Portrait
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Un portrait est une œuvre d'art picturale, graphique photographique ou, anciennement, sculpturale[1] dont le but est de représenter, de façon ressemblante, une personne avec sa tenue et ses expressions caractéristiques. On applique plus rarement le terme à la représentation d'un animal, bien que les animaux apparaissent souvent dans des portraits, au titre d'annexes caractéristiques de la personne représentée, comme dans le portrait équestre. Lorsque la personne représentée est l'auteur, on parle d'autoportrait[2].
Sans autre précision, un portrait est une image d'une personne. Lorsque plusieurs personnes apparaissent, on précise portrait de groupe, portrait de famille. Par métaphore, l'évocation d'une personne hors des arts plastique peut se désigner comme un portrait. On parle de portrait littéraire[3], musical[4], cinématographique[5], radiophonique[6] ou télévisuel.
Au-delà de la volonté de « rendre les absents présents », le portrait témoigne d'un intérêt pour l'individuel, à l'opposé, par exemple, de l'allégorie ou de la scène de genre dont le sujet est général. À ce titre, il se trouve plus abondant et plus valorisé à certaines époques[7].
Dans l'histoire des arts visuels, la représentation humaine date des plus anciens temps : on trouve des représentations dès la préhistoire, en statuette, en pierres gravées ou dessinées sur des parois. Le portrait proprement dit se développe parmi les premières civilisations, en Perse et en Égypte. En tant qu'œuvre d'art, le portrait a connu des évolutions, aussi bien dans les techniques et styles que dans son usage, à des fins de représentation officielle ou d'agrément.
Histoire
Dans le mythe de Boutadès, rapporté par Pline l'Ancien, le portrait est à l'origine de l'art plastique[8]. Il expose l'ambition initiale de « rendre les absents présents », ainsi que le formulera Alberti[9].
Il subsiste assez peu de portraits peints de l'Antiquité, à l'exception notable des portraits du Fayoum, datant du IIe siècle dans l'Égypte intégrée à l'empire romain.
En Europe, la représentation du visage visant à la ressemblance remonte, pour l'époque moderne, à la peinture flamande et aux primitifs italiens du XVe siècle. Auparavant, on trouve principalement des effigies de profil, comme celles gravées sur les monnaies. C'est à la Renaissance qu'on exige de l'artiste qui réalise un portrait qu'il reflète la singularité de la personne vivante dans son rapport avec la personne qui le regarde[10].
En France, au XVIIIe siècle, l'Académie royale de peinture et de sculpture fait de la peinture de portrait une spécialité inférieure à celle de la peinture d'histoire, qui représente les grands sujets religieux et politiques. De ce fait, les meilleurs artistes s'en détournent, jusqu'à la fin du siècle[11], avec des exceptions notables comme Fragonard, Vigée-Lebrun, David.
L'invention de la photographie au milieu du XIXe siècle trouve immédiatement un débouché dans la réalisation de portraits. L'intervention de l'artiste garantit la ressemblance par la mise en scène et la capacité à diriger le sujet, pour qu'il adopte une attitude familière, de nature à le faire reconnaître ; car ce n'est pas parce que le procédé est entièrement physico-chimique que l'image est un portrait, c'est-à-dire évoque la personne représentée.
Formes et médiums
Les différentes formes du portrait figuré sont :
- le portrait peint : forme la plus couramment rencontrée dans les arts visuels et la plus diffusée. Les plus anciens vestiges de portrait en peinture datent de l'Antiquité romaine. Les techniques employées sont la détrempe au Moyen Âge et au début de la Renaissance, qui fait place à la peinture à l'huile. La gouache et l'aquarelle sont aussi employées. Au XXe siècle apparaît l'acrylique, qui est employée par les peintres figuratifs américains et se généralise à la fin du siècle. Différents supports sont utilisés, comme le bois, la toile ou même l'ivoire pour les portraits en miniature.
- le portrait dessiné : tout aussi ancien que le portrait peint, il se singularise par la grande diversité de ses techniques, qui vont du fusain au crayon, en passant par le lavis d'encre et le pastel, qui constitue une technique intermédiaire entre le dessin et la peinture.
- le portrait gravé : plusieurs artistes comme Dürer et Rembrandt pratiquent la gravure appliquée au portrait. On rencontre toutes les techniques de gravure.
- le portrait sculpté : on n'appelle plus en général ces représentations des portraits, mais plutôt statue, pour les personnages représentés entièrement, statue équestre s'ils sont à cheval, buste, très répandu, pour les représentations du haut du torse et de la tête[1], bas-relief si c'est le cas. Les seules portraits conservés depuis l'Antiquité sont des sculptures.
- la silhouette : c'est un profil généralement découpé dans une feuille noire, représentant une figure en ombre chinoise. La pratique du portrait en silhouette s'est répandue au XVIIIe siècle.
- le portrait photographique : c'est, depuis le XXe siècle, la forme de portrait la plus courante et la plus diffusée, par l'intermédiaire des médias et de l'impression. Il apparaît au milieu du XIXe siècle et remplace le portrait en miniature. Dans l'histoire de ce médium, plusieurs photographes se sont fait une spécialité du portrait, comme Nadar, Étienne Carjat, August Sander, Yousuf Karsh et, plus récemment, Helmut Newton ou Annie Leibovitz.
Différents types de portraits
La critique d'art peut isoler un cadre dans un tableau de bataille, dans une peinture d'histoire ou une scène de genre et parler de portrait pour cette partie, pour indiquer que le personnage qui s'y trouve représente les traits d'une personne connue, comme l'artiste, un général, le commanditaire de l'œuvre.
Différents types de portraits se retrouvent dans chaque discipline artistique suivant le nombre de personnes :
- sans autre précision, le portrait est individuel
- de groupe,
- de famille,
- de classe ;
suivant la proportion du corps représentée[12] :
- « en pied » (de la tête aux pieds),
- « à mi-jambe »,
- « à mi-corps »,
- « en buste » (jusqu'à la poitrine),
- « tête » ;
suivant l'orientation de la tête de la personne représentée :
- de face,
- de trois-quarts,
- de profil,
- les vues de profil perdu, de dos, ne sont pas généralement considérées comme des portraits, mais on peut trouver l'expression portrait de dos dans la description d'une partie d'une œuvre, quand le personnage dont il est question est identifié ;
suivant la position de la personne :
- debout,
- assis,
- à cheval.
Les portraits se différencient aussi par le fond, qui, selon les époques et les écoles, peut être uni, à peine traversé d'une vague lumière, ou au contraire détaillé, décrivant un intérieur, un paysage, une nature morte, qui viennent compléter les indications sur la position sociale du sujet que donnent toujours ses vêtements.
L'autoportrait
C'est un portrait de l'artiste fait par lui-même.
Officiel
Toute communauté humaine se connaît à travers une série de métaphores dans lesquelles des fonctions sociales se relient à des parties du corps. En particulier, les échelons supérieurs de la hiérarchie politique sont la « tête » ou le « chef », ce qui est la même chose, de l'État. La représentation de la tête de cette tête de l'État vaut allégorie de la collectivité ; aussi dans la plupart des pays, le protocole exige que le portrait du chef de l'État apparaisse dans tous les bâtiments publics. Les portraits officiels sont largement diffusés. Ils permettent aux particuliers d'afficher leur adhésion à la collectivité et à son mode de gouvernement.
La surabondance de tels portraits, notamment leur présence obligatoire dans les résidences privées, peut être la marque d'un culte de la personnalité, à l’œuvre dans de nombreux régimes monarchiques ou autoritaires. Dans d'autres cas, c'est le portrait du fondateur du régime qui sert d'emblème après sa mort, tandis que les personnes effectivement responsables restent dans un relatif anonymat.
Sous le règne d'Auguste, le portrait officiel est un élément important de la politique impériale. Les effigies de l'empereur sont soumises à une stricte codification iconographique réglant jusqu'à la distribution des mèches sur le front. Sous Caligula, le portrait est un véritable outil de propagande. C'est pourquoi la damnatio memoria de l'empereur s'accompagne de la destruction de ses effigies. Si la noblesse et la sévérité de ces portraits s'accompagne sous le règne de Vespasien d'un retour au réalisme républicain et d'une recherche de virtuosité sous la dynastie des Sévères, la stylisation marque ensuite la statuaire impériale en Orient après la séparation des Empires d'Orient et d'Occident.
L'affermissement des pouvoirs royaux en Europe au XVIe siècle marque le plus grand soin apporté aux effigies du souverain. Les artistes les plus réputés consacrent tous leurs efforts à leur fournir un corps parfaitement apte au pouvoir suprème, fort, déterminé, impassible, muni des accessoires du pouvoir[13].
Dans la société occidentale moderne on ne conçoit pas de carrière politique sans portrait photographique ou cinématographique (vidéographique).
Pictural
Au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, les portraits prirent une importance croissante. Dans une société de plus en plus dominée par une bourgeoisie au centre de puissantes cours, la représentation d’individus luxueusement vêtus à côté de symboles de puissance et de richesse temporelle contribuait de manière efficace à l’affirmation de son autorité. Van Eyck et Rubens excellèrent dans ce genre.
Plus tard, l’intérêt grandissant pour la compréhension des sentiments humains engendra des artistes soucieux de la physionomie des émotions. Les impressionnistes tels que Monet, Degas ou Renoir, qui utilisaient principalement comme modèles leur famille et leurs amis, peignaient des individus ou de petits groupes, en plein air ou en atelier. Caractérisés par la luminosité de leur surface et la richesse de leurs teintes, ces portraits présentent souvent un caractère intimiste, éloigné du portrait officiel.
Les artistes du début du siècle élargirent les champs d'exploration du portrait, en le libérant des contraintes de ressemblance visuelle. Henri Matisse simplifia la ligne et les couleurs pour leur donner toute leur force expressive. Pablo Picasso réalisa de nombreux portraits, dont plusieurs portraits cubistes où le modèle est à peine reconnaissable. L’art du portrait en peinture déclina au milieu du siècle, sans doute en raison de l’intérêt croissant pour l’abstraction et l’art non figuratif. Cependant, le portrait a connu récemment un certain renouveau.
Si le portrait est un passionnant objet d’étude, c’est qu’il concentre la plupart des fonctions de la peinture. Les premiers autoportraits de l’art occidental sont apparus pendant la Renaissance, lorsque les artistes se peignaient eux-mêmes se détachant de la foule en arrière-plan de scènes narratives. Le genre de l’autoportrait prit une importance croissante après la période classique.
Photographique
L'invention de la photographie, tout en bouleversant l'art et l'économie du portrait peint, n'a pas entraîné sa disparition. Elle a mis en relief l'importance de l'éclairage, de la perspective et du matériel utilisé.
Dans un premier temps, on observe la proximité entre certaines photographies et les portraits peints les plus classiques. Puis l'art du portrait photographique s'est peu à peu affranchi du modèle pictural, inventant et affinant son propre vocabulaire et influençant à son tour le genre dont il s'était détaché.
La photographie inaugure une nouvelle ère dans la représentation puisque l'on est à présent capable d'obtenir une représentation du réel « objective », c'est-à-dire que l'homme ne représente plus le réel tel qu'il le voit et comme il le peut, mais que c'est le réel qui impressionne « seul » le support.
Les premiers portraits photographiques, ou daguerréotypes, étaient figés et formels car ils nécessitaient de longues et laborieuses séances de pose. En 1842, Louis-Auguste Bisson réalise celui d'Honoré de Balzac, qui considère le procédé comme magique et fait des émules. Suivant son exemple, Théophile Gautier et Gérard de Nerval attribuent au portrait photographique quelque chose de surnaturel[14].
Robert Cornelius (1809–1893), photographe américain né aux Pays-Bas, intéressé par la chimie, travaillait à améliorer le daguerréotype lorsqu’il prit un portrait de lui-même devant la boutique familiale, en octobre 1839. Cette photographie est à la fois le premier portrait et le premier autoportrait photographique.
Le photographe Nadar, avec les moyens de l'époque, a exécuté des portraits aux poses très étudiées qui se voulaient révélatrices de la psychologie ou de la position sociale de ses modèles. On peut prendre comme exemple son célèbre portrait de Victor Hugo en penseur, accoudé à des livres, qui évoque sa condition d’homme de lettres et d’homme influent.
Avec l’évolution de la technologie, le portrait photographique devient plus naturel. Julia Margaret Cameron fut une spécialiste du portrait évocatif victorien, et Mathew Brady immortalisa la vie quotidienne des soldats pendant la Guerre de Sécession américaine. Au XXe siècle, Dorothea Lange élargit le champ d’action du photographe en représentant des gens simples dans leur quotidien. Robert Doisneau, Henri Cartier-Bresson, Richard Avedon et d'autres ont également beaucoup travaillé sur le portrait du quotidien, avant que le portrait volé ne connaisse son essor grâce à l'apparition du numérique. Récemment, Cindy Sherman a étendu le genre de l’autoportrait en utilisant son corps comme élément de mise en scène photographique.
Depuis 1934, à Paris, le studio Harcourt a immortalisé bon nombre de personnalités en perpétuant la tradition du portrait en studio.
Ressemblance avec le modèle
Le portrait est généralement envisagé comme une tentative de mise en image du visage d'un être humain.
Par-delà cet aspect, le portrait peut correspondre à la volonté de transcrire le caractère d'une personne, sa façon d'être. Le portrait peut révéler également l'image que se fait d'une personne le portraitiste, ou ses sentiments envers elle.
On peut pour cela utiliser différentes expressions faciales. En fait, les possibilités pour donner sens à un portrait sont assez variées : jeux de lumière, maquillage, coupe de cheveux, lieu du portrait, matériel utilisé (en peinture notamment), flou ou netteté. En dessin, selon les coups de crayon donnés, le portrait peut paraître doux ou agressif.
Il apparaît donc que les problématiques du portrait vont bien au-delà de celle d'une simple ressemblance avec le modèle. Le Désespéré, réalisé par Gustave Courbet, illustre très bien cette pensée[15].
Le portrait peut donc constituer la représentation d'une personnalité en plus d'une représentation physique. Et il peut être le témoignage de la représentation que l'on a (ou que l'on veut donner) d'une personne.
Galerie : Portrait en peinture
Cette section ne prétend pas faire un inventaire exhaustif de tous les portraits réalisés au cours de l'histoire de la peinture. Elle se contente de présenter, à titre d'exemple, un choix représentatif de chaque époque à travers quelques tableaux — connus ou moins connus — de peintres célèbres pour leur art du portrait.
Il se dégage en effet plusieurs types de portraits en peinture (exemples extraits du catalogue des collections italiennes du musée des beaux-arts de Chambéry, France) :
- Le portrait d'apparat : Homme en armure de Bartolomeo Passerotti
- Le portrait réaliste : Femme âgée, de Santi di Tito
- Le portrait psychologique : Piero Soderini, Ridolfo del Ghirlandaio
- Le portrait allégorique : Vittoria Rinucinni, Anton Domenico Gabbiani
- Le portrait de famille : Portrait de famille, Bartolomeo Nazari
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Masaccio,
Portrait d'un jeune homme de profil (v. 1425) -
Jan van Eyck
Magarete van Eyck (v. 1439) -
Petrus Christus
Portrait d'un Chartreux (v. 1446) -
Sandro Botticelli
Portrait de Simonetta Vespucci (v. 1476-1480) -
Léonard de Vinci
La Dame à l'hermine (v. 1483-1490) -
Lucas Cranach l'Ancien, Portrait de Sibylle de Clèves (1526)
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Jean Clouet
François Ier (1527) -
Hans Holbein le jeune
Les ambassadeurs
(1533) -
Titien
Portrait de Charles Quint (1548) -
Giuseppe Arcimboldo
Portrait de l'empereur Rodolphe II (c. 1590) -
Frans Pourbus le Jeune
Marguerite de Gonzague (c. 1605) -
Pierre Paul Rubens
Le chapeau de paille (c. 1622-1625) -
Anthony Van Dyck
Portrait de Charles Ier (c. 1535) -
Frans Hals
Portrait de Willem Coenraetsz Coymans (1645) -
Diego Velázquez
La reine Marie Anne d'Autriche (c. 1653) -
Philippe de Champaigne
Ex Voto (1662) -
Maurice Quentin de La Tour
Portrait de Louis XV (1748) -
Jean-Étienne Liotard
Portrait de Marie Adélaïde de France dans des vêtements Turcs (1753) -
Thomas Gainsborough
Portrait de Mr and Mrs William Hallett (1785) -
Francisco Goya
Portrait de Don Manuel de Zuniga (c. 1787) -
Jacques-Louis David
Portrait de Monsieur de Lavoisier et sa femme (1788) -
Anne-Louis Girodet-Trioson
Portrait de Chateaubriand (v. 1808-1810) -
Jean Auguste Dominique Ingres
Mademoiselle Caroline Rivière (1806) -
Paul Gauguin
Portrait de Suzanne Bambridge, (1891) -
Pierre-Auguste Renoir
Monsieur Fournaise, (1875) -
Paul Cézanne
L'Homme à la pipe
(v. 1890-1892) -
August Macke
Portrait avec pomme (1909) -
Amedeo Modigliani
Portrait de Paulette Jourdain (1919) -
Juan Gris
Portrait de Picasso (1912)
Portraits funéraires
Art copte. Peints sur des planchettes intégrées au voile qui entourait le corps du défunt ou sa momie, ces portraits pouvaient rechercher la ressemblance.
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Homme aux lauriers d'or
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jeune homme ayant subi une opération chirurgicale d'une paupière
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Art occidental Le portrait funéraire, ou portrait mortuaire, découle en Occident de la tradition de vénération du corps du souverain défunt. Grâce à la photographie, cette pratique se démocratisa au XIXe siècle et au XXe siècle. Un exposition au musée d'Orsay intitulée Le dernier portrait permettait de découvrir, de saisissants portraits — des enfants tenant le corps de leur frère ou de leur sœur décédé(e) —, mais aussi des photographies d'une réelle beauté plastique — Victor Hugo sur son lit de mort.
Portraits funéraires dans l'art occidental
- Le Musée départemental Maurice Denis « Le Prieuré » vient d'acquérir un tableau de Roger Bezombes : Maurice Denis sur son lit de mort, 1943.
- James Ensor, Ma Tante morte, huile sur toile, 54 par 65 cm, signé daté et dédicacé : Ma tante chérie/13 avril 1916/James Ensor, Collection particulière, n° 472 du catalogue raisonné de Jacques Tricot.
Portrait littéraire
Le portrait devient à la mode en littérature au XVIIe siècle, sous l'influence de la société précieuse.
On va surtout le trouver dans le roman, par exemple chez Scarron qui l'utilise dans Le Roman comique, ou chez Madame de La Fayette dans La Princesse de Clèves. Molière l'exploitera aussi, par exemple dans la fameuse galerie de portraits dressée par Célimène dans Le Misanthrope.
Chez les auteurs de mémoires comme le Cardinal de Retz ou Saint Simon, le portrait sert souvent de pause narrative, élogieux voire satirique, il sait faire valoir son auteur. Tous les moralistes que sont ces auteurs mais surtout La Bruyère ou encore La Rochefoucauld vont le développer.
Mais c'est surtout dans les romans du XIXe siècle que le genre du portrait devient incontournable. Il va servir à définir les personnages selon trois critères fondamentaux, abondamment croisés.
Critères physiques: traits du visage, allure, pose du corps. Critères psychologiques, moraux: sentiments, caractère, pensées des héros. Critères sociaux: appartenance à un milieu défini, vêtements, habitat, langage, métier, fréquentations, idéologies.
Les écrivains du XIXe siècle vont même s'appliquer à observer et à examiner les caractères d'après le physique des individus d'où les nombreuses comparaisons animales qui émaillent les œuvres de Balzac ou de Zola.
En outre le portrait peut prendre des formes très différentes.
Il peut se présenter sous forme argumentative. Il peut être positif ou négatif, faire l'éloge ou le blâme d'un personnage. Il peut être purement narratif et renseigner simplement sur le héros. Il peut témoigner, en donnant le point de vue en focalisation interne d'un personnage. Il peut être purement documentaire et révéler les conditions de vie difficiles ou aisées des protagonistes. Il peut être imaginaire et poétique, par exemple dans l'évocation d'un personnage rêvé, mort, irréel ou encore absent. Il peut aussi être réaliste et contribuer à rendre vraisemblable un type de personnages. Enfin le portrait se doit d'être au service du langage : décrire, c'est savoir manier le détail à la nuance près, avec art.
Disons donc que le portrait a toujours un objectif et une fonction. Il est le reflet, la traduction des intentions de l'auteur ou du personnage qui l'emploient et il est indispensable pour bien comprendre le récit qui l'utilise et dans lequel il est inséré.
Portraits de caractère
Par delà les approches classiques et photographiques en matière de portraiture, une nouvelle forme de portraits du caractère, fondée sur une approche par inférence, peu connue hors du champ de la psychologie. Le principe de cette nouvelle approche à la portraiture est que si un nombre suffisamment grand d’écrits ou de dessins d’un sujet sont disponibles, ce matériel peut être utilisé pour déchiffrer les principaux traits de caractère, la personnalité et la vision personnelle du sujet.
Des travaux récents de l’artiste canadienne Hélène Paris (galeries Mozaïca) indiquent que cette approche peut être efficace, notamment lorsqu’appliquée à un corpus important de créations graphiques d’un jeune enfant. Les galeries Mozaïca, que l’artiste désigne sous le nom de « portraits du monde imaginaire des enfants » sont des portraits de caractère et de personnalité d’une grande sensibilité. Elle crée ces œuvres en utilisant un grand nombre de reproductions miniature des propres dessins de son sujet, créés alors que celui-ci était en bas âge.
Voir aussi
Bibliographie
- Monographies
- Enrico Castelnuovo (trad. Simone Darses), Portrait et société dans la peinture italienne, Paris, Gérard Monfort, .
- Elisabetta Gigante, L'art du portrait, Hazan,
- Jean-Luc Nancy, Le regard du portrait, Paris, Galilée, .
- Jean-Luc Nancy, L'autre portrait, Paris, Galilée, .
- Édouard Pommier, Théories du portrait de la Renaissance aux Lumières, Paris, Gallimard, .
- Norbert Schneider (trad. Marie-Anne Trémeau-Böhm), L’Art du portrait : : les plus grandes oeuvres européennes, 1420-1670, Köln, Taschen,
- articles
- Georges Didi-Huberman, « Ressemblance mythifiée et ressemblance oubliée chez Vasari : la légende du portrait sur le vif », Mélanges de l'Ecole française de Rome. Italie et Méditerranée, vol. 106, no 2, , p. 383-432 (lire en ligne).
Articles connexes
- Histoire du portrait
- Miniature (portrait)
- Peinture de portrait
- Portrait chinois
- Portrait littéraire
- Portrait photographique
- Portrait-robot
Liens externes
- Digitaler Portraitindex
- (fr) Dossier pédagogique de la BNF sur le portrait
- (fr) Site (en français) de la National Portrait Gallery, Londres
- (en) Site de la National Portrait Gallery de la Smithsonian Institution, Washington D.C.
- (en) Page consacrée à l'exposition de la National Gallery de Londres « Painting the Century — 101 Portrait Masterpieces 1900-2000 »
- (fr) Le portrait à travers l'estampe
- (fr) Réussir un portrait photographique
Notes et références
- 1 2 Selon Souriau 2010, on ne parle pas de portrait en sculpture ; le Trésor de la langue française indique que cet usage est vieilli.
- ↑ Trésor de la langue française informatisé « Portrait » ;
Ségolène Bergeon-Langle et Pierre Curie, Peinture et dessin, Vocabulaire typologique et technique, Paris, Editions du patrimoine, (ISBN 978-2-7577-0065-5), p. 104-116 ;
Anne Souriau, Vocabulaire d'esthétique : par Étienne Souriau (1892-1979), Paris, PUF, coll. « Quadrige », (1re éd. 1990) (ISBN 9782130573692), p. 1229. - ↑ L'expression est attestée en 1816 dans le Journal de la Librairie, p. 180, numéro 1202.
- ↑ Attesté, sur un mode quelque peu ironique, dans Le Figaro du 26 juin 1856, p. 2
- ↑ Attesté dans Le Figaro du 30 octobre 1901, p. 7
- ↑ Sur la radio nationale le 7 janvier 1944, selon Le Matin (France) de ce jour p. 2
- ↑ Souriau 2010.
- ↑ Nadeije Laneyrie-Dagen, L'invention du corps : la représentation de l'homme du Moyen Âge à la fin du XIXe siècle, Paris, Flammarion, , p. 1-2.
- ↑ Anne Beyaert, « Une sémiotique du portrait », Tangence, no 69, , p. 85-101 (lire en ligne).
- ↑ Pommier 1998 d'après Beyaert 2002, p. 93. Sur la ressemblance, lire Didi-Huberman 1994 et en quoi le portrait se différencie de l'icone, Umberto Eco, « Sémiologie des messages visuels », Communications, vol. 15, no 1, , p. 11-51 (lire en ligne).
- ↑ Claude-Henri Watelet, Beaux-arts, t. 2, Panckoucke, coll. « Encyclopédie méthodique », (lire en ligne), p. 205.
- ↑ Bergeon-Langle et Curie 2009, p. 107-108 ; « Le portrait », sur Académie de Nancy-Metz (consulté le 15 mai 2015)
- ↑ Laneyrie-Dagen 2006, p. 257-264.
- ↑ Daniel Grojnowski, Photographie et langage, Éditions José Corti, Paris, 2002, p. 354
- ↑ Analyse du Désespéré
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