Ifriqiya
L'Ifriqiya (en berbère : ⵉⴼⵔⵉⵇⵇⵢⴰ, en arabe : افريقية), également orthographié Ifriqiyya, est une partie du territoire d'Afrique du Nord pour la période du Moyen Âge occidental, qui correspond aux provinces d'Afrique romaine dans l'Antiquité tardive. Le territoire de l'Ifriqiya correspond aujourd'hui à la Tunisie, à l'est du Constantinois (est de l'Algérie) et à la Tripolitaine (ouest de la Libye)[1].
C'est sous ce nom que ce territoire est connu au moment de l'arrivée des Arabes musulmans et de la résistance qui leur est opposée par les populations berbères païennes, chrétiennes ou juives[2]. Le continent, qui était auparavant nommé « Libye » par Hérodote tire son nom de cette dénomination que les Romains imposèrent par leur conquête.
Étymologie
Le mot Afrique proviendrait du mot « Ifri »[3],[4], un radical qui aurait engendré le mot Ifriqiya à l'époque où les Romains auraient donné ce nom aux habitants de l'actuelle Tunisie. Ifri désigne par ailleurs une divinité berbère[5],[6],[7]. Selon certains chercheurs, le mot viendrait de « Ifren » ayant donné son nom à la tribu des Banou Ifren[8],[9],[10],[11],[12] aussi appelée Iforen, Ifuraces ou Afer[11] (qui désigne en berbère une grotte ou caverne selon Ibn Khaldoun) qui habitait l'ancienne Tripolitaine.
Il se peut aussi qu'il provienne du berbère taferka désignant une terre ou une propriété terrienne. Celui qui vit sur cette terre est nommé Aferkiw qui a donné africanus en latin. Ce nom a donné en arabe إفريقيا (ifrīqīyā) qui aurait permis aux nouveaux venus de désigner l'Afrique dans son sens moderne. Il est aussi possible que le mot descende du grec aphrike (« sans froid »), du latin aprica (« ensoleillé ») ou d'un autre terme latin, africus, désignant en Campanie le « vent pluvieux » en provenance de la région de Carthage. En effet, à l'origine, les Romains nommaient uniquement « Afrique » cette partie nord du continent. Le mot « Afrique » pourrait enfin provenir du nom de la tribu des Afridi qui vivait en Afrique du Nord près de Carthage.
Histoire
Après la domination carthaginoise, romaine et vandale, les Byzantins prennent place en Ifriqiya. Par la suite, les Omeyyades prennent le territoire après avoir gagné la guerre contre Kusayla et la reine Kahena[13]. Les Abbassides prennent leur suite et, dès le début de leur califat, la région tend à l'autonomie. En 800, le khorassanien Ibrahim ibn al-Aghlab obtient le titre d'émir de Kairouan et fonde la dynastie des Aghlabides[14].
À la fin du IXe siècle, la région tombe sous la coupe de groupes ismaéliens qui finissent par y instaurer le califat fatimide. Dès le milieu du Xe siècle, lors des guerres entre Fatimides et kharidjites, Abu Yazid, un membre des tribus des Wargu et des Merendjissa issues des Banou Ifren, mène une puissante révolte berbère qui bouscule le pouvoir des Fatimides[13].
Plusieurs révoltes s'ensuivent et pouvoir des Fatmides est déplacé. Leur pouvoir décisionnel se fixe en Égypte et ils confient alors le gouvernement de la région à une nouvelle dynastie d'émirs berbères : les Zirides. En 1048, ces nouveaux dirigeants rompent avec le pouvoir Fatimide et reconnaissent comme suzerain le calife de Bagdad[15],[16]. Les Fatimides réagissent en 1052[17] en envoyant les Hilaliens piller la région qui se soumet jusqu'à la chute du califat fatimide en 1171.
L'Ifriqiya est ensuite dominée par les Hafsides, à partir de 1230, puis conquise en 1574 par les Ottomans.
Notes et références
- ↑ (fr) Article Ifriqiya (Larousse.fr)
- ↑ V.-Y. Mudimbé, Jean Jolly, Brigitte Senut, L'Afrique et son environnement européen et asiatique, Paris, L'Harmattan, (ISBN 978-2-296-05773-9, LCCN 2009583336, lire en ligne), p. 12
- ↑ Commission des missions scientifiques et littéraires, Archives des missions scientifiques et littéraires de France, Paris, Imprimerie nationale,
- ↑ Edmond Rostand, Mots, Paris, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, , p. 9
- ↑ Recueil des notices et mémoires de la Société archéologique de la province de Constantine, Constantine, Alessi et Arnolet,
- ↑ François Decret et M'hamed Hassine Fantar, L'Afrique du Nord dans l'Antiquité, Paris, Payot & Rivages,
- ↑ Al Idrissi (trad. partielle par Reinhart Dozy et Michael Jan de Goeje), Description de l'Afrique et de l'Espagne, E.J. Brill,
- ↑ (en) Babington Michell, « The Berbers », Journal of the Royal African Society, vol. 2, n°6, janvier 1903, pp. 161-194
- ↑ (en) Ivan Van Sertima, Golden Age of the Moor, New Brunswick et London, Transaction Publishers, (lire en ligne), p. 118
- ↑ (en) Edward Lipiński, Itineraria Phoenicia, Louvain, Peeters, (lire en ligne), p. 200
- 1 2 Al Idrissi (trad. Reinhart Dozy et Michael Jan de Goeje), Description de l'Afrique et de l'Espagne (lire en ligne), p. 102
- ↑ H. R. Palmer, « Oases of the Libyan Desert », The Geographical Journal, vol. 73, no 3, , p. 302-303
- 1 2 Ibn Khaldoun (trad. partielle par William Mac Guckin de Slane), Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, Alger, 1852-1856
- ↑ (en) Kirk H. Sowell, The Arab world: an illustrated history, éd. Hippocrene Books, New York, 2004, p. 75
- ↑ Arthur Pellegrin, Histoire de la Tunisie : depuis les origines jusqu'à nos jours, éd. Librairie Louis Namura, Tunis, 1948, p. 246
- ↑ (en) Ignaz Goldziher, Mohammed Ibn Toumert et la théologie de l'islam dans le nord de l'Afrique au XIe siècle, éd. BiblioBazaar, Charleston, 2009, p. 23
- ↑ (fr) Éric Limousin, 100 fiches d'histoire du Moyen Âge : Byzance et le monde musulman, éd. Bréal, Paris, 2005, p. 125
Articles connexes
- Hilaliens
Lien externe
- François Decret, « Les invasions hilaliennes en Ifrîqiya », Clio, septembre 2003
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