Sac de Rome (410)
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Sac de Rome en 410, miniature française du XVe siècle.
Date | 24-27 août 410 |
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Lieu | Rome |
Issue | Victoire Wisigoths |
Romains | Wisigoths |
Alaric Ier |
Batailles
Pollentia - Vérone - Fiesole - Sac de Rome
Coordonnées | 41° 53′ N 12° 29′ E / 41.89, 12.4841° 53′ Nord 12° 29′ Est / 41.89, 12.48 |
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Le sac de Rome a lieu du 24 au 27 août 410. Les Wisigoths conduits par Alaric Ier prennent et pillent Rome, qui n’avait pas été prise depuis 390 av. J.-C. Cet événement marquant est, selon les acceptions, une fin de l’Antiquité et un passage au Haut Moyen Âge.
Prélude
Les tribus barbares deviennent plus fortes et unies face à la puissance romaine. À la fin du IVe siècle cependant, les Huns envahissent les territoires barbares, forçant les Wisigoths mené par Fritigern à chercher exil dans l’Empire romain en 376. Les taxes, corruption et vexations du pouvoir romain finissent par les retourner contre Rome, et les Wisigoths commencent à piller les Balkans. À la bataille d'Andrinople en 378, Fritigern bat l’empereur Valens qui est tué. Un traité de paix est établi en 382, qui fait des Wisigoths des sujets autonomes de l’empire, ils obtiennent le nord des diocèses de Dacie et de Thrace[1].
Le successeur de Fritigern, Alaric, participe à l’envahissement de l’ouest par les armées d’Orient de l’empereur Théodose. À la bataille de Frigidus, près de la moitié des Wisigoths meurent face à l’armée d’Eugenius et son général Arbogast[2],[3]. Théodose est vainqueur, mais Alaric est convaincu que le Romain l’a mis en première ligne pour l’affaiblir[4].
Après la mort de Théodose, Alaric reprend les hostilités contre l’Empire d’Orient, et Stilicon le général de l’armée de l’Occident, le repousse vers l’Italie. En 402, devant la menace wisigothine la capitale de l’empire d’Occident est transférée de Mediolanum à Ravenne plus facile à défendre. Alaric tente alors à plusieurs reprises d’envahir l’Italie, et est stoppé par Stilicon et défait à la bataille de Pollentia et de Vérone. Alaric accepte alors d’aider Stilicon à récupérer la préfecture d'Illyricum pour l’empire d’Occident. Cependant l’invasion des Suèves et des Vandales stoppe le projet, et Alaric se retrouve avec les dépenses engagées pour la campagne. Stilicon tente alors vainement d’obtenir du Sénat le remboursement, ce qui alimente le ressentiment entre Romains et Wisigoths.
En 408 Arcasius meurt, et Honorius veut partie pour l’Orient afin de réclamer le trône. Stilicon l’en dissuade, lui proposant d’y aller à sa place. Des rumeurs suggèrent que Stilicon veut placer son fils à la tête de l’empire d’Orient. Un mutinerie éclate alors, menée par Olympius, ou une grande partie des alliés de Stilicon meurent. Olympius persuade Honorius de déclarer Stilicon ennemi du peuple et est nommé magister officium. Stilicon qui a trouvé refuge dans une église est arrêté et tué. Ces événements sont suivis d’une vague de violence au cours de laquelle un grand nombre d’esclaves et de guerriers barbares, capturés par Stilicon, s’échappent et viennent trouver refuge chez Alaric. Celui-ci se retrouve alors avec une forte armée pour négocier avec les Romains.
Siège et sac de la ville
Les Wisigoths d’Alaric Ier, maîtres de la côte, réduisent Rome à la famine, puis entrent dans la ville par la porte Salaria, peut-être grâce à la trahison, le 24 août 410. Rome est pillée pendant trois jours, avec la recommandation d’Alaric d’épargner la vie des hommes et l’honneur des femmes. Défense est faite de brûler les édifices religieux, les basiliques de Saint-Paul et de Saint-Pierre étant érigées en asile inviolable. Ils épargnent tous ceux qui trouvent refuge dans les églises et rendent ensuite aux basiliques tout ce qui leur a été pris[5].
Cependant, une partie de la ville est brûlée. Les archives impériales, qui allaient d’Auguste jusqu'à Théodose Ier, sont détruites en plusieurs lieux de la ville, ce qui fut une perte inestimable pour l'Histoire, surtout en ce qui concernait les documents qui traitaient de la vie sociale et de la vie de tous les jours sous l'Empire romain. Les rares documents papiers, parchemins ou divers papyrus, sauvés rejoindront les archives vaticanes ou celles de l'Empire byzantin, à Constantinople. De nombreux ouvrages d'arts (par exemple, des statues) sont détruits, car considérés de peu d'importance ou sans valeurs. Ce qui restait de la vie universitaire est détruit, des bibliothèques sont incendiées, et des enseignants sont assassinés. Malgré les demandes et promesses d'Alaric, il y eut de nombreux viols et meurtres[6]. De nombreux Romains s’enfuient en Afrique romaine, en Égypte et jusqu’en Palestine. Le sac de Rome marquera profondément l'inconscient collectif de l'Occident, ou de la pensée occidentale, et-ce jusqu'à nos jours. Et pour cette occasion, le mot « barbarie » va émerger, car sans doute, il n'y avait pas d'autres mots assez forts pour désigner cette grande tragédie, synonyme de décadence. Le grand mépris des barbares pour la culture, et la période trouble, dangereuse, où la vie avait peu de valeur, avec un illettrisme massif de la population va faire pencher un grand nombre d'historiens pour choisir 410 comme étant l'année de la fin de l'Empire romain, et pour désigner les débuts du Moyen Âge.
Alaric quitte la ville en emmenant avec lui Galla Placidia, sœur de l’empereur. Il avance vers le sud de l’Italie, qui reste à piller, comptant passer dans la province d'Afrique. Il prend Naples, mais meurt à la fin de l’année, en tentant de passer en Sicile. Son beau-frère Athaulf lui succède et repart vers le nord.
Conséquences
La nouvelle de la prise et du sac de Rome a eu un énorme retentissement dans l'Empire romain et provoque un traumatisme dans l'opinion publique romaine. L'arrivée de réfugiés nobles et les récits qu'ils propagent sur leurs malheurs et l'exode qui les frappent, causent une émotion considérable[7]. Saint Jérôme parle de Rome comme du « tombeau du peuple romain »[8]. Les païens considèrent alors que l'avènement du christianisme est à l'origine de sa chute ; et c'est pour combattre cette idée que Saint Augustin entreprend l'écriture de la Cité de Dieu et que Paul Orose compose son Histoire contre les païens[9].
Certains historiens désignent cette date plutôt que 476 comme étant celle de la fin de l'Empire romain d'Occident : après 410, les « empereurs » ne sont plus en effet que des marionnettes, des êtres faibles, sans reliefs, souvent des enfants, encadrés par un clan, ou un groupe, avec des intérêts[10].
Cependant, les historiens de l'Antiquité tardive, terme inventé par Peter Brown, contestent l'idée d'une chute brutale de l'Empire romain. Ils y voient une « transformation » progressive, constatant une continuité entre le monde classique et le monde médiéval, notamment sur le plan de la culture. Ainsi, il y aurait eu une modification graduelle sans rupture claire en dépit de l'épisode de Romulus Augustule et du sac de 410[11],[12].
Légende de l'abbé Saunière
D'après plusieurs ouvrages sur le sujet[évasif], le butin pillé à Rome aurait été ensuite mis en sécurité dans le sud de la France, précisément dans le comté du Razès près du village de Rennes-le-Château. Une des nombreuses hypothèses à propos du trésor découvert par l'abbé Saunière dans les années 1890 fut justement celui des Wisigoths sur lequel il aurait mis la main, expliquant son immense et soudaine fortune. Cependant, ce fait, historiquement, est contesté : Rome, en 410, n'était plus la ville de plus de 1 million d'habitants qui existait sous le règne de Trajan. En 410, Rome n'était déjà plus que l'ombre d'elle-même, pauvre et ruinée, avec peut-être plus que 100 000 habitants, et certainement bien moins. Les gens les plus pauvres, qui n'avaient pas les moyens de fuir en de lointaines contrées partent pour vivre à la campagne, et pour vivre de la terre. Constantinople connaîtra un destin presque similaire : elle n'avait plus que 50 000 habitants à sa chute en 1453, et elle aussi était ruinée. Cependant, en 410, les tombeaux sacrés des empereurs sont profanés : mausolée d'Auguste, colonne Trajane (qui détenait l'urne en or de Trajan) : les urnes funéraires en or d'Auguste, de Trajan, et des autres empereurs sont volées, les tombeaux sont profanés. Toutefois, le butin pillé ne devait pas être aussi important que raconté, car à la même époque, dans les légions romaines, les soldats se plaignaient d'être payés avec des mois de retard, d'être mal payés, ou de ne pas recevoir du tout de soldes. Les mutineries étaient mêmes fréquentes.
Notes et références
- ↑ Herwig Wolfram, History of the Goths, Trans. Thomas J. Dunlap, (University of California Press, 1988), 133.
- ↑ Peter Heather, Empires and Barbarians: The Fall of Rome and the Birth of Europe, (Oxford University Press, 2009), 194.
- ↑ Herwig Wolfram, The Roman Empire and Its Germanic Peoples, (University of California Press, 1997), 92.
- ↑ Herwig Wolfram, The Roman Empire and Its Germanic Peoples, 92.
- ↑ Renée Mussot-Goulard, Les Goths, Atlantica, Biarritz, 1999, page 74.
- ↑ Patrick Périn, « Sac de Rome (410) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 29 août 2014. http://www.universalis.fr/encyclopedie/sac-de-rome/
- ↑ « Elle est conquise, cette ville qui a conquis tout l'univers ». In Saint Jérôme, Lettre 127, 12.
- ↑ Lettre 130, 5.
- ↑ In La fin du monde antique, p. 16.
- ↑ Le système des Augustes et Césars, qui gèrent conjointement l'empire, affaiblit le pouvoir de chacun en Orient et en Occident. De nombreuses usurpations de titres impériaux ont lieu au Ve siècle car il suffit aux généraux d'être acclamés par leur armée. Les généraux installés à la cour prennent une part importante dans les décisions comme Aetius à l'ouest et Aspar à l'est qui placent au pouvoir les empereurs. Romulus Augustule, dernier empereur romain d'Occident, adolescent, ne règne que 10 mois sous la coupe de son père Flavius Oreste.
- ↑ Peter Brown, Le monde de l’Antiquité tardive, de Marc Aurèle à Mahomet (2011), Bruxelles, Éditions de l'Université de Bruxelles (traduction de Christine Monnatte).
- ↑ Peter Heather, La Chute de l'Empire romain, 2005.
Annexes
Bibliographie
- Paul Veyne, « La prise de Rome en 410 et les Grandes Invasions », dans L'Empire gréco-romain, Le Seuil, « Points Histoire », 2005
- André Chastagnol, La fin du monde antique, Nouvelles Éditions Latines, Paris, 1976.
Articles connexes
Lien externe
- « La prise de Rome en 410 et les Grandes Invasions », conférence de Paul Veyne pour la MMSH, 2004
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