Passage du calendrier julien au calendrier grégorien
Le passage du calendrier julien au calendrier grégorien n'eut pas lieu au même moment partout dans le monde, ce qui n’a pas manqué de causer des confusions. Demandée par le concile de Trente, la réforme intervint au moment des guerres de religion ; le refus d’adopter le nouveau calendrier était principalement fondé sur une opposition politico-religieuse à la papauté. Il fut principalement le fait des États protestants et du monde orthodoxe dans son ensemble.
Différences entre les calendriers julien et grégorien
Dans le calendrier julien, tous les millésimes multiples de quatre sont des années bissextiles, ce qui produit un décalage d’environ 3 jours par 400 ans par rapport à l’année astronomique. Dans le calendrier grégorien, les années séculaires ne sont normalement pas bissextiles (on parle alors d'« années communes »). Les années 1700, 1800 et 1900 furent donc bissextiles dans le calendrier julien et communes dans le calendrier grégorien[1]. Par contre, les millésimes multiples de 400 (1600, 2000, 2400, 2800, 3200. etc.) sont bissextiles dans les deux calendriers[2].
Le calendrier julien « retarde » par rapport au calendrier grégorien. Ce retard était de 10 jours lors de l'instauration du calendrier grégorien en 1582. Du fait que les années séculaires ne sont normalement pas bissextiles dans le calendrier grégorien, le retard du calendrier julien s'accroit d'un jour par siècle, sauf à la fin des XVIe et XXe siècles. Le retard est actuellement de 13 jours[3].
Nombre de jours à ajouter au calendrier julien pour rattraper le calendrier grégorien
- avant mars 1700 : 10 jours (comme en 1582, car 1600 est bissextile : il y a eu un dans le calendrier grégorien également) ;
- mars 1700 - février 1800 : 11 jours (car 1700 fut une année commune : il n'y a pas eu de 29 février 1700 dans le calendrier grégorien) ;
- mars 1800 - février 1900 : 12 jours (car il n'y a pas eu de 29 février 1800) ;
- mars 1900 - février 2000 : 13 jours (car il n'y a pas eu de 29 février 1900) ;
- mars 2000 - février 2100 : 13 jours (car l'an 2000 fut bissextile : il y a eu un ) ;
- mars 2100 - février 2200 : 14 jours (car l'année 2100 sera commune) ;
- mars 2200 - février 2300 : 15 jours (car l'année 2200 sera commune) ;
- mars 2300 - février 2400 : 16 jours (car l'année 2300 sera commune) ;
- mars 2400 - février 2500 : 16 jours (car l'année 2400 sera bissextile) ;
- mars 2500 - février 2600 : 17 jours (car l'année 2500 sera commune).
Le changement du calendrier modifie seulement les dates (le quantième) et non les jours de la semaine. Lors de l'instauration du calendrier grégorien par exemple, le jeudi a été suivi par le vendredi [2].
L'ajustement grégorien
En 1582, le pape Grégoire XIII décida dans la bulle Inter gravissimas[4] que le jeudi serait immédiatement suivi par le vendredi 15 octobre pour compenser le décalage accumulé au fil des siècles.
Introduction différée
Imposé par Grégoire XIII dans les États pontificaux, le calendrier grégorien fut aussi immédiatement adopté par l'Espagne, l'Italie, la Pologne et le Portugal. En France, Henri III l'adopta le , dont le lendemain fut le [5].
La Grande-Bretagne et les pays protestants n'adoptèrent le calendrier grégorien qu'au XVIIIe siècle, préférant, selon l'astronome Johannes Kepler, « être en désaccord avec le Soleil, plutôt qu'en accord avec le pape ». L'adoption du nouveau calendrier en Grande-Bretagne en 1752 fut prétexte à des émeutes, car certains prétendaient qu'on devrait payer un loyer mensuel complet avec seulement 21 jours ouvrés réels.
Les pays de tradition orthodoxe ne dépendant pas de Rome ne l'adoptèrent progressivement qu'à partir du début du XXe siècle. En Russie, c'est à la suite de la révolution d'Octobre de 1917, qui selon le calendrier grégorien s'est déroulée en novembre, que la Russie révolutionnaire (dont l'empire est devenu l'URSS) adopte le calendrier grégorien en 1918. L'Église orthodoxe russe, quant à elle, n'a jamais accepté ce calendrier imposé par le gouvernement athée.

Passage au calendrier grégorien
Date d'adoption par pays
Pays / État | Dates d'adoption du calendrier grégorien |
---|---|
Albanie | en décembre 1912. |
Allemagne | Selon les États à différentes dates : |
Autriche | différentes dates selon la région :
Voir aussi Tchécoslovaquie et Hongrie. |
Belgique (faisait partie des Pays-Bas espagnols) |
le est suivi par le [5]. |
Bulgarie | le est suivi par le [6]. |
Canada | différentes zones changèrent à différentes dates :
|
Chine | 1912[7] soit en 1929, soit en 1949, selon l'autorité qui en a décidé[réf. nécessaire]. |
Danemark (incluant la Norvège) |
le est suivi par le . |
Égypte | en 1875. |
Espagne | le suivi par le À noter qu'ainsi Sainte-Thérèse d'Avila est décédée dans la nuit du 4 au 15 octobre 1582. |
Estonie | en 1918. |
États-Unis | Différentes zones ont changé à différents moments :
|
Finlande | La Finlande faisait partie de la Suède lorsque celle-ci adopta le calendrier grégorien en 1753. Lorsque la Finlande fit partie de la Russie, qui utilisait encore le calendrier julien, elle conserva l'usage officiel du calendrier grégorien en dépit de certaines utilisations du calendrier julien. |
France | Le est suivi par le mais les différents parlements ont approuvé ce changement plus ou moins tardivement. De plus, les provinces suivantes n'étaient pas françaises à l'époque[5].
|
Grande-Bretagne et colonies | Selon les régions
|
Grèce | le est suivi par le . |
Hongrie | le est suivi par le 1er novembre 1587. |
Italie | le est suivi par le . |
Japon | Le calendrier grégorien fut introduit en supplément du calendrier traditionnel le . |
Lettonie | Pendant l'occupation allemande de 1915 Ã 1918. |
Lituanie | en 1915. |
Luxembourg | le est suivi par le . |
Norvège | Voir Danemark. |
Pays-Bas | Selon les provinces :
|
Pologne | En 1586[5]. |
Portugal | le est suivi par le . |
Roumanie | le est suivi par le (la partie orthodoxe du pays changea plus tard). |
Russie | le est suivi par le [7]. Dans la partie orientale du pays, le changement intervint en 1920[réf. nécessaire]. |
Suède (incluant la Finlande) |
le est suivi par le . La Suède utilisa sa propre variante du calendrier julien entre le 1er mars 1700 et le ). |
Suisse | Variable selon les cantons[9] :
|
Tchécoslovaquie (Bohème et Moravie) |
le est suivi par le . |
Turquie | Passage du calendrier musulman et rumi au calendrier grégorien le . |
Yougoslavie | en 1919. |
Particularités de l'Église orthodoxe
La majorité des Églises orthodoxes d'Orient ont continué d'employer le calendrier julien jusqu'en 1923, quand plusieurs ont adopté le calendrier julien révisé plutôt que le calendrier grégorien.
Dans le calendrier julien révisé, le cycle des fêtes fixes (Annonciation, Noël, Épiphanie, Transfiguration…) ainsi que les fêtes des saints suivent le calendrier grégorien, tandis que le cycle mobile (Grand carême, Pâques, Ascension, Pentecôte) suit le calendrier julien. Ce changement de calendrier est la cause de divisions qui subsistent à ce jour entre « néo-calendaristes » et « paléo-calendaristes ».
Seules les Églises orthodoxes de Finlande et d'Estonie ont adopté strictement le calendrier grégorien, tandis que d'autres, comme l'Église orthodoxe russe, ont conservé strictement le calendrier julien.
Notes et références
- ↑ Paul Couderc, Le Calendrier, p. 31.
- 1 2 Bureau des longitudes, Éphémérides astronomiques 1997, p. 20.
- ↑ Bureau des longitudes, Éphémérides astronomiques 1997, p. 19.
- ↑ La bulle pontificale est signée du 24 février 1581, car elle est datée selon l'ancien calendrier, qui plaçait encore le début de l'année au mois de mars.
- 1 2 3 4 5 6 Jean Lefort, La Saga des Calendriers, p. 74
- ↑ Emile Biémont, Jean-Claude Pecker, Rythmes du temps: Astronomie et calendriers, De Boeck Supérieur, 18 oct. 1999
- 1 2 Jean Lefort, La Saga des Calendriers, p. 77.
- ↑ Jean Lefort, La Saga des Calendriers, p. 76
- 1 2 « La réforme grégorienne - application en Suisse » (version du 2 avril 2015 sur l'Internet Archive)
Voir aussi
Bibliographie
- Bureau des longitudes, Annuaire du Bureau des longitudes, Éphémérides Astronomiques 1997, Masson, Paris, 1996, 360 p. (ISBN 2-225-85222-7)
- Paul Couderc, Le Calendrier, Que sais-je ?, PUF, 1986 (ISBN 2130399592)
- Jean Lefort, La Saga des calendriers ou le frisson millénariste, « Pour la science », Éditions Belin, Paris, 1998, 192 p. (ISBN 2-84245-003-5)
Articles connexes
- Jour épagomène
- Calendrier révolutionnaire soviétique
- 30 février
- Comput
- Quantième perpétuel
Liens externes
- (la) (fr) (en) Inter Gravissimas, la bulle du pape Grégoire XIII du .
- (en) British Calendar Act of 1751 : le changement des Britanniques ;
- Jérôme Delatour La réception du calendrier grégorien en France
- « La réforme grégorienne : un jour ou l'autre » (version du 2 avril 2015 sur l'Internet Archive) : site détaillant l'application en France, en Angleterre, et Suisse et en Russie.
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