Antoine-Jean Gros


François Gérard, Antoine-Jean Gros à l'âge de 20 ans (1790), Toulouse, musée des Augustins.
Naissance | |
---|---|
Décès |
(Ã 64 ans) Meudon |
Nationalité | |
Activités |
peintre, artiste + |
Formation | |
Maîtres | |
Élèves |
François Debon, Jacques-Émile Lafon, Jean-Hilaire Belloc, Pierre-Jules Jollivet, Edmond Tudot |
Mouvement | |
Influencé par |
Pierre Paul Rubens |
A influencé |
Bonaparte au pont d'Arcole, Bataille de Nazareth, Bonaparte, Premier Consul + |
Antoine-Jean Gros, baron Gros, né à Paris le 16 mars 1771 et mort le 25 juin 1835 à Meudon[1], est un peintre français néoclassique et préromantique.
Enfance et formations
Sa mère Pierrette Durant est pastelliste. Son père Jean Antoine Gros[2] est peintre en miniatures et un collectionneur avisé de tableaux. Il apprend à son fils à dessiner à l’âge de six ans, et se montre dès le début un maître exigeant. Vers la fin de 1785, Gros entre, de son propre gré, à l’atelier de David, qu’il fréquente assidûment tout en continuant de suivre les classes du collège Mazarin
Départ en Italie
La mort de son père, que la Révolution avait atteint dans ses biens, oblige Gros à vivre de ses propres ressources. Dès lors il se dévoue entièrement à sa profession et participe en 1792 au grand prix, mais sans succès. C’est toutefois à cette époque que, sur recommandation de l’École des beaux-arts, il reçoit la commande des portraits des membres de la Convention. Lorsqu’il est interrompu par le développement de la Révolution, en 1793, Gros quitte la France pour l’Italie. Il vit à Gênes de sa production de miniatures et de portraits. Il visite Florence. En retournant à Gênes, il rencontre Joséphine de Beauharnais, et la suit à Milan où il est bien reçu par son mari.
Rencontre avec Bonaparte
Le 15 novembre 1796, Gros est présent avec l’armée près d’Arcole, où Bonaparte plante le drapeau de l'armée d'Italie sur le pont. Bonaparte lui commande à Milan un tableau pour immortaliser cet évènement. Satisfait par l'œuvre, Bonaparte lui confie le poste d’inspecteur aux revues, ce qui lui permet de suivre l’armée. En 1797, sur la recommandation de Joséphine de Beauharnais, il le nomme à la tête de la commission chargée de sélectionner les œuvres d'art volées destinées à enrichir les collections du musée du Louvre. Gros peint Sappho à Leucate pour le général Desolles.
Retour en France
En 1799, s’étant échappé de Gênes assiégée, Gros se rend à Paris et installe son atelier aux Capucins en 1801. Son esquisse pour la Bataille de Nazareth[3] remporte le prix offert en 1802 par les consuls, mais ne lui est pas remis, en raison d'une jalousie supposée de Napoléon envers Junot[4],[5]. Toutefois Napoléon indemnise Gros en lui commandant de peindre sa visite à la maison de la peste de Jaffa, Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa suivi en 1806 par la bataille d’Aboukir (château de Versailles) et en 1808 par la bataille d'Eylau (musée du Louvre).
Gros est décoré par Napoléon à l'occasion du Salon de 1808 où il expose la Bataille d’Eylau. En 1810, ses Madrid et Napoléon aux pyramides (château de Versailles) montrent un déclin de sa peinture. Son François Ier de France et Charles Quint, 1812 (musée du Louvre) connaît pourtant un succès considérable, et la décoration du dôme de Sainte-Geneviève commencée en 1811 et terminée en 1824, qui lui vaudra le titre de baron par Charles X, est une des œuvres des dernières années de Gros qui renoue avec la vigueur de ses débuts. En 1815, David quitte Paris pour Bruxelles et l'exil. C'est alors Gros qui malgré quelques réticences reprend l'atelier de David en 1816. Il sera l'un des plus grands formateurs d'élèves de la première moitié de ce siècle.
Sous la Restauration, il devient membre de l’Institut, et le 5 novembre 1816 il est nommé professeur à l’École des beaux-arts de Paris, succédant à François-Guillaume Ménageot et précédant Horace Vernet[6]. Il est nommé chevalier de l’ordre de Saint-Michel, et baron en 1824[7]. Le Départ de Louis XVIII aux Tuileries (1817) (château de Versailles), l’Embarquement de la duchesse d’Angoulême (1819) (musée des beaux-arts de Bordeaux), le plafond de la salle égyptienne du Louvre et, finalement, son Hercule et Diomède, exposé en 1835, témoignent d'un retour de Gros vers un néoclassicisme plus orthodoxe, sous l'influence de David.
Déclin et suicide
Le changement de régime en 1815 voit l'avènement de la peinture romantique, qui connaît un succès grandissant à partir des années 1820. Partagé entre ses aspirations picturales annonçant le romantisme et l'enseignement classique de son maître David, le baron Gros connut une seconde partie de carrière empreinte de doutes. Alors que David lui reproche de ne pas avoir encore exécuté de chef-d'œuvre mythologique, à l'instar de ses confrères Girodet et Gérard, Gros lui obéit et expose à partir de 1825 diverses œuvres mythologiques. Leur accueil par la critique est glacial, le genre étant peu à peu tombé en désuétude. La jeunesse romantique, fascinée par ses peintures napoléoniennes, s'indigne de ce revirement chez un maître qu'elle affectionne particulièrement. En 1835, Gros envoie au Salon son Hercule écrasant Diomède, mis à mal par la critique. Ce sera son dernier envoi au Salon, mais aussi son dernier tableau.
Se sentant délaissé par ses élèves et en proie à des difficultés personnelles, Gros décide de se suicider. Le 25 juin 1835, il est retrouvé noyé sur les rives de la Seine près de Meudon. Dans un dernier message qu’il laisse dans son chapeau, il écrit que « las de la vie, et trahi par les dernières facultés qui [la lui rendaient] supportable, [il avait] résolu de [s’]en défaire[8]. »
Il est inhumé à Paris au cimetière du Père-Lachaise (25e division)[9].
- Å’uvres d'Antoine-Jean Gros
-
Bonaparte au pont d’Arcole (1796), château de Versailles.
-
Bataille d’Eylau (1808), Paris, musée du Louvre.
-
Christine Boyer (vers 1800), Paris, musée du Louvre.
-
Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa (1804), Paris, musée du Louvre.
-
Bataille d'Aboukir (1799) (1806), château de Versailles.
Collections publiques
- Au Canada
- Ottawa, musée des beaux-arts du Canada : Bacchus et Ariane, (1821), huile sur toile
- En France
- Bayeux, musée Baron Gérard : Sapho se précipitant du rocher de Leucade (1801)
- Dijon, musée Magnin : Eléazar préfère la mort au crime de violer la Loi en mangeant des viandes défendues, huile sur toile
- Nantes, musée des beaux-arts : Bataille de Nazareth (1801), huile sur toile
- Paris, musée du Louvre :
- Bonaparte au pont d’Arcole (1796), étude, huile sur toile
- Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa (1804), huile sur toile
- Bataille d'Eylau (1808), huile sur toile
- François Ier et Charles Quint visitent les tombeaux de Saint-Denis (1812), huile sur toile
- Paris, coupole du Panthéon : L'Apothéose de sainte Geneviève
- Saint-Lô, musée des beaux-arts : Eléazar préfère la mort au crime de violer la Loi en mangeant des viandes défendues, huile sur toile
- Versailles, château de Versailles :
- Autoportrait (1795), huile sur toile
- Bonaparte au pont d’Arcole (1796), huile sur toile
- La Bataille d'Aboukir (1806), huile sur toile
- Portrait équestre de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie (1784-1860) (1808), huile sur toile
- Napoléon aux pyramides (1810), huile sur toile
- Le Départ de Louis XVIII aux Tuileries, (1817), huile sur toile
- En Russie
- Saint-Pétersbourg, musée de l'Ermitage : Bonaparte au pont d’Arcole (1796-1797), huile sur toile
- En Suisse
- Arenenberg, musée Napoléon : Bonaparte au pont d’Arcole (1796), huile sur toile
Élèves
- Jean-Hilaire Belloc (1787-1866)
- Jean-Baptiste Parelle (1790- vers 1837)
- Georges Jacquot (1794-1874), élève en 1813
- Pierre-Jules Jollivet (1794-1871)
- Edme-Jean Pigal (1794-1872), élève en 1816
- Nicolas-Auguste Hesse (1795-1869), élève en 1811,Prix de Rome 1818
- Paul Delaroche (1797-1856), élève vers 1820
- Gilles-François Closson (1796-1842)
- Henry Monnier (1799-1877) élève vers 1816-1819
- Auguste Hussenot (1799-1885) élève vers 1823
- Hippolyte Bellangé (1800-1866)
- Adolphe Roger (1800-1880)
- Louis-Félix Amiel (1802-1864)
- Ferdinand Wachsmuth (1802-1869)
- Richard Parkes Bonington (1802-1828), élève d'avril 1819 à septembre 1821
- Paul Huet (1803-1869)
- Auguste-Hyacinthe Debay (1804-1865)
- Carlo Marochetti (1805-1867)
- Alexis-Joseph Perignon (1806-1882)
- Pierre Girard (1806-1872)
- Alphonse-Léon Noël (1807-1884)
- Alfred de La Hogue (1810-1886)
- Eloy Chapsal (1811-1882), élève de 1833 à 1835
- Félix Louis Leullier (1811-1882)
- Thomas Couture (1815-1879)
- Charles Müller (1815-1892)
- François Debon (1816-1872)
- Jacques-Émile Lafon (1817-1886)
- Edmond Tudot (1805-1861)
Sources
- Étienne-Jean Delécluze donne une brève notice de sa vie dans Louis David et son temps, et la Geschichte der modernen französischen Malerei seit 1789, zugleich in ihrem Verhältnis zum politischen Leben, zur Gesittung und Literatur (1867) [Histoire de la peinture moderne française depuis 1789] de Julius Meyer contient une critique de ses œuvres.
(en) « Antoine-Jean Gros », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [lire en ligne]
Bibliographie
- Jean-Baptiste Delestre, Gros, Sa vie et ses ouvrages, Paris, 1867, Jules Renouard.
- Justin Tripier Le Franc, Histoire de la vie et de la mort du Baron Gros, le grand peintre. ed. Martin, Paris, 1880
- David O’Brien, Antoine-Jean Gros : Peintre de Napoléon, Éditions Gallimard, 2006, (ISBN 2070117863)
- Sébastien Allard, Marie-Claude Chaudonneret, Le suicide de Gros. Les peintres de l’Empire et la génération romantique, Éditions Gourcuff Gradenigo, 2010 (ISBN 978-2-35340-090-4)
Notes et références
- ↑ État civil reconstitué de Paris, 26/06/1835 à Paris-Xe, V3E/D 685, page 25. Le décès se trouve aussi dans les tables décennales de Meudon.
- ↑ Né à Toulouse, mort à Paris en 1793. Il pourrait être l'auteur du portrait du général-comte Guyot.
- ↑ Musée de Nantes.
- ↑ Georges Veyrat, ‎Jules Claretie, Les Statues de l’Hôtel de ville Librairies-Imprimeries Réunies, 1892, 352 p., p. 156 1892.
- ↑ Léon Rosenthal, Le Romantisme, Parkstone International, 2012, 200 p. (ISBN 978-1-78042-771-3) p. 155.
- ↑ Frédéric Chappey, Les professeurs de l'École des Beaux-Arts (1794-1873), dans Romantisme , no 93, p. 95-101.
- ↑ roglo..
- ↑ Étienne-Jean Delécluze, Louis David : son école & son temps, 1855, p. 301.
- ↑ Jules Moiroux, Le cimetière du Père Lachaise, Paris, S. Mercadier,‎ (lire en ligne), p. 183.
Liens externes
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Union List of Artist Names • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • WorldCat
- Antoine-Jean Gros dans la base joconde
- Portail de la peinture
- Portail du Premier Empire
- Portail de Paris