Richard Stallman
Richard Stallman en conférence lors de la fête de l'Humanité 2014.
Nom de naissance | Richard Matthew Stallman |
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Alias |
rms |
Naissance |
New York (État de New York) |
Nationalité | Américain |
Diplôme | |
Activité principale |
Président-bénévole de la Free Software Foundation |
Richard Matthew Stallman (né à Manhattan, le ), connu aussi sous les initiales rms (en minuscules[1]), est un programmeur et militant du logiciel libre. Initiateur du mouvement du logiciel libre, Il lance, en 1983, le projet GNU et de la licence publique générale GNU connue aussi sous l’acronyme GPL. Il a popularisé le terme anglais « copyleft »[2]. Programmeur renommé de la communauté informatique américaine et internationale, il a développé de nombreux logiciels dont les plus connus des développeurs sont l’éditeur de texte GNU Emacs, le compilateur C de GNU, le débogueur GNU mais aussi, en collaboration avec Roland McGrath, le moteur de production GNU Make.
Depuis le milieu des années 1990, il consacre la majeure partie de son temps à la promotion du logiciel libre auprès de divers publics un peu partout dans le monde. Depuis quelques années, il fait campagne contre les brevets logiciels et la gestion des droits numériques (DRM)[3]. Le temps qu’il alloue encore à la programmation est dédié à GNU Emacs, bien qu’il ne soit plus mainteneur principal depuis février 2008. Il gagne sa vie en partie avec les cachets de conférencier qu’on lui donne à l’occasion ou des prix qu’on lui remet.
Biographie
Richard Matthew Stallman est né à Manhattan le . Doté de fortes capacités en science, il participe régulièrement à des rencontres de jeunes passionnés par les sciences. Il utilise un ordinateur pour la première fois durant ses années de lycée en 1969. L’été suivant, à la fin de ses études secondaires, il est engagé par le centre scientifique d’IBM de New York et s’attaque à l’écriture de son premier programme : le préprocesseur du langage de programmation PL/I destiné aux ordinateurs IBM 360.
En 1971, alors étudiant en physique et en mathématiques à l’université Harvard où il obtiendra d’excellents résultats[réf. souhaitée], il devient hacker au département de recherche en intelligence artificielle du Massachusetts Institute of Technology (MIT) pendant des années.
Il finit par arrêter ses études à Harvard pour se consacrer uniquement à la programmation. Il apprend au MIT l’éthique des hackers : le partage des connaissances, le refus de l’autorité et le perfectionnisme. Cependant, peu à peu, l’ambiance des débuts change et il est de plus en plus rejeté par ses pairs qui acceptent des postes dans des entreprises créant du logiciel privateur. Il décide de maintenir à jour les fonctionnalités de la machine Lisp qui était passée sous l’égide de deux entreprises : Symbolics et LMI. Durant des mois, seul contre des dizaines de développeurs, à partir de la documentation, il parvient à s'acquitter de ce projet, exploit qui sera reconnu par ses collègues[4].
Tout bascule au début des années 1980. Lorsque l’imprimante Xerox de son laboratoire se met à avoir des soucis de bourrage, il décide d’améliorer le pilote existant afin de régler le problème. Il est alors surpris de voir que celui-ci est uniquement disponible sous la forme d’un binaire, le code source en est inaccessible et personne ne veut le lui fournir. Il comprend que l’éthique du hacker est en train de disparaître et qu’il faut agir. C'est ce qui explique en partie la conception du projet GNU quelques mois plus tard après un message publié sur Usenet.
Emacs
L'AI Lab (en) du MIT possédait TECO dans les années 1970, un logiciel éditeur de texte fonctionnant en arrière-plan. La modification du texte nécessitait de longues chaînes de commande, c'est-à-dire une capacité d'abstraction assez importante de la part de l'utilisateur. En 1976, R. Stallman découvre E au laboratoire d'intelligence artificielle de l'université Stanford, considéré comme le premier logiciel de traitement de texte wysiwyg, permettant de juger à l'écran en temps réel les modifications apportées. R. Stallman décide alors d'améliorer Teco, pour lui apporter les mêmes fonctionnalités. Il implémente des combinaisons de touche Control+Lettre qui exécutent des chaînes de commande Teco. Cette amélioration permet ainsi aux hackers de sauvegarder des chaînes de commande longues et complexes et d'y faire appel avec un simple raccourci clavier.
Cette version augmentée de Teco conduisit les hackers du AI Lab à programmer une quantité énorme de macros. Cette profusion et diversité de macros personnelles ont commencé à rendre l'utilisation de Teco différente sur chaque terminal, avec des incompatibilités et un temps d'apprentissage de plus en plus long quand on changeait de terminal.
Avec Guy Steele, Richard Stallman entreprend de réorganiser toutes les commandes en un système unifié, plus universel. Le résultat est baptisé Emacs, acronyme pour Editing Macros. Il est toujours possible d'ajouter de nouvelles commandes, mais elles n'affectent plus le logiciel original, qui reste identique pour tous les utilisateurs. Stallman écrivit une règle dans le code source : les utilisateurs étaient libres de modifier et de redistribuer le code, à la condition de reverser en retour à la communauté les extensions qu’ils écrivaient. Il passe ainsi un contrat social avec tous les hackers qui apporteront une macro à l'édifice.
Le projet GNU
Au mois de septembre 1983, Richard Stallman annonce le développement d’un système d’exploitation libre qu’il nomme GNU, et qui a pour but d’être un équivalent libre d’Unix. L’acronyme récursif GNU signifie GNU’s Not Unix (« GNU n'est pas UNIX »). En janvier 1984, il quitte son emploi au MIT pour se consacrer à plein temps au projet GNU. En 1985, il crée la Free Software Foundation (FSF), un organisme à but non lucratif qui permettra l’embauche de programmeurs et la mise sur pied d’une infrastructure légale pour la communauté du logiciel libre. La même année, Stallman publie le manifeste GNU, dans lequel il fait connaître les motivations et les objectifs du projet et demande l’appui de la communauté informatique mondiale.
Afin de s’assurer que tous les logiciels libres développés pour le système d'exploitation GNU restent libres, Richard Stallman popularise le concept de copyleft (inventé par Don Hopkins), une astucieuse utilisation du droit d’auteur permettant d’assurer la protection légale des quatre libertés fondamentales des utilisateurs d’ordinateurs telles que définies par la FSF.
En 1989, il publie la première version de la licence publique générale GNU à laquelle Eben Moglen contribuera. Cette licence sera utilisée pour protéger la majeure partie du système GNU qui est alors très avancé, mais encore incomplet. En effet, en 1990, la plupart des éléments du système GNU sont prêts, à l’exception du noyau du système (ou kernel). C’est à ce moment-là que la FSF commence le développement de Hurd, mais son développement se révélera long (et n’est toujours pas finalisé).
La naissance du noyau Linux en 1991 (après que celui-ci a été publié sous licence GPL) permet, en le combinant aux outils GNU, de former le système d’exploitation GNU/Linux. Il y a une confusion de nommage du système d'exploitation entre Linux qui est en réalité le noyau de système d'exploitation et GNU/Linux qui est le système d'exploitation. L'appellation GNU/Linux est importante pour Richard Stallman car elle permet entre autres que ne soit pas occulté le but du projet GNU : permettre l’utilisation d’un système entièrement libre et garantir les libertés fondamentales de manière générale.
Depuis le début des années 1990, Richard est régulièrement victime de douleurs aux poignets, l’empêchant de contribuer au code comme il le faisait auparavant. Actuellement il participe surtout à propager les libertés du logiciel libre à travers le monde en tenant des conférences ou des actions contre des lois locales. Ses relations avec les protagonistes du mouvement sont devenues de plus en plus difficiles. L’incarnation de Linus Torvalds en sauveur de l’informatique moderne — idée reçue véhiculée par les médias à travers la popularité du projet Linux — agace rms. Non seulement car Linus lui-même refuse ce rôle mais aussi parce que, pour des raisons historiques logiques et sa lutte sans faille depuis le début du mouvement, il devrait également lui être donné.
D’autres comme Eric Raymond l’accusent de discréditer le projet aux yeux des entreprises. Ce dernier a lancé le terme « open source » en opposition à Richard pour mettre en avant l'aspect technique plutôt que l’aspect éthique. Ayant toujours été intransigeant sur le respect de l'idéologie initiale, Richard s’oppose à ce terme car il prête à confusion et relègue les libertés aux derniers rangs des priorités. Cependant, si un logiciel libre est toujours Open Source, un logiciel peut parfaitement être Open Source sans être libre. C'était par exemple le cas du BIOS des PC dès 1981.
Faits
- Dans les années 1980, Richard Stallman faisait partie du comité de l'IEEE chargé d'écrire les spécifications d'une nouvelle norme pour l'interfaçage des systèmes de type UNIX. Voyant que le nom proposé au début était imprononçable, il prit peur que le public se mette à nommer la norme « Unix », ce qui irait à l'encontre des intérêts du projet GNU. Il proposa de l'appeler plutôt POSIX ; c'est ce nom que l'IEEE choisit de retenir[5].
- En 1999, Richard Stallman a lancé dans The Free Universal Encyclopedia and Learning Resource[6], les idées à la base de Wikipédia.
- Richard Stallman a écrit la Free Software Song, hymne des logiciels libres.
- Il a écrit la nouvelle Le droit de lire, une mise en garde qui se passe dans un avenir où des technologies de contrôle de la copie sont employées pour restreindre la lecture des livres.
- Il parle couramment anglais et français[7],[8], assez couramment espagnol, et un peu indonésien.
- Il a déclaré à plusieurs reprises « Je puis expliquer la base philosophique du logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité. Liberté, parce que les utilisateurs sont libres. Égalité, parce qu'ils disposent tous des mêmes libertés. Fraternité, parce que nous encourageons chacun à coopérer dans la communauté »[9],[10],[11]
- Le vendredi , il est allé à Paris afin de présenter une pétition de 165 000 signatures contre la loi DADVSI à l’Hôtel Matignon. Mais il y est refoulé, une décision « mûrement réfléchie » selon le chef de la sécurité de la résidence du Premier Ministre[12].
- Il défend la cause du logiciel libre auprès du président équatorien Rafael Correa le 12 décembre 2006[13].
- Le journaliste américain Sam Williams lui a consacré une biographie, Free as in freedom, que Stallman n’a jamais agréée. La communauté Framasoft lui demandant son concours pour une édition en français de cette biographie, il a accepté d’en écrire la préface à condition de pouvoir annoter largement l’œuvre originale[14].
- L’astéroïde (9882) Stallman a été nommé en hommage à Richard Stallman[15], l’astéroïde numéroté 9965 porte le nom du projet GNU[16].
- Richard Stallman a inauguré à Berga la première rue du logiciel libre au monde le 3 juillet 2010[17].
- Richard Stallman a incarné Saint IGNUcius de l'Église des Emacs lors d'un happening politique dans les locaux de Bull à Tunis en avril 2012 pour dénoncer la société de la surveillance[18].
- Le 21 septembre 2013, Richard Stallman fut l'invité d'honneur de l'université Paris-8 Vincennes-Saint-Denis, à l'occasion d'une conférence sur le mouvement pour le Logiciel Libre et le système GNU/Linux, pour célébrer les 30 ans du projet GNU[19].
Prix et distinctions
Richard Stallman a reçu de nombreux prix et distinctions au cours de sa vie, parmi lesquels :
- 1990 : le prix MacArthur
- 1991 : le prix Grace Murray Hopper de l’Association for Computing Machinery « Pour son travail de pionnier dans le développement de EMACS »
- 1996 : un premier doctorat honorifique à l'Institut royal de technologie (Kungliga tekniska högskolan, en suédois) de Stockholm en Suède
- 1998 : le Pioneer Award de l’Electronic Frontier Foundation
- 1999 : le Yuri Rubinsky Memorial Award
- 2001 : un deuxième doctorat honorifique de l’université de Glasgow
- 2001 : le prix Takeda de techno-entrepreneurship pour le bien-être socio-économique[20].
- 2002 : membre de l'Académie nationale d'ingénierie des États-Unis
- 2003 : troisième doctorat honorifique de la Vrije Universiteit Brussel
- 2004 : quatrième doctorat honorifique de la Universidad Nacional de Salta[21].
- 2004 : professorat honorifique de la Universidad Nacional de Ingeniería del Perú.
- 2005 : prix de la Fundazione Pistoletto.
- 2007 : prix honorifique de l’université Inca Garcilaso de la Vega.
- 2007 : doctorat honorifique de l’université de Los Angeles de Chimbote.
- 2007 : doctorat honorifique de l’université de Pavie.
- 2008 : doctorat honorifique de l’université nationale de Trujillo, au Pérou.
- 2009 : doctorat honorifique de l’université de Lakehead[22],[23]
- 2013 : nomination au temple de la renommée d'Internet, dans la catégorie des innovateurs.
Notes et références
- ↑ Dans les années 1970, l’avènement du bas de casse sur les écrans informatiques représente une vraie conquête et donc à cette époque, les minuscules sont modernes aux yeux des informaticiens.
- ↑ Copyleft est un jeu de mots anglais faisant référence à la notion de copyright, que l’on pourrait transposer en français en parlant de gauche d’auteur par référence au droit d’auteur
- ↑ rms à La Cantine
- ↑ Richard M. Stallman, Sam Williams et Christophe Masutti, Richard Stallman et la révolution du logiciel libre, Eyrolles, (ISBN 978-2-212-13635-7), p. 126-132
- ↑ The origin of the name POSIX. sur le site officiel de Richard Stallman.
- ↑ Richard Stallman, « Encyclopédie universelle et ressources pédagogiques libres, annonce du projet », sur www.gnu.org
- ↑ Stallman et le « libre », champions de Tunis, sur le site ecrans.fr du 12 janvier 2010
- ↑ Richard Stallman : "Vers une société numérique libre", UPtv, Université de Poitiers, Niort, 18 mars 2013
- ↑ Interview de Richard Stallman par PROgrammez!
- ↑ Dialogues avec Richard Stallman
- ↑ Extrait vidéo d'une conférence pour Paris capital du libre en 2007 où il relie ces trois termes aux « quatre libertés essentielles ».
- ↑ Matignon se verrouille face à Richard Stallman, PcInpact.com
- ↑ (es) Entrevue avec le président équatorien le 12 décembre 2006.
- ↑ Alexis Kauffmann, « La passionnante histoire d’un livre sur Richard Stallman », Vidéos, sur Torrent des rencontres mondiales du logiciel libre.
- ↑ (en) « JPL Small-Body Database Browser | 9882 Stallman (1994 SS9) », sur ssd.jpl.nasa.gov
- ↑ (en) « JPL Small-Body Database Browser | 9965 GNU (1992 EF2) », sur ssd.jpl.nasa.gov
- ↑ Guillaume Deleurence, « Une rue du Logiciel-Libre inaugurée dans une ville espagnole », 01net, (consulté le 29 décembre 2010)
- ↑ Telecomix, « #rms #OpBull Richard Stallman à Tunis »,
- ↑ « Enregistrements audio et vidéo de la conférence de Richard Stallman lors des 30 ans du projet GNU à l'université Paris 8 »,
- ↑ (en) « Richard Stallman Receives Prestigious 2001 Takeda Award », communiqués de presse, sur the GNU operating system, .
- ↑ (es) « Resolución CS n° 204/04 », sur UNSa Docs.
- ↑ « YouTube — rms se voit décerner son doctorat honorifique à Lakehead »
- ↑ « Agora Online — Récipiendaires du doctorat honorifique »
Voir aussi
Bibliographie
- Richard Stallman et la révolution du logiciel libre - Éditions Eyrolles et Framabook, 2010.
- (en) Sam Williams, Free as in Freedom: Richard Stallman's Crusade for Free Software, O'Reilly Media, 2002. [lire en ligne]. Traduction en français : .
- (en)Free Software, Free Society: Selected Essays of Richard M. Stallman - GNU Press, Boston, Massachusetts, 2010
Articles connexes
- Acteurs du logiciel libre
- Logiciel libre
- Culture libre
- Films documentaires :
- Revolution OS
- Nom de code : Linux
- Une contre-histoire de l'internet
Liens externes
- (en) Site officiel personnel, sur le site stallman.org
- (en) Blog officiel, sur le site fsf.org
- "Richard Stallman et la révolution du logiciel libre", sur le site dailymotion.com
- "Le rêve de Staline ou le cauchemar de Stallman", sur le site framablog.org
- Notices d’autorité : Fichier d’autorité international virtuel • International Standard Name Identifier • Bibliothèque nationale de France • Système universitaire de documentation • Bibliothèque du Congrès • Gemeinsame Normdatei • Institut central pour le registre unique • Bibliothèque nationale de la Diète • WorldCat
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