Pierre LeMoyne d'Iberville
Pierre Le Moyne d'Iberville | ||
Naissance | Ville-Marie | |
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Décès | (à 45 ans) La Havane Mort au combat | |
Origine | Nouvelle-France | |
Allégeance | Nouvelle-France Royaume de France | |
Grade | Capitaine de vaisseau | |
Années de service | 1686 – 1706 | |
Conflits | Première Guerre intercoloniale Guerre de la Ligue d'Augsbourg | |
Faits d'armes | Bataille de la baie d'Hudson Bataille de Terre-Neuve Bataille de Saint-Jean Bataille de Nièves | |
Autres fonctions | Fondateur de la Louisiane, Biloxi, et Mobile | |
Famille | Le Moyne | |
Signature | ||
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Pierre Le Moyne[1] d'Iberville et d’Ardillières (, Ville-Marie (aujourd'hui Montréal, Québec) - , La Havane, Cuba) était un navigateur, commerçant, militaire et explorateur français, à l'époque de la colonisation française des Amériques. Homme d'exploits, il est connu pour avoir lutté efficacement contre l'armée anglaise durant une grande partie de sa vie, détruisant plusieurs colonies ennemies, en plus d'avoir fondé des forts et exploré l'Amérique. Il est le fondateur de la colonie de la Louisiane, et des villes de Biloxi et de Mobile.
Biographie
Fils de Charles Le Moyne, seigneur de Longueil, près de Dieppe et de Catherine Thierry dit Primot, originaire de Rouen, ses deux parents émigrent au Canada avant sa naissance.
Pierre Le Moyne était destiné à la prêtrise, tel était le choix de sa mère Catherine et de son père Charles.
Refusant cette voie et rêvant d'aventures, il s'engagea en 1673, à l'âge de 12 ans, sous le pseudonyme de Thériot, comme mousse à bord du voilier La Jeannette, qui appartenait à son oncle Jacques, en partance pour Port-Royal.
En 1676, après une absence de 3 ans, il revint à Montréal. Ses parents comprenant bien qu'il ne deviendrait jamais curé, ne lui en tinrent pas rigueur. Ainsi, son père lui demanda d'accompagner sieur Benoît Belhumeur, un de ses associés, avec son petit groupe, à Sainte-Marie-du-Sault, près de la rive est du lac Supérieur, pour faire le commerce des fourrures.
À dix-sept ans, il s'embarque sur L'Esterlet, un brigantin de deux mats appartenant à son père, après avoir été nommé quartier-maître timonier. À Gaspé, on lui propose de devenir second maître sur un vaisseaux du roi, L'Aunis. Un trois-mâts qui fait l'aller et retour entre la France et la Nouvelle-France.
D'Iberville ou parfois d'Hiberville fait référence au hameau Hyberville à Thil-Manneville (Haute-Normandie), à 8,5 km au sud est de Longueil. D'Ardillières fait référence au village d'Ardillières (Poitou-Charente).
Conquête de la Baie d'Hudson
D’Iberville, devenu cadet de la marine royale pendant 4 ans, très bon canotier et manœuvrier, commence sa carrière militaire en 1686, sous les ordres de Pierre de Troyes, Chevalier de Troyes, à la Baie d'Hudson. Une expédition de cent hommes, plus des guides indiens, ayant trente-cinq canots, vingt-sept traîneaux à chiens, partie de Montréal, pour remonter la rivière des Outaouais pour arriver à la Baie de James[2]. Sur la fougue de Pierre, ils prirent le fort Monsoni (rebaptisé fort Saint-Louis), puis le fort Rupert et même le voilier Le Craven, de la Compagnie de la baie d'Hudson. Soldat et marin d'exception, il devient en mars 1687 capitaine de la frégate Le Soleil d'Afrique et ses exploits concerneront principalement la guerre contre les Anglais. D’Iberville a commencé ses conquêtes à bord de son navire, le Pélican, par Fort Severn, situé à la sortie de la rivière Severn, dans la baie d'Hudson. Cette ville était un centre commercial français en 1689 et un fort français en 1690. Le fort et la ville ont été reconstruits entre 1750 et 1759. Cette ville est la plus vieille ville européenne de l’Ontario.
Campagne contre Terre-Neuve
En 1695, d’Iberville reçoit l’ordre du gouverneur de la Nouvelle-France, Frontenac, d’attaquer les fortifications anglaises sur les rivages de l’Atlantique, de Fort William Henry, sur la frontière entre les colonies britannique de Nouvelle-Angleterre et française d'Acadie, et à Saint-Jean (Terre-Neuve). Au printemps 1696, après avoir détruit Fort William, il effectue la traversée entre la Nouvelle-France et Terre-Neuve avec une flotte de trois navires jusqu’à la capitale française de Terre-Neuve, Plaisance[3]. La France et l’Angleterre avaient passé un accord de pêche pour l’exploitation des poissons des Grands Bancs de Terre-Neuve. Cependant, avec la guerre de la Ligue d'Augsbourg, la France et l'Angleterre se retrouvaient dans des camps belligérants opposés. La mission principale militaire de d’Iberville était l’expulsion des Anglais de Terre-Neuve et du Labrador.
D’Iberville et ses soldats quittent Plaisance le 1er novembre 1696 et traversent par terre jusqu’à l'actuel Ferryland, 50 miles plus au sud de Saint-Jean. Neuf jours plus tard, ayant rassemblé ses soldats et ses marins, il fait attaquer la capitale anglaise, qui capitule neuf jours plus tard, le 30 novembre 1696. Après avoir brûlé St. John's, d’Iberville et ses Canadiens détruisent presque entièrement toutes les villes et pêcheries anglaises sur la côte est de Terre-Neuve. D’Iberville envoie des petits groupes de soldats pour attaquer les villes anglaises cachées dans les baies, brûlant et pillant les villages, et faisant des prisonniers. À la fin de l'expédition, en mars 1697, il ne reste plus aux Anglais que deux villes, Bonavista et Carbonear. Pendant cette période de quatre mois d'offensive, d’Iberville a fait détruire 36 colonies anglaises : cette campagne est la plus importante et la plus destructrice de sa carrière. Cependant, le 18 mai 1697, il reçoit ordre de se rendre à la baie d'Hudson, et il doit abandonner son projet[4].
Fondation de la Louisiane
D’Iberville va en France en 1697, où il est choisi par le ministre de la Marine comme chef d’une expédition d’exploration afin de redécouvrir l'embouchure du fleuve Mississippi et de coloniser la Louisiane que les Britanniques convoitaient. Il embarque à Rochefort-sur-Mer avec son frère Joseph Le Moyne de Sérigny et François de La Rochefoucauld, chevalier de Surgères, qui commandait la frégate Le Marin. Son armada française met les voiles de Brest le 24 octobre 1698. Après trois mois de navigation, elle arrive à l’île de Santa Rosa face à Pensacola, en Floride, le 25 janvier 1699, une ville espagnole. D’Iberville part pour la baie de Mobile, et commence à explorer l’île Massacre, appelée plus tard Dauphin Island. Il s’arrête entre Cat Island et Ship Island le 13 février 1699, puis continue ses explorations jusqu’au continent, à Biloxi, toujours avec son frère Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville et François de La Rochefoucauld. Il y construit un fort, appelé Fort Maurepas ou Old Biloxi, au nord-est de la Baie de Biloxi, le 1er mai 1699, proche de la ville actuelle de Ocean Springs[5]. Puis le 3 mai 1699, Iberville retourna en France, laissant une garnison de 81 hommes et son frère Bienville. Une fois en France, il reçut l'ordre de Saint-Louis et recommanda la colonisation et l'exploitation immédiates de la Louisiane. Il basa ses recommandations non sur les ressources naturelles, qui à elles seules auraient à peine justifié un effort majeur, que sur le besoin urgent de contrer la menace de l'expansion anglaise imminente dans les Carolines.
Lors de son deuxième voyage, il atteint Biloxi en janvier 1700. Il bâtie un second Fort Maurepas 40 miles dans le haut de la rivière Mississippi. Sur le chemin du retour, il s'est arrêté à New York et vendu 9000 fourrures que les coureurs des bois lui avait donné, de préférence à les transporter lors de son retour à Montréal. (Cette histoire illustre les avantages de l'avenir de la Nouvelle-Orléans comme un port, la taille de la présence française sur le Mississippi au début de cette date, et les pratiques commerciales douteuses d'Iberville. Sur son troisième voyage en février 1701, il a construit Fort Condé à Mobile. Dans cette région, Henri de Tonti l'a aidé à établir de bonnes relations avec les Amérindiens. Il a quitté la Louisiane pour la dernière fois en avril 1702. Son frère Jean-Baptiste Le Moyne de Bienville a fondé la Nouvelle-Orléans en 1718.
Conquête de Nièves
En 1706, D’Iberville prend l’île anglaise de Nièves dans les Caraïbes. Il part pour La Havane chercher des renforts des Espagnols, en vue d’attaquer la province anglaise de Caroline, mais, atteint de la fièvre jaune, il meurt le 9 juillet 1706, à bord du Juste[5]. Il est enterré le jour même sous l'église de San Cristobal, à la Havane. Par la suite, sa dépouille est transférée au Palais des Capitaines Généraux, dans ce qui est aujourd'hui le musée de la ville de la Havane (Museo de la Ciudad de La Habana), où l'on peut aujourd'hui voir sa pierre tombale dans un coin du musée, au niveau du sol.
Vie personnelle
Les tuteurs d’une certaine Jeanne-Geneviève Picoté de Belestre intentèrent contre Iberville une action en recherche de paternité. Cette dernière l’accusait de l’avoir séduite, de lui avoir promis le mariage et affirmait qu’Iberville était le père de l’enfant qu’elle attendait. Malgré l’influence considérable de la famille d’Iberville dans la colonie, le prestige dont il jouissait depuis sa campagne à la baie James et l’intervention du gouverneur Brisay de Denonville, le Conseil souverain le déclara coupable (en octobre 1688) et lui ordonna d’assurer la subsistance de l’enfant, qui était une fille, jusqu’à l’âge de 15 ans. Afin de sauver sa réputation compromise, Mlle de Belestre désirait qu’Iberville l’épousât, mais il n’y fut pas obligé par le conseil.
Il épouse finalement Marie-Thérèse Pollet, le 8 octobre 1693, après une cour de plusieurs années. Elle était la fille de François Pollet de La Combe-Pocatière (mort en 1672), qui était venu en Nouvelle-France en 1665 dans les rangs du régiment de Carignan-Salières, et de Marie-Anne Juchereau de Saint-Denis. À l’époque de son mariage à Iberville, elle avait 21 ans et on la considérait comme « une canadienne très raisonable et bien faite[6]. »
Honneurs
Le 3 mai 1699, Iberville retourne en France, laissant une garnison de 81 hommes incluant son frère Bienville en Louisiane. En juin de la même année, il reçoit la croix de l'ordre de Saint-Louis. Il est la première personne de naissance canadienne à la recevoir.
D'Iberville de nos jours
- Une série télévisée en 39 épisodes, D'Iberville, a été réalisée en 1967-1968.
- La ville d'Iberville dans l'État du Mississippi aux États-Unis a pris son nom.
- L'ancienne ville d'Iberville, maintenant Saint-Jean-sur-Richelieu, ainsi que plusieurs autres endroits au Canada.
- L'école secondaire de Rouyn-Noranda porte le nom de D'Iberville en commémoration de Pierre LeMoyne D'Iberville.
- La rue D'Iberville et un métro du même nom portent son nom à Montréal
- La rue Iberville à Vanier (Ontario), quartier francophone d'Ottawa
- Avenue d'Iberville, à Shawinigan au Québec
- Le comté électoral de comté d'Iberville en Montérégie
- Mont D'Iberville, la plus haute montagne du Québec, entre le Québec et Terre-Neuve
- la paroisse d'Iberville en Louisiane
- la rue d'Iberville en Nouvelle-Orléans en Louisiane
- Un certain nombre de navires français ont porté son nom, tel que l'aviso, le premier vaisseau français désigné comme contre-torpilleur ou destroyer, et le navire d'Iberville dans le port de Toulon, ancré depuis le 27 novembre, 1942.
- Le NCSM (Navire canadien de sa Majesté) D'Iberville, Division de la Réserve navale du Canada à Rimouski commissionnée en 1987.
Voir aussi
Articles connexes
- Charles le Moyne de Longueuil, patriarche des Le Moyne.
Sources et bibliographie
- Léon Guérin, Les navigateurs français : histoire des navigations, découvertes, et colonisations françaises, Belin-Leprieur et Morizot, (lire en ligne), p. 386 et suiv.
- Une étude polémique de Claude Marc Bourget dans la revue québécoise Égards, en 2006 : Lumières et réactions sur Le Moyne d’Iberville (1706-2006)[7]. Selon l’historien des Lettres Bernard Andrès, cet essai de Claude Marc Bourget est ce qui s’est fait de mieux sur ce héros canadien depuis la biographie de l’historien Guy Frégault.
- Louis-Martin Tard, Pierre Le Moyne d'Iberville : Le conquérant des mers, Éditeur XYZ, 1995
- Marie-Hélène Morot-Sir, Au cœur de la Nouvelle France, tome II, Éditions Publibook France 2011
- Michel Vergé-Franceschi, Dictionnaire d'Histoire maritime, éditions Robert Laffont, coll. « Bouquins »,
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, éditions Tallandier, , 573 p. (ISBN 2-84734-008-4)
Liens externes
- Pierre LeMoyne d'Iberville dans le Dictionnaire biographique canadien en ligne
- Parcs Canada (Castle Hill)
- Page concernant D'Iberville, établie par le Ministère de la Défense canadien
- Texte intégral — Lumières et réactions sur Le Moyne d'Iberville (1706-2006), partie 1 et Lumières et réactions sur Le Moyne d'Iberville (1706-2006), partie 2.
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Notes et références
- ↑ On trouve aussi les graphies LeMoyne et Lemoine
- ↑ Canada-Québec(Synthèse Historique), Montréal, Qc., 1977, p. 116.
- ↑ Canada-Québec(Synthèse Historique), Montreal, Qc., 1977, p. 123.
- ↑ Canada-Québec(Synthèse Historique), Montréal, Qc., 1977, p. 124
- 1 2 Canada-Québec (Synthèse Historique), Montréal, Qc., 1977, p. 135
- ↑ Source
- ↑ extrait 1, extrait 2
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