Luxembourgeois
Luxembourgeois Lëtzebuergesch (Westmoselfränkisch) | ||
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Pays | Luxembourg, Belgique (Pays d'Arlon, Pays de Saint-Vith, Langue régionale endogène de la communauté française de Belgique), France (Pays des Trois Frontières en Lorraine), Allemagne (Pays de Bitburg,Pays de Saarburg, Pays de Prüm). |
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Nombre de locuteurs | près de 400 000 (2010) | |
Typologie | SVO accentuelle | |
Classification par famille | ||
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Statut officiel | ||
Langue officielle | Luxembourg | |
Codes de langue | ||
ISO 639-1 | lb | |
ISO 639-2 | ltz | |
ISO 639-3 | ltz | |
Étendue | Langue individuelle | |
Type | Langue vivante | |
IETF | lb | |
Linguasphère | 52-ACB-db | |
Échantillon | ||
Article premier de la Déclaration universelle des droits de l'homme (voir le texte en français) : Artikel 1 All Mënsch kënnt fräi a mat deer selwechter Dignitéit an deene selwechte Rechter op d'Welt. Jiddereen huet säi Verstand a säi Gewësse krut a soll an engem Geescht vu Bridderlechkeet deenen anere géintiwwer handelen. | ||
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Le luxembourgeois (Lëtzebuergesch en luxembourgeois) est une langue germanique parlée essentiellement au Grand-Duché de Luxembourg, ainsi que dans quelques communes limitrophes en Belgique[1], en France[2] et en Allemagne. Le luxembourgeois est la langue nationale du Luxembourg.
Classification et extension
Le luxembourgeois (Lëtzebuergesch en luxembourgeois, Luxemburgisch en allemand standard) est une langue du groupe germanique occidental au même titre que l'allemand et le néerlandais. C'est une des nombreuses variantes locales du moyen-francique. Certaines classifications le rattachent au francique mosellan (Moselfränkisch en allemand). Avec le francique ripuaire et le francique rhénan, le francique mosellan constitue l'aile occidentale du groupe des dialectes moyen-allemands. Bien que germanique, cette langue n'est pas de l'allemand standard, et a ses particularités propres, tant au niveau du vocabulaire que de la syntaxe. De plus, il a largement subi l'effet d'un superstrat roman : environ 5 000 mots d'origine française ont été intégrés au luxembourgeois.
La limite orientale du domaine dialectal luxembourgeois est l'isoglosse op/of (mutation consonantique en finale qui sépare le francique luxembourgeois du francique mosellan). Au sud et à l'ouest, le luxembourgeois est voisin de parlers romans (lorrain et wallon).
En 2010, on estime que près de 400 000 personnes dans le monde parlent cette langue [3]. Son aire de pratique s'étend, outre sur l'ensemble du Grand-Duché de Luxembourg, sur les communes belges limitrophes depuis Tintange jusqu'à Athus (formant le Pays d'Arlon), avec la ville largement francisée d'Arlon (où la variante locale est appelée arlonais ou areler), ainsi que sur le territoire de Beho.
Le luxembourgeois est aussi parlé en France (Lorraine) et en Allemagne, dans les arrondissements de Bitburg et de Daun, ainsi que dans une partie de la vallée de la Moselle.
À la suite d'une très forte[réf. souhaitée] émigration en fin du XIXe siècle et début du XXe siècle, « eis Sprooch », « notre langue », est également parlée en Amérique du Nord[réf. souhaitée], notamment au nord des États-Unis et au Canada.
Si, dans les pays francophones limitrophes du Grand-Duché, il a été honni et banni à cause de la politique linguistique française, aux deux guerres mondiales du XXe siècle et à l'annexion de l'Alsace-Lorraine comme territoire de l'Empire allemand, il a en revanche été au Luxembourg un ciment national, un moyen d'identification et de résistance (ainsi, la population a refusé de considérer l'allemand comme sa langue, malgré la pression nazie, lors d'un recensement). Il suffit de penser à la devise nationale, gravée au fronton de la Maison Communale d'Esch-sur-Alzette (Esch-Uelzecht en luxembourgeois) : Mir welle bleiwen wat mer sinn (« Nous voulons rester ce que nous sommes »). Cette même phrase peut également être trouvée sur une façade de la Vieille-Ville de Luxembourg-Ville, rue de la Loge avec une graphie légèrement différente : « Mir wölle bleiwe wat mir sin ».
Il fut un temps où les Luxembourgeois appelaient cette langue « l'allemand luxembourgeois » ou « l'allemand du Luxembourg »[4]. Ainsi que « dialecte allemand luxembourgeois » au XIXe siècle[5] .
Langue nationale du Grand-Duché
En novembre 1984, par décret, le luxembourgeois est devenu, avec le français et l'allemand, la troisième langue nationale du Grand-Duché. Le , a été promulguée (en français) la loi suivante :
- La langue nationale du Luxembourg est le luxembourgeois.
- Les textes légaux sont rédigés en français.
- Les langues administratives sont, au choix, le luxembourgeois, l'allemand ou le français.
- Dans l'administration, il doit être, dans la mesure du possible, répondu par le fonctionnaire au demandeur dans la langue que ce dernier a utilisée : français, allemand ou luxembourgeois.
Le luxembourgeois est de ce fait une langue nationale et reconnue. Des efforts sont par ailleurs faits, partout dans le pays, pour la codifier et l'unifier. La presse nationale, par exemple les quotidiens Luxemburger Wort, Tageblatt, Lëtzebuerger Journal, sont rédigés majoritairement en allemand et partiellement en français, sans que l'article soit traduit dans l'autre langue. On y trouve aussi quelques lignes rédigées en luxembourgeois : le courrier des lecteurs, les annonces personnelles ayant trait à la vie privée (nécrologies, faire parts divers…). Pour les romanophones (non autochtones), il existe aussi des quotidiens et hebdomadaires monolingues en français.
Au sein de la Communauté française de Belgique, le luxembourgeois bénéficie du décret sur la protection des langues régionales endogènes.
Cependant, le luxembourgeois n'est pas une langue officielle de l'Union européenne.
Entre 2000 et 2002, le linguiste luxembourgeois Jérôme Lulling a développé une banque de données de 125 000 formes de mots luxembourgeois pour le premier correcteur orthographique informatique appliqué à la langue luxembourgeoise (projet C.ORT.IN.A)[6]. Le développement d'un tel instrument a constitué une étape importante dans l'informatisation de la langue luxembourgeoise qui dispose également d'une version Wikipedia en luxembourgeois.
Le luxembourgeois en France
En Lorraine, il était langue vernaculaire dans le Nord-Est de l'arrondissement de Briey[7] : Soit en 1790, dans une partie du district de Longwy[8] et dans les années 1860, à partir de Mont-Saint-Martin[9] jusqu'à Villerupt. Au début des années 2010, le luxembourgeois, sous sa forme standard, est réintroduit via la voie scolaire dans cet arrondissement, soit dans quelques écoles[10].
Cette langue était également vernaculaire dans le Nord-Ouest de l'actuel département de la Moselle (57) autour de Thionville (Diddenuewen en luxembourgeois), Cattenom (Kettenuewen) et Sierck-les-Bains (Siirk). Cette particularité valut à ses habitants d'être annexés à l'Empire allemand de 1871 à 1919 en même temps que le reste de la Moselle et les deux départements alsaciens du Haut-Rhin et du Bas-Rhin.
Au début du XVIIe siècle, le dialecte s'étendait au sud jusqu'à une ligne qui passait par Lommerange, Talange et Villers-Bettnach. Plusieurs éléments ont contribué à son recul, notamment la guerre de Trente Ans, suivi d'un repeuplement par des colons étrangers à la région. Les épidémies de choléra du XIXe siècle[11] entre Metz et Thionville, ainsi que la politique linguistique française après 1944.
Le luxembourgeois traditionnel de Lorraine est différent du « Luxembourgeois standard », celui-ci peut même varier d'un village à un autre, notamment pour le vocabulaire. Par exemple à Russange, commune frontalière avec le Luxembourg, les habitants nés avant 1900 disaient Huaamer au lieu de Hummer (marteau), Nuaam au lieu de Numm (nom). Ou encore Mättigogo au lieu de Schleek (escargot)[12]. Même chose pour les verbes, par exemple ramasser se disait refen au lieu de rafen à Metzervisse.
D'après un recensement de 1962, les cantons de Cattenom et de Sierck, avaient chacun entre 60 et 80% de locuteurs du francique[13]. En 1975, Thionville comptait entre 2500 et 6500 locuteurs de la langue[14]. En 1990, Le Bureau européen pour les langues moins répandues estime que la France devait compter 40 000 luxembourgeophones. Durant cette même décennie, en 1995, une enquête diligentée par l'Inspection Académique de la Moselle révéla que 424 familles (représentant 491 élèves) de la commune de Sierck et ses environs, demandaient l'enseignement du francique luxembourgeois pour leurs enfants. Une autre enquête de 2004 faite par la même inspection académique et concentrée sur quelques communes choisies, a recueilli les demandes de 60% des parents d'élèves en faveur de l'enseignement de cette langue. Un dispositif a minima d'1h30 par semaine d'enseignement du luxembourgeois (langue et culture régionales) fut mis en place dans quelques communes seulement, la ou les demandes étaient les plus fortes[15].
À partir de la rentrée 1996-97, l'enseignement de la langue fut effectif à Rustroff, Berg-sur-Moselle, Ritzing, Launstroff, puis au collège de Sierck. En septembre 2004, devant le refus d’Inspection Académique de répondre au demandes parentales, la commune de Roussy-le-Village mit en place des cours de luxembourgeois. Pour l'année scolaire 2005-2006, l’enseignement du luxembourgeois fut dispensé dans 11 écoles des communes de : Montenach, Manderen, Kirsch-lès-Sierck, Rustroff, Merschweiller, Ritzing, Launstroff, Gavisse, Kœnigsmacker et Sierck[16]. Enfin, pour l'année scolaire 2013-2014, il fut également enseigné à Rettel, Basse-Rentgen et Thionville.
Communes | GS | CP | CE1 | Intégr. CLIS ou IME | CE2 | CM1 | CM2 | 6e | 5e | 4e | 3e | 2de | 1re | Term. | Total Commune |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Sierck | 28 | 18 | 18 | 5 | 22 | 24 | 17 | 72 | 62 | 28 | 31 | 325 | |||
Manderen | 11 | 11 | |||||||||||||
Merschweiller | 15 | 6 | 21 | ||||||||||||
Launstroff | 15 | 15 | 30 | ||||||||||||
Ritzing | 10 | 13 | 23 | ||||||||||||
Rustroff | 12 | 12 | |||||||||||||
Montenach | 20 | 11 | 10 | 41 | |||||||||||
Kirsch-lès-Sierck | 10 | 13 | 23 | ||||||||||||
Rettel | 13 | 11 | 9 | 1 | 8 | 12 | 9 | 63 | |||||||
Basse-Rentgen | 12 | 12 | |||||||||||||
Thionville | 32 | 24 | 17 | 73 | |||||||||||
Total niveau | 76 | 64 | 54 | 6 | 53 | 61 | 54 | 72 | 62 | 28 | 31 | 32 | 24 | 17 | Total : 634 |
Construction du luxembourgeois
Même si chaque région du pays possède son dialecte, de même que le sud de la Belgique possède une forme belge du luxembourgeois, il est possible de donner un aperçu des caractéristiques standard de la langue.
Construction des mots
La construction des mots est basée le plus souvent sur une modification systématique des tonalités dans ceux-ci par rapport aux langues française et allemande. Ceci est dû à l'accent du pays. Par exemple, le suffixe -heit (die Schönheit, la beauté) de l'allemand est automatiquement remplacé par -heet (d'Schéinheet) en luxembourgeois. Il en est exactement de même avec certaines terminaisons françaises comme -ion (Direction), qui devient -ioun (Directioun).
Articles et genres
En règle générale, le genre est défini par le mot allemand, mais des écarts de langage, ou l'influence du français, peuvent le faire varier. Les articles luxembourgeois sont analogues aux allemands der, die, das, ein, eine, etc.
Masculin | Féminin | Neutre | |
---|---|---|---|
Défini | de(n) | d' | d' |
Indéfini | e(n) | eng | e(n) |
Au masculin, l'article défini masculin den et l'article indéfini (masculin et neutre) en perdent leur -n final si le mot qui suit commence par une consonne différente de h, n, d, t et z. Si le mot commence soit par une voyelle, soit par une de ces cinq consonnes, le -n est conservé. Il en est de même avec les formes verbales.
Exemples : den Alphabet (l'alphabet), en Elefant (un éléphant), den Hammel (le mouton), en Duerf (un village) / e Lamm (un agneau), de Bierg (la montagne), e Paërd (un cheval)…
Verbes
Verbes réguliers
Les formes verbales luxembourgeoises sont similaires aux formes allemandes, du fait que les verbes se ressemblent. Les terminaisons sont aussi héritées de l'allemand, quoique légèrement modifiées.
personne | terminaison |
---|---|
ech (je) | verbe infinitif |
du (tu) | -s |
hien, si, hatt (il, elle, +neutre) | -t |
mir (nous) | verbe infinitif |
dir (vous) | -t |
si (ils, elles) | verbe infinitif |
Deux verbes luxembourgeois conjugués :
wunnen (habiter) | drénken (boire) | |
---|---|---|
ech | wunnen | drénken |
du | wunns | drénks |
hien, si, hatt | wunnt | drénkt |
mir | wunnen | drénken |
dir | wunnt | drénkt |
si | wunnen | drénken |
Verbes irréguliers
sinn (être) | hunn (avoir) | |
---|---|---|
ech | sinn | hunn |
du | bass | hues |
hien, si, hatt | ass | huet |
mir | sinn | hunn |
dir | sidd | hutt |
si | sinn | hunn |
Comme pour les articles, si le mot suivant le verbe commence par une consonne différente de h, n, d, z, ou t, le n final disparaît.
Exemples
Français | Allemand | Néerlandais | Luxembourgeois | Prononciation standard |
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la terre | die Erde | de aarde | d'Äerd | ɛət |
le ciel | der Himmel | de hemel | den Himmel | ˈhɪməl |
l'eau | das Wasser | het water | d'Waasser | ˈvaːsɐ |
le feu | das Feuer | het vuur | d'Feier | ˈfaiɐ |
l'homme | der Mann | de man | de Mann | mɑn |
la femme | die Frau | de vrouw | d'Fra | fʁaː |
manger | essen | eten | iessen | ˈiəsən |
boire | trinken | drinken | drénken | ˈdʁeŋkən |
grand | groß | groot | grouss | gʁəus |
petit | klein | klein | kleng | klɛŋ |
la nuit | die Nacht | de nacht | d'Nuecht | nuəɕt |
le jour | der Tag | de dag | den Dag | daːx |
- Moien - Bonjour
- Äddi - Au revoir
- Wann ech gelift - s'il te/vous plaît
- Merci - Merci
- Lëtzebuerg - Luxembourg
- lëtzebuergësch - luxembourgeois
- Trottoiren - trottoirs
Bibliographie
- Le parler luxembourgeois en Lorraine, extraits de textes publiés dans la revue Passerelles, 1995.
Références
- ↑ http://www.luxembourg.public.lu/fr/societe/langues/etranger/belgique/index.html
- ↑ http://www.luxembourg.public.lu/fr/societe/langues/etranger/france/index.html
- ↑ http://www.lessentiel.lu/news/story/10727803 consulté ce 26/07/12
- ↑ Rosemarie Kieffer, Littératures luxembourgeoises ?, 1990.
- ↑ Publications de la Société pour la Recherche et la Conservation des Monuments Historiques dans le Grand-Duché de Luxembourg, Vol. 18, 1863.
- ↑ (fr) Projet Cortina
- ↑ D'après Hans Witte, au XVIe siècle, l'« allemand » était courant dans la partie septentrionale de la région de Longwy.
- ↑ Jean-Louis Masson - Histoire administrative de la Lorraine, des provinces aux départements et à la région, page 185.
- ↑ Ernest de Bouteiller - Dictionnaire topographique de l'ancien département de la Moselle, rédigé en 1868, § 12 : Ethnographie et linguistique.
- ↑ http://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2015/01/23/apprendre-le-luxembourgeois-ce-n-est-pas-du-luxe
- ↑ P. Brasme - La population de la Moselle au XIXe siècle.
- ↑ Albert Piernet, enquêtes linguistiques des années 1980.
- ↑ S. Legrand - d'après les chiffres de l'INSEE.
- ↑ Daniel Laumesfeld - La Lorraine francique : Culture mosaïque et dissidence linguistique
- ↑ Intervention du SNUIPP Moselle, Paris, novembre 2012.
- ↑ http://57.snuipp.fr/pdf/2006-2007/07-01-06-enseignement_francique.pdf
Annexes
Articles connexes
- linguistique
- liste de langues
- langues par famille
- langues indo-européennes
- langues germaniques
- langues germaniques occidentales
- groupe germano-néerlandais
- haut-allemand
- moyen-allemand
- moyen-allemand occidental
- moyen-francique
- moyen-allemand occidental
- moyen-allemand
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Liens externes
- (en) « Fiche langue », dans la base de données linguistique Ethnologue
- L'emploi des langues au Luxembourg
- Euromosaic: Le luxembourgeois au Luxembourg
- Conseil permanent de la langue luxembourgeoise
- Comment compter en luxembourgeois
- Lexique de vocabulaire luxembourgeois
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