Guerre des Deux-Roses
Peinture de 1908 par Henry Payne s'inspirant d'une scène de la pièce de Shakespeare Henry VI (première partie) durant laquelle les membres des deux factions cueillent chacun une rose rouge ou blanche dans le Temple Garden pour marquer leur appartenance à l'un des camps.
Date | 1455 - 1485 |
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Lieu | Royaume d'Angleterre |
Casus belli | Succession au trône d'Angleterre |
Issue | Victoire d'Henri Tudor (descendant de la branche Lancastre) |
Maison de Lancastre | Maison d'York |
Henri VI Édouard de Westminster Henri VII Marguerite d'Anjou Edmond Beaufort Richard Neville Henri Beaufort Henry Percy John Clifford | Richard d'York Édouard IV Richard III Richard Neville père Richard Neville fils William Neville John Neville John de Mowbray John de la Pole |
La guerre des Deux-Roses désigne une série de guerres civiles qui ont eu lieu en Angleterre entre la maison royale de Lancastre et la maison royale d'York. Cette guerre des roses liée aux droits de succession, débute en 1455 et ne prend fin qu'en 1485, quand le dernier des rois Plantagenêt Richard III d'Angleterre meurt au champ d'honneur, et qu'Henri VII devient roi. Elle apparaît aussi a posteriori comme une conséquence de la clôture de la guerre de Cent Ans, supprimant irrémédiablement toute expansion anglaise en France et reportant la violence prédatrice des chevaliers et combattants sur eux-mêmes et leur nation.
La maison de Lancastre descendait de Jean de Gand, duc de Lancastre et 3e fils du roi Édouard III. Celle d'York descendait de son frère Edmond de Langley (1341-1402), 4e fils du roi Édouard III, devenu duc d'York en 1385.
L'emblème de la maison de Lancastre était la rose rouge, tandis que celui des York était la rose blanche, ce qui est à l'origine du nom donné a posteriori[Note 1] à ce conflit.
Une succession disputée
L'antagonisme entre les deux maisons prend naissance en 1399 quand le roi Richard II est détrôné par son cousin, Henry Bolingbroke, duc de Lancastre[1]. Comme il descendait de Jean de Gand, le troisième fils d’Édouard III, les droits de Bolingbroke à la couronne étaient discutables. D’après les lois de succession, elle aurait dû passer aux descendants mâles de Lionel d'Anvers, le deuxième fils d’Édouard III, et de fait, Richard II avait désigné comme héritier présomptif le petit-fils de Lionel, Roger Mortimer, 4e comte de March.
Malgré tout, Bolingbroke fut couronné à Westminster en 1399 sous le nom d’Henri IV. Il fut accepté, car le gouvernement de Richard II avait été extrêmement impopulaire. Bolingbroke mourut en 1413. Son fils et successeur, Henri V, fut un grand stratège et ses succès militaires contre la France dans la guerre de Cent Ans lui valurent une énorme popularité, qui lui permirent d’assurer le maintien des Lancastre sur le trône. Toutefois, pendant son règne, qui devait être court, Henri V dut faire face à une conspiration menée tambour battant contre lui, organisée par le comte de Cambridge Richard de Conisburgh, fils d'Edmond de Langley, le quatrième fils d'Édouard III. Richard de Conisburgh fut exécuté en 1415 pour trahison au début de la campagne qui aboutit à la bataille d'Azincourt ; sa femme Anne Mortimer avait aussi quelques droits sur le trône, étant petite-fille de Philippa d'Anvers et arrière-petite-fille de Lionel d'Anvers.
Henri V meurt en 1422 et le duc d'York Richard, fils de Richard de Conisburgh et d’Anne Mortimer, devait se dresser contre son successeur, le faible roi Henri VI, pour revendiquer la couronne.
(1) Édouard III roi d'Angleterre | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Édouard prince de Galles | Lionel d'Anvers duc de Clarence | Jean de Gand duc de Lancastre | Edmond de Langley duc d'York | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
(2) Richard II roi d'Angleterre | Philippa x Edmond Mortimer | (3) Henri IV roi d'Angleterre | Jean Beaufort duc de Somerset | Édouard duc d'Albemarle duc d'York | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Roger Mortimer comte de March | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Edmund Mortimer comte de March | Anne Mortimer | Richard de Conisburgh comte de Cambridge | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
(4) Henri V roi d'Angleterre | Catherine de Valois | Owen Tudor | Jean Beaufort duc de Somerset | Richard duc d'York | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
(5) Henri VI roi d'Angleterre | Edmond Tudor cte de Richmond | Margaret Beaufort | (6) Édouard IV roi d'Angleterre | (8) Richard III roi d'Angleterre | Élisabeth d'York x John de la Pole | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Édouard prince de Galles | (9) Henri VII Tudor roi d'Angleterre | Élisabeth d'York | (7) Édouard V roi d'Angleterre | John de la Pole comte de Lincoln héritier de Richard III | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Dynastie Tudor | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Henri VI
Le roi d'Angleterre Henri VI de Lancastre est entouré de régents et de conseillers impopulaires. Les plus connus d'entre eux sont Edmond Beaufort, 2e duc de Somerset, et Guillaume de la Pole, 1er duc de Suffolk, à qui l'on reproche de mal diriger le gouvernement et de conduire de façon lamentable la guerre de Cent Ans, qui se prolongeait avec la France. Sous Henri VI, pratiquement toutes les possessions anglaises sur le continent, y compris les territoires gagnés par Henri V, ont été perdues. Henri VI est considéré comme un roi faible et inefficace. De plus, il souffre par moments de troubles mentaux qu'il a peut-être hérités de son grand-père, le roi de France Charles VI. Avant les années 1450, beaucoup considèrent déjà Henri comme un incapable. Les rois Lancastre ont d'ailleurs été tourmentés par la question de leur légitimité et la Maison d'York pense avoir des droits au trône beaucoup plus forts.
Le désordre croissant à la cour se reflète dans tout le pays, où les familles nobles se livrent à des querelles privées et respectent de moins en moins l'autorité royale et les tribunaux. La querelle Percy-Neville (en) est la plus connue de ces guerres privées, mais d'autres s'accomplissent en toute liberté. Dans bien des cas, il s'agit de luttes entre des familles établies depuis longtemps et la petite noblesse d'autrefois dont Henri IV avait accru le pouvoir et l'influence à la suite des rébellions des grandes familles organisées contre lui. La querelle entre les Percy, pendant longtemps ducs de Northumberland, et les Neville qui par rapport à eux n'étaient que des parvenus, se fait sur ce modèle ; un autre exemple est la querelle entre les Courtenay et les Bonville en Cornouailles[2].
Un des éléments des conflits est lié à la disponibilité d'un grand nombre de soldats démobilisés des armées anglaises présentes en France. Les nobles engagent nombre de ces soldats pour organiser des raids ou prendre d'assaut des tribunaux, intimidant plaignants, témoins et juges.
L'accroissement du mécontentement dans la population, le grand nombre de nobles qui se querellent grâce à leurs armées privées et la corruption à la cour d'Henri VI rendent le climat politique mûr pour une guerre civile.
En 1453, Henri subit sa première crise de folie, à la suite de quoi un Conseil de Régence est mis en place, dirigé par le puissant et populaire Richard Plantagenêt, duc d'York et chef de la Maison d'York en tant que Lord Protector. Richard manifeste bien vite son pouvoir avec une audace jamais égalée (bien qu'il n'y ait aucune preuve qu'il eût alors aspiré au trône). Il fait emprisonner Somerset et il soutient ses partisans, Salisbury et Warwick, dans une série de conflits mineurs contre les partisans puissants d'Henri, comme les comtes de Northumberland. La guérison d'Henri en 1455 contrarie les ambitions de Richard qui est écarté de la cour par la femme d'Henri, la reine Marguerite d'Anjou. Puisque Henri n'était pas capable d'être le chef, c'est elle, femme puissante et volontaire, qui de fait se place à la tête des Lancastriens. Elle noue des alliances contre Richard et conspire avec d'autres nobles pour réduire son influence. Richard de plus en plus pressé recourt finalement aux armes en 1455 avec la première bataille de Saint-Albans.
Début des hostilités (1455-1460)
Richard, duc d'York marche vers Londres avec une petite troupe et affronte les forces de Henri à Saint-Albans, au nord de Londres, le 22 mai 1455. La première bataille de Saint-Albans, relativement limitée, est le premier conflit ouvert de la guerre civile. Le but de Richard est apparemment de chasser les « mauvais conseillers » du roi Henri. Le résultat est une défaite pour les lancastriens. Plusieurs de leurs chefs sont tués, y compris Somerset et Northumberland[3]. Après la bataille, les yorkistes trouvent Henri assis calmement sous sa tente, complètement abandonné par ses conseillers et ses domestiques, et ayant apparemment subi une nouvelle crise de maladie mentale[4]. York et ses alliés recouvrent leur position influente, et pendant quelque temps les deux côtés paraissent choqués qu'une bataille réelle se soit déroulée, si bien qu'ils font tout leur possible pour apaiser leurs différends. Puisque le roi était malade, York est de nouveau nommé Protecteur et Marguerite, chargée de soigner le roi, est écartée du pouvoir[5].
Après la première bataille de Saint-Albans, le compromis de 1455 semble à peu près réussir, et York garde la prépondérance sur le Conseil même après la guérison d'Henri. Les problèmes à l'origine du conflit resurgissent cependant, surtout quand il s'agit de savoir si c'est le duc d'York ou Édouard, le fils d'Henri et de Marguerite, encore au berceau, qui doit succéder à Henri sur le trône. Marguerite refuse toute solution qui déshériterait son fils et il devient clair qu'elle ne tolérerait la situation qu'aussi longtemps que le duc d'York et ses alliés garderaient la suprématie militaire.
En 1456, Henri se rend solennellement dans les Midlands, où le roi et la reine sont populaires. Marguerite ne lui permet pas de revenir à Londres, où les marchands sont mécontents du déclin des affaires et du désordre croissant. La cour du roi est réinstallée à Coventry. Là, le nouveau duc de Somerset, Henri Beaufort, se manifeste comme le favori de la cour, héritant de la faveur dont jouissait son père. Profitant du fait que York avait dû retourner à son poste de lieutenant en Irlande, Marguerite persuade Henri de révoquer les nominations que York avait prononcées en tant que Protecteur[6]. Cependant que le désordre ne cesse de croître dans la capitale, ainsi que la piraterie sur la côte sud, le roi et la reine ne se préoccupent que de garantir leurs propres positions, la reine par exemple établit pour la première fois la conscription en Angleterre. Pendant ce temps, l'allié de York, Warwick (plus tard surnommé le « faiseur de rois »), grandit en popularité à Londres en tant que champion des marchands.
York étant revenu d'Irlande sans autorisation, les hostilités reprennent. Le 23 septembre 1459, à la bataille de Blore Heath dans le Staffordshire, une grande armée lancastrienne n'arrive pas à empêcher une troupe yorkiste, sous les ordres du comte de Salisbury, de marcher depuis le château de Middleham, dans le Yorkshire, pour associer ses forces à celles de York au château de Ludlow[7]. Bientôt, les armées yorkistes réunies affrontent l'armée lancastrienne, beaucoup plus nombreuse, à la bataille de Ludford Bridge. Un des lieutenants de Warwick passe aux Lancastriens et les chefs yorkistes s'enfuient[8] ; York lui-même retourne en Irlande, tandis que son fils aîné Édouard, comte de March, Salisbury et Warwick s'enfuient à Calais[9]. Les Lancastriens désormais contrôlent de nouveau la situation et Somerset est envoyé à Calais comme gouverneur. Cependant ses tentatives d'en expulser Warwick sont facilement repoussées et les Yorkistes commencèrent même à lancer des raids sur la côte anglaise depuis Calais en 1459-60, ajoutant ainsi au sentiment de chaos et de désordre.
En 1460, Warwick et les autres déclenchent une invasion de l'Angleterre et s'établissent rapidement dans le Kent et à Londres, où ils jouissent d'un large soutien. Soutenu par un émissaire du pape qui a pris leur parti, ils marchent vers le Nord. Henri conduit une armée vers le sud à leur rencontre, tandis que Marguerite reste au nord avec le prince Édouard. Accompagnée de trahison dans les rangs du roi, la bataille de Northampton, le 10 juillet 1460, s'avère désastreuse pour les Lancastriens confrontés à l'armée yorkiste sous les ordres du comte de Warwick. Après la bataille, et pour la deuxième fois au cours de la guerre, les Yorkistes trouvent le roi Henri sous une tente, ayant apparemment subi une nouvelle crise de folie et totalement abandonné par son escorte[10]. Tenant maintenant le roi en leur pouvoir, les Yorkistes reviennent à Londres, dont la garnison se rend sans combattre[11].
L'Acte d'Accord
Un tel succès militaire pousse Richard à revendiquer le trône en se fondant sur l'illégitimité de la lignée lancastrienne. Venant du Nord du Pays de Galles, lui et sa femme Cecily (Cécile Neville) entrent à Londres avec l'appareil réservé d'ordinaire à un monarque. Le Parlement est rassemblé et une fois entré, York se dirige directement vers le trône, s'attendant sans doute à ce que les Lords l'encouragent à se l'approprier, comme ils l'avaient fait pour Henri IV en 1399. Au lieu de cela règne un silence de mort. York annonce sa prétention au trône, mais les Lords, même Warwick et Salisbury, sont choqués d'une telle présomption ; ils n'avaient alors aucune envie de renverser Henri. Leur ambition se bornait toujours à écarter de lui ses mauvais conseillers[12].
Le lendemain, York produit des généalogies détaillées pour soutenir sa revendication en se fondant sur le fait qu'il descend de Lionel d'Anvers : il rencontre un peu plus de compréhension. Le Parlement accepte d'étudier l'affaire et admet que la revendication d'York était mieux fondée, mais à cinq voix de majorité, il décide qu'Henri VI resterait roi. Un compromis est élaboré en octobre 1460 avec l'acte d'Accord, qui reconnait York comme successeur d'Henri, déshéritant Édouard, le fils de celui-ci, qui n'a que six ans[13]. York accepte ce compromis qui lui accorde une grande partie de ce qu'il voulait, surtout du fait qu'il est nommé « protecteur du Royaume » et qu'il a ainsi le pouvoir de gouverner au nom d'Henri. On bannit Marguerite de Londres ainsi que son fils, le prince Édouard. L'acte d'Accord s'avérait cependant inacceptable pour les Lancastriens, qui se rallient à Marguerite et forment une grande armée dans le Nord.
Contre-attaque des Lancastriens
Le duc d'York quitte Londres vers la fin de l'année avec le comte de Salisbury pour consolider sa position au nord contre l'armée de Marguerite, dont on disait qu'elle s'était regroupée près de la ville d'York. Richard occupe une position défensive au château de Sandal, près de Wakefield, à Noël 1460. Bien que l'armée de Marguerite l'emporte en nombre sur celle de Richard à plus de deux contre un, le 30 décembre York ordonne à ses forces de quitter le château et de passer à l'attaque. Son armée subit une défaite cuisante à la bataille de Wakefield. Richard lui-même est tué dans la bataille tandis que Salisbury et Edmond, comte de Rutland, deuxième fils de Richard, âgé de dix-sept ans, sont pris et décapités[14]. Marguerite ordonne que leurs têtes à tous les trois soient placées sur les portes d'York. C'est cet événement, ou peut-être vingt-cinq ans plus tard, l'échec final de Richard III, qui a inspiré par la suite la phrase mnémotechnique Richard Of York Gave Battle In Vain pour les sept couleurs de l'arc-en-ciel (red, orange, yellow, green, blue, indigo, violet).
L'acte d'Accord et les événements de Wakefield font d'Édouard, comte de la Marche, fils aîné d'York âgé de 18 ans, le nouveau duc d'York et l'héritier du trône. La mort de Salisbury fait de Warwick, son héritier, le plus grand propriétaire foncier en Angleterre. Marguerite se rend en Écosse pour négocier l'assistance écossaise. Marie de Gueldre, reine d'Écosse accepte de lui donner une armée à condition que Marguerite lui cède la ville de Berwick et que la fille de Marie soit fiancée au prince Édouard[14]. Marguerite accepte, bien qu'elle n'ait aucun argent pour payer son armée et qu'elle ne puisse que promettre le riche butin que lui offrirait l'Angleterre du sud ; il fallait seulement qu'aucun pillage n'ait lieu au nord du Trent. Elle prend son armée à Hull, et se trouve à la tête de plus d'hommes que lorsqu'elle était venue.
Édouard d'York pendant ce temps, avec une armée venant des marches pro-yorkistes (la zone limitrophe entre l'Angleterre et le Pays de Galles), rencontre l'armée du comte de Pembroke Jasper Tudor qui arrivait du Pays de Galles et lui inflige une sévère défaite à la bataille de Mortimer's Cross, dans le Herefordshire. Il donne du courage à ses hommes en leur montrant une « vision » de trois soleils à l'aube (un phénomène connu sous le nom de « parhélie »), et en leur disant que c'est là un présage de victoire puisqu'il représente les trois fils survivants de York : lui-même, George et Richard. Cet épisode explique pourquoi, par la suite, Édouard devait adopter le signe du « sun in splendour » comme emblème personnel[15].
Marguerite se dirige vers le Sud, en saccageant tout sur son passage ; son armée subvient à ses besoins en pillant les contrées qu'elle traverse dans la prospère Angleterre du sud. À Londres, Warwick se sert de ces pillages pour appuyer sa propagande et renforcer l'adhésion au parti yorkiste dans tout le Sud ; la ville de Coventry change d'allégeance en sa faveur. Mais Warwick échoue quand il commence à recruter rapidement une armée et, sans l'armée d'Édouard pour lui prêter main forte, il est pris au dépourvu par l'arrivée rapide des Lancastriens à Saint-Albans. À la seconde bataille de Saint-Albans, la reine remporte une victoire décisive et, en fuyant, les forces yorkistes abandonnent le roi Henri, que l'on retrouvera indemne, assis tranquillement sous un arbre[16].
Henry anoblit trente soldats lancastriens immédiatement après la bataille. La guerre devient de plus en plus impitoyable, comme le montre le fait que la reine Marguerite demande à son fils de sept ans, Édouard, de choisir la manière dont on exécuterait les chevaliers yorkistes qui avaient été chargés de protéger le roi et étaient restés à ses côtés durant la bataille.
L'avance vers le sud de l'armée lancastrienne provoque à Londres une vague de terreur ; les rumeurs courent sur les pillage que commettraient les cruels soldats du Nord de l'Angleterre. Les Londoniens ferment les portes de la ville et refusent de ravitailler l'armée de la reine, qui pille les comtés environnants de Hertfordshire et de Middlesex.
Triomphe des yorkistes
Pendant ce temps, Édouard avançait vers Londres depuis l'ouest, où il avait joint ses forces à celles de Warwick. En même temps, la reine se retire vers le nord, à Dunstable, ce qui permet à Édouard et Warwick d'entrer dans Londres avec leur armée. Ils sont accueillis avec enthousiasme par la ville qui leur était largement acquise et leur fournit argent et ravitaillement. Il n'était plus possible à Édouard de prétendre seulement essayer d'arracher le roi à de mauvais conseillers. Il s'agit maintenant d'une bataille pour la couronne elle-même. Édouard a désormais besoin de l'autorité ; l'évêque de Londres demande son opinion au peuple de Londres qui lui répond avec les cris de « King Edward ! ». Le Parlement se hâte de confirmer et Édouard est couronné, quoique non officiellement, au cours d'une cérémonie hâtivement organisée à l'abbaye de Westminster au milieu d'une grande liesse, bien qu'Édouard ait juré qu'il n'y aurait pas de couronnement en forme avant qu'Henri et Marguerite aient été exécutés ou exilés[17]. Il annonce qu'Henri a perdu ses droits à la couronne en permettant à la reine de prendre les armes contre ceux que l'acte d'Accord avait faits ses héritiers légitimes, même si à ce moment-là il était largement admis que la victoire d'Édouard n'était qu'une restauration sur le trône de l'héritier légitime, puisque Henri et ses prédécesseurs de la maison de Lancastre n'avaient été que des usurpateurs. C'est cet argument que le Parlement avait accepté l'année précédente.
Édouard et Warwick marchent vers le nord, réunissant une grande armée à mesure qu'ils progressent, mais ils rencontrent à Towton une armée lancastrienne pas moins impressionnante. La bataille de Towton, près d'York, se déroule le 29 mars 1461, c'est la plus grande et la plus sanglante bataille de la guerre des Deux-Roses[18]. Les deux côtés étaient convenus, au préalable, que la question devait être tranchée ce jour-là, sans qu'il soit possible de demander ou de faire de quartier. Entre 40 000 et 80 000 hommes environ y prennent part et plus de 20 000 y perdent la vie (pendant et après la bataille), chiffre énorme pour l'époque et le plus grand en un seul jour jamais enregistré sur le sol anglais. Édouard et son armée remportent une victoire décisive, les Lancastriens sont mis en déroute, et la plupart de leurs chefs tués[19]. Henri et Marguerite, qui attendaient à York avec leur fils Édouard, s'enfuient vers le nord à l'annonce du résultat[20]. Beaucoup de Lancastriens nobles survivants passent immédiatement au roi Édouard et ceux qui ne le font pas sont repoussés vers les zones frontières du Nord et quelques châteaux du pays de Galles. Édouard s'avance pour prendre York où il aperçoit les têtes en train de pourrir de son père, de son frère et de Salisbury, lesquelles sont bientôt remplacées par celles de seigneurs lancastriens vaincus, comme le célèbre John Clifford, 9e baron de Clifford de Skipton-Craven, à qui l'on reprochait l'exécution d'Edmond, le frère d'Édouard, comte de Rutland, après la bataille de Wakefield.
Henri et Marguerite s'enfuient en Écosse, à la cour de Jacques III. Ils tiennent leur promesse antérieure de céder Berwick à l'Écosse et de conduire une attaque contre Carlisle au cours de l'année. Mais, manquant d'argent, ils sont facilement repoussés par les hommes d'Édouard qui pourchassent les forces lancastriennes restantes dans les comtés du Nord.
Édouard IV
Le couronnement officiel du nouveau roi d'Angleterre, Édouard IV, a lieu le 28 juin 1461 à Londres au milieu des acclamations enthousiastes de ses partisans[21]. Édouard parvint à régner dix ans dans une tranquillité relative.
Au nord, il ne peut jamais vraiment prétendre à un contrôle complet jusqu'en 1464 puisque, outre quelques rébellions, plusieurs châteaux avec leurs commandants lancastriens parviennent à tenir pendant plusieurs années. Dunstanburgh, Alnwick (le siège de la famille Percy) et Bamburgh sont parmi les derniers à tomber. Le dernier à capituler est, en 1468, la puissante forteresse de Harlech (Pays de Galles), après un siège qui dura sept ans.
Il y eut encore deux révoltes de Lancastriens dans le nord en 1464. Plusieurs nobles lancastriens qui avaient fait mine de se réconcilier avec Édouard, se soulèvent, y compris le duc de Somerset Henri Beaufort. La première révolte se termine le 25 avril à la bataille de Hedgeley Moor et la seconde le 15 mai à la bataille de Hexham. Ces deux révoltes sont réprimées par le frère de Warwick, John Neville, premier marquis de Montagu[22]. Somerset est pris et exécuté après sa défaite à Hexham. Henri VI, le roi déchu, est lui aussi capturé dans le Nord en 1465 et tenu en prison à la Tour de Londres où, provisoirement, il est assez bien traité[23].
Reprise des hostilités (1469-1471)
La période 1467-70 voit une détérioration marquée et rapide dans les rapports entre le roi Édouard et son ancien mentor, le puissant Richard Neville, comte de Warwick, le « faiseur de rois ». Les causes sont multiples, mais c'est le mariage secret d'Édouard avec Élisabeth Woodville en 1464 qui précipite les choses[24]. Édouard l'annonce plus tard comme un fait accompli, mettant dans un embarras considérable Warwick qui, convaincu de la nécessité d'une alliance avec la France, avait négocié un mariage entre Édouard et une princesse française[25]. Cet embarras tourne à l'amertume quand la faveur des Woodville supplante à la cour celle des Neville. D'autres facteurs contribuent au désenchantement de Warwick : la préférence d'Édouard pour une alliance avec la Bourgogne (plutôt qu'avec la France) et le refus d'Édouard d'autoriser ses frères George, duc de Clarence, et Richard, duc de Gloucester, de se marier avec les filles de Warwick, Isabelle et Anne Neville[26]. En outre, la popularité d'Édouard était sur le déclin dans cette période en raison de la hausse des impôts et des troubles persistants.
En 1469, Warwick forme une alliance avec George, le frère d'Édouard, que sa jalousie poussait à la trahison[27]. Ils lèvent ensemble une armée qui arrive à vaincre le roi à la bataille d'Edgecote Moor et ils enferment Édouard au château de Middleham, dans le Yorkshire ; Warwick tient alors brièvement deux rois d'Angleterre en son pouvoir[28]. Il fait exécuter le père de la reine Elisabeth, Richard Woodville, 1er comte Rivers, et force Édouard à convoquer un parlement à York : il est prévu qu'Édouard y sera déclaré illégitime et que la couronne passera ainsi à George de Clarence, frère et héritier présomptif d'Édouard[29]. Pourtant, le pays est en pleine agitation et Édouard peut compter sur la loyauté de son frère, Richard de Gloucester, et celle de la majorité des nobles. Richard arrive à la tête d'une forte armée et libère le roi Édouard[30].
Warwick et Clarence sont déclarés traîtres, après une nouvelle révolte matée lors de la bataille de Losecoat Field, et contraints de fuir en France[31], où en 1470 Louis XI avait accepté, sur ses instances, d'aider la reine exilée, Marguerite d'Anjou, à envahir l'Angleterre pour récupérer le trône de son mari prisonnier. Louis XI suggère alors l'idée d'une alliance entre Warwick et Marguerite, une idée qui au début ne souriait ni à l'un ni à l'autre, mais à laquelle ils finissent par se rallier, chacun espérant en tirer profit. Il est vrai que tous les deux attendaient sans doute des résultats bien différents : Warwick voulait un roi fantoche en la personne d'Henri ou de son jeune fils, tandis que Marguerite entendait bien reconquérir le royaume pour sa famille. Quoi qu'il en soit, un mariage est arrangé entre Anne Neville, la fille de Warwick, et le fils de Marguerite, Édouard de Westminster, l'ancien prince de Galles[32], et Warwick envahit l'Angleterre à l'automne 1470.
Cette fois, c'est Édouard IV qui est forcé de fuir le pays quand John Neville change de camp pour soutenir son frère Warwick. Édouard ne s'attendait pas à l'arrivée par le nord de la grande armée de Neville et il doit ordonner à son armée de se disperser. Édouard et Gloucester s'enfuient de Doncaster jusqu'à la côte et de là, partent pour l'exil aux Pays-Bas bourguignons. À peine arrivé de France, Warwick se hâte de réaliser ses plans : il libère Henri VI et le rétablit sur le trône[33]. En octobre, il le fait défiler dans les rues de Londres comme le roi restauré, tandis qu'Édouard et Richard sont déclarés traîtres. Le succès de Warwick est pourtant de courte durée. Il s'était fixé des objectifs trop ambitieux en projetant d'envahir la Bourgogne avec son allié, Louis XI, roi de France, qui lui promettait en récompense des territoires aux Pays-Bas. Mais ainsi il pousse Charles le Téméraire à aider Édouard, en lui fournissant de l'argent et une armée pour envahir l'Angleterre en 1471 (d'autant qu'Édouard était son beau-frère).
Édouard débarque avec une petite armée à Ravenspurn, sur la côte du Yorkshire[34]. Il gagne bientôt la ville d'York et y rassemble plusieurs partisans. Son frère Clarence change à nouveau de camp et abandonne Warwick[35]. S'étant emparée de Londres, l'armée d'Édouard rencontre celle de Warwick à la bataille de Barnet. La bataille est disputée dans un brouillard épais et certains des hommes de Warwick s'attaquent entre eux par erreur. Immédiatement, tous les hommes croient qu'ils ont été trahis et l'armée de Warwick se débande. Lui-même est massacré en tentant d'atteindre son cheval[36].
Marguerite et son fils Édouard ont débarqué dans l'ouest du pays quelques jours seulement avant la bataille de Barnet[37]. Plutôt que de retourner en France, Marguerite cherche à rejoindre les partisans des Lancastre au Pays de Galles et se met en marche pour traverser la Severn, mais la ville de Gloucester lui refuse le passage à travers le fleuve. Son armée, commandée par Edmond Beaufort, duc de Somerset, est anéantie à la bataille de Tewkesbury où est tué le prince Édouard de Westminster, fils d'Henri VI[38]. Sans héritier pour lui succéder, le roi Henri est assassiné peu après (21 mai 1471) pour consolider la présence des York sur le trône[39].
Richard III
La restauration d'Édouard IV en 1471 est quelquefois considérée comme ayant mis fin à la guerre des Deux-Roses. La paix est rétablie pendant le reste du règne d'Édouard, mais quand il meurt subitement, en 1483, l'agitation politique et dynastique reprend. Sous Édouard IV, des frictions étaient apparues entre les Woodville, famille de la reine (Anthony Woodville, 2e comte Rivers, et Thomas Grey, 1er marquis de Dorset (en)), et leurs rivaux, qui n'acceptaient pas le statut de favoris que les Woodville avaient acquis à la cour et ne voyaient en eux que des parvenus affamés de pouvoir. Or, au moment de la mort prématurée d'Édouard, son héritier, Édouard V, a seulement douze ans. Les Woodville sont en situation d'influencer le futur gouvernement du jeune roi, d'autant qu'Édouard V a été élevé à Ludlow sous la direction du comte Rivers. C'en est trop pour une grande partie du clan minoritaire anti-Woodville et, dans la lutte pour obtenir le protectorat du jeune roi et le contrôle du conseil, elle se rallie au duc de Gloucester, Richard, le frère d'Édouard IV, que le défunt roi avait appelé sur son lit de mort pour faire de lui le Protecteur de l'Angleterre[40].
Avec l'aide de William Hastings et de Henry Stafford, il arrache le jeune roi aux Woodville à Stony Stratford, dans le Buckinghamshire[41], et le fait enfermer sous la surveillance de sa garde dans la Tour de Londres, où il est rejoint plus tard par son frère cadet âgé de neuf ans, Richard, duc d'York. En position de force, Richard peut alors prétendre que le mariage d'Édouard IV et d'Elizabeth Woodville était invalide, et que les deux garçons sont donc illégitimes[42]. Le parlement donne son accord et promulgue le Titulus Regius, qui fait officiellement de Gloucester le roi Richard III. Les deux garçons emprisonnés, connus comme « les princes de la Tour » (Princes in the Tower), disparaissent, peut-être assassinés ; l'identité de l'assassin et de ses commanditaires demeure l'un des sujets les plus controversés de l'histoire anglaise[43].
Comme Richard était le meilleur général des York, beaucoup d'entre eux l'acceptent, voyant en lui un chef plus capable de les maintenir au pouvoir qu'un garçon de douze ans qui aurait dû régner assisté d'un conseil de régents. Dans le camp opposé, les Lancastre placent maintenant leurs espoirs sur Henri Tudor[44], dont le père, Edmond Tudor, 1er comte de Richmond, était le demi-frère d'Henri VI. Mais Henri Tudor tirait ses droits au trône de sa mère, Margaret Beaufort, descendante de Jean Beaufort, fils de Jean de Gand (illégitime à sa naissance bien que légitimé par le mariage ultérieur de ses parents) et petit-fils d'Édouard III.
Henri Tudor
Henri Tudor débarque dans le Pembrokeshire à l'été 1485 et rassemble des partisans pendant sa marche à travers le Pays de Galles[45]. Richard est vaincu et tué à la bataille de Bosworth Field et Henry devient roi d'Angleterre sous le nom de Henri VII. Il consolide alors sa position en se mariant avec Élisabeth d'York, la fille d'Édouard IV et la meilleure prétendante yorkiste survivante. Il réunit ainsi les deux maisons royales et combine les symboles rivaux de la rose rouge et de la rose blanche dans le nouvel emblème rouge et blanc des Tudor. Pour plus de sûreté, il prend soin de faire exécuter au moindre prétexte quiconque pouvait prétendre au trône, politique poursuivie par son fils Henri VIII.
La plupart des historiens considèrent que l'avènement d'Henri VII a marqué la fin de la guerre des Deux-Roses. D'autres soutiennent qu'elle ne s'est terminée qu'avec la bataille de Stoke (1487). À cette occasion le trône était contesté par les partisans d'un garçon appelé Lambert Simnel qui présentait une certaine ressemblance physique avec le jeune comte de Warwick, un survivant de la maison d'York. Mais ce plan était faible dès le départ, le jeune comte étant toujours vivant et entre les mains du roi Henri, si bien que personne ne pouvait croire sérieusement que Simnel fût autre chose qu'un imposteur. À Stoke, Henry vainquit une armée conduite par John de la Pole, comte de Lincoln, dont Richard III avait fait son héritier, mais qui s'était réconcilié avec Henri après Bosworth[46].
L'anéantissement de ces derniers rebelles fait cesser l'opposition yorkiste. Le jeune Simnel, capturé, fut pardonné et employé dans les cuisines royales. Le trône d'Henri fut de nouveau contesté avec l'apparition d'un nouveau prétendant, Perkin Warbeck, qui en 1491 se présenta comme Richard, duc d'York (le plus jeune des « princes de la Tour »). Henry répondit à cette nouvelle tentative d'usurpation en 1499 en capturant Warbeck et en le faisant exécuter.
Conséquences
Bien que les historiens discutent toujours sur l'importance de l'impact qu'a eu le conflit sur la vie de l'Angleterre médiévale, il ne fait guère de doute que la guerre des Deux-Roses a entraîné un bouleversement politique considérable et d'énormes changements dans l'équilibre des pouvoirs, tel qu'il s'était établi. Le résultat le plus évident a été l'effondrement de la dynastie des Plantagenêt et son remplacement par une nouvelle dynastie, les Tudor, qui devait radicalement changer l'Angleterre au cours des années suivantes. Sous les rois Henri VII et VIII et leurs successeurs, les dernières factions plantagenêts, sans lien direct avec le trône, perdirent toute influence, les monarques les montant constamment les unes contre les autres.
Les lourdes pertes parmi la noblesse, additionnées aux effets de la peste noire, entraînèrent une période de bouleversement social intense dans l'Angleterre féodale ; le pouvoir des nobles s'effondra, tandis que se renforçaient les classes marchandes et que naissait une monarchie forte et centralisée avec les Tudor. C'était la fin de la période médiévale en Angleterre et le début de la Renaissance.
On s'est tout de même demandé si le traumatisme des guerres n'avait pas été exagéré par Henri VII, qui voulait ainsi se présenter comme celui qui y avait mis fin et avait ramené la paix. Il est certain que l'effet des guerres sur les marchands et les classes laborieuses fut bien moindre que ce qui s'est passé en France et ailleurs en Europe avec des sièges et des pillages, réalisés par des mercenaires qui tiraient profit de la prolongation de la guerre. Il y a bien eu quelques sièges très longs, comme celui des châteaux de Harlech et de Bamburgh, mais ils se déroulèrent dans des régions relativement écartées et peu peuplées. Dans les régions densément habitées, les deux factions avaient trop à perdre dans la ruine du pays et elles cherchaient à résoudre rapidement le conflit par une bataille rangée.
La guerre fut un désastre pour l'influence anglaise en France. Avant même le début du conflit, tous les territoires conquis durant la guerre de Cent Ans avaient été perdus, la Normandie en 1450, Bordeaux en 1453 après l'anéantissement de la dernière armée anglaise à Castillon (aujourd'hui « Castillon-la-Bataille »). Il ne restait aux Anglais que Calais. Mais aucun traité n'avait été signé et il est très vraisemblable qu'un pouvoir anglais fort et respecté ait eu, à un moment ou à un autre, l'intention de reprendre l'offensive, tant le désir de s'assurer un empire continental était pour les souverains de Londres une obsession depuis plus de trois cents ans. La guerre des Deux-Roses rendit cette politique définitivement obsolète. Au contraire, les différents duchés et royaumes européens jouèrent un rôle essentiel dans l'issue de la guerre des Deux-Roses ; les rois de France et les ducs de Bourgogne en particulier ont joué les deux factions l'une contre l'autre, promettant soldats et argent et offrant l'asile aux nobles vaincus, afin d'affaiblir l'Angleterre. Paradoxalement, l'écroulement définitif de cette politique d'expansion continentale voua l'Angleterre au seul rôle de puissance maritime qui devait faire sa réussite mondiale, rôle qui fut peut-être plus imposé par la force des choses que vraiment recherché. Henri VIII fut le dernier roi d'Angleterre à mener des opérations continentales, mais d'assez petite envergure.
La période d'après-guerre sonna aussi le glas pour les grandes armées seigneuriales, qui avaient aidé à entretenir les hostilités. Henri, soucieux d'éviter de nouveaux conflits, tint les barons étroitement en laisse, leur enlevant le droit de lever, d'armer et d'entretenir des armées de partisans pour les empêcher de se faire la guerre les uns aux autres ou de faire la guerre au roi. L'Angleterre ne devait plus voir une autre armée permanente se constituer jusqu'à la New Model Army d'Oliver Cromwell. Henri VIII mena ses guerres avec de petites troupes de professionnels, de mercenaires. Avec le déclin du pouvoir militaire des barons, c'est à la cour des Tudor que se sont vidées les querelles entre barons sous l'arbitrage du roi.
Au fil des siècles, la rivalité supposée entre le Yorkshire et le Lancashire s'est transformée en rivalité sportive. À titre d'exemple, en 1913 fut organisée une course aérienne des deux Roses opposant le meilleur avion construit dans le Yorkshire, au meilleur avion construit dans le Lancashire. Harold Blackburn, champion du Yorkshire l'emporta. En football, les rencontres Leeds – Manchester et inversement sont considérées comme la rivalité « la plus intense et la plus inexplicable du football anglais »[47]. La rivalité entre les deux clubs est parfois appelée the Roses rivalry en référence à la guerre des Deux-Roses[48].
Dans la littérature
- William Shakespeare a consacré quatre pièces de théâtre aux différents épisodes de la guerre des Deux-Roses : la « première tétralogie » qui comprend Richard III et les trois pièces sur Henri VI (1588 ? - 1592). Ces drames historiques ont rarement, ensuite, été mis en scène ensemble[49],[50]. En 1963, John Barton et le metteur en scène britannique Peter Hall ont condensé[50], de façon controversée[51], ces textes en un spectacle intitulé The Wars of the Roses, interprété par la Royal Shakespeare Company. Cette mise en scène a été adaptée pour la BBC en 1965[52]. En 1981-1982, la tétralogie fut mise en scène, avec cette fois très peu de modifications du texte original, pour être diffusée à la BBC[53].
- Walter Scott, dans Anne de Geierstein, relate l'histoire des lancastriens en exil.
- La Flèche noire, de Robert Louis Stevenson, est un roman dont l'action se déroule pendant la guerre des Deux-Roses.
- Sandra Worth, dans The Rose of York : Love & War (2003), propose une évocation romancée de la guerre des Deux-Roses.
- Le romancier américain Warren Adler a repris le thème de la guerre civile dans The War of the Roses mais en le transposant à l'époque contemporaine, dans une vision satirique de la vie conjugale. Son livre a été adapté à l'écran par Danny DeVito en 1989 (La Guerre des Rose), avec Michael Douglas et Kathleen Turner dans les rôles principaux.
- Armand Cabasson, dans La Dame des MacEnnen, évoque les batailles (pour le moins épiques…) de Towton et Tewkesbury, les trahisons et les retournements de situation, les relations entre Angleterre, France et Écosse…
- George R. R. Martin, s'est librement inspiré de ces événements pour servir de base à sa série de romans Le Trône de fer.
Football
En 1948, la Football Association, la fédération anglaise de football adapte son écusson officiel, en ajoutant 10 roses aux trois lions qu'elle arbore depuis 1872. Ces roses stylisées (une rouge et une blanche imbriquée) symbolisent l'acte de paix entre les Maisons de Lancastre et de York.
Notes et références
Notes
- ↑ La rose rouge est choisie comme emblème lancastrien en 1485, à la dernière bataille de la guerre.
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Wars of the Roses » (voir la liste des auteurs).
- ↑ Weir 1998, p. 24
- ↑ Royle 2009, p. 207-208
- ↑ Hicks 2012, p. 110
- ↑ Goodman 1981, p. 24
- ↑ Hicks 2012, p. 114
- ↑ Rowse 1998, p. 137
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- ↑ Hicks 2002, p. 186-187
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- ↑ Wolffe 2001, p. 328
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- ↑ (en) Christopher Gravett, Towton 1461—England's Bloodiest Battle, Osprey Publishing, (ISBN 1-84176-513-9), p. 7
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- ↑ (en) « Leeds United v Manchester United: former players try to explain an intense, if inexplicable, rivalry between clubs », sur telegraph.co.uk (consulté le 22 août 2012)
- ↑ (en) « Smith: I'd go to Man Utd », sur dailymail.co.uk (consulté le 22 août 2012)
- ↑ (en) Shakespeare and the players
- 1 2 (en) Explications de Peter Hall et John Barton
- ↑ (en) Wars of the Roses
- ↑ (en) The royal Shakespeare company The War of the Roses
- ↑ BBC Shakespeare collection, BBC édition, 14/11/2005. VO anglaise sans sous-titrages français. Ref. BBCDVD1767 Cette série a été diffusée sur France 3 au milieu des années 1980 (diffusion de Henri VI sur France 3 en novembre 1984 ; source : Le Nouvel Observateur du 09/11/1984, p. 23)
Annexes
Bibliographie
- en anglais
- (en) Christine Carpenter, The Wars of the Roses: Politics and the Constitution in England, c. 1437–1509, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-31874-2, présentation en ligne)
- (en) Anthony Goodman, The Wars of the Roses:Military Activity and English Society, 1452-97, Taylor & Francis, (ISBN 0415052645)
- (en) Philip Haigh, The Military Campaigns of the Wars of the Roses, Sutton Publishing, (ISBN 1-85833-770-4)
- (en) Michael Hicks, The Wars of the Roses, Yale University Press, (ISBN 0300181574)
- (en) Michael Hicks, Warwick the Kingmaker, Blackwell Publishing, (ISBN 0-631-23593-0)
- (en) Charles Ross, Edward IV, Yale University Press, (ISBN 0-300-07372-0)
- (en) Charles Ross, Richard III, Yale University Press, (ISBN 0-300-07979-6)
- (en) Alfred Leslie Rowse, Bosworth Field & the Wars of the Roses, Wordsworth Editions, (ISBN 1853266914)
- (en) Trevor Royle, Lancaster Against York: The Wars of the Roses and the Foundation of Modern Britain, Palgrave Macmillan, (ISBN 1403966729)
- (en) Trevor Royle, The Road to Bosworth Field, Little Brown, (ISBN 0316727679)
- (en) Alison Weir, Lancaster and York: The Wars of the Roses, Pimlico, (ISBN 0-7126-6674-5)
- (en) Bertram Wolffe, Henry VI, Yale University Press, (ISBN 0-300-08926-0)
- en français
- Paul Murray Kendall, L'Angleterre au temps de la guerre des Deux-Roses, Fayard, (ISBN 2213013918)
- Paul Murray Kendall, Richard III, Fayard, (ISBN 2213007462)
- Paul Murray Kendall, Warwick, le Faiseur de rois, Fayard, (ISBN 2213010455)
Lien externe
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