Pigeon biset
Columba livia
Règne | Animalia |
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Embranchement | Chordata |
Sous-embr. | Vertebrata |
Classe | Aves |
Ordre | Columbiformes |
Famille | Columbidae |
Genre | Columba |
Columba livia
Gmelin, 1789
Statut de conservation UICN
LC : Préoccupation mineure
Le Pigeon biset (Columba livia) est une espèce d'oiseaux de la famille des Columbidés. C'est l'espèce qui comprend le pigeon domestique et la plupart des pigeons des villes[1] mais qui subsiste également comme oiseau sauvage dans son milieu naturel original : les falaises et autres milieux rocheux. Le type domestique est différent du type sauvage.
L'espèce (Columba livia) a donné naissance à de nombreuses races élevées pour la chair, l'ornement ou la course (pigeon voyageur).
À l'état sauvage
L'espèce est présente à l'état sauvage sur tous les continents. De nombreuses sous-espèces ont été décrites, les possibles croisements avec les populations férales rendant la situation confuse.
D'après la classification de référence (version 5.2, 2015) du Congrès ornithologique international, cette espèce est constituée des sous-espèces suivantes (ordre phylogénique) :
- Columba livia livia Gmelin, 1789
- Columba livia gymnocycla G. R. Gray, 1856
- Columba livia targia Geyr von Schweppenburg, 1916
- Columba livia dakhlae Meinertzhagen, 1928
- Columba livia schimperi Bonaparte, 1854
- Columba livia palaestinae Zedlitz, 1912
- Columba livia gaddi (Zarudny & Loudon, 1906)
- Columba livia neglecta Hume, 1873
- Columba livia intermedia Strickland, 1844
Domestication
Le pigeon est domestiqué depuis la Préhistoire[réf. souhaitée]. Les colombiers de l'époque romaine, cités par Pline l'Ancien dans son Histoire Naturelle ont pour l'essentiel disparu, mais les colombiers européens construits du Moyen Âge au XIXe siècle constituent encore à eux seuls un patrimoine architectural, d'une variété de formes et de décorations qui n'a pas d'équivalent pour les basses-cours ou autres bâtiments d'élevage, hormis les écuries.
Pigeon messager
Le pigeon a en effet connu d'importantes fonctions commerciales et militaires, jouant jusqu'en 1918 un rôle important, voire essentiel pour la transmission des messages stratégiques. Il semble d'ailleurs que les Chinois, les Égyptiens, les Perses, et les Grecs aient très tôt appris à profiter de l'instinct remarquable qui ramène au pigeonnier le pigeon domestiqué. Les pigeons voyageurs sont ainsi devenus vecteurs et porteurs d'importants messages qui ont changé le cours de campagnes militaires, d'histoires d'amour ou du pouvoir et des complots. Ils ont aussi été utilisés pour le commerce et pour la spéculation financière. Ils se nourrissent essentiellement de graines, de fruits et plus rarement de quelques insectes.
Des esclaves ou serviteurs, puis des soldats spécialisés ont été affectés à l'élevage, aux soins et au transport des pigeons messagers. Pour abriter et élever ses pigeons, l'empire romain a construit de nombreux et énormes pigeonniers pouvant abriter 4 000 à 5 000 pigeons chacun. Les messages pouvaient être codés, ou c'est simplement le pigeon qui pouvait porter un objet (ruban coloré) ou être lui-même teint pour annoncer une nouvelle. Au siège de Modène par Marc Antoine, en 43 av. J.-C., le consul Hirtius est réputé pour avoir fait parvenir à Decimus Brutus, commandant de la ville, un message attaché au cou d'un pigeon auquel Decimus Brutus a répondu par un message attaché à la patte d'un autre pigeon. Pline l'Ancien dans son Histoire Naturelle évoque la moindre utilité des remparts, sentinelles et sièges alors qu'on « peut faire parvenir des nouvelles à travers l'espace ».
Les croisés ont voyagé avec un véritable service rapide, aéropostal avant l'heure, assuré par des pigeons. Les pirates et corsaires en auraient utilisé.
Une difficulté du système est qu'il faut posséder des pigeons élevés dans le pigeonnier du destinataire. Il peut également arriver que le pigeon meure en route, éventuellement sous les serres du faucon dressé à la chasse, c'est pourquoi les messages importants étaient envoyés en plusieurs copies par différents pigeons.
Après les pigeons de la guerre de 1870, le pigeon de 1914-1918 a encore joué une fonction importante, mais qui s'est presque éteinte avec le développement des transmissions par voie électrique (télégraphe, téléphone) puis hertziennes ou mixtes, liées au réseau Internet ou au téléphone portable. Néanmoins on peut citer le « Project Pigeon » (Projet Pigeon) qui lors de la Seconde Guerre mondiale, était destiné à utiliser des pigeons dressés pour guider un missile. De nombreuses armées entretiennent toujours un petit nombre de pigeons voyageurs, qui servent aussi parfois au sauvetage (en mer par exemple).
Lors de la révolution industrielle, il est au XIXe siècle devenu un animal de concours choyé par de nombreuses associations colombophiles (environ 10 000 adhérents pour la seule région Nord-Pas-de-Calais en France à la fin du XXe siècle, et autant de l'autre côté de la frontière).
Pigeon siffleur
À Pékin sont élevés des pigeons siffleurs utilisés dans des spectacles d'acrobaties aériennes et sonores. Le son provient en fait des sifflets traditionnellement réalisés en bambou et attachés à leurs queues. Aujourd'hui, cette tradition millénaire recule avec la disparition des pigeonniers et des colombophiles passionnés (au profit de quelques riches éleveurs professionnels installés dans les banlieues), conséquence de la destruction des anciens quartiers de la capitale suite à la spéculation immobilière[2].
Les pigeons des villes
Des pigeonniers militaires, seigneuriaux ou d'abbayes, puis des élevages amateurs, en particulier de pigeons voyageurs, le pigeon a colonisé les villes. Il y est maintenant un hôte caractéristique, et ses populations denses et sédentarisées posent parfois problème. Commensal de l'Homme, il doit depuis quelques décennies affronter la concurrence croissante des étourneaux sansonnets et des laridés (mouettes, goélands…) qui ne partagent cependant pas tout à fait sa niche écologique.
C'est une espèce qui d'après la mesure des taux de métaux lourds de ses plumes semble géographiquement peu mobile[3].
Espèces
Les pigeons de ville sont pour la plupart des pigeons bisets, (90 % à Paris) les autres espèces étant le Pigeon ramier (9 %) et le Pigeon colombin (1 %)[4]. On trouve aussi de plus en plus la Tourterelle turque, plutôt dans les parcs, et en milieu semi-urbain ou péri-urbain, cette dernière n'est pas classée comme nuisible en France
Les pigeons bisets nichent dans des cavités de bâtiments. Leurs populations sont issues principalement sinon exclusivement d'animaux d'élevage ayant échappé au contrôle de l'homme (phénomène de marronnage). Ceci est mis en évidence par leurs phénotypes variés qui reflètent fréquemment des caractères sélectionnés chez certaines races domestiques (coloris blanc, roux, pigeon cravaté…). Certains sujets montrent cependant un phénotype tout à fait sauvage.
Les autres espèces sont issues de populations sauvages qui ont colonisé le milieu urbain.
Le pigeon ramier est de plus grande taille et niche dans les arbres des parcs et jardins.
Perception par les citadins
Les pigeons de ville sont diversement appréciés. Leur présence ancienne fait qu'ils font souvent partie de la tradition d'un lieu, comme la place Saint-Marc à Venise. Un certain nombre d'habitants y sont attachés, prennent plaisir à les nourrir ou à les observer, tandis que d'autres développent une aversion voire une phobie à leur égard.
Le rat du ciel : c'est ainsi qu'il est surnommé dans certaines grandes villes de France.
La montée du risque pandémique lié au virus H5N1 de la grippe aviaire de 2003 à 2006 a justifié dans de nombreux pays une interdiction de nourrir les pigeons. En Indonésie, après des épisodes de mortalité de pigeons, certains groupes de pigeons ont été abattus et brûlés. Sachant qu'un oiseau malade peut contaminer par ses excréments et son sang, les tirer au fusil n'était probablement pas la meilleure solution. Il aurait mieux valu les piéger ou les endormir avec des appâts traités. En France en 2005, les rassemblements d'oiseaux ou leur vol en liberté ont été interdits, avec certaines dérogations pour les pigeons.[réf. nécessaire] Certaines métropoles interdisent de nourrir les pigeons, sauf en cas d'élevage.
Nuisances
Le pigeon de ville et principalement le biset (100 000 à Paris[réf. nécessaire]), est responsable de nombreux maux et nuisances[5] :
- émission de fientes (odeurs) et de particules allergènes ;
- transport et transmission de maladies (bactéries, parasites, virus, dont, a priori rarement, celui de la grippe aviaire). La crainte de maladies transmises par des pigeons n'est pas nouvelle : En 1714, selon les chroniqueurs de l'époque, les pigeons de Paris ont été décimés par une maladie nommée « petite vérole ». On a décidé de tuer tous les survivants, croyant « qu’ils transportaient le virus chez les Hommes et les brebis ». Jean Blancou estime rétrospectivement qu'il pourrait s'agir d'un cas de grippe aviaire ;
- leurs nids sont réputés pour attirer rats et insectes, lesquels pourraient également transmettre des maladies ;
- nuisances sonores sur les toits des habitations ;
- dégradation des monuments par l'acidité des fientes et la salissure.
Régulation de la population
Diverses méthodes de régulation de sa population sont utilisées en ville :
- réduction de la quantité de nourriture apportée : interdiction de nourrissage ;
- empoisonnement ;
- chasse, piégeage au filet (cela est de moins en moins utilisé car dangereux et mal perçu par les habitants) ;
- introduction ou protection de rapaces, fauconnerie (effarouchement) ;
- mise en place de pigeonniers contraceptifs, dans lesquels il est plus facile d'attirer les pigeons et d'en contrôler la natalité et la santé ;
- stérilisation de pigeons, via chirurgie vétérinaire ou chimique avec de la nourriture.
Élevage
Notes et références
- ↑ (fr) « Pigeon biset - Columba livia - Common Pigeon », sur www.oiseaux.net (consulté le 3 décembre 2010)
- ↑ Documentaire sur Arte « Pékin, sur les ailes des pigeons siffleurs », ZDF, 2013
- ↑ (en) Adrien Frantz, Marie-Anne Pottier, Battle Karimi, Hélène Corbel, Emmanuel Aubry, Claudy Haussy, Julien Gasparini et Maryse Castrec-Rouelle, « Contrasting levels of heavy metals in the feathers of urban pigeons from close habitats suggest limited movements at a restricted scale », Environmental Pollution, vol. 168, , p. 23-28 (DOI 10.1016/j.envpol.2012.04.003, résumé)
- ↑ (fr) « Les pigeons à Paris », sur pariscestnous.canalblog.com (consulté le 3 décembre 2010)
- ↑ (fr) « Maladies et insectes lies aux pigeons », sur www.s-e-v.be (consulté le 3 décembre 2010)
Références
- Référence Congrès ornithologique international : (en)
- Référence Avibase : Columba livia (+ répartition) (fr+en) (consulté le 1er juillet 2015)
- Référence Alan P. Peterson : Columba livia dans Columbiformes (en)
- Référence CITES : taxon Columba livia (sur le site du ministère français de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement) (fr) (consulté le 1er juillet 2015)
- Référence Fauna Europaea : Columba livia (en)
- Référence INPN : Columba livia Gmelin, 1789 (+ statut + description) (fr)
- Référence Animal Diversity Web : Columba livia (en)
- Référence NCBI : Columba livia (en)
- Référence UICN : espèce Columba livia Gmelin, 1789 (en) (consulté le 1er juillet 2015)
- Référence GISD : espèce Columba livia Gmelin, 1789 (en)
Voir aussi
Articles connexes
- Pigeons de la guerre 1914-1918
- Pigeon | Pigeon voyageur
Bibliographie
- del Hoyo J., Elliott A. & Sargatal J. (1997) Handbook of the Birds of the World, Volume 4, Sandgrouse to Cuckoos. BirdLife International, Lynx Edicions, Barcelona, 679 p.
- Prin J. & G. (1997) Encyclopédie des Colombidés. Éditions Prin, Ingré, 551 p.
Liens externes
- (fr) Association Lapalomatriste - protection et traitement éthique des pigeons des villes
- (fr) Histoire de la poste [PDF]
- (fr) Article de Libération sur la polémique que déclenche le pigeon en ville
- « Le pigeon voyageur »
- Portail de l'ornithologie