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Henri VIII

Henri VIII

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Henri VIII
Henri VIII par Hans Holbein le Jeune
Henri VIII par Hans Holbein le Jeune
Titre
Roi d'Angleterre et d'Irlande

(37 ans 9 mois et 4 jours)
Couronnement
en l'Abbaye de Westminster
Prédécesseur Henri VII
Successeur Édouard VI
Biographie
Dynastie Maison Tudor
Date de naissance
Lieu de naissance Palais de Placentia (Greenwich, Angleterre)
Date de décès (à 55 ans)
Lieu de décès Palais de Whitehall (Londres, Angleterre)
Sépulture Chapelle Saint-Georges
Père Henri VII, roi d'Angleterre
Mère Élisabeth d'York
Conjoint Catherine d'Aragon (1509-1533) Anne Boleyn (1533-1536)
Jeanne Seymour (1536-1537)
Anne de Clèves (1540)
Catherine Howard (1540-1542)
Catherine Parr (1543-1547)
Enfant(s) Marie Ire Couronne rouge
Élisabeth Ire Couronne rouge
Édouard VI Couronne rouge
Henry FitzRoy (illégitime)
Religion Catholique, puis Anglicanisme (Fondateur) à partir de 1534

Signature

Monarques de Grande-Bretagne

Henri VIII (né Henry, 28 juin 1491 – 28 janvier 1547) fut roi d'Angleterre et d'Irlande de 1509 à sa mort.

La controverse juridique et théologique relative à la validité de son premier mariage avec Catherine d'Aragon et à son annulation fut l'une des principales causes du schisme de l'Église d'Angleterre avec Rome et de la Réforme anglaise. Henri VIII supervisa cette séparation avec notamment la dissolution des monastères et fut pour cela excommunié ; il resta néanmoins un fervent défenseur des fondamentaux de la théologie catholique. Henri VIII se remaria à cinq reprises et il fit exécuter deux de ses épouses.

En politique étrangère, Henri VIII participa notamment aux guerres d'Italie contre la France de François Ier en s'alliant fréquemment à Charles Quint. Ses succès sur le continent furent cependant limités. Dans les îles britanniques, il s'opposa à plusieurs reprises à l'Écosse alors alliée à la France tandis que son règne marqua le début d'une plus grande influence anglaise en Irlande. Ces guerres et les dépenses fastueuses du roi affectèrent profondément les finances du Royaume et les mesures prises pour équilibrer le budget ne firent qu'aggraver la situation économique de l'Angleterre.

Henri VIII était un homme de la Renaissance athlétique et éduqué qui s'exerçait à l'écriture et à la musique. Néanmoins, un accident de joute et l'usure du temps affectèrent la santé physique et mentale du roi qui devint obèse et était à la fin de sa vie considéré comme un tyran égoïste. Au fil de ses mariages, il avait écarté de sa succession ses deux filles Marie et Élisabeth au profit de son fils Édouard. Tous ses enfants légitimes montèrent néanmoins sur le trône mais en l'absence de descendance, ils furent les derniers de la dynastie Tudor.

Biographie

Jeunesse

Né au palais de Placentia le 28 juin 1491, Henri Tudor était le troisième enfant et le second fils du roi Henri VII et d'Élisabeth d'York[1]. Sur les six frères et sœurs d'Henri, seuls trois (Arthur de Galles, Marguerite et Marie) atteignirent l'âge adulte[2]. Il fut baptisé par l'évêque d'Exeter Richard Fox dans une église franciscaine non loin du palais[3]. En 1493, à l'âge de deux ans, il fut fait connétable du château de Douvres et gouverneur des Cinq-Ports. L'année suivante, il devint comte maréchal d'Angleterre, lord lieutenant d'Irlande, duc d'York, gardien des Marches et il intégra l'Ordre du Bain. En mai 1495, il fut nommé à Ordre de la Jarretière[3]. Henri reçut une éducation de très haut niveau et il parlait couramment l'anglais, le latin et le français et avait quelques bases en italien[4],[5]. On ne sait que peu de choses de son enfance car n'étant pas prince de Galles, il n'était pas destiné à devenir roi[3]. En novembre 1501, il joua un rôle important dans les cérémonies entourant le mariage de son frère Arthur à Catherine d'Aragon, la plus jeune fille du roi Ferdinand II d'Aragon et de la reine Isabelle Ire de Castille[6].

Arthur mourut soudainement, peut-être de la suette, à l'âge de 15 ans en avril 1502 après 20 semaines de mariage avec Catherine[7]. Toutes ses prérogatives et titres furent ainsi transmis à Henri, âgé de dix ans, qui devint duc de Cornouailles en octobre et prince de Galles et comte de Chester en février 1503[8]. Henri VII ne délégua que quelques missions à son nouvel héritier. Les actes du jeune Henri furent également étroitement encadrés et il accéda au trône « sans entraînement à l'art exigeant de la royauté[9] ».

Henri VII poursuivit ses tentatives pour sceller une alliance entre l'Angleterre et l'Espagne en proposant de marier Henri à Catherine[7]. L'idée avait germé immédiatement après la mort d'Arthur et un accord en vue d'un mariage fut signé 23 juin 1503[10]. Les lois religieuses interdisaient le mariage entre membres de la même famille et une dispense (en) papale fut demandée par Henri VII et l'ambassadeur espagnol. Celle-ci n'était nécessaire que si l'union avait été consommée, ce qui n'était pas arrivé selon Catherine et sa chaperonne, mais le pape Jules II accorda néanmoins la dispense[10]. Le jeune âge d'Henri empêchait toute cohabitation[11] tandis que la mort d'Isabelle Ire en 1504 et la crise de succession qui suivit compliqua la question. Son père préférait qu'elle reste en Angleterre, mais les relations de Henri VII avec Ferdinand II s'étaient détériorées et la perspective d'un mariage semblait s'éloigner[12]. Catherine vécut donc relativement recluse et elle fut nommée ambassadrice par son père pour lui permettre de rester indéfiniment en Angleterre[13].

Début de règne

Portrait d'un jeune homme aux traits fins et aux cheveux noirs mi-longs. Il porte une coiffe noire et une veste en velours sur une tunique brodée de dorures
Henri VIII après son couronnement en 1509

Henri VII mourut de la tuberculose le 22 avril 1509 et le jeune Henri lui succéda sous le nom d'Henri VIII. Peu après l'enterrement de son père le 10 mai, Henri VIII déclara qu'il épouserait Catherine même si les questions entourant la dispense papale restaient irrésolues[10],[14]. La cérémonie de mariage fut sobre et organisée à l'église franciscaine de Greenwich[14]. Le 23 juin 1509, Henri VIII mena Catherine de la Tour de Londres à l'abbaye de Westminster pour leur couronnement qui eut lieu le lendemain[15]. Le trajet du couple royal fut décoré de tapisseries[15] et la cérémonie fut suivie par un luxueux banquet dans la grande salle du palais de Westminster[16].

Deux jours après son couronnement, Henri VIII fit arrêter deux des ministres les plus impopulaires de son père : Richard Empson et Edmund Dudley. Ils furent condamnés pour haute trahison et exécutés en 1510. L'historien Ian Crofton considère que de telles exécutions furent largement utilisées par Henri VIII pour éliminer ceux qui s'opposaient à son autorité[1]. À l'inverse, il fut beaucoup plus modéré que son père envers la maison d'York qui avait des revendications sur la Couronne d'Angleterre. Plusieurs nobles qui avaient été emprisonnés par Henri VII comme Thomas Grey (en) furent amnistiés[17] mais certains furent exécutés ; Edmond de la Pole fut ainsi décapité en 1513 après que son frère Richard eut rejoint les adversaires de l'Angleterre durant la guerre de la Ligue de Cambrai[18].

Catherine tomba enceinte peu après le mariage mais elle accoucha d'une fille morte-née le 31 janvier 1510[19]. Elle fut à nouveau enceinte peu après et elle donna naissance à un fils appelé Henri (en) le 1er janvier 1511. Après le chagrin causé par la perte de leur premier enfant, le couple se réjouit de cette naissance et de nombreuses célébrations, dont un tournoi de joute, furent organisées[20]; l'enfant mourut cependant au bout de sept semaines[19]. Il fut révélé en 1510 qu'Henri VIII avait une liaison extra-conjugale avec l'une des sœurs d'Edward Stafford, Anne ou Elizabeth[21]. Catherine fit une nouvelle fausse couche en 1514 puis accoucha d'une fille, Marie, en février 1516. Les relations au sein du couple royal s'améliorèrent après cette naissance[22] et rien n'indique que le mariage ait été autre chose qu'« exceptionnellement bon » pour la période[23].

Elizabeth Blount fut la principale maîtresse d'Henri VIII pendant trois ans à partir de 1516[22]. Elle est l'une des deux seules femmes dont le statut de maîtresse est incontesté, ce qui est peu pour un jeune roi de l'époque[24],[25]. Leur nombre exact fait l'objet de débats : David Loades estime qu'Henri VIII n'en avait « qu'un nombre très limité[25] » tandis qu'Alison Weir (en) considère qu'elles furent nombreuses[26]. Catherine ne protesta pas et elle accoucha d'une fille morte-née en 1518[22]. En juin 1519, Blount donna naissance à un fils illégitime appelé Henry FitzRoy[22]. Le garçon fut fait duc de Richmond en juin 1525 dans ce que certains estimèrent être un premier pas vers une éventuelle légitimation[27]. En 1533, FitzRoy fut marié à Marie Howard mais il mourut trois ans plus tard[28]. Au moment de sa mort, le Parlement avait adopté le Second Succession Act (en) qui lui aurait permis de devenir roi si Henri VIII mourait sans héritiers légitimes[29].

France et Habsbourg

Peinture panoramique avec des éléments allégoriques d'un paysage vallonné où se trouvent des constructions extravagantes et des personnes richement habillées.
Le camp du Drap d'Or où se rencontrèrent François Ier et Henri VIII en 1520

En 1510, la France avait formé une alliance fragile avec le Saint-Empire Romain Germanique au sein de la Ligue de Cambrai contre Venise. Henri VIII maintint les bonnes relations de son père avec le roi Louis XII de France, mais cette question divisait ses conseillers[30] et, peu après, il signa un pacte contradictoire avec Ferdinand II d'Aragon contre la France. Le problème fut résolu par la formation en octobre 1511 de la Ligue catholique dirigée contre la France par le pape Jules II[30]. Henri VIII rejoignit cette coalition peu après et prépara une attaque anglo-espagnole en Aquitaine, visant à reprendre les territoires perdus durant la guerre de Cent Ans[31]. L'offensive fut un désastre qui détériora les relations entre les deux pays, mais le retrait français d'Italie apaisa les tensions[32],[33]. Henri VIII remporta ensuite un grand succès diplomatique en convainquant l'empereur Maximilien Ier de rejoindre la coalition[34]. Il obtint également que le pape le couronne roi de France si Louis XII était vaincu[35].

Peinture montrant deux groupes d'hommes face à face avec un personnage en habits pontificaux assis sur un trône au centre
Henri VIII (à gauche) avec Charles Quint (à droite) et le pape Léon X (au centre), vers 1520

Le 30 juin 1513, Henri VIII et ses troupes battirent une armée française à Guinegatte dans le Pas-de-Calais et s'emparèrent de Tournai[36]. Le roi avait mené personnellement ses forces[37] et son absence poussa son beau-frère Jacques IV d'Écosse à envahir l'Angleterre pour soutenir Louis XII[38]. Les Écossais furent néanmoins écrasés lors de la bataille de Flodden Field le 9 septembre 1513 et la mort du roi entraîna la fin de la brève participation de l'Écosse au conflit[39]. Henri VIII avait grandement apprécié son expérience militaire, mais il décida de ne pas mener une nouvelle campagne en 1514. Il avait soutenu financièrement Ferdinand II et Maximilien Ier mais avait peu obtenu en retour et les coffres anglais étaient à présent vides[40]. Le nouveau pape Léon X étant favorable à une paix avec la France, Henri VIII négocia son propre traité avec Louis XII : sa sœur Marie épouserait le roi de France et une trêve fut signée pour huit ans, une durée particulièrement longue pour l'époque[41].

François Ier succéda à son cousin Louis XII en 1515 tandis qu'après la mort respective de ses grand-pères Ferdinand II et Maximilien Ier en 1516 et 1519, Charles d'Autriche devint roi d'Espagne et empereur germanique[42]. La diplomatie prudente du lord chancelier, le cardinal Thomas Wolsey, permit la signature du traité de Londres de 1518 qui visait à créer une paix permanente en Europe occidentale et à se prémunir contre la menace grandissante de l'Empire ottoman[43]. Le 7 juin 1520, Henri VIII et François Ier se rencontrèrent au camp du Drap d'Or près de Calais pour deux semaines de somptueuses festivités. Les deux hommes espéraient mettre en place des relations amicales après les affrontements de la décennie passée, mais les tensions restèrent élevées et un nouveau conflit inévitable[43]. Le roi anglais se sentait plus proche de Charles Quint qu'il avait rencontré avant François Ier. Une nouvelle guerre éclata entre l'Empire et la France en 1521 et Henri VIII proposa sans grands succès sa médiation. Toujours désireux de reprendre les anciens territoires anglais en France, il se rapprocha de la Bourgogne et apporta son soutien à Charles Quint[44]. Une armée anglaise mena une offensive dans le Nord de la France à partir de 1522 avec des résultats mitigés. Le tournant du conflit fut la capture du roi de France à Pavie en février 1525 par les forces de Charles Quint qui pouvait à présent dicter ses conditions de paix et estimait qu'il ne devait rien à Henri VIII. Ce dernier décida donc de négocier une paix séparée qui fut signée le 30 août 1525 et ramenait quasiment les belligérants à la situation d'avant-guerre[45].

Divorce d'avec Catherine d'Aragon

Portrait d'une femme portant un manteau de velours et une coiffe aux brodures dorées
Catherine d'Aragon fut la première épouse d'Henri VIII, vers 1525

Au début des années 1520, Henri VIII entretenait une relation avec Mary Boleyn, la dame de compagnie de Catherine d'Aragon. Il a été avancé qu'il était le père de ses deux enfants, Catherine et Henry, mais cela n'a jamais été prouvé et le roi ne les a pas reconnus comme il l'avait fait pour Henry FitzRoy[46]. Alors qu'Henri VIII se désespérait de l'incapacité de Catherine à lui donner l'héritier mâle qu'il désirait[47],[48], il se rapprocha de la sœur de Mary, Anne Boleyn, une jeune femme charismatique de l'entourage de la reine[49]. Elle résista néanmoins à ses avances et refusa de devenir sa maîtresse comme l'était sa sœur[50],[n 1]. C'est dans ce contexte qu'Henri VIII évalua ses trois options pour obtenir un héritier et ainsi résoudre ce que la cour qualifia de « grand dilemme » du roi. Il pouvait légitimer Henry FitzRoy, ce qui nécessiterait l'intervention du pape et pourrait être contesté ; fiancer sa fille Marie le plus vite possible et espérer un petit-fils qui pourrait hériter directement - mais elle n'avait qu'une dizaine d'années et pouvait ne produire un héritier qu'après sa mort ; ou se séparer d'une façon ou d'une autre de Catherine et épouser une femme capable de lui donner un fils. Cette dernière possibilité et la perspective d'épouser Anne semblait la plus désirable pour Henri VIII[52] et sa volonté d'obtenir l'annulation de son mariage devint rapidement évidente[53].

Portrait d'un homme joufflu avec une courte barbe rousse. Il porte un ample manteau ordé de joyaux avec des brodures dorées
Portrait d'Henri VIII par Joos van Cleve, vers 1531

Les motivations et les intentions précises d'Henri VIII dans les années qui suivirent ne font pas l'unanimité[54]. Du moins dans la première partie de son règne, Henri VIII fut un catholique pieux et instruit dont le traité théologique (en) qu'il rédigea en 1521 contre les attaques de Martin Luther lui valut de recevoir le titre de défenseur de la Foi par le pape Léon X[55]. Vers 1527, il devint persuadé qu'en épousant Catherine, l'épouse de son frère, il avait violé la loi divine (Lévitique 20,21) et que même une dispense papale ne pouvait rendre cette union valide. Catherine fut invitée à se retirer discrètement dans un couvent mais elle refusa en déclarant qu'elle était la « seule et véritable épouse du roi[56] ». Henri VIII dépêcha donc des émissaires auprès du Saint-Siège pour demander l'annulation du mariage, mais le pape refusa car il ne voulait pas désavouer son prédécesseur et irriter Charles Quint, le neveu de Catherine, dont les troupes se trouvaient à proximité du Vatican et avaient pillé Rome en mai 1527[57].

Il fut alors décidé d'organiser en octobre 1528 un tribunal ecclésiastique chargé de se prononcer sur la validité du mariage en Angleterre en présence d'un représentant du pape. Même si Clément VII approuva la constitution d'une telle cour, il n'avait pas l'intention de déléguer à son émissaire Lorenzo Campeggio l'autorité pour accepter la demande d'Henri VIII[57]. Après deux mois de discussions, Clément VII demanda en juillet 1529 que l'affaire soit jugée à Rome, où il était certain que la validité du mariage serait confirmée[57]. Cette incapacité à obtenir le divorce désiré entraîna la chute « soudaine et totale » de Thomas Wolsey qui fut accusé de trahison en octobre et mourut ruiné l'année suivante[57]. Thomas More le remplaça au poste de lord chancelier et de principal conseiller du roi. Intelligent et capable mais également catholique fervent et opposant au divorce, More soutint initialement le roi devant le Parlement[58].

En 1531, Catherine fut expulsée de la cour et ses appartements furent transmis à Anne. Cette dernière était une femme particulièrement intelligente et éduquée pour l'époque et elle s'intéressa grandement aux idées des réformateurs protestants, même si son degré d'adhésion au protestantisme reste débattu[51]. Lorsque l'archevêque de Cantorbéry William Warham mourut en 1532, l'influence d'Anne et le besoin de trouver un ecclésiastique favorable au divorce entraînèrent la nomination de Thomas Cranmer. Ce choix fut approuvé par le pape, qui ignorait les plans du roi d'Angleterre[59].

Mariage avec Anne Boleyn

Portrait d'une femme aux cheveux roux dissimulés par une coiffe. Elle porte une robe verte et un colier de perles
Anne Boleyn fut la deuxième épouse d'Henri VIII, copie d'un portrait de 1534

Durant l'hiver 1532, Henri VIII rencontra François Ier à Calais et obtint le soutien du roi de France pour son remariage[60]. Immédiatement après son retour à Douvres, Henri VIII et Anne se marièrent en secret[61]. Elle tomba rapidement enceinte et une deuxième cérémonie fut organisée à Londres le 25 janvier 1533. Le 23 mai 1533, Cranmer présida un tribunal spécial et annula le mariage d'Henri VIII et de Catherine ; cinq jours plus tard, il officialisa le mariage d'Henri VIII et d'Anne[62]. Catherine perdit formellement son titre de reine et devint « princesse douairière » en tant que veuve d'Arthur. Anne fut ainsi couronnée reine consort le 1er juin 1533[63]. Elle accoucha le 7 septembre et la fille fut appelée Élisabeth en l'honneur de la mère du roi, Élisabeth d'York[64].

À la suite du mariage, plusieurs législations furent adoptées pour régler les problèmes causés par cette union[65]. Les changements au droit canon furent supervisés par Cranmer tandis que les réformes présentées au Parlement furent soutenues par Thomas Cromwell, Thomas Audley et Thomas Howard ainsi que par Henri VIII[66]. Mécontent de cette évolution, Thomas More démissionna et Cromwell devint le principal conseiller du roi[67]. Le First Succession Act (en) de 1533 excluait Marie de la succession au trône, légitimait le mariage d'Henri VIII avec Anne tandis que les enfants qu'il aurait avec elle deviendraient ses héritiers[68]. L'acte de suprématie et la loi sur la restriction de l'appel (en) faisait d'Henri VIII le chef suprême de l'Église en Angleterre[69]. Ces décisions poussèrent Clément VII à excommunier le roi et l'archevêque de Cantorbéry même si cela ne fut rendu public que plus tard[n 2].

Le roi et la reine n'étaient pas satisfaits de leur vie de couple, notamment parce qu'Anne refusait de jouer le rôle de femme soumise qui était attendu d'elle. La vivacité d'esprit qui l'avait rendu si attirante la rendait trop indépendante pour le rôle largement cérémoniel d'une reine, et cela lui valut de nombreuses inimités. De son côté, Henri VIII appréciait peu l'irritabilité d'Anne et, après une grossesse nerveuse ou une fausse couche en 1534, il vit son incapacité à lui donner un fils comme une trahison. Dès Noël 1534, Henri VIII discuta avec Cranmer et Cromwell de la possibilité de quitter Anne sans avoir à revenir auprès de Catherine[73]. L'année suivante, il entama une relation avec Margaret Shelton[24].

L'opposition aux politiques religieuses d'Henri VIII fut rapidement réprimée en Angleterre. De nombreux moines furent exécutés et beaucoup d'autres furent cloués au pilori. Les plus importants opposants étaient l'évêque de Rochester, John Fisher, et Thomas More qui refusaient de prêter allégeance au roi[74]. Henri VIII et Cromwell ne souhaitaient pas leur mort et ils espéraient qu'ils changent d'avis. Cela ne fut pas le cas et les deux hommes furent condamnés pour haute trahison et exécutés à l'été 1535[74]. Cette répression associée à la dissolution des monastères de 1536 accrut le mécontentement populaire et un large soulèvement appelé Pèlerinage de Grâce comprenant entre 20 000 et 40 000 rebelles menés par Robert Aske éclata dans le Nord de l'Angleterre en octobre[75]. Henri VIII promit de prendre en compte leurs revendications et décréta une amnistie ; confiant dans la parole du roi, le meneur renvoya ses disciples[76]; le monarque considérait néanmoins les rebelles comme des traîtres et environ 200 d'entre-eux, dont Aske, furent exécutés[77].

Exécution d'Anne Boleyn

Portrait d'un homme joufflu à la courte barbe rousse portant un manteau finement brodé
Henry par Hans Holbein le Jeune en 1537

Le 8 janvier, le couple royal apprit la mort de Catherine d'Aragon et Henri VIII demanda l'organisation de festivités pour célébrer cette nouvelle. La reine était à nouveau enceinte et elle était consciente des conséquences si elle ne donnait pas naissance à un fils. Plus tard dans le mois, le roi fut désarçonné et gravement blessé lors d'une joute et il sembla temporairement que sa vie était en danger. Choquée par la nouvelle, la reine accoucha d'un garçon mort-né d'une quinzaine de semaines le jour des funérailles de Catherine le 29 janvier[78]. Pour la plupart des commentateurs, cette tragédie personnelle marqua le début de la fin du mariage royal[79]. Étant donné le fort désir du roi pour un fils, la série de grossesses d'Anne attira largement l'attention. L'historien Mike Ashley avance qu'Anne avait fait deux fausses couches entre la naissance d'Élisabeth et l'accouchement du fils mort-né en 1536[80]. La plupart des sources parlent de la naissance d'Élisabeth en septembre 1533, d'une possible fausse couche à l'été 1534 et de la fausse couche d'un garçon d'environ quatre mois en janvier 1536[81].

Même si la famille de Boleyn occupait encore d'importantes positions au sein du conseil privé, Anne s'était fait de nombreux ennemis, dont le général Charles Brandon. Les Boleyn privilégiaient une alliance avec la France tandis que le roi, sous l'influence de Cromwell, était plus favorable à un rapprochement avec le Saint-Empire et cela affecta l'influence de la famille[82]. Les opposants à Anne étaient également les partisans d'une réconciliation avec la princesse Marie, devenue majeure, et les anciens soutiens de Catherine. Un second divorce était devenu une réelle possibilité mais il était largement considéré que Cromwell cherchait un moyen de se débarrasser physiquement de la reine[83].

La chute d'Anne eut lieu peu après qu'elle eut récupéré de sa dernière fausse couche[51]. Les premiers signes de cette disgrâce furent l'octroi de logements prestigieux à la nouvelle maîtresse du roi, Jeanne Seymour[84], et le refus de l'Ordre de la Jarretière au frère d'Anne, George Boleyn ; le titre fut à la place accordé au frère de Jeanne qui devint marquis d'Hertford[85].

Entre le 30 avril et le 2 mai, cinq hommes (dont le frère d'Anne) et elle-même furent arrêtés pour adultère et inceste. Même si les preuves étaient peu convaincantes, les accusés furent reconnus coupables et condamnés à mort. George Boleyn, accusé d'être l'amant de sa propre sœur, et les autres hommes furent exécutés le 17 mai 1536[86] et le 19 mai à 8 h, Anne fut décapitée dans l'enceinte de la Tour de Londres[87].

Mariage avec Jeanne Seymour

Portrait d'une femme portant une coiffe, une robe rouge et de nombreux bijoux
Jeanne Seymour fut la troisième épouse d'Henri VIII ; portrait réalisé par Hans Holbein le Jeune en 1536.

Le lendemain de l'exécution d'Anne Boleyn, Henri VIII se fiança à Jeanne Seymour, qui avait été l'une des dames de compagnie de la reine, et ils se marièrent dix jours plus tard[88]. Le 12 octobre 1537, Jeanne donna naissance à un fils, Édouard, mais l'accouchement fut difficile et elle mourut le 24 octobre d'une infection[89]. L'euphorie qui avait entouré la naissance d'Édouard laissa place à la tristesse et si Henri VIII sembla rapidement surmonter sa mort, il semble que ce fut d'elle qu'il garda les souvenirs les plus tendres et il demanda à être inhumé avec elle[90]. La recherche d'une nouvelle épouse reprit immédiatement même si le roi porta le deuil pendant trois mois[91].

Comme Charles Quint était occupé par les tensions politiques et religieuses au sein de ses nombreux royaumes et qu'Henri VIII et François Ier étaient en bons termes, le roi d'Angleterre délaissa la politique étrangère au début des années 1530 pour se concentrer sur les questions intérieures. En 1536, il approuva l'acte d'union qui unifiait formellement le Pays de Galles à l'Angleterre. La même année, le Second Succession Act (en) écartait Marie et Élisabeth de la succession au trône et mettait Édouard à la première place ; la législation autorisait également le souverain à préciser l'ordre de succession dans son testament[92]. Cependant lorsque Charles Quint et François Ier firent la paix en 1538, Henri VIII devint de plus en plus inquiet[93]. Enrichi par la dissolution des monastères, il fit construire des défenses côtières et se prépara financièrement à une attaque franco-germanique[94].

Mariage avec Anne de Clèves

Portrait de face d'une femme portant une ample robe rouge et dorée
Anne de Clèves fut la quatrième épouse d'Henri VIII ; portrait réalisé par Hans Holbein le Jeune en 1539

À la fin des années 1540, Henri VIII voulut à nouveau se marier pour assurer sa succession. Cromwell, devenu comte d'Essex suggéra le choix d'Anne de Clèves, la sœur du duc de Clèves, qui était considéré comme un allié important dans le cas d'une attaque catholique contre l'Angleterre car il disputait le contrôle du duché de Gueldre à Charles Quint[95]. Anne de Clèves était alors fiancée avec le marquis de Pont-à-Mousson, François de Lorraine, fils d'Antoine, duc de Lorraine et de Bar(1508-1544). Hans Holbein le Jeune fut envoyé à Clèves pour réaliser un portrait d'Anne destiné au roi[96], comme il le fit à Bruxelles pour la nièce de Charles Quint, la belle Christine de Danemark, duchesse douairière de Milan, future épouse de François 1er de Lorraine (1517-45), duc de Lorraine et de Bar (1544-45). Même s'il fut avancé qu'Holbein enjoliva son œuvre, il est plus probable que le portrait était exact ; Holbein resta d'ailleurs en faveur à la cour[97]. Après avoir vu le tableau et entendu ses courtisans réaliser des descriptions flatteuses de la princesse, le roi accepta d'épouser Anne[98]. Henri VIII fut néanmoins déçu de son apparence lors de leur première rencontre le 3 janvier 1540 mais le mariage fut néanmoins organisé trois jours plus tard[99],[100]. Il fut rapidement décidé d'annuler cette union et Anne ne s'y opposa pas[101]; peut-être en récompense de sa docilité, elle reçut le titre de « sœur aimée du roi » ainsi qu'une résidence et une généreuse pension[101]. La nièce de Thomas Howard, Catherine, était l'une des dames de compagnie d'Anne et elle attira rapidement l'attention du roi ; cela inquiéta Cromwell car Howard était l'un de ses principaux opposants[102].

Peu après, les réformateurs et protégés de Cromwell, Robert Barnes (en) et Thomas Garret, furent brûlés comme hérétiques[101]. Dans le même temps, Cromwell perdit les faveurs d'Henri VIII pour des raisons qui restent incertaines ; ses idées en politique intérieure et étrangère différaient peu de celles du roi et malgré son rôle dans l'affaire, il ne fut pas officiellement tenu pour responsable de l'échec du mariage avec Anne de Clèves[103]. Il était néanmoins isolé à la cour tandis que Howard pouvait s'appuyer sur la position de sa nièce[102]. Cromwell fut accusé de trahison, d'hérésie et de corruption et fut exécuté le 28 juillet 1540[103].

Mariage avec Catherine Howard

Portrait de trois-quart d'une femme portant une coiffe, une robe orange et plusieurs colliers
Catherine Howard fut la cinquième épouse d'Henri VIII ; miniature réalisée par Hans Holbein le Jeune

Le 28 juillet 1540, le jour de l'exécution de Cromwell, Henri VIII épousa la jeune Catherine Howard de 30 ans sa cadette[56]. Il fut ravi de sa nouvelle reine et lui accorda les propriétés de Cromwell et de nombreux joyaux[104]. Peu après le mariage, Catherine eut néanmoins une aventure avec le courtisan Thomas Culpeper et elle employa comme secrétaire personnel, Francis Dereham, avec qui elle avait été informellement fiancée avant son union avec le roi. Les rumeurs devinrent pressantes en 1541 et Henri VIII, qui ne se trouvait pas à la cour, chargea Thomas Cranmer d'enquêter[104]. Le souverain refusa de croire ces allégations malgré les preuves fournies par l'archevêque et les aveux de Catherine ; lorsqu'il réalisa, Henri VIII éclata de rage et blâma le conseil privé avant de se consoler en allant chasser[105]. La reine aurait pu avoir mentionné l'existence de fiançailles informelles avec Dereham, ce qui aurait invalidé son mariage avec le roi mais elle avança que Dereham l'avait contrainte à l'adultère. De son côté, ce dernier révéla la relation de la reine avec Culpeper qui fut condamné pour trahison. Il fut décapité le 10 décembre 1541 tandis que Dereham fut  pendu, éviscéré et démembré le même jour. Catherine connut un sort identique à Culpeper le 13 février 1542[106].

La paix entre Charles Quint et François Ier fut brève et les hostilités reprirent dès 1542. Irrité par l'influence française en Écosse, Henri VIII se rapprocha de l'empereur même si ce dernier lui reprochait son éloignement du catholicisme. Une invasion de la France fut planifiée pour 1543[107] et Henri VIII décida au préalable d'éliminer la potentielle menace écossaise. Cela lui permettrait également d'imposer la Réforme protestante dans une région encore largement catholique et d'unifier les deux Couronnes en mariant son fils Édouard à Marie, la fille du roi d'Écosse Jacques V. Cette campagne, qui se poursuivit sous le règne d'Édouard VI, fut surnommée le Rough Wooing (« rude séduction »). Les Écossais furent battus lors de la bataille de Solway Moss le 24 novembre 1542[108] et Jacques V mourut le 15 décembre. Le régent James Hamilton signa le traité de Greenwich prévoyant le mariage mais l'accord fut rejeté par le Parlement écossais en décembre 1543 qui renouvela de plus son alliance avec la France. Henri VIII organisa une nouvelle offensive et ses troupes incendièrent Édimbourg en mai 1544 avant d'être battues à Ancrum Moor en février 1545. Les hostilités se prolongèrent après la mort d'Henri VIII jusqu'en 1551[109],[110].

Portrait d'une femme au teint pâle portant une ample robe rouge et dorée
Catherine Parr fut la sixième épouse d'Henri VIII ; portrait attribué à William Scrots, vers 1545

Malgré ses succès en Écosse, Henri VIII hésita à attaquer la France avant d'ordonner une double invasion en juin 1544. La première menée par Thomas Howard attaqua sans succès Montreuil tandis que la seconde commandée par Charles assiégea Boulogne-sur-Mer. Henri VIII prit personnellement le contrôle de ses troupes et Boulogne tomba le 18 septembre[111],[110]. La campagne de Charles Quint était cependant dans l'impasse et il décida unilatéralement de signer une trêve avec François Ier le jour de la chute de Boulogne à la colère d'Henri VIII[109]. L'Angleterre étant à présent seule contre la France, les gains anglais furent rapidement repris mais une tentative d'invasion française fut repoussée à l'été 1545. L'épuisement des deux belligérants entraîna la signature du traité d'Ardres le 7 juin 1546[109].

Mariage avec Catherine Parr

Henri épousa sa sixième et dernière épouse, la riche veuve Catherine Parr, en juillet 1543[112]. Réformatrice convaincue, elle échangea beaucoup avec le roi au sujet de la religion mais ce dernier resta fidèle à une idiosyncrasie catholique et protestante[113]. Parr contribua à réconcilier Henri VIII avec ses filles et le Third Succession Act (en) de 1543 ramena Marie et Élisabeth dans l'ordre de succession même si elles se trouvaient après Édouard[114]. Elles restaient néanmoins juridiquement illégitimes et le texte contenait plusieurs provisions comme une interdiction de se marier sans l'accord du conseil privé[115].

Mort et succession

Portait d'un homme obèse portant une ample tunique rouge avec des motifs dorés
Portrait d'Henri VIII par Hans Holbein le Jeune en 1542

À la fin de sa vie, Henri VIII était devenu obèse avec un tour de taille de 53 pouces (135 cm) et un poids de 28 stones (178 kg)[116]. Il souffrait probablement de la goutte et présentait de nombreux furoncles douloureux. Son obésité et ses autres problèmes médicaux étaient certainement liés à la blessure à la jambe qu'il avait subie lors du tournoi de joute de 1536. L'incident aggrava un ancien traumatisme et ses médecins furent incapables de traiter la blessure qui suppura et s'ulcéra jusqu'à sa mort. En plus de l'empêcher de maintenir son niveau d'activité antérieur, on considère que cet accident est à la cause de ses sautes d'humeur qui eurent une profonde influence sur sa personnalité[117],[116].

La théorie selon laquelle il souffrait de syphilis est rejetée par la plupart des historiens[118]. Une étude plus récente suggère que ses symptômes étaient caractéristiques d'un diabète de type 2 non traité ou du scorbut, deux maladies pouvant être causées par la consommation de grandes quantités de viande sans fruits ou légumes frais[116]. Certains ont avancé que les fausses couches de ses épouses et la détérioration de son état mental pouvaient laisser penser qu'il souffrait du syndrome de McLeod[119]. Selon une autre étude, l'évolution morphologique d'Henri VIII fut causée par un traumatisme crânien reçu lors de l'accident de joute de 1536 qui affecta son système endocrinien. Une déficience en hormone de croissance est peut-être la cause de sa prise de poids et de ses changements de comportement dans ses dernières années dont ses multiples mariages[120].

L'obésité d'Henri VIII s'aggrava avant sa mort le 28 janvier 1547 à l'âge de 55 ans au palais de Whitehall. Ses derniers mots auraient été Monks! Monks! Monks! (« Moines ! Moines ! Moines ! ») peut-être en référence aux ecclésiastiques expulsés lors de la dissolution de leurs monastères[121]. Il fut enterré dans le chœur de la chapelle Saint-George du château de Windsor dans le caveau où reposait Jeanne Seymour[122]. Plus d'un siècle plus tard, Charles Ier fut inhumé dans le même caveau[123].

Après sa mort, son seul fils légitime, Édouard devint roi sous le nom d'Édouard VI. Comme il n'avait que neuf ans, il ne pouvait pas gouverner et le testament d'Henri VIII désignait seize exécuteurs testamentaires pour former un conseil de régence jusqu'à ce qu'il ait 18 ans. Les exécuteurs choisirent Edward Seymour, le frère aîné de Jeanne Seymour, pour devenir lord protecteur du Royaume. Édouard VI mourut sans enfants en 1553 à l'âge de 15 ans et sa demi-sœur Marie devint reine sous le nom de Marie Ire après une brève crise de succession. Elle n'eut pas non plus de descendance et à sa mort en 1558, la fille d'Henri VIII et d'Anne Boleyn devint Élisabeth Ire. Le testament prévoyait que si la lignée de cette dernière s'éteignait, la Couronne serait transmise aux descendants de la sœur d'Henri VIII, Marie Tudor, tandis que ceux de son autre sœur, Marguerite Tudor, étaient exclus de la succession[124]. Cette dernière disposition ne fut pas respectée quand son arrière-petit-fils Jacques VI d'Écosse devint Jacques Ier d'Angleterre à la mort d'Élisabeth Ire en 1603. La dynastie Tudor disparut donc au profit de la dynastie Stuart et l'union des Couronnes rapprocha les deux pays qui fusionnèrent en 1707 pour former le Royaume de Grande-Bretagne.

Image publique

Partition de Pastime with Good Company (en) composé par Henri VIII vers 1513

Henri VIII cultivait l'image d'un homme de la renaissance et sa cour aiguillait de nombreux artistes et intellectuels. Il appréciait particulièrement la musique et il soutint des compositeurs comme Richard Sampson et Ambrose Lupo. Il possédait une grande collection d'instruments et jouait du luth, de l'orgue et du virginal[125]. Il pouvait lire à vue la musique et chantait bien[125]. Il était un musicien, un auteur et un poète accompli ; son œuvre la plus connue est Pastime with Good Company (en) tandis que Greensleeves lui est, à tort, populairement attribué. Il était un parieur invétéré, adorait les jeux de dés et excellait à la joute, à la chasse et au jeu de paume[2]. Il participa à la construction et au développement de nombreux bâtiments importantes dont le palais de Sans-Pareil, la King's College Chapel et l'abbaye de Westminster. Beaucoup de travaux furent réalisés dans les propriétés confisquées à Wolsey telles que le Trinity College, le Christ Church, le château de Hampton Court et le palais de Whitehall.

Il était le premier roi d'Angleterre à avoir eu une éducation humaniste, maîtrisait le français, l'anglais et le latin et possédait une vaste bibliothèque dont il annota beaucoup d'ouvrages. Pour promouvoir la réforme de l'Église auprès du peuple, Henri VIII commanda de nombreux pamphlets comme l'Oratorio (1534) de Richard Sampson qui défendait une obéissance absolue envers la monarchie et affirmait que l'Église anglaise avait toujours été indépendante de Rome[126]. Des troupes de théâtre et des ménestrels voyageaient de ville en ville pour faire connaître les nouvelles pratiques religieuses ; le pape et les prêtres catholiques étaient ridiculisés tandis que le roi était présenté comme un défenseur héroïque de la vraie foi[127].

Henri VIII était un homme fort et de grande taille, plus de 6 pieds (183 cm) qui excellait à la chasse et à la joute. Plus que de simples passe-temps, ces activités étaient des outils politiques lui permettant de renforcer son image royale, d'impressionner les diplomates et les dirigeants étrangers et de démontrer sa capacité à écraser toute opposition. Il organisa ainsi un tournoi de joute à Greenwich en 1517 au cours duquel il porta une armure dorée avec une tunique en velours et satin ornée de perles et de joyaux. Cela impressionna les ambassadeurs présents et l'un d'eux rapporta que « la richesse et la civilisation du monde sont ici et ceux qui qualifient les Anglais de barbares me semblent en fait en être[128] ». Henri VIII abandonna la joute en 1536 après une chute qui le laissa inconscient pendant deux heures mais il continua de soutenir deux fastueux tournois chaque année. Cette baisse d'activité physique causa sa prise de poids et la disparition du personnage athlétique qui l'avait rendu si élégant[129],[130],[131], et tranche avec l'image donnée par les portraits d'Holbein : « Henri VIII, immonde tache de graisse et de sang sur l'histoire d'Angleterre, incapable, à la fin de sa vie, de franchir certaines portes de Whitehall tant il était obèse, est-ce vraiment lui cette idole impassible offerte à la vénération de ses sujets ? »[132].

Administration

Gouvernement

Portrait de profil d'un homme obèse portant une tunique ecclésiastique rouge et faisant le signe de croix
Le cardinal Thomas Wolsey en 1526 par Sampson Strong

L'autorité des souverains Tudor, dont Henri VIII, était « entière » car ils revendiquaient un pouvoir de droit divin[133]. La Couronne disposait de prérogatives royales regroupant des privilèges comme la diplomatie, les déclarations de guerre, la gestion de la monnaie, le droit d'amnistie et le pouvoir de convoquer et de dissoudre à volonté le Parlement[134]. Le pouvoir d'Henri VIII n'était cependant pas absolu et le roi devait respecter des limites légales et financières qui l'obligeaient à travailler étroitement avec la noblesse et le Parlement[134]. En pratique, le souverain utilisait le patronage pour établir une cour royale comprenant des institutions officielles comme le conseil privé et des groupes plus ou moins formels[135]. L'ascension et la chute des nobles à la cour pouvait être rapide. Le chiffre de 72 000 exécutions durant son règne est fréquemment avancé mais est exagéré[136]; Henri VIII fit néanmoins exécuter deux de ses épouses, vingt nobles, quatre haut-fonctionnaires, six proches conseillers, un cardinal (John Fisher) et de nombreux ecclésiastiques[137]. Parmi les personnalités en faveur auprès du roi figurait généralement son chef ministre[135] même si l'un des plus importants débats historiographique sur son règne est de savoir dans quelle mesure ces conseillers contrôlaient Henri VIII ou vice-versa[138]. L'historien Geoffrey R. Elton estime ainsi que l'un de ces ministres, Thomas Cromwell, mena une « révolution du gouvernement Tudor » de manière relativement indépendante du roi qu'Elton qualifie d'opportuniste qui comptait sur d'autres pour faire la plus grande part du travail. Il estime également que lorsqu'Henri VIII participait à la gouvernance du pays, cela n'était généralement pas à son avantage[139]. L'importance des luttes entre factions politiques à la cour est également discutée débattue dans le contexte des différents mariages du roi dont notamment la chute d'Anne Boleyn[140].

De 1514 à 1529, le cardinal Thomas Wolsey supervisa la politique étrangère et intérieure du royaume pour le compte du jeune Henri VIII en tant que lord chancelier[141]. Il aida à combler le vide créé par la faible participation du roi au gouvernement, notamment en comparaison de son père, mais il le fit essentiellement en prenant la place du souverain[142]. Wolsey centralisa l'administration et élargit la juridiction des cours de justice dont la chambre étoilée qu'il utilisa à son profit pour écarter ses adversaires. Son large enrichissement personnel et son pouvoir irritèrent les nobles tandis que son incapacité à obtenir le divorce du roi avec Catherine d'Aragon déçut profondément Henri VIII[143]. Après seize années au sommet, il fut limogé en 1529 avant d'être arrêté pour trahison l'année suivante et de mourir en détention. Sa chute fut un avertissement pour le pape et le clergé s'ils refusaient de satisfaire les demandes du roi. Henri VIII intervint plus fréquemment en politique mais les nombreuses factions à la cour continuèrent de se livrer une lutte acharnée pour le pouvoir[144].

Portrait de profil d'un homme portant un manteau en velours noir assis derrière une table où sont posés des documents
Thomas Cromwell vers 1532 par Hans Holbein le Jeune

Thomas Cromwell joua également un rôle considérable durant le règne d'Henri VIII lorsqu'il devint son principal conseiller en 1531[145]. Poussé en partie par ses croyances religieuses, il tenta de réformer l'administration via la négociation sans essayer d'imposer de changements trop brusques[146]. Ses principales mesures visaient à retirer une partie des prérogatives royales[147] mais cette évolution ne fut pas complète car il devait conserver le soutien du roi et de ses pairs[148]. Cromwell optimisa la collecte des impôts décidés par Henri VII et délégua leur gestion à des structures largement indépendantes[149]. L'autorité du conseil royal fut transféré à un conseil privé réformé plus réduit et plus efficace que ses prédécesseurs[150]. L'économie anglaise profita de ses réformes mais sa chute affecta fortement la bureaucratie qui nécessitait son intervention pour éviter les dépenses trop importantes détériorant les relations autant que les finances[151]. L'influence de Cromwell dans le mariage à Anne de Clèves, bien que non fatale en elle-même, l'affaiblit alors que ses opposants gagnaient en pouvoir. Henri VIII épousa ensuite Catherine Howard, la nièce de Thomas Howard, et ce fut ce dernier qui organisa sa chute. Cromwell fut décapité le 28 juillet 1540[152].

Finances

Couronne en or frappée vers 1545 avec la rose Tudor sur l'avers et les armoiries de l'Angleterre sur le revers

Financièrement, le règne d'Henri VIII fut un désastre. Il hérita d'une économie prospère et le trésor royal fut alimenté par les biens confisqués à l'Église mais sa mauvaise gestion et ses dépenses considérables affectèrent l'économie[153]. Il possédait ainsi près de 2 000 tapisseries dans ses palais contre seulement 200 pour le roi Jacques V d'Écosse[154],[155] et il était très fier de sa collection d'armes composée d'environ 9 000 pièces[156].

Henri VIII hérita d'une large fortune de son père qui, à sa différence, avait été économe et prudent avec l'argent. Cette somme était estimée à 1,25 millions de livres soit 328 milliards de livres de 2012[157],[158]. Une grande partie de cette richesse fut utilisée pour l'entretien de la cour et de ses résidences dont beaucoup furent agrandies. Les souverains Tudor devaient financer toutes les dépenses gouvernementales avec leurs propres revenus tirés des terres de la Couronne et des droits de douanes accordés par le Parlement. Durant son règne, les revenus de la couronne restèrent constants autour de 100 000 £ par an (environ 17,3 milliards de livres de 2012[157])[159] mais furent érodés par l'inflation causée par les guerres. Ce furent ainsi les interventions européennes d'Henri VIII qui épuisèrent le surplus laissé par son père dès le milieu des années 1520. Alors qu'Henri VII avait peu fait appel au Parlement, son fils fut contraint de le solliciter pour accroître ses revenus et le financement de ses conflits. La dissolution des monastères permit de renflouer les caisses de l'État et la valeur des terres confisquées représentait 120 000 £ (environ 22,6 milliards de livres de 2012[157])[160]. En 1526, la Couronne dévalua légèrement la monnaie puis de manière plus importante sous l'administration de Cromwell. La livre anglaise perdit la moitié de sa valeur par rapport à la livre flamande entre 1540 et 1551. Cela permit d'accroire les revenus de la Couronne mais affecta fortement l'économie et cela contribua à une période de très forte inflation après 1544[161].

Réforme

Article détaillé : Réforme anglaise.

Henri VIII est généralement crédité pour le développement de la Réforme anglaise qui fit passer l'Angleterre de la sphère catholique à la sphère protestante[54]. En 1527, le roi, jusque-là un catholique fervent, fit appel au pape pour lui demander l'annulation de son mariage avec Catherine d'Aragon[54]. Le refus papal, en partie attribué aux pressions de Charles Quint[162], a été traditionnellement considéré comme le déclencheur du rejet de la suprématie pontificale par Henri VIII alors qu'il avait auparavant défendu cette doctrine. L'historien Albert Pollard estime néanmoins que même s'il n'avait pas eu besoin d'un divorce, le roi aurait certainement rejeté l'influence papale sur l'Angleterre pour des raisons purement politiques[163].

Photographie d'une armure médiévale complète
Armure d'apparat d'Henri VIII réalisée vers 1544

Quelles qu'en soient les raisons, Henri VIII introduisit plusieurs législations entre 1532 et 1537 pour structurer l'Église d'Angleterre naissante et affaiblir l'influence du pape[164]. La loi sur la restriction de l'appel de 1533 permettaient d'accuser de trahison et de condamner à mort ceux qui défendaient les bulles pontificales en Angleterre[165]. D'autres lois renforçaient le pouvoir royal sur l'Église dont le Suffragan Bishops Act de 1534 qui obligeait le clergé à élire des évêques nommés par le souverain. La même année, l'acte de suprématie faisait du roi l'« unique chef suprême de l'Église d'Angleterre du Terre » et refuser le serment de suprématie (en) reconnaissant cela était passible de mort d'après le Treasons Act (en). De même, tous les sujets du Royaume devaient accepter par serment l'invalidité du mariage d'Henri VIII et de Catherine d'Aragon et la validité de celui avec Anne[166]; ceux qui refusaient pouvaient être emprisonnés à vie et tout éditeur ou imprimeur de documents avançant que le mariage avec Anne était invalide pouvaient être exécutés[165]. Enfin, après l'excommunication du roi, l'Ecclesiastical Licences Act supprimait le denier de Saint-Pierre et affirmait que la « couronne impériale » d'Henri VIII avait été affaiblie par « les usurpations et les exactions déraisonnables et peu charitables » du pape[167].

Malgré l'opposition de Cromwell, Henri VIII insista pour utiliser le temps parlementaire afin de discuter de questions religieuses et cette initiative fut ensuite défendue par Howard. Cela entraîna l'adoption des Six Articles qui réaffirmait la doctrine catholique traditionnelle sur plusieurs points fondamentaux comme la transsubstantiation et limitait l'expansion de la Réforme en Angleterre[100]. Cela fut suivi par le développement d'une liturgie réformée et du livre de la prière commune sous l'influence de Cranmer mais ce processus ne fut pas achevé avant 1549[168]. Le reste du règne d'Henri VIII vit un lent éloignement de l'orthodoxie religieuse et cette évolution fut aidé par la mort des principaux dignitaires religieux d'avant le schisme avec Rome dont notamment les exécutions de Thomas More et de John Fisher qui avaient refusé de renoncer à l'autorité papale. Henri VIII établit une nouvelle théologie politique de l'obéissance à la Couronne qui reflétait la nouvelle interprétation par Martin Luther du quatrième commandement (« Honore ton père et ta mère ») introduite en Angleterre par William Tyndale[169]. Les protestants furent néanmoins persécutés sous son règne en particulier du fait de leur refus de reconnaître l'annulation de son mariage et beaucoup quittèrent le Royaume[170].

Lorsque les taxes auparavant payées à Rome furent transférées à la Couronne, Cromwell réalisa le besoin d'évaluer la valeur des importantes possessions de l'Église et cela donna naissance au compendium Valor Ecclesiasticus (« Valeur de l'Église »)[171]. En septembre 1535, il exigea une inspection plus complète des institutions religieuses et la vie des moines fut rendue plus difficile par les prêches les accusant d'être des parasites improductifs[172]. Les informations accumulées entraînèrent en janvier 1536 le début de la dissolution de tous les monastères par laquelle toutes les institutions aux revenus annuels inférieurs à 200 £ (environ 96 000 £ de 2012[173]) furent saisies par la Couronne[174]. Les autres couvents furent progressivement transférés à la Couronne et à de nouveaux propriétaires. En janvier 1540, près de 800 monastères avaient été dissous ; le processus avait été efficace et n'avait rencontré que peu d'opposition[175]. Les actions de Cromwell permirent le transfert d'environ 20% de la richesse foncière anglaise dans de nouvelles mains et créèrent une aristocratie terrienne redevable à la Couronne[176].

Les réponses à la Réforme furent variées. Les monastères étaient les seuls soutiens des plus pauvres[177] et leur dissolution fut une des causes du soulèvement du Pèlerinage de Grâce de 1536-1537[178]. Ailleurs, les changements furent acceptés et ceux qui conservèrent les rites catholiques entrèrent dans la clandestinité. Ils réémergèrent lors du règne de Marie Ire entre 1553 et 1558.

Militaire

Peinture montrant plusieurs caraques entourées de chaloupes. Au premier plan, des hommes en armes se tiennent sur une digue entre deux tours équipés de canons
Embarquement d'Henri VIII à Calais vers 1520

En dehors des garnisons de Berwick, de Calais et de Carlisle, l'armée professionnelle anglaise ne comptait que quelques centaines d'hommes et sa taille ne fut que légèrement accrue par Henri VIII[179]. Lors de l'invasion de la France en 1513, l'armée était composée de 30 000 vougiers et archers à une époque où les autres nations européennes commençaient à adopter les piques et les arquebuses. L'influence de ces armes n'était pas encore décisive et les Anglais furent capables de combattre à égalité avec leurs adversaires[180].

Henri VIII est traditionnellement présenté comme l'un des fondateurs de la Royal Navy grâce à sa création de ports permanents pour la flotte[181]. Il semble qu'il ait également supervisé la conception de certains navires comme des galères[182]. L'artillerie navale se développa sous son règne et des canons de plus en plus grands furent installés à bord des navires, ce qui contribua à l'abandon de la tactique de l'abordage[183]. La taille de la flotte passa à cinquante navires dont certains très modernes comme la Mary Rose et Henri VIII établit un conseil pour gérer l'entretien et le déploiement de la Marine qui devint par la suite l'Amirauté[184].

La rupture d'Henri VIII avec Rome accrut la menace d'une invasion française ou espagnole[71]. Pour se prémunir contre cette éventualité, il ordonna à partir de 1538 la construction d'une série de fortifications coûteuses et modernes telles que le château de Deal le long des côtes méridionales du Kent à la Cornouailles[185]. Wolsey avait auparavant organisé un recensement de la population afin de réformer la milice mais aucune réforme ne fut lancée avant le règne de Marie Ire[186].

Irlande

Article détaillé : Reconquête de l'Irlande par les Tudors.
La division de l'Irlande en 1450

Au début du règne d'Henri VIII, l'Irlande était de fait divisée en trois zones : le Pale où la domination anglaise était sans opposition ; le Leinster et le Munster surnommés les « terres obéissantes » contrôlés par les nobles anglo-irlandais et le Connacht et l'Ulster où le contrôle anglais était limité[187]. Jusqu'en 1513, Henri VIII poursuivit la politique de son père qui consistait à autoriser les nobles irlandais, et notamment la famille FitzGerald, à gouverner au nom du roi afin de limiter les coûts de la colonie et de protéger le Pale[188]. Cet équilibre fut déstabilisé par la mort du lord deputy Gerald FitzGerald en 1513 et la politique plus ambitieuse du nouveau roi. Son successeur et fils, également nommé Gerald FitzGerald, lutta énergiquement contre les seigneurs irlandais qui s'opposaient à l'influence anglaise mais son autonomie déplaisait à Henri VIII qui le renvoya en 1520[189]. Il fut néanmoins contraint de le rappeler en 1524 car il était le seul à pouvoir maintenir un semblant d'ordre sur l'île. Lorsqu'en 1534, Gerald Fitzgerald fut convoqué à Londres et accusé de trahison, son fils Thomas organisa un soulèvement et mena une « croisade catholique » contre le roi[190]. L'insurrection, qui menaçait de se transformer en guerre civile, fut réprimée par l'intervention de l'armée anglaise et Thomas Fitzgerald fut exécuté[191].

Même si la révolte fut suivie par la volonté d'un plus grand contrôle de l'Irlande, Henri VIII souhaitait éviter un conflit avec les seigneurs locaux et une commission royale recommanda une politique de diplomatie pour les assurer que leurs terres ne seraient pas menacées par l'expansion anglaise. Anthony St Leger fut ainsi nommé lord deputy et le resta jusqu'à la fin du règne d'Henri VIII[192]. Il appliqua une politique de renonciation et restitution qui transforma l'organisation du pouvoir en Irlande, traditionnellement basée sur les clans et les liens familiaux, en un système semi-féodal. Les propriétaires fonciers renonçaient à leurs terres et les cédaient au roi. En jurant fidélité au roi, leurs terres leur étaient restituées avec un titre de noblesse et ils pouvaient siéger à la Chambre des Lords irlandaise[193]. En pratique, les seigneurs acceptèrent leurs nouveaux privilèges mais continuèrent à se comporter comme avant.

Héritage

Statue blanche d'un homme portant une ample tunique située dans une niche dans un mur
Statue d'Henri VIII au King's College de l'université de Cambridge

La complexité et l'importance de l'héritage d'Henri VIII contribua à ce que, dans les mots des historiens Betteridge et Freeman, « tout au long des siècles [depuis sa mort], Henri VIII a été loué et vilipendé mais jamais il ne fut ignoré[138] ». L'un des débats de l'historiographie moderne est de savoir dans quelle mesure les événements de la vie d'Henri VIII dont ses mariages et sa politique étrangère et domestique furent le résultat de ses actions, et si cela fut le cas, si elles étaient volontaires ou opportunistes[138]. Dans son évaluation du règne d'Henri VIII publiée en 1902, Albert Pollard le « loua comme le roi et le chef d'État qui, quels que soient ses défauts, mena l'Angleterre sur la route de la démocratie parlementaire et de l'Empire[138] ». L'interprétation de Pollard resta la plus influente jusqu'à la publication de la thèse de doctorat de Geoffrey R. Elton en 1953. Cette dernière intitulée The Tudor Revolution in Government reprit l'interprétation positive de Pollard de la période mais en présentant Henri VIII comme un suiveur plutôt que comme un meneur. Pour Elton, ce fut Cromwell et non Henri VIII qui entreprit la réforme du gouvernement[138]. Il ne fut donc, en d'autres mots, rien de plus qu'une « monstruosité égocentrique » dont le règne « dut ses réussites aux meilleurs et aux plus grands hommes ; la plupart de ses horreurs et échecs émanant plus directement du roi[194] ».

Même si les principaux arguments de la thèse d'Elton ont aujourd'hui presque tous été abandonnés, elle a contribué à la réalisation de nouveaux travaux de recherches comme ceux de son étudiant, Jack Scarisbrick. Ce dernier conserva son évaluation positive de Cromwell mais estima qu'Henri VIII avait eu le dernier mot dans la création et l'application des politiques gouvernementales[138]. Scarisbrick considérait cependant que cette capacité avait été néfaste car son règne fut marqué par les troubles et les destructions et que ceux au pouvoir méritaient plus les blâmes que les louanges[138]. Même dans les biographies plus récentes, comme celles de David Loades, David Starkey et de John Guy, l'étendue de la responsabilité d'Henri VIII dans les changements de son règne continue de faire débat[138].

Ce manque de certitude sur le contrôle d'Henri VIII sur les événements a contribué à la variété de traits de personnalité qui lui ont été attribués[138]. Une approche traditionnelle, développée entre autres par Starkey, est de diviser en deux le règne d'Henri VIII : une première positive avec un roi pieux, athlétique et érudit qui présida à une période de stabilité et la seconde avec un « tyran imposant » qui régna lors d'une époque de changements profonds et parfois fantasques[135],[195].

Henri VIII a été joué à l'écran par[196]:

  • Tefft Johnson dans le film Cardinal Wolsey (1912)
  • Emil Jannings dans le film Anne Boleyn (1920)
  • Lyn Harding dans les films When Knighthood Was in Flower (1922) et Les Perles de la Couronne (1937)
  • Charles Laughton dans les films La Vie privée d'Henry VIII (1933) et La Reine vierge (1953)
  • Montagu Love dans le film Le Prince et le Pauvre (1937)
  • Ralph Forbes dans le film La Tour de Londres (1939)
  • James Robertson Justice dans le film La Rose et l'Épée (1953)
  • Robert Shaw dans le film Un homme pour l'éternité (1966)
  • Richard Burton dans le film Anne des mille jours (1969)
  • Keith Michell dans le film Les Six Femmes d'Henry VIII (1972)
  • Charlton Heston dans le film Le Prince et le Pauvre (1978)
  • Jared Harris dans le film The Other Boleyn Girl (2003)
  • Ray Winstone dans le film Henry VIII (2003)
  • Eric Bana dans le film Deux sœurs pour un roi (2008)
  • Jonathan Rhys Meyers dans la série Les Tudors (2008-2010)
  • Damian Lewis dans la mini-série Wolf Hall (2015)

Henri VIII a également fait l'objet d'une pièce de théâtre de William Shakespeare en 1623 et d'un opéra de Camille Saint-Saëns en 1883.

Titre et armoiries

Armoiries d'Henri VIII durant son règne

Le titre d'Henri VIII connut plusieurs évolutions durant son règne. Il utilisait initialement le titre : « Henri VIII, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, de France et seigneur d'Irlande ». Les revendications sur le trône de France n'étaient que symboliques et étaient invoquées par tous les rois d'Angleterre depuis Édouard III, peu importe la quantité de territoires français contrôlés. En 1521, le pape Léon X lui accorda le titre de « défenseur de la foi » mais il lui fut retiré par Paul III à la suite de son excommunication ; le Parlement adopta néanmoins une loi pour confirmer sa validité et il reste encore utilisé de nos jours. La devise d'Henri VIII était « Cœur Royal » et son emblème était la rose Tudor. Durant son règne, ses armoiries étaient les mêmes que celles de ses prédécesseurs depuis Henri IV : Écartelé, trois fleurs de lys or sur fond azur (qui est France) et trois lions en pal or (qui est Angleterre).

En 1535, Henri VIII ajouta le titre de chef suprême de l'Église d'Angleterre : « Henri VIII, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, de France, défenseur de la foi, seigneur d'Irlande et de l'Église d'Angleterre sur Terre, chef suprême ». L'année suivante, la partie « de l'Église d'Angleterre » devint « de l'Église d'Angleterre et aussi d'Irlande ». En 1541, le Parlement d'Irlande adopta le Crown of Ireland Act (en) qui créait le titre de « roi d'Irlande » en lieu et place de celui de « seigneur d'Irlande ». Cette évolution avait été voulue par Henri VIII quand on l'avait informé que de nombreux Irlandais considéraient le pape comme le véritable chef de leur pays tandis que le seigneur n'était qu'un simple représentant. De fait, la suzeraineté de l'île avait été accordé au roi Henri II d'Angleterre par le pape Adrien IV au XIIe siècle. Le titre de « Henri VIII, par la grâce de Dieu, roi d'Angleterre, de France et d'Irlande, défenseur de la foi et de l'Église d'Angleterre et aussi d'Irlande sur Terre, chef suprême » resta en vigueur jusqu'à la fin de son règne.

Ascendance

Descendance

Notes et références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Henry VIII of England » (voir la liste des auteurs).

Notes

  1. Certains historiens ont néanmoins avancé que c'était l'inverse que ce fut le roi qui mit fin à la relation après une brève aventure ; voir par exemple G. W. Bernard, Anne Boleyn: Fatal Attractions, [51].
  2. Les historiens sont en désaccord sur la date exacte de l'excommunication : Winston Churchill indique que la bulle pontificale fut officialisée en 1535[70] mais Geoffrey Elton (en) avance le mois de novembre 1538[71] et Jack Scarisbrick donne la date du 17 décembre 1538 via une promulgation du pape Paul III[72].

Références

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Voir aussi

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Liens externes

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  • Portail de la monarchie
  • Portail de l’Angleterre
  • Portail de la Renaissance
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