naturphilosophie , avec ses Premiers principes métaphysiques de la science de la nature où le couple attraction-répulsion, qui aura une grande postérité, en particulier chez Schelling, apparaît pour la première fois[N 2]. Avec Schelling la «Naturphilosophie  » se hisse au sommet de la métaphysique. : le livre de la Nature est grand ouvert pour que nous y retrouvions l'histoire de notre esprit écrit le spécialiste de cette œuvre, Xavier Tilliette[6].

Ce courant a permis de dépasser l'idéalisme transcendantal de Kant, qui interdisait les spéculations philosophiques du point de vue de la nature elle-même, au nom de la limitation des capacités de l'entendement. Dans la Naturphilosophie la « Nature naturante » est moins un simple objet d'étude pour le philosophe, que le véritable sujet d'un procès dynamique se développant et se réfléchissant lui-même à travers les objets naturels. Il en est ainsi en particulier pour Schelling.

Pour les penseurs de cette époque les progrès anti-mécanistes d'une science tendant à effacer les frontières entre l'inorganique et l'organique (le magnétisme et le galvanisme) donnaient le spectacle d'une nature en capacité à devenir esprit contre le courant traditionnel d'une philosophie érigeant en principe de tout son contenu, la subjectivité. Il s'agissait donc, pour eux, dans ce contexte, de défendre la primauté de l'Esprit sur la nature[7].

La Naturphilosophie résume Émile Bréhier[8] est dominée par deux idées que le progrès des sciences a suggéré au philosophe : l'idée de polarité et celle de la continuité des formes[N 3].

La synthèse schellingienne

Schelling vers 1800

La philosophie de la nature ou plus précisément la Naturphilosophie n'est au début « qu'une simple généralisation de la physique. Il s'agit de montrer que l'univers est un organisme qui trouve en lui-même le principe de son propre rajeunissement, telle est la thèse de l'Âme du monde »[9].

Tout le projet du premier Schelling fut de réconcilier le kantisme , la pensée de Fichte avec celle de Spinoza, c'est-à-dire, de dévoiler les deux faces de l'Absolu que sont l'esprit et la nature. La Naturphilosophie est également liée au projet esthétique du romantisme allemand, de chercher en la nature ce qui la rapproche de l'art et vice versa. Schelling « naturalise » la philosophie Transcendantale de Fichte en attribuant à l'objet lui-même, la nature, l'activité d'auto-génération du sujet ou du Moi, par déduction il réalise les conditions de possibilités de l'expérience concrète qui se manifeste dans l'autoconstruction de celle-ci. Il affirme l'« Identité » absolue de la nature et de l'esprit,« la nature est l'esprit invisible, l'esprit la nature invisible . Moi et non-moi, sujet et objet, phénomène et chose en soi ne forment qu'un »[N 4].

Dans livre grand ouvert de la Nature, Schelling lit l'histoire de notre esprit. Toute sa démarche consiste à expliquer avec l' Esquisse d'un système de philosophie de la nature, la constitution des êtres naturels à partir de la productivité infinie de la nature. Il reprend une distinction spinoziste en comprenant la Nature comme une activité au sein de laquelle il distingue la « Nature naturante », avec l'esprit en exercice, s'objectivant dans ses êtres et une « nature naturée » ou produite[10]. Cette dernière est l'objet d'une philosophie naturelle que traite la physique mathématique mécaniste, alors que la première est processuelle et dynamique. On peut, précise Bernard Mabille[10], rapprocher cette vision schellingienne de la Phusis φύσις aristotélicienne[N 5] ou même de l'élan et de la durée bergsonniens.

Par sa dimension « réaliste » et « métaphysique » cette démarche s'oppose à la philosophie transcendentale[11].

Comme l'expose Xavier Tilliette[6], Schelling ne renonce pas à sa fibre métaphysique, la preuve en est « dans les Éclaircissements de la Doctrine de la Science où il écrit une série de dissertations qui décrivent la genèse de l'esprit dans la diastole de l'univers ». Ce que Schelling connaissait le mieux c'était le « Commencement » : « l'absolu et l'intuition intellectuelle ». L'auteur regrette à ce propos que la pensée de Schelling se perde dans une « contemplation quiétiste » lorsqu'il « gémit de l'écran des choses, de l'interposition des objets, qui troublent et obscurcissent l'intuition du suprasensible et du monde idéal »[12].

Les prolongements de la Naturphilosophie

Chez les romantiques d'Iéna, Novalis et Ritter participent activement à la Naturphilosophie [13]. Goethe on l'a vu est l'un des noms les plus importants de ce courant, avec ses recherches sur la métamorphose des plantes et ses réflexions, plus spéculatives, sur le phénomène originaire (Urphänomen). Les grands idéalistes allemands s'y mettront, dont Hegel, quelque temps, avant de s'en détacher, en l'intégrant dans le développement de l'Esprit[N 6]. Hegel[14] détaché, va se moquer dans la Phénoménologie de l'Esprit de ce grand commencement métaphysique qui repose sur l'intuition intellectuelle.

D'authentiques savants, écrit Georges GUSDORF [15]comme Alexander von Humboldt, naturaliste, géographe, explorateur allemand ont soutenu les spéculations de Schelling.

Fichte, de son côté, préféra se tenir à distance des recherches de cette forme de philosophie de la nature, y lisant une trahison méthodologique du projet transcendantal, et pointant son incompatibilité avec celui-ci sans vraiment chercher à la dépasser, sinon dans des passages isolés de son œuvre. Il accuse Schelling, rapporte Xavier Tilliette[16], « d'absolutiser gratuitement la Nature, de sorte que l'Absolu s'en va « dans les champignons » »

Prétendant donner une explication métaphysique aux découvertes de la science, la Naturphilosophie a été violemment critiquée par le positivisme et les courants scientifiques de la fin du XIXe siècle : après avoir enterré Hegel, on a accusé la Naturphilosophie de n'être qu'une mystique irrationnelle, une théosophie romantique dénuée de fondements scientifiques. Les positivistes discréditèrent une métaphysique qui, selon eux, ne pouvait que freiner le développement des sciences positives, rivées à la factualité. Des philosophes comme Auguste Comte, mais aussi, de façon bien plus subtile et nuancée, Paul Natorp et Edmund Husserl, tentèrent de détacher le raisonnement scientifique des spéculations métaphysiques.

Il reste que le courant de la Naturphilosophie peut être crédité, à l'époque, avec Hans Christian Ørsted de la découverte de la continuité des phénomènes électriques et magnétiques[11].

Malgré les critiques qu'on a pu lui apporter, la Naturphilosophie est le dernier projet conséquent en date à avoir proposé une alternative à la science orthodoxe moderne initiée par Galilée, dont le positivisme, puis le néo-positivisme (le Cercle de Vienne) et de nombreux philosophes, épistémologues et scientifiques après eux, ont fait l'alpha et l’oméga de la culture européenne moderne. Le Dictionnaire[11] conclut que si l'on peut récuser la prétention de cette pensée à se substituer aux sciences positives, il reste que le recours à des principes métaphysiques abstrait ( principe de contradiction) sans étude de leur fondement par ces mêmes sciences est aventureux.

La question reste toujours en suspens, comment rendre philosophiquement compte de l'unité de la nature alors que les sciences voient différents niveaux d'objectivité irréductibles les uns avec les autres ( question qui pourrait être celle d'une écologie politique), s'interroge le Dictionnaire[17]?

Bibliographie

  • Schelling, Introduction à l'esquisse d'un système de philosophie de la nature, Le Livre de Poche (Classiques de la philosophie), 2001.
  • Xavier Tilliette, L’absolu et la philosophie de Schelling, Laval théologique et philosophique, , p. 205-213.
  • Émile Bréhier et Paul Ricœur, Histoire de la philosophie allemande troisième édition mise à jour P.Ricœur, VRIN, coll. « Bibliothèque d'histoire de la philosophie », , 262 p..
  • Michel Blay, Dictionnaire des concepts philosophiques, Larousse, , 880 p. (ISBN 978-2-03-585007-2).
  • Georg Wilhelm Friedrich Hegel (trad. Bernard Bourgeois), Philosophie de la Nature vol II, Vrin, coll. « Encyclopédie des Sciences philosophiques », (lire en ligne).

Références

  1. 1 2 3 4 article Naturphilosophie Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 553
  2. 1 2 Bréhier 1954, p. 100
  3. Bréhier 1954, p. 101
  4. Bréhier 1954, p. 103
  5. Mabille 2015, p. 182 lire en ligne
  6. 1 2 Tilliette 1985, p. 210 lire en ligne
  7. Georg Wilhelm Friedrich Hegel 2004, p. 17 lire en ligne
  8. Bréhier 1954, p. 101
  9. Bréhier 1954, p. 9124
  10. 1 2 Mabille 2015, p. 180 lire en ligne
  11. 1 2 3 article Naturphilosophie Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 554
  12. Tilliette 1985, p. 207 lire en ligne
  13. Georges GUSDORF 1985, p. 68lire en ligne
  14. Tilliette 1985, p. 208 lire en ligne
  15. Georges GUSDORF 1985, p. 36lire en ligne
  16. Tilliette 1985, p. 209 lire en ligne
  17. article Naturphilosophie Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 555

Notes

  1. Bernard Mabille note « ce sont Herder avec Les Idées pour la philosophie de l'histoire de l'humanité et Gœthe avec son Essai pour expliquer la métamorphose des plantes qui donnent à la Naturphilosophie les bases de sa vision du monde : une nature comme totalité, pas coupée de l'esprit, ensemble de forces organisées selon des polarités et dont les phénomènes ne sont pas séparés mais unis dans un mouvement de métamorphose de l'inférieur vers le supérieur »-Mabille 2015, p. 182 lire en ligne
  2. « Kant expliquait en effet que la matière présuppose l'existence de forces d'attraction et de répulsion. Il fournissait ainsi un fondement philosophique à la gravitation universelle de Newton et l'occasion d'opposer philosophie mécaniste et philosophie dynamiste »-article Naturphilosophie Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 553
  3. « En dérivant l'intégralité des formes de la pensée du conflit d'une force centrifuge et d'une force centripète dont la fluctuation définit l'imagination transcendentale, Johann Gottlieb Fichte avec ses Principes de la doctrine de la Science (1794) établissait les conditions de la transformation du schème de l'opposition des forces en un schème explicatif universel »-article Naturphilosophie Dictionnaire des concepts philosophiques, p. 554
  4. Le monde est unité essentielle et il n'y a pas lieu d'opposer le monde idéal et le monde réel. Humain et nature ne sont que les deux faces d'un seul et même être, l'Un, l'Absolu. C'est du sein de l'Absolu que naissent Nature et esprit, coexistant et se développant parallèlement dans une parfaite identité. Les contradictoires procèdent d'un absolu indifférent à l'objectif et au subjectif, d'une unité indifférenciée. L'influence panthéiste de Spinoza est évidente mais Schelling y adjoint les découvertes de la science moderne, affirmant par exemple que l'électricité dans la nature se confond avec l'irritabilité humaine, le magnétisme avec la sensibilitéSchelling lire en ligne
  5. Dans une note Bernard Mabille présente la physique aristotélicienne à la fois comme « philosophie naturelle » (considérant la nature comme champ d'investigation annonçant la physique moderne) et comme « philosophie de la nature » (dans la perspective d'une recherche des causes et des principes)Mabille 2015, p. 180 lire en ligne
  6. L'idéalisme absolu soutient que la seule réalité est l'Esprit absolu (Absoluter Geist). L'esprit est tout et tout est esprit. L'Esprit absolu est aussi Raison universelle : « Ce qui est rationnel est réel, et ce qui est réel est rationnel »-Philosophie du droit, préface

Liens externes

  • Georges GUSDORF, « Le savoir romantique de la nature », , p. 395.
  • Bernard Mabille (philosophe), « La nature: approches philosophiques », .
  • « Encyclopédie des sciences philosophiques : Philosophie de la nature », VRIN, .
  • « Schelling ».

Voir aussi

  • Portail de la philosophie
  • Portail de la physique
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