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Psychologie du développement

Psychologie du développement

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La psychologie du développement est l'étude scientifique des changements dans le fonctionnement psychologique (fonctions cognitives, langagières, affectives et sociales) de l'individu humain au cours de sa vie.

Domaine

Même si l'accent est souvent mis sur l'étude du développement de l'enfant (par exemple sur l'acquisition du langage), le champ s'intéresse aussi à l'évolution psychologique du nouveau-né, du nourrisson, de l'adolescent et dans une certaine mesure de l'adulte, notamment lors du vieillissement. La psychologie traite donc de questions portant sur l'existence et l'étendue des facultés mentales présentes aux différents âges, sur les processus d'apprentissage ou l'influence du milieu social et éducatif sur le développement, particulièrement en lien avec les caractéristiques propres de chaque individu (vulnérabilité, résilience...).

La psychologie du développement est liée à de nombreux autres champs de la psychologie, à la fois pour les concepts qu'elle emprunte (psychologie cognitive, psychodynamique…) mais aussi par les méthodes qu'elle utilise (psychologie expérimentale, éthologie…). Par ailleurs, elle offre des applications dans des domaines multiples qui vont de la psychologie de l'éducation à la pédopsychiatrie.

La notion du développement de l'enfant tient une part importante dans la psychologie du développement à cause du lien important entre l’enfant et l’adulte qui en résulte : « L’enfant est le père de l’homme » (Sigmund Freud)[référence nécessaire]. Le problème est cependant difficile à délimiter, les périodes de l’enfance ne pouvant être décrites de manière absolue car variant selon l'individu. Néanmoins des sciences comme les neurosciences ou la psychologie permettent à leur manière de délimiter ces frontières.

L'expression psychologie génétique est parfois utilisée dans un sens analogue, mais cette terminologie tombe en désuétude. Outre certaines différences conceptuelles (cf. infra), les termes de psychologie génétique ont été abandonnés, afin d'éviter l'équivoque du terme génétique, qui, dans ce domaine, était lié au concept de genèse, c'est-à-dire au processus de croissance de l'individu, et non pas aux gènes, supports admis de l'hérédité biologique[1].

Développement psychologique

Le développement est l'ensemble des transformations qui affectent les organismes vivants au cours du temps. Le développement renvoie à deux types d'entités théoriques :

  1. Les stades du développement : les étapes successives que subit un organisme au cours du temps, depuis un état initial vers un état final, par exemple depuis le nouveau-né jusqu'à l'adulte ;
  2. Les mécanismes qui assurent le passage d'une étape à une autre.

La psychologie du développement met l'accent sur les transformations psychologiques se produisant depuis la naissance jusqu'à la mort, étudiant par exemple l'acquisition du langage ou la manière dont l'enfant apprend à compter. Néanmoins, d'un point de vue médical, on a identifié de nombreux facteurs liés à l'environnement prénatal de l'embryon qui peuvent influencer la psychologie de l'individu en devenir. Par exemple, la consommation d'alcool par la mère durant la grossesse est susceptible d'induire un syndrome d'alcoolisation fœtale, qui se traduit par diverses malformations et des déficits cognitifs chez l'enfant à naître.

L'intérêt scientifique pour la psychologie du nouveau-né est assez récent et a fait beaucoup de progrès grâce au développement de nouvelles méthodologies expérimentales comme la mesure du temps de regard ou du taux de succion.

La psychologie du développement est aujourd'hui renouvelée par l'approche neuropsychologie et la neurologie en général, qui a mis par exemple en évidence la plasticité neuronale qui, pour certains, continuerait à être à l'œuvre durant toute la vie[2].

Méthodes expérimentales

Les méthodes en psychologie du développement

La Psychologie du développement de l’enfant et de l’adolescent étant une branche de la Psychologie générale, les méthodes utilisées sont donc les mêmes que celles de la psychologie générale : méthode d'observation, expérimentale, clinique, chacune pouvant se combiner. À ces trois grandes méthodes viennent se superposer les méthodes comparatives : comparaison entre l’adulte et l’enfant (méthode génétique, cf. cours 1), mais aussi comparaison entre l’homme et l’animal, l’homme préhistorique et l’homme contemporain, l’homme handicapé et l’homme sain (psychologie pathologique ), etc. Toutefois, le développement étant la caractéristique de notre discipline, des méthodes et des variables particulières sont utilisées pour en rendre compte.

Méthodes longitudinale, transversale et quasi-longitudinale

Pour étudier le développement, deux types de méthodes ont cours : la méthode longitudinale et la méthode transversale. Ces deux types de méthodes peuvent être combinés, c’est la méthode quasi-longitudinale.

La méthode longitudinale

Le but de la méthode longitudinale est de saisir les lois de développement psychologique des enfants à partir d'une variable, d'un comportement, d'une conduite, d’une structure. Il s'agit d'observer plusieurs fois un grand nombre d'enfants dans des situations expérimentales ou cliniques à des intervalles de temps déterminés, afin de repérer l'ordre séquentiel du développement et de formuler des lois du développement observé (théories, modèles théoriques ).

Quatre inconvénients sont généralement avancés à l’encontre de cette méthode :

  1. la perte des sujets dite mortalité de l’échantillon. Lorsque l’étude longitudinale dure plusieurs mois, voire plusieurs années, le nombre de sujets participant au début de la recherche est plus important que celui de la fin de la recherche (parents déménageant, n’acceptant plus de faire participer leur enfant à la recherche, etc.) ;
  2. l’effet des observations ou des expérimentations successives est un biais méthodologique. Un apprentissage peut avoir lieu lors de la répétition de la tâche qui modifie les résultats obtenus, indépendamment de l’objet étudié ;
  3. l’évolution théorique de la recherche au cours du temps. Les premiers résultats obtenus peuvent modifier l’objectif théorique que s’était donné le chercheur ;
  4. la rentabilité de la recherche : il faut attendre la fin de la recherche pour publier les premiers résultats. Lorsque celle-ci s’effectue sur plusieurs années, l’évolution théorique et la multitude de recherches empiriques publiées chaque semaine peut rendre la recherche caduque.
La méthode transversale

À cause de ces inconvénients, les chercheurs utilisent également la méthode transversale (dite cross-section method en anglais), où des groupes d'enfants sont observés à des niveaux de développement différents au même moment. Les inconvénients de cette méthode sont les avantages de la méthode longitudinale :

  1. le chercheur fait des hypothèses sur le développement dans la mesure où il ne s’agit pas des mêmes sujets ;
  2. le chercheur perd l’information concernant l’échelle individuelle, il ne peut pas ni voir les processus individuels (les enfants peuvent avoir des développements particuliers), ni les différences de vitesse de développement ;
  3. un effet de cohorte est possible, c’est-à-dire que certains groupes de sujets peuvent avoir été soumis à des conditions particulières qui ne sont pas connues et qui ne sont pas maîtrisées par le chercheur.
La méthode quasi-longitudinale

Parfois, lorsque la recherche le permet, les chercheurs utilisent la méthode quasi-longitudinale, dite également transversale séquentielle ou encore évolutive transversale (ou cross-sequential en anglais) qui combine la méthode longitudinale et la méthode transversale[3].

Expériences d’entraînement

Il s’agit d’accélérer le développement de façon à créer artificiellement une situation de développement en « miniature », en créant les conditions d’une « micro genèse en laboratoire ». L’hypothèse méthodologique sous-jacente est que cette micro genèse reflète, dans une certaine mesure, les processus macro génétiques du développement « naturel » .

La méthode est la suivante :

  • le chercheur sélectionne deux groupes de sujets. Le niveau initial de ces deux groupes est évalué. C’est ce que l’on appelle le pré-test ;
  • l’un des deux groupes (le groupe expérimental) est soumis à un apprentissage ou un entraînement quelconque, l’autre effectue une autre tâche qui n’a rien à voir avec l’apprentissage ou l’entraînement (le groupe contrôle). C’est la phase d’entraînement, dite également phase expérimentale ;
  • le post-test est la réplique exacte du pré-test. Il peut être mesuré immédiat après l’entraînement ou être différé dans le temps.

La différence observée entre les résultats du pré-test et ceux du post-test rend compte de l’effet de l’apprentissage ou de l’entraînement. Le chercheur a ainsi créé un « micro développement expérimental ». Cette méthode est souvent difficile à mettre en place, c’est pourquoi, les chercheurs utilisent la méthode expérimentale en faisant varier les niveaux de compétence des sujets.

Lieux de recherche

Ces méthodes peuvent avoir lieu en laboratoire ou sur le terrain, c’est-à-dire le lieu de vie habituel de l’enfant. Ce sont les deux grands lieux de recherche.

Laboratoire n'est pas équivalent à expérimentation et terrain n'est pas équivalent à observation : une expérimentation peut être faite sur le terrain, tous les dispositifs du laboratoire sont alors transférés sur le terrain et, inversement, une observation peut avoir lieu au laboratoire, il doit alors reproduire toute la complexité du terrain. Laboratoire et terrain sont des lieux qui correspondent à des problèmes différents, à des phases différentes d'une même recherche et à des tempéraments différents de chercheurs.

Sous la rubrique terrain, il existe des terrains différents (école, famille, crèche, lieux de loisirs, aires de jeux, aires sportives, salles d’attente, etc.) et sous celle de laboratoire, des laboratoires différents (organisé, libre, avec ou sans instruments d’enregistrements, etc.). La diversité des laboratoires et des terrains correspondent à la diversité des recherches, des problèmes posés à un moment donné de l'avancement de la connaissance.

Terrains avec des enfants

Soit le sujet se déplace pour aller au laboratoire, soit c’est le chercheur qui se déplace s’il veut étudier ses sujets sur un terrain particulier. Dans les deux cas, les conséquences ne sont pas anodines. Le chercheur doit évaluer ce qui est le mieux en fonction de son objectif. En guise d’illustration, nous prendrons le cas du chercheur qui se déplace à l’école pour trouver ses sujets.

L'école est souvent considérée comme un terrain intéressant, parce que c’est confortable pour le chercheur. L'école est assurément un terrain privilégié d'observation et d'expérimentation car, en allant à l’école plutôt que dans les familles, le chercheur :

  • touche un grand nombre d'enfants, ce qui lui est moins coûteux en démarches administratives (il peut, par exemple, obtenir toutes ses données lors d’un ou deux déplacements) ;
  • travaille sur des enfants groupés par âge, par niveaux de développement cognitif proches, ayant des activités identiques ;
  • intervient dans une micro société (ayant des conditions temporelles de régularité - i. e., horaires - et de fréquence), c’est-à-dire que le chercheur intervient dans un terrain fermé sur lui-même, isolé des autres terrains (c'est une critique que la société lui fait, c'est un avantage que le chercheur utilise).

Mais, l'école présente un certain nombre d'inconvénients :

  • le chercheur n'est pas authentiquement lié à la vie de l'établissement. S'il observe, il doit se faire le plus petit possible pour minimiser sa présence, s'il expérimente, il rompt la structure de l'école et le déroulement journalier de l'école,
  • les résultats obtenus à l’école ne donnent qu'une représentation dénaturée des conduites de l’enfant parce que :
    • le comportement de l'enfant diffère souvent à la maison et à l'école,
    • l'école est un milieu clos où le cadre est très rigide (horaire, discipline) et où les activités sont essentiellement pédagogiques et les activités ludiques pauvres, les relations adulte-enfant, enfant-enfant sont structurées par le cadre de l'école, etc. .
    • l’enfant est catégorisé en fonction des critères de réussite scolaire : prenons l’exemple des enfants dits de milieu défavorisé. Ces enfants sont défavorisés par rapport à l'école, aux exigences de l'école, aux programmes scolaires, mais ils ne sont pas défavorisés par rapport à l'affection dont ils sont entourés, par rapport à leurs moyens propres, par rapport à la diversité des incitations culturelles, etc. Par exemple, un enfant de 6 ans, en échec à l'école, peut savoir démonter son vélo, connaître le nom de chaque outil nécessaire, etc., connaissances utiles pour réparer le vélo mais inutiles à l'école. Son savoir n'est donc pas celui qui est réutilisé à l'école, contrairement aux enfants dits de milieu favorisé où le savoir de l'école correspond à celui qui est véhiculé dans la famille.

Donc, souvent les recherches en milieu scolaire (sur le terrain) sont tout aussi artificielles que dans le laboratoire, mais pour des raisons différentes. Si dans le laboratoire, le chercheur joue de l'artificialité de la situation, sur le terrain il ne le peut pas. Par conséquent, l'école est un terrain, si ce sont les problèmes et les situations spécifiques à l'école qui sont étudiés. Dans ce cas, c'est le terrain et lui seul qui fait resurgir les problèmes de l'école et de l'écolier et qui en permet l’analyse.

Cette critique peut être généralisée à tous les terrains où se trouvent les enfants : crèches, collèges, lycées, centres de loisirs, etc. Le chercheur doit donc se poser la question du choix des sujets en fonction de l’objectif de son étude. Les particularités du terrain doivent être en relation avec les objectifs de sa recherche.

Variables

Les variables dépendantes utilisées en Psychologie du développement sont multiples et sont les mêmes que celles utilisées dans les autres domaines de la Psychologie (temps de réponses, nombre de mots connus, vitesse de déplacement, réalisation de problèmes, réussites ou échec, etc.).

En revanche, l’objet de la Psychologie du développement étant un objet en transformation, différentes variables indépendantes sont recherchées pour en rendre compte :

  • la plus simple est celle de l’âge des enfants. Mais cette variable revêt certaines difficultés car ce n’est pas une variable explicative. L’âge est une durée de vie, alors que le chercheur cherche à atteindre une structure psychologique (cognitive, affective). L’âge n’est qu’une opérationnalisation de cette structure qu’il cherche à déterminer ;
  • le stade de développement. Dans ce cas, le choix de cette variable est dépendant de la théorie dans laquelle l’étude se situe (i. e., stades piagétiens ou walloniens) ;
  • le niveau de développement attesté par une épreuve étalonnée ;
  1. le niveau scolaire, dans les recherches portant sur les problématiques touchant à l’école et à l’écolier.

Méthodes pour l’étude du bébé

Le bébé ne pouvant ni parler ni se déplacer de façon autonome, des techniques particulières ont été mises en place, depuis une vingtaine d’années, pour étudier l’enfant de la naissance à 2 ans environ. Travailler sur le bébé nécessite des compétences et du matériel sophistiqué, c’est pourquoi le terme de bébéologie est apparu il y a peu de temps.

Variables dépendantes

Les variables dépendantes utilisées reposent sur :

  • des variables physiologiques de réactivité (rythme cardiaque, rythme respiratoire, etc.),
  • l’exploration tactile (temps de manipulation des objets),
  • l’activité oculaire (temps de fixation du regard et orientation du regard par le reflet cornéen ),
  • l’activité orale (succion), etc.

Nous prendrons deux exemples : le temps de fixation du regard et la succion non nutritive.

  • le temps de fixation du regard : dès la naissance, le bébé oriente son regard de façon non aléatoire. L’orientation sélective du regard du bébé est donc prise comme l’indice de son activité cognitive car les chercheurs supposent qu’en observant, le bébé intègre des informations perceptives, qu’il traite l’information qu’on lui présente. De nombreuses expériences utilisent cet indice en recherchant les préférences visuelles du bébé : le chercheur met de chaque côté de l’axe visuel du bébé deux images différentes et il mesure la préférence visuelle (le temps de fixation doit être supérieur à 50 % du temps de fixation total).
Les chercheurs ont pu ainsi démontrer que le bébé fixe des zones contrastées (e. g, blanc/noir), déplace son œil le long des contours, préfère regarder un visage humain qu’une forme géométrique (ex: un damier) et préfère une image nouvelle qu’il n’a jamais vue auparavant (il est intéressé par la nouveauté), etc.
  • la succion non nutritive : la succion est un réflexe en place dès la vie fœtale. Deux styles de succion non nutritive, c’est-à-dire sans ingestion, ont été observés : le bébé suce sa tétine ou sa langue de façon soit aléatoire, soit régulière. Le schème de succion est utilisé comme indice de l’activité cognitive de l’enfant, car la première forme apparaît lorsque l’attention du bébé est relâchée, et la seconde lors d’activités cognitives de l’enfant. Dans ce second cas, les variables utilisées sont le nombre de bouffées, la durée de pauses entre les bouffées, l’amplitude de succion, etc. → la découverte de la succion non nutritive date des années 1970.
Méthodes

Les méthodes pour étudier le bébé sont celles de l’observation et de l’expérimentation. Toutefois, cette dernière nécessite des dispositions particulières, comme la technique de l’habituation. L’habituation est une forme d’apprentissage :

  • lorsque le chercheur présente plusieurs fois de suite le même stimulus perceptif (auditif, visuel, olfactif, tactile), le bébé réagit de moins en moins (i. e., le temps de fixation de son regard diminue ; la fréquence et l’amplitude des bouffées de succion diminuent).
  • lorsque le stimulus devient familier au bébé, on dit que le bébé « s’habitue ».

L’interprétation théorique de la diminution de l’activité du bébé est celle d’une reconnaissance du stimulus (mémorisation), et donc d’une intégration cognitive du stimulus par différents processus comme la catégorisation, la discrimination, etc. il a intégré les informations perceptives, catégorisées. La vitesse d’habituation traduit la vitesse de traitement des informations. Les théories explicatives de ce phénomène sont diverses (cognitives ou neuropsychologiques)

Les méthodes en psychologie de l'enfant et de l'adolescent

Méthodes cliniques

La psychologie clinique est utilisée en Psychopathologie (pour comprendre les conduites inadaptées), lors de consultations d'hygiène mentale, dans les services psychopédagogiques, dans les hôpitaux psychiatriques, etc. Mais elle s'applique aussi aux conduites adaptées (psychologie de l’enfant). C’est une méthode de recherche pour la Psychologie du développement.

Avec la méthode clinique, il s'agit également d'étudier le sujet en situation et en évolution. La méthode clinique est une observation prolongée et approfondie d'individus particuliers (pathologiques ou normaux), elle repose sur l’observation et l’entretien. L'analyse permet de mettre à jour les comportements observés en étudiant l'individu pris dans sa globalité, son ensemble. C’est la perspective synthétique.

Il y a plusieurs types de méthode clinique :

  • La méthode clinique d'inspiration psychanalytique[4] : Cette perspective clinique est liée à la conviction profonde de l'irréductibilité à un modèle commun. Tout individu est unique et il n'y a pas lieu d'établir de comparaisons. Le clinicien n'utilise que les situations concrètes ou naturelles par opposition aux situations standardisées des tests ou de l'expérimentation.
L'intuition est le fil directeur de sa démarche. L'objet d'étude n’est ni l'enfant, ni le psychologue mais la rencontre entre les deux. Le champ d'action est l'intersubjectivité. Cependant trois postulats fondamentaux structurent cette rencontre : l'histoire personnelle du sujet, la personnalité du sujet, l'aspect « psychodynamique » du comportement compris sous l'influence des conflits inconscients qu'il s'agit de dépasser (Moi, Ça, Surmoi).
Des méthodes particulières sont mises en place pour les enfants dont le langage n’est pas suffisamment explicite et maîtrisé : dessins, jeux de rôle, marionnettes, etc. Cette méthode n'est possible que si le psychologue a suivi une psychanalyse.
  • La méthode clinique de type piagétien, dite méthode d'exploitation critique : Le but de cette méthode est la compréhension du fonctionnement cognitif et intellectuel de l'enfant. L'enfant est observé dans une situation particulière de résolution de problème où le chercheur accède à la compréhension de sa pensée en lui demandant d'expliquer le cheminement de sa pensée, de commenter ses échecs ou ses réussites et de lui proposer des contre-arguments, des contre-expériences afin de le pousser dans ses retranchements déductifs.
Il n'y a pas de questions pré-établies, elles dépendent de la nature des réponses de l'enfant, des circonstances. Bien qu’il s’agisse d’une conversation entre l’enfant et l’expérimentateur, les situations d’observation ont la rigueur d'une expérience ou d'une observation scientifique.
C'est une démarche qualitative (Piaget a peu utilisé les statistiques pour valider ses hypothèses)[5].
  • La méthode clinique armée (utilisation de grilles d'observation, de tests, etc.) : Les hypothèses sont formulées au fur et à mesure des observations qui sont rigoureuses et où la relation entre le psychologue et l'enfant est contrôlée.

Les tests

Un test est défini comme « une situation expérimentale standardisée servant de stimulus à un comportement. Ce comportement est évalué par une comparaison statistique avec celui d’autres individus placés dans la même situation, permettant ainsi de classer le sujet examiné soit quantitativement, soit typologiquement»(Pierre Pichot 1949).

Quels que soient les âges de l'enfant, plusieurs batteries de tests sont à la disposition du psychologue et ceci dès le plus jeune âge. Il existe plusieurs types de tests selon le niveau intellectuel, les aptitudes et les connaissances[6] :

  • Les tests de personnalité considèrent un aspect conatif du développement : Ces tests ne classent pas les individus les uns par rapport aux autres dans une perspective hiérarchique, mais dans des catégories qui aboutissent à des typologies (i. e., extravertis-introvertis). Le psychologue peut également évaluer des caractéristiques personnelles (i.e., estime de soi positive ou négative).
  • Les tests d’efficience évaluent une capacité, un aspect cognitif du développement (intelligence, aptitude, connaissances). Ils permettent de comparer les individus sur la capacité testée et de les classer les uns par rapport aux autres (perspective hiérarchique) et donc d’évaluer des retards ou des avances dans le développement.

Ces tests aident à la formulation des hypothèses, dans la mesure où ils fournissent un cadre de référence par rapport à une population étalonnée statistiquement. L’étalonnage est la table de référence établie en faisant passer le test sur un grand nombre de sujets que l’on appelle la population. La population a des caractéristiques définies et doit être représentative de la population générale dans laquelle sera utilisé le test. La population est normalisée si la distribution des résultats des sujets au test est celle de la courbe de GAUSS. Dans ce cas, les indices utilisés sont la moyenne, la dispersion (l’écart-type).

La population peut également être subdivisée en parties égales, ce qui permet ensuite de situer le sujet par rapport à la population générale :

  • si l’on partage la population en deux parties égales (deux fois 50 % de la population), on obtient la médiane,
  • si l’on subdivise la population en 4 parties égales, on obtient des quartiles (4 groupes représentant chacun 25 % de la population),
  • si on la subdivise en 10 parties égales, on obtient des déciles (10 groupes représentant chacun 10 % de la population) en 100 parties égales, on obtient des centiles (100 groupes représentant chacun 1 % de la population).

Le test doit avoir certaines caractéristiques. Il doit être sensible, c'est-à-dire qu'il doit pouvoir répartir les sujets par rapport à l'aptitude considérée, selon la loi normale. Le test doit aussi être fidèle, c’est-à-dire qu’il existe une stabilité des réponses du sujet lors de deux passations de test successives et lors de la cotation des protocoles par des juges différents.

La standardisation est une composante essentielle du test, c’est-à-dire que le psychologue doit respecter les consignes de passation de façon à pouvoir coter correctement les réponses du sujet. Le testeur, sans être trop rigide, ne doit pas trop aménager la situation du test et respecter les consignes de passation présentées dans le manuel du test. Il faut se mettre en garde contre la testologie (terme de REY) qui pallie souvent l'incompréhension du cas. Une analyse clinique est difficile à mener à bien et nécessite de l'expérience et du savoir psychologique.

L’examen psychologique de l’enfant

Lors d’un examen psychologique, l'enfant est observé dans les situations les plus diverses : à l'école, en classe, en situation de tests, lors d'entretiens, en activité (dessin, motricité, etc.) afin de déceler le fonctionnement psychologique de l'enfant et ses particularités. Dans cette démarche, les comportements ou conduites observées ne sont pas uniquement celles relevées par les tests. L’attitude des sujets face aux tests, lors des entretiens (rougissement, bégaiements, agressivité, refus, etc.) sont autant d’informations importantes que le simple résultat du test.

Il s’agit avant tout, lors de cet examen, de faire un bilan à un moment donné du développement de l’enfant. Contrairement à la méthode expérimentale, les hypothèses émises pour élaborer ce bilan sont formulées au fur et à mesure que l'observation de l'enfant s'effectue. De nouvelles observations sont mises en place pour confirmer ou infirmer les hypothèses. Cette démarche est dite construction progressive du diagnostic ou encore diagnostic progressif. Les hypothèses émises sont dépendantes de la demande qui émane généralement des parents, des éducateurs, du médecin, de l’enseignant mais rarement, sinon jamais, de l’enfant lui-même.

Tout comme dans l'étude du comportement animal, l'une des particularité de l'étude psychologique de l'enfant est qu'il n'est pas toujours possible de lui donner des consignes verbales ou de lui demander de rapporter verbalement ses expériences, en particulier dans le cas où l'enfant est trop jeune pour maîtriser le langage. C'est pour cela que la psychologie du développement utilise beaucoup l'observation du comportement spontané et des mesures indirectes, y compris dans des situations expérimentales contrôlées. Parmi celles-ci on compte :

  • Le taux de succion qui consiste à mesurer la force avec laquelle le nourrisson tète sur une tétine électronique afin d'estimer le degré d'intérêt du nourrisson pour un stimulus ;
  • Le temps de regard qui compare le temps que passe l'enfant à regarder un stimulus plutôt qu'un autre
  • La psychologie génétique qui consiste à analyser les changements psychologiques qui s’opèrent au niveau de l’individu c’est ce que l’on appelle l’ontogenèse (ou développement de l’individu) de la naissance à la mort. Mais elle travaillait en même temps sur la phylogenèse (soit l'évolution de l’espèce)
Psychologie du développement étudie uniquement ontogenèse

Branche de la psychologie générale. On étudie les grandes fonctions en psychologie (mémoire, perception, affectivité..) dans une perspective de transformation au cours du temps.

L’objet de la psychologie du développement n’est pas stable. On cherche donc à comprendre les facteurs qui expliquent les transformations. Il faut d’abord décrire les observations puis les expliquer. Il faut avoir une représentation précise de l’enfant. Il faut avoir la connaissance des théories qui expliquent ces changements.

  • C’est un grand mouvement qui est apparu aux États-Unis en 1970

« Life-span developpement » À partir des années 1970 on a commencé à travailler sur les changements au cours de la vie. La psychologie repose sur la compréhension du vieillissement. Il y a des travaux sur l’intelligence cristallisé qui montre que celle-ci ne décline pas. Mais l’intelligence fluide pour résoudre les problèmes est ralentie. Remarque : pour un développementaliste le terme d’involution concernant le vieillissement est impropre.

  • Dans certaines cultures la représentation de la personne âgée est négative

On les met dans des maisons de retraite. Représentation négative de la vieillesse alors que dans d’autres cultures on a une vision positive des personnes âgées qui sont considérés comme des sages, ayant de l’expérience, de la connaissance.

La psychologie du développement est une branche de la psychologie générale ou l’objectif est de comprendre l’enfant et comprendre l’individu de façon général. On va travailler sur l’enfant pour pouvoir comprendre l’adulte. →

La méthode génétique

On est amené à comparer dans la méthode génétique des hommes adultes avec des enfants. La méthode génétique est une méthode comparative. On étudie par contraste l’enfant et l’adulte. C’est un effet de loupe qui permet de voir ce qui existe chez l’enfant et ce que c’est devenu chez l’adulte.

En psychologie du développement c’est ce que l’enfant va devenir qui est intéressant.

La psychologie de l’enfant et la psychologie du développement

La psychologie de l’enfant ne s’occupe pas de l'avenir de l’enfant, mais de sa psychologie à un certain âge en spécifique.

En ce sens, la psychologie de l'enfant cherche à comprendre le fonctionnement de celui-ci à des différentes âges, avec ses réussites, ses échecs, ses envies, ses besoins, et bien d'autres aspects qui représentent l'enfant en tant qu’individu. Nous essayons donc de comprendre l’enfant dans sa globalité, en étudiant les liens entre la mémoire, l’affectivité, la perceptibilité, entre autres.

Or, dans la pratique, les disciplines de la psychologie de l'enfant et de la psychologie du développement sont souvent confondues entre elles, car elles s’appuient l’une sur l’autre. Cependant, il est de grande importance que nous sachions les distinguer, car non seulement les objets de recherche sont différents, mais aussi l’avancée des connaissances des deux est différente l'une de l'autre.

Un autre facteur qui permettra de mieux expliquer le concept ci-dessus est le fait que la psychologie de l’enfant est une psychologie appliquée, et que la psychologie du développement est la résultante d'une recherche fondamentale.

La perspective analytique

C’est celle qui résulte de la psychologie du développement. On n’étudie pas l’enfant mais les fonctions de l’enfant comme le langage, la mémoire, la motricité. L’enfant est décomposé en fonctions. On décompose en psychologie de l’enfant en sous domaines les grandes fonctions.

De ce fait on a perdu l’enfant réel par contre on est fort sur un domaine très précis de la psychologie de l’enfant. On travaille sur des enfants : ce sont des sujets que l’on a regroupé car ils ont les mêmes caractéristiques. On les appelle des sujets psychologiques. On va travailler sur le sujet épistémique c’est-à-dire le sujet moyen qui représente tous les enfants. Nos connaissances sont sur cet enfant. Ce sujet est très loin de la réalité. On travaille sur une construction de l’esprit, une fonction qui est une construction de l’esprit du chercheur. Les comportements sont observés de façon isolée, isolés de la réalité des sujets, observés dans des situations pour maximaliser les comportements. Les chercheurs ont des modèles théoriques. Ce sont ces enfants qui vont guider le praticien parce que la connaissance s’appuie sur la psychologie du développement. Il ne faut pas minimiser ces connaissances-là.

L’évolution du bien de l’enfant résulte de l’ensemble des recherches qui ont été faites en psychologie du développement. En psychologie fondamentale on procède par petits pas sans vraiment savoir où l’on va, il n’y a pas de révolution mais les connaissances ont beaucoup avancées [réf. nécessaire].

La perspective synthétique

C’est plus celle de la psychologie clinique, c’est-à-dire celle de l’enfant. Ce n’est pas la fonction mais l’enfant est pris dans sa globalité, dans son unité, qui nous intéresse. Dans tout ce qui lui est particulier, c’est l’enfant psychologique. Ce que l’on cherche c’est d’essayer de saisir l’enfant dans sa complexité, dans ses particularités en fonction de sa personnalité, de son environnement, de ses désirs, ce qu’il aime et n’aime pas.

Comment est-ce que l’on fait pour pouvoir saisir l’enfant dans sa globalité ? On est obligé de passer par la décomposition pour recomposer. Comment recomposer ? On ne sait pas recomposer véritablement. La connaissance en psychologie du développement est plus avancée que la connaissance en psychologie de l’enfant. Il y a des théories intégrales qui apparaissent de plus en plus [réf. nécessaire]. On essaye au niveau de la recherche de recomposer. En psychologie clinique (la pratique) il faut trouver des moyens ou des théories fortes.

En psychologie de l’enfant on s’appuie sur ces sujets épistémiques pour remonter à des enfants différents. On est sur l’enfant et non sur la comparaison. Cet enfant-là, qu’est-ce qu’il est ? On est plutôt sur la psychologie clinique. Il y a aussi de la recherche sur la psychologie de l’enfant.

Les deux domaines sont souvent confondus mais les applications des connaissances sont complètement différentes.

Conclusion

Les domaines scientifiques (psychologie de l’enfant et développement) sont des domaines interdisciplinaires. On établit des relations avec d’autres disciplines :

Courants théoriques historiques

Théories ontogénétiques

Le concept de développement mental freudien le plus connu est la sexualité infantile. L'affectif tient une place dominante dans sa conception. L'originalité chez Freud est que le développement psychologique repose sur le corps, qui est le support du fonctionnement mental. Le développement peut être réversible du fait du conflit social. Freud distingue 5 stades de développement affectif incluant le stade oral, le stade anal, le stade phallique, le stade de latence et le stade génital.

Contrairement à Freud, Jean Piaget considère l'affectivité comme un sous-produit du cognitif, qui est, pour lui, le concept central. Il s'intéresse à l'adaptation, qui fait appel à deux mécanismes : l'assimilation et l'accommodation. Ces deux mécanismes sont complémentaires et indissociables. Il détermine des repères dans le développement de l'enfant. Ces repères sont la représentation, la réversibilité et l'abstraction. Il constate que ces repères délimitent des périodes-clés du développement, ou paliers d'acquisition : période sensori-motrice, période pré-opératoire, période des opérations concrètes et période des opérations abstraites.

Ce modèle linéaire et cumulatif est remis en question par l'imagerie cérébrale, qui montre, d'une part, qu'il existe déjà chez les bébés des capacités cognitives complexes (« bébés astronomes », selon le psychologue Roger Lécuyer ; « bébés mathématiciens », selon les études de Karen Wynn), et, d'autre part, que le développement vers l'abstraction est jalonné d'erreurs et de biais perceptifs, non prédits par la théorie piagétienne (théorie dynamique non linéaire de Robert Siegler, de l'université Carnegie-Mellon)[7].

Théorie épigénétique

Henri Wallon prend l'enfant comme un être global. Ainsi, même s'il souligne le côté affectif du développement et l'influence de l'environnement, il accorde une importance égale à l'affectif, au social et au cognitif, qui sont pour Wallon indissociables de la personne : d'après lui, « l'enfant nait social »[réf. nécessaire]. Le rôle tuteur de l'adulte est pour lui primordial, c'est l'adulte (parent, professeur, éducateur) qui permet à l'enfant d'accéder à des connaissances nouvelles, par stimulation et étayage.

Les notions d’enfant et de développement de l’enfant avant le XXe siècle

La représentation de la notion d’enfance résulte des représentations antérieures. Elle résulte de l’histoire. Les représentations changent en fonction des époques. Les théories sont des constructions de l’esprit, des raisonnements. Ce sont des interprétations des faits réels.

Représentations jusqu’au XVIIIe siècle

Dans toutes les sociétés l’infanticide, les sacrifices d’enfant ont été pratiqués quels que soient les époques et les cultures. Quel que soit l’acte de tuer les enfants il y a toujours eu la volonté d’intégrer les enfants dans notre société. Les enfants sont la survie de notre société.

ex. : À la renaissance, dans la culture chrétienne les philosophes opposaient l’enfant à l’homme. La Raison était donnée par Dieu et c’est lui qui distinguait l’enfant de l’homme. L’enfant était du côté obscur [réf. nécessaire]. À partir de la volonté divine l’enfant devient par ce rituel chrétien responsable devant Dieu de ses actes.

On est dans une représentation d’altérité : l’enfant c’est l’autre, celui qui n’a pas la raison.

Représentations au XVIIIe siècle

Un changement s’opère dans la relation de l’enfant, on commence à voir des étapes chez l’enfant.

Par exemple pour de Condillac (1714-1780), le bébé naît sans connaissances mais va en acquérir au cours de son enfance. L’enfant est une somme d’apprentissages. Mais cette somme va permettre aux uns d’apporter à la raison et aux autres de rester insensés. Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) présente l'’activité psychique de l’enfant comme dissociée de celle de l’adulte. Il va reconnaitre que le fonctionnement mental de l’enfant lui est propre et est donc différent de celui de l’adulte.

On voit apparaître quatre domaines (fonctions) de développement (le physique, le mental, le social et le moral) avec un découpage :

  • Période 1 : de 0 à 2 ans : l’âge de la nature
  • Période 2 : de 2 à 12 ans : l’âge de la formation du corps et des sens
  • Période 3 : de 12 ans 15 ans l’âge de force ou l’âge de la formation intellectuelle et technique
  • Période 4 : de 15 à 20-25 ans : l’âge de raison et des passions ou l’âge de la formation morale et religieuse

Le XVIIIe siècle voit donc un affinement de la représentation de l’enfance. Des monographies apparaissent dans lesquels les auteurs expliquent ce qu’ils observent chez l’enfant, sans que cela relève d'une démarche scientifique.

Représentation au XIXe siècle

À cette période, on va inscrire les étapes que l’on a observées dans un mouvement temporel. On va se poser la question de comment on passe d’un état à un autre.

Ainsi, Jean-Baptiste de Lamarck est perçu comme un des premiers évolutionnistes. Il va dire que l’évolution est en fait une succession d’anomalies qui apparaissent et qui viennent perturber l’ordre naturel. Il y a une gradation naturelle mais ces anomalies parfois perturbent. Ce qu’il dit pour la première fois c’est que ces altérations sont liées au milieu, c’est-à-dire aux conditions de vie.

L’idée des transformations va se répandre dans toutes les sciences. Les étapes juxtaposées vont être reliées les unes aux autres. Chaque étape résulte des étapes antérieures. Mais avec Lamarck c’est encore dieu qui détermine l’état final. L’évolution est encadrée vers des étapes dont le but est décidé par dieu.

Progressivement, au XIXe siècle, la place de dieu va disparaitre. Ce n’est pas l’état final qui intéresse les évolutionnistes mais les étapes dans la transformation, afin de comprendre les mécanismes qui font passer d’une étape à une autre.

Pour Darwin, il n’y a pas de prédéterminisme à la vie. Dieu ne décide pas à l’avance. Mais c’est une adaptation progressive de l’organisme au milieu. La vie est une succession de variations génétiques. Ce qui n’est pas adapté au milieu est éliminé, et ce qui est adapté est maintenu par l’espèce. Avec les évolutionnistes il n’y a pas de prédisposition, on ne sait pas où va l’évolution mais elle résulte de variations génétiques héréditaires.

Dans la perspective évolutionniste la psychologie de l’individu en développement va prendre son essor, les transformations de l’enfant vont être au cœur des préoccupations. Toutefois, on est persuadé au XIXe que si l’on étudie l’enfant (Ontogenèse)) on aura une représentation de ce qu’il s’est passé au niveau de l’espèce (Phylogénèse). Ainsi Ernst Haeckel expliquait « L’ontogénèse est une courte et rapide récapitulation de la phylogénèse ».

Temporalités de la notion d’enfant et de développement au XXe siècle

Considérations épistémologies de la psychologie génétique au début du XXe siècle

Au début du XXe siècle, grâce aux théories évolutionnistes, la Psychologie génétique et la Psychologie de l’enfant sont munies d'outils conceptuels pour rendre compte du développement de l'enfant. Elles héritent de la représentation de l'évolution des espèces, des races, des sociétés et de celle de la différenciation des fonctions mentales au cours du développement. L'enfance est inscrite dans le cours du temps de la vie : l'émergence des comportements et/ou des conduites de l’enfant résulte des organisations antérieures.

La période qui s'étend de la fin du XIXe au début du XXe siècle (jusqu’à la Première Guerre mondiale) est appelée « Siècle de l'enfant ». Cette période constitue une étape importante dans l'histoire de la Psychologie génétique et de la Psychologie de l’enfant. S'ancrant sur les acquis des recherches faites au XIXe siècle, des apports nouveaux les enrichissent et les épanouissent.

Le mouvement amorcé au XIXe siècle s'amplifie rapidement et touche la population non scientifique, non seulement parce que les théories évolutionnistes remettent en cause les théories créationnistes mais aussi à cause de la diffusion de l'enseignement et des besoins d'orientation professionnelle dans l'industrie. La Psychologie de l’enfant est essentiellement appliquée à l'éducation : les grands noms de la Psychologie de l’enfant sont, à cette époque, essentiellement des pédagogues (entre autres, Binet en France, Claparède en Suisse, Decroly en Belgique, Montessori en Italie, etc.)

Les différents courants théoriques qui détermineront plus tard les courants de la psychologie contemporaine émergent : Freud et la psychanalyse, Pavlov et la réflexologie, Watson et le behaviorisme. À la méthode d'observations directes utilisées au siècle précédent (monographies), de nouvelles méthodes s'ajoutent : les questionnaires, la méthode des tests et les méthodes statistiques. Par ailleurs, la méthode expérimentale qui a permis à la Psychologie d'accéder à un statut scientifique qu'Auguste Comte lui avait refusé est utilisée pour étudier l’enfant. C'est à cette époque qu’apparaissent les premiers travaux spécifiques à la Psychologie de l'adolescent.

Toutefois, si la conception héritée du XIXe siècle est encore d'actualité pour certains psychologues, pour d'autres, la chronologie des comportements ne permet pas d'expliquer la nature des transformations. Ces derniers s'attardent alors à comprendre les processus (ou mécanismes) sous-jacents aux transformations observées au cours du temps.

Différentes théories explicatives du développement de l’enfant sont proposées au cours du XXe siècle. Elles émanent de l'accumulation des nombreux faits empiriques obtenus à partir d’observations méticuleuses et d’expérimentations en Psychologie de l'enfant et du développement, et de leur confrontation avec les théories explicatives. Si, à certains moments, ces faits viennent consolider les théories dominantes, à d’autres moments, ils les fragilisent et amènent les chercheurs à modifier ces théories voire à les abandonner.

Représentation au début du XXe siècle

Au début du XXe siècle, la représentation du développement de l'enfant est une représentation continue et régulière du développement, c’est-à-dire qu’à chaque âge correspond un niveau de développement.

Pour illustrer la représentation que les chercheurs avaient du développement de l’enfant au début de ce siècle, on peut citer l'exemple d'Alfred Binet et Arnold Gesell qui rendent compte, pour Binet, d’un modèle local qui appartient plus à la Psychologie du développement (puisqu’il s’agit du développement de l’intelligence) et, pour Gesell, d’un modèle général qui appartient plus à la Psychologie de l’enfant.

Binet

Alfred Binet (1857-1911), est un psychologue français s’étant, entre autres, penché sur le développement de l’intelligence.

Pour lui, du fait de la scolarisation rendue obligatoire, les problèmes des différences dans les réussites et échecs scolaires obligent les pédagogues à se pencher sur le problème de l’intelligence. Binet aborde le concept d'intelligence non pas dans un cadre théorique défini, mais de façon empirique et il s’intéresse à l’intelligence globale de l’enfant. Selon cet auteur, l’intelligence est composite, c’est-à-dire constitué de 4 processus : la compréhension, l’invention, la direction et la censure.

Pour rendre compte de l’intelligence, il construit en 1911 un outil dit Échelle Métrique de l'Intelligence. Cette échelle, connue sous l’appellation d’« échelle de Binet-Simon », est constituée d’une succession de petites questions (item) très hétérogènes de difficultés graduelles qui font appel à des fonctions différentes de l’intelligence (mémoire, raisonnement numérique, raisonnement verbal, vocabulaire, etc.). Ces difficultés graduelles permettent d'évaluer l'intelligence en situant l'enfant d'âge en âge, de 3 ans à l’âge adulte.

Il s’agit, par exemple, des « item » suivants :

  • à 3 ans, il est demandé à l’enfant de montrer le nez, les yeux, la bouche ; décrire une image ; répéter deux chiffres ; donner son nom de famille, etc.
  • à 8 ans, il lui est demandé de comparer deux objets de souvenir ; compter de 20 à 0 ; indiquer des lacunes de figures ; donner la date du jour ; répéter 5 chiffres, etc. Mémoire à long terme qui est testée.

On est sur une représentation linéaire. La représentation du développement est celle d'un développement découpé en années qui permet de situer l'enfant d'âge en âge. Ainsi, si le niveau intellectuel de l'enfant dépasse ou n'atteint pas son âge réel, l'enfant sera considéré, respectivement, comme « en avance » ou « en retard »[8]. L’échelle de Binet-Simon, qui a été remaniée depuis sa création, est un bon exemple de la représentation temporelle du développement psychologique de l'enfant : c’est une représentation linéaire et continue (plus l’enfant avance en âge, plus son âge mental augmente). Cette représentation perdure actuellement, notamment dans l’utilisation de certains tests d’évaluation psychologique de l’enfant.

Binet ne s’est intéressé qu’à l’intelligence. On appelle cela un modèle local. On est dans une perspective analytique. On ne travaille que sur l’intelligence et cette représentation est linéaire et continue.

Gesell

Arnold Gesell (1880-1961), est un psychologue nord-américain dont les descriptions du développement, notamment celles concernant le jeune enfant, constituent encore des repères importants.

Il est dans une perspective synthétique. C’est l’ensemble du développement qui l’intéresse. Il va expliquer le développement en fonction de la maturation. Il lie la chronologie du développement à la notion de maturation. La notion de maturation « implique (…) une évolution interne de l’organisme, correspondant à un programme de développement caractéristique de l’évolution de l’espèce[9]. »

Une conception biologisante de la croissance mentale se substitue donc à l'ordre chronologique de Binet. Le développement psychologique dépend du développement maturationnel du système nerveux central et des systèmes endocriniens. Le facteur qui explique les transformations, le développement de l’enfant, est le facteur interne de la maturation.

Gesell est un « maturationniste », c’est-à-dire qu’il rend compte du développement par le concept de maturation et minimise de rôle de l’environnement. Les méthodes de travail de Gesell sont extrêmement rigoureuses : observation directe avec enregistrements cinématographiques, tests, méthodes d'interview avec les parents et les grands enfants, études longitudinales et transversales. L'ensemble de ses observations permet une description du modèle du développement de l'enfant.

Gesell décrit le développement de l’enfant de la conception jusqu’à 16 ans (1943, 1945, 1946, 1956). Pour cela, il décompose l'évolution psychologique de l'enfant en secteurs appelés indifféremment « stades », « étapes », « niveaux d'âge ». Ils contiennent l'idée de mouvements successifs qui représentent des niveaux de maturation différents. Les âges donnés, pour structurer cette maturation, constituent des repères temporels mais ne sont pas des dates précises ; ce sont plutôt des « zones d'âge ».

Le développement est un processus continu qui procède, dès la conception, selon une séquentialité ordonnée, et c'est l'ordre de cette séquentialité qui est important car, selon Gesell, il est immuable. L’ordre du développement est toujours le même.

Il va voir différentes fonctions ou sphères du comportement[10], c’est-à-dire

  • les comportements moteurs (posture, locomotion, préhension, ensembles posturaux)
  • les comportements d'adaptation (capacité à percevoir des éléments significatifs dans une situation et à se servir de l'expérience présente et passée pour s'adapter à des situations nouvelles) ;
  • les comportements verbaux (toutes formes de communication et compréhension des gestes, sons, paroles) ;
  • les comportements personnels et sociaux (réactions personnelles à d'autres personnes et à la culture sociale)

Pour cette description, il utilise plusieurs concepts et notamment celui de gradient de croissance (ou du développement) qui est une série de stades ou degrés de maturité, par laquelle un enfant va, progressivement, vers un niveau de comportement plus élevé. Gesell en décrit plus de 40 qui vont des comportements les plus élémentaires aux plus complexes (la préhension, la marche, le sommeil, la nutrition, le contrôle de l'intestin et de la vessie, les pleurs et les cris, les relations entre parents et enfant, entre germains, la lecture, l'écriture, le calcul, le sens de la vérité, etc.)

Les gradients sont eux-mêmes décomposés en différents stades et niveaux. Le sens du concept de « stade » ou de « niveau » chez Gesell est donc instrumental, il permet de situer l'enfant dans le cursus du développement. La temporalité du développement psychologique de l'enfant n'est donc pas très éloignée de celle des évolutionnistes : le temps est homogène et régulier. La croissance mentale est un enchevêtrement de chronologies multiples qu'il s'agit de segmenter afin de repérer l'évolution.

Représentation au milieu du XXe siècle

La temporalité du développement telle qu’elle vient d’être décrite va être modifiée, et la notion de stade va émerger. Cette notion de stade fait écho à un grand mouvement de pensée, le «structuralisme», qui traverse, à partir des années cinquante, toutes les Sciences humaines et qui conçoit l’organisation du monde et des sociétés en termes de « structures ». La Psychanalyse (avec Lacan), l’Ethnologie (avec Lévi-Strauss), la Philosophie (avec Barthes, Althusser, Foucault, Derrida, etc.), la Sociologie et la Psychologie en sont affectées.

En Psychologie du développement de l’enfant, les faits observés se heurtent à la représentation linéaire et continue du développement de la perspective théorique des évolutionnistes : les psychologues admettent de plus en plus que le développement de l'enfant n'est pas continu mais discontinu. Les chercheurs reconnaissent que, certes, les enfants progressent en fonction des âges, mais que certains comportements semblent stagner pendant de longues périodes avant de poursuivre leur développement, d’autres semblent disparaître donnant l’impression que les enfants régressent. Une discontinuité est accordée au mouvement du développement : au modèle d'échelle de développement tel que le concevaient, entre autres, Binet et Gesell (c'est-à-dire un développement uniforme et régulier), le schéma de paliers, d’étapes ou de stades se développe, avec l'idée de régressions possibles, de déstabilisations avant une nouvelle réorganisation des activités de l'enfant. « L'activité mentale ne se développe pas sur un seul et même plan par une sorte d'accroissement continu. Elle évolue de système en système. Leur structure étant différente, il s'ensuit qu'il n'y a pas de résultat qui puisse se transmettre tel quel de l'un à l'autre[11]. »

L'orientation théorique est donc radicalement différente. De ce fait, les chercheurs ne recherchent plus des repères temporels dans la succession du développement, comme précédemment, mais ils se penchent sur l'analyse des systèmes auxquels les comportements semblent appartenir. La perspective diachronique (échelle continue du développement) devient une perspective synchronique (schéma de paliers, de stades). La compréhension du développement de l'enfant ne s'inscrit plus dans une perspective uniquement temporelle indiquée en termes d’âge, mais dans une perspective structurante de l'observation des acquisitions, non pas linéaires et continues, mais discontinues et progressant de stade en stade.

Selon les auteurs, il s’agit de stades généraux lorsque c’est l’ensemble de l’individu qui est prise en compte (perspective synthétique avec Wallon), ou bien de stades spéciaux ou locaux lorsqu’une seule sphère du développement est comprise (par exemple le développement de l’intelligence avec Piaget).

Wallon

La perspective développementale de Wallon est particulière dans la mesure où il conçoit le comportement synthétique de l’individu (dans son entier). Il tente de comprendre comment l’individu se construit en tant que personne. Intelligence et affectivité sont liées et s’influencent mutuellement au cours du développement qui est conçu comme discontinu, avec des oscillations et des ruptures.

Le développement de l’enfant selon Wallon est une succession alternative de stades centripètes et centrifuges. Lors des stades centripètes, l’enfant se centre sur lui-même, sur la construction de sa personnalité, de son identité, comme au stade émotionnel de 3 à 12 mois, au stade du personnalisme de 3 à 6 ans et au stade de la puberté et de l’adolescence, de 11 à 16 ans[12]. Lors des stades centrifuges, l’enfant se centre sur la connaissance du monde extérieur. C’est la construction de l’intelligence, comme au stade impulsif jusqu’à 6 mois, au stade sensori-moteur de 1 à 2 ans et projectif à 2 à 3 ans, au stade catégoriel de 6 à 11 ans[13].

Ces deux points de vue (centripètes et centrifuges) s’intègrent dans la personnalité. Alternativement, l’enfant se centre soit sur lui-même soit sur l’extérieur, c’est-à-dire que ce qui prévalait à un stade passe au second plan au stade suivant. Toutefois ces alternances sont ambivalentes, dans la mesure où, lors de chaque stade, l’enfant oscille également entre des comportements centrifuges et des comportements centripètes. Par exemple, au stade catégoriel, l’enfant peut se poser la question de savoir quel sera son avenir, mais ses préoccupations principales seront d’accroître ses connaissances et de découvrir le monde. C’est la centration dominante qui donne le stade général (centripète ou centrifuge).

Piaget

Piaget a une théorie analytique. C’est un structuraliste et il va définir ce qu’est un stade en psychologie de l’intelligence. Selon lui, la notion de stade doit répondre aux critères suivants :

  • constance de l'ordre des acquisitions. C’est toujours le même ordre en termes de développement. On le sait depuis les travaux de Gesell.
  • compréhension du stade comme une structure d'ensemble. Il y a des grandes périodes qui constituent des systèmes équilibrés. Ce sont des structures d’ensemble. Chaque stade qui n’a rien à voir avec les stades précédents ? ce sont des périodes qui sont maintenues pendant certains mois ou années.
  • caractère intégratif des stades : les structures construites à un âge donné sont intégrées dans les structures de l'âge suivant. Les stades antérieurs sont réorganisés et modifiés. On ne les retrouve pas dans les mêmes structures que dans les stades antérieurs. Ce qui a été acquis on le retrouve mais de manière différente.
  • distinction entre les processus de formation et les formes d'équilibre final de chaque stade.

La périodisation s'effectue selon trois grands stades qui se décomposent en sous-stades :

  • lors du stade sensori-moteur, de la naissance à 2 ans, les moyens d’action pour découvrir le monde sont la sensorialité et la motricité du bébé. L’enfant explore le monde pour construire sa pensée en fonction de sa sensorialité. C’est sa motricité qui lui permet d’aller vers le monde extérieur, elle élargit son environnement et son milieu de connaissance. Il agrandit son intérêt. Ce sont ses actions motrices qui lui permettent de comprendre le monde.
À la fin de ce stade, l’enfant a acquis un certain nombre de concepts, de connaissances : la permanence de l’objet c’est-à-dire que les objets existent même si on ne les voit pas ; la causalité, etc.
  • lors du stade des opérations concrètes, de 2 à 11 ans, l’enfant reconstruit les connaissances qu’il a acquises lors du stade précédent en n’utilisant non plus exclusivement sa sensorialité et sa motricité, mais la fonction symbolique (dite aussi fonction sémiotique). Celle-ci est attestée par les activités symboliques qui sont le langage, le jeu de faire-semblant, l’imitation différée (ce qui est différent de l’imitation précoce et imitation immédiate), le dessin [14]. Cette fonction permet à l’enfant d’agir sur son environnement en l’absence de cet environnement. Toutefois, ses activités et ses connaissances sont encore très liées au concret, il s’appuie encore sur le réel pour pouvoir penser. Ce stade est très progressif.
  • au stade des opérations formelles, l’adolescent va penser avec des outils qui sont les mêmes quel les nôtres ce qui va l’amener à pouvoir penser de manière abstraite, vers 11-12 ans : l'enfant parvient à se libérer du concret, à penser le possible, à raisonner abstraitement sans avoir besoin de s'appuyer sur des manipulations comme au stade précédent. Il reconstruit à nouveau ses connaissances, cette fois-ci avec des outils beaucoup plus puissants que les précédents (fonction symbolique) qui correspondent à la pensée de l'adolescent et de l'adulte.
L’adolescent utilise la pensée formelle c’est-à-dire une pensée sur la pensée ainsi que le raisonnement hypothético-déductif qui procède par hypothèse et déduction. Ce raisonnement envisage les possibles et non plus uniquement le réel comme au stade précédent. L’adolescent fait des hypothèses et peut, sans en avoir la preuve matérielle, envisager sa faisabilité, il peut faire des déductions logiques de ses hypothèses (si X alors Y). Il déduit des conclusions, et tire d'une réflexion abstraite des hypothèses pures (sans partir d'observations réelles et concrètes).

Piaget ne détermine plus des bilans des performances normales en fonction des âges, mais recherche un mécanisme général du développement des capacités intellectuelles de l'enfant. Ce mécanisme est un processus d'équilibration, qui comprend l’assimilation et l’accommodation. Donc il est obligé d’accommoder. Il est obligé de transformer sa pensée « schem ». L’enfant est au stade de la conservation quand quelles que soient les transformations il ne change plus d’avis.

Les stades supérieurs permettent d’expliquer un plus grand nombre de faits que les stades inférieurs. L'équilibration est alors dite « majorante » car elle intègre les équilibres antérieurs et structure les constructions suivantes. Mais là encore, les faits empiriques se heurtent aux élaborations théoriques : lorsque les chercheurs veulent mettre en parallèle les descriptions psychologiques et le temps de développement, il apparaît des décalages.

Le problème des modèles cumulatifs du développement est posé : le développement n'est pas une succession de structures empilées de façon bien ordonnée, la notion de stade est remise en cause. Il existe aujourd’hui des théories néo piagétiennes. La notion de stade est un repère en psychologie. On continue d’utiliser sa méthode.

Représentation à la fin du XXe et début du XXIe siècle
Le développement s’opère sur de plus courtes durées que celle des stades

L'incompatibilité entre le temps du développement et la description en termes de stades, et le problème que pose la compréhension du passage d’un stade à un autre ont amené les psychologues à ne plus considérer le développement de l'enfant sur des durées longues mais sur des petites unités temporelles. En effet, les données empiriques révèlent des transformations plus rapides que celles envisagées dans la notion de stade, et qui sont abordées par l'approche procédurale où les chercheurs tentent de comprendre par quelle procédure (c’est-à-dire une suite d’actions organisées permettant de réaliser un but) l’enfant passe d’un niveau à l’autre (par exemple, par l’analyse des stratégies de raisonnements). Les « schems » deviennent des processus de pensée, c’est-à-dire des systèmes de Traitement de l’Information.

Cette nouvelle conception amène les psychologues à étudier les séries d'états successifs d'un phénomène évolutif, et à supposer l’existence de processus (sorte de modèles mathématiques) qui rendent compte de l'ensemble des procédures analysées (modèles d’acquisition de l’orthographe, de la construction du récit, résolution de problèmes, etc.).

Abandon des modèles généraux au profit de modèles locaux

La première caractéristique (étude des procédures) amène les chercheurs à produire des modèles de simulation de l'activité cognitive des enfants dans des situations diverses, l'accent étant mis sur les stratégies développées par les enfants. Les chercheurs n'observent donc plus un temps d'évolution synchronique caractérisé par des structures qui s'emboîtent les unes dans les autres, mais conçoivent le développement de l'enfant comme une multitude de temporalités différentes qui s'articulent les unes aux autres.

Cette perspective a amené les chercheurs à morceler de plus en plus leur objet d’étude. Chaque fonction cognitive ou conative (socialisation, motivation, etc.) est isolée des autres et son développement est étudié. De ce fait, la Psychologie du développement est plus avancée que la Psychologie de l’enfant (cf. cours précédent), c’est-à-dire que les chercheurs ont du mal à concevoir comment ces différentes fonctions se coordonnent, s’articulent les unes aux autres. Toutefois, un mouvement semble s’être amorcé vers une intégration progressive des différentes fonctions psychologiques. Le défi que les chercheurs doivent relever dans les années qui viennent est de comprendre comment ces différentes fonctions se coordonnent, et transforment les activités et les niveaux cognitif et conatif des enfants.

Le rôle de l’adulte dans le développement de l’enfant

Le psychologue Vygotski définit une loi développementale selon laquelle « chaque fonction psychique supérieure apparaît deux fois au cours du développement de l'enfant : d'abord comme activité collective sociale et donc interpsychique et une deuxième fois comme une activité individuelle, comme une propriété intérieure à l'enfant, comme une activité intrapsychique[15]. »

Par exemple, le langage, qui est une activité psychique supérieure, s’exerce dans un premier temps dans la relation à autrui (fonction sociale du langage) avant d’être un langage privé, au service de la pensée (fonction de représentation du langage). La différence de niveau de compétence que l’enfant atteint seul avec celle qu’il atteint grâce à l’aide de l’adulte est dite zone proximale de développement ou, selon les traductions, zone proche de développement. Cette zone c’est l’écart entre ce que l’enfant est capable de faire seul et ce qu’il est capable de faire avec un adulte.

Dans cette perspective, Bruner développe un ensemble de travaux important sur la notion d’étayage, de guidage qu’exerce l’adulte sur les activités de l’enfant. Il va montrer comment l’adulte guide l’enfant dans son développement. En d’autres termes, l’adulte prépare, organise, étaie, facilite les activités de l’enfant pour l’amener au niveau désiré. Ces activités d’apprentissage peuvent s'exercer de façon consciente mais aussi non consciente (inconsciente). Ainsi, un grand nombre de comportements sont acquis par l'enfant sans même que l'adulte ait conscience des comportements qu'il soumet à l'apprentissage chez l'enfant.

Le développement de l’enfant n’apparaît possible que grâce à l’adulte. L’enfant n’acquiert que les outils de pensée de sa culture d’appartenance car c’est l’adulte qui les lui donne. Dans cette perspective vygotskienne, les travaux en didactique ont été profondément modifiés.

signification fonctionnelle de l’activité de l’enfant

La compréhension du développement de l’enfant se comprend de plus en plus en fonction du contexte d’apparition des comportements et/ou des conduites et des caractéristiques du milieu environnant dans lequel l’enfant évolue. Ainsi, le langage du jeune enfant est étudié en fonction de la signification que l’enfant donne à la situation. De ce fait, les caractéristiques de ces environnements et de ces contextes sont étudiées de façon minutieuse, ainsi que leur effet sur le développement de l’enfant.

Par exemple, il apparaît que le décalage observé au niveau psychomoteur entre les enfants africains et les enfants occidentaux s’expliquent en partie par la façon de porter les bébés dans le dos de la mère, les massages et l’environnement des objets qui permet la maîtrise de la pince supérieure plus précoce.

Psychologie développementale différentielle

La perspective actuelle du développement de l’enfant met de plus en plus l’accent sur les « cheminements » individuels (stratégies, procédures, processus), c’est-à-dire qu’il n’y a pas un développement universel qui serait unique pour tous les enfants, mais des développements possibles différents qui dépendent des variables culturelles, sociales et environnementales. Toutefois, dans cette diversité, plusieurs psychologues recherchent les universaux, c’est-à-dire ce qui est commun à toutes les cultures ou sociétés, malgré leurs expressions différentes.

La Psychologie du développement appartient aux Sciences cognitives

La compréhension du développement de l’enfant place la Psychologie du développement de l'enfant dans le champ des Sciences cognitives ou, tout du moins, de la Psychologie cognitive qui cherche à déterminer « ce qui se passe à l'intérieur du sujet » (quels sont les processus, les mécanismes, les activités psychologiques, les représentations, etc.) par l'élaboration de modèles théoriques. La Psychologie du développement de l'enfant a donc une place privilégiée car elle comprend aussi l'évolution de l'enfant, entre autres, selon des modèles neurologiques, linguistiques et des modèles de l'Intelligence Artificielle.

Les facteurs explicatifs du développement

Les descriptions des changements qui affectent l’individu au cours du temps doivent être expliquées. Différentes théories ou modèles théoriques en rendent compte . Un modèle théorique (ou théorie) est un système explicatif qui rend compte d’un grand nombre de faits à partir d’un nombre restreint de principes . Il n’est pas possible de présenter tous les modèles théoriques qui existent en psychologie du développement. L’objectif de ce cours est donc de donner des repères afin de pouvoir comprendre l’originalité de chacun et voir en quoi ils s’opposent ou sont complémentaires. Il existe différents manuels de psychologie du développement de l’enfant et de l’enfant qui présentent de façon claire et synthétique les différentes théories. Leur lecture peut être utile pour aborder les théories, mais cela ne dispense absolument pas de lire les auteurs.

Différentes présentations sont possibles :

  • présentation chronologique, comme cela a été fait lors du cours sur la temporalité de la représentation du développement de l’enfant. Nous ne la reprendrons pas ici, même si toutes les théories n’ont pas été présentées selon cette perspective ;
  • présentation en fonction des sphères des comportements étudiés (intelligence, personnalité, affectivité, sexualité, etc.). Cette de cette façon que les connaissances seront présentées en Licence 2 et 3 ;
  • présentation de la classification des théories en fonction des facteurs explicatifs du développement. Deux grands facteurs sont généralement reconnus : les facteurs internes, endogènes ou biologiques et/ou les facteurs externes, exogènes ou sociaux.

Le développement de l’enfant a été décrit dans ses moindres détails. Par exemple, le développement de la préhension a été décrit par Koupernik et Dailly (1976) en observant des enfants européens et des enfants africains nés dans la brousse. Il en ressort que chaque étape est franchie selon un rythme propre à chaque individu qui varie selon des facteurs environnementaux spécifiques (alimentaires, culturels, etc.). Si la durée des différentes phases est ralentie ou accélérée selon ces facteurs, la succession des différentes étapes, phases ou stades est toujours la même.

L'ensemble des développements observés chez l'enfant dépend donc de l'interaction de deux facteurs :

  • l'un intrinsèque, interne, endogène ou maturationnel,
  • l'autre extrinsèque, externe ou exogène, provenant du milieu.

Certains courants théoriques mettent plutôt l'accent sur les facteurs internes (les « maturationnistes » et les « innéistes »), d'autres sur les facteurs externes (les « comportementalistes » ou « béhavioristes ») et d'autres sur l'interaction des facteurs internes et externes.

Les facteurs explicatifs internes

Définition de la maturation

Lors du cours sur la temporalité des représentations du développement de l’enfant, nous avons donné la définition de la maturation. La notion de maturation « implique (…) une évolution interne de l’organisme, correspondant à un programme de développement caractéristique de l’évolution de l’espèce[16] ». Selon Gesell, la maturation est une « activité interne qui détermine les étapes successives du développement de l'enfant[17]. »

La notion de maturation désigne donc les déterminants biologiques et physiologiques du développement ou, plus exactement, les déterminants qui sont spécifiques à l’organisme humain et donc internes à l'organisme. Souvent, il s'agit de modifications physiologiques très précises (par exemple, les changements à un niveau cellulaire), mais il s'agit aussi des modifications liées à un apprentissage, c'est-à-dire que le développement observé n'est plus lié uniquement au développement physiologique d'une fonction mais à l'apprentissage de cette fonction.

Ainsi, selon les auteurs, le terme de « maturation » a des significations différentes. Il s'agit soit :

  • d'une notion liée de façon causale à celle d'« hérédité », l'hérédité explique les différents stades de maturation (par exemple, les différentes étapes de la préhension sont inscrits génétiquement), le rôle de l'environnement est minimisé. Plusieurs recherches montraient l'inutilité d'apprendre à l'enfant précocement une activité (monter des marches, apprendre des mots de vocabulaires, etc.) ;
  • d'une notion qui explique l'universalité de certains caractères et l'ordre d'apparition des différentes étapes en donnant un rôle à l'environnement. Les conduites sont mises en place par le milieu environnant qui permet aux processus maturationnels de s'exprimer (par exemple, tout enfant normal est capable d'apprendre à parler s'il baigne dans un milieu linguistique). Le milieu apparaît alors comme un révélateur des potentialités : il permet aux processus maturationnels de s'exprimer ou de s'inhiber. Mais le milieu peut aussi apparaître comme un accélérateur des processus maturationnels (comme dans l’exemple des bébés africains qui acquiert plus tôt la pince supérieure que les bébés européens). L'environnement, quel que soit le statut qui lui est donné (révélateur ou accélérateur et/ou inhibiteur), joue donc un rôle dans le processus de développement de l’enfant.
L’exemple de Gesell

Un des meilleurs exemples de maturationniste est Gesell. Selon cet auteur américain (premiers écrits en 1925), le rôle des facteurs internes pour expliquer le développement de l'enfant est prépondérant. Toutefois, il ne nie pas le rôle des facteurs externes. À mesure que l'individu évolue, le milieu, l'entourage révèle des potentialités innées. Il n'y a pas chez Gesell de primauté absolue des facteurs internes (d'organisisme), mais une dialectique entre milieu externe et milieu interne. De même, il ne nie pas la nécessité de l'apprentissage, mais y voit une complémentarité à la maturation : l'apprentissage permet l'adaptation du comportement à différentes situations. Ainsi, la préhension sera toujours palmaire avant d'être digitale, l'équilibre du corps interviendra toujours après la maîtrise de celui de la tête, le contrôle moteur des yeux précédera toujours celui des doigts, le babillage apparaîtra toujours avant les premiers mots, etc. Mais l’apprentissage peut accélérer l’acquisition de ces différentes étapes. Un retard dans certains développements n’est donc pas dramatique dans la mesure où l'exercice du comportement sera rétabli.

Gesell utilise la méthode des jumeaux pour rendre compte du rôle de la maturation : dans un couple de jumeaux monozygotes, les deux enfants ont le même génotype, on suppose donc qu'ils ont leurs gradients maturatifs identiques. On entraîne l'un des deux (le jumeau expérimental) systématiquement à un comportement, par exemple, monter des marches, à apprendre des mots de vocabulaire, à lire, etc. Lorsque celui-ci a acquis le comportement désiré, on compare avec le jumeau témoin, les performances sont meilleures pour le jumeau expérimenté. Quelques semaines après, on effectue la même comparaison, le jumeau témoin a les mêmes performances que le jumeau expérimental. L'effet de la maturation est montré par le fait que le jumeau témoin, sans apprentissage, atteint très rapidement le niveau de performance du jumeau expérimental.

Les facteurs internes prédominent dans la théorie de Gesell. Ainsi, le milieu externe ne détermine pas les progressions de l'enfant. Le développement psychologique est dépendant du développement du système nerveux, à son évolution et son niveau de structuration : le développement de la structure du système nerveux détermine le développement de la structure du comportement.

Le préformisme linguistique

Le langage articulé est le propre de l'homme. Or, à la naissance, l'enfant ne sait pas parler. Il doit apprendre la langue de son milieu pour communiquer. Cette acquisition est dépendante de centres nerveux localisés dont le plus connu est celui de l'aire de Broca. Différentes théories tentent de rendre compte de cet apprentissage. Chomsky (1968), linguiste américain, a un point de vue innéiste. Selon lui, il existerait un dispositif inné d'acquisition du langage (L.A.D., Language Acquisition Device). Le L.A.D. aurait les caractéristiques universelles de toutes les langues. Ces caractéristiques, appelées « universaux linguistiques », sont des invariants linguistiques qui existeraient dans toutes les langues. Le L.A.D. serait un dispositif qui analyserait le corpus environnant et les règles sous-jacentes à l'organisation de ce corpus.

Pour Chomsky, apprendre une langue, c'est construire la grammaire de la langue grâce au L.A.D. qui possède une structure interne innée. Différents arguments sont avancés par Chomsky en faveur de l'existence de ce dispositif :

  • le fait que l'homme est le seul animal qui peut apprendre le langage ;
  • l'enfant acquiert le langage malgré l'ensemble des phrases incomplètes et imparfaites qui sont formulées autour de lui, car le L.A.D. aurait la capacité d'exclure ces phrases agrammaticales ;
  • l'enfant peut apprendre n'importe quelle langue mais il n’apprend que la langue de son entourage ; apprendre le langage est donc une potentialité qui ne s'exprimerait que si l'enfant baigne dans un milieu linguistique.

Les facteurs explicatifs externes (Le Behaviorisme)

Pour d’autres auteurs, l’explication du développement de l’enfant se trouve dans l’intervention des facteurs externes ou exogènes. Il s’agit des béhavioristes. Les auteurs les plus connus sont Watson, Wundt, Osgood, Skinner, etc. Selon eux, les processus de maturation peuvent seulement limiter les acquisitions mais ils ne peuvent pas expliquer le développement.

Principes généraux du béhaviorisme

Pour les béhavioristes ou comportementalistes, la Psychologie est l'étude observable du comportement animal et humain. Ainsi, tout le vocabulaire touchant à l'âme, la conscience, l'esprit, l'attention, la mémoire, la volonté, l'intelligence, etc. est éliminé. La Psychologie devient l'étude fonctionnelle du comportement, c'est-à-dire que le comportement est fonction (au sens mathématique) du stimulus. Par exemple, si un enfant de 5 ans, à la naissance de sa petite sœur a des comportements de régression (redemander le biberon, faire pipi au lit, etc.), ces comportements régressifs s'expliquent, selon les béhavioristes, comme des comportements fonction (dépendants) de la situation (arrivée d'un nouvel individu dans la famille) et des antécédents (enfant choyé des parents pendant les cinq premières années de sa vie, unique préoccupation des parents, etc.).

La base du comportementalisme repose sur le couple stimulus-réponse (S-R), sans distinction :

  • entre les stimuli internes à l’organisme (les modifications organiques sous certaines conditions : manque de nourriture, etc.) et les stimuli externes (lumière, obscurité, bruit, froid, chaleur, etc.) ;
  • et entre les réponses explicites à l’organisme qui vont des plus simples (i. e., s'approcher d'une lumière, sursauter en entendant un bruit, procréer, etc.) à la plus complexe (i. e., construire une maison, écrire un livre, établir un parcours, etc.) et les réponses implicites (sécrétion salivaire, contractions de l'estomac vide, etc.).

L'individu est toujours en action : il marche, dort, écoute, pleure, rit, parle, pense, etc. Chacune de ses actions, ou réponses aux stimuli, met en jeu l'organisme entier. Il en est de même pour l’enfant : celui-ci est constamment en relation avec son environnement, et la compréhension de son développement se situe, d’une part, dans la compréhension des changements de l'environnement qui agissent comme stimuli et, d’autre part, dans la compréhension de l'interaction du comportement de l'enfant avec son environnement (milieu) qui peut être externe et/ou interne.

Selon les béhavioristes, les comportements innés sont très peu nombreux, alors que les comportements acquis (ou appris) constituent l’essentiel des conduites. Ces comportements résultent d’apprentissage. L’apprentissage est un « changement dans le comportement d’un organisme résultant d’une interaction avec le milieu et se traduisant par un accroissement de son répertoire. L’apprentissage se distingue des changements comportementaux survenant à la suite de la maturation de l’organisme qui constituent eux aussi des enrichissement du répertoire mais sans que l’expérience, ou l’interaction avec le milieu, ait joué un rôle significatif[18]. »

Les béhavioristes reconnaissent deux types d’apprentissage :

  • l’apprentissage classique (parfois appelé apprentissage pavlovien ) : un stimulus environnemental entraîne une réponse apprise, en associant un stimulus inconditionnel à un stimulus conditionnel auparavant neutre :
Avant le conditionnement :
Stimulus Inconditionnel → Réponse Inconditionnelle
Stimulus Neutre → Réponse Inconditionnelle
Pendant le conditionnement : Stimulus Neutre → Stimulus Inconditionnel → Réponse Inconditionnelle
Après le conditionnement : Stimulus Conditionnel → Réponse Conditionnelle


  • l’apprentissage opérant : l’environnement influence les comportement soit par :
    • renforcement
positif : le renforçateur positif rend l’apparition du comportement plus probable (i. e., la récompense : « comme tu as de bonnes notes, tu peux regarder la télé »)
négatif : le renforçateur négatif supprime la probabilité d’apparition du comportement (i. e., ranger sa chambre pour ne plus entendre les parents rouspéter),
    • punition
positive : le punisseur positif diminue la probabilité d’apparition du comportement (i. e., « la fessée (la fessée, comportement aversif qui favorise l’apparition de l’opérant, devenir sage) ; la contravention pour excès de vitesse »)
négative : le punisseur négatif implique la perte d’un renforçateur positif (i. e., « voir son permis retirer pour excès de vitesse ; interdire de regarder la télévision à un enfant qui a mal travaillé à l’école »).
L’apprentissage social ou apprentissage par observation

L’homme étant un être social, les chercheurs, à la suite de Bandura, vont considérer que l’apprentissage ne s’effectue pas uniquement sous l’effet de l’environnement physique mais surtout sous l’effet de l’environnement social. Bandura a donc mené un ensemble de recherches montrant que le sujet peut apprendre autrement que par essais et erreurs (par tâtonnements), c’est-à-dire qu’il peut apprendre un comportement sans l’avoir effectué lui-même ou, en termes béhavioristes, sans avoir été soumis lui-même à un quelconque renforcement. Pour cela, il lui suffit d’observer le comportement sur un modèle, c’est-à-dire sur autrui . L’observation du comportement d’autrui peut être directe (le sujet observe lui-même) ou indirecte (c’est-à-dire médiatisée par le langage - l’observation lui est rapportée).

Les associations qui déterminent l’apprentissage sont dues à l’observation simultanée des conditions d’apparition du comportement (stimulus) et des conséquences renforçatrices (renforcements positifs et négatifs et punitions positives et négatives) du comportement du modèle. C’est donc un renforcement par substitution, qui est appelé renforcement vicariant : si le modèle est récompensé (ou puni) après l’exécution de son comportement, il est fort probable que l’observateur reproduira (ou évitera) ce comportement lorsque des conditions semblables se reproduiront.

Le terme d’apprentissage vicariant (ou modelage) est à dissocier de l’imitation d’une part parce que le sujet est passif pendant l’observation du modèle, alors qu’il est actif dans l’imitation, et d'autre part, le sujet extrait les règles générales sur la façon d’agir sur l’environnement, alors que, dans l’’imitation, le sujet reproduit fidèlement le comportement du modèle.

Bandura considère que l’apprentissage par observation permet d’expliquer l’acquisition de pratiques sociales et politiques, de coutumes, voire de langues  : l’observateur extrait les caractéristiques communes des différentes réponses qu’il observe et formule des règles comportementales génératives qui lui permettent de les utiliser ultérieurement, voire de les dépasser.

Ce type d’apprentissage est économique car les savoirs et les savoir-faire qui guideront les actions ultérieures de l’enfant sont acquis rapidement (une seule observation suffit) et il est efficace car la reproduction du comportement observé peut se faire longtemps après l’observation et car, généralement, l’observation préserve l’individu contre des conséquences fâcheuses voire fatales.

La psychologie du développement de l'enfant selon les béhavioristes

Le courant béhavioriste considère qu'il y a une continuité phylogénétique et ontogénétique du comportement : l'étude de l'animal et celle de l'homme ne peuvent être disjointes et l'enfant n'a pas de spécificité. Les différences se situent au niveau de la complexité des comportements et au nombre d'habitudes déjà acquises, mais pas à un niveau qualitatif.

Les béhavioristes ne se sont pas centrés véritablement sur le développement de l’enfant puisqu’ils se placent dans une perspective phylogénétique et ontogénétique. Toutefois, Bijou (1984) propose un modèle théorique béhavioriste du développement de l’enfant. Le développement de l'enfant, sans avoir la notion de stade comme chez Piaget ou Wallon, se décompose en 3 phases principales :

  • la phase des fondations s'étend de la naissance à 2 ans. L'enfant est sous la contrainte de son immaturité organique. Mais, en fonction de ses apprentissages progressifs, il explore son environnement. Des comportements opérants élémentaires se mettent en place (i. e., contractions de l’estomac - pleurs - préparation du biberon - prise du biberon - satiété ; puis, à force de répétition, l’enfant comprend que ses pleurs font intervenir l’adulte) ;
  • la phase dite de base va de 2 à 6 ans. Le développement organique s'opère et permet à l'enfant d'interagir plus facilement avec son environnement physique et familial. Les bases des répertoires comportementaux (habileté motrice, intelligence, langage, personnalité) sont mises en place et se développeront jusqu'à l'âge adulte ;
  • le stade social de 6 ans à l'âge adulte permet l'évolution des répertoires comportementaux de la phase précédente. L'enfant sort de son milieu familial et son environnement social s'en trouve modifié (école, centre de vacances, amis, etc.).

Interaction des facteurs internes et externes

D'après les béhavioristes, l'enfant naît avec quelques dispositions innées qui s'expriment tout au long de la vie, mais son développement de l'enfant s'explique par une succession d'apprentissages de plus en plus complexes. À l'inverse, les maturationnistes considèrent qu'il y a un préformisme biologique qui rend compte de l'évolution de l'enfant. Les théories actuelles sont en fait au centre de ces deux positions extrémistes : il est vrai qu'il existe un équipement bio-neuro-physiologique et que les étapes du développement sont programmées, que d'autres étapes s'expliquent par les mécanismes d'apprentissage et les contraintes environnementales, mais pour beaucoup d'auteurs (Piaget, Wallon, Bruner, etc.), le développement psychologique de l'enfant s'explique par l’interaction des facteurs endogènes et exogènes. Ne rendre compte du développement psychologique de l'enfant que par la prise en compte des facteurs internes ou encore innés, ou que par des facteurs externes ou acquis est un mauvais modèle. Mais il est impossible de chiffrer la part des uns et la part des autres, la question d’ailleurs n’a pas de sens (cela revient à déterminer ce qui de la largeur ou de la longueur rend compte de la surface d’un rectangle). On ne peut qu'affirmer que les deux types de facteurs interviennent dans l'évolution psychologique de l'enfant.

Dans le cadre de ce chapitre, nous prendrons deux exemples pour illustrer la position des chercheurs qui comprennent le développement comme une interaction entre les facteurs internes et externes : celui de Piaget et celui de Bruner.

Piaget

Pour Piaget, le développement psychologique de l’enfant s’explique par un processus de construction psychologique (d'où l'appellation constructiviste). En d'autres termes, la structure psychologique de l'enfant va se transformer, évoluer, sous l'action de l'enfant lui-même.

Selon Piaget, quatre facteurs fondamentaux interviennent conjointement dans le développement de l'enfant :

La maturation organique

Elle concerne le système nerveux et les systèmes endocriniens. Certaines conduites sont sous la dépendance de la maturation de ces systèmes et ce pendant tout le développement psychologique de l'enfant. Toutefois si la maturation est nécessaire, elle n'est pas suffisante. La maturation fournit seulement la possibilité d'agir. Il y a une potentialité d'action grâce à la maturation et à la coordination de certains appareils neuroniques qui doit être révélée par l'exercice. À la maturation soit s’ajouter l’exercice. Ainsi, l'exercice permettra ou non d'accélérer les acquisitions selon l'influence du milieu physique et social (cf. l'exemple sur la précocité de la préhension fine chez les enfants africains), sans pour autant bouleverser la succession des étapes. Si la maturation n'explique pas tout, en revanche elle intervient lourdement dans l'ordre invariant de la succession des stades du développement. C'est donc un facteur parmi d'autres, déterminant mais non unique, pour expliquer le développement de l'enfant.

L'exercice et l'expérience acquise des objets

L’exercice permet l’acquisition de connaissances relatives aux objets et aux relations qu’ils entretiennent entre eux, il permet donc l’expérience acquise des objets. Il s'agit dans la conception piagétienne de l'expérience physique et non de l’expérience sociale. Selon Piaget, il y a deux types d'expériences :

  • L'expérience physique : l'enfant agit sur les objets ; de cette manipulation, il extrait les propriétés de l'objet (par exemple, un ballon roule, un cube ne roule pas ; deux poids sont indépendants de leur volume : un kilogramme de plumes est équivalant à un kilogramme de plomb, etc.). L'expérience physique met déjà en relation les objets. Elle succède donc à l'expérience logico-mathématique.
  • L'expérience logico-mathématique : l'enfant agit sur les objets et en découvre non plus les propriétés physiques, mais le résultat des coordinations de ses actions (par exemple, l'enfant, en manipulant des cubes, des billes, des allumettes, découvre que quelle que soit la place que les objets occupent dans l'espace, leur somme est toujours la même).

Il ne s'agit pas ici d'expérience au sens de l'action du milieu extérieur sur le sujet (comme chez les béhavioristes) mais de l'action du sujet sur les objets extérieurs. C'est le sujet lui-même qui construit son action pour acquérir la connaissance des objets et des relations entre les objets. Piaget appelle sa théorie le constructivisme car c’est l’enfant qui construit ses propres connaissances. Il est moteur dans le développement.

Le facteur des interactions et des transmissions sociales

Comme l'exercice et l'expérience acquise, la socialisation relève de la participation active de l'enfant. C'est lui-même qui contribue à sa structuration. Mais celle-ci n'est possible, selon Piaget, que si les instruments opératoires (cf. cours 2) sont mis en place. C’est la partie le facteur le moins développé par Piaget et aussi le plus critiqué.

Le processus d'équilibration

Le développement de l'enfant n'est pas uniquement dû aux trois facteurs, exposés précédemment, qui agiraient de façon « disparate », selon l'expression de Piaget. Ils ont chacun une structure mais ils sont coordonnés. C'est le processus d'équilibration qui assure la cohésion entre eux trois.

Chaque progrès, étape, stade repose sur les précédents et détermine les suivants. Il y a une construction progressive de plus en plus complexe. Le passage d'un stade à un autre se fait sous l'influence d'un mécanisme interne (mais pas inné) appelé « processus d'équilibration ». Le niveau cognitif de l'enfant détermine sa représentation du réel qui correspond à un certain équilibre. Mais les nouvelles expériences et les nouvelles acquisitions de l'enfant vont déstabiliser sa représentation. Il y a un déséquilibre qui s'opère. L'enfant doit donc rétablir un nouvel équilibre qui puisse rendre compte de ses nouvelles expériences et acquisitions (nouvel équilibre qui sera lui aussi à un moment donné détruit sous l'influence des acquisitions et expériences à venir). Le processus d'équilibration permet donc l'intégration progressive de la connaissance, toujours sous l'action de la participation active du sujet. L'activité cognitive de l'enfant est une auto-construction qui n'est jamais terminée.

L’équilibration repose sur deux concepts fondamentaux : l'assimilation et l'accommodation.

L'organisme « assimile » de nouvelles connaissances, de nouveaux schèmes. Un schème est une structure d’actions intérieures du sujet, « telles qu'elles se transfèrent ou se généralisent lors de la répétition de ces actions en des circonstances semblables ou analogues » (Pieron, 1987). À partir des schèmes réflexes qui existent à la naissance, l’enfant répète ces schèmes sur des objets différents et assimile les propriétés de ces objets. De ce fait, les schèmes se modifient et se complexifient en fonction des réponses variées et multiples que le bébé rencontre. C’est par ces schèmes que l’enfant part à la découverte du monde qui l’entoure. Face à une situation nouvelle, le bébé utilise les schèmes d’action qu’il possède et en tire des conséquences (propriétés des objets, de la situation, etc.), c’est-à-dire des connaissances. Ces connaissances ne sont pas intégrées, copiées comme telles, mais « assimilées » dans le sens physiologique, c'est-à-dire transformées, converties (comme le corps peut assimiler la nourriture après que l'estomac l'a transformée). L’assimilation est une « activité mentale qui consiste à incorporer un objet ou une situation à un schème mental ». Il va sans dire que le sujet n'assimile que les connaissances sur lesquelles il agit.

Mais cette assimilation n'est pas toujours suffisante et elle est parfois impossible, notamment lors des conflits cognitifs. Piaget fait alors appel à un second concept : l’« accommodation ». C'est une activité mentale pendant laquelle l'enfant transforme un schème initial pour l'adapter à la nouvelle situation. En effet, le schème initial utilisé pour découvrir les caractéristiques de la situation ou de l’objet nouveau, est inadéquat et ne permet pas de retrouver les éléments déjà connus. Le bébé doit donc modifier le schème, c’est-à-dire l’accommoder de façon à pouvoir connaître cette nouvelle situation ou ce nouvel objet. Lorsque le schème aura été accommodé, le bébé pourra assimiler ensuite des connaissances nouvelles lors de situations ou d’objets analogues.

L'évolution du développement de l'enfant repose sur ces 2 concepts fondamentaux. Ils permettent d'expliquer le passage d'un stade à l'autre, le développement étant conçu par Piaget comme une succession de trois stades principaux (stade sensori-moteur, stade des opérations concrètes, stade des opérations formelles, chacun subdivisé en plusieurs sous-stades). Le passage de l'un à l'autre est plus ou moins rapide selon les facteurs du développement mais la succession est toujours identique.

Par exemple, lors des expériences sur la conservation de la matière, du poids ou du volume, trois types de réponses sont observés chez l’enfant :

  • Lors du stade de non-conservation, la matière, le poids et le volume diffèrent en fonction de leur forme. L'enfant est sûr de ses réponses qui ne varient pas, même lorsque l’expérimentateur essaie de lui faire prendre conscience de ses contradictions.
  • Lors du stade intermédiaire, il y a parfois conservation de la matière, du poids, du volume lors de certaines déformations, mais lors des déformations inverses, il n'y a plus de conservation. L'enfant prend conscience de la fluctuation de ses réponses, il hésite, ses réponses varient d'un moment à l'autre de l’épreuve. Il s'agit d’un stade intermédiaire, où l’enfant prend conscience de ses conflits cognitifs. L'organisme psychique doit donc modifier les schèmes préalablement établis, c'est-à-dire les « accommoder » à la nouvelle réalité.
  • Lors du stade de la conservation, la conservation est acquise, quelles que soient les déformations, l'enfant est sûr de lui et ne se trompe pas, les réponses aux questions relatives à la conservation lui paraissent évidentes . L’équilibration est atteinte.
Bruner
Conception théorique générale

La théorie de Bruner, dite « instrumentalisme évolutionniste », se situe dans une perspective phylogénétique et ontogénétique :

  • évolutionniste car, selon Bruner, le niveau des connaissances actuelles de l'espèce humaine ou des espèces humaines (ici intervient la notion de différences culturelles) est une suite d'évolutions et de sélections au niveau phylogénétique. Le développement résulte de progrès technologiques successifs : ainsi la bipédie a libéré les membres supérieurs et donc a permis l'utilisation d'outils. Le cerveau et plus particulièrement le cortex en ont été profondément modifiés
  • instrumentalisme car les capacités humaines se sont amplifiées sous l'usage de plus en plus sophistiquées des outils (radar, bicyclette, voiture, marteau, etc.) et des connaissances (techniques mais aussi formelles comme le langage, les lois des mathématiques, de la physique, de la chimie, etc.) qui ont été conservées grâce à leur transmission de génération en génération.

Bruner accorde de l'importance aux facteurs innés dans le développement cognitif de l'enfant. Selon lui, l'enfant possède des capacités qui ont été sélectionnées au fil du temps, par l'évolution phylogénétique. Ces capacités ou habiletés lui permettent de pouvoir utiliser les connaissances et techniques qui sont utilisées dans sa culture. Il y a une prédisposition innée (biologique) à l'utilisation de ces connaissances techniques, c'est-à-dire que l'enfant est équipé de moyens tels qu'il peut avoir une représentation de l'expérience.

Mais le rôle de l'environnement est primordial dans le développement cognitif de l'enfant, les prédispositions innées n'expliquent pas tout et le rôle de l'acquisition est important. Selon Bruner, c'est parce que l'enfant naît dans un milieu culturel particulier, qu'il va accroître ses capacités. En effet, ses acquisitions sont dirigées par la culture à laquelle il appartient, c'est elle qui fournit à l'enfant les moyens de se développer en actualisant ses potentionnalités innées, elle lui transmet ses connaissances. L'enfant n'invente pas les différentes techniques issues des connaissances, ou ne les réinvente pas, c'est le milieu qui les lui fournit (par exemple, c'est l'entourage qui sollicite l'enfant à parler et lui permet d'acquérir le langage) : il reçoit de la culture les connaissances (techniques) qu'elle véhicule.

Pour Bruner, la caractéristique de l'homme est la capacité d'apprendre, contrairement à certains mammifères ou mêmes animaux qui, lorsqu'ils ont fait un progrès quelconque, ne peuvent pas le transmettre à leurs congénères (pas de capacités d'imitations, etc.). Ils réitèrent à chaque génération les mêmes conduites alors que l'homme conserve et transmet ses apprentissages.

Le développement de l'enfant est donc conçu comme une accumulation de connaissances, l'enfant est réceptif au monde extérieur (ses capacités innées l'aident), il intériorise les techniques extérieures. C'est cette intériorisation qui constitue le moteur du développement cognitif de l'enfant, alors que pour Piaget, c'est l'action du sujet sur le monde extérieur et sa capacité à coordonner ses actions.

L'enfant n'emmagasine pas la connaissance telle qu'on la lui présente, il l'intériorise, l'organise et la maîtrise. Il s'agit alors de savoir comment s'effectue cette intériorisation. Selon Bruner, elle relève du dialogue entre l'enfant et l'adulte (enfant-adolescent, enfant cadet-enfant aîné, etc.), où l'enfant émet une action (gestuelle ou verbale) en fonction de son niveau cognitif. Cette action est comprise par l'adulte qui la modifie, l'élargit, la confirme. L'adulte (souvent à son insu) enseigne à l'enfant qui compare sa production au modèle que lui fournit l'adulte. Lors d'absence de dialogue adulte-enfant, les capacités potentielles de l'enfant ne peuvent pas s'actualiser, il y a une "déprivation" du développement qui peut être irréversible. Selon Bruner, l’adulte est équipé d’un L.A.S.S. (Language Acquisition Support System), c’est-à-dire d’un système qui sert de support au cours des acquisitions de l’enfant et de son développement. À ce propos, Bruner parlera d’étayage, de guidage de l’adulte pour aider l’enfant dans ses acquisitions. De nombreux travaux ont rendu compte de cette activité d’étayage dans différents domaines de la psychologie et de la didactique. Par exemple, lors de la résolution d’un problème, comme la réalisation d’un puzzle, l’adulte permettra à l’enfant de réaliser ce puzzle en lui donnant les bonnes pièces, en les orientant dans le bon sens, etc., de façon à faciliter la tâche de l’enfant et à lui permettre de la réussir. Il aménage la tâche en décomposant par exemple le but en sous-buts, et en s’adaptant au niveau de l’enfant.

Représentation de l'expérience

Au cours du développement de l'enfant, Bruner repère trois modes de représentation de l'expérience qui se succèdent en fonction de la maîtrise et de l'intériorisation des techniques d'élaboration de l'information. Chacun de ces niveaux s'appuie sur le (les) précédent(s), mais les dépasse car il est plus puissant :

  • La représentation active (enactive) dispose de techniques motrices. La représentation est inscrite dans les aires cérébrales motrices (par exemple, les mots sont insuffisants pour apprendre à marcher, à faire de la bicyclette, etc., il faut s'exercer, le corps apprend par l'exercice à se positionner dans l'espace, à maintenir l'équilibre, etc.). Le schéma stimulus-réponse est particulièrement bien adapté à l'acquisition de ce type de représentation. Ces événements moteurs sont donc représentés de façon active dans les aires corticales qui commandent les muscles. C'est une représentation importante chez le jeune enfant.
  • La représentation imagée (iconic) résulte de l'organisation de perceptions et d'images issues du champ perceptif. Les objets acquièrent une réalité indépendante de l'action que l'on peut porter sur eux, ils existent en dehors du champ perceptif (c'est ce que l'on appelle la permanence de l'objet : lorsque le jouet du bébé tombe, celui-ci se met à pleurer pour qu'on le lui ramasse, l'absence de l'objet est ressentie). Il y a donc une représentation, une image de l'objet. Cette représentation perdure lors de la représentation symbolique (par exemple, un adulte préfère s'orienter avec un plan plutôt qu'avec des descriptions verbales). Bruner fait appel à la Gestalt-Théorie pour expliquer l'accession au niveau iconique.
  • La représentation symbolique (symbolic) est non seulement arbitraire car il n'y a pas de rapport entre la chose et son support symbolique (par exemple, il n'y a pas de rapport entre l'objet sur lequel on s'assoit et la chaîne acoustique « chaise », ni entre la graphie « 3 » et le nombre que ce chiffre comprend), mais éloignée dans l'espace et dans le temps de l'objet (on n'a pas besoin de voir de montrer l'objet pour en parler, ni même d'avoir été présent à une situation comique pour en comprendre la dimension comique et en rire). La représentation symbolique permet de manier le réel et l'irréel.

Ces trois systèmes de représentation ne constituent pas des stades (on peut apprendre à faire du vélo après avoir appris à parler ou à résoudre des équations), ils coexistent et permettent à l'enfant de se développer et d'acquérir des techniques de plus en plus élaborées.

Personnalités

  • Alfred Binet – médecin et juriste français
  • James Baldwin – philosophe et théologien américain
  • Jerome Bruner – psychologue Américain
  • Erik Erikson – psychanalyste allemand, émigré aux États-Unis (1902-1994)
  • Sigmund Freud – psychanalyste autrichien
  • Stanley Hall – psychologue américain
  • Jean Piaget – psychologue suisse
  • Lev Vygotski – psychologue russe
  • Donald Winnicott – pédiatre et psychanalyste anglais
  • Henri Wallon – psychologue, philosophe, neuropsychiatre et homme politique français
  • Carl Rogers - psychologue humaniste américain

Notes et références

  1. La fin du XXe siècle a vu l'émergence de la génétique du comportement, qui étudie comment le comportement (et la psychologie) est influencé par la génétique.
  2. Neurogenesis in adult primate neocortex: an evaluation of the evidence" Nat. Rev. Neurosci. 3, 65-71 January 2002
  3. cf. schéma de Tourrette, repris in Bideaud et al., p. 159)
  4. La rencontre entre le patient et le psychologue est le fondement de la méthode, l'intention peut ne pas être thérapeutique ou scientifique ; cf. Winnicott, 1972
  5. Pour illustrer cette méthode, reprenons l’exemple présenté in Inhelder et Piaget (1955, cité in Hurtig et Rondal, 1986, p. 188-189) : L’expérimentateur présente à l'enfant 5 bocaux : A-B-C-D-E. Lorsqu’il mélange les solutions des bocaux A, C et E, il obtient une couleur rouge. B est de l’eau pure et D est un décolorant. Le problème posé à l'enfant est d’obtenir la couleur rouge et expliquer le rôle de B et D. Avant 12 ans, les enfants associent 2 à 2 les couleurs puis il les associe au hasard et ils échouent. À partir de 12 ans, ils réalisent toutes les combinaisons possibles (combinaisons de 2, 3, 4 et 5 éléments) et réussissent à trouver la réponse
  6. Hurtig et Rondal, 1986, p. 188
  7. O. Houdé, La Psychologie de l'enfant, 2e éd., Puf, « Que sais-je ? », 2005.
  8. La notion de quotient intellectuel sera introduite un peu plus tard : elle détermine l’écart entre l'âge mental (obtenu par la réussite aux items) et l'âge réel du sujet examiné.
  9. Dictionnaire de Psychologie, 1991, p. 421
  10. Gesell, 1943, p. 60
  11. Wallon, 1941
  12. Par exemple, lors des premiers mois de la vie, l’enfant est centré sur la satisfaction de ses besoins et il est en symbiose avec sa mère ; à 3 ans, il s’oppose à autrui de façon à déterminer sa personne par rapport à celle d’autrui (sortir de la symbiose qu’il avait avec sa mère, affirmer son indépendance d’action par rapport à autrui) ; à l’adolescence, il se pose des questions relatives à son existence, sa personnalité, ses désirs, etc. (« Qui suis-je ? », « Que vais-je devenir ? »)
  13. Par exemple, l’enfant de 3 ans cherche à déterminer les causes de chaque événement (« Pourquoi ceci ? Pourquoi cela ? »), au stade catégoriel, outre les acquisitions scolaires, l’enfant acquiert des connaissances multiples qui révèlent ses intérêts propres et sa personnalité
  14. Par le dessin l’enfant atteste d’une réalité qui existe mais qui n’est pas présente au moment où il dessine. L’outil le plus performant est encore le langage. Par le langage on peut attester que quelque chose existe même s’il n’est pas présent. L’enfant est capable de parler à un inconnu et de se faire comprendre par un inconnu, vers l’âge de trois ans. Le langage évolue avec des structures syntaxiques et les connaissances vont venir très progressivement. L’enfant en peut penser qu’en fonction de ce qui existe ou de ce qui est réel.
  15. Vygotski, 1933-1934, in Schneuwly et Bronckart, 1985, p. 111
  16. Dictionnaire de psychologie, 1991, p. 421
  17. Pieron, 1987, définition de la maturation de Gesell
  18. Richelle, 1991, p. 49

Annexes

Articles connexes

Psychologie humaniste | Assertivité | Estime de soi | Timidité | Empathie | Perception

Bibliographie

  • Bee, Helen, et Boyd, Denise, Les Âges de la Vie: psychologie du développement humain, 4e édition, adapt. par François Gosselin & Monique Tremblay, ERPI, St-Laurent (Québec, Canada), 2011.
  • Bernicot, J., Veneziano, E., Musiol, M. & Bert-Erboul, A. (Eds.) (2010). Interactions verbales et acquisition du langage. Paris: l’Harmattan.
  • Bernicot, J.& Bert-Erboul, A. (2009). L’acquisition du langage par l’enfant. Paris: Éditions In Press.
  • Sr Pascale-Dominique Nau Maturité psychologique et maturité spirituelle(Rome: Lulu.com, 2009)

Lien externe

  • Film pédagogique ancien en ligne ; « L'Éveil du tout-petit – des collectivités en mouvement » de Danielle Rapoport / Janine Levy, SFRS/CERIMES 1987, 23 min
  • Portail de la psychologie
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