Arianisme
|
Cet article ne cite pas suffisamment ses sources (septembre 2008). Si vous disposez d'ouvrages ou d'articles de référence ou si vous connaissez des sites web de qualité traitant du thème abordé ici, merci de compléter l'article en donnant les références utiles à sa vérifiabilité et en les liant à la section « Notes et références » (modifier l'article, comment ajouter mes sources ?).
|
L’arianisme est un courant de pensée théologique des débuts du christianisme, due à Arius, théologien alexandrin au début du IVe siècle[1], et dont le point central concerne les positions respectives des concepts de « Dieu le père » et « son fils Jésus ». La pensée de l'arianisme affirme que si Dieu est divin, son Fils, lui, est d'abord humain, mais un humain disposant d'une part de divinité.
Le premier concile de Nicée, convoqué par Constantin en 325, rejeta l'arianisme. Il fut dès lors qualifié d'hérésie par les chrétiens trinitaires, mais les controverses sur la double nature, divine et humaine, du Christ (Dieu fait homme), se prolongèrent pendant plus d'un demi-siècle.
Les empereurs succédant à Constantin revinrent à l'arianisme et c'est à cette foi que se convertirent la plupart des peuples germaniques qui rejoignirent l'empire en tant que peuples fédérés. Les wisigoths d'Hispanie restèrent ariens jusqu'à la fin du VIe siècle et les Lombards jusqu'à la moitié du VIIe siècle.
Origines
L'arianisme est une doctrine due à Arius (256-336), théologien alexandrin d'origine berbère[2] de langue grecque de l'École théologique d'Antioche.
À l'époque, il n'existe pas encore de dogme lié à la relation entre le « Père » et le « Fils ».
L'origine de la christologie arienne reste discutée. Ses premiers détracteurs la présentaient comme l'enseignement de Paul de Samosate, déjà condamné par plusieurs synodes locaux en particulier à Antioche, en 319, mais qui gardait des partisans[3]. Le premier arianisme adopte le point de vue d'Origène : le subordinatianisme, selon lequel le Fils n'est pas de la même nature que Dieu, incréé et éternel, alors que Jésus est créé et, temporel. Si le Fils témoigne de Dieu, il n'est pas Dieu, et si le Fils possède un certain degré de divinité, elle est de moindre importance que celle du Père. Pour Arius, le Père seul est éternel : le Fils et l'Esprit ont été créés.
Les ariens ne professent donc pas la consubstantialité, adoptée ultérieurement par les Églises.
Les arguments de l'arianisme philosophique sont issus du moyen-platonisme sur l'absolu et la transcendance divine, et suivent une théologie négative pour s'orienter vers un strict monothéisme où Dieu est hors d'atteinte par les seuls moyens d'appréhension de l'être humain.
L'opposition entre arianistes et trinitaires
Les anti-subordinationistes trinitaires, dits ultérieurement « orthodoxes » (de la « voie droite » en grec) s’opposent à cette vision, ultérieurement qualifiée d’« hérésie ». [réf. nécessaire]
La querelle entre ariens et trinitaires prend rapidement une tournure politique.
Entre 318 et 325, une polémique initialement locale entre le patriarche Alexandre d'Alexandrie et Arius, s'envenime au point que l'empereur Constantin Ier, après avoir constaté l'impuissance des conciles locaux, prend le parti de réunir un concile œcuménique à Nicée, qui établira la première version d'une profession de foi. L'empereur Constantin Ier souhaite éviter les désordres religieux et soutient la tenue du concile de Nicée en 325 pour que l'Église unifie sa position.
Les diverses tendances de l'arianisme après le concile de Nicée
Après Arius, les penseurs de l'arianisme sont Eusèbe de Nicomédie, Eunomius, l'« antipape » Félix II (353-365), l'archevêque Wulfila, le patriarche de Constantinople Macédonius (342-346 et 351-360) le patriarche Eudoxe d'Antioche (360-370),et Démophile (370-379).
Le second arianisme voit s'opposer les conciliateurs orientaux (Basile de Césarée, Grégoire de Nysse et Grégoire de Nazianze) aux intransigeants occidentaux, comme Ambroise de Milan.
Les opposants au dogme de la consubstantialité adopté au concile de Nicée se répartirent en trois tendances :
- l'homoiousisme : favorables à la thèse de la substance semblable du Fils à celle du Père ;
- l'homéisme (arianisme historique) : favorables à la thèse de la ressemblance du Fils au Père, évitant de sonder le mode de cette ressemblance ;
- l'anoméisme (arianisme radical) : favorables à la thèse de la dissemblance du Père et du Fils (leur ressemblance n'est qu'une façon de parler).
Il y a aujourd'hui consensus pour réserver le mot d'« arianisme » à Arius lui-même et à ceux qui ont partagé sa position doctrinale, et pour parler plutôt d'« homéisme » (et d'« homéens ») quand il s'agit du courant ultérieur qui a eu une grande influence dans l'Antiquité tardive et au début du Moyen Âge[4].
Du concile de Nicée au concile de Constantinople, 50 ans de controverse
Après Nicée, Constantin favorise le parti d’Athanase d'Alexandrie qui avait procédé à l'excommunication d'Arius. C'est à l'occasion de ce concile que l'arianisme est qualifié d’« hérésie », mot qui prend à cette occasion un sens péjoratif. Mais c’est peut-être par un évêque arien, Eusèbe de Nicomédie, que Constantin se fait baptiser sur son lit de mort.
Les empereurs qui lui succèdent varient entre le soutien aux orthodoxes ou aux ariens. L’arianisme domine l’histoire de l’Église institutionnelle au IVe siècle. Il est bien implanté dans la maison impériale et donc soutenu par le pouvoir. Les trinitaires, tels qu’Athanase, ont des difficultés à obtenir des places, jusqu'à ce qu’ils obtiennent le siège d’Alexandrie, c'est-à-dire le pouvoir sur l’Égypte.
Entre 325 et 361, soutenus par l'empereur Constance II, les ariens rétablissent leur prépondérance politique et religieuse, notamment au cours de différents conciles de Sirmium. Constance II soutient l’arianisme, probablement plus pour des raisons politiques que religieuses : se trouvant à Arles en Provence, il décide qu'un concile s’y tiendra pour mettre au pas le patriarche Athanase d'Alexandrie qui s’oppose certes à l’arianisme, mais surtout à l’autorité de Constance II. C’est le concile d'Arles de 353, présidé par l’évêque d'Arles Saturnin. Constance II en arbitre les séances et réclame la condamnation d’Athanase. Saturnin d'Arles, évêque d'Arles, est le porte-drapeau de l'arianisme en Gaule, de 353 (date du concile d'Arles) jusqu'au concile de Paris en 361.
Julien, lui, n’apprécie pas la religion chrétienne, et n’est sans doute pas fâché d’envenimer les conflits au sein de l’Église : il revient sur ces dispositions.
L'évangélisation des « peuples barbares » au christianisme arien
Quelques années plus tard, l’empereur d’Orient Valens favorise à l’inverse certains évêques ariens. Au milieu du IVe siècle, les évêques Photin à Sirmium, Valens à Mursa en Pannonie et son voisin Ursace à Singidunum en Mésie sont ariens. Cet ancrage arien proche du Danube concourt à la conversion à l’arianisme des Wisigoths et des Vandales par l’évêque mi-goth mi-grec Wulfila.
Enfin, de 361 à 381, les trinitaires contre-attaquent. L'empereur Théodose Ier qui leur est favorable convoque le premier concile de Constantinople qui tranche en faveur de l'orthodoxie trinitaire et antisubordinatianiste et trinitaire, selon le dogme proclamé par le Symbole de Nicée-Constantinople.
Expansion puis disparition de l'arianisme
Le Ve siècle vit les migrations des peuples fédérés installés jusque là sur les marges de l’Empire romain ; or ces peuples sont christianisés ariens. Seuls les Francs étaient restés fidèles à la religion germanique.
Les Goths qui s'installèrent en Aquitaine dès 418 étaient ariens, de même que les Burgondes implantés dans la vallée du Rhône vers 434 et que les Vandales quand ils prirent Carthage en 438[5]. Les Wisigoths convertirent à leur tour les Suèves au Ve siècle, lors de leur domination en Hispanie et en Gaule. Les nouveaux venus se heurtèrent à l'épiscopat nicéen qui était le refuge privilégié des cadres de la civilisation romaine du Bas-Empire romain.
La donne changea avec l'avènement du roi des Francs Clovis, qui opta vers 500 pour le christianisme nicéen et put ainsi s'appuyer sur cette subsistance de l'administration romaine lors de sa conquête de la Gaule. Les rois burgondes se convertissent vers 502 après leur alliance avec les Francs ; puis une partie du royaume wisigoth est conquise à la bataille de Vouillé et doit également rejoindre le christianisme nicéen.
Au VIe siècle, le royaume vandale d'Afrique et le royaume ostrogoth d'Italie disparaissent lors des reconquêtes de l’empereur d’Orient Justinien Ier. Le rois des Wisigoths d'Hispanie Récarède se rallie à la foi de Nicée lors du IIIe concile de Tolède en 589. Chez les Lombards d'Italie, l'arianisme ne disparut que dans la seconde moitié du VIIe siècle.
Postérité
Les définitions du credo
De plusieurs façons, le conflit autour des croyances d’Arius durant les quatrième, cinquième et sixième siècles contribue à définir le caractère central de la trinité chrétienne dans le flux principal de la théologie chrétienne. En tant que premier conflit majeur interne après la légalisation du christianisme, la lutte entre Nicéens trinitaires et partisans d’Arius laisse une profonde impression sur la mémoire institutionnelle des églises.
Une épithète polémique
L’emploi du terme arianisme comme épithète polémique peut prêter à deux types d’amalgames et d’anachronismes.
Le premier type d’amalgame anachronique, très fréquent dans la littérature historique, religieuse ou non, consiste à opposer les arianistes soit aux « catholiques », soit aux « orthodoxes », termes dont l’emploi séparé suppose que l’une de ces Églises et une seule, celle qui est citée, est l’unique continuatrice de l’Église du IVe siècle. L’emploi d'un seul de ces termes rejette l’autre (ainsi que les anglicans et les protestants) dans la même « illégitimité » que celle prêtée aux arianistes. Or avant le schisme de 1054 on ne peut pas encore parler de « catholiques » ni d’« orthodoxes » séparément : si, par crainte des anachronismes, l’on se refuse à employer les termes de « trinitaires » ou de « nicéens », il faut alors utiliser celui de « catholiques-et-orthodoxes » avec des traits d’union, puisque ces deux adjectifs signifiant « universels et justes-croyants » étaient employés ensemble dans l’Église du premier millénaire[6].
Le second type d’amalgame anachronique concerne les groupes de chrétiens qui ont cru ou croient, comme l’arianisme, que Jésus ne devient de condition divine qu’à travers l’exaltation ; qu’il n’est pas le Dieu, mais une personne distincte et subordonnée au Père ; qu’il fut un temps où Jésus n’existait pas, n’ayant pas encore été créé. Établir un parallèle entre ces groupes et les ariens peut être utile pour distinguer les anti-trinitaires entre eux, mais malgré la fréquence de l’emploi du terme comme épithète polémique, il n’y a pas de survivance historique continue de l’arianisme jusqu’à notre époque : les groupes ainsi étiquetés n’ont pas des croyances identiques à l’arianisme. Pour cette raison, ils n’utilisent pas ce nom quand ils se désignent eux-mêmes, même s’ils reconnaissent que leurs croyances sont en accord sur certains points, ou globalement semblables à l’arianisme.
En 1553, le savant espagnol et réformateur protestant Michel Servet, vu par beaucoup d’unitariens comme une figure fondatrice de leur mouvement[7] et auteur de l'ouvrage De trinitatis erroribus (Les Erreurs concernant la Trinité)[8], est condamné à mort et brûlé par ses coreligionnaires réformateurs, dont Jean Calvin, pour « hérésie » antitrinitaire, sa christologie étant similaire à l’arianisme.
Ceux dont les croyances religieuses ont été comparées à celles des arianistes sont, entre autres :
- les Cathares [réf. nécessaire] ;
- les Unitariens, dont beaucoup croient en l’autorité morale du Christ, mais non en sa divinité[9] ;
- l’Église de Dieu (Septième Jour) ;
- les Étudiants de la Bible, mouvement fondé par Charles Taze Russell, qui a tiré cette croyance de George Storrs (en), une figure du Second Adventisme américain. Pour lui, Jésus a eu une existence pré-humaine en tant que Logos, de même nature que le Père. C’est à la résurrection de Jésus que celui-ci a, en plus, obtenu l’immortalité. Cependant, Arius considérait le Saint-Esprit comme étant une personne, alors que Russell n’attribue pas une personnalité à cet esprit.
Plusieurs groupes sont issus de l’œuvre de Charles Russell :- l'Association des étudiants de la Bible,
- le Mouvement missionnaire intérieur laïque,
- les Témoins de Jéhovah, qui ont abandonné la distinction que faisait Russell entre la nature divine de Jésus et la nature angélique. Pour eux, Jésus est l'archange Michel[10] ;
- les Christadelphes (voir socinianisme), qui croient en la naissance virginale, mais selon lequel Jésus a eu une existence prénatale non pas littérale mais en tant que « verbe » ;
- l'Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours et divers mouvements issus du mormonisme, qui croient en l'unité du but de la divinité, mais pour qui Jésus et le Saint-Esprit sont des êtres divins distincts de Dieu le Père ;
- l’islam, qui voit en Jésus (Îsâ) un prophète du Dieu unique, conçu virginalement[11], mais non d’essence divine.
Notes et références
- ↑ http://www.universalis.fr/encyclopedie/arianisme/.
- ↑ Cf Gilbert Meynier, L’Algérie des origines :De la préhistoire à l’avènement de l’Islam, p151n, Paris, La découverte, 2007, ISBN 2707150886.
- ↑ Henri-Irénée Marrou, « L'arianisme comme phénomène alexandrin », Comptes rendus des séances de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, no 3, , p. 533-542 (lire en ligne).
- ↑ Les théologiens que l'on appelle couramment « ariens » ont toujours rejeté cette étiquette qui leur était appliquée par leurs adversaires à des fins polémiques ; cf. Pierre Maraval, Théodose le Grand. Le pouvoir et la foi, éd. Fayard, 2009, p. 100.
- ↑ Michel Rouche, Les Origines du christianisme 30-451, Hachette, p. 140-141
- ↑ Mircea Eliade De Mahomet à l'âge des Réformes : histoire des croyances et des idées religieuses, Tome 3, Payot, « Bibliothèque historique », Paris, 1989, ISBN 2-228-88160-0.
- ↑ Michel Baron, Les unitariens, éd. L'Harmattan, 2004 présentation en ligne .
- ↑ Cf. présentation par la Servetus International Society, en ligne.
- ↑ Exemple de profession de foi unitarienne par Pierre Yves Ruff, pasteur de la fraternité unitarienne, sur le site Theolib.
- ↑ article D'après la Bible... Qui est l'ange Mikaël?, in revue Réveillez-vous !, 8 février 2002, p. 16-17.
- ↑ S. III, La famille de 'Imran, 37-42.
Voir aussi
Bibliographie
Langue française :
- Paul Veyne, Quand notre monde est devenu chrétien, Bibliothèque Albin Michel Idées, 2007
- Richard E. Rubenstein, Le Jour où Jésus devint Dieu, Bayard, 2000, rééd. La Découverte, 2004
- John Henry Newman, Les Ariens du quatrième siècle, Téqui, 1988.
- Henri-Irénée Marrou, L'Église de l'Antiquité tardive, Éditions du Seuil, Points Histoire, 1985.
- Duchesne, Histoire ancienne de l'Église (3e éd., Paris, 1907)
- Richard E. Rubenstein, Le jour où Jésus devint Dieu, Bayard, .
- Pierre Maraval, Le christianisme de Constantin à la conquête arabe, PUF, .
Langues étrangères :
- (en) Athanase d'Alexandrie, History of the Arians, London, 2013. limovia.net ISBN 978-1-78336-206-6
- (en) Athanase d'Alexandrie, History of the Arians Part I Part II Part III Part IV Part V Part VI Part VII Part VIII
- (en) Richard P. C. Hanson, The Search for the Christian Doctrine of God. The Arian Controversy, 318-381, Edinburgh, T. & T. Clark, 1988.
- (en) William C. Rusch, The Trinitarian Controversy, (Sources of Early Christian Thought), 1980, ISBN 0-8006-1410-0
- (en) Roland Steinacher/Guido M. Berndt, Arianism. Roman Heresy and Barbarian Creed (Farnham: Ashgate 2014), ISBN 978-1-4094-7328-2
- (it) Manlio Simonetti, La crisi ariana nel IV secolo, Rome, 1975.
- (de) Documents sur la controverse arienne (2007, Allemand et VO uniquement, Berlin and New York: Walter De Gruyter, 2007)
Articles connexes
- Arius
- Premier concile de Nicée - Christianisme nicéen
- Docétisme
- Subordinatianisme
Liens externes
- (en) Documents of the Early Arian Controversy List Chronologique des sources
- (en) Arianisme dans Catholic encyclopedia
- Église Arienne et Catholique de France
- Portail du christianisme