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Bataille d'Azincourt

Bataille d'Azincourt

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Bataille d'Azincourt
Description de cette image, également commentée ci-après

Bataille d'Azincourt, miniature tirée de l’Abrégé de la Chronique d'Enguerrand de Monstrelet, XVe siècle, Paris, BnF, département des Manuscrits.

Informations générales
Date
Lieu Clairière entre le bois d'Azincourt et celui de Tramecourt
Issue Victoire anglaise décisive
Belligérants
Royaume de France Royaume d'Angleterre
Commandants
Charles Ier d'Albret
Jean II Le Meingre
Henri V d'Angleterre
Thomas Erpingham
Forces en présence
12 000 à 35 000 hommesapprox. 9 000 hommes :
1 000 chevaliers,
6 000 archers,
2 000 fantassins
Pertes
6 000 morts[1]
2 200 prisonniers
600 morts[1], dont 13 chevaliers

Guerre de Cent Ans

Batailles

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Guerre de Succession de Bretagne
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Coordonnées 50° 27′ 49″ N 2° 08′ 30″ E/50.463611111111, 2.141666666666750° 27′ 49″ Nord 2° 08′ 30″ Est/50.463611111111, 2.1416666666667

Géolocalisation sur la carte : Nord-Pas-de-Calais

Différences entre dessin et blasonnement : Bataille d'Azincourt.

Géolocalisation sur la carte : France

Différences entre dessin et blasonnement : Bataille d'Azincourt.

La bataille d'Azincourt (Artois) (improprement Battle of Agincourt en anglais) se déroule le vendredi pendant la guerre de Cent Ans.

Les troupes françaises, fortes de quelque 18 000 hommes, tentent de barrer la route à l'armée du roi d'Angleterre Henri V, forte d'environ 6 000 hommes et qui tente de regagner Calais, devenue anglaise depuis 1347, et donc par là même l'Angleterre.

Débarquée dès le 13 août au lieu-dit « Chef-de-Caux », près de la ville d'Harfleur, l'armée anglaise parvient au bout d'un mois et demi de siège (17 août-7 octobre 1415) à prendre cette dernière, s'assurant ainsi d'une tête de pont en Normandie. Jugeant la saison trop avancée, Henri V se refuse à marcher sur Paris, et comme son aïeul Edouard III en 1346, il se dirige alors avec son armée vers le Nord de la France en vue de rembarquer vers l'Angleterre. L'ost du roi de France, Charles VI (absent car atteint alors d'une maladie mentale), parvient à rattraper les Anglais le 24 octobre. La bataille qui s'ensuit se solde par une défaite importante pour le camp français : la cavalerie lourde, rendue moins efficace par un terrain boueux et les retranchements anglais, est transpercée par les archers en majorité gallois[2], équipés de grands arcs à très longue portée.

Cette bataille, où la chevalerie française est mise en déroute par des soldats anglais inférieurs en nombre, est souvent considérée comme la fin de l'ère de la chevalerie et le début de la suprématie des armes à distance sur la mêlée, suprématie qui ne fait que se renforcer par la suite avec l'invention des armes à feu. Elle est, en réaction, une cause majeure de l'épopée de Jeanne d'Arc, puis de l'investissement dans l'artillerie qui deviendra une spécialité française.

Pour les Anglais, cette bataille reste l'une des victoires les plus célébrées, notamment par William Shakespeare dans une pièce de théâtre, Henri V.

Configuration du terrain et conditions météorologiques

Le matin précédant la bataille. Peinture de Sir John Gilbert (1884).

La bataille a lieu dans la clairière entre les bois d'Azincourt et de Tramecourt, dans l'actuel Pas-de-Calais près du village d'Azincourt. Le champ de bataille a été un élément déterminant à l'issue de l'affrontement. Au nord, au pied de la colline et dans des champs fraîchement labourés, se trouve l'armée commandée par Charles Ier d'Albret, connétable de France, qui s'y est placé, après une longue poursuite de onze jours, pour interdire le passage vers Calais aux forces anglaises qui ont mené une campagne sur la Somme.

La nuit du jeudi 24 octobre se passe sur le terrain pour les deux camps. Une lourde pluie tombe toute la nuit sur les deux armées peu abritées. Le champ de bataille, tout en longueur, est fortement détrempé, particulièrement côté français, placés dans le bas de la colline où coule un ruisseau devenu torrent durant la nuit. Le terrain boueux désavantageait l'armée française composée de nombreux chevaliers en armures dont certains se sont noyés sous leur poids. Le religieux de Saint-Denis dira dans sa chronique que les troupes françaises « marchaient dans la boue qui s'enfonçait jusqu'aux genoux. Ils étaient déjà vaincus par la fatigue avant même de rencontrer l'ennemi »[3].

Disposition des armées

Position troupes lors de la bataille d'Azincourt
Troupes françaises :
L'avant-garde est composée de bacinets[4], chevaliers ou écuyers, d'archers (m) d'arbalétriers (n) et d'hommes d'armes à pied (C et Cr) que le connétable (C) conduit.
L'aile droite du comte de Vendôme est composé d'hommes d'armes
L'aile gauche était composée de l'élite des hommes d'armes à cheval (B).
L'arrière garde était le surplus des gens d'armes.
Troupes anglaises :
Les archers(a) sur le devant avec les gens d'armes derrière. les 2 autres ailes sont disposées de la même manière[1].
Carte de la bataille d'Azincourt.

Au point du jour, le vendredi 25 (la Saint-Crépin), Henri V dispose sa petite armée (environ 6 000 combattants, dont 5 000 archers et 1 000 hommes d'armes). Il est probable que les trois forces habituelles aient été placées sur une ligne, chacune avec ses archers sur les flancs et les hommes d'armes démontés occupant le centre ; les archers étant placés en avant dans des avancées en forme de coin, presque exactement comme à la bataille de Crécy. Henry V se met en bon chef de guerre à la tête de ses hommes, entouré de sa garde personnelle, dans le corps de bataille principal, formé d'une ligne ininterrompue de combattants sur quatre rangs. Le duc d'York commande l'aile droite, tandis que le sire de Camoys est à la tête de l'aile gauche. Les archers sont menés par le duc d'Erpyngham, dont une grande majorité se trouve sur les flancs, ainsi que 200 autres archers dans le bois de Tramecourt afin d'empêcher un encerclement par les Français. Enfin, les archers se sont protégés par des rangées de pieux, destinés à briser la charge française[5].

Un grand nombre de seigneurs français sont présents au point que des bannières durent être repliées car elles gênaient la vue du corps de bataille principal. Les Français, en revanche, sont groupés sur trois lignes et en masse. Ils sont significativement plus nombreux que les Anglais, mais à Azincourt, ils ne peuvent utiliser la puissance de leur charge. Le terrain boueux fait glisser les chevaux lourdement chargés. Les quatre vagues d'attaque successives s'empêtrent les unes dans les autres.

L'avant-garde française est composée de 3 000 chevaliers, commandée par les grands seigneurs tels que le maréchal Boucicaut, le connétable Charles d'Albret, le duc d'Orléans, le duc de Bourbon, David de Rambures (grand maître des arbalétriers), le seigneur de Dampierre (amiral de France), Guichard Dauphin, et « autres officiers du roy » (d'après Monstrelet). Le plus puissant d'entre eux, le duc de Bourgogne, Jean sans Peur, est absent; il désirait participer à la bataille et avait même mobilisé des troupes. Le gouvernement armagnac alors en place avait en effet commandé au duc de Bourgogne l'envoi de 500 hommes d'armes et de 300 archers. Cependant, sa présence n'était pas souhaitée à cause notamment de la rivalité entre les partis bourguignon et armagnac[6]. De ce fait, Jean sans Peur donna à ses vassaux l'ordre de ne pas se rendre à la bataille, ordre qui ne fut bien entendu pas écouté puisque nombre de chevaliers français tués à Azincourt étaient sujets du duc de Bourgogne, dont ses propres frères Antoine de Brabant et Philippe de Nevers.

Le corps de bataille principal, 150 mètres derrière l'avant-garde, était fort de 4 000 hommes commandés par les comtes d'Aumale, de Dammartin et de Fauquembergues. Ces deux premières batailles étaient constituées d'hommes en armure qui avaient mis pied à terre. L'arrière-garde se composait de combattants de petite noblesse et de combattants de basse naissance (soldats et hommes de traits) soit au total 4 100 combattants. Ils s'étaient fait ainsi reléguer à l'arrière à cause de l'organisation traditionnelle des batailles, qui veut que les grands soient à l'avant. De plus, selon les chroniqueurs[Lesquels ?], l'ost royal refusa l'aide de 4 000 arbalétriers génois car il s'estimait bien assez nombreux. Sur les flancs, deux contingents de cavalerie lourde, soit 2 400 cavaliers. Son but était de briser les rangs d'archers anglais et de faciliter de cette manière l'attaque des batailles principales. Les commentateurs français estiment que les chevaliers ont peu à craindre car, s'ils sont capturés, une rançon sera versée pour les libérer. Ce n'est pas le cas de la piétaille, composée de simples soldats. Ceux-ci ont intérêt à défendre chèrement leur peau et à bien se battre.

Des débats courent sur le nombre de Français présents, amenant ainsi un rapport de 1 contre 2 à 1 contre 12, soit environ 72 000 hommes d'armes français. Le nombre le plus raisonnable est celui du Dr Anne Curry: 13 500 Français. Le royaume de France ne pouvait mobiliser davantage, d'autant plus qu'une partie de l'ost était à Rouen chargée de la protection du roi.

Déroulement de la bataille et massacre des prisonniers et blessés français

Chevalier en armure. Le terrain boueux désavantageait l'armée française face aux légers archers anglais.

L'échec des négociations

Pendant les trois premières heures après le lever du soleil, il n'y a aucun combat.

Des négociations s'engagent. Les Français demandent la renonciation du roi d'Angleterre à la couronne de France. Les Anglais de leur côté demandent l'accès libre à Calais et sont même prêts à rendre les forteresses qu'ils tiennent dans le Nord du royaume de France (Harfleur, qu'ils viennent de prendre après un long siège d'un mois, entre autres). Elles échouent. La bataille aura lieu.

La bataille

Il est dix heures. L'armée anglaise met genoux en terre et baise le sol. Le roi d'Angleterre, en manque de vivres avec une armée malade et fatiguée, ne peut repousser la bataille. Henri V d'Angleterre fait alors avancer ses hommes de 600 mètres vers les lignes françaises, d'une part pour les provoquer et les faire attaquer, d'autre part pour occuper la partie la plus étroite de la plaine, entre deux forêts. De plus, en se plaçant aussi près, il met les Français à portée des flèches des arcs anglais. Les archers se réfugient derrière des pieux qu'ils ont taillés le soir ou la veille, apportés et plantés dans le sol pour parer les charges de cavalerie. Ils décochent une première volée.

Oubliant les leçons des batailles de Crécy et de Poitiers, les chevaliers français, 1 200 hommes de cavalerie lourde sur chaque aile, chargent les rangs anglais. Mais seuls 900 cavaliers sont à leur poste. Le premier obstacle est le terrain, détrempé par la pluie qui s'est abattue toute la nuit et fraîchement labouré (nous sommes fin octobre), le second obstacle se trouve dans les archers anglais et leurs redoutables capacités. Criblés, cavaliers et montures n'atteignent pas les rangs ennemis. Ceux qui ont réussi sont empalés sur les pieux des archers ou capturés, voire tués.

Sur ce, les chevaux blessés cherchent à s'enfuir et se heurtent à l'avant-garde française à pied, qui devant ce massacre, décide de charger. Le connétable lui-même dirige la ligne principale d'hommes d'armes démontés. Et « fut l'avant-garde toute fendue en plusieurs lieus » (d'après la chronique de Ruisseauville). Alors « commencèrent à cheoir hommes d'armes sans nombre » (d'après Le Fèvre). Les archers anglais déversent leurs flèches et en noircissent le ciel. Du côté français, les hommes de traits sont bloqués derrière l'arrière-garde. Les Français utilisent des « canons et serpentines » (Le Fèvre).

Sous le poids de leurs armures, les hommes d'armes de l'avant-garde s'enfoncent profondément dans la boue à chaque pas. Ils atteignent cependant les lignes anglaises et engagent le combat avec les hommes d'armes anglais. Pendant un court moment, le combat est intense. L'armée anglaise se voit contrainte de reculer. Henri V est presque mis à terre, la couronne de son heaume voit l'un de ses ornements fendu par le connétable qui a réussi à fendre la garde rapprochée du roi, il est rapidement désarmé. Les archers anglais répondent par d'autres salves. Piégés dans un entonnoir, les Français, embourbés, obligés de baisser la tête face aux flèches, incapables de lever leurs armes dans cette mêlée trop serrée, sont immobilisés. Les Anglais en profitent et pénètrent les rangs français. Les archers délaissent leurs arcs pour des armes de corps-à-corps (épées, haches, maillets, becs de faucons, ...) et entrent dans la mêlée. L'avant-garde française est taillée en pièces en une demi-heure[7].

Cette première ligne ruinée bat en retraite mais se heurte à la deuxième ligne de bataille française qui entre dans la mêlée, ce qui engendre une confusion monstre. Les cadavres des chevaux et des hommes barrent toute progression et tout assaut. Les Anglais comprennent que la bataille est presque gagnée et cherchent à faire des prisonniers. Contrairement aux ordres d'Henri V, les hommes d'armes anglais profitent de la victoire qui se fait jour et font de nombreux prisonniers espérant en tirer rançon comme c'est alors l'usage, estimant en outre qu'il serait peu chrétien de les tuer. Certains Français, selon les chroniqueurs, s'enfuient alors.

Les Français reçoivent alors quelques renforts. D'abord, le duc de Brabant, frère de Jean sans Peur duc de Bourgogne, arrive avec onze de ses chevaliers. Il n'attend pas son armure qui doit arriver par convoi, endosse le tabard de son chambellan et fonce dans la mêlée.

Le massacre des prisonniers et blessés français

La bataille d'Azincourt (miniature extraite des Vigiles du roi Charles VII de Martial d'Auvergne, fin du XVe siècle, Paris, BnF, département des Manuscrits).

Puis, dans le dos des Anglais, des cris retentissent. C'est Ysembart, seigneur d'Azincourt, Rifflart de Palmasse et Robinet de Bournonville, avec 600 paysans. Ils s'en prennent aux bagages royaux et s'emparent de l'épée royale, d'une couronne, des sceaux royaux et d'une partie du trésor royal. Pris de la peur d'être attaqué à revers, Henry V donne ordre de massacrer les prisonniers "sinon les seigneurs" (selon Georges Chastellain). Mais les archers refusent non pour des raisons morales mais parce qu'un tel acte supprime toute possibilité de demander rançon des prisonniers. Henry V menace de pendre quiconque refusera d'obéir à ses ordres et charge un écuyer et 20 archers de tuer les prisonniers. Il craint que la charge d'Ysembart d'Azincourt n'amène les prisonniers français à se soulever contre leurs gardiens. Chaque homme tue son prisonnier. Ils sont égorgés, ils ont le crâne fracassé à la masse d'arme ou à la hache, ou bien enfermés dans des granges auxquelles on met le feu (rapportés par Gilbert de Lannoy qui échappe de peu aux flammes). Le duc de Brabant est lui aussi égorgé. Il n'a pas été reconnu par les Anglais en tant que membre de la maison de Bourgogne.

Henry V peut alors se tourner vers le combat principal. C'est alors que la troisième ligne française, bien que sans chef, charge et se brise sur les Anglais et s'enfuit à son tour. Ysembart d'Azincourt et ses hommes battent eux aussi en retraite. Il est dix-sept heures. La bataille est terminée.

Revenant le lendemain matin sur le champ de bataille, Henry V fait massacrer les blessés français qui ont survécu.

Facteurs de l'issue de la bataille

Forêt de Tramecourt.

En plus de leur indiscipline et de leur conviction de remporter la victoire grâce à leur supériorité numérique, les Français se créèrent eux-mêmes certaines difficultés.

Il avait plu toute la nuit précédant la bataille.

  • Terre boueuse (bourbier).
  • Arbalètes : les cordes d'arbalètes françaises étaient trop humides et donc souvent hors fonctionnement. De plus, les arbalétriers étaient mal placés pour tirer.
  • Jean II le Meingre dit Boucicaut, commandant les troupes françaises, avait établi un plan de bataille quelques jours avant la bataille avec les grands nobles présents. Cependant, il ne put être appliqué car il ne prenait pas en compte la nature du terrain, qui allait devenir celui d'Azincourt. Il fallut se rendre à l'évidence que l'ost du roi de France était trop nombreux pour manœuvrer dans une plaine aussi étroite rendant alors obsolète le plan de Boucicaut. En conséquence, on en revient à un plan plus simple et traditionnel, en rejetant la piétaille et les gens de trait à l'arrière, privant les hommes d'armes de leurs soutiens.
  • Placement en hauteur des Anglais. Les Français ont chargé, de plus à pied, sur une pente boueuse...
  • Tactique de placement des lignes anglaises occupant la place entre les deux bois : plus moyen de les attaquer de côté. En outre, Henry V avait placé des hommes dans les bois pour éviter toute approche française par ceux-ci. Les Anglais étaient placés en entonnoir, les Français ont eu le réflexe (chevaleresque) de charger tout droit, les plaçant ainsi sous les flèches anglaises en tir croisé.
  • Tous les attaquants français étaient à découvert (de même que les Anglais d'ailleurs)[8], et les archers anglais n'avaient qu'à tirer sans cesse devant eux puisque sur les côtés se trouvaient les deux bois qui restreignaient leur cible.
  • Armes de jet : le long bow, un des arcs les plus puissants (pouvant transpercer une armure jusqu'à 100 mètres, bien que les arbalètes soient encore plus puissantes). Cependant, les tirs étaient, à longue distance, des tirs de sape, et non des tirs efficaces, pour blesser les troupes dont l'équipement défensif était léger et les flèches avaient perdu leur puissance contre les chevaliers lourdement armés. Il faut attendre une centaine de mètres pour que le long bow anglais, d'une puissance allant de 100 à 180 livres, puisse se montrer efficace.
  • Cadence de tir des archers anglais : de 12 à 14 flèches par minute (les arbalètes ne pouvant tirer que 2 carreaux par minute). De plus, les archers anglais étant positionnés en entonnoir, le tir croisé s'est révélé meurtrier.
  • Le nombre des cavaliers français à la charge en rangs serrés. Lorsqu'un cheval tombait pendant la charge, le suivant écrasait ou trébuchait fréquemment sur le précédent. Les archers anglais, qui composaient les deux ailes, avaient planté des pieux dans le sol, afin de se prémunir des charges de cavalerie.

Bilan

Mémorial de la bataille d'Azincourt.

Les pertes totales des Anglais sont de 13 chevaliers (dont le duc d'York, petit-fils d'Édouard III, tué par le duc d'Alençon) et une centaine de simples soldats. Les Français perdent 6 000 chevaliers dont le connétable, et de nombreux grands seigneurs (dont quatre princes du sang), plusieurs ducs (Jean Ier d'Alençon, Édouard III de Bar, Charles d'Orléans est lui fait prisonnier) ; 5 comtes (dont Philippe de Bourgogne et le comte Robert de Marle), 90 barons et un millier d'autres chevaliers furent faits prisonniers. Baudoin d'Ailly, dit « Beaugeois », seigneur de Picquigny, vidame d'Amiens, grand seigneur de l'Amiénois, conseiller et chambellan du roi de France Charles VI, meurt trois semaines après la bataille, des suites de ses blessures. À signaler également la mort du duc de Brabant et de Limbourg Antoine de Bourgogne, venu participer à la bataille côté français malgré la neutralité affichée de son frère et suzerain Jean sans Peur, duc de Bourgogne.

Les seuls à survivre seront ceux qui auront préféré ne pas participer : « À ce combat, le duc de Bretagne, Jean, bien qu'il eût été appelé, n'assista pas. Étant venu à Amiens avec un grand nombre de ses Bretons, communément estimés à dix mille hommes, il aima mieux attendre là l'issue de la guerre, plutôt que de s'exposer de trop près aux dangers. La bataille terminée, il reprit le chemin de son duché, sans même avoir vu les ennemis, mais non sans quelque dommage pour les localités où il passait. »[9]

La paix de Troyes, désastreuse pour la France, sera signée cinq ans plus tard.

La débâcle de la chevalerie française d'Azincourt, qui fait suite à celles de Crécy, de Poitiers et de Nicopolis, prive momentanément la France de cadres administratifs et militaires en grand nombre du fait des nombreux tués chez les baillis et les sénéchaux du roi. Elle met également en évidence la conception dépassée que se font de la guerre les armées françaises en particulier une partie de la chevalerie, alors qu'Anglais et Ottomans ont déjà organisé des armées unies et disciplinées : les Français, supérieurs en nombre, mais incapables d'obéir à un chef unique et placés dans l'impossibilité de faire manœuvrer les chevaux, comme à la bataille de Poitiers, soixante ans auparavant, auraient eu intérêt à négocier avec Henri V, qui avait abandonné son rêve de revendiquer la couronne de France.

Cette bataille marque un tournant dans l'art de la guerre en Europe : des armées plus maniables et plus articulées (comme l'était déjà celle d'Édouard III, dont la composition et le comportement permettaient de préfigurer le déroulement des batailles intervenant dès la fin du XIVe siècle) défont des masses hétéroclites pleines d'inutile bravoure.

Enfin cette bataille fait naître dans la population française une forme de xénophobie à l'égard des Anglais, sur laquelle s'est greffé un premier embryon de patriotisme qui s'est amplifié au cours de la Guerre de Cent Ans[10].

Notes et références

  1. 1 2 3 Batailles française 1214 à 1559 edition de 1894 du colonel Hardÿ de Périni (1843-1908)
  2. Frédéric Lewino, « La défaite d'Azincourt expliquée », (consulté le 30 novembre 2014)
  3. Valérie Toureille, Le drame d'Azincourt : histoire d'une étrange défaite, Albin Michel, 2015, p. 67
  4. Il s'agit très probablement de cavaliers, sans titre de noblesse, portant un bassinet (casque) et d'un milieu très aisé
  5. Sophie Chautard, Les grandes batailles de l'histoire, Studyrama, 2005, p. 118
  6. Françoise Autrand, Charles VI, Editions Fayard, 1986, p. 530.
  7. Xavier Hélary, « Azincourt : la plus grande défaite française », L'Histoire, no 380, 2012, p. 72
  8. Ne sont évidemment pas comptés les soldats d'Ysembart d'Azincourt qui attaquèrent le camp anglais vers la fin de la bataille de l'autre côté des bois.
  9. Thomas Basin, Histoire de Charles VII, pp.45-47.
  10. Valérie Toureille, Le Drame d'Azincourt. Histoire d'une étrange défaite, Albin Michel, 2015, p. 221

Annexes

Sources imprimées

  • Thomas Basin, Histoire de Charles VII, éditée et traduite par Charles Samaran, Paris, Les Belles lettres, 2 vol. (t. I. 1407-1444, XLVIII-309 p., 1933 ; t. II. 1445-1450, 365 p., 1945). Réimpression : Paris, Les Belles lettres, 1964-1965.
  • Berthold Zeller, La France anglaise, Azincourt et le traité de Troyes, 1413-1422, Paris, Librairie Hachette et Cie, 1886.
  • Philippe Contamine (éd.), Azincourt, Paris, Julliard, collection « Archives », 1964.
  • (en) Christopher Phillpotts, « The French plan of battle during the Agincourt campaign », English Historical Review, t. 99, 1984, p. 59-66.

Bibliographie

  • Rémy Ambühl, « Le sort des prisonniers d'Azincourt (1415) », Revue du Nord, Université Lille-3, t. 89, no 372 « Varia », , p. 755-787 (ISSN 0035-2624, lire en ligne).
  • Françoise Autrand, Charles VI : la folie du roi, Paris, Fayard, , 647 p. (ISBN 978-2213017037, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • René de Belleval, Azincourt, Paris, J.-B. Dumoulin, 1865, [lire en ligne], [compte rendu en ligne].
  • Gérard Bacquet, Azincourt, Auxi-le-Château, Chez l'auteur, 1977, in-4°, 122 p.
  • Serge Boffa, « Antoine de Bourgogne et le contingent brabançon à la bataille d'Azincourt (1415) », Revue belge de philologie et d'histoire, n° 72-2, 1994, p. 255-284, lire en ligne.
  • Olivier Bouzy, « Les morts d'Azincourt. Leurs liens de famille, d'offices et de parti », dans Patrick Gilli et Jacques Paviot (dir.), Hommes, cultures et sociétés à la fin du Moyen Âge. Liber discipulorum en l'honneur de Philippe Contamine, Paris, Presses universitaires de Paris-Sorbonne, coll. « Cultures civilisations médiévales », 2012, 424 p., (ISBN 978-2-84050-845-8).
  • Philippe Contamine, « Crécy (1346) et Azincourt (1415) : une comparaison », dans Divers aspects du Moyen Âge en Occident. Actes du 1er congrès historique des jeunes historiens du Calaisis, Calais, septembre 1974, Calais, Groupement des jeunes historiens du Calaisis, 1978, p. 29-44.
  • (en) Anne Curry, The Battle of Agincourt : A New History, The History Press, 2006, 336 p.
  • (en) Anne Curry, The Battle of Agincourt : Sources and Interpretations, Woodbridge, The Boydell Press, coll. « Warfare in History », , XIV-474 p. (ISBN 0-85115-802-1, présentation en ligne)
  • (en) Anne Curry, Thom Richardson, Peter Hoskins, Dan Spencer, The Agincourt Companion, Andre Deutsch Ltd, 2015, 160 p.
  • (en) Anne Curry, Malcolm Mercer, The Battle of Agincourt, Yale University Press, 2015, 352 p.
  • (en) Anne Curry, « After Agincourt, what next ? Henry V and the campaign of 1416 », dans Linda Clark (dir.), The Fifteenth Century VII. Conflicts, Consequences and the Crown in the Late Middle Ages, Woodbridge, Boydell Press, 2007, p. 23-51.
  • Christophe Gilliot, Azincourt et la vie quotidienne en 1415, Paris, Éditions Heimdal, 2007.
  • (en) Jan Willem Honig, « Reappraising late medieval strategy : the example of the 1415 Agincourt campaign », War in History, t. 19, 2012, p. 123-151.
  • John Keegan, Anatomie de la bataille : Azincourt 1415, Waterloo 1815, la Somme 1916, Paris, Perrin (1ère édition : Robert Laffont, 1993), 2013, 414 p., (ISBN 978-2-262-03543-3), [compte rendu en ligne], [compte rendu en ligne], [compte rendu en ligne].
  • (en) Katie Lowe, « The Agincourt Executions: Verdicts in the Courts of Chivalry and History », 2005, lire en ligne.
  • « Bataille d’Azincourt », Moyen Âge, 2007, no 22 (hors-série),
  • Antoine Leduc (dir.), Sylvie Leluc (dir.) et Olivier Renaudeau (dir.), D'Azincourt à Marignan. Chevaliers et bombardes, 1415-1515, Gallimard / Musée de l'armée, 2015, 271 p. (ISBN 978-2-07-014949-0, présentation en ligne)
  • Pierre-Yves Millot, Azincourt, Paris, Millot, 2005, (ISBN 2-914797-05-2).
  • François Neveux, Azincourt. La dernière bataille de la chevalerie française, Ouest-France, 2015, 144 p.
  • Dominique Paladilhe, La bataille d'Azincourt, 1415, Librairie académique Perrin, coll. « Pour L'histoire », Paris, 2002, (ISBN 2-262-01493-0), [présentation en ligne].
  • (en) Clifford J. Rogers, « The battle of Agincourt », dans L. J. Andrew Villalon et Donald J. Kagay (dir.), The Hundred Years War (Part II). Different Vistas, Leyde-Boston, Brill, 2008, p. 35-132.
  • Bertrand Schnerb, « Tournai et Azincourt : l’histoire d’un désastre », dans Ludovic Nys et Dominique Vanwijnsberghe (dir.), Campin in Context. Peinture et société dans la vallée de l’Escaut à l’époque de Robert Campin, 1375-1445, Valenciennes, Presses universitaires de Valenciennes, 2007, p. 51-61.
  • (en) Jonathan Sumption, The Hundred Years War, vol. IV : Cursed Kings, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, coll. « The Middle Ages series », (ISBN 9780812247992).
  • Valérie Toureille, Le drame d'Azincourt : histoire d'une étrange défaite, Paris, Albin Michel, , 240 p. (ISBN 9782226318923, présentation en ligne)

Articles connexes

  • Siège d'Harfleur
  • La pièce historique Henry V de Shakespeare met en scène la bataille d'Azincourt.
  • Liste des batailles de la guerre de Cent Ans
  • Bataille d'Aljubarrota, expérience antérieure où l'intervention des Anglais était très semblable.

Liens externes

  • Liste des morts français de la bataille d'Azincourt de Généawiki
  • Site du musée d'Azincourt
  • Portail du Moyen Âge tardif
  • Portail du royaume de France
  • Portail de l’histoire militaire
  • Portail du Nord-Pas-de-Calais
  • Portail de l’armée et de l’histoire militaire françaises
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