Kurt Lewin
Naissance |
à Mogilno, Empire allemand |
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Décès |
(à 56 ans) à Newtonville, Massachusetts |
Nationalité(s) | Américaine |
Formation | Psychologie |
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Profession(s) | psychologue + |
Employeur(s) | université Cornell + |
Travaux | Recherche-Action, Théorie du champ, Dynamique de groupe |
Approche | Gestaltisme, Comportementalisme, Courant des relations humaines |
Kurt Lewin (Kurt Zadek Lewin) (1890-1947) est un psychologue américain d'origine allemande spécialisé dans la psychologie sociale et le comportementalisme, acteur majeur de l'école des relations humaines. Ses travaux ont notamment porté sur la « recherche-action », sur la « théorie du champ » et on lui doit le concept de « dynamique de groupe », concept majeur de la « psychologie industrielle » qui devait devenir plus tard la psychologie du travail. Il est aussi connu pour être un des premiers à considérer la psychologie comme une « science dure » notamment dans ses recherches béhavioristes.
Esprit scientifique et humaniste, marqué par la montée du nazisme dans son pays natal, il a consacré toute sa vie à la défense des valeurs de tolérance et de liberté notamment au travers de ses travaux promouvant la démocratie à l’intérieur des groupes humains.
Biographie
Né le 9 septembre 1890 de parents commerçants dans un milieu aisé appartenant à la classe moyenne, Kurt Lewin est le deuxième enfant d'une famille de quatre enfants. À 19 ans, il s'inscrit en médecine à l'université de Freiburg im Breisgau pour finalement continuer des études de biologie à l'université de Munich. Il termine ses études à l'université Humboldt de Berlin dont il obtient un doctorat à l'âge de 26 ans en 1916.
En 1914, il se porte volontaire pour aller se battre au front lors de la Première Guerre mondiale.
C'est en 1917 que Kurt Lewin rédige son premier ouvrage de psychologie. En se basant sur l'expérience des tranchées, il parvient à démontrer que la vision d'un paysage donné est différente selon que l'on est un soldat (pour lequel l'ennemi peut surgir à n'importe quel moment) ou un simple promeneur. Il en conclut dès lors que la représentation de l'environnement dépend fortement des motivations, des attentes et des caractéristiques de l'individu.
Il finit la guerre avec le grade de lieutenant et la Croix de Fer pour services rendus à la nation[1]. De retour du front, où il perd un frère, il étudie la Gestalt aux côtés de Max Wertheimer et de Wolfgang Köhler. Il commence à développer son intérêt pour les travaux relatifs à la psychologie industrielle et aux questions agricoles tout comme Maximilien Ringelmann.
En 1926, il est nommé professeur de psychologie à l'université Humboldt de Berlin à l'âge de 36 ans.
C'est en 1931 qu'il pose l'équation suivante : le comportement (B) est une fonction (ƒ) de la personnalité (P) et de l'environnement (E), soit de manière formalisée : B=ƒ(P,E)[2].
En 1933, face à la montée en force du national-socialisme et l'arrivée d'Hitler au pouvoir, Kurt Lewin décide d'émigrer aux États-Unis. Il y obtient la nationalité américaine en 1940. Cette fuite, en lien avec ses origines juives, est le point de départ de l'intérêt que Kurt Lewin porte à la psychologie sociale. En effet, il s'intéresse désormais davantage à l'interaction au sein d'un groupe (psychosociologie) qu'à l'homme et son environnement (comportementalisme). C'est de ces travaux qu'émerge notamment la théorie de la dynamique de groupe qui analyse l'engagement et le comportement des individus au sein d'un groupe.
Aux États-unis, il occupe différents postes universitaires, notamment au sein de l'université Cornell (1933), l'université de l'Iowa (1935) et du Massachusetts Institute of Technology (1944) où il s'intéresse ensuite à de nouveaux domaines de recherche centrés autour de la motivation (niveau d'aspiration, apprentissage, concepts de frustration et de régression, etc.). C'est au MIT qu'il élabore sa théorie de la dynamique des groupes.
En 1946, le directeur de la Commission de l'État du Connecticut le contacte afin qu'il aide les pouvoirs publics à lutter contre les préjugés raciaux et religieux au sein de l'État. Son action ayant lieu au sein de l'American Jewish Commission with the Commission of Community Interrelations.
On lui doit la citation « rien n'est plus pratique qu'une bonne théorie ». Pour Lewin, la recherche se doit d'être un tremplin vers de nouvelles perspectives. C'est pourquoi il a toujours refusé les concepts de recherche appliquée et de recherche fondamentale au bénéfice d'une recherche plus novatrice.
Travaux sur le leadership
Inspiré par la Gestalt comme par la physique théorique, Kurt Lewin considère que les relations d'un individu ou d'un groupe à son environnement sont régies par des attractions et répulsions comparables à des champs de force. En 1944, il crée au MIT, le Research Center for Group Dynamics. Il y étudie aussi bien les préjugés raciaux que les styles de leadership[3]. Lewin, dans ses travaux sur l'apprentissage auprès des enfants a établi la théorie du leadership selon laquelle il existerait différents types de leadership ayant chacun des configurations différentes, notamment en lien avec la qualité de la production du produit réalisé et de la satisfaction de son producteur. Ces expériences ont été reprises par la suite par Lippitt et White dont la thèse avait été dirigée par Lewin. Ils ont publié les résultats de leurs recherches dans leur livre Autocracy and Democracy (1960)[4].
L'expérience sur le leadership de Kurt Lewin consiste à constituer trois groupes d'enfants distincts lors d'activités de loisir au sein d'un centre aéré. L'objectif est de construire des modèles réduits d'avions avec une implication différente de la part des animateurs du groupe. On retrouve trois conditions expérimentales : un groupe « directif », un groupe « participatif » et un groupe « laissez-faire ». Les résultats de cette étude ont montré que le type de leadership pouvait avoir une influence sur le travail produit (qualité des biens manufacturés), mais aussi sur la satisfaction des producteurs (santé mentale au travail).
- Dans la condition « directive » l'animateur est directif dans sa passation d'ordres et ceux-ci ne peuvent pas être discutés (pas de rétro-action possible). L'animateur occupe donc ici un statut de chef assimilable au paternalisme.
- Dans la condition « participative » l'animateur est participatif avec tous les membres du groupe. L'apprentissage est basé sur l'interaction entre les membres du groupe et l'animateur occupe un poste d'animation dans l'apprentissage.
- Dans la condition « laissez-faire » l'animateur est en retrait face aux demandes du groupe. Son rôle est de surveiller les activités sans intervenir dans le groupe.
Cette théorie du leadership a été reprise par les psychologues scolaires dans la mise au point d'un modèle schématique de l'éducation des enfants. En effet on distingue trois étapes au cours desquelles l'enfant est éduqué de manière paternaliste (interdiction de sortir le soir à 4 ans), puis de manière participative (possibilité de sortir mais négociée avec les parents), et enfin laissé libre (majorité, libre décision de ses actes).
Œuvres
- Kurt Lewin, A dynamic theory of personality, 1935.
- Kurt Lewin, Principles of topological psychology, 1936.
- Kurt Lewin, Resolving social conflicts, 1948.
- Kurt Lewin, Frontiers in Group Dynamics, 1946.
- Kurt Lewin, Psychological Problems in Jewish Education, 1946.
Notes et références
- ↑ (en) Biographie de Kurt Lewin sur le site du Sweet Briar College
- ↑ (en) Carol Sansone, Carolyn C. Morf, A. T. Panter, The Sage Handbook of Methods in Social Psychology, SAGE, 2004, p. 119. [lire en ligne]
- ↑ Jean-François Dortier, Sciences humaines (hors série n°7) : la grande histoire de la psychologie, septembre-octobre 2008, page 45.
- ↑ (en) Ralph K. White et Ronald Lippitt Autocracy and Democraty: An Experimental inquiry, Harper & Brothers: New York, 1960, 330p. [lire en ligne]
Voir aussi
Bibliographie
- Pierre Kaufmann : Kurt Lewin. Une théorie du champ dans les sciences de l’homme, Paris, Vrin, 1968.
Articles liés
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