Typologie des langues
La typologie des langues est une méthode de classification des langues en fonction de plusieurs critères grammaticaux et linguistiques et non en fonction de leurs familles génétiques. Par ailleurs, s'il existe quelque 5 000 langues parlées dans le monde, on ne peut distinguer 5 000 systèmes différents. Il existe des schémas communs à des langues X ou Y qui n'ont pourtant pas de liens génétiques ni historiques. C'est l'observation de ces schémas qui permet d'établir une typologie.
Existence de critères de classification des langues
Il existe plusieurs jeux de critères permettant de classer ainsi les langues[1]. Les types de langues ne sont pas fermés et ne s'excluent pas les uns les autres : dire d'une langue qu'elle est du type flexionnel ne signifie pas qu'elle n'appartient qu'à ce type ; telle langue peut être tout autant très synthétique, un peu flexionnelle et parfois isolante. Ainsi le français a un ordre des mots isolant et une flexion (souvent compliquée) des verbes...
Classement morphologique
- les types de variabilité des signifiants selon les traits grammaticaux (langues flexionnelles, langues agglutinantes, langues isolantes) ;
- Le nombre de morphèmes (moindres unités douées de sens) par mot.
L'ordre des fonctions syntaxiques (Sujet Verbe Objet, SOV, VSO, VOS, OSV ou OVS)
- Le type VSO (SO V1), unidirectionnel, représente 15 % des langues connues : sémitiques et celtiques entre autres.
- Le type SVO (SO V2) représente lui 36 % des langues connues (romanes, slaves, germaniques, mon-khmères entre autres).
- Le type SOV (SO V3), également unidirectionnel mais de sens inverse, représente 39 % des langues du globe telles le turc, le japonais, le hindi et de nombreuses langues amérindiennes et océaniennes.
- Le type OSV n'est attesté que dans 10 % des langues, de même que les types OVS et VOS (cas du malgache, des langues de Polynésie et de Mélanésie notamment).
Ensemble, les types SO représentent donc 90 % des langues connues, ce que Joseph Greenberg présente comme le premier des universaux linguistiques.
D'après Claude Hagège, dans L'Homme de parole : « cette forte inégalité de répartition entre SOV et OSV laisse supposer que le naturel de type conceptuel, en vertu duquel l'agent, moteur de l'action, est envisagé et nommé le premier, l'emporte sur le naturel de type spatial, par l'effet duquel le patient affecté peut, surtout lorsque l'action comporte un mouvement, être aperçu, comme dans l'espace visuel du sourd, avant l'agent. De fait, les trois séquences minoritaires, OSV, OVS et VOS, présentent toutes trois une succession O + S, médiate ou immédiate, et non S + O. »[2].
Statut de langue
Le type d'utilisation qu'en font les locuteurs en tant qu'elle joue sur la structure même de la langue (langue véhiculaire, vernaculaire, liturgique, koinè, créole, sabir, pidgin, etc.)
Classement phonétique et phonologique
Nombre de phonèmes, le jeu de phonèmes employé et leurs combinaisons permises.
Existence de phénomènes linguistiques universels
En effet, malgré l'apparente diversité des langues, on constate l'existence de traits ou phénomènes concrets de linguistique communs à toutes les langues du monde, ce qu'on appelle les universaux, qui ont été recensés et organisés par Greenberg en 1963 (Greenberg J., Universals of Language). Ainsi, toutes les langues possèdent des éléments permettant de désigner le locuteur, l'interlocuteur et le monde de référence (en français, les pronoms fondamentaux je/tu/il) : ce sont des universaux fonctionnels. Toutes les langues connaissent des éléments linguistiques permettant de distinguer l'assertion de l'interrogation ou de l'ordre (éléments intrinsèques aux fonctionnalités du langage). On trouve également partout les concepts de négation ou de modalisation.
Notes
Bibliographie
- (en) Language Typology and Syntactic Description, sous la dir. de Timothy Shopen, Cambridge University Press, 2007 (2e éd.), 3 volumes :
- Paolo Ramat, La typologie linguistique, Paris, PUF.
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