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Marcellin Berthelot

Marcellin Berthelot

Page d'aide sur l'homonymie Pour les articles homonymes, voir Berthelot.
Marcellin Berthelot
Description de l'image Marcellin Berthelot.jpg.
Naissance
Paris (France)
Décès (à 79 ans)
Paris
Nationalité  Français
Champs Chimie
Institutions École supérieure de pharmacie
Collège de France
Diplôme Lycée Henri-IV
Faculté des sciences de Paris
Collège de France (1854)
Renommé pour ses travaux de chimiste
Distinctions prix Jecker de l'Académie des sciences (8 août 1865)

Marcellin Berthelot[1] (Paris, - Paris, ) est un chimiste et biologiste français (il a déposé 1 200 brevets, dont il a fait don à l'État) . Il s'est également intéressé à la philosophie et à l'histoire des sciences en Orient. Suite à son intervention pour l'effort de guerre contre l'Allemagne il est élu sénateur puis nommé ministre des Affaires étrangères et ministre de l'Instruction publique. En politique il est connu pour avoir soutenu l'effort pour l'investissement dans les nouvelles technologies et l'aide aux populations paysannes et ouvrières.

Biographie

Berthelot au milieu de la Commission des explosifs (Bruyères de Sèvres).
Berthelot dans son laboratoire de Meudon.
Berthelot posant, photo intitulée « M. Berthelot prenant une mesure électrique ».
« L'usine électrique » de Berthelot, Meudon.
Cultures expérimentales de Meudon.
La Tour Berthelot de Meudon.

Études

Pierre Eugène Marcellin Berthelot est né à Paris dans une maison située au coin de la rue du Mouton et de l'ancienne place de Grève[2]. Son père, Jacques-Martin Berthelot, est médecin et un républicain convaincu qui se dévoua sans compter lors de l'épidémie de choléra de 1832 et pour aider les blessés sur les barricades[3]. Berthelot fait de brillantes études en pension au lycée Henri-IV et intègre la 6e à dix ans seulement. Il excelle entre autres en histoire et en philosophie (prix d'honneur de philosophie au concours général)[2]. Il y fait la connaissance de Renan, qui avait quitté le séminaire et travaillait dans cet établissement comme maître d'études ; ils nouèrent une amitié qui devait durer jusqu'à la mort[4]. Leurs correspondances publiées après la mort de Berthelot évoque les nombreuses oppositions de religieux mais également des ligues d'extrême droite auxquels ils durent faire face[5]. Il étudie ensuite à la faculté des sciences de Paris. Très jeune il devient l'ami de Joseph Bertrand, de Victor Hugo et de la famille Clemenceau[6]

Il se marie avec Sophie Niaudet nièce de Louis Bréguet. Celle-ci aura sur lui et ses enfants une influence décisive. La mère de Sophie Niaudet l’éduque de manière extrêmement stricte en suivants des principes issue du calvinisme. La famille Breguet, suisse d'origine, était en effet calviniste depuis le XVIe siècle. Elle inculqua les valeurs de la pensée calviniste à ses enfants et ses idées eurent une influence importante sur son mari.

Marcellin Berthelot commence vraiment ses recherches dans le laboratoire privé de Théophile-Jules Pelouze, où il peut expérimenter à sa guise. Il entre au Collège de France en 1851, comme préparateur d'Antoine-Jérôme Balard. Comme plusieurs autres chimistes de son temps, il étudie les composés organiques de nature complexe. Il obtient son doctorat en 1854, à l'âge de 27 ans, avec une thèse sur la structure et la synthèse des graisses et sur les combinaisons du glycérol avec les acides.

Il continue ses fructueuses recherches sur les synthèses organiques. À la suite d'une série d'articles sur le glucose, parus en 1859 et remarqués par Dumas, il est nommé la même année professeur à l'École supérieure de pharmacie[2],[7]. Six ans plus tard, en 1865, sur recommandation de M. Balard, il devient professeur de chimie organique au Collège de France, avec une chaire spécialement créée à son intention[2]. Il enseigne également à l'École pratique des hautes études, établissement dont il avait soutenu la création tout comme Renan (Son fils André Berthelot en sera d'ailleurs plus tard le directeur adjoint mais dans un tout autre registre puisqu'il sera professeur d'histoire et philosophie anciennes). Outre la chimie, le domaine de ses intérêts était extrêmement large, englobant les médicaments, les explosifs (travaux qui l'ont conduit à devenir président de la Société des explosifs[2]) et la physiologie végétale.

Travaux sur l'histoire et la philosophie de l'Orient

Berthelot était aussi vivement intéressé par l'histoire et la philosophie orientale et particulièrement par la philosophie et l'histoire des sciences en Asie et au Moyen-Orient : comme le rappelle André-Jean Festugière, « Berthelot n'a pas été seulement le grand chimiste que l'on sait, il fut encore un historien de la chimie et c'est par lui que les philologues ont été ramenés à l'étude des textes alchimiques grecs, syriaques et arabes[8] ». Plusieurs de ses fils et son gendre Charles-Victor Langlois ont approfondi des éléments de ses recherches sur l'Orient, elles sont par exemple un élément central de la revue l’Echauguette.

À partir de 1869, année durant laquelle l'inauguration du canal de Suez lui fait visiter l’Égypte, il se passionne pour les textes anciens sur l'alchimie dans l'Antiquité et sur les alchimistes du Moyen Âge, étudiant les sources hermétiques chaldéennes, juives, gnostiques et islamiques)[2].

Il apprend le sanskrit et étudie les Védas auprès de l'orientaliste Eugène Burnouf qui enseigne alors au Collège de France[9]. Ces diverses recherches débouchent sur Les Origines de l'alchimie (1885) puis sur Introduction à l'étude de la chimie des anciens et du Moyen Âge (1889), ouvrages qui se fondent sur la lecture et la traduction de nombreux textes anciens grecs, syriaques et arabes[8].

Il effectue la première traduction des ouvrages d'Abu Musa Jâbir ibn Hayyân Al-Azdi (أبو موسى جابر بن حيان الأزدي) : le Livre du Royaume, le Livre de l'Équilibre et le Livre de Mercure oriental[10]

Engagement patriotique puis politique

Le 2 septembre 1870, à l'occasion du déclenchement de la guerre franco-allemande, profondément patriote, Berthelot demande à participer à l'effort de guerre et est nommé au Comité scientifique de défense. Il est alors membre puis président du comité consultatif du Service des poudres et salpêtres de France, puis président de la Commission des substances explosives. Il encadre la fabrication des canons et expérimente de nouvelles formules de poudre. Il est également chargé d'établir les correspondances entre Paris investi et la province[2],[7].

En 1871, les listes de candidats du Sénat[11] sont établies par les journaux ou par des comités restreints ; aussi bien les journaux que les comités agissent de leur propre initiative, sans mandats. Les personnes portées sur ces listes sans leur accord ont la possibilité de se retirer par voie de presse. Berthelot figure sur les listes proposées par quatre journaux alors que, comme le rappelle Alain Corbin, il ne s'est pas présenté[12][13]. Il arrive en 109e position, avec 30 913 voix[14],[15]. Il accepte de maintenir sa candidature afin de continuer son travail avec les Comités auprès desquels il s'était engagé. Il est nommé inspecteur général de l'instruction publique en 1876. En juillet 1881, il devient sénateur inamovible.

Dès son élection au Sénat, il prononça plusieurs discours contre les coupes dans le domaine de la santé publique. Il prône une politique interventionniste afin d'aider les paysans et les ouvriers vivants dans des situations difficiles[16]. Il combat pour la laïcisation des enseignements et la réforme de l'enseignement (il sera notamment favorable à l'École pratique des hautes études aux côtés de Renan et de Pasteur). Il occupera deux fonctions ministérielles importantes :

  • ministre de l'Instruction publique et des Beaux-arts, du au , dans le gouvernement René Goblet ;
  • ministre des Affaires étrangères, du au , dans le gouvernement Léon Bourgeois.

Il entre dans le comité de direction de La Grande Encyclopédie, où il prend la relève de Ferdinand-Camille Dreyfus pour les 13 derniers volumes.

Il a souvent été considéré comme l'un des grands « scientiste » et des « anti-atomiste » alors qu'il a expliqué dans de nombreux articles l'intérêt de l'atome et ses limites[17] et il a défendu -malgré de très vives critiques à l'époque - l'importance d’investissements scientifiques dans les domaines de la santé publique ce qui fut au centre de son engagement politique axé notamment sur l'aide aux populations les plus démunies (son grand-père était maréchal ferrant et son père, médecin, soignait gratuitement sur les barricades lors des événements de 1848). Dès 1913, la communauté scientifique prenant en compte les apports de Dalton et les critiques de Berthelot et de William Hyde Wollaston effectua une synthèse notamment avec le célèbre l'ouvrage de Jean Perrin, Les Atomes.

Étant, à la suite de Dumas, un des membres les plus influents de l'École équivalentiste, selon laquelle « la chimie devait être une science strictement positive, c’est-à-dire une pratique expérimentale, libre de toute hypothèse superflue sur la structure exacte de la matière[18] », il combat le vitalisme ainsi que l'atomisme scientifique tel que proposé par John Dalton mais défend la spectroscopie. Comme le montre l'historienne des sciences Mary Jo Nye[19], il est l'un des premiers à montrer les limites des travaux de Gay-Lussac et d'Avogadro. Rare chercheur en sciences à être entré dans un gouvernement, il use de son prestige de ministre pour imposer jusque vers 1900 son école de pensée, c'est-à-dire le maintien de la science comme expérimentation et sans l'influence directe d'idéologie ou de postulats religieux[20]. En tant qu'adversaire des calculs de la masse atomique effectuée dans la lignée de John Dalton, il refusait les travaux portant sur ce sujet qui lui étaient adressés mais défendait la théorie atomiste pour la spectroscopie

Marcellin Berthelot était un espérantophone et espérantiste distingué, dont le souvenir fut salué par Zamenhof lors du Congrès de Cambridge le 12 août 1907. Il était membre du comité de patronage de l'ISAE Association scientifique internationale espérantiste.

Berthelot et les nouvelles technologies: chimie et biologie.

Après avoir étudié les explosifs et les moyens de les améliorer, Marcellin Berthelot est nommé Président de la Société des explosifs. Dans ce domaine, il a notamment travaillé sur « le rôle des détonants par rapport à la force des explosions, et put ainsi déterminer de façon précise quel sera l'effet produit par une quantité donnée d'un explosif, comment et pourquoi cet effet se produira »'[2]. Il a contribué à la mise au point et à la production d'explosifs sans fumée[2], qui seront très utilisés durant la Première Guerre mondiale et par la suite.

Interrogé par la Revue illustrée, qui lui consacre un article de plusieurs pages en janvier 1902, il dit s'être adonné au « culte de la vérité pure » ;

« [...] ne me mêlant jamais à la lutte des intérêts pratiques qui divisent les hommes, j'eus vécu dans mon laboratoire, solitaire, entouré de quelques élèves, mes amis : mais pendant pareille crise (guerre de 1870 et tensions avec l'Allemagne), il n'était plus permis de rester indifférent. Voilà pourquoi j'ai fabriqué de la poudre, des canons, des explosifs ; j'ai tâché de faire mon devoir sans partager les haines étroites de quelques-uns contre l'Allemagne dont je respecte la science en maudissant l'ambition impitoyable de ses chefs [...] »[2]

En fin de carrière, il s'est aussi beaucoup intéressé à la physiologie végétale. À partir de 1882, il est alors âgé de 55 ans, il s'installe à Meudon et y cultive des champs expérimentaux dans les potagers de l'ancien château pour étudier les liens entre croissance végétale et électricité[2]. C'est dans une tour de 28 mètres, installée dans les potagers de l'ancien château et qui existe toujours, qu'il étudie l'effet de l'altitude sur le potentiel électrique des plantes soumises à différentes hauteurs et d'éventuels effets sur certaines fonctions végétales[2]. En exposant des plantes à de l'électricité à basse tension, il cherche à comprendre comment les végétaux synthétisent les « principes organiques », comment ils fixent l'azote libre de l'air dans la terre à l'aide de l'action microbienne, qui permet de conserver la « fertilité indéfinie » des sols naturels[2]. Ces expériences l'amènent à prouver la fixation de l'azote par les microbes[2]. Il produit l'électricité nécessaire à son laboratoire au moyen d'un moteur et d'une batterie d'accumulateurs.

Décès et postérité

Berthelot avait maintes fois répété à ses enfants « Je sens que je ne pourrai survivre à votre mère » (son épouse Sophie Berthelot, née Niaudet, malade). Il meurt quelques minutes après la disparition de celle-ci, le . Les causes de sa mort n'ont pas été élucidées. Certains l'ont attribuée à l'angine de poitrine dont il souffrait depuis longtemps, mais pour Jean Jacques, les circonstances font penser au suicide[21]. Georges Lyon son gendre (mari de Marie-Hélène Berthelot) écrit à Louis Breguet (oncle de Sophie Niaudet, épouse Berthelot) qu'il était très faible depuis longtemps et que la douleur l'emporta[22].

Descendance

Particulièrement influencé par une éducation calviniste issue des Breguet (famille de Sophie Berthelot, dont l’ancêtre n’est autre que Jean Breguet, prêtre au XVIe siècle à Neuchâtel), ses descendants durent aussi se plier à un strict respects des impératifs calvinistes[23],[24]. Cette orientation est plus éthique que religieuse mais a été à l’origine d’oppositions nettes et parfois brutales de groupes catholiques extrêmement conservateurs comme l’Action Française et les ligues d’extrême droite, le cas est particulièrement net dans le cas de Philippe et André Berthelot. [25][26]

Fils du médecin et chercheur sur le choléra Jacques-Martin Berthelot, Marcellin Berthelot est le père du juriste et diplomate Philippe Berthelot; du financier, homme politique et professeur André Berthelot ; du chimiste Daniel Berthelot et du philosophe René Berthelot .

Son gendre est l'historien spécialiste des rapports Occident/Orient et directeur des Archives nationales, Charles-Victor Langlois. Ses petits enfants sont donc l'agronome et Secrétaire général de la Banque de France Philippe Langlois-Berthelot ; le directeur de la Banque Franco-Chinoise pour le Commerce et l'Industrie, ingénieur et administrateur d'entreprises Marc Langlois-Berthelot ; le chercheur en électro-magnétique et directeur de la recherche de EDF, Richard Langlois-Berthelot; l'ingénieur, administrateur et financier Samuel Langlois-Berthelot et Daniel Langlois-Berthelot (directeur chez Peugeot).

Hommages

Entre 1850 et 1907 il a déposé 1 200 brevets. Dès le début, de nombreux industriels lui proposent de les racheter (ses découvertes notamment dans le champs de la pharmacologie ont généré des sommes extrêmement importantes), mais il s'oppose à toutes ces offres car il travaille pour la science et fait don de ses brevets, un par un, non pas seulement à l'État français mais au monde afin que ses découvertes servent le plus grand nombre[27].

Son jubilé scientifique est célébré solennellement en présence de scientifiques du monde entier. Alors qu'il a été enterré par sa famille dans un caveau familial, le gouvernement, désireux d'honorer le grand homme, demande le transfert de ses cendres au Panthéon[22], la famille accepte si Sophie Niaudet est enterrée avec lui. Il a été estimé logique de ne pas le séparer de sa femme qui l'avait assisté dans ses recherches et qui avait été inhumée avec lui : c'est ainsi la première femme entrée au Panthéon.

Après sa carrière d'enseignant, Marcellin Berthelot réside à Meudon, où l'on trouve encore la tour d'expérimentation déjà appelée « tour Berthelot » de son vivant.

Parmi les édifices et lieux nommés en son honneur, on compte :

  • l'ancienne place Cambray située devant le Collège de France dans le 5e arrondissement de Paris en 1907 ;
  • une avenue traversant les 7e et 8e arrondissements de Lyon le 25 mars 1907 (précédemment avenue des Ponts) ;
  • une école primaire supérieure à Toulouse en 1908, devenu collège en 1942 et lycée en 1957 ;
  • un collège à Châtellerault en 1930, devenu lycée en 1960 ;
  • un lycée à Saint-Maur-des-Fossés en 1938 ; un autre à Questembert (Morbihan) en 1965 ;
  • la nouvelle avenue rectiligne de 1 350 mètres desservant le stade olympique de Grenoble lors de la cérémonie d'ouverture des jeux olympiques de Grenoble le 19 janvier 1969.

Apports

Berthelot est reconnu pour des travaux encore utiles de nos jours :

  • ses travaux en thermochimie et sur les explosifs (bombe calorimétrique) ;
  • ses travaux sur la réaction d'estérification (avec Léon Péan de Saint-Gilles) ;
  • ses travaux en pharmacologie ;
  • sa théorisation des lois de la physiologie végétale ;
  • ses découvertes en biochimie sur l'invertase ;
  • ses textes sur la biologie et la chimie comme sciences systémiques et synthétiques ;
  • sa critique de l'atomisme (avec William Hyde Wollaston) comme étalon absolu et sa critique de la manière dont John Dalton traitait cette question de manière erronée ;
  • des recherches sur l'atomisme et particulièrement sur la spectroscopie atomique (avec Charles Tanret) ;
  • ses thèses sur les composés de synthèse (synthèse totale par son « œuf électrique »)[28] ;
  • ses recherches sur la chaleur, sur le principe de combustion ;
  • ses recherches sur la saponification des corps gras, sur la glycérine ;
  • le réactif de Berthelot ;
  • son influence sur les travaux sur l'hydrogénation de Paul Sabatier (prix Nobel de chimie qui fut l'assistant de Berthelot au Collège de France) ;
  • ses recherches en histoire et en philosophie des sciences.

D'autres aspects de son œuvre ou de ses positions scientifiques sont des sujets de controverses, notamment :

  • son rejet-avant la remise en question de la fin du XXe siècle - du système de l'atome comme étalon absolu[29] : comme le rappelle le Pr Lazlo dans l'article « Théorie atomique » de l'Encyclopædia Universalis, Berthelot et Le Chatelier s'opposèrent à la théorie atomique pour limiter l'implantation d'un nouveau dogmatisme comparable à la scolastique. Ils se battirent pour que la chimie reste un science expérimentale[30] ;
  • son positivisme porté contre la présence de références à des preuves d'ordre religieuses dans les démonstrations scientifiques. Ceci l'aurait amené, lorsqu'il était secrétaire perpétuel à l'Académie des sciences, à demander que le Pr Yvon Delage retire de sa démonstration les références, comme preuves scientifiques, au linceul de Turin (21 avril 1902).

Il y a également des critiques d'ordre politique : Il lui en effet reproché d'avoir défendu une approche scientifique libre des biais dogmatiques religieux; d'avoir refusé les raccourcis d'une partie de l'école atomiste et d'avoir donné son soutien à la génération des atomistes qui marquèrent le début du XXe siècle ; d'avoir eu une politique économique en faveur des plus défavorisés (son grand père est maréchal-ferrant, son père médecin travaillait gratuitement pour aider la population parisienne lors des épidémies de choléra) alors qu'une large frange de la classe politique s'était opposée aux revendications ouvrières des années 1870; d'avoir défendu Zola au moment de l'affaire Dreyfus; d'avoir affirmé lors de nombreux discours qu e le progrès scientifique permettrait le développement économique (on sait aujourd'hui que cette politique interventionniste dans les secteurs des technologies de pointait de la santé permirent un développement économique sans précédent jusqu'en 1914. En 1987 un ouvrage de Jean Jacques, chimiste élève d'un adversaire universitaire de Berthelot, publie un ouvrage Berthelot : Autopsie d'un mythe, dans lequel il reprend à son compte ces critiques[réf. souhaitée].

  • Vilfredo Pareto critique en 1897 Marcellin Berthelot, dans une tribune publique de la revue Le Monde économique[31]. Berthelot participa aux rapports et à l'ouvrage du ministre des finances Jean-Jules Clamageran. Il se battit à ses côtés contre les coupes budgétaires dans l'enseignement publique lorsqu'il était ministre de l'instruction publique. Dès son élection au Sénat, il prononça plusieurs discours contre les coupes dans le domaine de la santé publique, l'un d'eux est celui qui est critiqué par Pareto[32]. Au cours du discours ministériel[16], Berthelot prône l'interventionnisme pour la santé publique et les nouvelles technologies : il s'oppose au soutien d'une partie de l'élite politique au « laisser-faire et laisser-passer » dans des domaines qu'il juge vitaux pour les classes paysannes et ouvrières. Ces dernières s'étaient soulevées 25 ans plus tôt et vivaient toujours dans des conditions misérables. L'interventionnisme dans le secteur des technologies de pointe et de la santé rencontra de nombreux adversaires, même si on sait aujourd'hui qu'il a participé directement au développement économique sans précédent de l'économie française jusqu'en 1914. Partisan affiché du libéralisme, au sens classique, et pionnier des approches mathématiques et statistiques des sociétés humaines[33], Pareto remet en cause la légitimité de Berthelot, en invitant cet ancien ministre des Affaires étrangères et auteur de plusieurs traités économiques avec les puissances européennes[réf. souhaitée], à ne pas s'occuper de questions économiques car sa formation d'origine est la chimie[31] ;
  • L'Action française s'opposa à lui et ce particulièrement durant l'affaire Dreyfus[34] ;
  • une frange des politiciens sont offusqués qu'il soutienne Zola. Berthelot le soutient en effet dès le début de sa carrière (Zola écrit d'ailleurs un article en son honneur dans le quotidien Le Figaro) et continue à le soutenir durant l'affaire Dreyfus[34] ;
  • Pierre Thuillier en 1981 lui donne, par un étrange amalgame, le surnom de « pontife du scientisme républicain ». Cette critique est souvent citée car Pierre Thuillier n'a pas hésité à tronquer le texte de Marcellin Berthelot aux endroits qui l'arrangeait (jusqu'à renverser le sens même de ce qui était écrit par Berthelot) pour sa démonstration contre le scientisme. Cette critique est des plus étonnantes car l'ouvrage de Berthelot vise à défendre l'alchimie (pratique considérée comme non-scientifique mais tout de même très riche en connaissances) c'est-à-dire à montrer les limites d'un approche qui se limiterait à une foi absolue dans la science... Berthelot livre avant l'heure un discours sur les problème entre sciences et liberté dans un passage de Les Origines de l'alchimie (1885) : « Le monde est désormais sans mystère: La conception rationnelle prétend tout éclairer et tout comprendre; elle s'efforce de donner de toute chose une opposition positive et logique, et elle étend son déterminisme moral fatal jusqu'au monde moral. Je ne sais si les déductions impératives de la raison scientifique réaliseront un jour un jour cette prescience divine, qui a soulevé autrefois tant de discussion et que l'on n'a jamais réussi à concilier avec le caractère non moins impératif de la liberté humaine »[35]. Berthelot était ouvertement partisan (comme son père médecin sur les barricades d'ailleurs) du développement de la science et de la médecine quitte à ce que l'État intervienne (ce que critiqua Pareto[31]) ;
  • le jésuite Duviviers, parmi d'autres hommes d'Église, lui reprochait de faire partie de ces « savants qui, tout en affirmant que « la science ne s'occupe ni des causes premières ni de la fin des choses » (Berthelot), concluent cependant, au nom de cette science, à la négation de la Cause première[36]! » (c'est-à-dire ici Dieu). Pourtant Berthelot ne s'est jamais prononcé contre l'existence de Dieu ni contre le théisme (ses parent étaient catholiques et sa femme protestante), Berthelot défendait l'idée que l'existence de Dieu n'est pas vérifiable - tout comme sa non-existence. Son credo était l’expérience et la preuve par l’expérience[37].

Dans un bref discours plein d'humour[38] intitulé « En l'an 2000 », recueilli dans Science et Morale (1897), il raconte à son auditoire un rêve digne des romans d'anticipation de l'époque. Ce discours a été salué par Jacques Testart dans Labo-planète[38] et a invité certains auteurs à y voir les prémisses des réflexions du philosophe Marcel Gauchet[39]:

« Dans ce temps-là, il n'y aura plus dans le monde ni agriculture, ni pâtres, ni laboureurs : le problème de l'existence de la culture du sol aura été supprimé par la chimie. […] Chacun emportera pour se nourrir sa petite tablette azotée, sa petite motte de matière grasse, son petit morceau de fécule ou de sucre, son petit flacon d'épices aromatiques, accommodés à son goût personnel ; tout cela fabriqué économiquement et en quantités inépuisables par nos usines ; tout cela indépendant des saisons irrégulières, de la pluie, ou de la sécheresse, de la chaleur qui dessèche les plantes, ou de la gelée qui détruit l'espoir de la fructification ; tout cela enfin exempt de ces microbes pathogènes, origine des épidémies et ennemis de la vie humaine. Ce jour-là, la chimie aura accompli dans le monde une révolution radicale, dont personne ne peut calculer la portée ; il n'y aura plus ni champs couverts de moissons, ni vignobles, ni prairies remplies de bestiaux. L'homme gagnera en douceur et en moralité […]. Dans cet empire universel de la force chimique […] la terre deviendra un vaste jardin, arrosé par l'effusion des eaux souterraines, où la race humaine vivra dans l'abondance et dans la joie du légendaire âge d'or[40]. »

Le texte finit en rappelant que l'évocation de ces « rêves » est avant tout destinée à appeler les scientifiques à participer au développement économique : « Messieurs, que ces rêves ou d'autres s'accomplissent, il sera toujours vrai de dire que le bonheur s'acquiert par l'action. »[40].

Distinctions

Mandat électif

  • Sénateur inamovible (1881-1907)

Bibliographie

Œuvres de Marcellin Berthelot

Études et témoignages sur Berthelot

  • Ernest Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse.
  • Arthur Bower Griffiths, « Berthelot », dans Biographies of Scientific Men, 1912, sur Wikisource
  • Émile Jungfleisch, « Notice sur la vie et les travaux de Marcelin Berthelot », Bull. Soc. Chim. Fr., 4e série, vol. 13, (ISSN 0150-9888)
    Recommandé par J. Jacques comme contenant une liste complète et une analyse très poussée des travaux scientifiques[41].
  • Léon Velluz, Vie de Berthelot, Plon, 1964.
    Complète l'étude de Jungfleisch en ce qu'il s'attache à la vie privée de Berthelot.
  • Reino Virtanen, Marcelin Berthelot : A study of a scientist's public role, University of Nebraska Studies, 1965
    Recommandé par J. Jacques comme « éclairant remarquablement l'homme public replacé dans l'histoire culturelle et politique de son temps[41] ».
  • Jean Jacques, Berthelot 1827-1907, autopsie d'un mythe, Paris, Belin, 1987
    L'auteur, qui reconnaît ne pas aimer Berthelot, cherche à trier l'ivraie et le bon grain, non seulement dans son activité politique et idéologique, mais aussi dans son œuvre scientifique.
  • Daniel Langlois-Berthelot, Marcelin Berthelot : Un savant engagé, Paris, J.-C. Lattés, .
    L'auteur, arrière-petit-fils de Berthelot, utilise des sources familiales inédites.

Notes et références

  1. La graphie Marcelin avec un seul « l » est courante. Elle figure notamment sur son état civil reconstitué (vue 121), l'acte de naissance de Berthelot ayant disparu lors des incendies de la Commune en 1871. On ne peut que se référer aux éditions originales de ses œuvres. Sa thèse de doctorat, parue en 1854, porte le nom de Marcellin Berthelot (avec deux l). La Bibliothèque nationale de France adopte elle aussi la graphie « Marcellin » Berthelot. En revanche, dans le livre 1851-1901 : Cinquantenaire scientifique de M. Berthelot (1902), figure une photographie de la médaille commémorative remise à Berthelot au cours d'une cérémonie à la Sorbonne le 24 novembre 1901 et portant la mention « Marcellin Berthelot ».
  2. 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 Revue illustrée, janvier 1902
  3. « Marcellin Berthelot », sur Société chimique de France (consulté le 23 octobre 2014)
  4. « Berthelot acheta une bible hébraïque, qui est encore, je crois, non coupée dans sa bibliothèque. Je dois dire qu'il n'alla pas beaucoup au-delà des shevas ; le laboratoire me fit bientôt une concurrence victorieuse. » Ernest Renan, Souvenirs d'enfance et de jeunesse.
  5. Ernest Renan, La Science, la Religion, la République, Paris, Odile Jacob,
  6. http://www.academie-francaise.fr/discours-de-reception-de-marcellin-berthelot
  7. 1 2 Charles Bedel, « La Vie de Berthelot », Revue d'histoire de la pharmacie, no 138, , p. 97-101 (lire en ligne)
  8. 1 2 Festugière André-Jean. 73-74. Berthelot (M.) Les Origines de l'alchimie. Nouveau tirage —Introduction à l'étude de la chimie des Anciens et du Moyen Âge. Nouveau tirage, Revue des études grecques, 1939, vol. 52, no 246, p. 560-561.
  9. « Université Pierre et Marie Curie, Histoires des Laboratoires de Paris VI », sur http://www.labos.upmc.fr/lcmcp/files/docs/marcelin_berthelot.pdf
  10. Pierre Lory, Dix traités d'alchimie de Jâbir ibn Hayyân - Les dix premiers Traités du 'Livre des Soixante-dix'. Textes traduits et présentés, Paris, Sindbad, 1983, réédité avec une mise à jour en 1996 par Actes-Sud.
  11. Il est présenté au Sénat et non à la Chambre des députés : durant la Troisième République, l'Assemblée nationale désigne la réunion de ces deux assemblées lorsqu'elles se réunissaient pour élire le président de la République.
  12. « BERTHELOT Marcellin - ancien sénateur inamovible », sur www.senat.fr (consulté le 19 mai 2015) Biographie sur le site du Sénat, avant 1889 : « M. Berthelot réunit, sans être élu, et d'ailleurs sans avoir lui-même posé sa candidature, 30,913 voix à Paris. »
  13. Jean Marie Mayeur, Alain Corbin, Arlette Schweitz, Les Immortels du Sénat, 1875-1918, Presses de la Sorbonne, 1995, p. 229
  14. Jean Jacques, Berthelot 1827-1907, autopsie d'un mythe, Paris, Belin, 1987, p. 128.
  15. Voir le site du Sénat, fiche de Marcellin Berthelot (section sénateurs de la IIIe République), Marcellin Berthelot n'a jamais posé sa candidature à cette élection.
  16. 1 2 Lettres à monsieur Brelay, paru dans Le Monde économique, 18 avril, 8 mai, 5 juin 1897, publié Vilfredo Pareto, Œuvres complètes : t. 6, Mythes et idéologies, Librairie Droz, 1984, p. 114 ou Vilfredo Pareto, Lettres d'Italie, éd. di Storia e Letteratura, 1973, p. 591-593
  17. L'Actu des Sciences, juin 2013, http://www.actusf.com/spip/L-actu-des-sciences-Juin-2013.html
  18. Jean-Claude Simard, La querelle de l'atomisme, Découvrir, octobre 2012.
  19. M. J. Nye, The Question of the Atom, Springer Science & Business Media, 1984
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  40. 1 2 Marcellin Berthelot, « Discours au banquet de la Chambre syndicale des Produits chimiques », 5 avril 1894, Lire en ligne
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Articles connexes

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