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Henry George (économiste)

Henry George (économiste)

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Henry George

Henry Georges, à 26 ans.

Naissance
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Philadelphie +
Décès
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New York +
Nationalité
Activités
Partis politiques
Parti républicain
Parti démocrate +

Henry George ( à Philadelphie – à New-York) est un économiste, auteur et politicien américain qui a promu un projet de réforme fiscale basé sur le concept d'impôt unique sur le sol, dans le but de remédier aux inégalités de revenus, au chômage, et prévenir les crises économiques qui surviennent paradoxalement avec le progrès.

Biographie

Parents, enfance et adolescence (1839-1855)

Le grand-père maternel de Henry, John Vallanee, sculpteur né à Glasgow (Écosse), décéda en 1823; il avait sept filles et sa veuve, Margaret Pratt, n'était pas riche; un cousin du père de celle-ci, riche marchant de Philadelphie, donna une petite maison de briques à chacune des filles, et ils reçurent une bonne éducation. Le grand-père paternel de Henry George, Richard George, né dans le Yorkshire (Angleterre), était capitaine de navire; il se maria avec Mary Reid de Philadelphie et ils eurent trois enfants, Richard Samuel Henry (R. S. H.) étant le benjamin né dans le New Jersey (à New Brunswick) en 1798.

R.S.H. George fut un « bon marin » sur les fleuves américains, s'engagea dans la mercerie en Nouvelle-Orléans, puis s'établit à Philadelphie, où il travailla aux douanes à deux périodes de sa vie, séparées par 17 ans comme éditeurs des livres de l'Église Épiscopale; il eut deux enfants d'un premier mariage, devint veuf, et se remaria avec Catherine Pratt Vallance, qui tenait une petite école privée avec sa sœur, et avec qui il eut dix enfants; Henry (2 septembre 1839) était le second d'entre eux et l'ainé de quatre garçons.

Le père garda les siens dans un certain confort, et le petit Henry reçut une éducation religieuse stricte. Il passa son enfance sur les quais de Philadelphie, à nager, patiner et monter sur les navires, l'imagination nourrit par des récits de missionnaires et de la famille, ainsi que par la lecture. Sa mère lui transmit un goût pour la poésie et la littérature, et il allait dans des bibliothèques, dont celle de l'Institut Franklin gràce à son oncle maternel Thomas Latimer, - coéditeur avec son père.

Il fréquenta diverses écoles, privées et publics, dont l'Académie Épiscopale, mais cessa après seulement quatre mois au secondaire. L'ampleur des besoins vitaux de la famille grandissante a pu poussé Henry à travailler, dès l'âge de 13 ou 14 ans, dans une maison d'importation de verrerie chinoise, puis au bureau d'un technicien naval ("marine adjuster"). Le jeune Henry se sentait appelé par la mer, et en 1855 il demanda à un cousin plus âgé que lui d'en parler à un ami de la famille dont le père était capitaine. R.S.H. George jugea inutile d'aller contre son vœu, mais craignant que son fils mène une vie itinérante et dans l'espoir de l'en détourner, il demanda au capitaine de ne pas lui accorder de conforts particuliers. À l'âge de 15 ans Henry George se rendit à Melbourne (Australie) et à Calcutta (Indes) en tant que Mousse sur le Hindoo[1].

Avant Progrès et pauvreté (1856-1879)

À son retour aux États-Unis, il travailla comme typographe, jusqu’à ce qu’il fût pris par la fièvre de la ruée vers l'or en Californie. Après trois années de prospection à Victoria il abandonna ce qui s'était avéré être des illusions, et alla travailler à San-Francisco comme ouvrier pour un journal. Nonobstant sa situation précaire, il consacrait ses rares heures de loisirs à étudier. D’un naturel plutôt timide et craignant la raillerie, il hésita tout d'abord mais envoya finalement des articles anonymes au directeur du journal qui l’employait; la plupart furent publiés, et plusieurs eurent même un certain retentissement. Quand il se fit connaitre, il devint aussitôt rédacteur.

George écrivit des articles à caractère économique, et publia en 1871 son premier livre, Our land and land Policy. Il combattit l'influence corruptrice de l'argent dans les élections, l'achat de vote, l'extorsion et les pots-de-vin, en proposant notamment d'instaurer le vote secret (qu'on appelait alors "vote australien"); "le premier effort vers une réforme consiste à éveiller l'opinion publique," écrivait-il[2].

Il se maria durant ces années-là, - et eut en tout quatre enfants d'un mariage heureux, dont un fils prénommé Henry Jr. né en 1862.

En 1872, il fonda à San-Francisco le journal San Francisco Evening Post, qui eut beaucoup de succès, mais dut cesser ses activités quelque années plus tard (1875) à cause de la faillite d'une banque.

George sollicita et obtint du gouverneur de la Californie la sinécure d’inspecteur des gaz, ce qui lui permit de se consacrer presque exclusivement à ses travaux. C’est alors qu’il conçut son livre Progrès et pauvreté, sous-titré Enquête sur la cause des crises industrielles et de l’accroissement de la misère au milieu de l’accroissement de la richesse; Le remède, qui parut à 500 exemplaires en 1879 (édition d'auteur), et se vendit par la suite à des millions de copies dans des dizaines d'éditions aux États-Unis et en Angleterre. (En 1925, Progrès et pauvreté avait été traduit en français, portugais, espagnol, allemand, danois, suédois, polonais, tchèque, hongrois, russe, japonais et arabe, et des extraits ont parus en esperanto)[3].

Après 1879

Le succès de son livre arracha George à la vie du fonctionnaire. Il s'installa à New York en 1880. Pendant les seize dernières années de sa vie il propagea ses idées, dans plusieurs tournées des États-Unis, au cours desquels des foules se joignaient à lui, en Angleterre, où il prit la défense du libre-échange avec Protection or free-trade (1886), en Irlande, ainsi qu’en Australie (1890) et en Nouvelle-Zélande[4].

George n'avait pas d'ambition politique, mais reçut en 1886 une nomination indépendante (Union Labor Party) pour la mairie du "petit" New York (excluant Brooklyn, etc.). Il fallut une coalition des deux plus grands partis pour empêcher son élection[5] (Nombre de votes: coalition, 90552; H. George, 68110, - 2e et devant Theodore Roosevelt)[6]

En janvier 1887 il lança un journal hebdomadaire de nouvelles et d'opinions (correspondance, poésie, etc.) pour « l'émancipation du travail et la restauration des droits naturels, », The Standard, dont il fut l'éditeur pendant deux ans[7].

En mai 1891, le pape Léon XIII publia l'encyclique Rerum Novarum qui déclarait anathème le socialisme et les théories de George, - un rapprochement incongru d'après l'intéressé, l'Évêque McGlynn, - qui fut suspendu - prof. Walker partisan du conservatisme, des lecteurs, etc., dans le Standard les années précédentes[8]. George répondit par une lettre ouverte, Sur les conditions de travail, qui fut publiée à 150 000 copies dans les pays anglo-saxons. En 1892 il publia A perplexed philosopher.

En 1897, les partisans de George l'ont convaincu de briguer les suffrages à la mairie du “grand” New-York (incluant Brooklyn et autres municipalités adjacentes); en dépit des avis de médecins qui le mettaient en garde contre une mort probable à cause de sa santé vacillante, il accepta pour « représenter (le sentiment de) ceux qui pensent que tous les hommes sont créés égaux, » suivre « le principe de la vraie démocratie énoncé dans la philosophie de Thomas Jefferson, » et « plaider la cause des gens ordinaires contre la corruption et le despotisme »; et il nomma son parti le « Parti de Thomas Jefferson ». Il communiquait son enthousiasme aux foules, et faisait plus de discours que le candidat républicain et le démocrate réunis. Puis, dans la nuit du 28 au 29 octobre, il eut une crise d'apoplexie (accident vasculaire cérébral) et mourut[9] - quatre jours avant l'élection[10]. (Henry George Jr. tâcha en vain de remplacer son père à l'élection.)

Ses funérailles ont donné lieu à « une des plus grandes manifestations populaires de sentiment et de respect pour un citoyen strictement privé dans l'histoire des États-Unis »[5]; environ 100 000 personnes y assistèrent. Il a été qualifié d'homme le troisième plus célèbre des États-Unis (après Mark Twain et Thomas Edison par sa petite-fille Agnes de Mille[11].

Dans les derniers mois de sa vie, George écrivit The Science of Political Economy (œuvre posthume), dans lequel il résuma en quelques pages autobiographiques ses sentiment par rapport à son œuvre principale, Progrès et Pauvreté : ce fut « le plus grand succès qu'un livre d'économie ait jamais connu. On n'a jamais réussi à attaquer son raisonnement, et il a donné lieu sur trois continents à des mouvements dont le succès est seulement une question de temps »; Cependant, les adhérents de l'économie scholastique qui a été démolie ont « préféré considérer cette œuvre avec mépris, » et inventer une « économie politique incohérente » « en s'en remettant à leurs positions officielles sécurisées par les intérêts de la classe dominante, » (plutôt que) « d'admettre que la vraie science était accessible à tous et ne pouvait se poursuivre que sur la base de droits égaux »[12].

Henry George Jr. écrivit une biographie de son illustre père en 1900[13]

Théorie économique

Science of political economy, 1898

Contexte théorique et historique

En économie politique, « le point de départ des discussions sur l’incidence des taxes est un passage du livre De la richesse des nations de Adam Smith (livre v, chap. ii), selon qui les taxes doivent provenir « de loyers, profits ou salaires, » alors que « toute taxe qui ne tombe que sur l'une de ces trois sortes de revenus est injuste, dans la mesure où elle n’affecte pas les deux autres »[14]. « Comme la terre, le travail et le capital s'unissent pour produire la richesse, c'est entre eux trois (rente, salaire et intérêt) que le produit doit être partagé », dit effectivement George. Cependant, à la suite de Smith, David Ricardo (de qui John Stuart Mill se disait le disciple) avait cherché « l'incidence ultime plutôt qu'immédiate des taxes, » et ce, en « répétant et développant les principes posés par Malthus[15]. or George jugeait que la théorie de ce dernier était « une pure chimère »[16].

George estimait que « l'économie politique [avait] fait fausse route » en considérant le capital comme « le facteur le plus important de la production, »[17] et qu'en inversant le rapport entre la terre, le travail et le capital les auteurs classiques n'expliquaient pas l'essentiel, soit « la cause de l'accroissement de la misère au milieu de l'accroissement de la richesse ». George avait notamment observé que la construction d'un chemin de fer en Californie en 1871 s'était accompagné d'une hausse du prix des terrains et des loyers concomitante au niveau des salaires; « Partout où l'on a construit ou projeté un chemin de fer, la terre a été monopolisé par anticipation, et le bénéfice escompté (s'est traduit) par une hausse des valeurs foncières. Le progrès spéculatif de la rente dépassant ainsi le progrès normal, le progrès s'est trouvé entravé, et la (consommation) a diminué, » - provoquant un état de crise économique[18]. Et il constatait de manière générale que « si quelqu’un tente d’utiliser son propre travail ou celui des autres, aux champs ou en construisant une usine, il fait rapidement face au spéculateur qui lui demande un prix non-naturel pour le sol qu’il doit utiliser, et aux collecteurs d’impôts qui le mettent pratiquement « à l’amende comme s’il avait commis un crime ». »[19] C'est dans ce contexte que George en arrive à sa doctrine fondamentale :

« Il faut que la terre devienne propriété commune »[20].

La propriété du sol à l'origine des inégalités

Selon George, la propriété individuelle privée de la terre est inséparable de l’inégale propriété de la terre; et l’inégale propriété de la terre engendre nécessairement l’inégalité de distribution de richesse[21].

« Le progrès matériel ne peut nous débarrasser de notre dépendance à la terre; il ne peut qu’ajouter à notre pouvoir (d’en) tirer de la richesse; c’est pourquoi si la terre est monopolisé, ce progrès peut augmenter à l’infini sans que les salaires augmentent, ou que la condition de ceux qui n’ont que leur travail pour vivre s'améliore »[22].

Pauvreté, accès à la terre, chômage et crises

George a soutenu que la quasi-totalité des richesses créées par le progrès social et technologique dans une économie de marché est accaparée par des propriétaires fonciers et des monopoles via les loyers, et que la concentration de cette richesse gagnée "non-naturellement" est la cause principale de la pauvreté, de telles injustices suscitant ni plus ni moins qu’une nouvelle forme d’esclavage, l’esclavage salarié (wage slavery).

« Le niveau des salaires et les opportunités d'emplois [dépendent] ultimement de la possibilité d’accéder à la terre, » c’est-à-dire du prix que la main d’œuvre doit payer pour en avoir l’usage. Car plus le prix qu’il faut payer pour le sol augmente, moins les travailleurs peuvent garder des fruits de leur travail, et plus il est difficile pour eux de s’auto-employer; et plus la proportion de ceux qui cherchent un emploi salarié augmente, plus il y a de compétition entre l’un et l’autre pour le travail, plus le niveau des salaires baisse. Par ailleurs, le besoin de travailleurs pour les employeurs – « ceux qui engagent au moins du personnel pour vendre leurs produits » – est largement déterminé par ceux qui tirent leur pouvoir d’achat de ce qu'ils obtiennent par leur travail, qui constituent la majorité. En somme, le coût de l'usage du sol appauvrit les travailleurs, provoque le chômage et fait baisser les salaires, et la diminution de la consommation due à la pauvreté entraîne régulièrement des crises économiques, celles-ci étant aggravées par la spéculation sur les rentes. Selon George, les dirigeants ne manifestaient aucun intérêt pour expliquer la cause du chômage[19], - de même que les économistes n'avaient pas expliqué l'existence paradoxale de la pauvreté et des crises économiques avec le progrès.

Critique de conceptions courantes

Réfutation de la théorie de Malthus

La réfutation de la théorie de Malthus - selon qui la population croît plus vite que les ressources disponibles pour lui permettre de satisfaire ses besoins - est fondamentale pour George a cause du principe auquel elle est associée, soit que les salaires découlent du capital, et des applications qui en sont faites, par exemple chez Ricardo lorsqu'il dit que « seule une baisse des salaires peut augmenter les profits »[23].

Salaires issus du travail, et non du capital

George soutient que « le capital est le produit et l’instrument du travail »; et que l’opinion contraire selon laquelle le « travail dérive de l’emploi du capital » est une « faute commise par Adam Smith dans son premier livre qui a égaré l'économie politique ». Il dit: « le travail est la force active et initiale »; « le capital est le résultat du travail et est employé par le travail pour aider la production ». L’ordre naturel des facteurs de production est "terre, travail, capital".

Sauf exception, « le paiement des salaires implique un travail préalable »; Or le résultat immédiat et continue du travail est la création de valeur (richesses); « le paiement des gages n’est (donc) que la remise au travailleur d'une portion du capital produit par le travail ». La valeur d’un produit créé, même s’il est encore seulement terminé en partie, "prend pour l’employeur la place de la valeur distribuée en salaire". « On n'a pas besoin de mettre de côté du capital pour payer des salaires quand le produit du travail pour lequel on paye les salaires est échangé aussitôt qu’exécuté; cela est seulement nécessaire quand le produit est emmagasiné, placé dans le courant des échanges sans en être immédiatement retiré, c’est-à-dire vendu à crédit, ou qu’on spécule dessus ». C’est le travailleur qui fait une avance de capital au patron, et non l’inverse. Le capital n’est pas une limitation de l’industrie comme telle mais des formes qu’elle peut prendre. Cependant, il arrive généralement que le désastre qui empêche le patron de tirer un bénéfice l’empêche aussi de payer les salaires, alors que dans les grandes industries le patron est exempt, et que dans les contrats les salaires soient certains[24].

Rente, salaires et intérêt : lois révisées et unifiées

George a présenté une conception unifiée des trois lois de la distribution (lois de la rente, des salaires, et de l'intérêt) en harmonisant les termes utilisés dans leur définition. Dans sa théorie, le produit total (P) est distribué comme rétribution entre la rente (R; part qui va aux propriétaires de la terre comme emploie des substances et des forces naturelles), les salaires (S; récompense de l'effort humain) et l'intérêt (I; part qui constitue le revenu pour l'emploi du capital). Les trois termes s'excluent mutuellement. Le revenu d'un individu peut-être fait de l'une, ou de deux, ou de ces trois sources. Et les salaires et l'intérêt dépendent de ce qui est soustrait au produit après la rente :

P = R + S + I, donc P – R = S + I

Il admettait la loi de la rente (aussi dites "loi de Ricardo") reconnue par la théories classique, selon laquelle "la rente monte quand la limite de la culture baisse, et elle baisse quand cette limite monte". Il soulignait que la rente, ou valeur foncière, est différente de l'intérêt: ce n'est pas un revenu de capital, et « elle ne représente pas un avantage à la production mais le pouvoir de s'assurer une partie des résultats de la production »; c'est le prix d'un droit exclusif, un monopole. La loi des salaires est présenté comme le corollaire de la loi de la rente : « les salaires dépendent de la limite de la culture, baissant quand elle baisse, montant quand elle monte » (dans la théorie courante les salaires dépendent plutôt du rapport entre le nombre de travailleur et la somme de capital). Pratiquement, ces deux lois signifient que « là où la terre est libre et le travail non aidé par le capital, le produit entier va au travail comme salaire ».

La distinction entre le capital et le travail n'est qu'une subdivision, issue de la division du travail: « là où la terre est libre et le travail aidé par le capital, le salaire sera formé par le produit entier moins la part nécessaire pour engager l'accumulation du travail comme capital ». Le capital est du travail accumulé qui est utilisé comme une aide à la production, incluant par la possibilité de l'échange; l'intérêt naît de l’accroissement du capital, - « ce n’est pas à strictement parler un paiement fait pour l’emploi du capital ». Pour George travail et capital, et donc salaire et intérêt vont de pair. Il formule donc ainsi la loi de l'intérêt: « la relation entre les salaires et l'intérêt est déterminée par la puissance moyenne d'accroissement qui est attachée au capital par son emploi dans des modes reproductifs »; « à mesure que la rente montera, l'intérêt, comme les salaires, devra baisser, ou sera déterminé par la limite de la culture ». L'unification des lois de la distribution effectuée par George met en évidence que:

« Quel que soit l'accroissement de la puissance productive, ni les salaires ni l'intérêt ne pourront augmenter si l'accroissement de la rente se produit en même temps »[25].

Le pseudo-capital et l'intérêt confondu avec les profits

Les obligations gouvernementales ne sont pas du vrai capital, mais « une déclaration solennelle (du) gouvernement » qu'il prélèvera assez d'impôts chez le peuple pour 1) remettre tant de richesse aux possesseurs de l'obligation et, 2) donner le surplus que le capital aurait produit s'il était actuellement en sa possession. Premièrement, quand le capital est consommé de manière improductive la richesse est détruite, et c'est notamment le cas lorsqu'il est « craché par la bouche des canons, usé en navires de guerre, dépensé pour l'entretien de soldats qui marchent, s'entraînent, tuent et détruisent ». Deuxièmement, même dans les cas où l'émission des obligations est liée à des fins productives (comme construire un phare), des certificats sont émis pour un montant supérieur à la valeur en dollars de capital réellement investit, et c'est sur cette somme, qui est fictive, qu'on paye avec plus ou moins de régularité un intérêt ou un dividende. (La situation est similaire avec les compagnies payant des dividendes.) De même, lorsque des sommes immenses sont prise sur le produit du travail pour payer l’"intérêt" des dettes publiques, il ne s'agit pas d’intérêt au sens strict du mot,- accroissement de capital - mais simplement de taxes levés sur le produit du travail et le capital.

L'intérêt est souvent confondu avec les profits qui sont des salaires, ainsi qu'avec les profits qu'entraînent les risques à courir (ex. jeux de bourse, où ce que l'un gagne l'autre doit le perdre). Par ailleurs, les profits qui sont le plus souvent perçus dans l'esprit populaire comme étant « un vol fait à l'industrie » proviennent en réalité « non de la puissance des capitaux mais de la puissance des capitaux concentrés agissant sur une mauvaise organisation légale et sociale ». Les capitaux réunis ont souvent peu d'égards pour les droits industriels et personnels, et ils « corrompent, volent et détruisent », par exemple quand une compagnie s'impose par la menace et la population d'une petite ville doit en payer le prix, ou que « les voleurs s'unissent pour élever les tarif et égaliser leurs gains »[26].

L'intérêt, équitable et relié à des processus temporaux

Dans la théorie de George, le travail est la source de toute richesse et la mesure de tous les processus économiques. Il dit que la nature de l'intérêt serait un « vol fait à l'industrie (qui) ne pourrait (pas) exister longtemps » s'il en était comme le dit Frédéric Bastiat dans son fameux exemple pour démontrer le contraire, soit que Jacques en prêtant un rabot à Guillaume lui avait donné « la faculté qui existe dans l'instrument d'accroitre la productivité du travail ». Ainsi, en excluant le cas exceptionnel d'un secret industriel et d'un droit patenté, « la chose essentielle prêtée - un rabot - (c'est) l'usage de X jours de travail, » soit le temps qu'il a fallu pour le fabriquer.

La nature véritable de l'intérêt ce n'est pas qu'il serait "le travail du capital", parce que l'argent, les machines et autres matières inertes n'ont « aucune puissance inné d'accroissement, » mais plutôt que c'est la nature même du capital de s'accroître, de produire de l'intérêt, parce qu'en aidant la production effectuée par un travail, un capital permet en fait que le travail supplémentaire soit aidé par le travail antérieur. Ce n'est jamais l'argent qui travaille; mais seul ou avec une division des tâches entre plusieurs personnes, qu'il y ait un travailleur et un capitaliste ou que les deux rôles soient remplis par la même personne, le travail et le capital produisent toujours ensemble.

Par ailleurs, « le capital est échangeable », et « dans le cercle des échanges, la puissance d'accroissement que la nature donne à quelques espèces de capitaux (se répartit) ». À cause de ces échanges, « la cause de l'intérêt » c'est en dernière analyse « la force active de la nature, le principe de croissance, et de reproduction associé à la vie » - par exemple la croissance des semences et du bétail, le fermentation du vin, etc. J'ai un arbre (capital), je le soigne pendant un certain temps (travail) et mes fruits récoltées forment mon salaire, qui est égal dans ce cas-là à mon intérêt sur mon capital. Par ces démonstrations, George démontrait le rôle déterminant du temps dans l'intérêt[27].

Limites du libre-marché

Selon George, le libre marché (free trade) pouvait amener un soulagement temporaire au problème du chômage, mais la spéculation sur le sol n’en deviendrait que plus forte par la suite[19].

Approches inefficaces contre les inégalités

A. La diminution des dépenses gouvernementale (dette, armée, etc.) est souhaitable, parce que « ce qui tend à simplifier le gouvernement tend à le placer sous le contrôle du peuple, » mais les baisses d'impôts que cela permettrait « équivaudrait seulement à accroitre la puissance productive », et donc à augmenter la rente au profit des propriétaires fonciers.

B. Les interventions gouvernementales (réglementation, restrictions, protectionnisme, etc.) sont mauvaises en elle-même, car elles amoindrissent le désir individuel d'action, ce qui entraine nécessairement une diminution de richesse »[28]. Et les dépenses publiques pour « créer artificiellement des emplois » sont « dangereuses » parce que, à la limite, elles peuvent y arriver « avec de la dynamite », - c’est-à-dire de manière illusoire avec le gaspillage inhérent aux activité militaires - comme il le dit dans son article "Comment aider les sans-emplois"[19]

C. L'éducation « ne peut avoir d'influence sur les salaires qu'en augmentant l'efficacité du travail, à moins qu'elle ne rende capable de découvrir et d'éloigner les causes de l'inégale distribution de richesse ».

D. La "vie simple" peut permettre à un individu d’économiser, « mais si les travailleurs vivaient ainsi, les salaires baisseraient en proportion; et si les (travailleurs) américains arrivaient à adopter les manières de vivre des chinois, il leur faudrait accepter leur salaire ».

E. Les organisations coopératives ne peuvent ni élever les salaires ni soulager la pauvreté de manière générale parce que les maux ne proviennent pas d'un conflit entre le travail et le capital. La coopération pour la consommation, poussée aussi loin que possible, ne fait que réduire les coûts des échanges en supprimant les intermédiaires; et la coopération pour la production ne vise qu'à rendre le travailleur plus actif et plus industrieux en allouant des salaires fixes. Une association coopérative entre producteur et propriétaire reviendrait simplement au paiement de la rente en nature, et les conditions de la coopération seraient encore déterminées par les lois qui fixent la rente. La coopération peut amener des bénéfices au travailleur mais seulement dans des cas isolés, et son seul effet général que la compétition ne pourrait pas produire est un effet éducationnel.

F. Les syndicats. L'union des travailleurs peut élever les salaires, et cela ne se fait jamais aux dépend des autres travailleurs ou du capital, comme on le croit couramment; si cela entraîne un changement dans les coûts de production et affecte la demande, le capital immobilisé s'ajuste rapidement, et l'ensemble de la communauté n'est jamais perdante. De même, l'accroissement du niveau des salaires dans un pays comparé à une autre peut changer la proportion des choses importées, mais n'a aucun effet sur le rapport entre les exportations et les importations (car c'est seulement avec le produit de son travail et son capital qu'un pays peut obtenir en échange le produit du travail et du capital d'un autre.) Cependant, l'action des syndicats sur le niveau général des salaires est très limitée parce que: 1) tous les travailleurs ne sont pas représentés, y compris ceux qui en auraient le plus besoin; 2) les propriétaires fonciers s'unissent beaucoup plus facilement, 3) les autres industries tendent à exercer une forte pression contraire, et 4) les grèves sont destructives des chose mêmes que les travailleurs cherchent à gagner (comme l'homme qui veut défendre la liberté mais abandonne la sienne en devenant un simple rouage de la machine qu'est l'armée).

G. Partage plus générale des terres. Un partage parfaitement égal des terres entre tous est impossible. Par ailleurs, la diminution de l'étendue des propriétés avec l'accroissement de la population n'est pas du tout incompatible avec la tendance à la concentration de la propriété de la terre, car le nombre de propriétaires diminue constamment par rapport à la population totale. En fait, « les petites propriétés forment un rempart de sauvegarde pour les grands propriétaires », et tendent à « empêcher l'adoption de mesures plus efficaces et plus radicales »[29].

L’impôt unique comme « remède »

L’idée du « droit égal de tous à l’usage de la terre ne venait pas de lui, mais il lui donna une forme nouvelle avec un moyen clair par lequel elle pouvait être appliquée, tout en simplifiant grandement le gouvernement : il appela ce moyen l'impôt (ou taxe) unique (single tax) »; « concentrer toute les taxes sur le loyer du sol (ground-rent) »[5].

« Sa doctrine peut se résumer comme suit : La terre de tout pays appartient de droit à toutes les personnes de ce pays. Ce droit ne peut pas être aliéné par une génération de manière à affecter le titre de la prochaine, pas plus que les hommes ne peuvent vendre leurs enfants qui ne sont pas encore nés comme esclaves. La possession privée de la terre n’a pas plus de base logique ou morale que la possession privée de l’air ou de la lumière du soleil, mais l’occupation et l’usage privées de la terre sont justes et indispensables. Toute tentative de diviser la terre en portions égales est impossible et indésirable. La terre devrait être, et est maintenant pratiquement, divisée pour l’usage privée en parcelles parmi ceux qui paieront le prix le plus élevé pour l’usager de chaque parcelle. Le prix est actuellement payé annuellement à des personnes, et s’appelle un loyer (rent). En appliquant le loyer de la terre (rent of land), à l’exclusion de toutes améliorations, au profit de toute la communauté, une justice absolue serait rendue à tous. Comme le loyer est toujours plus que suffisant pour défrayer toutes les dépenses nécessaires du gouvernement, ces dépenses devraient être couverte par un impôt sur le loyer seulement, amené par l’abolition graduelle de tout autre impôt. Les propriétaires terriens devraient garder la possession tranquille et la propriété nominale de la terre, avec une marge suffisante sur l’impôt pour les induire à collecter leurs loyers et payer l’impôt. Ils seraient ainsi transformé en simple agents des terres (land agents). Cela impliquerait évidemment un libre marché absolu puisque disparaitraient toutes les taxes sur les importations, les produits manufacturiers, successions, propriété personnelle, bâtiments ou améliorations. Il n’y aurait rien du tout de ce qui est fait par l’homme qui serait taxé. Le droit de propriété privé dans les choses faites par l’homme serait ainsi absolu, car le propriétaire de ces choses ne pourrait pas être destitué de son bien sans une compensation entière, même sous le prétexte de taxation »[5].

Dans le système de George, n’importe quelle richesse, moissons, outils, et capital relèvent du droit de propriété privée; tandis que la valeur foncière n’appartient pas à l’individu mais à la société. Ce qu’il propose n’est pas l’impôt immobilier, concernant les édifices et autres constructions, ni l’impôt foncier, c’est-à-dire d’imposer la terre en général, mais d’imposer seulement la valeur de la terre, qui dépend des conditions naturelles et sociales.

Arguments pour l'impôt unique

Les avantages que George attribue à ce système sont notamment de :
1° « faire disparaître à la fois la pauvreté imméritée et la dépravante soif de gain, »
2° « accroître la richesse » de plusieurs manières : « nous débarrasser de toute cette armée de percepteurs et autres fonctionnaires actuellement préposés au récolement des impôts », « fournir au trésor des recettes bien plus considérables, tout en simplifiant et diminuant les dépenses de l'administration, et en rendant cette dernière plus honnête », et « diminuer considérablement les dépenses pour entretenir des gardiens, des policiers, des tribunaux et d’autres institutions créées pour la sauvegarde de la société »,
3° « permettre aux hommes d’être au moins aussi honnêtes, aussi francs, raisonnables et dignes qu’ils le désirent, »
4° « préparer l’avènement de ce règne de vérité et de la justice, c’est-à-dire d'abondance, de paix et de bonheur que Jésus-Christ a ordonné à ses apôtres de revendiquer. »[30]

Opinions sur des sujets divers

Brevets et droits d'auteur

Henry George désapprouvait les brevets et approuvait les droits d'auteur, - une distinction qu'il fit dans une des rares révisions du livre Progrès et Pauvreté, vers la fin de sa vie[31]. « La propriété vient de la production et non de la découverte, » disait-il.

« Il n'est pas juste de réclamer la propriété des lois de la nature, ni d'aucune de ses potentialités,»

ce à quoi se ramène tous les brevets selon lui (ex. l'action du vent pour un moulin, etc.). Pour ce qui est du labeur, les principes naturels qui peuvent être découvert par tous ne peuvent pas être brevetés par personne; cependant, on peut légitimement réclamer la propriété d'une production à partir de matériaux bruts, mais sans empêcher les autres de produire quelque chose de semblable[32]. - Il soutenait le remplacement des brevets, - des monopoles - par des aides de l’État en faveur des inventions et de la recherche (ainsi que la régulation des monopoles naturels)-(RÉF?). Pour ce qui est des droits d'auteur, George a défendu l'idée que « le travail de production déployé par quelqu'un dans la manière de dire quelque chose lui donne un droit de propriété pour cet arrangement de mot »[33].

Charité des « pseudo-philanthropes »

Les « pseudo-philanthropes » annulent la loi naturelle selon laquelle un homme doit travailler pour se nourrir; la charité démoralise et fait perdre le sentiment naturel d’indépendance; « C'est la justice qui peut redresser un tort, et non la charité, qui est futile et empoisonnée quand elle est offerte en substitut ».

Argent et corruption dans les élections

« L'inégalité croissante dans la distribution de la richesse engendre une tendance à la corruption politique ». D'une part, un parti politique a besoin de beaucoup d'argent dans des élections, et en se tournant pour en obtenir vers ceux qui ont des intérêts pécuniaires dans la politique, « il devient leur serviteur dans la même mesure ». Le gouvernement démocratique est mis en échec, et « nous sommes conduit vers l'oligarchie ». D'autre part, (les partis politiques sont nécessaires dans une démocratie populaire, mais) leur pouvoir tend à se concentrer dans les machines électorales, « aux mains de ceux qui font de leur administration une business ».[34] Et « quand un pouvoir étendu de patronage s'ajoute au pouvoir d'acheter beaucoup de votes, il devient presqu'impossible d'évincer un groupe de voleurs qui prend possession de la machinerie du gouvernement ».[35] Il y a une discrimination entre les riches et les pauvres et, en plus, en faveur des sans scrupules contre les scrupuleux.

« Rien n'empêchera la corruption dans les élections aussi longtemps qu'elles se gagneront avec l'argent, et ne peuvent pas être gagnées sans lui ». Cependant, aucune dépense ne devrait être nécessaire pour les candidats (hormis des frais d'inscription) et leurs supporteurs, et les nouvelles organisations devraient pouvoir être formées facilement, - pour la liberté de choix des citoyens et l'indépendance des électeurs par rapport aux simples organisations, dit George. Il proposa donc d'abaisser le montant d'argent nécessaire pour des élection, et de diminuer par le fait même le pouvoir des machines électorales, notamment avec les éléments suivant :
1° vote secret (« mode de votation australien », - pour faire disparaitre la vente et l'achat de votes)
2° frais de scrutins à la charge du gouvernement (impression des bulletins, employés de bureaux, location de locaux pour les meetings, etc.)
3° prohibition de certaines dépenses partisanes (bannières, uniformes,- chaque parti les utilisant seulement parce que les autres le font)
4° bannissement des fonctions pour les candidats coupables d'avoir reçu des pots-de-vin.
George disait que la réforme de « la machinerie politique » ne suffirait pas en elle-même pour rendre le gouvernement pure, mais « plutôt que de condamner la démocratie, essayons la honnêtement ».[36]

Marxisme et socialisme

« L'esprit bureaucratique et incompréhensible allemand » a mis sous la forme de ce qui passe pour un système chez Karl Marx un type de protectionnisme, originaire d'Angleterre, qui cherche à unir les travailleurs en considérant qu'ils forment une classe séparée des employeurs, et que « par une espèce d'alchimie d'achat et de vente le capitaliste obtient plus que ce qu'il donne ». Le socialisme moderne « ne tient aucun compte des lois naturels »; il est « plus dépourvu de tout principe directeur que n'importe quelle autre philosophie »; il n'a « pas de système de droits individuels » par lequel il peut définir la liberté de l'individu, et ce que l'état peut faire pour la restreindre; aussi longtemps que l'individu n'a pas de principe de conduite il est impossible pour la société d'en avoir[37]. - Les conceptions de Marx et George sont diamétralement opposées; le premier considérait l’impôt unique comme un pas en arrière par rapport à la transition vers le communisme[38], et le second que le résultat probable de l’idée de Marx serait une dictature[39].

La méthode historico-inductive en économie

George a critiqué la nouvelle méthode d'origine allemande qui s'est généralisée au cours de sa vie dans tous les pays anglo-saxons, avec les « sciences économiques » qui ont déclaré "morte" l'ancienne « économie politique »: l'approche « historique et inductive » affirme qu'il n'y « pas de lois permanentes valides, » ne donne « pas de réponse catégorique » aux questions (ex. le protectionnisme est-il bénéfique?), et dit que les problèmes ne peuvent « se décider que d'après les lieux et les moments particuliers, par une enquête historique sur tous ce qui a été écrit sur le sujet »; c'est, dit George, une « pseudoscience » avec un jargon que les professeurs utilisent « pour se flatter mutuellement les uns les autres », destinée à « rendre les pauvres incapables de réfléchir sur les sujets économiques, » et "servir les intérêts dominants qui craignent une économie politique compréhensible par tous"[40].

Héritage

Henry George est responsable, au moins en partie, par ses plaidoyers et ses discours, de l'introduction du vote à bulletin secret aux États-Unis (Massachussetts en 1888; et plus de la moitié des États américains en 1891). Selon un historien américain de l'Université Harvard, il adopta l'idée de ce qui s'appelait alors le "vote australien" lors d'un voyage en Australie[41]. Cependant, George affirmait que le caractère non-secret des scrutins était associé à l'achat et la vente de votes dans les élections de diverses autorités gouvernementales aux États-Unis, - ce qu'il n'a apparemment pas pu voir en Australie.

La pensée de George sur les brevets est aujourd'hui illustré, par exemple, par les logiciels open source.

À la fin du XIXe siècle, Léon Tolstoï déplorait qu’on avait fait le silence autour de Henry George, car il considérait son projet comme raisonnable et réaliste, au contraire des idées des révolutionnaires et du socialisme[42]; une immense contribution dans le progrès de la conscience de l’humanité, placé sur un terrain concrêt [43], avec plusieurs avantages [44] et capable d’éliminer une des causes de ce que lui-même appelait L’esclavage contemporain[45].

Le jeu de Monopoly est dérivé d'un autre jeu, inventé par Elizabeth Magie en 1904 pour illustrer le problème lié au monopole sur le sol[46].

Avant Progrès et pauvreté et vers 1860, l’anglais John Ruskin avait exprimé dans son livre Unto this last de nombreuses opinions à caractère moral et philosophique qui sont identiques à celles de George; ce texte a été paraphrasé par Mohandas K. Gandhi en 1910. On y lit notamment que « L’argent est seulement un instrument qui cause autant de misère que de bonheur »; « La compétition [pour obtenir un poste] permettra seulement à l’acheteur d’obtenir un service injustement bon marché, et le riche deviendra plus riche et le pauvre plus pauvre »; « une richesse mercantile qui est un droit sur le travail signifie une diminution de la richesse [collective] »; « les riches sont [en partie] responsables de l’immoralité des pauvres qui travaillent comme des esclaves pour leur fournir le luxe... (...) l’affirmation absurde que de telles inégalités sont avantageuses est la racine de la plupart des sophismes... »; « Enseigner aux gens à devenir riches par n’importe quel moyen est leur rendre un immense préjudice »[47] George a exprimé exactement ces mêmes idées. Pour ces trois auteurs, la loi morale devait être au cœur de l’économie, ce qui exigeait la mise en œuvre de modes de coopération entre les protagonistes qui soient compatibles avec l'égalité et la dignité de tous.

Winston Churchill a dit un jour dédaigneusement qu'un « propriétaire foncier ne contribue en rien au processus dont il tire son propre enrichissement »[48]. (La valeur du sol dépend des « conditions naturelles et sociales » disait George)

Martin Luther King Jr., - Nobel de la paix en 1964 – disait que le « développement économique n'élimine pas la pauvreté », et qu'après avoir maitrisé la production « il faut porter attention à la distribution de la richesse, » afin que les "non-producteurs" (pauvres, noirs, personnes âgées ou handicapées) puissent « imaginer de nouvelle formes de travail qui améliorent le bien-être social, » en vertu du phénomène « anticipé par Henry George » : « le travail qui améliore la condition de l'humanité, étend les connaissances, accroit la puissance, enrichie la littérature et élève la pensée n'est pas réalisé pour s'assurer un revenu. Dans un état de société où le besoin est abolit, le travail de ce genre serait énormément accru »[49].

Milton Friedman, « prix Nobel » d’économie en 1977, disait que la taxe sur le sol (land tax) était la moins pire des taxes[50], car à la différence des autres impôts elle n’affecte pas le prix des biens de consommation[51].

Joseph E. Stiglitz - Nobel d'économie 2001 - dit que « le principe de Henry George de taxer la valeur du sol, et plus généralement les ressources naturelles, est l'une des idées les plus importantes et sous-estimées en économie »[52]; il soutenait que cela constituait la clé d'une économie plus équitable, plutôt que les taxes sur les revenus et les capitaux[53]. - À la suite des travaux de Stiglitz sur "les biens publics locaux" en 1977[54], les économistes ont appelé Théorème d'Henry George le principe selon lequel, « quel que soit le niveau des dépenses publiques dans une ville, la rente foncière (...) est égale aux dépenses publiques si la taille de la population est choisie de façon à maximiser le niveau d’utilité des résidents de la ville ». (pour une population idéale, la rente foncière totale égale le coût du bien fournit par une ville)[55]

Mason Gaffney, professeur d'économie à l'Université de Californie à Riverside, s'est intéressé à la théorie de George dès le début de sa carrière dans les années 1950, et « l'a enseigné depuis a des générations d'économistes et d'urbanistes »[56].

Le maire de la ville de New York, Bill de Blasio a exprimé la volonté de remédier au délabrement dans le Bronx et d'autres quartiers en taxant les lots vacants d'après leur valeur[57].

Selon Angus Deaton, Nobel d'économie en 2015, une part importante de l’industrie des soins de santé aux États-Unis consiste en « recherche de rente » et ne profite qu'à « un petit groupe, uni »; et « ce qui est le plus préoccupant à propos des écarts de revenus, c’est qu'ils peuvent se transformer en inégalités politiques »[58]. George avait exprimé cette préoccupation, avec un sentiment d'urgence à cause de son caractère non seulement "possible" mais inéluctable: « l'égalité politique coexistant avec une tendance plus puissante à la distribution inégale de la richesse doit finir par engendrer le despotisme, soit d'une tyrannie organisée, soit de l'anarchie, » dit-il[59].

Ralph Nader a proposé durant l’élection présidentielle américaine de 2004 une taxe sur la valeur des terrains et la pollution; L’économiste américain Nicolaus Tideman et l’activiste Alanna Harzok font la promotion de l’idée d’une taxe sur la terre; Les écologistes croient fréquemment que la terre devrait être considérée comme la propriété commune de l’humanité, - et que les pollueurs doivent encourir des amendes et des taxes; George Bernard Shaw, Sun Yat-sen, Herbert Simon et David Lloyd George ont fait l'éloge des idées de Henry George ou ont été influencées par lui.(RÉFÉRENCES?)

On dit que des propositions de George ont pu influencer les politiques économiques dans certaines pays: Afrique du Sud, Taïwan, Hong Kong, Australie.[réf. nécessaire]

L'économie du développement durable

Riccardo Petrella a proposé un « Contrat mondial » suivant lequel l’eau serait déclaré « bien commun, » afin d'en empêcher la marchandisation; « les coûts de l’eau » (utilisation, conservation/protection) sont « multiples » et de « différents ordres », soutenait-il, et ces coûts sont à la fois « interdépendants » et « non-substituables, » - exactement comme George l'avait démontré dans le cas du sol.

« on ne saurait remplacer une catégorie de coûts par une autre »[60], dit Petrella.
« La possibilité d’échanger les richesses entre elles implique nécessairement une répartition entre toutes les espèces de richesses, avec un avantage quelconque provenant d’une espèce quelconque», dit George[61].

Ces raisonnements économiques, qui portent sur des ressources naturelles (eau, sol) en lien avec un souci des droits et du bien-être des générations futures, peuvent être considérés comme relevant du domaine de l'économie du développement durable; en ce sens, George serait l'un des pionniers du domaine. Mais son système est essentiellement que la valeur du sol, la rente, actuellement un monopole privé, devient un « bien public » positif en vue d'un accroissement économique continu; il n'a jamais envisagé le rôle ou le coût de l'eau dans le progrès, ni les effets négatifs de la pollution sur une richesse publique. L'appauvrissement qui est lié au monopole sur le sol dans l'œuvre de George pourrait être assimilé à une perte de richesse due à la pollution, mais son système est fondamentalement opposé à des taxes imposées sur les produits du travail; son idée essentielle étant que ce qui cause la misère et la pauvreté des individus, au mépris des droits égaux de tous, cause également les crises qui surviennent paradoxalement avec le progrès et l'accroissement de la puissance productive.

Une critique

Les écrits de George ont reçu leur part de critiques. L’économiste autrichien (voir « École autrichienne ») Eugen von Böhm-Bawerk, par exemple, a émis un jugement négatif sur la thèse de George sur le rabot du charpentier. Il écrit :

« Il est impossible de soutenir sa distinction des branches de productions en deux classes, dans l’une desquelles la force vitale de la nature est supposée constituer un élément spécial qui fonctionne en harmonie avec le travail, alors que dans l’autre ce n’est pas vrai… Les sciences naturelles nous ont depuis longtemps prouvé que la coopération de la nature est universelle… Les mouvements musculaires de la personne utilisant le rabot seraient peu utiles, s’il n’était pas assistés par les forces et les propriétés naturelles du fer plat. [réf. nécessaire] »

Notes et références

  1. George, Henry Jr. The life of Henry George. 1st Period; Birth and early training (1839-1855). New York : Doubleday, Page & co., 1904, p. 1-18. https://archive.org/details/completeworksofh10georiala]
  2. George, Henry. Bribery in Elections. The Overland Monthly, vol. 7, No. 6, décembre 1871, p. 497-504.
  3. Henry George. Progrès et pauvreté; Enquête sur la cause des crises industrielles et de l’accroissement de la misère au milieu de l’accroissement de la richesse; Le remède; Henry George, sa vie, son œuvre, sa mort (trad. P.-L. Lemonnier). Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, pp. I-III.
  4. Henry George. Progrès et pauvreté; Henry George, sa vie, son œuvre, sa mort. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, pp. I-III.
  5. 1 2 3 4 George, Henry. In The Encyclopaedia Britannica, New York (11e Ed.) vol xi, pp. 747-748, 1910.
  6. Henry George In The virtual museum of the city of San Francisco.
  7. George. Henry. The Standard.
  8. H. George. The Case of Dr. McGlynn (29 sept. 1886); Henry A. Hartt. The Archbishop: His position Insulting to the Dignity of the Republic; (Letter of) Edward McGlynn. The Standard, vol. 1, 8 jan. 1887. ; No Politics from Rome. The Standard, vol. 1, 22 jan. 1887
  9. George, Henry Jr. The life of Henry George, 3rd Period, chap. xiv: The last campaign. New York : Doubleday, Page & co., 1904, p. 584-611. https://archive.org/details/completeworksofh10georiala]
  10. Henry George. Progrès et pauvreté; Henry George, sa vie, son œuvre, sa mort. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, pp. I-III.
  11. source
  12. George, Henry. The Science of Political Economy. Book II, The Nature of Wealth; chap. viii: Breakdown of scholastic political economy, showing the reason, the reception and the effect on political economy of "Progress and Poverty". Toronto; Morang, 1898, p. 199-205.
  13. George, Henry Jr.. The life of Henry George. New York : Doubleday, Page & co., 1904, pp. 634 1839-1879, et 1879-1897.
  14. Taxation In The Encyclopaedia Britannica, New York (11e Ed.) vol xxvi, p. 462, 1911.
  15. Ricardo, David In The Encyclopaedia Britannica, New York (11e Ed.) vol xxiii, p. 286-287, 1911.
  16. Henry George. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 126.
  17. Henry George. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 150-151.
  18. Henry George. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 143 et 256.
  19. 1 2 3 4 H. George. How to help the unemployed. The North American Review, vol. 158, No. 447, février 1894
  20. Henry George. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 305.
  21. Henry George. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 305.
  22. Henry George. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 274.
  23. Ricardo, David In The Encyclopaedia Britannica, New York (11e Ed.) vol xxiii, p. 286-287, 1911.
  24. Henry George. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 151, 50-63.
  25. Henry George. Progrès et pauvreté, Livre III, Les lois de la distribution, . Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 141-204
  26. Henry George. Progrès et pauvreté, Livre III, chap. IV. Le faux capital et les profits confondus avec l'intérêt. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 175-181
  27. Henry George. Progrès et pauvreté, Livre III, chap. III: De l’intérêt et de la cause de l'intérêt. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 160-174.
  28. Henry George. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 276-303.
  29. Henry George. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 276-303.
  30. Henry George. Ce qu’est l’impôt unique et pourquoi nous le revendiquons, cité par L. Tolstoï In Le projet d’Henry George.
  31. George, Henry Jr. The life of Henry George, 3rd Period, chap. xiv: The last campaign. New York : Doubleday, Page & co., 1904, p. 593. https://archive.org/details/completeworksofh10georiala]
  32. Henry George. The Standard, June 23, 1888; Voir S. Kinsella. Henry George on Intellectual Property and Copyright. Oct. 25, 2015
  33. Henry George. The Standard, June 23, 1888; Voir S. Kinsella. Henry George on Intellectual Property and Copyright. Oct. 25, 2015
  34. George, Henry. Money in Elections. The North American Review, mars 1883, pp. 202-211.
  35. George, Henry. Bribery in Elections. The Overland Monthly, décembre 1871, pp. 497-504.
  36. George, Henry. Money in Elections. The North American Review, mars 1883, pp. 202-211.
  37. George, Henry. The Science of Political Economy. Toronto; Morang, 1898, p. 197-199.
  38. Karl Marx – Letter to Friedrich Adolph Sorge in Hoboken
  39. Jump up ^ Henry George's Thought
  40. George, Henry. The Science of Political Economy. Toronto; Morang, 1898, p. 206-210.
  41. Lepore, Jill. Forget 9-9-9. Here’s a Simple Plan: 1. The New York Times, Oct. 2011.
  42. L. Tolstoï. Où est l'issu ? In Les rayons de l'aube. (trad. J.-W. Bienstock), Paris P.-V. Stock Éditeur, p. 393-411 1899 - Voir également L'essai de Tolstoï intitulé Aux Travailleurs!
  43. L. Tolstoï. Lettre sur Henri George I.
  44. L. Tolstoï. Lettre sur Henri George II.
  45. L. Tolstoï. L’esclavage de notre temps, 1900.
  46. E. S.. Land-value tax; Why Henry George had a point. Free Exchange Economics/The Economist, April 1st 2015.
  47. Gandhi. Unto this last; une paraphrase.;
  48. E. S.. Land-value tax; Why Henry George had a point. Free Exchange Economics/The Economist, April 1st 2015.
  49. Martin Luther King Jr.. Where do we go from here : chaos or community? New York; Harper? Row, 1967, p. 191-192
  50. E. S.. Land-value tax; Why Henry George had a point. Free Exchange Economics/The Economist, April 1st 2015.
  51. Voir par exemple: E. S.. Land-value tax; Why Henry George had a point. Free Exchange Economics/The Economist, April 1st 2015.
  52. Joseph E. Stiglitz, cité In Praise for Mason Gaffney.
  53. E. S.. Land-value tax; Why Henry George had a point. Free Exchange Economics/The Economist, April 1st 2015.
  54. Joseph E. Stiglitz. The Theory of local public goods. Standford University, 1977.
  55. Fujita M. et Thisse J.-F. Économie des villes et de la localisation. De Boeck Supérieur, 2003, p. 560
  56. Praise for Mason Gaffney.
  57. E. S.. Land-value tax; Why Henry George had a point. Free Exchange Economics/The Economist, April 1st 2015.
  58. Microeconomist Angus Deaton talks about Inequality and rent-seeking, The Daily Sabbatical/Rotman, 16 janvier 2015.
  59. Henry George. Progrès et pauvreté, Livre X, La Loi du progrès humain, chap. IV, Comment la civilisation moderne peut décliner. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière, 1925, p. 488.
  60. Riccardo Petrella. Le manifeste de l’eau; Pour un contrat mondial. Bruxelles; Éd. Labor, 1998, p. 72.
  61. Henry George. Progrès et pauvreté. Bruxelles/Paris; Ligue pour la réforme foncière. 1925, p. 168.

Voir aussi

Bibliographie

Livres

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