Pantherinae
Six panthérinés illustrés par Richard Lydekker. De gauche à droite et de haut en bas : jaguar, léopard, lion, tigre, once et panthère nébuleuse.
Pantherinae
Pocock, 1917
Genres de rang inférieur
Les panthérinés (Pantherinae) constituent la sous-famille de félidés (Felidae) que l'on nomme couramment les grands félins. Cette sous-famille comprend deux à trois genres et réunit sept espèces actuelles de félins : la Panthère nébuleuse, Neofelis diardi[Note 1], le lion, le léopard, l'once, le jaguar et le tigre. Les panthérinés sont des félins de moyenne à grande taille.
Historiquement constitué à partir de caractéristiques morphologiques et comportementales, les panthérinés matérialisent la lignée de la panthère, la première branche évolutive des félins ayant divergé de l'ancêtre commun. Les panthérinés se sont répandus depuis l'Asie vers l'Afrique, l'Europe puis l'Amérique. Leur histoire évolutive est marquée par l'extinction de diverses espèces, comme le lion américain (Panthera atrox) ou le Jaguar européen (Panthera gombaszoegensis) sans raison bien définie il y a 12 000 ans.
Autrefois largement répandus sur les quatre continents et s'adaptant à de nombreux biotopes allant de la savane africaine aux montagnes de l'Himalaya, les populations des grands félins ont décliné notamment en raison d'une chasse excessive et de la perte de leur habitat. L'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) classe les différentes espèces de panthérinés de « quasi menacée » à « en danger » d'extinction.
Caractères communs aux panthérinés
Comportement
Au niveau postural, les panthérinés étirent leur queue derrière eux et gardent les pattes antérieures à l'avant du corps lorsqu'ils se couchent tandis que les petits félins enroulent leur queue autour de leur corps et replient leur pattes sous le corps[1].
Structure crânienne
Les félins de la sous-famille Pantherinae possèdent un ligament de l’os hyoïde partiellement ou non ossifié, ce qui leur permettrait de rugir mais pas de ronronner[2]. La capacité de rugir grâce à un os hyoïde peu ou pas ossifié est l’hypothèse historique ayant permis de classer les différentes espèces de félins par Owen puis Pocock en 1916 : il existait les félins « rugissants » (donc non-ronronnant) de la sous-famille des panthérinés et les « non-rugissants » (donc ronronnant) de la sous-famille des félinés[3]. Toutefois, la Panthère nébuleuse et Neofelis diardi présentent un os hyoïde totalement ossifié, et cette particularité anatomique ne peut à présent être reliée qu'au genre Panthera[4].
Taxonomie et évolution
Phylogenèse
La phylogénie s'est longtemps basée sur l'étude des fossiles et de la morphologie d'un animal afin de préciser l'apparition et l'évolution d'une espèce. La phylogénie moderne s'appuie essentiellement sur les analyses génétiques en raison du nombre peu important de fossiles de félins. Des travaux effectués sur l'ADN en 2006 et 2007, effectués sur les chromosomes sexuels et l'ADN mitochondrial de toutes les espèces de félins, conjugués à des recherches paléontologiques, ont révélé que l'ancêtre commun des espèces actuelles est un félidé du genre Pseudaelurus, qui vivait sur le continent asiatique il y a 9 à 20 millions d'années[5].
Les félins ont divergé en huit lignées distinctes. La lignée des panthères, regroupant les genres Neofelis et Panthera, est la première à diverger, il y a environ 10,8 millions d'années. Le genre Neofelis est considéré comme la base de ce groupe[6],[7],[8]. Il est le premier à se différentier de l'ancêtre commun des panthères il y a 6,4 millions d'années entre le Miocène et le Pliocène[5]. Le plus vieil ancêtre commun aux Panthera dont on possède des fossiles est Panthera palaeosinensis, qui vivait de la fin du Pliocène au début du Pléistocène. Les preuves fossiles estiment l'émergence du genre Panthera à 2 ou 3,8 millions d'années[9].
La lignée des panthères se répand sur tout le globe en profitant des différentes périodes de glaciations durant lesquelles la baisse du niveau des océans permet l'apparition de la Béringie entre l'Asie et l'Amérique. Les précurseurs du jaguar et du lion conquièrent l'Amérique du Nord à la fin du Pliocène, il y a trois à quatre millions d'années. Il y a deux à trois millions d'années, le niveau des océans baisse à nouveau : l'isthme de Panama émerge et permet aux félins, et notamment au jaguar, d'atteindre l'Amérique du Sud[Note 2],[5].
Le tigre est apparu bien avant le jaguar et le léopard, et est étroitement apparenté à la panthère des neiges : tigre et panthère des neiges auraient divergé il y a deux millions d'années[10]. Il y a 73 000 ans, le tigre frôla l'extinction en raison des éruptions du volcan Toba à Sumatra. Par la suite, l'histoire évolutive des panthérinés est bouleversée par les extinctions du Pléistocène : il y a 12 000 ans, après la dernière ère glaciaire, le dégel s'accompagne d'un cataclysme non encore élucidé qui fait disparaître de nombreuses espèces de mammifères, touchant tout particulièrement l'Amérique du Nord. Le Lion américain (Panthera (spelaea) atrox) et le Jaguar européen (Panthera gombaszoegensis) disparaissent durant cette période. Le jaguar a probablement survécu parce qu'il était bien implanté en Amérique du Sud : la dernière vague d'expansion de ce félin date d'il y a 8 000 à 10 000 ans lorsque les populations se sont à nouveau répandue vers le nord[5].
Systématique des espèces actuelles
Classification classique
La classification classique range la sous-famille des Pantherinae, qui contient historiquement tous les félins qui rugissent, dans la famille des Felidae[11],[4].
Classification phylogénétique
Arbre phylogénétique de la sous-famille Pantherinae:[5]
Pantherinae |
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Genre et espèces
La sous-famille des panthérinés contient deux à trois genres : Neofelis, Panthera et Uncia. Le genre Uncia est considérée comme synonyme de Panthera par de nombreux auteurs[11],[4].
Dans les années 1980 à 1990, Neofelis a pu être considéré comme un sous-genre des Panthera[4] ou encore inclure d'autres félins comme le tigre (Panthera tigris) (basé sur la proximité du répertoire vocal de ces deux félins[12]) ou le Chat marbré (Pardofelis marmorata) (basé sur la ressemblance du pelage de ces deux félins)[4].
Notes et références
Notes
- ↑ Neofelis diardi ne possède pas encore de nom vernaculaire officiel en français. Les termes Chat de Diard, Léopard tacheté de Bornéo et Panthère nébuleuse de Bornéo ont été utilisés dans diverses publications.
- ↑ Cette période est appelée Grand échange interaméricain. L'Amérique du Sud était isolée des autres continents depuis des dizaines de millions d'années. L'arrivée des félins correspond notamment à la disparition des grands prédateurs du continent sudaméricain.
Références
- ↑ Jackson et Farrel Jackson 1996, p. 122
- ↑ (en) Gerald E. Weissengruber, Gerhard Forstenpointner, Sandra Petzhold, Claudia Zacha et Sibylle Kneissl, Anatomical Imaging, (ISBN 978-4-431-76932-3, lire en ligne), « Anatomical Peculiarities of the Vocal Tract in Felids », p. 15-21.
- ↑ (en) Robert Eklund, Gustav Peters et Elizabeth D. Duthie, « An acoustic analysis of purring in the cheetah (Acinonyx jubatus) and in the domestic cat (Felis catus) », Proceedings of Fonetik, , p. 17–22 (lire en ligne [PDF]).
- 1 2 3 4 5 Nowak 2005
- 1 2 3 4 5 (fr) Stephen O'Brien et Warren Johnson, « L'évolution des chats », Pour la science, no 366, (ISSN 0 153-4092) basée sur (en) W. Johnson et al., « The late Miocene radiation of modern felidae : a genetic assessment », Science, no 311, 2006 et (en) C. Driscoll et al., « The near eastern origin of cat domestication », Science, no 317, 2007
- ↑ (en) L. Yu et Y.P. Zhang, « Phylogenetic studies of pantherine cats (Felidae) based on multiple genes, with novel application of nuclear beta-fibrinogen intron 7 to carnivores », Molecular Phylogenetics and Evolution, vol. 35, no 2, , p. 483–495 (DOI 10.1016/j.ympev.2005.01.017)
- ↑ (en) W.E. Johnson et S.J. Obrien, « Phylogenetic reconstruction of the Felidae using 16S rRNA and NADH-5 mitochondrial genes », Journal of Molecular Evolution, vol. 44, , S98-S116 (DOI 10.1007/PL00000060)
- ↑ (en) Dianne N. Janczewski, William S. Modi, J. Claiborne Stephens et Stephen J. O'Brien, « Molecular Evolution of Mitochondrial 12S RNA and Cytochrome b Sequences in the Pantherine Lineage of Felidae », Molecular Biology and Evolution, vol. 12, no 4, , p. 690 (lire en ligne).
- ↑ (en) A. Turner, « New fossil carnivore remains from the Sterkfontein hominid site (Mammalia: Carnivora) », Annals of the Transvaal Museum, vol. 34, , p. 319–347 (ISSN 0041-1752).
- ↑ Référence UICN : espèce Panthera onca (Linnaeus, 1758) (en)
- 1 2 Référence Mammal Species of the World : Pantherinae Pocock, 1917 (en)
- ↑ Sunquist et Sunquist 2002, p. 281
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- Référence ITIS : Pantherinae Pocock, 1917 (fr) ( (en))
- Référence Animal Diversity Web : Pantherinae (en)
- Référence NCBI : Pantherinae (en)
Bibliographie
- Peter Jackson et Adrienne Farrel Jackson (trad. Danièle Devitre, préf. Dr Claude Martin, ill. Robert Dallet et Johan de Crem), Les Félins : Toutes les espèces du monde, Turin, Delachaux et Niestlé, coll. « La bibliothèque du naturaliste », , relié, 272 p. (ISBN 978-2603010198 et 2-603-01019-0)
- (en) Mel Sunquist et Fiona Sunquist (photogr. Terry Whittaker et autres), Wild Cats of the World, Chicago, The University of Chicago Press, , Relié, 416 p. (ISBN 978-0226779997 et 0-226-77999-8, présentation en ligne)
- (en) Ronald M. Nowak (préf. David W. Macdonald et Roland W. Kays), Walker's Carnivores of the World, Baltimore et Londres, The Johns Hopkins University Press, (ISBN 0-8018-8032-7)
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