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Période iconoclaste de l'histoire byzantine

Période iconoclaste de l'histoire byzantine

La période iconoclaste de l’histoire byzantine, aussi appelée Querelle des Images, s’étend de 723 à 843. Pendant cette centaine d’années, les empereurs byzantins interdirent le culte des icones et firent détruire systématiquement les images représentant le Christ ou les saints qu’il s’agisse de mosaïques ornant les murs des églises, d’images peintes ou d’enluminures de livres.

Cette période de l'aniconisme chrétien se déroule dans un contexte politique difficile tant à l’intérieur, alors que plusieurs empereurs se succèdent en quelques années, que sur le plan extérieur où l’empire fait face aux invasions des Arabes et des Bulgares. Sur le plan religieux, elle constitue le prolongement de diverses hérésies survenues au cours des siècles précédents concernant la nature du Christ.

Cette crise se déroule en deux étapes. Au cours de la première, de 723 à 787, les empereurs Léon III l'Isaurien et son fils Constantin V adoptèrent une attitude de plus en plus intransigeante et violente à l’endroit du culte des images. Le règne de l’impératrice Irène marqua une pause qui se termina avec l’arrivée au pouvoir de Léon V l'Arménien. Son règne fut marqué par une persécution plus féroce bien que de moins d’envergure que celle de Constantin V. Toutefois son successeur, Michel II, adopta une politique plus conciliante qui coïncide avec l’éloignement de la menace que faisaient planer les Arabes sur l’existence de l’empire. Elle se termina officiellement lorsque l’impératrice Théodora réunit un synode en 843 qui confirmera la légitimité de celui de 787[1].

Le contexte politique intérieur et extérieur

À partir de 695, année de la première déposition de Justinien II, l’empire byzantin connut deux décennies de crises caractérisées par la succession de plusieurs empereurs. Léonce, puis Tibère III succèdent à Justinien II avant que celui-ci ne reprenne le pouvoir pour en être chassé à nouveau en 711. De 711 à 717, trois empereurs se succédèrent : Philippicus-Bardannès (711-713), Anastase II (713-715) et Théodose III (715-717). La stabilité ne revint qu’avec l’accession au trône de Léon III fondateur de la dynastie syrienne (717-802)[2].

À l’extérieur, les ennemis de Byzance profitèrent de ce chaos politique. En 698, l’Afrique fut définitivement perdue avec la prise de l’exarchat de Carthage par les Arabes[3]. La deuxième déposition de Justinien II fournit au khan des Bulgares, Tervel, le prétexte qu’il souhaitait pour déclarer la guerre au nouvel empereur et venger son ancien allié. Après avoir traversé la Thrace, il vint jusque sous les murs de Constantinople piller les faubourgs de la capitale[4]. Après avoir conquis le littoral africain, les Arabes se dirigèrent vers la Cappadoce et, en 709, assiégèrent Tyane avant de s’avancer au cours des deux années suivantes vers Chrysopolis. La première tâche de Léon III, lorsqu’il accéda au trône, fut donc de reprendre les travaux de défense commencés sous Anastase II afin de faire face à la flotte arabe venue assiéger Constantinople en 717. Il ne réussit du reste à faire lever le siège qu’avec l’aide de Tervel et grâce à un hiver particulièrement rude qui forcèrent les Arabes à lever le blocus en 718. La lutte reprit de plus belle six années plus tard, sur terre cette fois ; à partir de 726, des invasions annuelles permirent aux Arabes de capturer Césarée et d’assiéger Nicée avant que la victoire d’Amorium en 740 ne les force à évacuer l’Asie mineure[5].

Le contexte religieux

scène iconoclaste
Miniature du Psautier Chludov (IXe siècle) montrant Jean le Grammairien détruisant une image du Christ

La controverse relative au culte des images constitue le prolongement des hérésies sur la nature du Christ qui, au cours des siècles précédents, avaient profondément divisé l’Église. Au IVe siècle déjà, Constantin avait dû réunir un concile pour condamner l’arianisme qui affirmait que le Fils était d'une nature inférieure à celle du Père. Puis vint le nestorianisme au Ve siècle qui affirmait que le Christ avait deux natures et que Marie n’était mère que de l’homme ; bien que chassé de l’empire, le nestorianisme devint la principale forme du christianisme perse. Vers le milieu du même siècle, ce fut au tour du monophysisme (une seule nature divine) de s’installer profondément en Syrie, en Égypte et en Arménie. La fin du même VIIe siècle vit la querelle du monothélisme (une seule volonté divine) qui, succédant au monophysisme, constitua la dernière de ces hérésies[6]. Se référant à l’iconoclasme, le concile de Hiéra en 754 résumait le dilemme de la façon suivante : ou bien le peintre [de l’icône] ne représente que son humanité [celle du Christ] et alors il verse dans le nestorianisme, ou alors il confond les deux natures et verse dans le monophysisme. L’image s’avérait ainsi toujours inadéquate à représenter pleinement la nature du Christ[7].

Dans ce contexte controversé, l’opposition des clercs à la représentation artistique du Christ, de sa Mère et des saints n’était pas nouvelle. Dans les premiers siècles, les chrétiens hésitaient à reproduire l’image de la personne du Christ, lui préférant sa représentation sous forme symbolique, le XΡ de Constantin ou l’agneau offert pour la rédemption des péchés des hommes. Il s’agissait d’une réaction contre les cultes païens qui multipliaient les statues ou mosaïques représentant dieux et déesses ou les empereurs divinisés[8]. Le concile in Trullo ou Quinisexte, en 691, avait dans son 82e canon recommandé que l’on abandonne cette pratique pour mieux reconnaître le phénomène de l’Incarnation. Mais sur la frontière orientale de l’empire, particulièrement en Arménie après les premières conquêtes arabes, les chrétiens avaient été accusés, par les Juifs notamment, d’idolâtrie. Déjà, avant 726, divers évêques d’Asie mineure comme Eusèbe de Césarée, le métropolite Thomas de Claudiopolis (aujourd’hui Bolu en Turquie) et surtout l’évêque Constantin de Nacolée condamnaient le culte des images[9].

Non sans raison peut-être : le culte des images avait pris, surtout en Grèce, une telle importance que l’on voyait souvent en elles des « doubles » des saints qu’elles devaient représenter et on leur attribuait divers miracles comme le don de la parole, le suintement d’huile ou de sang[10]. À la veille même de l’iconoclasme, en 718, on croyait fermement que le portrait de la Vierge attribué à saint Luc et conservé au monastère d’Hodegon près des murs de Constantinople émettrait, paradé sur les murailles, une lumière aveuglante ou des flammes qui consumeraient les assaillants[11].

Les causes immédiates

église ste Irène
Une simple croix, œuvre iconoclaste, remplaçant une mosaïque originelle. Église Sainte-Irène, Istanbul

Les historiens qui se sont penchés sur cette période diffèrent considérablement sur ce qu’ils considèrent être les causes prochaines de l’iconoclasme.

Les uns mettent en avant des causes politiques, à savoir la volonté des souverains d’exercer un pouvoir absolu, non seulement sur le gouvernement temporel, mais également sur le gouvernement spirituel de l’empire, c’est-à-dire sur l’Église. En agissant ainsi, ils suivaient l’exemple des empereurs qui, depuis Constantin, convoquaient et présidaient les conciles. Dans cette perspective, l’iconoclasme aurait été un conflit entre l’empereur et, non pas la hiérarchie de l’Église qui se pliait assez volontiers à la volonté impériale, mais plutôt les moines qui, de leurs monastères, voulaient maintenir l’orthodoxie religieuse et, partant, l’indépendance de l’Église.

D’autres y voient plutôt des causes économiques, les Isauriens craignant les effets pour l’empire de l’accroissement de plus en plus considérable des propriétés monastiques qui échappaient à la fiscalité du Trésor public ainsi que le pouvoir d’attraction de ces monastères sur les jeunes hommes qui, au lieu de devenir pères, soldats ou cultivateurs, préféraient entrer au couvent, menant une vie que l’État jugeait inutile. Il est vrai que la croissance et l’épanouissement du système des thèmes qui devait assurer la prospérité des campagnes s’accommodait mal de la multiplication des monastères.

Enfin, il faut reconnaître que dans une époque de foi intense et de querelles théologiques qui enflammaient toutes les couches de la société, de l’empereur aux artisans, les discussions purement religieuses exerçaient une fascination que favorisait la langue grecque, beaucoup plus apte que le latin à permettre de subtiles distinctions sources de discussions sans fin. Pour ces populations, chaque catastrophe naturelle constituait une manifestation du courroux divin et chaque victoire de l’empereur un signe de la protection divine ; il en allait donc du salut de l’empire de ne pas déplaire à la divinité[12].

La première période iconoclaste

Léon III (717-741)

solidus de Léon III
Solidus de Léon III montrant l'empereur et son fils, Constantin V

Au moment où Léon III est porté au pouvoir par les forces armées d’Anatolique, ces trois causes se trouvent réunies. Après avoir marché sur Constantinople, Léon III négocia avec le patriarche Germanos et fut couronné à la condition qu’il ne s’immisçât pas dans la vie de l’Église et que son prédécesseur pût se retirer dans un monastère. Son trône dépendait ainsi du bon vouloir du patriarche. Toutefois, au cours des dix années suivantes, les armées impériales devaient subir défaite sur défaite face aux Arabes en Asie mineure. Dieu qui, dans le passé, avait permis aux empereurs de vaincre l’empire perse, semblait cette fois se détourner d’eux. Et pour couronner le tout, une éruption volcanique venue des profondeurs de la mer Égée en 726 ravagea tout le littoral d’Asie mineure, de Grèce et des Iles grecques[13].

Selon les habitudes du temps, l’empereur pensa qu’il s’agissait du courroux divin et chercha comment l’apaiser. Son premier geste fut, en 722, de forcer les Juifs de l’empire à accepter le baptême. Cela n’empêcha pas les Arabes de ravager Iconium (aujourd’hui Konya) l’année suivante et de terminer la conquête de l’Arménie en s’emparant de Camachum[14].

Ses conseillers le persuadèrent alors que ces malheurs trouvaient leur cause dans la vénération excessive des icônes qui équivalait à de l’idolâtrie. Ils en voulaient comme preuve le fait que les icônes que l’on promenait sur les murailles des villes au cours des sièges s’étaient avérées impuissantes à empêcher la victoire des Arabes qui, eux, tout comme les Juifs de l’Ancien Testament, interdisaient formellement toute reproduction humaine. En juillet 723 en effet, le calife Yazid II avait proscrit toute reproduction anthropomorphique jugée contraire à l’Islam. L’iconoclasme constitua ainsi la voie que choisit Léon III pour regagner la faveur divine à un moment vital pour la survie de l’empire[15].

L’empereur se mit à prononcer des sermons afin de convaincre le peuple de l’incongruité de ce culte. Son premier geste concret fut d’envoyer un détachement de soldats retirer une image du Christ qui se trouvait au-dessus de la porte de bronze (Chalké) à l’entrée principale du palais. Cette image jouissait d’une grande popularité dans la population ; la réaction de la foule fut immédiate et l’officier de même que ses soldats furent lynchés par la populace. L’attitude iconophobe de l’empereur provoqua, dès que connue, une insurrection en Grèce où le thème d’Hellade s’empressa de désigner un empereur rival qui dirigea sa flotte vers Constantinople. Bien que rapidement matée, cette mini-révolution montrait la différence d’opinion existant entre les provinces européennes qui avaient toujours été favorables aux images et celles d’Asie mineure qui leur étaient hostiles[16]. À partir de ce moment, la population se divisa entre iconoclastes (εικονοκλάσται, littéralement « briseurs d’images ») et iconodoules (εικονόδουλοι, littéralement « serviteurs des images ») appelés par dérision iconolâtres (εικονολάτραι).

C’était un sérieux avertissement et Léon III réagit avec prudence. Ce n’est qu’en 730, soit quatre ans plus tard, après avoir cherché à négocier avec le pape Grégoire II et le patriarche Germanios, qu’il se résolut à publier un édit qui ordonnait la destruction de toutes les images saintes, édit qu’il proposa à la ratification d’un silention ou assemblée des plus hauts dignitaires civils et ecclésiastiques. Le patriarche demeurant complètement hostile à la position impériale fut démis de ses fonctions et remplacé par un de ses subordonnés, Anastase, tout disposé à se soumettre à la volonté de l’empereur. L’iconoclasme devenait la doctrine officielle de l’État[17].

Le pape Grégoire III, successeur de Grégoire II, condamna cette doctrine, ce qui provoqua non seulement une rupture religieuse, mais également une rupture politique, la position de Byzance en Italie s’en trouvant considérablement affaiblie. Léon III répondit à la condamnation papale en détachant de Rome les évêchés grécophones du sud de l’Italie, de Sicile et de Calabre ainsi que ceux d’Illyrie et de l'ouest de la Grèce actuelle pour les rattacher au patriarcat de Constantinople. De plus, il enleva au Siège de Rome les revenus des patrimoines pontificaux de l’Italie du sud pour les attribuer à l’empire. Ce faisant, Léon III confondait pratiquement les frontières du patriarcat et celles de l’empire, et mettait en pratique ce qu’il écrivait au pape, à savoir qu’il se considérait non seulement comme empereur, mais aussi comme pontife. Le fossé s’élargissait entre Rome et l'Empire de Constantinople[18].

Durant cette période, la querelle semble moins reposer sur des motifs théologiques que sur des considérations politiques et économiques se rapportant à la défense de l’empire d’une part, aux intérêts du Saint-Siège d’autre part. Si les biens matériels des iconodoules furent confisqués et le patriarche démis de ses fonctions, il n’y eut pas de violence physique contre les personnes.

Constantin V (741-775)

Jean Damascène
Icône moderne représentant Jean Damascène. Avec l'aimable autorisation de l'église Saint-Nicolas, Dallas, Texas

La situation se modifia avec le décès de Léon III et l’avènement, après une courte mais sanglante guerre civile, de son fils Constantin V. Celui-ci n’avait ni la prudence, ni la modération de son père. D’un naturel cruel, il se hâta de faire aveugler le général Artavasde, beau-fils de Léon III et héritier potentiel qui avait tenté de lui ravir la couronne, ainsi que ses deux fils ; leurs complices furent ou bien exécutés ou bien amputés des mains ou des pieds ; le patriarche Anastase, qui avait plusieurs fois changé de camp durant cette guerre civile, fut humilié et promené sur un âne dans l’hippodrome[19].

Avec Constantin V, le débat devint plus directement théologique. L’empereur lui-même produisit une dizaine d’écrits théologiques. Dans l’un de ceux qui nous sont parvenus, intitulé Peuseis (Questions), il arguait que seule l’Eucharistie constituait une véritable image du Christ et que la croix était le véritable symbole des chrétiens. Il organisa une série de débats pour combattre l’opposition iconophile et, pour s’assurer que tous les évêques défendraient le point de vue iconoclaste, il créa de nouveaux évêchés et y nomma des évêques de son opinion[20].

Pour officialiser le triomphe de cette doctrine, il convoqua un concile dans le palais impérial de Hiéra en février 754. Celui-ci rassemblait 338 évêques, tous iconoclastes ; ni le pape de Rome, ni les autres patriarches orientaux n’y envoyèrent de représentants. Néanmoins, le concile se proclama « œcuménique ». Il n’est donc pas surprenant que les décisions de ce concile, promulguées dans le forum de Constantinople, aient été conformes aux écrits de l’empereur : elles prescrivaient la destruction de toutes les images religieuses, anathématisaient le patriarche Germain et les défenseurs des images comme le théologien Jean Damascène, faisaient discrètement de l’empereur le chef de l’Église en le proclamant égal des apôtres et menaçaient les défenseurs des images, non seulement de sanctions religieuses, mais encore de sanctions pénales[21].

Constantin se fit un devoir d’appliquer rigoureusement ce programme. À travers l’empire les images furent détruites et remplacées entre autres par des scènes profanes glorifiant l’empereur. On commença également à traquer les iconophiles dans la bureaucratie, l’armée et l’Église. En aout 766, Constantin fit exécuter dix-neuf hauts fonctionnaires de l’État et officiers de l’armée. L’opposition à la politique impériale s’était entretemps cristallisée dans les monastères, notamment celui du Mont-Auxence, dirigé par l’abbé Étienne. Non seulement celui-ci fut-il mis en pièces par une foule excitée à Constantinople, mais Constantin transforma la campagne iconoclaste en une campagne anti-monastique. Nombre de monastères furent ou bien fermés ou bien convertis en édifices publics, les moines contraints à renoncer à leurs vœux et les propriétés rattachées aux monastères furent nationalisées au profit de la couronne[22].

La cruauté de cette répression conduite par le stratège des Thracésiens, Michel Lachanodrakôn, provoqua une forte émigration monastique qui se dirigea vers le sud de l’Italie où de nouveaux monastères et écoles créèrent des foyers de culture grecque qui subsistèrent longtemps après que Byzance eût perdu ses colonies italiennes[23].

L’expansion arabe s’était considérablement ralentie à la suite d'une longue guerre civile qui devait aboutir à la chute de la dynastie des Omeyades et à son remplacement en 750 par celle des Abbassides. Ceux-ci transférèrent la capitale de Damas à Bagdad, signalant de ce fait même un intérêt moindre pour les conquêtes méditerranéennes. Dès 746, Constantin engagea une expédition en Syrie et s’employa à recoloniser la Thrace en y envoyant nombre de prisonniers. L’année suivante, une bonne partie de la flotte arabe fut détruite près de Chypre. Cinq ans plus tard, une campagne en Arménie et en Mésopotamie lui permit de faire de nouveaux prisonniers qui furent également envoyés en Thrace. Si ces victoires furent éphémères et si les Arabes purent assez rapidement reprendre les territoires perdus, elles donnèrent une aura d’invincibilité à l’empereur et firent croire que la puissance divine était de nouveau favorable à Byzance. Constantin se trouvait ainsi conforté dans sa politique religieuse par les succès remportés par ses armées sur le plan extérieur[24].

La deuxième priorité de Constantin fut de faire face aux Bulgares qui voyaient dans l’afflux de prisonniers en Thrace une menace à leurs propres frontières. Une longue série de conflits entre les deux empires devait s’ensuivre à partir de 756 lorsque les Bulgares s’avancèrent en territoire byzantin. Constantin ne mena pas moins de neuf campagnes contre eux sous prétexte notamment d’aider les populations slaves en lutte contre la noblesse bulgare d’origine turque, soucieuse de conserver sa position dominante. En juin 763, la bataille d’Anchialos, sur les côtes de la mer Noire, s’acheva par l’écrasement des Bulgares et le triomphe des armées byzantines. Le khan des Bulgares, Teletz, fut renversé et une longue guerre civile débuta qui empêcha la Bulgarie de constituer un adversaire sérieux pour Constantinople pendant une décennie. C’est du reste au cours d’une de ces expéditions contre la Bulgarie que Constantin V devait trouver la mort en septembre 775[25].

Si Constantin V parvint à rétablir la prépondérance byzantine en Grèce et en Asie mineure, il se désintéressa presque totalement du sort des colonies d’Italie où la papauté tentait en vain de lutter contre la progression des Lombards. Longtemps le pape minimisa les querelles religieuses entre les Églises d’Orient et d’Occident dans l’espoir d’un appui militaire contre les envahisseurs. Mais lorsque Ravenne tomba aux mains des Lombards en 751, il se décida à trouver un autre protecteur potentiel. En 754, franchissant les Alpes en plein hiver, le pape Étienne II rencontra Pépin, le roi des Francs. Contrairement aux autres chefs francs, d’allégeance arienne, Pépin était resté fidèle à Rome et fut heureux d’obliger le pape. D’autant plus qu’ayant pris la place du dernier mérovingien en 751, Pépin était anxieux de voir son pouvoir reconnu par une puissance extérieure. Déjà le pape Zacharie (741-752) avait donné son consentement tacite à son coup d’État ; Étienne II (752-757) profita de son voyage pour donner l’onction royale, en remerciement de quoi Pépin se hâta de descendre en Italie en 754 et 756, forçant le roi lombard Aistulf à abandonner Rome et Ravenne. Cette dernière fut remise non à l’empereur byzantin, mais au pape[26]. Non seulement le fossé se creusait sur le plan religieux, mais l’alliance entre le pape et le roi des Francs devait donner naissance au siècle suivant à un nouvel Empire romain d’Occident auquel succéda, au cours des ans, un Saint-Empire romain germanique.

La haine de Constantin à l’endroit des images valut à sa dépouille d’être retirée de l’église des Apôtres après la restauration des images ; toutefois, le souvenir de ses hauts faits d’armes lui valut, lorsque Constantinople fut assiégée quelques années plus tard par les Bulgares, que le peuple se réunît autour de son tombeau pour le supplier de sauver l’empire[27].

Le retour des icônes

Léon IV (775-780)

À la mort de Constantin V, le trône échut au fils qu’il avait eu d’un premier mariage avec une princesse khazare, lequel prit le nom de Léon IV. Son règne ne dura que cinq ans et constitua une sorte de transition entre l’iconoclasme sanguinaire de Constantin V et l’iconophilie avérée d'Irène qui portait le titre masculin d'« empereur ». De caractère débonnaire, Léon IV resta attaché à la tradition iconoclaste et fit même emprisonner certains hauts fonctionnaires qui avaient affiché publiquement leur appui au culte des images ; mais les persécutions qui avaient marqué le règne de son père cessèrent. Bien plus, l’empereur abandonna la politique antimonastique de son père et n’hésita pas à faire nommer des moines à certains sièges épiscopaux[28].

Aux régimes despotiques de Léon III et de Constantin V, Léon IV opposa un régime qui n’hésitait pas à présenter sa propre volonté comme la manifestation de la volonté populaire. C’est ainsi que lorsqu’il décida de faire couronner son jeune fils Constantin comme coempereur ou de faire participer les représentants du commerce et des métiers de Constantinople au gouvernement, il s’arrangea pour que la chose paraisse être une concession aux demandes répétées de la population[29].

Constantin VI (780-797)

septième concile
Icone du XVIIe siècle représentant le septième concile œcuménique. Couvent Novodevichy, Moscou

Plus importante encore dans la réorientation de la politique religieuse fut le rôle joué par son épouse, Irène, originaire d’Athènes et, comme les gens de Thrace, iconodoule. Celle-ci fut nommée régente lors de la mort prématurée de Léon IV au nom de son fils Constantin VI, alors âgé de 10 ans. Femme de tête énergique, elle réussit à mater un complot visant à mettre sur le trône le césar Nicéphore et s'empara des rênes du pouvoir[30].

Procédant avec prudence, elle se mit en devoir de faire renverser les décisions du concile de 754. Après avoir obtenu la démission du patriarche iconoclaste Paul (août 784), et l’avoir remplacé par son secrétaire, Taraise, un laïc ayant toutefois une solide formation théologique, elle se mit en rapport avec Rome et les patriarcats orientaux qui, tous, acceptèrent cette fois d’envoyer des représentants au concile qui se réunit dans l’église des Apôtres en juillet 786. Ce concile fut brutalement interrompu par le régiment des gardes de la capitale, fidèle aux instructions de Constantin V. Ne perdant pas confiance, l’impératrice envoya ce régiment combattre les Arabes en Asie mineure et fit venir de Thrace des troupes favorables aux images pour assurer la défense de la capitale. Le septième concile, véritablement œcuménique cette fois, se réunit ainsi l’année suivante à Nicée, la ville où s’était tenu le tout premier concile sous Constantin[31].

Ce concile condamna l’iconoclasme comme hérésie, ordonna la destruction des écrits iconoclastes et rétablit le culte des images. Mais il fut aussi l’occasion d’une scission qui devait perdurer au cours des siècles suivants entre d’une part les moines, qui avaient défendu avec ardeur l’orthodoxie des canons de l’Église, et la hiérarchie plus pragmatique qui avalisait volontiers les désirs du pouvoir politique pourvu que celui-ci demeurât fidèle à la doctrine officielle. La parti des « zélotes » aurait voulu voir condamner les évêques iconoclastes, alors que les « pragmatiques » acceptèrent volontiers qu'ils réintègrent le giron de l’Église après avoir abjuré les erreurs d’une hérésie dans laquelle « ils étaient nés, avaient grandi et avaient été élevés »[32].

Pendant ce temps, Constantin VI avait atteint l’âge de régner seul et voulut se libérer de la tutelle de la régente bien décidée à conserver le pouvoir. En 790, Irène voulut perpétuer sa présence en exigeant de l’armée un serment qui aurait fait d’elle le premier personnage de l’État, son fils ne venant qu’en deuxième. Les troupes qu’elle avait fait venir de Thrace prêtèrent volontiers serment, mais il n’en alla pas de même des troupes d’Arménie et du général Michel Lachanodrakon qui se rangèrent du côté de son fils. Finalement, l’armée dans son entier opta pour Constantin et l’acclama en juin 790 comme unique empereur[33].

Rapidement, la conduite de Constantin VI lui fit perdre tous ses alliés. Son attitude peu glorieuse lors d’une campagne contre les Bulgares en juillet 792 lui retira l’appui de l’armée, alors que sa cruauté à l’égard de ses oncles lors d’un nouveau complot visant à mettre Nicéphore sur le trône lui aliéna la population. En janvier 795, il répudia son épouse légitime Marie pour épouser sa maitresse qu’il fit couronner Augusta. Ce fut l’occasion d’un nouvel affrontement entre les moines zélotes qui condamnèrent sans ménagement cet adultère et le patriarche Taraise qui avait cédé une fois de plus aux désirs de l’empereur[34].

Irène (797-802)

Charlemagne et Louis le Pieux
Charlemagne et son fils, Louis le Pieux. Son mariage avec Irène aurait permis à chacun de conserver le titre impérial sans rivalité mais le projet souleva un tollé à Constantinople

Ces déboires donnèrent l’occasion à sa mère qui était entre-temps revenue au palais de réussir un coup d’État : le 15 août 797, elle fit aveugler son fils dans la chambre même où il était né vingt-sept ans plus tôt et put enfin régner seule. Ce règne devait cependant s’avérer désastreux.

Sur le plan intérieur, le nouveau basileus (Irène adopta ce titre dans tous les actes officiels et non celui de basilissa) voulut augmenter sa popularité en distribuant des allègements fiscaux inconsidérés, aux monastères premiers piliers de sa popularité d'abord, à la population de Constantinople ensuite. Si ces mesures fiscales semblèrent avoir atteint leur objectif immédiat, elles épuisèrent le Trésor impérial à un moment où les menaces de l’extérieur recommençaient à s’accumuler[35].

Une fois bien installés au pouvoir, les Abassides recommencèrent en effet leurs incursions dans l’empire, tant en Thrace qu’en Asie mineure, et exigèrent de substantiels tributs pour signer la paix. Il en alla de même des Bulgares, si bien que dès 790 l’empire n’était plus que l’ombre de ce qu’il avait été, limité à l’Asie mineure, la côte des Balkans et de la Crimée, les îles grecques, la Sicile et l’extrémité méridionale de l’Italie. En termes religieux, des cinq patriarcats originaux, seul celui de Constantinople était encore dans l’empire. Ceux de Jérusalem, d’Antioche et d’Alexandrie étaient depuis plus d’un siècle aux mains des Arabes[36].

Le couronnement de Charlemagne en 800 vint élargir le fossé qui se creusait progressivement entre Rome et Constantinople, l’Occident et l’Orient. Considérant qu’Irène avait usurpé la couronne et qu’elle était une femme, le pape se croyait justifié de considérer le trône comme vacant et de faire de Charlemagne le « roi des Romains ». Plus diplomate, Charlemagne lui-même utilisa plutôt le titre de « roi des Francs et des Lombards »[37], évitant ainsi de heurter de front les susceptibilités de Byzance, et entra en négociation avec Irène en vue de conclure un mariage de convenance qui aurait permis à l’un et l’autre époux d’utiliser le titre impérial tout en régnant chacun dans sa sphère[38]. Lorsqu'il fut connu, ce projet souleva une vive opposition à Constantinople et fut certainement une des causes de la révolution de palais qui détrôna Irène le 31 octobre 802 et porta finalement au pouvoir le césar Nicéphore. Exilée dans les îles des Princes, puis à Lesbos, Irène ne tarda pas à y mourir[39].

Nicéphore (802-811)

solidus de Nicéphore I
Solidus représentant Nicéphore Ier et Staraucios

Nicéphore Phocas ne devait régner que neuf ans. Toutefois, ce temps fut suffisant pour ramener une certaine stabilité dans l’empire.

Cet ancien chef de l’administration des finances descendait vraisemblablement de la famille princière des Ghassanides. Connu pour sa piété, il était tenu en haute considération à la fois par les hauts fonctionnaires et par les militaires. Sa première priorité fut de rétablir les finances publiques. Il commença par y remettre de l’ordre en annulant d’abord les allègements concédés par Irène et en établissant ensuite une nouvelle assiette de l’impôt à laquelle étaient assujettis tous les citoyens. De plus, en même temps qu’il interdisait à ses sujets de prêter avec intérêt, condamnation assez courante au Moyen Âge, il en réservait l’usage exclusif à l’État et fixait les intérêts à un taux particulièrement élevé. Il cessa de payer les lourds tributs aux Arabes et aux Bulgares tout en recommençant la colonisation des régions limitrophes de la Bulgarie, de la Thrace et de la Macédoine orientale où les populations slaves commençaient à se révolter. Il créa de nouveaux thèmes et y envoya non plus des prisonniers syriens comme l’avait fait son ancêtre, mais des cultivateurs des thèmes d’Asie mineure ; ceux-ci furent obligés de vendre leurs propriétés pour s’établir dans les Sclavinies où ils reçurent de nouvelles terres, en contrepartie de quoi ils devaient assurer un service militaire à titre de stratiotes. Ce fut le début du processus d’acculturation et de conversion des Slaves de Grèce au christianisme, processus qui devait être achevé un siècle plus tard[40].

Sur le plan religieux, Nicéphore maintint l’orthodoxie et le culte des images. Cela ne l’empêcha pas toutefois d’exiger la soumission du clergé tant sur le plan fiscal, en exigeant que les monastères paient leur part des impôts et taxes, que sur le plan religieux : il força le parti des moines à accepter la nomination du patriarche Nicéphore, un laïc de surcroît ancien haut fonctionnaire, pour succéder à Taraise en 806, alors que ceux-ci espéraient voir l’un des leurs monter sur le trône pontifical[41].

Sur le plan extérieur, ni les Arabes ni les Bulgares n’acceptèrent que Byzance mît fin unilatéralement aux tributs qui lui étaient imposés. En Asie mineure, Haroun-al-Rachid reprit les invasions dans le territoire impérial, parut en 806 devant Tyane et envoya des détachements jusqu’à Ancyre (aujourd’hui Ankara). Devant cette menace, Nicéphore dut non seulement accepter de payer à nouveau le tribut, mais aussi, humiliation cruelle, de remettre annuellement trois pièces d’or au calife pour lui et son fils à titre d’impôt de capitation[42].

La victoire de Charlemagne sur les Avars avait permis aux Bulgares d’agrandir leur territoire à l’ouest jusqu’à toucher celui de Charlemagne. Leur chef, Kroum, voulut également l’étendre aux dépens de Byzance s’emparant d’une série de fortifications édifiées précisément comme ligne de défense contre les Bulgares. La prise de Sardique en 809 obligea Nicéphore à entrer en campagne. Après avoir fait relever cette forteresse, il se dirigea après une préparation minutieuse vers Pliska qu’il prit et incendia en 811. Kroum dut offrir de négocier la paix, ce que Nicéphore refusa, poursuivant son adversaire jusque dans les montagnes. Les passes montagneuses étaient propices à une embuscade ; Kroum en profita pour attirer l’armée impériale dans une vallée, en bloquer les issues et la massacrer. L’empereur fut au nombre des victimes ; son crâne évidé servit par la suite de coupe dont Kroum se servit pour célébrer sa victoire en compagnie de ses boyards. C’était la première fois depuis Valens en 378 qu’un empereur tombait aux mains des barbares[43].

Staurakios (811) et Michel Ier Rangabé (811-813)

bataille de Versinikia
La bataille de Versinikia, le 22 juin 813, devait conduire au remplacement de Michel Rangabe par Léon l'Arménien

Au cours de la même bataille, son fils, Staurakios, avait reçu une blessure sérieuse à la colonne vertébrale. Les officiers survivants, espérant qu’il en réchapperait, le proclamèrent empereur. Mais son état était désespéré. À l’initiative du patriarche Nicéphore, le trône fut offert à son beau-frère, Michel Rangabé, époux de sa sœur Procopia. En dépit de l’opposition de Staurakios et de son épouse Théophano qui espérait sans doute devenir empereur comme Irène l’avait fait, Michel Rangabé fut acclamé empereur par l’armée et le sénat dans l’hippodrome le 2 octobre. Staurakios accepta le fait accompli, fut tonsuré et envoyé dans un monastère où il mourut le 11 janvier 812[44].

Le choix de Michel Rangabé ne fut guère heureux. Seule la brièveté de son règne (octobre 811 à juillet 813) évita le désastre. Il s’empressa de révoquer les mesures fiscales de Nicéphore et, fervent partisan des images, multiplia les dons d’argent à l’Église[45].

Le trait majeur de ce règne toutefois fut la reconnaissance par Constantinople, après douze ans de négociations, du titre d’empereur (mais non d’« empereur des Romains ») conféré à Charlemagne. Le rêve d’un empire universel avait pris fin et un nouvel empire était créé en Occident[46].

Ce règne fut aussi marqué par une série de désastres face aux Bulgares. Au printemps 812, Kroum s’empara de Develtos (aujourd’hui Debelt près de Burgas) sur la mer Noire dont il déporta les habitants dans son empire. Début novembre, ce fut au tour de Mésemvria (aujourd’hui Nesebar) de tomber. Et fin juin 813, la défaite totale de l’armée byzantine à Versinikia (près d’Edirne) paracheva le triomphe bulgare[47].

Depuis le retour des images, l’empire avait subi défaite après défaite. Il n’en fallait pas plus pour que le peuple conclût que Dieu s’était à nouveau détourné de Byzance. Le 11 juillet 813, les restes de l’armée demeurée à Versinikia proclamèrent Léon empereur. Michel Rangabé était renversé et dut avec son fils se retirer dans un monastère ; la deuxième période iconoclaste allait commencer[48].

La deuxième période iconoclaste

Léon V l’Arménien (813-820)

murailles de Constantinople
Pendant des siècles les murailles de Constantinople décourageront les envahisseurs potentiels.

Léon, stratège des Anatoliques, était d’origine arménienne par son père, d’où son surnom de « Léon l’Arménien »[49]. Comme les règnes précédents, celui de Léon V fut relativement bref. Durant ces sept ans, il s’attacha à rétablir la puissance de l’empire à l’extérieur et l’iconoclasme à l’intérieur.

Le plus urgent était la défense de l’empire. Après sa victoire à Versinikia, Kroum s’était emparé d’Andrinople et, quelques jours après l’accession de Léon V au trône, il parut sous les murs de Constantinople. Comme elles l’avaient fait pour de nombreux envahisseurs au cours des siècles, les murailles découragèrent l’assaillant qui demanda un entretien personnel avec l’empereur pour négocier un tribut en échange de son retrait. Léon ayant accepté, Kroum se présenta sans arme pour l’entrevue et faillit être pris dans un piège tendu par les Byzantins. Furieux, il réussit à s’enfuir et se vengea en dévastant les alentours de Constantinople et en retournant piller Andrinople dont il déporta les habitants. Il aurait certainement continué la guerre, mais une crise cardiaque l’emporta le 13 avril 814[50].

Son successeur, Omourtag, plus intéressé par la consolidation intérieure de son empire que par les conquêtes, s’empressa de conclure avec Byzance une paix de trente ans, renouvelable tous les dix ans ; celle-ci était avantageuse pour la Bulgarie puisqu’elle retrouvait les frontières qu’elle avait connues sous Tervel[51].

C’est également aux environs de 818 que les Vikings, connus sous le nom de Rus’, lancèrent leurs premiers raids et pillèrent la côte nord de l’Anatolie[52].

Et comme, depuis la mort du calife Haroun, le califat était en proie à de difficiles crises intérieures qui ne lui permettaient pas d’attaquer ses voisins, Léon V put profiter d’une période de tranquillité pour rétablir l’iconoclasme dans l’empire byzantin.

Pas plus qu’au début de la première période, le mouvement iconoclaste n’avait cette fois-ci de caractère dogmatique. Il s’agissait pour Léon V d’une part d’affirmer son autorité sur l’Église, d’autre part de redonner confiance aux forces armées iconoclastes d’Arménie et d’Anatolie face aux Bulgares, ce qu’elles n’auraient pas fait sous un empereur iconodoule[53].

Le premier geste que posa Léon pour rétablir l’iconoclasme avait un caractère symbolique. Il fit couronner Symbatius, le fils qu’il avait eu d’un premier mariage, et le renomma Constantin, rappelant non seulement les deux empereurs Léon III et Constantin V, mais surtout leurs victoires sur l’ennemi. Agissant prudemment, il créa en juin 814 un comité de recherche iconoclaste ayant pour tâche de scruter en secret les Écritures et les Pères de l’Église et d’annoter tout ce qui pouvait prouver la justesse de cette thèse. Le chef de file du comité était Jean le Grammairien. Probablement d’origine arménienne comme l’empereur, Jean était certainement iconodoule lors de son entrée au monastère mais s’était rangé par la suite du côté des iconoclastes[54].

Après six mois d'étude, le comité était prêt à remettre le fruit de son travail. L’empereur commença par tenter de convaincre le patriarche Nicéphore, mais devant le refus énergique de celui-ci, décida de procéder de façon détournée comme il l’avait fait en renommant son fils. Irène avait fait rétablir l’image du Christ sur la porte Chalké enlevée au tout début de la révolte iconoclaste ; Léon V y envoya des soldats avec mission de lancer des pierres et de la boue sur l’image. Puis il suggéra de faire retirer l’image « afin qu’elle ne soit pas déshonorée par la soldatesque »[55].

Ayant ainsi fait connaître subtilement sa volonté au peuple, il entreprit de la faire savoir au clergé en réunissant un synode au palais et en faisant lire le document résumant les travaux du comité. Il suggéra ensuite de convoquer une assemblée de théologiens iconodoules et iconoclastes pour discuter du document ; il se réservait le droit de juger à la fin du débat quels arguments avaient le plus de mérite. À nouveau, le patriarche, sachant où allait l’empereur, s’opposa à cette proposition. Il ne restait plus à Léon V qu’à déposer le patriarche et à l’exiler, à la suite de quoi il nomma à sa place un courtisan, Theodotus Cassiteras[56].

À Pâques 815, un nouveau concile fut convoqué à Hagia Sophia qui, comme on pouvait s’y attendre, condamna les conclusions du concile de 787 et en revint à celles du concile de Hiéra (754). Si le concile ne condamnait pas les images comme « idoles », il en ordonna néanmoins la destruction. Ses actes, loin d’avoir la profondeur de ceux du concile de Hiéra, laissaient déjà paraître que les bases intellectuelles du mouvement commençaient à s’effriter. Jean le Grammairien fut récompensé pour son travail en devenant hégoumène (supérieur) du monastère des Saints Serge et Bacchus qui devait servir de centre de réhabilitation pour les iconodoules récalcitrants[57].

Léon V ne devait pas jouir longtemps de son triomphe. Un groupe d’opposants s’était formé autour de ses deux anciens compagnons d’armes, Michel d’Amorium et Thomas le Slave. Par crainte d’être exécuté, Michel qui avait été mis en prison s’évada et, le jour de Noël 820, parvint à assassiner l’empereur dans la cathédrale d’Hagia Sophia[58].

Michel II (820-829)

grande mosquée de Cordoue
La grande mosquée de Cordoue. Chassés de Cordoue, les Sarrasins iront conquérir la Crête d'où Michel II ne pourra les déloger.

Originaire de Phrygie, château fort de l’iconoclasme, Michel II n’avait aucun goût pour les discussions intellectuelles. Certaines décisions qu’il prit attestent son penchant iconoclaste : dans une lettre à Louis le Pieux, il se plaignit de certaines exagérations du culte des images ; il confia l’éducation de son fils Théophile à Jean le Grammairien et, au lieu de rappeler le patriarche Nicéphore sur le trône, il choisit l’assistant de Jean le Grammairien, l’évêque Antoine de Sylaeon, comme successeur de Theodotus. Mais conscient du fait que les temps avaient changé, il décida d’apaiser la querelle religieuse en interdisant simplement toute discussion sur le sujet[59].

Sur le plan intérieur, le règne de Michel II fut marqué par la violente guerre civile menée par le troisième compagnon d’armes déjà mentionné, Thomas le Slave. Déjà sous le règne de Léon V, celui-ci avait rassemblé autour de lui un parti multiethnique composé d’Arabes, de Perses, d’Arméniens et d’Ibères. Prétendant être Constantin VI injustement détrôné et vouloir renouer avec le culte des images, celui-ci promit aux masses paysannes d’Asie mineure de soulager leur fardeau. Après s’être fait reconnaître par le calife Al-Mamun et s’être fait couronné par le patriarche d’Alexandrie, il vint assiéger Constantinople. À nouveau, les murailles de Constantinople résistèrent. Thomas dut lever le siège et, avec l’aide d’Omourtag, Michel réussit à capturer son rival à Arcadiopiolis en 823. Cette guerre civile qui dura près de trois ans, tout en exacerbant à nouveau les sentiments religieux, montrait également la gravité de la crise sociale qui minait la société byzantine[60].

Cette guerre civile empêcha Michel de donner toute l’attention qu’elle méritait à un nouveau péril extérieur. En 816, quelque dix mille Arabes d’Espagne (les Sarrasins) furent chassés de Cordoue. Sous la direction d’Abu Hafs, ils firent voile vers Alexandrie qu’ils capturèrent. Chassés dix ans plus tard, ils prirent à nouveau la mer et réussirent à s’emparer de la Crête, alors thème byzantin, en 826. De là, leurs corsaires partirent dévaster les iles grecques et les côtes du Péloponnèse. Entre 827 et 829, Michel monta trois expéditions pour les déloger. Toutes trois échouèrent, en grande partie parce que la population locale, lasse des extorsions de Constantinople, demeura sinon favorable aux Sarrasins, du moins refusa d’aider les troupes impériales.

L’année suivante (827), à l’invitation d’un commandant byzantin renégat du nom d’Euphémius, les Sarrasins entreprirent, à partir de Kairouan en Tunisie, la conquête de la Sicile. Il leur faudra près de soixante-quinze ans pour conquérir toute l’île. Néanmoins, comme dans le cas de la Crête, ils s’en servirent de base de départ pour ravager à la fois la côte dalmate et le sud de l’Italie byzantine[61].

Les difficultés à l’intérieur de l’empire, les échecs répétés du souverain à l’extérieur laissaient planer un doute sérieux sur la thèse prétendant que l’iconoclasme ramènerait la faveur divine.

Théophile (829-842)

Jean le Grammairien
Ambassade du patriarche Jean VII le Grammairien. Le pratriarche est représenté entre le sultan Mamoun et l'empereur Théophile

Michel II mourut en 829 ; son fils Théophile, déjà couronné coempereur, lui succéda. Pour la première fois depuis Constantin VI, son règne s’étendit sur plus d’une décennie. Alors que son père, fils de paysans, n’avait jamais montré de goût pour les choses intellectuelles, Théophile, fin lettré, était passionné de culture arabe. Esthète et romantique, il était également de caractère entier et intransigeant. Iconoclaste tant par conviction personnelle que par amour de la culture arabe, il reprit la persécution contre les partisans des images. En 837, Jean le Grammairien accéda au trône patriarcal et, comme sous Constantin V, la guerre contre les images se transforma en guerre contre le monachisme. Pour cruelle qu’elle fut (l’empereur n’hésita pas à faire graver au fer rouge des vers de sa composition sur le front de deux moines fauteurs de troubles), cette persécution ne connut pas l’ampleur qu’elle avait connue sous Constantin V.

C’est qu’entre-temps les esprits avaient évolué. Aux élans religieux succédaient l’humanisme et le classicisme traditionnels grecs auquel le culte des images était étroitement associé. Même l’Asie mineure avait perdu son zèle iconoclaste, si bien que l’empereur et le patriarche déployèrent de vains efforts pour ranimer une ardeur qui avait fait son temps. L’épouse de Théophile elle-même, Théodora, était orthodoxe et fervente partisane des images qu’elle conservait dans son appartement en dépit des remontrances de son impérial époux, chose qui eût été impossible sous Constantin V[62].

Paradoxalement, pendant tout son règne, Théophile dut combattre les Arabes dont il admirait tant la culture. À partir de 830, le calife Al-Mamun (813-833) reprit la guerre contre Byzance pratiquement suspendue depuis le règne de Léon V. Si cette guerre se limita au début à une série d’incursions sur les villes frontières de l’empire, elle prit une tournure plus sérieuse lorsque le successeur d'Al-Mamun, le calife Al-Mu'tasim, entreprit en 838 de porter la campagne contre les centres les plus importants d’Asie mineure. Après avoir battu en juillet une armée commandée par l’empereur lui-même près de Dazimon (de nos jours Dazman en Turquie) et s’être emparé d’Ancyre, Al-Mu'tasim enleva Amorium le 12 août. Or Amorium était non seulement la ville la plus importante des Anatoliques, mais également le berceau de la dynastie régnante. C’est alors que, quelques siècles avant les croisades, l’empereur lança un premier appel à Louis le Pieux pour que l’Occident l’aidât à combattre les Arabes[63].

Théodora (842-856) et Michel III (842-867)

triomphe de l'orthodoxie
Icone de la fin du XIVe ou du début du XVe représentant "Le triomphe de l'orthodoxie". La vierge est entourée de l'impératrice Théodora et du patriarche Méthode

Le rétablissement du culte des images se produisit lorsque, à la mort de Théophile en 842, Théodora assuma la régence au nom de son fils Michel III qui n’avait alors que deux ans, répétant le scénario qui s’était produit avec Irène et Constantin VI. Mais contrairement au règne d’Irène, il devait être le prélude d’un nouvel âge d’or pour Byzance.

Pourtant, la situation en ce début de règne n’avait rien d’enviable. Progressivement, les provinces les plus riches avaient été retranchées de l’empire. L’Italie, la Sicile, la Crête, les Balkans, la Syrie, la Palestine, l’Égypte, l’Afrique étaient maintenant sous le contrôle des Francs, ou d’Arabes et de Sarrasins, ou de Bulgares encore païens. À l’est, les principautés de Géorgie et d’Arménie, bien que chrétiennes, étaient monophysites et hérétiques sur le plan religieux, strictement contrôlées par les Arabes sur le plan politique. Restaient la Thrace et l’Anatolie, cette dernière maintenant peuplée de Slaves, d’Arméniens, d’Arabes et de Perses[64].

Contrairement à Irène, Théodora sut s’entourer d’un conseil composé d’hommes avisés et modérés, issus de sa famille, et agir avec prudence et circonspection. Durant la première année qui suivit la mort de Théophile, l’iconoclasme demeura la religion d’État et Jean le Grammairien demeura sur le trône patriarcal[65].

Ce ne fut qu’en mars 843 que Théodora se décida à rétablir le culte des images. Pour y parvenir elle convoqua, non pas un concile des évêques qui s’y serait opposé puisque la presque totalité d’entre eux professaient l’iconoclasme, mais un silention, comme l’avait fait Léon III pour établir l’iconoclasme, lequel se réunit au palais de Théodora. Comme doctrine, l’iconoclasme ne générait plus de passion : il fut rejeté par la simple réaffirmation des conclusions du concile de Nicée de 787. Jean le Grammairien ayant refusé d’adhérer à ses conclusions fut déposé. Mais, esprit des temps nouveaux, il put se retirer dans sa villa et y vivre en paix[66].

Le synode de 843 marque ainsi la fin officielle de l’iconoclasme. En mémoire, l’Église orthodoxe célèbre le premier dimanche du carême comme étant « la fête de l’orthodoxie », célébration de la défaite de la « dernière grande hérésie » et la fin des grandes luttes doctrinales qui marquèrent du IIIe au IXe siècle l’histoire de Byzance[65].

Et pour bien marquer que le culte des images n’était pas la cause des défaites passées, une semaine après cette assemblée, Théodora envoya une expédition dirigée par son logothète Theoctistus et son parent Serge Nicetiatès reprendre la Crète. Cette expédition se déroula ainsi que prévu et parvint à reconquérir l’ile qui fut érigée en thème. Toutefois, peu de temps après, Theoctistus fut vaincu lors d’un combat contre l’émir de Mélitène, pendant que les Sarrasins tentaient de reconquérir la Crète et tuaient Serge[67].

Signe des temps, la condamnation de l’iconoclasme ne provoqua guère de réaction. Théodora en profita pour mettre un terme aux agissements des Pauliciens dans l’est de l’Anatolie. Cette secte d’origine arménienne, dans laquelle certains voient les restes du manichéisme, rejetait l’ensemble du monde matériel comme corrompu et n’acceptait ni l’autorité du clergé ni les sacrements et, comme tels, étaient violemment iconoclastes. Mais c’est moins leurs convictions religieuses qui mettaient l’empire en péril que le fait qu’alliés des Arabes, ils conduisaient des raids qui les amenèrent jusqu’à Nicée et à Éphèse qu’ils mettront à sac en 869. Théodora envoya l’armée avec pour mission d’exécuter tous les Pauliciens qui ne se convertiraient pas et de confisquer leurs propriétés. Des milliers de Pauliciens moururent ainsi, mais plusieurs s’enfuirent sous la conduite de leur leader Karibeas et créèrent au temps de Michel III un État autonome entre l’empire et l’émirat de Mélitène, avec comme capitale Tephrike (aujourd’hui Divriği en Turquie)[68].

Jean le Grammairien ayant été déposé, Théodora choisit pour lui succéder un moine persécuté par Michel II et par son fils du nom de Méthode. Le premier geste de celui-ci fut de déposer presque tous les évêques, même ceux qui avaient abjuré l’iconoclasme. Sauf pour cette décision, l’impératrice et le patriarche mirent en place une politique de réconciliation qui leur valut l’opposition des zélotes dirigés par Théodore le Studite, assoiffés de revanche sur leurs ennemis. Leur schisme, très bref, fut résolu lorsqu’Irène choisit pour succéder au patriarche Méthode, mort en juin 847, Ignace, un fils de l’empereur Michel Rangabé qui avait été fait eunuque par son père et envoyé dans un couvent. Moine rigide, très près des zélotes, il se laissa entraîner dans une violente controverse contre Photius et envenima la situation au lieu de l’apaiser[69].

En 856, un coup d’État ourdi à la fois par Michel III, las de la tutelle de sa mère, et par son oncle, le futur césar Bardas, déposa Théodora[70].Très rapidement, le conflit éclata entre Bardas, véritable maitre du palais, et Ignace nommé par le régime précédent. Ignace dut démissionner et, le 25 décembre 858, Photius le remplaça sur le trône pontifical. Cette élection fut vivement contestée à Constantinople par le parti des zélotes qui en appela au pape. Aussi, lorsque Photius envoya à celui-ci la lettre synodale annonçant traditionnellement son élection, le nouveau pape Nicolas Ier, dont le premier objectif était l’affermissement de l’universalisme romain, refusa celle-ci et prit le parti d’Ignace[71].

À la lutte entre iconoclastes et iconodoules allait succéder un nouveau conflit, cette fois entre Constantinople et Rome, dont les conséquences seront encore plus importantes puisqu’il se terminera par le schisme de 1054.

Les conséquences de la crise

icone de la vierge
Icone de la Vierge traditionnellement attribuée à Jean Damascène, monastère Ilandar.

La controverse entourant l’iconoclasme eut des conséquences profondes et durables sur la civilisation byzantine. Trois valent particulièrement la peine d’être mentionnées.

Les guerres perses de l’empereur Héraclius au VIIe siècle conduisirent Byzance à délaisser son passé romain pour se tourner davantage vers l’Est, tendance que ne fit qu’augmenter la longue confrontation avec les Arabes et l’Islam. Dépourvus de la protection que leur avait apportée Constantinople jusque là, les papes commencèrent à solliciter la protection de chefs d’État plus près d’eux, dont Charlemagne. Des difficultés de traduction entre les langues grecque et latine (le terme grec de proskynésis [vénération], ayant été traduit en latin par adoratio [adoration]) ne firent que creuser le fossé qui commençait à séparer de plus en plus profondément les Églises orientale et occidentale[72]. Ces difficultés iront en s’accroissant et le conflit entre Photius et le pape Nicolas Ier annoncera le schisme de 1054.

Tout au long de la controverse, ce fut moins la hiérarchie de l’Église d’Orient qui résista à la volonté impériale que de simples moines qui, grâce à leur nombre, parvinrent à s’imposer. Les empereurs, notamment Léon III et Constantin V, voulaient en prescrivant l’iconoclasme confirmer leur droit à diriger l’Église aussi bien que l’empire, ambition qu’on appela le césaro-papisme. Il en résulta une guerre tantôt larvée, tantôt ouverte, entre d’une part le pouvoir impérial et d’autre part un monachisme non-conformiste, farouchement indépendant. Après le pitoyable échec de l’épiscopat durant la première phase de l’iconoclasme, les abbés de monastères obtiendront de faire partie de la direction ecclésiale lors du concile de Nicée (787), Les moines garderont par la suite cette réputation de « gardiens de la foi » qui contribuera à conserver et à répandre la culture byzantine alors même que le territoire de l’empire se rétrécira de plus en plus[73].

Résultat de cette crise, l’art deviendra à Byzance un élément important de la théologie. De toutes les familles chrétiennes, c’est à Constantinople, et plus tard, à Moscou, que les icônes acquerront une place prééminente dans l’expression religieuse de la foi. Si en russe le terme ikona est réservé à une représentation religieuse, en grec, le terme eikon (littéralement image) indique une ressemblance quelconque, aussi bien littéralement que métaphoriquement. L’icône orthodoxe est donc moins la représentation des traits matériels d’une personne que de ses qualités et de son élévation d’esprit[74]. L’aptitude du peintre à faire apparaître cette représentation spirituelle prime donc sur la ressemblance esthétique. Les icônes prendront une multitude de formes (icônes sur bois, icônes à deux faces, icônes sur métal, mosaïques) et de styles, dépendant des endroits (Grèce, Russie, Balkans, Géorgie, etc.) et des époques, ce qui fera dire à Eugène Trubetskoi, un philosophe russe du début du XXe siècle, qu’une icône est « une contemplation en couleur » [75].

Références

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  50. Treadgold, pp. 430-431.
  51. Ostrogorsky, p. 231; Jenkins, p. 132; Treadgold, p. 433.
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  58. Jenkins, pp. 137-138; Treadgold, p. 433.
  59. Treadgold, p. 433.
  60. Ostrogorsky, pp. 234 et 235; Jenkins, pp. 141-143; Treadgold, pp. 334-335.
  61. Jenkins, pp 144-145; Ostrogorsky, p. 235; Treadgold, p. 436.
  62. Jenkins, pp. 146-151; Ostrogorsky, pp. 237-239, pp. 245-246.
  63. Ostrogorsky pp. 237-238; Jenkins pp. 149-150.
  64. Jenkins, p. 153; Threadgold, p. 446.
  65. 1 2 Ostrogorsky, p. 248.
  66. Jenkins, p.155; Ostrogorsky, p. 248.
  67. Treadgold, p. 447.
  68. Treadgold, pp. 447-448; Kazhdan, p. 1606.
  69. Treadgold, p. 449
  70. Kazhdan, p. 255.
  71. Jenkins, pp. 168-181; Ostrogorsky, pp. 252-253; Treadgold, p. 447.
  72. Meyendorff, p. 47, p. 50.
  73. Mango, p. 15; Meyendorff, p. 51.
  74. Mango, p. 152; Cameron, pp. 158-159.
  75. Meyendorff, p. 52

Bibliographie

On consultera avec profit la bibliographie exhaustive contenue dans chaque volume de la trilogie Le monde byzantin (Coll. Nouvelle Clio, Presses universitaires de France) répartie pour chacune des périodes étudiées (vol. 1 – L’Empire romain d’Orient [330-641]; vol. 2 – L’empire byzantin [641-1204]; vol. 3 – L’empire grec et ses voisins [XIIIe-XVe siècle] entre Instruments bibliographiques généraux, Évènements, Institutions (empereur, religion, etc.) et Régions (Asie Mineure, Égypte byzantine, etc.). Faisant le point de la recherche jusqu’en 2010, elle comprend de nombreuses références à des sites en ligne.

  • Bremer, Thomas (ed). "Verehrt wird Er in seinem Bilde..." Quellenbuch zur Geschichte der Ikonentheologie. SOPHIA - Quellen östlicher Theologie 37. Paulinus, Trier, 2015, ISBN 978-3-7902-1461-1.
  • Brown, P. "A Dark-Age Crisis: Aspects of the Iconoclastic Controversy," English Historical Review 88/346 (1973): 1–33.
  • Cameron, A. "The Language of Images: the Rise of Icons and Christian Representation" in D. Wood (ed) The Church and the Arts (Studies in Church History, 28) Oxford: Blackwell, 1992, p. 1–42.
  • Cameron, Averil. The Byzantines. Wiley-Blackwell, Chichester. ISBN 978-1-4051-9833-2 (pbk).
  • Herrin, Judith. Byzantium, the Surprising Life of a Medieval Empire, Princeton University Press, Princeton, 2009. ISBN 978-0-691-14369-9 (pbk). Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Kazhdan, Alexander P. (ed). The Oxford Dictionary of Byzantium. Oxford University Press, New York, 1991. ISBN 0-19-504652-8. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Kitzinger, E. "The Cult of Images in the Age of Iconoclasm," Dumbarton Oaks Papers 8 (1954): 83–150.
  • Jenkins, Romilly. Byzantium, the Imperial Centuries 610-1071, Barnes & Nobles, New York, 1966. ISBN 1-56619-176-9. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Mango, Cyril (ed). The Oxford History of Byzantium, Oxford University Press, Oxford, 2002. ISBN 0-19-814098-3.
  • Meyendorff, John. Byzantine Theology, historical trends & doctrinal themes. Fordham University Press, New York, 1987. ISBN 0-8232-0967-9 Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Obolensky, Dimitri. Byzantium and the Slavs, St Vladimir’s Seminary Press, New York, 1994. ISBN 0-88141-008-X
  • Ostrogorsky, Georges. Histoire de l’État byzantin, Paris, Payot, 1983. ISBN 2-228-07061-0. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Treadgol, Warren. A History of the Byzantine State and Society. Stanford University Press, Stanford, 1997. ISBN 0-8047-2630-2.Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Weitzmann, Kurt, Gaiané Alibegašvili et alii. The Icon, Alfred A. Knopf, New York, 1982.
  • Wickham, Chris. The Inheritance of Rome: illuminating the Dark Ages, 400-1000. Viking, New York, 2009. ISBN 978-0-670-02098-0. Document utilisé pour la rédaction de l’article

Voir aussi

  • Art sous l'iconoclasme
  • Portail du monde byzantin
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