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Psychologie clinique

Psychologie clinique

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La visée de la psychologie clinique est de faire accéder le patient à la cessation de ses souffrances psychiques. Dans cette optique, le clinicien tente d'isoler et de comprendre les signes cliniques et symptômes qui touchent l'individu, et de quelles angoisses elles tentent de protéger la psyché.

L'idée n'est pas d'isoler une causalité allant d'un certain contexte familial, trait de caractère ou trauma, à un type d'affection psychique ou de symptômes particuliers, mais de décrire et comprendre le fonctionnement du patient ; le symptôme n'est donc pas tant ce qu'il faut traiter qu'un indicateur de la bonne santé de l'appareil psychique.

Définitions

Selon André Rey c’est le suisse Edouard Claparède qui a le premier utilisé le terme de psychologie clinique, qui devait selon lui permettre de « transporter les ressources de la psychologie expérimentale au lit du malade[1] »[réf. insuffisante].

Selon Henri Piéron, Daniel Lagache en a le premier donné une définition en 1949 comme « une science de la conduite humaine, fondée principalement sur l'observation et l'analyse approfondie des cas individuels, aussi bien normaux que pathologiques, et pouvant s'étendre à celle des groupes. »[2][réf. insuffisante]

Pour Dieudonné Tsokini, « la psychologie clinique est la science de la conduite humaine »[3]

Méthodes

Deux méthodes, non exclusives, peuvent être utilisées : l'entretien clinique et l'examen psychologique avec les tests (projectifs et de niveau).

Historique

Les précurseurs

Selon Lydia Chabrier, Pierre Janet est le premier[4] à mettre en place une psychologie scientifique posée sur sa méthode d'analyse psychologique. Sigmund Freud suivrait, ce qui donne d'ailleurs des débats de priorités entre ces auteurs au sujet de la conception de l'appareil psychique. Lightner Witmer (en) est également considéré comme l'un des fondateurs de la psychologie clinique. Plus tard, la contribution d'Henri Wallon, d'André Rey, de Jean Piaget, mais également de Kurt Lewin ont comme points communs :

  1. de reconnaître la réalité à part entière du psychisme
  2. la recherche des processus psychologiques par l'étude génétique.

Naissance de la clinique

La psychologie clinique est attachée aux noms de d'Edouard Claparède, Daniel Lagache et Juliette Favez-Boutonier, tous trois médecins, psychologues et philosophes, les deux derniers étant aussi psychanalystes.

Ce quadruple ancrage lui donne son caractère particulier, fait d'une tension entre un pôle « objectif » qui serait représenté par l'utilisation de tests, et un pôle « subjectif » représenté par la situation d'examen et/ou de traitement. Dans les deux cas, il s'agit d'une situation clinique, c'est-à-dire de la saisie singulière d'un individu « en situation » par un autre individu.[travail inédit ?]

Ce trépied, on peut le détailler rapidement :

  • De la médecine, elle hérite une méthode - la clinique - et un objectif - diagnostiquer et guérir (D. Lagache). Mais là où le médecin palpait, auscultait, percutait et écoutait, le psychologue conduit des entretiens à visée diagnostique et/ou thérapeutique, et pratique des tests, le cas échéant.
  • De la philosophie et de la psychologie, elle tire une conception de l'homme, principalement phénoménologique : chaque sujet est unique et aucun vécu n'est réductible à un autre.[réf. nécessaire]
  • De la psychanalyse, une conception du fonctionnement psychique en termes de forces et de conflits et pouvant se traduire en symptômes.

L'objet de la clinique

Le terme clinique est hérité de la médecine : si le psychologue est dit clinicien, c'est autant parce qu'il sort de son laboratoire pour rencontrer l'autre dans des situations « naturelles » que parce qu'il rencontre des personnes présentant des troubles ou des difficultés psychiques. Est donc clinicien le psychologue qui rencontre des personnes en tant qu'individus singuliers, contrairement à la situation de laboratoire où ce sont des variables qui sont manipulées.

"L'humanité de l'objet la spécifie moins que l'attitude méthodologique : envisager la conduite dans sa perspective propre, relever aussi fidèlement que possible les manières d'être et de réagir d'un être humain concret, complet, aux prises avec une situation, chercher à en établir le sens, la (structure) et la genèse, déceler les conflits qui la motivent et les démarches qui tendent à résoudre ces conflits, tel est en résumé le programme de la psychologie clinique"(D. Lagache)[réf. insuffisante]

Il y a eu, au cours de l'histoire de la discipline, un déplacement de son centre de gravité. La psychanalyse, qui était à ses frontières comme une « ultra-clinique » est petit à petit devenu son noyau dur, la confrontant au risque de n'être plus qu'une sorte de cytoplasme mou[5][réf. insuffisante]. Les choses sont aujourd'hui plus diversifiées, et la psychanalyse est redevenue un modèle théorique, parmi d'autres, de la psychologie clinique[réf. souhaitée]. La psychanalyse avait été appelée à cette place du fait d'une série d'oppositions qui étaient vécues comme des impasses : des points de vue (naturaliste contre humaniste), des champs (psychologie expérimentale contre médecine), des pôles de la personnalité (le comportement contre la sphère affective). Cela a eu une influence sur la discipline, tant du point de vue de la technique (l'entretien, l'examen psychologique) que du point de vue doctrinal.

L'unité de la psychologie qu'appelait de ses vœux Daniel Lagache ne peut donc être obtenue qu'en maintenant un équilibre entre des forces parfois opposées.[réf. nécessaire]

Personnalité

Une personnalité, n'est-ce pas non plus un équilibre entre des forces internes et externes. Ce que cette personnalité peut avoir d'unique, de singulier, d'irréductible à l'autre, sera exploré aussi complètement que possible à l'aide d'entretiens ou de tests. Il ne s'agit pas d'exclure la subjectivité, ni même de la réduire, mais de la mettre au cœur du projet de la psychologie clinique, d'en faire son objet d'étude : un sujet, le psychologue, tente de comprendre un autre sujet, le consultant, et il le fait avec les techniques et les méthodes de sa discipline, mais également avec ce qu'il est comme sujet. C'est là, au cœur de la subjectivité, de l'individuel, que la psychologie clinique rencontre l'universel, et partant, fonde sa scientificité.[travail inédit ?]

Formation des psychologues cliniciens

France

En France, les psychologues cliniciens sont formés à l'Université et sont titulaires d'un Master 2 ou d'un D.E.S.S. de psychologie clinique et psychopathologie. C’est en 1971 à l’Université Paris VII que fut reconnu pour la première fois un diplôme de psychologue clinicien par les ministères de l’enseignement et de la santé[6] .

Autre

Certaines formations universitaires[Lesquelles ?] suivent le modèle scientifique-professionnel (scientist-practitioner model) de formation des psychologues cliniciens qui a été créé en 1949 lors de la Conférence de Boulder, au Colorado. L'établissement de ce modèle de formation a fait suite à la réunion en 1947 d'une commission de l'American Psychological Association (APA) dont le but était d'examiner les programmes de formation et de recherche en psychologie clinique. Le modèle scientifique professionnel dit de Boulder se propose de rationaliser et de rendre plus scientifique le travail des psychologues cliniciens.

[réf. nécessaire]

Critiques et controverses

La psychologie clinique est un large domaine et il y a des tensions récurrentes pour déterminer jusqu'à quel degré la psychologie clinique devrait être basée sur des recherches empiriques et des pratiques basées sur des faits ou bien sur une pensée rationnelle et un jugement critique.

Les cliniciens peuvent accorder une importance variable à ce sujet, mais dans tous les cas les professionnels qualifiés peuvent s'enregistrer auprès de différents types d'organisations représentatives.[style à revoir]

La psychologie clinique peut être sujette à des critiques similaires à celles faites à la psychiatrie, par exemple par le mouvement Antipsychiatrique.

L'adjectif de "clinique" a longtemps été attribué aux seuls psychologues spécialisés en psychopathologie. Mais ce terme signifie littéralement "au chevet de [du malade]" : il devrait donc s'appliquer en réalité à toutes les spécialités de la psychologie qui sont pratiquées auprès de patients (c'est-à-dire en dehors des travaux de recherche menés en laboratoire). Dans ce contexte, les psychologues spécialisés en neuropsychologie ou pratiquant les Thérapies Cognitivo-Comportementales (TCC), pour ne donner que ces deux exemples, sont tout-à-fait des cliniciens et se revendiquent comme tels, dans le sens où leur activité se pratique auprès de patients (et non pas en laboratoire, même si leurs disciplines se basent en partie sur le savoir scientifique issu de la recherche).

Citations

Sigmund Freud a dit en janvier 1899 dans une lettre : « Les relations avec le conflit, avec la vie, voilà ce que j'aimerai appeler psychologie clinique. »

Anzieu, en 1983, parle de la psychologie clinique de la manière suivante: « Elle est une psychologie individuelle et sociale, normale et pathologique ; elle concerne le nouveau-né, l'enfant, l'adolescent, l'homme mûr et enfin le mourant. Le psychologue clinicien remplit 3 grandes fonctions : de diagnostic, de formation, d'expert, apportant le point de vue du psychologue auprès d'autres spécialistes. Le psychologue clinicien reçoit une formation de base nécessaire mais non suffisante pour devenir éventuellement psychothérapeute, à charge pour lui d'acquérir ailleurs la solide expérience psychanalytique requise, personnelle et technique.  »

D. Lagache définit l'objet de la clinique comme « l'étude de la conduite humaine individuelle et de ses conditions (hérédité, maturation, conditions psychologiques et pathologiques, histoire de la vie) en un mot l'étude de la personne totale en situation[7]". (D. Lagache) Elle utilise comme technique l'entretien et l'examen psychologique avec les tests.

L'individu pris dans sa concrétude[Quoi ?], tel est l'objet de la psychologie clinique : « La psychologie clinique est caractérisée par l'investigation systématique et aussi complète que possible des cas individuels[8] ».

Notes et références

  1. André Rey (psychologue): L'examen clinique en psychologie, PUF, 1964, coll. Le psychologue, ASIN: B0000DOT5F
  2. Henri Piéron : Vocabulaire de la Psychologie, Ed.: PUF; Coll.: Quadrige Dicos Poche, ISBN 2-13-054065-1
  3. Psychologie clinique et santé au Congo, Dieudonné Tsokini, Harmattan, 2008, p.25
  4. Lydia Chabrier, Psychologie clinique, 2007, p.35;
  5. Mouvement dû à l'histoire de la psychanalyse en France, comme le montre Claude-M. Prévost dans La psychologie clinique, Que sais je.
  6. Prévost Claude M., La psychologie clinique, P.U.F. « Que sais-je ? », 2003 (5e éd.), p. 3-8. [www.cairn.info/la-psychologie-clinique--9782130533016-page-3.htm.]
  7. "Il s’agit d’une science de la conduite humaine, fondée principalement sur l’observation et l’analyse approfondie de cas individuels, aussi bien normaux que pathologique, et pouvant s’étendre à celles de groupes. Concrète dans sa base, et complétant les méthodes expérimentales d’investigation, elle est susceptible de fonder des généralisations valables. Lagache 1949
  8. D. Lagache, L'unité de la psychologie, p. 70, Quadrige / P.U.F.

Bibliographie

  • André Rey (psychologue): L'examen clinique en psychologie, PUF, 1964, coll. Le psychologue, ASIN: B0000DOT5F
  • Jean-Louis Pédinielli, « Introduction à la psychologie clinique. », Nathan, 1994. ISBN 2-09-190693-X
  • Colette Chiland et coll. : L'entretien clinique, PUF, 2006, ISBN 2-13-055463-6
  • Lydia Chabrier, Psychologie clinique, Hachette sup, 2007.
  • Colette Duflot: Le psychologue clinicien: l'invention d'une profession, 2008, Economica-Anthropos, ISBN 2-7178-5556-4
  • Annick Ohayon, « La psychologie clinique en France. Éléments d'histoire », Connexions, ERES, vol. 1, no 85, , p. 9-24 (lire en ligne)

Revue

  • Psychologie clinique est la revue de l'Association Psychologie Clinique dont Olivier Douville est le directeur de publication et le rédacteur en chef. site

Voir aussi

Articles connexes

  • Portail de la psychologie
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