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Australopithecus afarensis

Australopithecus afarensis

Australopithecus afarensis
Description de cette image, également commentée ci-après

Réplique du squelette de Lucy au musée national d'anthropologie de Mexico

Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Sous-embr. Vertebrata
Classe Mammalia
Ordre Primates
Famille Hominidae
Sous-famille Homininae
Genre  Australopithecus

Nom binominal

 Australopithecus afarensis
Johanson & White, 1978

Australopithecus afarensis est une espèce éteinte d'Hominidé bipède ayant vécu en Afrique entre environ 4,1 et 3 millions d'années BP. Les principaux fossiles d'Australopithecus afarensis ont été découverts en Afrique de l'Est, principalement en Éthiopie, au Kenya et en Tanzanie.

Le nom du genre Australopithecus signifie « singe du sud ». Le nom de l'espèce fait référence à l'Afar, la région du nord-est de l'Éthiopie où ont été découverts les fossiles de Lucy en 1974 et de Selam en 2000.

Position phylogénétique

A. afarensis a longtemps été considéré comme un ancêtre du genre Homo et donc de l’espèce humaine actuelle Homo sapiens.

Aujourd’hui ce point de vue est minoritaire et la plupart des paléoanthropologues considèrent que ces australopithèques se situent sur une branche déjà séparée de celle du genre Homo[1].

Principales caractéristiques

Caractéristiques crâniennes et capacité cérébrale

Par rapport aux grands singes actuels et disparus, A. afarensis présentait des canines et des molaires réduites même si elles étaient plus grandes que chez les humains modernes. A. afarensis avait aussi un cerveau relativement réduit (380 à 430 cm3) et une face prognathe.

L’image d’un Hominidé ancien bipède et pourvu d’un petit cerveau fut une surprise pour les paléoanthropologues lors de la découverte d’A. afarensis dans les années 1970. En effet, il était couramment admis auparavant que l’augmentation de taille du cerveau était le premier trait adaptatif caractéristique des hominidés.

Locomotion

Les caractéristiques de la locomotion d’A. afarensis suscitent d’importants débats. Certains auteurs estiment que cette espèce était presque exclusivement bipède, tandis que d’autres pensent qu’elle était en partie arboricole.

L’anatomie des mains, des pieds et de l’articulation de l’épaule plaident en faveur de cette dernière hypothèse. La courbure des phalanges des pieds et des mains est proche de celle des grands singes actuels et elle reflète très probablement leur aptitude à saisir efficacement les branches et à grimper. L’articulation de l’épaule présente est plus orientée vers le crâne que chez les humains modernes. Ce trait associé à des bras considérés comme relativement longs pourrait traduire une capacité élevée pour utiliser les bras au-dessus de la tête, notamment pour grimper.

Cependant, l'étude d'un métatarse d'A. afarensis découvert en 2000 en Éthiopie indique qu'il est plus proche morphologiquement de celui d'Homo sapiens que de ceux des gorilles et des chimpanzés. Les auteurs concluent que les A. afarensis étaient de réels bipèdes terrestres[2],[3].

D'autres traits du squelette d’A. afarensis sont fortement liés à la bipédie. Par sa morphologie générale, le bassin est plus proche de celui des humains modernes que de celui des grands singes. Les ailes iliaques sont courtes et larges, le sacrum est large et placé immédiatement derrière l’articulation coxo-fémorale, et l’insertion du muscle extenseur du genou est très marquée. Si le pelvis n’est pas pleinement humain, ces traits reflètent toutefois une modification radicale liée à une utilisation significative de la bipédie.

Le fémur est orienté vers l’intérieur de la jambe, ce qui implique que le pied devait être proche de la ligne de symétrie du corps, caractère indiquant une locomotion bipède habituelle. Les grands singes actuels ne partagent pas ce trait. L’articulation de la cheville d’A. afarensis est également très proche de celle des humains modernes.

Comportement

Les comportements sociaux des espèces éteintes sont particulièrement délicats à reconstituer. Toutefois, la structure sociale des différentes espèces de grands singes actuels est en partie corrélée à l’importance du dimorphisme sexuel. Même si l’importance du dimorphisme sexuel chez A. afarensis fait débat, il est probable que les mâles étaient relativement plus grands que les femelles. Si l’on raisonne par analogie avec les singes actuels, il est possible que cette espèce ait vécu en petits groupes familiaux composés d’un mâle dominant associé à des femelles reproductrices.

Aucune industrie lithique n’avait été mise en association avec des restes d'A. afarensis jusqu’en 2010, où Shannon McPherron et ses collègues ont émis l'hypothèse que des marques sur des os trouvés sur le site de Dikika en Éthiopie et datés d'environ 3,4 millions d'années auraient été provoquées par des outils en pierre et seraient le fait d'A. afarensis[4]. Cette découverte a été contestée, les plus anciens objets de pierre taillée connus à ce jour et admis par la communauté scientifique datent d’environ 2,5—2,6 millions d’années[5],[6].

Principaux sites

Hadar, Éthiopie, lieu de la découverte de Lucy (en 1974), et de Selam (en 2000).

Les fossiles d’Australopithecus afarensis n’ont été découverts qu’en Afrique de l’Est. Si l’holotype de l’espèce provient de Laetoli en Tanzanie, les fossiles les plus complets attribués à cette espèce proviennent de Hadar en Éthiopie. Ils comprennent les restes de la fameuse Lucy (localité AL 288[7]), de la « première famille » (localité AL 333) et de Selam (Dikika).

D’autres fossiles d’Australopithecus afarensis ont été découverts dans des sites tels qu'Omo, Maka, Fejej et Belohdelie en Éthiopie, et Koobi Fora et Lothagam au Kenya.

Principaux fossiles

Holotype (LH 4)

Réplique de la mandibule LH 4.

L’holotype d’A. afarensis est LH 4 (Laetoli Hominid 4), une mandibule d’adulte provenant du site de Laetoli en Tanzanie[8]. Ce spécimen, trouvé par Maundu Muluila en 1974, est daté d'environ 3,6 millions d'années. Sa description a été publiée par Mary Leakey et ses collègues en 1976[9].

Lucy (AL 288-1)

« Lucy » (AL 288-1)
Article détaillé : Lucy (anthropologie).

Le premier squelette relativement complet d’A. afarensis a été découvert le 24 novembre 1974 en Éthiopie par Donald Johanson, Maurice Taieb et Yves Coppens. Surnommé Lucy en référence à la chanson Lucy in the Sky with Diamonds des Beatles, il a été décrit en 1978 par Donald Johanson, Yves Coppens et Tim White[8].

La « première famille »

En 1975, l’équipe de D. Johanson réalisa une autre découverte majeure : non loin du gisement de Lucy, à la localité AL 333, 200 fragments d’ossements et de dents d’A. afarensis correspondant au moins à 13 individus adultes furent mis au jour. Cet ensemble de fossiles fut surnommé la « première famille ». Les ossements ne présentaient aucune trace de dent de carnivore et semblaient avoir péri ensemble avant d’être immédiatement ensevelis : les auteurs évoquèrent l’hypothèse selon laquelle une crue éclair aurait causé la mort de ce groupe d’australopithèques.

Selam (DIK-1/1)

Article détaillé : Selam.
Le crâne de Selam

Le 20 septembre 2006, le Scientific American a rendu publique la découverte du squelette très complet d’une A. afarensis, âgée de trois ans au moment de sa mort, à Dikika en Éthiopie, à quelques kilomètres du site où fut découverte Lucy[10]. Son étude scientifique a été publiée le lendemain dans Nature[11]. Le fossile surnommé Selam (« paix » en amharique) comporte la quasi-totalité du crâne et du torse, ainsi que la plupart des membres. Les traits du squelette suggèrent une aptitude à la bipédie mais aussi au grimper, en accord avec ce qui avait été observé chez Lucy.

AL 200-1

AL 200-1 est un maxillaire supérieur fossile attribué à A. afarensis. Il a été découvert dans la région des Afars en Éthiopie par Donald Johanson en 1975. Son âge est estimé entre 3,0 et 3,2 millions d'années[12].

Ses caractéristiques évoquent les grands singes, avec des incisives spatulées et un espace (diastème) entre la canine et l'incisive extérieure.

AL 129-1

AL 129-1 est une articulation du genou fossile attribuée à A. afarensis. Elle fut découverte à Hadar (Éthiopie) par Donald Johanson en 1976. Son âge est évalué entre 3 et 3,2 millions d'années.

Ses caractéristiques incluent un condyle latéral elliptique et un fémur oblique comme chez les humains actuels, ce qui implique une station bipède[13].

AL 444-2

Réplique du crâne AL 444-2.

AL 444-2 est un crâne relativement complet attribué à un adulte mâle d'A. afarensis, d'une capacité crânienne de 550 cm3. Il a été découvert par Bill Kimbel et Yoel Rak en 1991 à Hadar en Éthiopie. Son âge est estimé à 3 millions d'années.

Autres espèces contemporaines

D’autres espèces globalement contemporaines d’A. afarensis ont été décrites:

  • Kenyanthropus platyops relève d’une espèce et d’un genre nouveaux, décrits à partir du crâne KNM WT 40000. Les importantes déformations de ce fossile rendent délicates les comparaisons mais ce taxon partage un certain nombre de caractères avec A. afarensis dont une face plate ;
  • Ardipithecus ramidus est lui aussi attribué à un nouveau genre et une nouvelle espèce. Il semble pleinement bipède et est associé à un environnement plus forestier. Sa capacité crânienne demeure difficile à évaluer dans la mesure où seuls des fragments de mandibule et de membre inférieur ont été découverts à ce jour.

Notes et références

  1. Yoel Rak, Avishag Ginzburg et Eli Geffen, « Gorilla-like anatomy on Australopithecus afarensis mandibles suggests Au. afarensis link to robust australopiths », Proceedings of the National Academy of Sciences USA, 17 avril 2007, 104: 6568-6572, doi 10.1073/pnas.0606454104 (résumé (en)).
  2. Carol V. Ward, William H. Kimbel et Donald C. Johanson, 2010, « Complete fourth metatarsal and arches in the foot of Australopithecus afarensis », Science, vol. 331, pp. 750-753.
  3. Lucy n'avait pas les pieds plats, S. Huet, {sciences²}.
  4. (en) Shannon P. McPherron, Zeresenay Alemseged, Curtis W. Marean, Jonathan G. Wynn, Denné Reed, Denis Geraads, René Bobe et Hamdallah A. Béarat, « Evidence for stone-tool-assisted consumption of animal tissues before 3.39 million years ago at Dikika, Ethiopia », Nature, vol. 466, , p. 857-860 (DOI 10.1038/nature09248).
  5. « Les australopithèques utilisaient-ils des outils ? », sur http://www.hominides.com, .
  6. (en) Manuel Domínguez-Rodrigoa, Travis Rayne Pickering et Henry T. Bunn, « Configurational approach to identifying the earliest hominin butchers », PNAS, vol. 107, no 49, , p. 20929-20934 (DOI 10.1073/pnas.1013711107).
  7. AL signifie Afar Locality
  8. 1 2 (en) D. C. Johanson, T. D. White et Y. Coppens, « A new species of the genus Australopithecus (Primates: Hominidae) from the Pliocene of eastern Africa », Kirtlandia, vol. 28, , p. 1–14.
  9. (en) M. D. Leakey, R. L Ray, G. H. Curtis, R. E. Drake, M. K. Jackes et T. D. White, « Fossil hominids from the Laetolil Beds », Nature, vol. 262, , p. 460-466 (DOI 10.1038/262460a0).
  10. (en) Kate Wong, « Lucy's Baby - An extraordinary new human fossil comes to light », sur http://www.scientificamerican.com, . Une traduction de l'article est publié dans l'édition du mois de février 2007 de Pour la Science (Le bébé de Lucy)
  11. Alemseged, Z., Spoor, F., Kimbel, W.H., Bobe, R., Geraads, D., Reed, D. et Wynn, J.G. (2006) « A juvenile early hominin skeleton from Dikika, Ethiopia », Nature, vol. 443, pp. 296-301 (résumé en anglais).
  12. images
  13. image

Annexes

Liens externes

  • (en) Lucy à l’American Museum of Natural History de Manhattan
  • (en) Lucy à l’Institute of Human Origins de l’Université d’Arizona
  • (en) Becoming Human: Paleoanthropology, Evolution and Human Origins
  • (en) Le bébé de Dikika sur le site du National Geographic
  • (en) Lucy's Baby - An extraordinary new human fossil comes to light, Scientific American, Special Report.

Bibliographie

  • Coppens, Y. et Senut, B. (1991) Origine(s) de la bipédie humaine, Paris, CNRS.
  • Coppens, Y. (1999) Le genou de Lucy, Odile Jacob.
  • Johanson, D. et Edey, M. (1981), Lucy, (ISBN 2-221-01200-3)
  • Kimbel, W.H., Johanson, D. et Rak, Y. (1994) « The first skull and other new discoveries of Australopithecus afarensis at Hadar, Ethiopia », Nature, vol. 368, p. 449-51.
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