Mennonitisme
Le mennonitisme est un mouvement chrétien anabaptiste issu de la Réforme protestante fondé au XVIe siècle par le Néerlandais Menno Simons. La plupart de ses membres sont rassemblés dans la Conférence mennonite mondiale.
Histoire
Le mennonitisme est un mouvement religieux issu de la Réforme protestante à Zurich en Suisse vers 1520, sous l'influence de Conrad Grebel et d'Ulrich Zwingli. Toutefois dès 1523, Grebel, professeur de théologie, est seul à considérer que les réformes de Luther et de Zwingli sont trop lentes et timorées. Il dénonce la symbiose, ainsi que la mainmise de l'État sur l'Église, et vice versa. Le , la rupture est consommée, lorsque Zwingli confie l'autorité religieuse au Conseil de la ville de Zurich. Le 17 janvier, le Conseil décide d'exiler les parents qui ont attendu plus de huit jours pour faire baptiser leurs enfants. Le , le Conseil des 200 sénateurs de la ville de Zurich demande à Conrad Grebel et à Félix Mantz de cesser leurs réunions d'étude de la parole. Le même soir, le cercle de Grebel (Conrad Grebel, Félix Mantz, Guillaume Reublin et Georges Cajacob des Grisons) se réunit à Zurich, et Cajacob demande à Grebel de le baptiser, à la suite de quoi Blaurock baptise plusieurs autres personnes. Dès lors, les membres se sentent libres de fonder une Église. Cet épisode est généralement considéré comme un stade initial dans la genèse du mouvement radical anabaptiste et de sa scission avec l'Église catholique romaine.
Le mouvement se propage progressivement en aval du Rhin. Des communautés se fixent en plusieurs lieux de l'île de Texel, en Hollande, jusqu'à Bâle-Hollée, en Suisse. Elles s'organisent ensuite en Hollande et dans le nord de l'Allemagne, autour du Néerlandais Menno Simons.
Menno Simons est un prêtre catholique frison qui quitte l'Église romaine en janvier 1536, à la suite de ses doutes concernant d'une part les sacrements, d'autre part la violence des persécutions. Il se met entièrement au service des Frères, réorganisant leurs communautés ruinées par la persécution. En 1544, la régente de Frise expulse les anabaptistes, mais tolère les mennonites. C'est la première fois que la dénomination « Mennonite » est employée. Ils se distinguent des autres religions en ce qu'ils sont des précurseurs, notamment en ce qui concerne le concept de laïcité : ils ne suivent personne ; aussi le terme « mennonitisme » ne convient-il pas exactement.
En 1693, Jakob Amman, un des principaux leaders de l'anabaptisme, en divergence théologique avec la branche suisse des Mennonites, fonde le mouvement Amish.
Au XXe siècle, les mennonites développent leur caractère d'église pacifiste, aux dépens de la doctrine de la non-résistance (refus de s'opposer à une autorité). Ils le font en réaction à la généralisation de la conscription et des guerres mondiales, en faisant pression sur les autorités politiques pour obtenir le droit de faire des services civils, et pour se distinguer des églises évangéliques, car l'urbanisation a placé les membres de ces églises dans des conditions socio-économiques similaires, et les identités des uns et des autres pouvant devenir interchangeables, les mennonites risquaient d'être assimilés aux évangéliques[1].
Caractéristiques
Les mennonites sont très mobiles, dès leur apparition. Ils doivent en effet échapper aux persécutions politiques et religieuses (généralisées contre tous les anabaptistes). Les jeunes mennonites cherchent en outre à se soustraire au service militaire que veulent leur imposer leurs différentes terres d'accueil, à l'encontre de leur foi.
Les mennonites refusent :
- le baptême des enfants (ils sont anabaptistes : ils préfèrent un baptême plus tardif, précédé d'une profession de foi personnelle) ;
- l'usage des armes, et donc le service militaire ;
- pour une minorité d'entre eux, beaucoup de progrès techniques ;
- comme dans tous les protestantismes, le pasteur n'est pas un intermédiaire entre les croyants et Dieu.
Communautés à travers le monde
Dans les années 2000, il y aurait approximativement 1 300 000 mennonites dans le monde. Ils sont très éparpillés, et présents notamment au Canada, aux États-Unis, mais aussi au Mexique, au Congo-Kinshasa, en Inde, au Belize, en Bolivie, au Paraguay et en Suisse (principalement dans le Jura bernois). Beaucoup de mennonites se sont également installés en Allemagne, à la suite de leur exil forcé.
Amérique du Nord
La plupart des mennonites de Russie, issus de communautés allemandes de Volga ou d'Ukraine, comme ceux des colonies mennonites du Terek, ont quitté la Russie dans les années 1920 pour le Canada et le Territoire du Dakota, les autres, déportés par Staline en Asie centrale, ont émigré en Allemagne à la chute de l'URSS.
Au Québec, plusieurs groupes mennonites existent ; un seul, de la dénomination holdeman, installé à Roxton Falls, y possède une école. Partout ailleurs au Canada, ainsi qu'aux États-Unis, des écoles similaires sont tolérées, bien que les diplômes qu'elles délivrent ne soient pas systématiquement reconnus. Le Québec impose son programme éducatif aux écoles publiques comme aux privées par souci d'égalité de l'accès à la connaissance. Les mennonites n'acceptent pas ce programme, pour des raisons religieuses. L'école a été fermée en 2010[2].
Amérique latine
Les trois principales communautés de mennonites en Amérique du Sud sont situées en Bolivie, au Paraguay et en Argentine.
La première colonie de la région est fondée en 1927 au Paraguay.
Dans les années 1930, plusieurs convois déportés en Sibérie orientale ont réussi à fuir par la Chine, et via Suez et la France, rejoindre l'Amérique du Sud (Paraguay, Uruguay).
Des mennonites ont été appelés par le Paraguay à la suite de la guerre du Chaco, pour coloniser des terres à la frontière bolivienne, où ils sont plusieurs dizaines de milliers.
Ces communautés ne suivent pas exactement les mêmes coutumes que celles des mennonites mexicains puisqu'elles autorisent le baptême afin de pouvoir devenir pasteur de l'église commune. Ces communautés parlent le Plautdietsch.
On retrouve également des communautés mennonites au Mexique et au Belize.
Les mennonites estiment comme qualités primordiales la sobriété et la tempérance, la non-violence et l'hospitalité. À mesure de leur croissance économique, une partie de ces communautés s'accommode de quelques progrès, de l'électricité à l'essence, notamment pour les travaux les plus durs.
France
En France, on dénombre environ 2 400 mennonites. L'Alsace étant devenue française en 1648, un édit de Louis XIV en a obligé un grand nombre à repartir pour s'installer en Lorraine, au pays de Montbéliard, et dans le Duché de Deux-Ponts, régions qui ne dépendent pas alors de la couronne de France. Dans les années 2000, les mennonites français se trouvent principalement dans ces régions.
La 11e Conférence mennonite mondiale a réuni 7 000 participants à Strasbourg en 1984.
Notes et références
Voir aussi
Bibliographie
- René Epp, Marc Lienhard et Freddy Raphaël, Catholiques, protestants, juifs en Alsace, Édition Alsatia, 1992 (ISBN 2-70-320199-0)
- Scott Longfellow, Faire de nécessité vertu, de la colonie Fernheim à l'ethnie mennonite : processus d'acculturation et reconstruction identitaire des mennonites dans le Chaco paraguayen, Mémoire de fin d'études, Science-Po Rennes, 2007
- Dominique Toursel-Harster, Jean-Pierre Beck, Guy Bronner, Dictionnaire des monuments historiques d’Alsace, Strasbourg, La Nuée Bleue, , 663 p. (ISBN 978-2716502504)La Broque Cimetière mennonite et ancienne ferme mennonite protégés au titre de la loi du 31 décembre 1913 sur les monuments historiques (éléments inscrits à l’inventaire supplémentaire par arrêté du 21 décembre 1984 :pp. 73-74
- (de) Priska Sommerhalder, Begegnungen mit den Old-Order-Mennoniten in Waterloo-County, Ontario, Kanada, août 2013, à compte d'auteur. Ressources : librairie Wortreich-Glarus (www.wortreich-glarus.ch) et P. Sommerhalder (www.ps-english.ch).
Filmographie
- Le Pays des hommes modestes, documentaire de Benoît d'Humières et Philippe Coudrin, 2002
- Lumière silencieuse, film de fiction de Carlos Reygadas, 2007
- The Dirty Ones, court-métrage de Harmony Korine, 2009
Articles connexes
- Église de Dieu en Christ, mennonite
- Anabaptisme
- Réforme radicale
- Nestor Makhno
- Pennsylvania Dutch
- Églises traditionnellement pacifistes
- Confession de Dordrecht
- Bergtal, communauté mennonite au Kirghizistan
- Lumière silencieuse, long métrage de fiction dans la communauté mexicaine.
- Histoire de l'émigration allemande en Amérique, Colons et intérêts allemands en Amérique latine
- Autres groupes anabaptistes : Amish, Huttérites
Liens externes
- Missionaire anabaptiste
- Témoin anabaptiste
- La Confession de foi des mennonites, examinée et adoptée à la réunion des anciens et prédicateurs de l'Association des Églises évangéliques mennonite de France, le 1er mai 2001 au Bienenberg.
- [vidéo] Des mennonites en suisses, un dossier des archives de la Télévision suisse romande
- Les mennonites s’ouvrent au monde, Le Temps, 30 décembre 2010
- Site des Églises évangéliques mennonite de France (AEEMF)
- Notices d’autorité : Système universitaire de documentation • Gemeinsame Normdatei
- Portail du christianisme
- Portail du protestantisme