États généraux (France)
Dans le système politique du Royaume de France, on désignait par États généraux les assemblées extraordinaires réunissant les trois ordres (les états) de la société (noblesse, clergé, Tiers) convoquées par le roi pour traiter d'une crise politique, en général une guerre ou une question diplomatique et décider d'une aide militaire ou fiscale.
L'institution est créée en 1302 par le Roi Philippe le Bel pour donner une apparente légitimité à ses décisions en réaction contre la bulle Ausculta fili. Ils réunissaient au début le clergé, la noblesse et la bourgeoisie des bonnes villes, qui prendra par la suite le titre de Troisième état puis de Tiers état. Jusqu'en 1484 ils étaient réunis de manière distincte par région de Langue d'oïl ou de langue d'oc.
Véritables assemblées des représentants des peuples de France, fondées sur le principe fondamental selon lequel ils ne sont pas des peuples tributaires mais libres, et qu'aucune contribution ne peut être exigée d'eux sans leur consentement, elles n'avaient aucun rôle législatif ou juridictionnel, contrairement aux parlements avec lesquels elles ne doivent pas être confondues.
Ils se réunirent sur une période de 487 ans, jusqu'en 1789. Les derniers états réunis, convoqués le 5 mai 1789 par Louis XVI pour résoudre la crise financière due aux dettes du Royaume, évoluèrent, à la suite du Serment du Jeu de paume et à la réunion des trois ordres le 27 juin, en une Assemblée nationale constituante qui décida de rédiger une constitution écrite qui marqua le commencement de la Révolution française. Ce coup de force politique ne vient pas de nulle part et résulte de propositions déjà avancées : en 1789, le Comte d'Artois (futur Charles X) proposa que les États généraux deviennent permanents et ne se séparent plus, formant ainsi une sorte d'Assemblée nationale avant l'heure, mais où les trois ordres resteraient séparés et la monarchie de droit divin ne serait pas remise en question. Cependant, les députés du Tiers en ont jugé autrement.
La même institution est apparue dans les États des ducs de Bourgogne Philippe le Bon et Charles le Téméraire - groupant la Bourgogne, la Franche-Comté et les Pays-Bas du Nord et du Sud - et sera prolongée sous leur héritier Charles Quint, avant de connaître une division à l'époque de Guillaume le Taciturne durant la guerre de Quatre-Vingts Ans (1568-1648), certaines provinces du sud des Pays-Bas finissant par être soumises au Royaume de France.
Fonction institutionnelle et politique des états généraux dans le royaume
L'assemblée des états généraux était composée de députés des différents états provinciaux répartis selon les trois ordres, c'est-à-dire la noblesse, le clergé et le Tiers état qui représentaient respectivement les habitants des seigneuries laïques, ecclésiastiques et urbaines de leurs provinces respectives.
Le clergé de France avait lui aussi, par ailleurs, des privilèges particuliers et locaux (les municipalités de chaque ville et leurs privilèges particuliers).
L'élection des députés de chaque province aux états généraux se faisait par une élection au sein d'assemblées primaires provinciales, elles-mêmes séparées en trois collèges correspondant aux trois ordres. Les membres de ces assemblées primaires étaient pour la noblesse des représentants de toutes les familles maintenues, pour le clergé les titulaires des principaux sièges ecclésiastiques ou abbatiaux, et pour le Tiers état les représentants des villes ayant un consulat ou un échevinage.
La décision se prenait par un débat, puis par un vote par ordre, chacun d'eux disposant d'une seule voix ; elle portait d'une part sur l'importance globale de l'aide en hommes de guerre et en monnaie, ensuite sur la répartition de ces aides entre chacune des provinces. Celles-ci convoquaient ensuite une assemblée provinciale pour répartir la levée en hommes et en deniers entre les différentes villes ou seigneuries de la campagne selon une procédure qui était différente selon qu'il s'agissait de pays d'états ou d'élection. Lorsque la contribution financière du pays était directe, elle était ensuite répartie entre les différentes paroisses (qu'elles relèvent d'un fief ecclésiastique, noble ou urbain), puis dans chaque paroisse entre les différentes familles d'habitants.
À partir de 1484, les ordres du jour étaient préalablement établis sous forme de doléances des autorités locales et provinciales recueillis dans des cahiers de doléances.
Liste
Ce paragraphe, dans son état actuel, ne permet pas de définir de manière sûre le nombre de convocations.
Moyen Âge
Environnement | Règne | Ligne | Convocateur | Cause | Résultat | Caractéristiques | Dates et lieux |
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Affermissement du pouvoir royal. Questions financières | Philippe IV | 1 | Philippe IV | Différend avec le pape Boniface VIII sur l'indépendance du pouvoir royal. | Soutien au roi. La bulle est brûlée. | Succès de cette méthode | Le ou à la cathédrale Notre-Dame de Paris[B 1] voir détails |
2 | Guillaume de Nogaret est chargé d'organiser un concile pour juger le pape | , Palais du Louvre de Paris voir détails | |||||
3 | Philippe IV | Au sujet de l'abolition de l'Ordre du Temple | 1308 à Poitiers puis Tours[B 2] voir détails | ||||
4 | Relatif à l'Ordre du Temple | 1312 à Lyon[1] | |||||
5 | Levée de l'impôt des tailles | 1313 à Paris[B 3] voir détails | |||||
6 | Le roi veut des subsides pour la guerre des Flandres | dans la cour du Palais de justice de Paris voir détails | |||||
Philippe V | 7 | Succession de Louis X | Le principe de masculinité devient l'élément essentiel pour la succession au trône de France. Il profite à Philippe V contre Jeanne II de Navarre et Eudes IV de Bourgogne. | voir détails | |||
8 | Affaire des monnaies | 1320 à Pontoise voir détails | |||||
9 | Monnaies, poids et mesures, domaine royal, croisades. | Juin 1321 à Poitiers voir détails | |||||
Charles IV le Bel | 10 | Nouvel impôt | Échec | 1322 voir détails | |||
11 | Au sujet de la reprise de la guerre avec l'Angleterre. | Le Tiers état est réparti en assemblées provinciales. | 1326 à Meaux voir détails | ||||
Gestion des crises pendant la guerre de Cent Ans | Philippe VI | 12 | 1343 voir détails | ||||
13 | Vote d'impôts aides | à Paris et à Toulouse voir détails | |||||
Jean II | 14 | Vote de la gabelle et d'un autre impôt sur les ventes de marchandises le . Le puis le vote de la grande ordonnance de 1357 qui limite les pouvoirs du roi de France. |
à Paris[A 1] et à Toulouse voir détails pour 1355 et 1356 | ||||
15 | Vote des subsides et traite de la délivrance du roi Jean II prisonnier depuis 1356. | Près de 800 délégués dont 400 pour le Tiers état. Rôle d'Étienne Marcel à la tête des bonnes villes. | au à Paris voir détails | ||||
16 | Lieutenant Général du Royaume le dauphin Charles V | Finances Situation politique |
Vote des subsides et traite de la délivrance du roi Jean II prisonnier depuis 1356. Refus de nouvel impôt. Le promulgation de la grande ordonnance. |
Rôle d'Étienne Marcel et de Charles le Mauvais. | à Paris voir détails | ||
17 | à Compiègne voir détails | ||||||
18 | 1359 voir détails | ||||||
19 | 1363 voir détails | ||||||
Charles V | 20 | Approbation de la guerre contre l'Angleterre. | 1369 à Paris voir détails | ||||
Charles VI | 21 | Suppression des impôts aides mais vote de subsides spéciaux début décembre. Les fouages sont rétablis en mars 1381. | à Paris voir détails | ||||
22 | à l'Hôtel Saint-Pol de Paris voir détails | ||||||
23 | Ratifier le traité de Troyes. Voter un subside sous l'empire des menaces du roi Henri V d'Angleterre. | à l'Hôtel Saint-Pol de Paris voir détails | |||||
Charles VII | 24 | Permanence des armées et des aides, négociations avec l'Angleterre | octobre et novembre 1439 à Orléans voir détails | ||||
25 | 1448 à Bourges voir détails | ||||||
Assemblée consultative | Louis XI | 26 | Opposition au démembrement de la Normandie pour le frère du roi. L'apanage des princes ne consiste désormais qu'en un revenu fixe de rente. | du au à Tours voir détails[2] | |||
Charles VIII | 27 | Anne de Beaujeu sœur de Charles VIII, régente du Royaume | Revendication de Louis II d'Orléans de la régence de Charles VIII au détriment d'Anne et Pierre de Beaujeu pourtant désignés légitimement. | Célèbre discours « démocratique » de Philippe Pot. Le , demande d'un état des dépenses et des recettes qui sera établi mais faux. Réduction de l'impôt taille. Le , suppression des indemnités journalières. Première évocation de l'idée du canal de Berry. |
Premier rassemblement de tout le royaume et tous les corps sociaux désormais désignés par l'ordre et non plus la royauté. 285 délégués. Apparition du cahier de doléances. Désormais un lieu de rassemblement unique malgré la différence linguistique. |
du au à Tours voir détails | |
Époque moderne
Environnement | Règne | Ligne | Convocateur | Cause | Résultat | Caractéristiques | Dates et lieu |
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Guerres de religion | Charles IX | 29 | François II | Problèmes religieux et politiques | Prépare des lois commerciales qui resteront en vigueur jusqu'en 1789. | Convoqués par François II, ils se réunissent alors que celui-ci est déjà mort. Ils désignent Catherine de Médicis comme régente. Les questions religieuses seront débattues lors d'un prochain Concile à la suite de la demande de Michel de L'Hospital. La reine n'autorise pas les discussions touchant aux limites du pouvoir. |
du au , salle construite à cet effet à la Place de l'Étape à Orléans[3] voir détails |
30 | Catherine de Médicis, régente | Demande de subsides | 1561 à Pontoise voir détails | ||||
Henri III | 31 | Henri III | Questions financières et judiciaires | Révocation de l'édit de pacification accordé par Henri III aux Huguenots protestants. Le roi ne s'oppose plus à la ligue catholique et s'en déclare le chef. Levée de l'impôt taille. |
du au , grande salle du château royal de Blois voir détails | ||
32 | Refus de subsides. | à Blois voir détails | |||||
33 | Henri III | Les ligueurs veulent obtenir le contrôle sur le conseil du roi pour faire succéder leur chef Henri Ier le Balafré, duc de Guise au détriment d'Henri de Navarre. Le roi fait assassiner le duc de Guise puis son frère le Louis de Lorraine cardinal de Guise. | de fin 1588 au début 1589, grande salle du château royal de Blois voir détails | ||||
Henri IV | 34 | Candidat à la succession Charles duc de Mayenne | Plusieurs candidats prétendent à la succession d'Henri III sous prétexte que Henri IV n'est pas catholique. | Conversion d'Henri IV au catholicisme le 25 juillet 1593. | Appelés « États de la Ligue ». 12 délégués des États et 8 représentants du roi. | au à Paris voir détails | |
Fin de l'institution des états généraux | Louis XIII | 35 | Louis XIII | Écoute des plaintes des sujets pour affermir le pouvoir royal au début du règne | Questions religieuses, fiscales, politiques. Demande le retranchement de l'impôt taille et la diminution des pensions, la réforme des universités et l'admission des Jésuites dans l'Université de Paris, le mariage du roi avec l'infante d'Espagne et d'Élisabeth avec le Prince d'Espagne. Sont accordées, la publication du Concile de Trente et l'abolition de l'impôt paulette pour la noblesse. |
150 membres du clergé, 132 de la noblesse, 182 du Tiers état. Avant-derniers états généraux convoqués par un roi. Débuts de l'absolutisme français. |
au , salle du Petit-Bourbon, autrefois situé face au Louvre à Paris voir détails |
Louis XVI | |||||||
36 | Louis XVI | Déficit du budget | Rupture avec le baptême de Clovis et reforme fondamentale du système social et administratif ; c’est la fin de l’Ancien Régime. | 291 députés du clergé, 270 de la noblesse, 578 du Tiers état. Union des trois ordres en une unique assemblée nationale qui siègera dans la salle de jeu de paume dès la fermeture de l'Hôtel des Menus Plaisirs le |
, « Salle des trois ordres » aménagée dans l'hôtel des Menus Plaisirs de Versailles voir détails | ||
Autres États généraux
- La Fronde tenta en vain d'imposer une convocation des États généraux.
- Le la régente promet une convocation des États généraux à Sens.
- En septembre 1631, Louis XIII promettait de réunir les États tous les ans.
- Louis de Rohan voulut renverser le roi et convoquer des États généraux.
Évènements importants
- Vote de subsides.
- Promulgation de la grande ordonnance en 1357.
- Traité de Troyes en 1420.
- Révocation de l'édit de pacification des Huguenots; déclaration du roi comme chef de la ligue catholique en 1576.
- Contestation en 1789.
Modification des règles
- Plus ouvert au peuple en 1484
Notes et références
- ↑ Edgard Boutaric, « Les premiers états généraux (1302-1314) », Bibliothèque de l'école des chartes, no 21, , p. 23 (ISSN 0373-6237, lire en ligne).
- ↑ http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/archim/Pages/03884.htm
- ↑ Paul Guillaume, « La mort de François II à l'Hôtel Groslot, le 6 décembre 1560 et l'ouverture des États-Généraux d'Orléans par Charles IX le 13 décembre 1560 », Bulletin de la société archéologique et historique de l'Orléanais, vol. XVII, no 6 bis, 1960.
Georges Picot, 1872 (voir bibliographie) :
- ↑ p. 34, tome 1
Auguste-Aimé Boullée, 1845 (voir bibliographie) :
- ↑ p. 5, vol. 1
- ↑ p. 17, vol. 1
- ↑ p. 19, vol. 1
Voir aussi
Bibliographie
- Anonyme, Instruction sur les Assemblées nationales, tant générales que particulières, depuis le commencement de la monarchie jusqu'à nos jours : avec le détail du cérémonial, observé dans celle d'aujourd'hui, Paris, Chez Royer, coll. « Les archives de la Révolution française », , 192 p. (lire en ligne)
- Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « États généraux » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (Wikisource)
- Auguste-Aimé Boullée, Histoire complète des États-généraux et autres assemblées représentatives de la France, depuis 1302 jusqu'en 1626, Paris, Langlois et Leclercq, , 717 p. : volume 1, volume 2
- Edme-Jacques-Benoît Rathery, Histoire des États généraux de France, suivie d'un examen comparatif de ces assemblées et des Parlements d'Angleterre, ainsi que des causes qui les ont empêchées de devenir, comme ceux-ci, une institution régulière, Paris, Cosse et N. Delamotte, , 470 p. (lire en ligne)
- Georges Picot, Histoire des États généraux : considérés au point de vue de leur influence sur le gouvernement de la France de 1355 à 1614, Genève, Mégariotis reprints, , 2 140 p. : tome 1, tome 2, tome 3, tome 4
- Antoine-Claire Thibaudeau, Histoire des États généraux et des institutions représentatives en France, depuis l'origine de la monarchie jusqu'à 1789, Paris, Paulin, , 1 042 p. : volume 1, volume 2
- Soule Claude. Les États généraux de France (1302-1789). Étude historique, comparative et doctrinale. Préface de P.C.Timbal. Études présentées à la Commission internationale pour l'histoire des assemblées d’États.
Articles connexes
- Cahier de doléances
- États provinciaux (Ancien Régime)
- Société d'Ancien Régime en France
- États généraux de 1789
Liens externes
- Cahiers de doléances et États Généraux : une très longue histoire : tableau de 103 réunions avec les principaux sujets à l’ordre du jour, et le montant des subsides accordés au roi par chaque assemblée.
- 24 janvier 1789 - Ordonnance du roi Louis XVI : règlement d’élaboration des cahiers de doléances et d’élection des députés des trois ordres à l’assemblée des états généraux, texte intégral.
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