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République de Gênes

République de Gênes

République de Gênes
Repubbrica de Zena (lij)

Repubblica di Genova (it)

début du XIe siècle 1797
1814 1815


Drapeau

Armoiries (it)

Devise : Respublica superiorem non recognoscens (la)
(République qui ne reconnaît aucune supériorité)

Description de cette image, également commentée ci-après

L'Italie et la République de Gênes à la fin du XVe siècle

Informations générales
Capitale Gênes
Langue Ligurien (génois), Italien
Histoire et événements
XIe siècle Gênes et Pise chassent les Maures de Corse et de Sardaigne
1284 Bataille de la Meloria : Gênes reprend la suprématie maritime à Pise, ainsi que la Corse et la Sardaigne
1320 Perte de la Sardaigne
1768 Vente de la Corse à la France
1797 Naissance de la république ligurienne sous la contrainte française
1814-1815 Éphémère restauration de la république
Doges
(1er) 1339-1362 Simone Boccanegra
(Der) 1795-1797 Giacomo Maria Brignole
1814-1815 Girolamo Serra

Entités précédentes :

Entités suivantes :

  • République ligurienne
  • Royaume de Sardaigne

La République de Gênes est l'une des grandes républiques maritimes italiennes (ou thalassocratie) qui a duré près de huit siècles, du milieu du XIe siècle à 1797, après l'abdication du dernier doge de Gênes, Giacomo Maria Brignole. Son apogée économique fut le XVIe siècle que certains[Qui ?] vont jusqu'à nommer « Le siècle des Génois » (El siglo de los genoveses[1]) tandis que son apogée militaire alla de 1284 à 1381. Les formes de gouvernement subirent de nombreux changements dans cette longue période.

Sérénissime comme Venise dès 1339, Gênes fut aussi appelée par ses citoyens, soucieux de se distinguer de leurs rivaux, « superbe république » (superba repubblica en italien), d'après le surnom donnée par Pétrarque en 1358, « Gênes la superbe », c'est-à-dire l'orgueilleuse.

Sources d'information

Le genovino Ianua de 1252.

L'histoire de Gênes et de sa République, comme des autres formes de gouvernements à la tête de la cité, y compris la période des doges, a été étudiée abondamment par les historiens, depuis les récits de la fin du XIe siècle par le chroniqueur Caffaro di Rustico da Caschifellone (historien et Consul de la commune) dans ses Annales.

Est-ce une démocratie ?

Matteo Senarega (doge de 1595 à 1597) écrit, dans le « Discorso sopra la Città e la Repubblica di Genova » :

« Elle ne rentre dans aucun des trois bons gouvernements, ni aucun des trois mauvais, présentés par Aristote ; mais c'en est plutôt un mélange ; ce n'est pas une démocratie, puisque le peuple ne la gouverne pas ; ce n'est pas une aristocratie, puisque tous les recensés (ascritti), c'est-à-dire les optimates, y gouvernent ; on ne dira pas non plus que c'est une anarchie car la justice y est sévère à l'égard du peuple. »

Périodes

Si l'on répartit l'époque de la République en cinq périodes (ce qui est assez imprécis pour les trois premières), on obtient :

  • une première république, dite des Consuls ;
  • une seconde, des podestats ;
  • une troisième, des capitaines du peuple ;
  • une quatrième, des doges à vie ;
  • une cinquième, des doges pour deux ans.

La république des consuls fut, en somme, de forme démocratique, tandis que celles des podestats et des capitaines du peuple ont été l'occasion de nombreux conflits d'autorité et d'oppressions ; les doges à vie s'auto-proclamèrent populaires même s'il s'agissait quasiment d'une oligarchie ; enfin la cinquième république fut aristocratique par institution.

Thalassocratie

Les empires thalassocratiques de Venise (jaune) et de Gênes (rouge).
Expansion de Gênes en Méditerranée orientale et Mer Noire.

La république de Gênes eut au XIVe siècle un véritable empire maritime en mer Méditerranée et mer Noire, incluant la Corse, alors son grenier à blé, des îles grecques (Lesbos, Chios, Ikaria et Samos), des comptoirs en Anatolie (Galata, Phocée, Scalanova, Amastris et Sinope), en Crimée (Cherson, Cembalos, Halopsis, Yalta, Soudak, Caffa et Kertch), autour des bouches du Danube (San Giorgio, Barilla, Caladda, Licovrissi, Licostomo, Eraclea aujourd'hui en ruine et Constanza), et ailleurs en mer Noire (Montecastro et Policromia en Moldavie, Matrida, Taman et Tana dans le khanat de la Horde d'or autour de la mer d'Azov)[2].

Cet empire avait pour principal concurrent celui de Venise. De la fin du XIIIe siècle au XVe siècle, la flotte génoise comptait près de 40 000 hommes, soit un peu moins que Venise (où l'État possédait une escadre en propre).

C'est une nef génoise qui rapporta involontairement de Crimée la peste noire en 1348[3].

Histoire

La conquête

Gênes entreprend à la fin du Xe siècle, avec Pise, de chasser les Maures de Corse et de Sardaigne. Pendant deux siècles, les deux cités vont se disputer avec acharnement les deux îles et de manière plus générale, le contrôle de la mer Tyrrhénienne. Dans un premier temps, Pise a l'avantage. Gênes et Pise, au gré des changements brusques de la politique romaine, se partagent les îles entre leurs différents évêchés. Les Génois sont fermement implantés dans le nord de la Sardaigne, l'extrême sud Corse, avec Bonifacio, en Balagne, avec Calvi qu'ils fondent au XIIIe siècle et dans le cap Corse, avec Bastia. Ils possèdent en outre l'île de Capraia en face de Bastia. Les Pisans possèdent le reste des îles.

La grandeur

Forteresse génoise à Sudak.

Cependant Gênes écrase la flotte de Pise (1284) lors de la plus grande bataille navale du Moyen Âge, la bataille de la Meloria. En effet, le , près de l'îlot dit de la Meloria, se rencontrent les 88 galères d'Oberto Doria et les 103 galères de Pise commandées par le podestat vénitien, Alberto Morosini. La victoire est totale pour Gênes. Pour Pise, en revanche, qui a 5 000 tués, 9 000 prisonniers, 7 galères coulées et 29 capturées, la défaite est catastrophique. La cité perd à tout jamais son indépendance et sa puissance.

Gênes récupère alors, outre le port de Livourne, les droits de Pise sur la Corse et sur la Sardaigne. Ces droits lui sont très vite contestés par la papauté et le roi d'Aragon, investi roi de Corse et de Sardaigne. La Sardaigne est abandonnée en 1320 aux Aragonais, mais la Corse reste génoise malgré de longues luttes sur terre et sur mer entre la cité et l'Aragon. Dans les années 1350, le doge de Gênes, Jean da Murta, avait reçu la soumission du peuple de Corse. Désormais, Gênes par l'intermédiaire d'offices financiers (la Maona jusqu'en 1453 puis la banque de Saint-George jusqu'en 1561) va s'efforcer de briser la noblesse insulaire.

Elle détruit le port de Pise, Porto Pisano. Sa puissante flotte affronte également celle de Venise à plusieurs reprises, sans qu'aucune des deux rivales ne puisse dominer l'autre. Depuis 1270, les deux cités de Venise et Gênes renouvelaient des trêves successives, tout en sachant l'affrontement inévitable.

Durant le bas Moyen Âge, aux XIIe et XIIIe siècles, Gênes connaît une période de prospérité et de montée en puissance grâce à son grand commerce (soie, épices, or, pierres précieuses, alun). La vie des institutions de la « Commune » est dominée par les rivalités entre ses quatre grandes familles, les Fieschi, Grimaldi, Doria et Spinola.

Les croisades apportèrent à Gênes une immense prospérité en transportant les troupes chrétiennes outre-mer. Les marins génois prirent une part considérable dans la prise de Saint-Jean-d'Acre en 1191. Le commerce génois s'avéra florissant dans le Sud des royaumes latins.

En 1259, par le traité de Nymphaeon, les Génois obtinrent du basileus Michel VIII Paléologue des avantages commerciaux considérables et le quartier de Galata, de l'autre côté de la Corne d'Or. Bien vite, le comptoir de Galata attira plus de navires que Constantinople elle-même. La mer Noire devint le domaine réservé des Génois. Ceux-ci s'assurèrent le contrôle des bouches du Danube (port de Licostomo) et du Nistre (port de Montecastro), remontant ces fleuves et ouvrant des comptoirs secondaires jusqu'à respectivement San Giorgio et Policromia. Cette domination sans partage malgré les tentatives de Venise et de l'Empire de Trébizonde s'acheva an 1475, dans un contexte de luttes pour la principauté de Théodoros, quand les assiégeants ottomans s'emparent de Caffa.

La gloire

Gênes en 1493

L'empire maritime génois avait pour principal concurrent celui de Venise, dominant en mer Égée, sur les marchés de Constantinople et de Trébizonde, à Chypre ; de leur côté, les Vénitiens voulaient chasser les Génois de leurs possessions de Syrie. Gênes se rapprocha de Byzance (traité de Nymphaeon) tandis que Venise se rapprochait de Pise. Les deux cités préparaient le conflit depuis 1286 et plus particulièrement en 1294. Au printemps 1294, les navires vénitiens attaquèrent les colonies génoises de Chypre, Famagouste puis, le , la flotte vénitienne mit la voile vers la Cilicie. Elle rencontra les Génois sur la côte arménienne et, cette fois, la bataille fut désastreuse pour Venise. Elle perdit 25 navires, un nombre important de combattants dont son général Marco Basagio.

Face à la défaite, la ville réagit en donnant ordre à tous ses armateurs d'entreprendre une guerre de course, tandis que la cité reconstruisait une nouvelle flotte de 65 galères.

Gênes, qui a ainsi triomphé de Pise et de Venise, est alors à l'apogée de sa puissance militaire. Cependant, si elle n'a rien à craindre de Pise, alors divisée en factions, Venise était parfaitement capable de s'opposer à nouveau à elle ; dès l'année suivante, les deux cités s'affrontent dans une série de coups de main, jusqu'à ce que Gênes batte à nouveau Venise, le 8 septembre 1298 devant Curzola, bataille remportée par Lamba Doria, frère d'Oberto Doria, vainqueur de Pise à la Meloria. Le nouveau type de galère génoise, dite à la sensile, est largement redevable de la victoire. Le bilan est terrible pour Venise : 18 navires coulés, 66 navires brûlés par les Génois qui ne peuvent les remorquer à Gênes, 7 400 prisonniers dont Marco Polo, qui rédigera ses récits de voyage en prison à Gênes.

Une médiation du pape et de Charles d'Anjou amène les deux cités à signer la paix de Milan en 1299, faisant planer sur Gênes, toujours en proie aux luttes entre factions, l'ombre des Visconti.

Une troisième guerre éclate, de 1350 à 1355, émaillée de victoires incertaines de part et d'autre, jusqu'à ce que les deux puissances signent une paix temporaire à Byzance, en 1355, puis qu'elles concluent des accords commerciaux en 1361. De 1372 à 1378, une nouvelle période de tensions amène successivement une défaite vénitienne devant Pola en 1374, puis de Gênes près du cap d'Anzio en 1378. L'année suivante voit Gênes s'imposer mais, en 1379, commence entre les deux villes la guerre de Chioggia, s'achevant par la défaite génoise en 1380, Venise assurant sa souveraineté sur la Méditerranée orientale. La paix de Turin de 1381 voit Venise reprendre possession de tous ses privilèges à Constantinople et même se faire reconnaître le droit de commercer librement en mer Noire. Durant cette guerre, Venise ne dut son salut qu'à la mort du général génois, Pietro Doria, tué lors de la bataille finale, et au retour opportun de Vettor Pisani et de son escadre. Pour sauver leur patrie, les Vénitiens se saignèrent aussi bien financièrement que physiquement, ce qui entraîna de profondes et irréversibles modifications de leurs institutions.

La chute

Réparation faite à Louis XIV par le doge de Gênes dans la galerie des Glaces de Versailles (par Claude Guy Hallé, château de Versailles)
Carte de l'Italie du Nord en 1402.
  •      République de Gênes
  • Mais tandis que Venise plaçait comme suprême bien, l'indépendance et l'union des citoyens, Gênes s'offrit aux différentes puissances étrangères, Visconti, France, puis Espagne, déchirée de l'intérieur par les luttes fratricides des différentes factions, patriciens contre plébéiens, guelfes contre gibelins, Adorno contre Fregoso ou Campofregoso.

    En 1339, Simon Boccanegra avait été acclamé premier doge de Gênes. Le doge, élu à vie devait être plébéien et de la faction gibeline. On appelle cette période le dogat populaire. Aucun doge ne put rester durablement en place. Chaque coup d'État entraînant la perte de l'indépendance dans un mouvement irréversible de décomposition.

    En 1390, devant la perte de ses positions commerciales en Tunisie en faveur de Venise, Gênes organisa une expédition militaire voulant lui donner le caractère d'une nouvelle croisade au prétexte de venger la piraterie des Barbaresques contre les chrétiens. Elle obtint l'assistance d'un corps de seigneurs franco-anglais, dont Louis II de Bourbon prit le commandement et qui mit le siège devant Mahdia.

    Le conflit avec Venise reprend sporadiquement et une nouvelle défaite génoise amena un nouveau traité en 1404. Gênes n'est alors plus en mesure de s'imposer. Elle est à nouveau battue en 1431.

    Mais le grand adversaire de la cité n'est plus Venise, au XVe siècle, mais l'Aragon qui lui dispute la Sardaigne (perdue dès 1320) et la Corse, et plus largement, la domination de la Méditerranée occidentale. Mais , Alphonse V est vaincu et fait prisonnier par les Génois à la bataille de Ponza.

    Toutefois, la république reste étranglée entre de puissants rivaux. Et finalement, elle se résout à se déclarer sous la protection de la France. La France nomme le 11 mars 1458 comme nouveau gouverneur Jean II de Lorraine, duc de Calabre. Il est suivi par six autres gouverneurs, dont Antonio Ardorno (1513-1515) et Octavio Fregoso (1515-1522). Toutefois, Gênes se rebelle le 12 mars 1461. À partir du 16 avril 1464, c'est le duc de Milan qui impose son protectorat sur la république jusqu'au 7 juillet 1478. Par la suite, Milan parviendra à nouveau à imposer son protectorat du 13 septembre 1488 au 26 octobre 1499.

    L'intervention en Italie de Louis XII permet à la France de rétablir sa tutelle du 26 octobre 1499 jusqu'au 30 mai 1522. Une brève reconquête eut lieu par les français en 1527. La ville reprend définitivement son indépendance en 1528 sous Andrea Doria.

    Andrea Doria en 1528, force Adorno et Fregoso à changer de nom et transforme les institutions. Gênes est une ville particulière, marquée par les luttes intestines. C'est un port où règnent les riches familles d'armateurs, la ville grimpe vers le ciel pour voir arriver les navires, c'est avec ses palais à huit étages, la « New York » du Moyen Âge. Il n'y a pas de rues rectilignes à part l'actuelle via Garibaldi (alors Strada nuova), mais des palais, tours, véritables quartiers fortifiés des familles patriciennes avec leurs églises et sanctuaires.

    La population de la ville était tombée à 40 000 âmes en 1528.

    La renaissance

    Andrea Doria offre à sa cité l'indépendance. Il proclame la formation d'un unique corps civique et veille à supprimer les luttes de faction.

    Désormais la république est aristocratique. Sont nobles ou patriciens, tout homme de 18 ans révolus dont la famille a exercé des charges politiques avant la révolte populaire de 1506. 400 nobles sont tirés au sort et forment le grand conseil, renouvelé par quart tous les ans. Le petit conseil ou Sénat de 100 membres est formé par tirage au sort au sein du grand conseil. La seigneurie est formé du doge, de deux procurateurs et des gouverneurs, tous élus pour deux ans. Le pouvoir prend une forme collégiale. Organe très puissant de contrôle des institutions, le syndicato est composé entre autres de deux censeurs. Le doge est de rang royal, il lui est interdit de sortir de la cité pendant son mandat de 2 ans non renouvelable avant 10 années. Or on élit généralement des hommes fort âgés et seul Giacomo Maria Brignole sera élu deux fois, en 1779 et 1795, il sera le tout dernier doge de la République.

    En 1528, la commune de Gênes disparaît et devient une République sérénissime en 1596.

    Gênes perd l'île de Chios, habitée par près de 40 000 Génois en 1566. Tabarca (Tunisie) en 1744, la Corse en 1768 (vendu à la France).

    La splendeur

    « L'or naît aux Indes occidentales, meurt en Espagne, est enseveli à Gênes... »

     Francisco de Quevedo (Revue Archéologia n° 256 p. 64)

    À l’époque moderne donc, les anciennes institutions font place, en 1528, à une république oligarchique ou aristocratique puisque tous les nobles gouvernent la République, composée de 28 alberghi, factions qui rassemblent les grandes familles de la noblesse génoise en près de 800 patriciens, telles que les Doria, Grimaldi, Fieschi, Spinola, Sauli, de Ferrari, Brignole Sale, Lomellino, Balbi, Durazzo, Giustiniani, Pareto. Elles élisent tous les deux ans un doge de la République assisté d'un censeur et de deux consuls. Les Génois sont les principaux banquiers de la Couronne d'Espagne, jusqu'à la banqueroute de Philippe II. Le siècle qui s'étend de 1550 à 1650 est parfois nommé « le siècle des Génois ».

    En 1575 et 1576, se déroule la guerre civile génoise. Au début de la république, la succession de « nouveaux nobles » (tels les Sauli, Brignole) et d'« anciens nobles » (tel les Doria, Grimaldi, Spinola, Centurione) fut respectée mais les « anciens nobles » accaparèrent rapidement le pouvoir. Les « nouveaux nobles » s'enrichirent considérablement en commerçant le coton et la soie tandis que les « anciens nobles » s'adonnaient à la banque. Après cette crise, anciens et nouveaux nobles se virent égaux et les alberghi disparurent.

    En 1637, le doge Giovanni Francesco Brignole offre la souveraineté de ses états à la vierge Marie.

    Au XVIIe siècle, la république soutient deux guerres victorieuses contre la Savoie.

    À cette époque Gênes est une cité splendide qui mérite à nouveau son surnom de « la superbe », l'orgueilleuse. Van Dick, Rubens… font les portraits de son riche patriciat. La Strada nuova, seule rue droite de la ville dont madame de Staël disait « la rue des rois et la reine des rue » abrite les plus somptueux palais (palazzo rosso des Brignole-Sale, palazzo bianco des Grimaldi).

    La population croît rapidement, 140 000 habitants en 1630, nécessitant la construction de la plus impressionnante muraille d'Italie, le nouveau mur, s'étirant sur 12 km et protégeant la cité de tous côtés. Il fut édifié entre 1626 et 1639.

    Les conjurations de Vacheron et de Della Torre

    Le riche plébéien Vacheron, avec l'aide de la Savoie, tenta en 1628 d'assassiner tous les patriciens afin de permettre une invasion victorieuse de Gênes par la Savoie. Mais il fut découvert et exécuté avec ses complices.

    Seulement, cela ne découragea pas le duc de Savoie et quelques années plus tard, Raphaël della Torre voulut faire sauter la salle du Conseil à l'aide d'une machine infernale. Il mourut en fuite, assassiné d'un coup de poignard à Venise[4].

    La lutte

    Ambroise Louis Garneray : Vue de Gênes (aquatinte, 1810 ca.)

    En 1684, le doge de Gênes (Francesco Maria Imperiale Lercari) commet l'erreur de défier Louis XIV en fournissant des galères à l'Espagne, ennemie de la France. Au même moment, il traite avec désinvolture l'ambassadeur français François Pidou, chevalier de Saint-Olon. Sur ordre du roi, le marquis de Seignelay, intendant de la marine, accompagné du lieutenant général des armées navales Abraham Duquesne, organise en mai 1684 une expédition punitive. La ville subit un violent bombardement naval. Le doge dut venir s'humilier à Versailles en mai 1685. Le doge se rendit à la présence du roi, en août plein, avec un vêtement de velours, une action publicitaire adroite qui détermina le début d'une période de grande exportation de velours de Gênes à la France. Pendant la visite, le roi, montrant au doge le nouveau palais royal de Versailles, lui demanda quelle était la chose qui l'avait le plus étonné pendant sa visite. Le doge répondit d'une formule lapidaire caractéristique du sarcasme génois : « Mi chi » c'est-à-dire « Moi ici ».

    Le gouvernement génois se limite désormais à assurer la sécurité et à prélever l'impôt tandis que la haute classe dirigeante s'adonne au grand commerce et à la finance. Le blé acheté en grande quantité et à bas prix au royaume de Naples suffit à approvisionner la cité qui ainsi ne pensent pas à mettre en valeur la Corse où elle construit tout de mêmes routes, forts et ponts. La maitrise de la Corse est nécessaire à la survie de Gênes, car toute nation possédant l'île serait en mesure d'exercer le blocus de la métropole.

    Durant le XVIIe siècle, la République eut à mener plusieurs violentes guerres contre le royaume de Savoie. Lors de la guerre de Succession d'Autriche, les armées génoises tout juste réorganisées et portées à 10 000 hommes par le général en chef, Francesco II Brignole Sale, souffrent des défaites de la France. Gênes est dès lors occupée. En 1747 Gênes se révolte contre l'occupant autrichien menée par un enfant nommé Ballila.

    Gênes cède à titre « provisoire » sa séculaire souveraineté sur l'île de Corse en 1768, qui s'est émancipée depuis 1755, formant une république indépendante sous le commandement de Pascal Paoli.

    En 1795, Giacomo Maria Brignole est élu, pour la seconde fois (après 1779), dernier doge de Gênes. La République continua d'exister moralement malgré l'occupation française et au Congrès de Vienne en 1814-1815, Antoine Brignole Sale défend vigoureusement mais sans succès l'indépendance de la Ligurie ; il est le dernier ministre de l'antique République et il poursuivra une brillante carrière commencée au côté de Napoléon, comme ministre et maire de Gênes.

    Par la Constitution dorienne de 1528, le choix du doge devait être équiprobable entre les membres du grand conseil mais vers la fin de la République et l'augmentation du nombre de patriciens pauvres, certains suffrages se monnayaient parfois même à vil prix.

    Les principales familles aristocratiques après 1528

    Sur les 79 Doges qui se succédèrent, un certain nombre d'entre eux étaient issus des mêmes familles patriciennes de la ville.

    • 11 doges viendront des Grimaldi et Spinola.
    • 8 doges des Durazzo.
    • 7 doges des De Franchi, des Giustiniani et des Lomellini.
    • 6 doges des Centurione et des Doria.
    • 5 doges des Cattaneo et des Gentile.
    • 4 doges, cumulant 5 mandats biennaux des Brignole (Giacomo Maria Brignole fut l'unique doge élu deux fois et fut l'ultime doge).
    • 4 doges des De Mari, des Imperiale, des Invrea et des Negrone.
    • 3 doges des Pallavicini et des Sauli.
    • 2 doges des Balbi, des Cambiaso, des Chiavari, des Della Torre, des Lercari, des Pinello, des Veneroso et des Viale.
    • 1 doge venant de chacune des familles suivantes : Assereto, Ayroli, Canevaro, Chiavica Cibo, Cicala Zoaglio, Clavarezza, Da Passano, De Ferrari, De Fornari, De Marini, Della Rovere, Di Negro, Ferreti, Franzoni, Frugoni, Garbarino, Giudice Calvi, Odone, Promontorio, Saluzzo, Senarega, Vacca (ou Vaccari) et Vivaldi.

    À Gênes où ne s'affirma pas une seigneurie, où l'union tardive de l'oligarchie faisait taire les guerres fratricides du passé, il n'y eut pas d'historiographie officielle qui aurait projeté dans le passé les gloires de la noblesse génoise. Ainsi, par cet aspect, omerta du passé, des gloires comme des violences, l'histoire de la Superbe République semble bien plus terne que celle de Venise, sa Sérénissime sœur rivale. Mais cela n'est qu'apparence.

    La constitution dorienne de 1528

    En 1528, Andrea Doria, maître de la Méditerranée pour le compte de Charles Quint réorganise sa cité et lui offre l'indépendance. Ses mesures :

    • Création d'un corps unique de citoyens, abolition des factions, exils des Adorno et Fregoso.
    • La commune de Gênes devient une République comme Venise.
    • Création d'un patriciat, toutes les familles dont des membres ont exercé le pouvoir avant 1506 et la révolte populaire.
    • Le doge est élu pour deux ans, avec 6 gouverneurs, il forme la Seigneurie.
    • Création du Syndicato, organe de contrôle du gouvernement (tous les anciens doges en sont membres de droit).
    • Création d'un organe démocratique (pour l'époque), le Grand Conseil réunit 400 nobles tirés au sort et renouvelés tous les ans par moitié.
    • Création d'un petit Conseil ou Sénat de 100 membres.

    De plus il place Gênes dans l'alliance inconditionnelle avec l'Espagne, alliance qui perdurera jusqu'en 1684 et le bombardement de la ville par la flotte française.

    Ce siècle d'alliance avec l'Espagne (environ 1530-1630) est appelé le « siècle des Génois ». Un proverbe d'époque résume cette période :

    « L'or naît en Amérique, brille en Espagne et est enterré à Gênes, et retourne à l'Empire Ottomane comme Zakat noble. »

    Le doge de Gênes a titre de "sérénissime", les sénateurs ou seniores celui d'"excellences", les nobles celui d'illustres.

    Une loi ne peut être appliquée que votée par les quatre cinquièmes du Sénat.

    Le pouvoir exécutif est détenu par les 13 membres de la seigneurie, le doge plus 12 autres membres dont les gouverneurs des régions. Ces fonctionnaires changent tous les deux ans.

    La République ligurienne

    En 1797, les armées de la République française avancent en Italie et un comité jacobin proclame une République ligurienne à Gênes, renversant ainsi l'ancienne république au profit d'une « république sœur ». Les aristocrates génois dont le dernier doge Giacomo Maria Brignole continuent la lutte en se disséminant dans l'Italie du Nord. Les Génois attachés à leur république aristocratique acceptent d'abord mal cet nouvel état calqué sur le modèle français. En 1800, Gênes se donne un doge pour cinq ans, puis à vie en 1802, comme en France, en la personne d'un membre de la famille Durazzo. En 1805, la république est annexée à l'empire français.

    Article détaillé : Doge de Gênes.

    Titre des responsables de la République de Gênes

    (de 1099 à 1339)

    1099 - 1129 : Consuls (charges à la fois de l'État et des Placiti pour la justice)
    1130 - 1190 : Consuls de l'État et des Placiti (charges séparées)
    1191 : Podestat et Consuls des Placiti (le premier Podestat non génois est Domenico Manegolodo di Tettuccio, de Brescia)
    1192 - 1193: Consuls de l'État et des Placiti
    1194 : Consuls de l'État et des Placiti
    1194 : Podestat
    1195 - 1200 : Podestat et consuls des Placiti
    1201 : Consuls de l'État et des Placiti
    1202 - 1206 : Podestat et consuls des Placiti
    1207 - 1210 : Consuls de l'État et des Placiti
    1211 : Podestat et consuls des Placiti
    1212 - 1216: Consuls de l'État et des Placiti
    1217 - 1257 : Podestat
    1257 - 1262 : Podestat et capitaine du peuple (le premier capitaine du peuple est Guglielmo Boccanegra, génois)
    1263 - 1270 : Podestat
    1271 - 1291 : Deux capitaines du peuple (duumvirat)
    1291 - 1295 : Capitaine du peuple
    1296 - 1299 : Deux capitaines du peuple (duumvirat)
    1300 - 1306 : Podestat
    1306 - 1309 : Deux capitaines du peuple (duumvirat)
    1309 - 1310 : Capitaine du peuple
    1311 : Podestat
    1311 - 1314 : Vicaires de l'empereur Henri VII
    1314 - 1317 : Podestat (le dernier podestat non-génois est Zambellino di Berbardo, de Brescia)
    1317 - 1318 : Deux capitaines du peuple (duumvirat)
    1318 - 1335 : Vicaires du roi Robert de Naples
    1335 - 1339 : Deux capitaines du peuple (duumvirat)
    1339 : Élection du premier doge à vie, Simone Boccanegra

    À noter

    Girolamo-Luigi Durazzo (1739-1809) est parfois considéré comme le dernier Doge de Gênes de 1802 à 1805, mais c'est abusif : il ne fut pas « doge de la République de Gênes » (fonction existante de 1339 à 1797), mais fut « doge de la République ligurienne » (à Gênes) de 1802 à 1805, fonction qu'il fut le seul à avoir occupée.

    Voir aussi

    • Marine génoise
    • Doge de Gênes
    • Galata - Museo del mare

    Sources

    • (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Repubblica di Genova » (voir la liste des auteurs).
    1. Aa.Vv. (Piero Boccardo, Clario Di Fabio (éd.)), El siglo de los genoveses: E una lunga storia di arte e splendori nel Palazzo dei Dogi, Milan, Electa, 1999, 472 p. (ISBN 9788843572700)
    2. G.I. Brătianu, Recherches sur Vicina et Cetatea-Albă, Univ. de Iaşi, 1935, 39 p., Octavian Iliescu, Contributions à l'histoire des colonies génoises en Roumanie aux XIIIe - XVe siècles, Revue Roumaine d'Histoire, nr. 28 din 1989, p. 25 - 52, et le Codex Parisinus latinus in Ph. Lauer, Catalogue des manuscrits latins, p. 95-6, d'après la Bibliothèque nationale Lat. 1623, IX-X, Paris, 1940
    3. Selon Frédérique Audouin-Rouzeau (dans Les chemins de la peste. Le rat, la puce et l'homme - Éditions Tallandier, collection "Texto", Paris 2007 - ISBN 978-2-84734-426-4) la peste bubonique sévissait de façon endémique en Asie centrale, se déclara en 1334, dans la province chinoise du Hubei et se répandit rapidement dans les provinces voisines : Jiangxi, Shanxi, Hunan, Guangdong, Guangxi, Henan et Suiyuan, une ancienne province disputée entre les empires mongol et chinois. De là, elle se propagea chez les Tatars qui, en 1346, attaquèrent la ville génoise de Caffa, en Crimée, sur les bords de la mer Noire, et catapultèrent les cadavres des leurs par-dessus les murs pour infecter les assiégés. Le siège fut levé, faute de combattants valides en nombre suffisant : Gênes et les Tatars signèrent une trêve; les bateaux génois pouvaient désormais quitter la ville, et disséminèrent la peste dans tous les ports où ils faisaient halte : la maladie atteignit Messine en (comme le décrit Michel de Piazza dans son Historia Secula ab anno 1337 ad annum 1361) et Gênes et Marseille en décembre de la même année. Venise fut atteinte en . En un an, la peste se répandit sur tout le pourtour méditerranéen.
    4. (fr) Le Duc de Guise à Naples, par Amédée de Pastoret.
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