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Aghlabides

Aghlabides

Aghlabides
Banû El Aghlab

الأغالبة (ar)

800 909/1048

Description de cette image, également commentée ci-après

Extension maximale du royaume des Aghlabides

Informations générales
Statut Émirat vassal du califat abbasside
Capitale Kairouan, puis El Abbasiyya
Religion Islam
Histoire et événements
800 Ibrahim ibn al-Aghlab est nommé émir de l'Ifriqiya par le pouvoir abbasside
827-902 Conquête de Malte et de la Sicile
909 Chute de la dynastie en Afrique, qui se maintient à Malte [réf. nécessaire]
1048 Fin de la dynastie à Malte [réf. nécessaire]
Émirs
(1er) 800-812 Ibrahim Ier
(Der) 903-909 Ziadet Allah III

Les Aghlabides (arabe : الأغالبة) ou Banû El Aghlab (بنو الأغلب) sont une dynastie d'émirs issue de la tribu arabe des Banu Tamim originaire du Khorassan. Deuxième dynasties arabe après les Muhallabides ayant régné sur l'Ifriqiya au nom du calife abbasside, de 800 à 909[1], elle compte onze souverains avant d'être évincée avec l'installation des Fatimides.

Histoire

Des troupes arabes originaires du Khorassan participent à la conquête musulmane du Maghreb. En 800, le calife abbasside Haroun ar-Rachid nomme Ibrahim ibn al-Aghlab, fils d'un officier khorassanien, comme émir héréditaire de l'Ifriqiya en réponse à l'anarchie qui règne dans la province — où le frère de lait du calife subit de nombreuses révoltes dues à sa mauvaise gestion — à la suite de la chute des Muhallabides. Il contrôle alors une région s'étendant sur l'est de l'Algérie, la Tunisie et la Tripolitaine. Malgré une indépendance formelle, ses successeurs continueront de prêter allégeance au calife abbasside[2].

Une nouvelle capitale, El Abbasiyya, est fondée à l'extérieur de Kairouan pour échapper en partie à l'opposition des juristes et des théologiens malékites qui condamnent le mode de vie des Aghlabides et désapprouvent le traitement discriminatoire infligé aux Berbères. Par ailleurs, les Aghlabides ont à lutter aux limites de leur royaume contre des populations berbères ainsi qu'à protéger et renforcer l'établissement des immigrants arabes venant du Moyen-Orient par vagues régulières. Des défenses frontalières (ribat) sont donc bâties à Sousse et Monastir. Ils défendent ainsi avec succès leurs territoires, parvenant même à s'établir en Méditerranée par la conquête de Malte et de la Sicile et par des raids contre des ports italiens.

Grande Mosquée de Kairouan qui doit en grande partie son état au règne de Ziadet Allah Ier qui ordonne sa reconstruction vers 836

Sous le règne de Ziadet Allah Ier (817-838) se produit une révolte de troupes arabes (824) qui n'est pas maîtrisée avant 836 avec l'aide des Berbères. La conquête de la Sicile byzantine, menée dès 827 sous la direction d'Assad ibn al-Furat[3], est une tentative de maintenir ces troupes rebelles sous contrôle. Agrigente, Palerme puis Syracuse (878) sont prises et détruites. Ce n'est qu'en 902 que la dernière position byzantine tombe aux mains des Aghlabides[4].

Dès lors, des raids sont menés en Italie jusqu'au Xe siècle. Cependant, les Aghlabides perdent progressivement le contrôle des forces basées en Sicile et une nouvelle dynastie, les Kalbides, finit par faire sécession. Le royaume aghlabide atteint son apogée sous le règne d'Aboul Ibrahim (856-863). L'Ifriqiya est devenue une puissance économique d'importance grâce à son agriculture fertile aidée par l'extension des systèmes d'irrigation romain et perse, particulièrement les qanats.

Elle devient par ailleurs le point central des échanges entre le monde islamique, Byzance et l'Italie, notamment dans le commerce lucratif des esclaves. Kairouan devient un important centre d'enseignement du Maghreb, notamment dans les domaines de la théologie et du droit, et un lieu de rencontre pour les poètes. Le déclin de la dynastie débute sous le règne d'Ibrahim II (875-902). Ce dernier perd le contrôle de la Calabre au profit de Byzance, repousse une attaque des Toulounides d'Égypte et réprime une révolte berbère au prix de nombreuses vies.

À la fin du Xe siècle, des ismaéliens venus de Syrie déstabilisent le régime et s'allient à la tribu berbère des Kutama. En 893 est lancé le mouvement des Fatimides chiites à travers la mission que se donne Ubayd Allah al-Mahdi qui, en 909, mène à la chute des Aghlabides qui se maintiennent à Malte jusqu'en 1048.

Conquête de la Sicile

Articles détaillés : Émirat de Sicile et Conquête musulmane de la Sicile.

C'est en 827 que les Aghlabides entreprennent une série d'expéditions pour conquérir la Sicile. La première ne compte que 700 cavaliers. Toutefois, après les premiers succès et au vu de la richesse de l'île, les effectifs arabes grossissent rapidement. C'est pour la dynastie une excellente raison pour se débarrasser de la milice turque, fauteuse de troubles, en envoyant ses membres faire le jihad. Pourtant, la conquête de la Sicile s'avère longue et difficile, Palerme est prise en 831, elle s'étend sur 65 ans à la suite de la résistance acharnée opposée par les garnisons chrétiennes et les rivalités qui dressent les chefs arabes les uns contre les autres. Syracuse tombe entre leurs mains en 871 et connaît une brillante civilisation.

En chemin, les Aghladides s'attaquent à Malte en 869 sous la direction d'Ahmed, fils d'Aglab émir d'Ifriqiya, mais ce n'est qu'en 878 qu'ils prennent le contrôle de l'archipel maltais grâce à des renforts venus de Sicile. En 879, Mohamed ibn Hafagah, gouverneur aghlabide de Sicile, dirige Malte dont il devient entièrement maître le 29 août 870, jusqu'à la reconquête de l'île par l'Empire byzantin en 1048[5],[6].

Les expéditions successives partent de Sousse et de Tunis dont la flotte et l'arsenal jouent un rôle important dans les phases de la conquête.

Culture

Bassins des Aghlabides (Kairouan)

La Grande Mosquée de Kairouan et la Zitouna de Tunis deviennent des centres d'enseignement fort réputés par la valeur des docteurs qui y professent le droit.

Moyennant le payement d'un impôt appelé kharaj et l'observation de certaines restrictions sociales, les chrétiens et les juifs restés en Ifriqya après l'invasion arabe parviennent à conserver leur religion et leurs lieux de culte. À cette époque, il existe une communauté chrétienne à Tunis, Kairouan et des archevêchés existent notamment à Tozeur, Mahdia et Carthage. Vers 893, un schisme divise les évêques d'Afrique qui envoient des délégués à Rome pour soumettre leur différend au pape.

La présence de non musulmans dans l'enceinte des médinas n'étant toutefois pas tolérée après la fermeture des portes de la ville, les chrétiens et juifs devaient loger extra muros.

Vie économique

Bien peuplé et pourvue de moyens de communication qui mettait en relation les principales villes du royaume avec Kairouan, commerçants et artisans, héritiers des techniques romano-byzantines, équipaient au plus vite une population avide de jouir des biens de ce monde, tandis que les cultivateurs des environs alimentaient les marchés des villes en céréales, huile, légumes, fruits et bêtes d'élevage.

Architecture

Les Aghlabides furent des grands constructeurs qui embellirent beaucoup de villes de leur royaume. C'est notamment sous leur règne que la mosquée Zitouna est achevée dans sa totalité et que la Grande Mosquée de Kairouan connaît de grands travaux de réfection et d'agrandissement qui lui donnent sa physionomie définitive[7].

Dynastie

Notes et références

  1. (fr) Histoire générale de l'Afrique, vol. III « L'Afrique du VIIe au XIe siècle », éd. Unesco, Paris, 1990, p. 287
  2. (en) Jamil M. Abun-Nasr, A history of the Maghrib in the Islamic period, éd. Cambridge University Press, Cambridge, 1987, p. 54
  3. (en) Rosamond McKitterick, The New Cambridge Medieval History: c.500-c.700, éd. Cambridge University Press, Cambridge, 1995, p. 251
  4. Histoire générale de l'Afrique, vol. III, p. 352
  5. John Samut Tagliaferro, Malte. Archéologie et histoire, éd. Miller Distributors Ltd, Luqa, 2000, p. 50
  6. Jacques Godrechot, Histoire de Malte, éd. Presses universitaires de France, coll. Que sais-je ?, Paris, 1970, p. 20
  7. M'hamed Hassine Fantar, De Carthage à Kairouan : 2 000 ans d'art et d'histoire en Tunisie, éd. Agence française d'action artistique, Paris, 1982, p. 23
  8. Il entreprend la conquête de la Sicile.
  9. Il assiège Rome qu'il occupe deux mois et regagne Kairouan avec un fabuleux butin.
  10. La fin de son règne est marquée par le despotisme et de nombreux assassinats. Pris de remords, il abdique et finit sa vie en Sicile.
  11. Fils du précédent, il est marqué par la violence de son père. Adhérant au soufisme, il renonce au luxe de ses palais. Il est assassiné dans son sommeil par des partisans de son fils qu'il a voulu emprisonner à cause de la liberté de ses mœurs.
  12. Il ne peut empêcher la poursuite du déclin de sa dynastie. Alors que son armée est écrasée, il abdique et s'enfuit à Bagdad avant de s'établir en Palestine.

Bibliographie

  • Jacques Godrechot, Histoire de Malte, éd. Presses universitaires de France, coll. Que sais-je ?, Paris, 1970
  • Alexandre Lézine, Architecture de l'Ifriqiya, recherches sur les monuments aghlabides, éd. Klincksieck, Paris, 1966
  • John Samut Tagliaferro, Malte. Archéologie et histoire, éd. Casa Editrice Plurigraf, Narni (Italie)/Miller Distributors Ltd, Luqa (Malte), 2000
  • Mohamed Talbi, L'émirat aghlabide : 184-296, 800-909, éd. Librairie d'Amérique et d'Orient, Paris, 1966
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