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Autisme en psychanalyse

Autisme en psychanalyse

Articles principaux : Autisme et Psychanalyse.

L'autisme en psychanalyse est la représentation que la psychanalyse a de l'autisme au cours du temps et ses incidences.

L'histoire de la notion d'autisme montre des connexions complexes avec l'histoire de la psychanalyse, même si c'est toujours la psychiatrie qui a défini l'autisme.

La prise en charge de type psychanalytique, relative aux évolutions de ces théories dans chaque « école » et à quelques praticiens de référence, met l’accent sur le respect des défenses autistiques. Aux antipodes de la rééducation aux méthodes préétablies qui tente de les repousser, elle vise en théorie à trouver dans l'expression ce qui peut être interprété comme un signe et à établir une communication à partir de là[1].

La mise en application des théories sur l'autisme en lien avec la psychanalyse a connu de gros points de frictions, notamment sur l’origine de troubles et en particulier le rôle des mères, sur le rapport avec la notion de psychose, et sur une prise en charge jugée inefficace et imposée aux dépens des autres[2],[3],[4].

Théories et rapports historiques

Carl Gustav Jung un des premiers théoriciens de l'autisme est aussi très proche de la psychanalyse. (ici devant le Burghölzli en 1910).

La notion d'autisme trouve sa source à proximité de celles données par la psychanalyse, avec des connexions fortes, mais aussi des distinctions claires.

Plusieurs conceptions entre psychiatrie et psychanalyse se sont succédé ; depuis l'équivalence relative entre l'auto-érotisme selon Freud qui n'a jamais parlé d'autisme[5] et l'autisme de Bleuler qu'il a sciemment dissocié par un refus de la dimension sexuelle[6] ; jusqu'au défaut dans le troisième temps pulsionnel oral proposé par le groupe de recherche et de prévention de l’autisme (P.R.E.A.U.T.) qui se réfère à Freud mais d'après les recherches actuelles[7].

La préhistoire de l'autisme

Les mots autisme et psychanalyse datent à peu près de 1910, mais il existe une histoire préalable de ces connexions, en particulier entre 1900 et 1910 alors que la seule distinction clinique était celle des démences précoces.

Cette histoire est notamment associée au Burghölzli, une clinique psychiatrique universitaire situé à Zurich et dirigée à l'époque par Eugen Bleuler, le créateur du mot autisme[8].

Carl Gustav Jung qui y travaillait avait développé ce même sujet un peu avant, dans un essai intitulé Psychologie de la démence précoce[9], et à la même époque il est chargé d'un rapprochement avec Sigmund Freud par Bleuler. Jung deviendra alors un protagoniste de la mise en place de la psychanalyse, avant sa rupture avec Freud.

Bleuler connaît alors les théories freudiennes, il précise d'ailleurs que l'autisme est à peu près la même chose que ce que Freud appelle l'auto-érotisme, mais il explique qu'il souhaite en supprimant le radical /éros/ se démarquer de la référence de Freud à une conception élargie de la sexualité qui risque de « donner lieu à de nombreuses méprises »[6].

Bleuler et les premières formulations

Articles détaillés : Eugen Bleuler et Schizophrénie.

L'autisme est décrit à la création du mot comme l'une des trois stratégies comportementales au sein d'un trouble décrit comme l'impossibilité de fixer l'attention sur un but suivi, d'obtenir une « étroitesse de conscience » qui permet normalement le choix et l'action[HdA 1]. Cette impossibilité créant une perception de la réalité submergeant la pensée - dans lequel le tri sélectif des informations n'est pas fonctionnel - une mise à distance de cette réalité est constatée par Bleuler selon trois modéles distincts :

  • L'écarter ou l'ignorer. C'est ce qu'il appelle l'autisme.
  • La reconstruire, il évoque des psychoses hallucinatoires de désir.
  • La fuir, par un comportement de dé-socialisation ou de plainte somatique rapprochée à l'hypocondrie.

Ces trois stratégies de « fractionnement de l'esprit »[N 1], sont appliquées par Mélanie Klein (entre autres[N 2]) à un trouble infantile avant Kanner, et donc reconnu par la psychanalyse dans un ensemble plus vaste que le trouble autistique du contact affectif défini cliniquement par Kanner[10]. Il est alors bien distingué de la psychose, même si dans les formulations anciennes appuyées sur la distinction de Bleuler on parle aussi de « perte de contact avec la réalité »[11].

Psychanalyse de l'enfance

L'autisme d'alors est un type de comportement parmi les schizophrénies, mais la distinction d'un trouble précoce associé est proposée par plusieurs psychiatres, dont Mélanie Klein, disciple freudienne et pionnière de la psychanalyse de l'enfance, de la petite enfance en particulier.

Déjà en 1930, elle parle de schizophrénie infantile pour décrire des enfants pour lesquels elle évoque notamment un « manque de contact affectif » et des « stéréotypies ». Klein fut ainsi la première à publier deux descriptions de ce qui sera ensuite identifié comme l'autisme de Kanner[HdA 2],[N 3].

Après Kanner

1943 est donc la date à laquelle un trouble infantile est officiellement distingué en psychiatrie par Leo Kanner, sous l'appellation de trouble autistique du contact affectif[10].

La psychanalyse n'est pas associée à cette distinction, mais que par la suite de nombreux psychanalystes vont expliquer selon des théories analytiques :

L'« école anglaise » a une grande importance en la matière avec Mélanie Klein qui dissocie notamment l'objet interne de l'objet réel, quant Frances Tustin, son élève, spécifie un mécanisme de défense d'« encapsulement auto-généré » et introduit ce faisant une notion de protection "active" face au contexte (à l'environnement). Michael Fordham, un proche de l'école Kleinienne et amis de Donald Winnicott, émet en psychologie analytique l'hypothèse d'un clivage du Moi, dont une part serait « gelée ».

L'école freudienne française propose aussi ces formulations. Ainsi Jacques Lacan précise que c'est le signifié de la mère qui n'aurait pas été intégré et Françoise Dolto parle de souffrance dans les pulsions passives.

Conceptualisation actuelle

Les théorisations les plus récentes, comme celles de Marie-Christine Laznik évoquent un défaut du « troisième temps pulsionnel oral ». Freud a décrit les trois temps du développement pulsionnel du bébé, dont le dernier est celui où le bébé se fait l'objet de satisfaction de l’Autre, après s'être élancé vers l'objet de satisfaction et s'être retourné sur lui-même dans le stade auto-érotique, le second stade[12]. Ce troisième temps de l'organisation pulsionnelle de l'enfant consisterait selon Lacan en « une apparente passivité dans laquelle quelqu’un se laisse regarder, se laisse manger… dans le jeu du faire semblant »[13].

Le soin d'inspiration psychanalytique

La psychanalyse se divise en plusieurs courants, chacun ayant eu une histoire et une approche distinctes de l'autisme, mais une idée qui fait l'unanimité est de respecter les défenses mises en place par les sujets autistes.[réf. nécessaire]

Les bases actuelles

« La psychanalyse appréhende les symptômes autistiques non comme des conduites restreintes à supprimer mais comme des solutions que le sujet a trouvées pour continuer de se sentir exister. Des solutions qui sont nécessairement en tant que telles à respecter[14]. »

En ce sens la prise en charge d'inspiration psychanalytique peut s'opposer aux méthodes éducatives mais seulement dans la mesure où un abus de celles-ci viendrait casser ces défenses, idée défendue aussi hors du champ de la psychanalyse notamment par Laurent Mottron et Michelle Dawson[15] (voir aussi limites des méthodes éducatives).

En parallèle de ce respect où trouve aussi l'idée que la notion de soin, de prise en charge et même de résultat n'est pas une question psychanalytique[N 4], on peut même lire « Aucune volonté de maîtrise. Aucune volonté éducative. Aucune imposition de quoi que ce soit », « Il s'agit justement de prendre en compte les détails les plus insignifiants, et de s'apercevoir que ce détail insignifiant peut être interprété comme voulant dire un petit quelque chose, et donc, petit à petit, on peut intervenir en supposant que là il y a un signe (...) »[1]. Il est ainsi toujours question de « Savoir respecter les petits détails qu'attrapent l'attention de ces enfants et, à partir de ceux-ci, les aider à construire un monde à leur mesure pour qu’ils puissent rester vivants et entrer dans le lien social (...)[16] »

Les différents courants passé

L'école anglaise, pionnière

Mélanie Klein, psychiatre et psychanalyste ayant distingué d'un trouble typiquement infantile au sein des schizophrénies avant Kanner, a laissé dans son sillage plusieurs auteurs importants sur la psychanalyse, reliés par la Tavistock Clinic. C'est le cas entre autres de Frances Tustin et de Donald Meltzer, deux pionniers dans la littérature sur le sujet.

France Tustin

Psychologue et pionnière en psychothérapie de l'enfant, et théoricienne de l'autisme, elle a suivi une analyse avec Wilfred Bion qui lui-même avait suivi sa deuxième analyse avec Melanie Klein. Elle a distingué plusieurs groupes d'autisme, dont un seul correspond à celui décrit par Kanner[17]:

  • primaire anormal : pas de différenciation entre son corps, celui de sa mère et l'extérieur.
  • secondaire à carapace (sensiblement identique à l'autisme de Kanner) L'indifférenciation entre le Moi du bébé et la mère a disparu, remplacée par une surévaluation de la différence. Une barrière autistique avec fonction de carapace s'est construite pour protéger l'enfant, et lui interdire l'accès au monde extérieur
  • secondaire régressif ou schizophrénie infantile. L'évolution commence de façon normale, habituelle, puis apparaissent des manifestations de régression. L'enfant opère son retrait dans une vie fantasmatique riche et centrée sur les sensations corporelles.

Articulé autour de la théorie de la relation d'Objet de cette école de pensée où l'on considère que lors du développement habituel l'Objet est d'abord autistique et qu'il devient progressivement transitionnel, comme un éclatement de l'image du corps permettant le contact avec le monde extérieur. « Alors que dans l'autisme, le vécu du corps n'est pas éclaté du tout, mais très dense au contraire. »[17]

Donald Meltzer

Ayant enseigné pendant plus de 20 ans à la Tavistock Clinic, et été collègue de Mélanie Klein et Wilfred Bion c'est un autre des pionniers des publications sur l'autisme (après Bettelheim et Tustin).

Son apport, toujours appuyé sur l'idée de relation d'objet initié par Klein, retourne les références dans son travail sur l'autisme et parle d'identification intrusive. Appuyé aussi sur le travail d'Esther Bick sur le moi-peau, il propose un angle de vue où le vécu très dense de son corps par l'autiste serait potentiellement agressé par celui des autres qui s'y projettent dans leur mécanisme normal d'accès au monde extérieur.

Autres

Dans cette école chacun s'appuie sur le travail des autres, parmi lesquels en plus d'Esther Bick on peut citer Donald Winnicott qui a entre autres théorisé le rôle de l'objet transitionnel et Michael Fordham, proche des kleinien bien que tenant de la psychologie analytique, qui a théorisé sur le clivage du soi, qui s'il devient massif, peut bloquer l'activité psychomotrice, il parle alors de soi gelé.

L'école française : renouer la parole

Dolto et la pratique

Françoise Dolto est une des psychanalystes les plus reconnues sur l'efficacité de ces soins sur les plus petits, autistes y compris. Proche de Lacan, et des institutions de la psychanalyse française, son exemple peut être représentatif de ce que peut être une prise en charge psychanalytique. Willy Barral, un de ces "disciples" raconte[18] :

« Son apport pour moi, qui dirigeais alors un hôpital de jour pour enfants psychotiques et autistes, c’était sa capacité à humaniser les liens avec ces enfants dont on disait qu’ils étaient hors de toute relation humaine du fait de leur mutisme. “L’autisme, disait-elle, est un mot que la psychiatrie a dû inventer pour dire notre impuissance à entrer en contact avec ces enfants-là. Les autistes se sont comme ‘escargotés’ en eux-mêmes.” Et pourtant, avec quelle maestria elle entrait en contact avec eux ! Pour elle, “le corps de l’enfant est le langage de l’histoire de ses parents”. Ainsi recevait-elle longuement les parents avec l’enfant pour que ce dernier entende parler, pour la première fois, de son histoire depuis sa conception. Elle a été la première psychanalyste en France à concevoir que lorsque les parents prennent conscience de l’impact d’un roman familial souvent dissimulé, c’est de leur bouche que l’enfant a besoin d’entendre ce qui va le libérer de son rôle dans cette histoire. On lui adressait des enfants pour des symptômes rétifs à tout traitement. Elle disait : “Il faut travailler sur trois générations pour comprendre un enfant autiste ou psychotique.” Elle a initié toute une génération de psychanalystes à ce que l’on nomme aujourd’hui le travail de l’inconscient transgénérationnel.  »

Cet entendement de la notion d'autisme, liée à une causalité environnementale et familiale en particulier, que l'expression permettrait alors de résoudre  sans que ce ne soit de la « faute à personne » précise bien Dolto  guide les tenants d'une prise en charge psychanalytique.

Lacan et le théorique

Selon Jean-Pierre Rouillon l'abord de l'autisme d'après Jacques Lacan consiste à prendre en compte les modalités particulières du rapport de l’enfant autiste au langage : « Le signifiant, dans l’autisme, ne se présente pas sur son versant d’articulation, sur son versant de sens. Il se présente comme unique, comme tout seul, aussi bien sur le versant du commandement que sur le versant d’une satisfaction liée à ce qui résonne de sa substance sonore. Quant au dire, il ne doit pas se situer dans les rivages du sens, mais ouvrir par la voie du redoublement à l’émergence d’une écriture singulière où ce qui s’entend peut trouver à se satisfaire dans une adresse à l’autre. C’est dans cette adresse à l’autre que vient se dessiner le lieu d’une perte délivrant le sujet du sacrifice de son être. C’est cette voie qui permet au sujet autiste de construire un espace où s’appareiller dans son rapport au réel. Ce n’est pas le langage qui structure le monde de l’autiste, mais sa langue particulière, dès lors qu’elle lui donne matière à trouver une satisfaction dans un dialogue avec l’autre, satisfaction qui vient faire limite à l’exigence infinie de la jouissance. Le psychanalyste ne doit pas reculer devant l’autisme. C’est en effet, à partir de ce qu’il a pu extraire de sa propre analyse, qu’il peut offrir au sujet autiste qui y consent, la chance d’un dialogue au cours duquel peut se tisser dans une adresse inédite, une voie enfin singulière au-delà de la pulvérulence des entendus »[19].

L'école orthogénique, en marge de la psychanalyse

Symbole de la dérive de la psychanalyse[réf. nécessaire] mais aussi premier à avoir publié sur l'autisme en militant pour l'autonomisation y compris des cas les plus graves et contre le délaissement à l'asile, la position de Bettelheim est complexe. Elle ne l'est pas moins en ce qui concerne la prise en charge puisque contrairement à ce qu'il incarne, c'est un des pionniers de la méthode éducative avec son « École d'orthogénie », qu'il rattache plus à l'éducation et à la psychothérapie institutionnelle qu'à la psychanalyse qu'il n'utilise que selon une réinterprétation très libre[note 1] « Dans beaucoup de ses écrits, Bettelheim parle des modifications qu’il a apportées à la psychanalyse pour l’adapter au traitement des enfants gravement perturbés »[21].

Cet éducateur psychothérapeute, dont le statut de psychanalyste n'est pas clair[N 5], propose l'idée suivante pour compenser une situation extrême (ce à quoi il assimile l'autisme) : « Si un milieu néfaste peut conduire à la destruction de la personnalité, il doit être possible de reconstruire la personnalité grâce à un milieu particulièrement favorable [22]».

Inspiré par John Dewey, Maria Montessori, ou encore Jean Piaget[21], il revendique en fait une approche plus éducative que thérapeutique, qu'il étend d'ailleurs volontiers jusqu’à la norme : « si les pédagogues peuvent venir en aide aux enfants perturbés en adaptant les programmes d’enseignement et les méthodes pédagogiques, il doit leur être possible d’affiner leur démarche à l’égard des enfants normaux (Bettelheim, 1950 ; Bettelheim et Zelan, 1982)[21] ».

L'application des théories

La notion d'autisme a connu des ruptures de l'acceptation clinique en psychiatrie, des flottements et des ruptures dans les conceptions en psychanalyse, et de véritables conflits entre praticiens et parents qui se sont même soldé en France par une intervention politique d'une haute autorité de la santé.

Trois sujets s'entremêlent dans le passage de la théorie à une mise en contexte et en application de celles-ci, chacun ayant été sujet à de vives controverses :

  • La causalité : les origines étiologiques et en particulier le sujet de l'accusation des mères.
  • La classification : en particulier l'inclusion ou pas aux psychoses.
  • Le conflit social : une guerre de clan sur fond de pertinence et la nécessité de tel ou tel soin.

De la théorie à l'étiologie

Si l'autisme n'a pas de définition autre que celle d'un état clinique défini et observé, il n'en est pas moins soumis à la question récurrente du caractère acquis ou inné de l'ensemble des cas alors même que certains parlent des autismes au pluriel[23].

Historiquement on trouve dès l'essai de Jung en 1906 l'idée d'« une causalité qui ne peut être déterminée », ce sur quoi il postule « la mise en cause d'un facteur métabolique ou d'une prédisposition organique cérébrale »[24].

Leo Kanner, psychiatre non psychanalyste, est à l'origine en 1943 de l'acceptation actuelle de l'autisme, mais aussi la même année d'une description d'une froideur parentale, puis en 1949 de propos plus forts, utilisant la métaphore du réfrigérateur et parlant qu'un détournement de l'enfant vers une solitude qui paraît être plus confortable (sous-entendu « que cette froideur »)[N 6].

En 1943 Kanner explique clairement dès qu'il définit le trouble qu'il a de purs exemples de caractère inné de trouble autistique du contact affectif (appellation d'origine de ce qui est ensuite communément appelé autisme)[10]. Il est néanmoins à l'origine de ce qui sera repris dans l'accusation des mères.

Le sujet de l'accusation des mères

Article détaillé : mère réfrigérateur.

Leo Kanner, avait en effet observé que les parents des enfants « autistes » étaient froids ou distants, qu'il étaient comme « laissé dans un réfrigérateur qui ne dégivre pas »[N 6].

Bruno Bettelheim, qui n'incluait pas dans sa reprise de la notion d'autisme les causes innées, a repris cette idée pour dénoncer une cause d'origine maternelle. Psychothérapeute et dit « psychanalyste autodidacte[N 5] », il a vulgarisé une approche de l'autisme associé aux situations extrêmes dont la déportation qu'il avait lui-même vécue[25], et identifiait dans le repli autistique la preuve d'un traumatisme. Il précise « Ce n'est pas l'attitude maternelle qui produit l'autisme, mais la réaction spontanée de l'enfant à cette attitude[26] », mais aussi « Tout au long de ce livre, je soutiens que le facteur qui précipite l'enfant dans l'autisme infantile est le désir de ses parents qu'il n'existe pas[27]. »

Cette conception continue d'être associée à l'approche psychanalytique, notamment au travers de l’expression « mère réfrigérateur ». L'idée de trauma reste plus ou moins présente mais l'accusation de la mère est aujourd'hui rejetée par les spécialistes, par exemple par la psychanalyste Marie-Christine Laznik qui déclare : « Bettelheim était complètement à côté de la plaque. Les mères n'ont rien à voir avec l'origine de l'autisme »[28].

Une persistance de la mise en accusation des mères et du rejet des autres modes d'intervention est perçue, en France, où des réclamations d'associations de parents d'autistes ont abouti entre autres à des rapports du comité consultatif national d'éthique :

  • Avis sur la prise en charge des personnes autistes en France en 1995 (rapport no 047[29] à la demande d'autisme France) ;
  • Sur la situation en France des personnes, enfants et adultes, atteintes d’autisme en 2007 (rapport no 102[30] à la demande de quatre associations[31]).

Les thèses de Bettelheim sont pourtant restées minoritaires y compris dans son propre camp[32] et sont aujourd’hui abandonnées par les praticiens d'inspiration psychanalytique qui mettent l'accent sur une position éthique de respect de la souffrance des patients et de leur famille[33]. Par ailleurs, par l'investissement continu demandé aux parents les pratiques comportementales peuvent également s'avérer culpabilisantes, d'autant qu'elles évacuent la subjectivité propre à l'enfant autiste[32].

Multiplicité des classifications

Un des point de friction autour du sujet de l'autisme est lié à la multiplicité des critères de classification. Ils ont beaucoup évolué au cours du temps (voir Évolution des critères de définition) mais ils ont aussi été multiples à une même période. On trouve ainsi en 2005 un tableau de correspondance entre les critères diagnostiques internationaux (CIM), américain (DSM), et français (CFTMEA), aux critères valides de 1994 et 2013.

Les classifications de l’autisme et des TED[34]
CIM-10 CIM-10[35] DSM-IV CFTMEA
F.84 TED TED Psychoses précoces (TED)
F.84.0 Autisme infantile Troubles autistiques Autisme infantile précoce – type

Kanner

F.84.1 Autisme atypique

Autres troubles envahissants du développement

Troubles envahissants du développement non spécifiés incluant l’autisme infantile Autres formes de l’autisme
  • Psychose précoce déficitaire
  • Retard mental avec troubles autistiques
  • Autres psychoses précoces ou autres
  • TED
  • Dysharmonie psychotique
F.84.2 Syndrome de Rett Syndrome de Rett Troubles désintégratifs de l’enfance
F.84.3 Autres troubles désintégratifs de l’enfance Troubles désintégratifs de l’enfance
F.84.4 Troubles hyperactifs avec retard mental et stéréotypies Pas de correspondance Pas de correspondance
F.84.5 Syndrome d'Asperger Syndrome d'Asperger Syndrome d'Asperger

Ces critères sont tous psychiatriques et pas psychanalytiques, mais la colonne CFTMEA, la plus distincte et typique de la France, est réputée comme la psychiatrie Française être (trop) soumise à l’influence de la psychanalyse notamment pour ce qui est de faire le lien avec la psychose[N 7].

Autisme et psychose

La définition originelle du mot par Bleuler fait de l'autisme une des trois possibilités comportementales typiques de confrontation a une réalité dont le traitement pose problème, un autre étant la psychose, donc à l'origine c'est l'un ou l'autre par définition. Mais la suite de l'histoire est plus complexe.

Ainsi la CFTMEA classe l'autisme dans la catégorie Psychoses précoces[34]. On trouve dans cette inclusion à l'ensemble des psychoses l'incarnation d'une idée qui a un temps suivi les descriptions de Kanner chez certains praticiens, que l'avenir de l'enfant serait scellé puisque autiste, inapte à l'évolution vers la réalité. Le combat pour la distinction entre autisme et psychose fait donc partie de ceux menés par les associations de parents, contre un certain entendement des milieux psychiatriques et à tendance psychanalytique.

Cette inclusion dans cette classification française reste discutée, et on peut lire à propos des « états autistiques » : « Il m'est toujours apparu nécessaire d'exclure les autismes du cadre strict des psychoses infantiles parce que leur apparition et leur extrême gravité ne semblent pas résulter d'un véritable processus. On ne peut les considérer que comme des « états » plus ou moins précoces, à l'étiologie très mystérieuse et sans doute multi-factorielle. »[36].

Confrontation théorique, devenue sociale

Une guerre de l'autisme existe à l'échelle internationale[37]. Elle est organisée socialement en plusieurs mouvements aux frontières dogmatiques bien établies, mais peut-être plus poreuses qu'il n'y paraît[2].

Une guerre de clan

L'image qui ressort des multiples publications est celle de clans théoriques dont l'opposition est évidente[2],[3],[4].

Les associations de parents
Article détaillé : Catégorie:Association ou organisme lié à l'autisme.

Mobilisé en de nombreuses associations pour lutter pour la prise en charge des enfant et parfois contre l'autisme[38], elles sont globalement orienté contre la psychanalyse, notamment pour se défendre de l'accusation qui sur le terrain leur a souvent été faite d'être la cause de l'autisme de leur enfant autiste, ainsi que pour l’opposition à certaines prise en charge auxquels ils ont été confrontées.

Globalement l'orientation constatée est l'avancée vers l'utilisation des méthodes éducatives souvent dites TCC (pour thérapies cognitivo-comportementales (A.B.A., TEACCH, IDDEES, PECS, etc.) ; le militantisme pour une meilleure intégration, notamment scolaire ; la lutte contre l'assimilation de l'autisme à une psychose (voir plus haut) ; ou encore la lutte contre le packing. Souvent confrontés à des justifications d'ordre psychanalytique, on trouve dans ces regroupements une orientation clairement anti-psychanalyse.

Organisées socialement, elles agissent sur le terrain social, politique et médiatique, dans des actions dont certaines sont controversées. C'est le cas par exemple en 2011 de la diffusion du film Le mur, la psychanalyse à l'épreuve de l'autisme[39].

Les réseaux d'autistes

Il a fallu attendre que des enfants déclarés autistes et devenus adulte et "communiquant" s'expriment, écrivant leurs autobiographies ou s'organisant en groupement par internet.

Initié par le mouvements Self-advocacy (en) aux États-Unis à la fin des années 1980 suivit de la création de l'ANI (Autism Network International) en 1991[40], notamment par l’intermédiaire du développement d'internet, ce sont une multitude d’expressions diverses, en réseau, qui dans leur ensemble ont comme caractéristique centrale la défense de la neurodiversité et le refus de la rectification à outrance incarnée aux États-Unis par Defeat Autism Now![38].

On y trouve ainsi une idée de défense de l'autisme dans son aspect singularité qui vient en opposition à celle de « détruire l’autisme ». Ces mouvements-là revendiquent plutôt l'impossibilité d’amalgamer l'état handicapant à une maladie dont on pourrait guérir au sens médical :

« quand les parents disent : Je voudrais que mon enfant n'ait pas d'autisme, ce qu'ils disent vraiment c'est : Je voudrais que l'enfant autiste que j'ai n'existe pas. Je voudrais avoir à la place un enfant différent (non autiste). C'est ce que nous entendons quand vous vous lamentez sur notre existence et que vous priez pour notre guérison[41]. »

Parmi les militants médiatisés et influents de cette mouvance on trouve aussi Michelle Dawson, autiste et chercheuse en neurosciences, qui a notamment à elle seule empêché au Canada que les thérapies cognitivo-comportementales soient rendues obligatoires[42].

Les « psy »

La Distinction entre psychiatre, psychologue et psychanalyste n'est pas toujours claire, et l'unité de cet ensemble très loin d'être évidente et encore moins en ce qui concerne les avis sur la psychanalyse. Sur le sujet de l'autisme on retrouve dès le refus par Bleuler de la symbolique sexuelle de Freud dans la création du mot autisme et au cours du temps des oppositions fortes et des positions variées ont toujours été constatées.

Il existe néanmoins une réponse organisée à l'accusation d’ingérence, voire d’incompétence, portée par les parents aux professionnels du soin inspirés de la psychanalyse. On peut ainsi trouver une pétition, plutôt d'origine psychanalytique, pour l'abord clinique de l'autisme qui déplore l'intervention de la HAS en France[43].

Parmi les réponses fortes de psychanalystes on trouve Henri Rey-Flaud qui dit par exemple : « Du fait de cet élan irrésistible, personne ne s'aperçut que, dans l'attente messianique de la révélation des causes organiques de cette affection, la signification psychique du retrait de ces petits patients, c'est-à-dire la question du sens de leur monde, avait été complètement ignorée, ce qui revenait à redoubler et à sceller l'exclusion de ces infortunés. »[44].

En France, l'arbitrage politique

Dans le cas de la France ces débats ont abouti à une intervention politique.

En France, ou cette approche psychanalytique est particulièrement présente notamment par des critères diagnostiques de la CFTMEA, les débats ont été arbitrés par les autorités psychiatriques[N 8], puis politiques après une consultation interdisciplinaire pour élaborer un état des connaissances.

Notes et références

Notes

  1. littéralement puisque ce sont les mots fractionnement et esprit en grec (« σχίζειν » et « φρήν ») que Bleuler utilise pour créer le mot schizophrénie
  2. En 1926, la russe Grounia Soukhareva décrit ce qu'elle nomme la psychopathie schizoïde de l'enfance au travers de six cas (Die schizoiden Psychopathien im Kindesalter ; Monatsschrift für Psychiatrie und Neurologie 60:235-261. (en) Télécharger une traduction en anglais[PDF]
  3. Un des deux cas, nommé Dick, est décrit dans l'article de Mélanie Klein : L'importance de la formation du symbole dans le développement du moi (1930)
  4. Question à Eric Laurent, psychanalyste, enseignant formateur en psychanalyse : « Quel est l'impact de la psychanalyse sur les enfants autistes ? Qu'est-ce qu'un enfant autiste peut raisonnablement en attendre, en termes de résultats ? interroge la journaliste. » Réponse : « Mais ça, je peux pas répondre à ça. C'est pas une question de psychanalyste, ça ». (source utilisée)
  5. 1 2 « The clinicat thoughts of Bruno Bettelheim : a critical historical review, in Milieu therapy : significant issues and innovative applications. » de Patrick Zimmerman, éditions Goldsmith and Sanders, New York, Haworth press, 1993, p. 28 (cité en français par Richard Pollak. "Bettelheim l'imposteur" dans « Le livre noir de la psychanalyse ». éditions les arènes, Paris, 2005, pages : 533–548) .
  6. 1 2 Mots exacts en anglais : « the beginning to parental coldness, obsessiveness, and a mechanical type of attention to material needs only.... They were left neatly in refrigerators which did not defrost. Their withdrawal seems to be an act of turning away from such a situation to seek comfort in solitude. » Leo Kanner (1943) Nerv Child 2: 217–50. Reprinted in Kanner, L (1968) « Autistic disturbances of affective contact » Acta Paedopsychiatr. 35(4):100–36. PMID 4880460
  7. « des hôpitaux psychiatriques ou des psychiatres, tendances freudiennes, leur expliquaient en que leurs enfants avaient une "psychose" » Autisme et psychanalyse : le scandale enfin mis au jour
  8. la Fédération Française de Psychiatrie impose depuis 2005 de préciser une correspondance selon les références internationales (CIM-10)[PDF] Recommandation 2005 p. 13
  1. Roudinesco note que « D'inspiration psychanalytique, l’entreprise est cependant paradoxale qui va à l'encontre des ces mêmes principes psychanalytiques[20] ».

Références

  1. 1 2 Esthela Solano, psychanalyste à Paris, professeur à l'Université Paris VIII (source utilisée)
  2. 1 2 3 données d'ensemble correspondant à ce qui est présenté dans Autisme: la guerre est déclarée 2012, N° spéciale sur l'autisme de la revue Le cercle psy.
  3. 1 2 Autisme et psychanalyse : le scandale enfin mis au jour
  4. 1 2 Autisme : la psychanalyse isolée
  5. Elisabeth Roudinesco : « Freud - lequel n'a jamais parlé d'autisme - » ; Psychanalyse et autisme : la polémique
  6. 1 2 p. 204 Jacques Hochmann, Histoire de l'autisme : de l'enfant sauvage aux troubles envahissants du développement, Paris, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-2153-0)
  7. source utilisée
  8. dementia praecox oder gruppe der schizophrenien, Leipzig : Deuticke, 1911, (no  OCLC : 458570341) ; réédition 1988 9783892955252 (no  OCLC : 23771605)
  9. Résumé
  10. 1 2 3 (en) Leo Kanner "Autistic Disturbances of Affective Contact", Nervous Child 2:217-50, 1943. (Visionner l'article (en) [PDF])
  11. A. Antheaume, H. Claude, L'Encéphale, Journal de neurol. et de psych., éd. Delarue, p. 395 (source utilisée)
  12. Freud, Pulsions et destins de pulsions, O.C. Vol XIII, PUF, 1988
  13. Lacan, Les quatre concepts fondamentaux, Paris, Seuil, 1973
  14. présentation par le site La psychanalyse : pour l'autisme
  15. Quand penser fait peur, faut-il interdire la pensée ? p. 5 Lacan quotidien no 178 mars 2012
  16. Autisme: "Pour une prise en charge pluridisciplinaire" témoignage de Mariana ALBA DE LUNA, site du journal l'humanité
  17. 1 2 France Tustin présenté par le site psychiatrie infirmière
  18. La vraie Françoise Dolto, par ceux qui l’ont connue
  19. Jean-Pierre Rouillon, « Petite note sur l’autisme chez Lacan » (consulté le 18 mai 2015)
  20. Elisabeth Roudinesco et Michel Plon, Dictionnaire de la psychanalyse, Paris, Fayard, coll. « La Pochothèque », (1re éd. 1997) (ISBN 978-2-253-08854-7), p. 166
  21. 1 2 3 Bruno Bettelheim par Karen Zelan Perspectives : revue trimestrielle d’éducation comparée (Paris, UNESCO : Bureau international d’éducation), vol. XXIII, no 1-2, 1993, p. 83-100.
  22. Bettelheim selon le site psychiatrie infirmière
  23. Les autismes. Abécédaire des théories et concepts; Viviane Chauveau-Chaveroche; Collection : Seli Arslan; Éditeur : Seli Arslan
  24. D'après ce Résumé proposé sur answers.com (traduction logicielle)
  25. Elisabeth Roudinesco : « déporté à Dachau puis à Buchenwald […] comparant cet état à une situation extrême, semblable à l'enfermement concentrationnaire » ; Psychanalyse et autisme : la polémique
  26. La Forteresse vide, p. 102
  27. La Forteresse vide, p. 171
  28. Autisme : la neurobiologie discrédite la psychanalyse, Martine Perez, Damien Mascret, Le Figaro.fr, 9 février 2012
  29. http://www.ccne-ethique.fr/docs/fr/avis047.pdf
  30. http://www.ccne-ethique.fr/docs/CCNE-AVISN102_AUTISME.pdf
  31. (selon le rapport p. 2) : Asperger Aide ; Autistes Sans Frontières ; Fondation Autisme, Agir et Vaincre et Pro Aid Autisme
  32. 1 2 Perrin Myriam, Druel-Salmane Gwénola, « L'autisme, au pays des sciences », Cliniques méditerranéennes, 1/ 2009 (n° 79), p. 237-251, , DOI:10.3917/cm.079.0237
  33. Coen Abram, « Perspectives actuelles dans la question de l'autisme : quelle place pour la psychanalyse ? », Cahiers de PréAut, 1/ 2004 (N° 1), p. 125-140,
  34. 1 2 Recommandation 2005 p. 38
  35. (en) CIM10
  36. Psychologie pathologie pathologique théorique et clinique J. J. Lustin sous la dir. Jean Bergeret (psychanalyste), 2008, ISBN 978-2-294-70174-0
  37. Comme le montre par exemple l'article du New York Times de 2012 The Autism Wars
  38. 1 2 Defeat Autism Now!
  39. site officiel
  40. avec Kathy Lissner Grant et Donna Williams à l'occasion de la conférence de la société américaine de l'autisme[Quand ?]
  41. Jim Sinclair, 1993, dans un des textes précurseurs de ces mouvements : Ne nous pleurez pas, prononcé à la conférence internationale de l'autisme à Toronto puis retranscrite dans "Our Voice", Volume 1, Numéro 3 (source)
  42. Fiche CNASM voir description Vidéo par Laurent Mottron
  43. pétition hébergé par Lacan quotidien
  44. Henri Rey-Flaud, « Avant-Propos. La vérité n'appartient à personne » in Les enfants de l'indicible peur : Nouveau regard sur l'autisme, Aubier, 2010
  • Jacques Hochmann, Histoire de l'autisme : de l'enfant sauvage aux troubles envahissants du développement, Paris, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-2153-0)
  1. p. 202
  2. p. 229
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