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Commentaires sur la Guerre des Gaules

Commentaires sur la Guerre des Gaules

Une édition de 1783.
Commentaires sur la Guerre des Gaules du MuséoParc d'Alésia près d'Alise-Sainte-Reine en Bourgogne.

Commentaires sur la Guerre des Gaules (en latin Commentarii de Bello Gallico), ou simplement La Guerre des Gaules (Bellum Gallicum ou De Bello Gallico), est un ouvrage d'histoire en sept livres de Jules César, constitué de notes rédigées au fur et à mesure de la guerre et rassemblées vers 52-51 av. J.-C., dans lequel il relate ses opérations militaires (pour une bonne part c'est en fait la collation des rapports qu'il rédigeait, en partie avec ses lieutenants, pour les envoyer au Sénat qui surveillait l'activité des proconsuls tels que César) lors de la Guerre des Gaules qui se déroula de 58 à 52 av. J.-C. et dont il fut le généralissime victorieux. Un huitième livre, écrit plus tard par Aulus Hirtius, décrit les derniers combats de 51 av. J.-C. et la situation en Gaule en 50 av. J.-C.

La copie la plus ancienne est carolingienne, ce qui en fait une des plus anciennes copies complètes de l'Antiquité classique, à l'exception des écrits du Nouveau Testament.

Résumé

Sauf précision, les dates de cette partie sont sous-entendues « avant Jésus-Christ »

  • Livre I (58) : Description des peuples gaulois, soulèvement des Helvètes, campagne contre les Helvètes, puis contre les Germains d'Arioviste.
  • Livre II (57) : Campagne contre les Belges.
  • Livre III (56) : Campagne de César contre les Armoricains et de Publius Crassus en Aquitaine.
  • Livre IV (55) : Campagne contre des Germains (premier franchissement historique du Rhin), première expédition de Jules César en Bretagne.
  • Livre V (54) : Deuxième expédition de Jules César en Bretagne, révolte des Eburons et des Trévires.
  • Livre VI (53) : Deuxième franchissement du Rhin, pacification du Nord et du centre de la Gaule.
  • Livre VII (52) : Soulèvement général des peuples gaulois, sièges d'Avaricum, de Gergovie et d'Alésia.
  • Livre VIII (51-50) : Achèvement de la conquête d'Uxellodunum, situation en 50.

Livre I (58)

Citation d'un passage du chapitre XII du Livre I décrivant la Saône sur un monument situé à Trévoux dans l'Ain. Le monument rend hommage au 1er régiment de fusiliers marins libérant la ville le . Il fait le parallèle avec une des premières batailles de la guerre des Gaules, opposant les Tigurins aux troupes de César.

Le premier livre s’ouvre sur une description de la Gaule et de ses habitants. Les Belges sont présentés comme les plus braves des Gaulois, et les Helvètes décrits comme un peuple courageux et belliqueux.

Insatisfait de la situation territoriale de son peuple, qu’il estime indigne de sa grandeur, Orgétorix l’homme le plus noble et le plus riche d'Helvétie rassemble des forces sous sa conduite. Celui-ci fait un tour de Gaule pour convaincre différents chefs de s’allier à lui, et fait préparer des réserves de blé. Les Helvètes apprennent cette tentative pour s’emparer du pouvoir et la condamnent. Orgétorix vient avec des milliers de partisans pour se soustraire au jugement, mais finit par mourir, peut-être suicidé. À sa mort, les projets de conquêtes ne s’éteignent pas et les Helvètes partent après avoir brûlé leurs villages. Mais César empêche la migration des Helvètes prévue jusque chez les Santons, sur la côte atlantique, et repousse le Germain Arioviste qui s'était installé sur une partie du territoire des Séquanes et augmentait constamment son emprise sur la région en attirant de plus en plus de tribus germaniques sous ses ordres.

Livre II (57)

Le livre II commence par l'évocation d'un nouveau danger : pour diverses raisons, selon César, les Belges se préparent à attaquer les légions stationnées en Gaule. En 57, il anticipe cette attaque en marchant vers le territoire belge. Les Rèmes, voisins des Belges, se rallient aux Romains et leur fournissent des informations sur la coalition des peuples qui composent les armées belges et l'état des troupes. Les Belges, qui ont été surpris par l’avancée rapide des légions, se regroupent et marchent sur les Romains et leurs alliés. César installe son camp sur les rives de l'Aisne, secourt les Rèmes assiégés dans Bibrax et patiente. Les Belges se retranchent à leur tour dans un camp non loin de celui des Romains. Les deux ennemis s'observent et se testent sans vouloir prendre l'initiative de l'engagement. Enfin la bataille a lieu. Les Belges sont repoussés et subissent de lourdes pertes. Renonçant à mener une guerre offensive, ils décident de maintenir leur alliance pour une guerre défensive. Les Bellovaques, notamment, sont inquiets de l'offensive des Eduens, qui, poussés par César, menacent leur territoire. Les armées belges se retirent.

Talonnée par César, l'arrière-garde Belge se fait massacrer et la retraite tourne à la déroute. César s'avance alors en territoire belge où il obtient la soumission des Suessions, des Bellovaques et des Ambiens sans coup férir, tandis que les Nerviens et leurs voisins se préparent à résister. Ils s'opposent aux légions sur les rives du fleuve Sabis (la Sambre ou la Selle ou encore la Lys). C'est la Bataille du Sabis. D'abord pris de court par l'attaque ennemie, les Romains se retrouvent en fâcheuse posture, mais reprennent l'avantage et remportent la victoire malgré la résistance héroïque des Nerviens dont les forces sont quasiment anéanties. César se montre clément envers les survivants qui gardent leurs terres et bénéficient de sa protection. Restent les Atuatuques, retranchés dans une place-forte dont César commence le siège. Impressionnés par la technologie de l'armée romaine, les Atuatuques font mine de vouloir se rendre pour tromper la vigilance des légions et profiter de la nuit pour tenter une sortie. Celle-ci échoue et les Atuatuques paient chèrement leur duplicité. 53000 d'entre eux sont vendus comme esclaves.

Les autres peuples gaulois se soumettent, l'autorité de Rome est restaurée. César profite de la paix pour rentrer en Italie en triomphateur.

À la fin de cette année 57 l'optimisme de César est grand : "Ces campagnes avaient procuré la pacification de toute la Gaule. [...] En raison de ces événements on décréta, à la suite du rapport de César, quinze jours d'actions de grâce, ce qui n'était encore arrivé à personne." II 35

Livre III (56)

Ainsi Galba fut-il envoyé dans les Alpes, chez les Nantuates, les Véragres et les Sédunes pour y faciliter le commerce, puis chez les Allobroges pour le repos d’hiver. Sur le chemin, ils furent attaqués par les Véragres qui craignaient d’être à leur tour soumis, et qui entendaient profiter de l’infériorité numérique des Romains. Leur camp assailli, ils tentèrent une audacieuse sortie qui surprit l’adversaire et leur permit de l'emporter. Alors que César pensait la Gaule entièrement soumise (mais César dit pacatam, « pacifiée ») et qu’il partait pour l’Illyrie, plusieurs peuples de l’Armorique, à l’initiative des Vénètes, se soulevèrent pour récupérer les otages confiés au jeune Publius Crassus, que César avait envoyé. Chaque camp prépara la guerre, qui s’annonçait navale. César insiste beaucoup sur la supériorité de la flotte et du savoir-faire nautique des Vénètes. Mais grâce à la stratégie mise au point pour attaquer un bateau après l’autre, puis à la chute du vent, les Romains triomphèrent et mirent fin à la guerre. La guerre suivante eut lieu en Aquitaine, contre les Sotiates et sous le commandement de Crassus. Furent battus divers peuples non sans difficulté et avec l’aide d’alliés de l’Hispanie citérieure voisine. Restaient seulement deux peuples insoumis en Gaule, les Morins et les Ménapes, que César fit traquer : il alla jusqu’à quadriller d'avenues d'abattis la forêt dans laquelle ils s'étaient réfugiés !

Livre IV (55)

Le livre quatre, qui commence au début de l’année -55, sous le consulat de Crassus et Pompée, est celui des guerres de Germanie. Il commence par un terrifiant portrait des Suèves, peuple aussi dangereux par son caractère belliqueux que puissant par son nombre, sa bravoure, et la rudesse et ses mœurs. Les Suèves, agressifs, avaient acculé plusieurs peuples germains sur les rives du Rhin. Craignant que les Gaulois, « peuple pusillanime », ne pactisent avec les Germains, César prend les devants et s’engage vers le Rhin. Il rencontre les émigrants-envahisseurs entre la Meuse et le Rhin. Voyant avancer sa cavalerie, des cavaliers germains moins nombreux l'attaquent par erreur et la mettent en déroute. Après avoir fait prisonniers leurs chefs revenus parlementer, il vainc facilement le reste des troupes. César décide alors de franchir le Rhin, afin de neutraliser toute menace pouvant venir de peuples comme les Suèves ou les Sugambres. Il lance un pont d’un type nouveau, compte tenu de la difficulté du milieu, traverse le fleuve, incendie en représailles les villages désertés des Sugambres, s'enfonce une bonne semaine en territoire suève sans rencontrer personne et estime avoir délivré ainsi les alliés Ubiens de la menace qui pesait sur eux. Il repasse le Rhin et coupe le pont. Il décide d’utiliser la fin de l’été pour faire une reconnaissance de la Bretagne (les îles britanniques), que personne ne connaissait et qui avait envoyé des renforts aux Gaulois au cours des guerres. Casus Volusenus envoyé en reconnaissance, César et ses armées partent s’équiper chez les Morins. Ils traversent la Manche au Pas de Calais. Les Bretons les attendaient en armes sur la côte. Malgré les difficultés liées au combat dans l’eau, les Romains débarquèrent et obtinrent la reddition des Bretons. Mais ils se trouvèrent bloqués sur l’île à cause des grandes marées qui détruisirent partiellement la flotte qu'ils croyaient avoir suffisamment tirée au sec. Les voyant ainsi affaiblis, sans provisions de blé, sans renfort possible et presque sans cavalerie, les Bretons reprirent la lutte. Les Romains les battirent à nouveau et rentrèrent en Gaule.

Livre V (54)

Comme chaque année César rentra à Rome, pendant que ses hommes constituaient une nouvelle flotte, selon un cahier des charges que César lui-même avait établi. Après un détour par l’Illyrie pour régler un problème avec les Pirustes, il retourna en Gaule, ordonna à ses troupes de se masser dans un port pour se préparer à un nouvel assaut sur l'île de Bretagne. En dépit de l’insoumission de certains, vite corrigée, César se fit accompagner en Bretagne par beaucoup des chefs Gaulois. Une flotte de huit-cents navires arriva en Bretagne. Une tempête obligea à mettre les navires à sec, et pendant ce temps l’ennemi rassembla ses forces. César fait ensuite une description géographique et ethnographique de la Bretagne étonnamment juste, bien que grossière (il lui donne la forme d’un triangle, mais l’orientation et les îles évoquées sont aisément identifiables). La poursuite des ennemis mena les légions jusqu’à la Tamise qu’ils traversèrent. Les Trinovantes puis d’autres peuples suivant l’exemple se rallièrent à César contre Cassivellaunos, le chef des forces bretonnes, qui après plusieurs échecs se rendit. Rentré en Gaule, à cause d'une mauvaise récolte il répartit pour l'hiver ses légions dans différentes régions du Nord de la Gaule. Les Romains durent alors affronter un soulèvement de tous les peuples gaulois menés par l’Éburon Ambiorix, lors de l'hivernage. Les Gaulois, par ruse, anéantirent une légion et en assiégèrent deux autres. Le camp romain commandé par Q. Cicéron réussit finalement à alerter César, qui arriva de toute urgence avec les renforts disponibles et soumit ses adversaires. Puis ce fut au tour des Trévires de comploter contre Rome. Leur chef Indutiomaros fut pourchassé et tué, et la Gaule devint désormais à peu près tranquille.

Livre VI (53)

Cependant César se méfiait encore et se fit envoyer des renforts par Pompée. Bonne intuition car les Gaulois étaient en train de reformer une ligue pour reprendre la lutte. Lorsque César, après avoir écrasé les Nerviens, réunit tous les chefs Gaulois, les Sénons, les Carnutes, les Ménapiens et les Trévires refusèrent de s’y rendre. Les deux premiers se rallièrent effrayés par les légions romaines en marche. Les Ménapes furent combattus et battus facilement. Contre les Trévires, Labienus qui avait la charge de la légion locale, utilisa la ruse de s'enfuir, les attirer en terrain défavorable et mieux les vaincre. Les Suèves, qui devaient arriver en renfort, rentrèrent chez eux, mais cela suffit à décider César à refranchir le Rhin. Il apprend par les Ubiens que les Suèves l’attendent en embuscade dans une forêt. César fait une pause dans le récit pour analyser les différences de mœurs entre Gaulois et Germains. Les Gaulois, à tous les niveaux, sont divisés en deux partis rivaux. Dans la hiérarchie sociale, seuls sont estimés les druides, hommes de religion, et les chevaliers, hommes de guerre. Les druides servent aussi d’arbitres dans les conflits privés. Leur prestige est grand, leur fonction difficilement accessible au profane. Selon César, l’origine des pratiques druidiques serait la Bretagne (île de Bretagne). César ajoute à sa description une pratique cruelle, celle du sacrifice humain pratiquée lors de rites. Les Gaulois sont très religieux. Ils honorent Mercure (Lug), principalement. Leur calendrier est lunaire, et leur organisation sociale très axée sur la communauté et le partage. Les Germains retardent ; ils vivent à la dure, pratiquent essentiellement la chasse et l’élevage pour se nourrir. Pour éviter une sédentarisation qui les amollirait et les détournerait de la guerre, leurs possessions foncières sont limitées à un an. Vivre dans un désert est la marque de la grandeur, puisque cela signifie que personne n’ose habiter près d’un peuple aussi puissant. Ce sont les chefs de clans qui font la justice. Jadis dominés par les Gaulois, ils sont du temps de César plus puissants, car ces derniers se seraient, au contact de la civilisation hellénistico-romaine habitués au confort et au luxe (c’est la vieille rengaine de la décadence des mœurs chère, par exemple, à un Caton l’Ancien, qui apparaît ici de manière plus ou moins voilée). César décrit ensuite avec un souci scientifique du détail la forêt Hercynienne qui s’étend de l’Helvétie à la Dacie, et les animaux rares qui y vivent. César refusant de suivre les Germains dans cette forêt, il fait surveiller la région pendant qu’il tente de capturer Ambiorix, exterminant son peuple. C'est alors que les bagages entassées dans le fort d’Atuatuca attirèrent les Germains qui infligèrent de légères pertes aux Romains, se retirèrent aussitôt et laissèrent la garnison étonnamment démoralisée car elle était persuadée que cette arrivée des Germains signifiait qu'ils avaient vaincu les légions parties du camp (dont celle de César). La description inopinée, durant la bataille, de la bravoure montrée par un soldat romain face à l'ennemi atténue par contraste l'impression négative produite par la situation désavantageuse du camp et le manque de vigilance qui en est à l'origine. En rentrant d'expédition, César reprit en main la situation, avant de retourner à Rome.

Livre VII (52)

La rumeur courant que César, occupé à Rome par les querelles de partis, ne reviendrait pas avant longtemps, les Gaulois programmèrent une nouvelle révolte. C’est à cette nouvelle guerre qu’est consacré le très long livre VII. Vercingétorix, un Arverne, souleva toute sa clientèle et rassembla finalement tous les peuples sous ses ordres. Investi des pouvoirs suprêmes, il se montra un commandant rigoureux et efficace. Le projet gaulois de prendre Narbonne fait partir César pour la Province. Au prix de gros efforts, il traverse les Cévennes en plein hiver et lance sa cavalerie attaquer les Arvernes. Après une marche record remontant Rhône et Saône, il rejoint Labiénus et le gros de l'armée à Agedincum = Sens, châtie Genabum, se porte au secours de Gorgobina assiégée, puis contre Avaricum (Bourges). Vercingétorix a fait brûler tout ce qui pourrait servir aux Romains. Le siège est très dur et se termine par le massacre de la population. L'armée finit l'hiver en cantonnement à Bourges. Au printemps, une élection contestée chez les Eduens appelle César comme arbitre à Décize. Puis il partage ses forces. Il envoie Labiénus à Lutèce et part pour Gergovie en remontant l'Allier. Vercingétorix, mobile sur la rive gauche, échoue à lui interdire la traversée, et le devance à Gergovie. César envisage d'assiéger la place. Là-dessus, les Eduens se révoltent. César, quittant personnellement Gergovie, réussit de justesse à les maintenir de son côté et revient aussitôt. Contre Gergovie, il a l'idée d'une ruse, tablant sur l'impulsivité des Gaulois. Il cache une légion au pied de "la deuxième colline" qu'il voudrait conquérir, envoie la cavalerie se montrer sur l'arrière de la ville où les Gaulois s'activent aux fortifications et monte furtivement en force à l'assaut de la ville dégarnie par-devant. Mais ses soldats attaquent vraiment la ville. La contre-attaque massive des Gaulois les culbute. Une légion sort du petit camp pour les soutenir, ils arrivent à se replier, mais les pertes ont été lourdes. Les Gaulois ne les poursuivent pas. Jusqu'au dernier moment, César a espéré que Vercingétorix dégarnisse la deuxième colline. Mais cette fois le Gaulois s'est montré rationnel, et les Romains trop impulsifs. Quelques jours plus tard, César se retire, retraverse l'Allier, la Loire en crue, à un passage où personne ne l'attend et rejoint Labiénus. Devant Lutèce, Labiénus, après un premier succès, une fois les Gaulois ragaillardis par la défaite romaine de Gergovie, cherche plutôt à se désengager, y réussit brillamment en choisissant son terrain et ramène ses troupes à Sens. À Bibracte, Vercingétorix est confirmé dans son commandement à la tête de la ligue gauloise. César, après avoir regroupé toute son armée et reçu un renfort de cavaliers germains, rencontre la coalition gauloise, en bat la cavalerie et la poursuit à Alesia. Commence un long siège, dont César décrit minutieusement les travaux. Une armée de secours gauloise est mise sur pied, dont il détaille les effectifs. Quand elle est enfin là, elle tente une attaque de nuit en ligne, qui échoue. Après avoir étudié les défenses, elle lance une attaque générale et, simultanément, une attaque en colonne sur le point faible des Romains, qui réussit. La jonction avec les assiégés est imminente. Sur place, Labiénus, impavide, barre le passage avec 500 légionnaires, obstacle dérisoire. Surgissant d'assez loin, César, en manteau rouge, à la tête des cavaliers germains, fonce ! Militairement, c'est un suicide : ils sont à un contre dix, hommes et chevaux éprouvés par un premier combat très violent, mais quelle détermination ! Il se produit alors cette chose imprévue : une ovation immense, sur des kilomètres de rempart. Déroutés, les Gaulois, qui sont à dix contre un, se laissent culbuter et tailler en pièces. Vercingétorix, abasourdi, renonce. Il voit César remporter au dernier moment une bataille perdue d'avance. Le lendemain, après en avoir délibéré, il vient seul, à cheval, se rendre officiellement à César. Des deux côtés, les pertes ont été énormes. Peut-être la moitié des combattants sont morts et les autres, pour la plupart, blessés. César attribue un prisonnier comme esclave à chacun des soldats pour porter son bagage et boucher les vides dans les rangs. Il décide de passer l'hiver à Bibracte et répartit en Gaule les cantonnements de ses légions éprouvées.

Livre VIII (51-50)

Ajouté postérieurement par Aulus Hirtius, ce huitième livre fait la transition avec le récit des guerres civiles. Il raconte les événements jusqu’en 50. Il souligne dans un prologue, au moins par convention, sa gêne à compléter une œuvre si magistrale. Comme il le dit, César, contrairement à son intention de fournir de la matière aux historiens, leur a supprimé toute possibilité de travailler sur la guerre des Gaules en faisant un récit des événements qui se suffit à lui-même par sa pureté. César consentit au repos de ses troupes qui avaient lutté durement depuis un an entier. Puis, pour prévenir toute nouvelle tentative de soulèvement il sillonna la Gaule à marche forcée, se montrant partout et signifiant ainsi aux Gaulois qu’il serait vain de tenter quoi que ce soit. Mais c’est surtout pour arbitrer les conflits entre peuples gaulois qu’il entreprit cette tournée, réprimant quiconque tentait d’envahir son voisin. Ainsi les Bellovaques, voulant attaquer les Suessions, s’attirèrent les foudres romaines : après un long siège, les Bellovaques se décidèrent à attaquer, pour être écrasés par la cavalerie romaine. De même les Pictons, peuple du centre de la Gaule, furent défaits par la cavalerie avec l’appui de l’infanterie. Le Sénon Drappès et le Cadurque Lucterios tentèrent ensuite de rallier des Gaulois pour une nouvelle révolte. Le légat Caius Caninius fut chargé de les combattre, ce qu’il fit avant de subir de nouveaux affronts de la part de la ville d’Uxellodunum. César en fut averti, et décida de s’y rendre lui-même, non parce que le danger était grand, mais pour châtier de manière exemplaire l’opiniâtreté de cette petite ville. En les assiégeant et en les privant d’eau, on les força à se rendre et César fit couper les mains des combattants. César se rendit enfin en Aquitaine, qu’il n’avait jamais visité, puis retourna hiverner auprès de ses troupes, en Belgique, avant de rentrer à Rome, auréolé de gloire. Mais déjà se profile la guerre civile, puisque nombreux étaient ceux qui à Rome étaient effrayés par le prestige dont jouissait César et le soutien que l’armée lui prodiguait. La confrontation entre les partisans de César et ceux de Pompée s’affichait de plus en plus ostensiblement, notamment au Sénat.

Un ouvrage d'histoire atypique

L'intention avouée de César est, selon Aulius Hirtius, de « fournir des documents aux historiens sur des événements si considérables »[1]. La Guerre des Gaules n'est donc pas un ouvrage d'histoire traditionnel mais appartient au genre des Commentarii, recueil de notes brutes (commentarius) prises sur le terrain destiné à servir de base factuelle, d'où l'organisation strictement chronologique des huit livres, leur aspect strictement factuel[2] et leur style extrêmement concis. Grâce à l'« atelier de production »[3] dont il dispose, César peut élaborer son ouvrage en trois mois[4], au lendemain de la reddition d'Alésia, et ainsi montrer immédiatement l'importance de sa victoire. Entre la mort de César, en 44, et la sienne en 43, Aulius Hirtius écrit un huitième livre afin d'assurer la transition avec la Guerre civile.

Réception

En tant qu'œuvre littéraire

Dès sa parution, l'ouvrage est jugé comme un chef-d'œuvre littéraire. Cicéron admire ces « Commentaires (...) nus, simples, élégants, dépouillés (...) de tout ornement oratoire », et affirme qu'« en se proposant de fournir des matériaux où puiseraient ceux qui voudraient écrire l'histoire (...) [César] a ôté l'envie d'écrire, car il n'y a rien de plus agréable dans l'histoire qu'une brièveté pure et lumineuse »[5].

Si différents auteurs critiquent la véracité des commentaires de César, tous s'accordent pour admirer leur style élégant et limpide, « la pureté et l'inimitable polissure de son langage », selon Montaigne[6].

En tant que source historique

La Guerre des Gaules est la seule source de première main disponible pour ceux qui s'intéressent à la Guerre des Gaules : les textes de Tite-Live sont perdus, et aucun autre ouvrage contemporain conservé n'évoque le sujet. Son auteur étant le principal protagoniste de la conquête, sa fiabilité a souvent été mise en doute. Tout d'abord par d'autres témoins de l'entourage de César ayant une vision différente (notamment Asinius Pollion, dont ne subsistent malheureusement que quelques fragments), puis par les pourfendeurs du césarisme, comme Montaigne, qui dans ses Essais dénonce les « fausses couleurs de quoi [César] veut couvrir sa mauvaise cause et l'ordure de sa pestilente ambition »[7]. À partir du milieu du XIXe siècle, le débat passe du plan idéologique au plan beaucoup plus scientifique.

Michel Rambaud analyse dans sa thèse[8] les subtils procédés rhétoriques qui permettent de présenter César sous un jour qui convient aux intérêts d'alors du proconsul : descriptions systématiquement mélioratives du général, minoration du rôle de ses légats, valorisation de la vaillance des adversaires dans le seul but de valoriser sa victoire, etc. La Guerre des Gaules est donc un ouvrage de propagande, destiné à valoriser le général vainqueur aux yeux du Sénat, afin qu'il puisse affermir son influence à Rome. Cependant, il faut tempérer ce jugement : la valeur factuelle de l'ouvrage est reconnue, et les spécialistes de l'Antiquité considèrent que César n'aurait pu trop déformer la réalité, étant donnée la multiplicité des sources d'information dont disposaient ses contemporains (notamment par ses lieutenants lors de la campagne, choisis par le Sénat, parfois opposants à César sur la scène politique). Comme toujours, en matière historique notamment, il faut prendre d'indispensables précautions face à un instrument de travail incontournable[9]. Au total, on peut considérer que tout l'art de César à cet égard est de parvenir à un équilibre subtil en présentant les choses à son avantage sans perdre sa crédibilité par des manipulations excessives de la réalité. Pour ce faire, il met en œuvre des techniques qui sont encore fréquemment utilisées dans la propagande. Par exemple, comme le montre Rambaud, César ne nie jamais un fait qui pourrait lui être reproché : il affirme le contraire.

Éditions et traductions

Les Commentaires de César connaissent de nombreuses éditions savantes dès la Renaissance, et sont traduits dans toutes les langues européennes. C'est un texte de référence pour l'étude du latin.

Notes et références

  1. Cité par Goeury (2000), p. IX.
  2. L'ouvrage, écrit à la troisième personne, ne fournit aucune indication directe sur les opinions, pensées et jugements de César.
  3. Des esclaves secrétaires, le chef du secrétariat Aulius Hirtius, le jurisconsulte Trebatius, le père de Trogue Pompée accompagnent César en Gaule, et l'aident lors de la rédaction des Commentaires à ordonner la chronologie des événements. Ils y joignent des descriptions ethnographiques ou géographiques tirées d'auteurs grecs, et trient les données factuelles (notes dictées, lettres, rapports aux Sénat) rassemblées durant la guerre. César n'a ensuite plus qu'à rédiger la version définitive.
  4. Goeury (2000), p. X.
  5. Cicéron, Brutus, 75, 262. Cité par Goeury (2000), p. X.
  6. Essais, chapitre II, livre 6
  7. Livre II, chap. 10.
  8. Rambaud (1952).
  9. Goeury (2000), p. XV-XVI.

Sources

Bibliographie ancienne

Les Commentaires de César ont été très souvent imprimés : les meilleures éditions citées au XIXe siècle par le Dictionnaire Bouillet sont celles de :

  • John Greaves, Utrecht, 1697 ;
  • de Jeremias Jacob Oberlin, Leipzig, 1805 ;
  • de Nicolas-Éloi Lemaire (dans les Classiques latins), 1819-1822 ;
  • de Franz Oudendorp, Stuttgart, 1822 ;
  • de Christian Schneider, Hall, 1840-1852.

Ils ont été traduits en français par :

  • François Demoulin pour François Ier dans son Commentaires de la guerre gallique (1519-1520)
  • Nicolas Perrot d'Ablancourt, 1650 ;
  • Lancelot Turpin de Crissé, 1785 ;
  • Jean Le Déist de Botidoux, 1809 ;
  • Nicolas-Louis Artaud, 1828 ;
  • Charles Louandre, 1857.

Wikisource

  • Commentarii de bello Gallico (en latin)

Bibliographie du XXe siècle

  • Jules César (trad., intr. et notes Léopold-Albert Constans), Guerre des Gaules, Les Belles Lettres, « Collection des universités de France », série latine, 1924.
  • Jean-Claude Goeury (intr. et notes du texte de Jules César, trad. Anne-Marie Ozanam), Guerre des Gaules Livres I-II, Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche » no 21, 2000.
  • Michel Rambaud, L'Art de la déformation historique dans les Commentaires de César, Annales de l'Université de Lyon, 1952. Édition augmentée en 1966.
  • Hubert Zehnacker et Jean-Claude Fredouille, Littérature latine, Presses universitaires de France, coll. « Quadrige », 1993.
  • Luciano Canfora, Jules César, le dictateur démocrate, Flammarion, Paris, 2001 (référence incontournable depuis sa sortie).
  • Matthias Gelzer, Caesar, der Politiker und Staatsmann, Wiesbaden, 1960.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

  • Texte complet en latin avec indications de la quantité vocalique (macron).
  • Portail de la littérature
  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail de la Rome antique
  • Portail de l’historiographie
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